Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la nouvelle version de la loi immigration et de la probabilité de censure du Rassemblement National.
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00:0018h02 sur CNews et Europe 1, nous sommes avec Louis de Rignel, Louis, merci d'être là.
00:04Bonsoir Laurence.
00:05Rachel Kane est aussi présente.
00:06Bonsoir Laurence.
00:07Nous accueillons Jean-Sébastien Ferjou, directeur du site Atlantico.
00:10Bonsoir.
00:11Bonsoir.
00:12Denis Jacob, ancien policier, toujours avec nous, Sabrina Medjeber, essayiste et sociologue,
00:15et Eric Revelle.
00:16Bonsoir Laurence.
00:17Une nouvelle loi sur l'immigration, la trentième.
00:19Mais voilà, parce que, qu'est-ce que ça va changer ? C'est la vraie question.
00:24Parce que quand on regarde les données sur les flux migratoires, chaque loi n'a absolument
00:28pas endigué le phénomène.
00:30Dans votre très bon édito, il y a aussi quelque chose qui est absolument incroyable
00:34qui se passe du côté de Bruxelles, vous l'avez sans doute vu, c'est que le pacte
00:38Asie des migrations dont vous parliez, je crois qu'il a mis 13 ans avant que les Européens
00:41se mettent d'accord.
00:42Et Mme van der Leyen, présidente réélue de la Commission européenne, vient d'annoncer
00:48que pour lutter contre l'immigration irrégulière, ils allaient aussi mettre une loi.
00:54Pardonnez-moi, mais c'est...
00:55Une nouvelle loi, après le pacte ?
00:56Une nouvelle loi.
00:57Non mais...
00:58Oui, elle a annoncé ça ce matin.
00:59Et alors, je vais vous dire, c'est absolument incroyable, c'est même à la limite du scandale.
01:03Parce que vous mettez 13 ans pour mettre au point le pacte Asie des migrations qui devait
01:08être le nec plus ultra de la lutte contre l'immigration illégale, et voilà que Mme
01:14van der Leyen annonce cette loi.
01:16J'entends.
01:17Et Donald Tusk, président du Conseil européen, il s'est stressé sur le pacte Asie des migrations.
01:23C'est merveilleux.
01:25Vous êtes pas d'accord.
01:30Ce sera donc un texte identique à la loi immigration votée l'année dernière, puis
01:35partiellement censurée.
01:36Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, se justifie.
01:39Il y a une loi qui a été votée à une écrasante majorité.
01:42Moi, je ne veux pas aller au-delà de ce qui a déjà été voté.
01:45Ne pas aller au-delà, mais en reprenant tout de même certaines des mesures écartées
01:49par le Conseil constitutionnel en janvier, parmi elles, celle de faire passer la durée
01:53maximale de rétention de 90 à 210 jours pour les étrangers clandestins jugés dangereux.
01:58Également, rétablir le délit de séjour irrégulier, durcir le regroupement familial,
02:04ou encore diminuer les droits sociaux d'immigrants, Bruno Retailleau précise.
02:08Moi, mon souhait, c'est que la France ne soit pas plus attractive en matière d'immigration
02:13que le reste des pays de l'Europe.
02:14Et je constate, sur beaucoup de dispositifs, que malheureusement, on est souvent dans
02:18la moyenne haute.
02:19Si on est dans la moyenne haute, ça veut dire qu'on crée des appels d'air.
02:22Et ça veut dire que les passeurs, les filières qui sont très informées, détournent les flux.
02:27Donc notre travail à nous, précisément, c'est de situer la France, de reviser tous
02:31les dispositifs pour situer vraiment la France dans la moyenne des pays de l'Union européenne.
02:36Bruno Retailleau évoque aussi la possibilité de revoir à la baisse les prestations familiales,
02:41ainsi que de transformer l'aide médicale d'État en aide d'urgence.
02:45L'exécutif souhaite que ce texte arrive au Parlement début 2025.
02:49Début 2025, c'est dans très peu de temps.
02:52Mais tout est question de signal, Denis Jacob.
02:54Si la France est attractive, notamment, on vient de l'évoquer sur les prestations sociales,
02:58si on n'envoie pas le signal clair qu'on ne peut plus accueillir parce qu'on ne peut plus
03:03intégrer, peut-être que les choses changeront.
03:05Tant que ce n'est pas fait, les flux migratoires ne s'arrêteront pas.
03:09Vous avez raison, Laurence.
03:10C'est le signal qu'il faut envoyer.
03:11L'Allemagne l'a fait, l'Italie l'a fait.
03:13Le signal, déjà, il faut l'envoyer aux policiers, une fois de plus.
03:16Parce qu'il faut les armer pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions.
03:18Non, mais les policiers, ils l'ont compris, le signal.
03:20Non, mais ce que je veux dire, c'est que quand ils font des interpellations
03:24de personnes en situation irrégulière, qu'elles sont placées en centre de rétention,
03:29il n'est pas acceptable qu'en fonction des recours qui sont faits par les retenus,
03:34si le juge des libertés de la détention ne donne pas un avis sous 48 heures,
03:38il est relâché.
03:39Donc, à un moment donné, il faut revoir le fonctionnement.
03:42Et moi, ce que je n'accepte pas, c'est le procès d'intention qui est fait
03:46à Bruno Retailleau sur cette nouvelle loi immigration.
03:49Tout d'abord, parce qu'il a toujours tenu ces discours-là.
03:52Deuxièmement, ce n'est pas une nouvelle loi qu'il veut faire.
03:54Il veut reprendre ce qui a été retoqué par le Conseil constitutionnel,
03:57puisque il y avait 35 articles retoqués.
04:00Et puis, ajouter quelque chose dont on n'a pas parlé,
04:02enfin, je n'ai pas entendu parler de cela,
04:04mais n'oublions pas qu'il y a un rapport de la Cour des comptes
04:07qui a été publié le 4 janvier 2024, et je l'ai lu.
04:12Franchement, le constat que la Cour des comptes fait,
04:15les recommandations qu'elle fait, c'est édifiant.
04:18Et Bruno Retailleau, qu'est-ce qu'il fait ?
04:20Il ne fait que reprendre ce que la Cour des comptes préconise.
04:24Louis Dragnel, on parle beaucoup de cette nouvelle loi immigration.
04:27Évidemment, la gauche pousse des hauts cris.
04:29Qu'est-ce qu'il y aurait dedans ?
04:31Quelles sont ces mesures qui ont été retoquées par le Conseil constitutionnel
04:33qui pourraient se retrouver dans cette nouvelle version ?
04:35C'est un petit peu évoqué dans le sujet.
04:36Il y a l'allongement de la durée de rétention administrative.
04:39C'est capital, c'est vraiment très important.
04:41Le rétablissement du délit de séjour irrégulier ne peut être rétabli que par la loi.
04:45Il y a plein de gens qui vous disent que ça peut être fait par circulaire.
04:47Non, c'est complètement faux.
04:49Le regroupement familial qui peut être encadré, c'est par la loi.
04:53Et puis enfin, le conditionnement de versement de droits sociaux.
04:57Tout ça, c'est du législatif.
04:59Bruno Retailleau n'a pas d'autre choix.
05:01J'entends ceux qui disent que ce sera la 30e loi.
05:03Si l'on faut 36...
05:05Numériquement, ce sera la loi.
05:07Les autres n'ont pas.
05:09Mais faisons 34 lois.
05:11La question n'est pas celle du nombre.
05:13La question, c'est celle de l'efficacité.
05:15Je me réjouis simplement d'une chose.
05:17Je suis entièrement d'accord avec ce que dit Denis Jacob.
05:21Jusqu'à aujourd'hui, les lois sur l'immigration,
05:23c'était des lois systématiquement,
05:25même quand elles étaient portées par la droite, en même temps.
05:27C'est-à-dire que toutes les mesures fortes,
05:29à chaque fois, de manière très discrète,
05:31on en parlait assez peu,
05:33étaient votées des conditions d'appel, de suspension.
05:36C'est ça.
05:38Pour casser les mesures fortes.
05:40Là, au moins, dans le déclaratif,
05:42dans ce que déclare Bruno Rotaillot,
05:44il n'y aura que des mesures de fermeté simples et efficaces.
05:46Objectivement, je ne vois pas ce qu'on peut opposer à ça.
05:48Vous verrez qu'on opposera beaucoup de choses à ça.
05:52Je termine simplement par ça.
05:54Parce qu'en fait, cette loi a été votée, quand même.
05:56Elle a été votée ?
05:58Elle est censurée par le Conseil constitutionnel.
06:00Je suis curieux de voir ça.
06:02Tous les parlementaires qui ont voté la loi
06:04ont voté la loi du Conseil constitutionnel.
06:06J'ose espérer que, comme c'est exactement la même...
06:08Vous pensez qu'ils ne vont pas se contredire ?
06:10J'ose espérer, au moins par cohérence,
06:12que ce soit les Macronistes, que ce soit les élus RN...
06:14Non, Sébastien.
06:16Il faut aussi qu'ils prennent leur responsabilité
06:18devant les Français.
06:20Si hier, ça ne leur posait aucun problème pour la voter,
06:22et qu'aujourd'hui, ça leur pose un problème,
06:24alors là...
06:26Vous pensez que le RN ne voterait pas une nouvelle loi ?
06:28Je n'en sais rien.
06:30Ce qui est intéressant,
06:32c'est précisément que ce soit assez largement le même texte.
06:34C'est là où il y a
06:36une stratégie politique assez habile,
06:38me semble-t-il, de la part de Bruno Retailleau,
06:40au-delà du contenu stricto sensu.
06:42C'est-à-dire que le Conseil constitutionnel
06:44a censuré cette loi pour des raisons assez largement
06:46de forme, en considérant que
06:48les dispositions qui avaient été apportées
06:50par le Sénat n'avaient rien à faire
06:52dans un texte d'origine gouvernementale,
06:54ce qui est d'ailleurs un raisonnement juridique
06:56complètement...
06:58assez audacieux, pour dire le moins,
07:00de la tradition juridique
07:02qui était...
07:04en présent jusqu'à présent.
07:06Mais là, ça serait une bataille politique
07:08parce que, de deux choses l'une, soit le Conseil constitutionnel
07:10est obligé de censurer sur le fond.
07:12Mais là, ils avaient censuré sur la forme.
07:14Ils avaient dit que c'était mal rédigé.
07:16Non, ils n'avaient pas dit que c'était mal rédigé.
07:18Ils avaient dit...
07:20Donc mal rédigé.
07:22Ça n'avait rien à faire dans la loi.
07:24Ah bah oui, c'est ça.
07:26Non mais pardon, c'était pas exactement ça.
07:28C'était surtout une interprétation...
07:30Oui, mais c'était surtout une interprétation
07:32assez délirante de la part du Conseil constitutionnel,
07:34c'est ce que j'étais en train de vous expliquer,
07:36parce que jusqu'à présent,
07:38on considérait qu'on pouvait
07:40justement mettre des dispositions de cet ordre-là.
07:42Là, le Conseil constitutionnel avait considéré
07:44que des dispositions ayant à voir avec l'immigration
07:46n'avaient rien à faire dans un texte sur l'immigration.
07:48Donc, de deux choses l'une, soit
07:50là, ils se prononcent sur le fond
07:52et c'est une victoire.
07:54Et ils censurent.
07:56Pour aller au bout de la logique politique.
08:00S'ils censurent sur le fond,
08:02ça validera le point de M. Retailleau sur l'état du droit,
08:04en disant qu'il faudrait avoir
08:06envisagé quelque chose sur la hiérarchie des normes.
08:08S'ils valident sur le fond,
08:10ça sera une victoire politique. Dans les deux cas,
08:12de toute façon, ça pourra faire avancer les choses.
08:14Jean-Louis Debré, qui était ce matin
08:16l'invité de Pascal Praud sur nos deux antennes,
08:18était extrêmement clair. Il dit aujourd'hui
08:20le problème, c'est pas l'immigration, c'est l'intégration.
08:22Je vous passe la parole après, Sabrina.
08:24Le problème aujourd'hui,
08:26c'est pas l'immigration,
08:28c'est le fait qu'il n'y a plus
08:30d'intégration.
08:32Une nation,
08:34disait Renan,
08:36c'est un rêve d'avenir partagé.
08:38C'est une histoire,
08:40c'est un passé, mais c'est aussi
08:42une volonté de vivre ensemble.
08:44Or, aujourd'hui,
08:46eh bien,
08:48les gens qui viennent
08:50ne veulent plus vivre ensemble.
08:52Et c'est ça, le drame de la France.
08:54C'est ça, Sabrina Medjepor,
08:56c'est l'intégration.
08:58Bien sûr, c'est la façon dont
09:00les cultures cohabitent ensemble.
09:02Encore une fois,
09:04les élites immigrationnistes
09:06pensent que dans une
09:08forme d'utopie diversitaire,
09:10toutes les communautés qui arrivent en France,
09:12qui partagent d'autres cultures,
09:14c'est-à-dire un système de normes, de croyances,
09:16un langage, un récit,
09:18une religion, etc., arriveront
09:20à tisser des liens sympathiques
09:22avec les cultures, ou la culture, ou la société
09:24d'accueil. Il y a un chercheur
09:26finlandais qui le prouve très bien,
09:28Tatu Van Aen, qui explique que
09:30l'hétérogéné culturel est la première
09:32cause des inégalités devant
09:34les inégalités sociales, et devant même
09:36les inégalités juridiques, comme la
09:38liberté, ou les inégalités économiques, comme le
09:40chômage. Donc, si on fait...
09:42Encore une fois, si les gens
09:44arrivent sur notre territoire français
09:46et qu'ils ne partagent pas
09:48notre récit national, notre roman national,
09:50nos mœurs, notre identité,
09:52notre histoire, etc.,
09:54comment voulez-vous que
09:56cette interculturalité
09:58arrive à cohabiter ensemble ?
10:00Et comment fait-on pour vérifier, encore une fois,
10:02ce qu'il y a dans l'esprit des gens ?
10:04Les idéologies ne disparaissent pas avec
10:06le franchissement des frontières, et les anthropologies
10:08n'arrivent pas aujourd'hui à communiquer.
10:10Alors, on a beau indiquer
10:12des lois, ou pointer le doigt, ou faire des
10:14diagnostics sur le séparatisme, l'islamisme,
10:16l'antisémitisme, etc., mais si on
10:18continue d'accueillir des personnes qui, encore une fois,
10:20n'ont pas de lien, de causalité
10:22avec ce que nous sommes, de façon
10:24atavique, comment voulez-vous, ensuite,
10:26que les politiques règlent les problèmes ultérieurs
10:28à l'immigration ? C'est impossible !
10:30On fait une pause, on continue sur ce sujet qui est passionnant.
10:32On verra ce qu'a fait l'Italie,
10:34qui, aujourd'hui même, envoie ses premiers bateaux
10:36immigrants en Albanie, après un accord négocié
10:38avec l'Albanie, et on parlera aussi de la
10:40Pologne, quand même. M. Donald Tusk,
10:42qui s'assied carrément sur le droit d'asile,
10:44au mépris de tout ce qu'il a défendu,
10:46et qui a battu les conservateurs aux dernières élections.
10:48Il leur a tordu le bras, dans l'autre sens.
10:50Et au mépris de tout ce qu'il a défendu pendant des années au Conseil Européen.
10:52Allez, à tout de suite, dans Punchline, CNews Europe 1.
11:1418h18, on se retrouve en direct dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1.
11:22Comment a fait l'Italie ? L'Italie a annoncé
11:24aujourd'hui que les premiers bateaux
11:26de migrants qui arrivaient sur ses côtes seraient
11:28redirigés vers l'Albanie. Explication avec
11:30Régine Delfour. Est-ce que cette mesure
11:32est applicable ? On regarde ça.
11:44C'est hier l'Empédouza pour l'Albanie,
11:46avec à son bord 16 hommes.
11:4810 sont originaires
11:50du Bangladesh et 6
11:52d'Egypte. Ces migrants
11:54ont été interceptés dimanche dans
11:56les eaux internationales.
11:58Le résultat d'un accord controversé signé
12:00en 2003 entre le gouvernement
12:02de Giorgia Meloni et de son
12:04homologue albanais. La première
12:06ministre italienne s'est félicitée
12:08de cet accord qu'elle qualifie
12:10de courageux.
12:12L'Italie a montré le bon exemple
12:14en signant le protocole Italie-Albanie
12:16pour traiter les demandes d'asile sur le
12:18territoire albanais, mais sous la juridiction
12:20italienne et européenne.
12:22C'est une voie nouvelle, courageuse,
12:24inédite, mais qui reflète parfaitement
12:26l'esprit européen et qui est en règle
12:28pour être entreprise aussi par
12:30d'autres pays hors de l'UE.
12:32Ces migrants seront détenus dans un centre
12:34doté de caméras. Le temps
12:36du traitement de leurs demandes d'asile
12:38qui pourrait prendre jusqu'à 4
12:40semaines. Si leur demande
12:42est déboutée, des cellules
12:44ont été installées dans le camp.
12:46L'intérieur du camp est sous
12:48responsabilité italienne,
12:50mais la sécurité extérieure est quant à
12:52elle assurée par les forces de l'ordre albanaises.
12:54Cet accord
12:56court sur 5 ans et le coût
12:58pour l'Italie est estimé
13:00à 160 millions d'euros par an.
13:02Éric Revelle, c'est une solution
13:04que met en oeuvre l'Italie,
13:06dont la légalité la plus totale,
13:08dans le cadre des règles européennes en plus.
13:10C'est envisageable pour la France ?
13:12C'est un peu ce que Bruno Retailleau
13:14posait comme question tout à l'heure, l'air de rien.
13:16Mais je voudrais juste faire un petit
13:18pas de côté sur Giorgia Meloni,
13:20parce qu'il est loin le temps
13:22où on se pinceait le nez
13:24où Emmanuel Macron
13:26rencontrait dans la pénombre
13:28Giorgia Meloni
13:30parce que c'était le
13:32post-mussolinien, le fascisme
13:34à l'état pur, et le moins qu'on puisse dire,
13:36puisqu'on pose la question de savoir si c'est faisable
13:38pour nous, c'est qu'elle
13:40est en train de tracer une route politique
13:42et regardez aussi
13:44ce qu'on annonçait tout à l'heure,
13:46on en reparlera peut-être tout à l'heure d'Israël,
13:48mais elle va aller au Liban.
13:50Elle va aller au Liban. Vous voyez,
13:52Emmanuel Macron, qui n'est pas un détail
13:54sur la diplomatie
13:56à l'égard d'Israël,
13:58j'aurais aimé ce genre de geste,
14:00plutôt que faire ce déclaration.
14:02Je me souviens, François Mitterrand,
14:04en 1992, qui va à Sarajevo
14:06en pleine guerre de Bosnie,
14:08ça aurait eu de la gueule le président de la République allait au Liban.
14:10Sur l'Italie,
14:12c'est quand même au prix d'une fiction juridique,
14:14parce que non, ça n'est pas conforme
14:16aux droits européens, c'est-à-dire que là, l'accord
14:18avec l'Albanie, c'est pas illégal.
14:20Je ne dis pas que c'est illégal, je dis que c'est une fiction juridique
14:22et que le cas échéant, il faudrait trouver
14:24un état qui accepte d'avoir le même type d'accord
14:26avec la France, c'est-à-dire que là, le camp est considéré
14:28comme un territoire italien.
14:30Dans une logique
14:32d'extraterritorialité. Oui, mais ça, c'est pas forcément
14:34reproductif. Déjà, il faudra voir si...
14:36Je ne vous dis pas que ça n'est pas souhaitable, je vous dis juste
14:38tel que ça se pose d'un point de vue juridique.
14:40Il faudra voir si c'est accepté
14:42par les juridictions européennes, et surtout
14:44il faudrait, en ce qui concerne la France, trouver
14:46des états qui acceptent.
14:48Parce qu'Edi Rama, le premier ministre albanais,
14:50a fait savoir que c'était valable pour l'Italie
14:52et uniquement pour l'Italie.
14:54Louis Dragnel, est-ce que cette méthode-là peut fonctionner ?
14:56Ou est-ce qu'elle n'est absolument pas reproductive ?
14:58Moi, je pense qu'elle va fonctionner, surtout,
15:00à l'affaire des petits, parce que c'est aussi
15:02ce que disait Bruno Retailleau tout à l'heure.
15:04Il disait que, lors de sa
15:06rencontre avec tous les ministres
15:08des Affaires Intérieures et Justice
15:10des pays de l'Union Européenne, ils étaient tous à peu près
15:12d'accord sur la méthode. Et je pense
15:14qu'il y a d'autres pays européens qui vont
15:16faire comme les Italiens et vont chercher
15:18à nouer des accords bilatéraux avec un pays.
15:20Et la France, Bruno Retailleau
15:22a aussi annoncé qu'il allait... Il y a des pays
15:24sur lesquels on pourrait s'annoncer ? Alors, Bruno Retailleau
15:26a expliqué qu'il allait très rapidement
15:28dans plusieurs pays du Maghreb.
15:30Il y a d'ailleurs un voyage qui est organisé
15:32dans une dizaine de jours. Il pourrait créer des centres de rétention ?
15:34Absolument. Il peut créer
15:36des hotspots ou des centres... Vous appelez ça comme vous voulez.
15:38C'est un centre de rétention.
15:40Et puis même, il a l'intention d'aller
15:42dans des pays d'Asie pour créer
15:44des centres de rétention. Son souhait,
15:46c'est d'avoir au moins un centre
15:48de rétention administrative
15:50par grand continent
15:52pour demander à ces pays-là...
15:54Il y a beaucoup d'immigration asiatique ?
15:56Non, mais il y a tous ceux qui viennent du Bangladesh.
15:58Oui, il y a des migrations chinoises.
16:00Les Bangladais sont
16:02très importants dans l'immigration aujourd'hui
16:04en Europe. Et donc, c'est son intention.
16:06Et je rappelle simplement, dans une moindre mesure,
16:08que les Britanniques nous donnent de l'argent
16:10pour qu'on contrôle leurs fonds.
16:12Il n'y a que le succès qu'on connaît.
16:14Le fait de sous-traiter
16:16la gestion migratoire
16:18par un autre pays... Nous, on est déjà
16:20des sous-traitants. On le fait avec nos petits bras,
16:22mais on est déjà dans cette situation.
16:24C'est assez compliqué, malgré tout,
16:26parce qu'il faut que les gens
16:28arrivent en réalité sur le territoire d'abord italien
16:30avant d'être envoyés en Italie.
16:32Ils ne vont pas venir se présenter en Albanie pour demander l'asile
16:34et les dispositifs.
16:36Là, c'était des bateaux interceptés.
16:38Ils n'ont pas arrivé.
16:40Ils les emmènent sur le sol italien,
16:42mais c'était des gens qui étaient en train de venir en Italie.
16:44C'est-à-dire qu'en Asie, par exemple,
16:46on serait quand même assez loin du territoire français
16:48pour arriver à reproduire le même raisonnement.
16:50Sabrina, un dernier mot là-dessus ?
16:52Oui, Louis a raison.
16:54C'est peut-être une méthode qui va faire ses petits.
16:56Encore une fois, l'immigration,
16:58ce n'est pas un problème franco-français.
17:00Tous les pays européens ont réussi déjà
17:02à établir des lois sur l'immigration solide.
17:04On pense au Danemark, à la Suède, aux Pays-Bas,
17:06à l'Allemagne, on parle de l'Italie.
17:08Il est temps que la France ait une politique
17:10maîtrisée de son immigration.
17:12Finalement, Mélanie,
17:14c'est presque une Macron.
17:16Elle fait du en même temps. En même temps, je régularise
17:18et en même temps, je maîtrise mes frontières.
17:20C'est-à-dire la protection
17:22de mon intégrité
17:24identitaire
17:26et territoriale.
17:28On espère que
17:30M. Retailleau, le ministre de l'Intérieur,
17:32fera de même.
17:34La difficulté, comme vous le disiez,
17:36c'est effectivement en fonction
17:38d'un nombre de personnes qui arrivent
17:40sur le territoire, issues de pays
17:42avec qui nous travaillons.
17:44L'Algérie, ça me semble être très compliqué.
17:46Le Maroc, visiblement,
17:48il va y rencontrer
17:50certains responsables.
17:52Emmanuel Macron va faire une visite de 3-4 jours
17:54dans une occidentale.
17:56Peut-être que, compte tenu des relations
17:58assez bonnes que nous entretenons avec le Maroc,
18:00il peut y avoir une gestion
18:02ou une délégation, finalement, structurelle
18:04liée à la reconnaissance du Sahara.
18:06J'attire votre attention sur
18:08le coût des opérations, quand même.
18:10Ça n'a rien à voir.
18:12Là, on dit
18:14160 millions d'euros par an.
18:16Comme nous, on a quand même
18:18un budget assez serré, ma chère Laurence.
18:20En France, multiplier ce genre
18:22de choses au-delà de l'aspect juridique,
18:24il y a quand même aussi un coût.
18:26Et puis, il faut qu'il y ait un coût-efficacité.
18:28Il faut qu'il y ait un coût-efficacité,
18:30parce que ça peut être aussi des annonces,
18:32ça peut être aussi de la communication.
18:34Soit on considère que c'est un coût,
18:36soit on considère que c'est un investissement.
18:38Et c'est peut-être un investissement.
18:40C'est que, coût-investissement,
18:42il faut quand même sortir les euros.
18:44Le territoire français, de toute façon,
18:46quoi qu'il en soit, c'est un coût.
18:48En fait, c'est le modèle australien.
18:50Les Australiens ont fait ça,
18:52en interceptant tous les bateaux
18:54et en envoyant sur un petit État.
18:56D'ailleurs, ça a été assez catastrophique.
18:58Ils ont été obligés d'y renoncer
19:00parce qu'il y avait beaucoup d'atteintes au droit de l'homme.
19:02Mais juridiquement, je vous alerte là-dessus,
19:04je ne vous dis pas que ce n'est pas souhaitable.
19:06Ce n'est pas à ce niveau-là que je m'inscris.
19:08Juridiquement, ça ne correspond pas au canon du droit d'asile.
19:10Les juridictions françaises étant ce qu'elles sont,
19:12le Conseil d'État étant ce qu'il est...
19:14Oui, oui, mais parce que c'est probablement
19:16ce dont nous serons en train de parler
19:18dans deux mois, dans trois mois.
19:20Je rappelle, avec le soutien de Louis de Ragnel,
19:22que la dernière loi asile-immigration qu'on a votée,
19:24combien de pourcentage d'application des décrets a eu lieu ?
19:2627 %.
19:28Et ce qui avait été présenté comme une fake news.
19:30Souvenez-vous, quand certains candidats, au moment des législatives,
19:32ont dit que les décrets n'avaient pas été publiés,
19:34les macronistes ont répété que c'était une fake news.
19:36Jean-Sébastien, juste sur le droit.
19:38Je ne sais pas si vous vous souvenez,
19:40je crois que c'était l'Aquarius qui était venu
19:42au large des côtes françaises et qui menaçait,
19:44qui avait décidé
19:46« Tiens, je vais à côté d'un tel port et je vais
19:48permettre à des migrants
19:50d'arriver sur le territoire national. »
19:52Parce que ce bateau avait été refusé par
19:54les autorités italiennes.
19:56À ce moment-là, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
19:58avait créé ce qu'on appelle une zone d'attente internationale
20:00avec un droit spécifique.
20:02C'était sur une base militaire à Toulon.
20:04Vous vous souvenez ou pas ?
20:06Il en restait que deux.
20:08Je parle simplement du cadre juridique.
20:10Je suis d'accord avec vous.
20:12Le problème, c'est que nos lois
20:14ne permettaient pas
20:16de les expulser.
20:18Le cadre juridique, on peut tout à fait...
20:20En fait, ce qu'il a créé, c'est un hotspot sur le territoire français.
20:22Donc le cadre juridique, vous pouvez tout à fait
20:24ce qu'on a fait à Toulon, on l'exporte dans un autre
20:26pays et je peux vous assurer que ce sera mieux fait.
20:28Je ne conteste pas le fait que ce soit
20:30possible dans l'absolu. Je vous dis juste
20:32que nous aurons une difficulté parce qu'il n'y a pas que
20:34le fait de négocier quelque chose avec des États
20:36qui accepteraient de jouer le rôle
20:38de l'Albanie. Il y a aussi
20:40la sociologie des hauts de juridiction
20:42françaises et que les nominations qui ont été faites
20:44à la fois pendant les cinq années de quinquennat Hollande
20:46et pendant les sept années de mandat
20:48d'Emmanuel Macron, très largement à la tête
20:50du Conseil d'État, de la section régalienne du Conseil d'État
20:52au Conseil constitutionnel, ce sont
20:54des nominations de gens qui interprètent
20:56le droit avec leur vision
20:58à eux. Donc c'est une difficulté qui, vraisemblablement,
21:00politique, reste devant nous.