Le 8h30 franceinfo de Benoît Payan

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00:00Bonjour Benoît Payan, vous aviez rendez-vous hier soir à Matignon, deux jours avant le début de l'examen du budget à l'Assemblée Nationale,
00:12budget qui prévoit entre autres des coupes pour les collectivités territoriales, 5 milliards. Vous y êtes allé pour plaider votre cause ?
00:19J'y suis allé pour plaider la cause de toutes les collectivités françaises, évidemment de Marseille, deuxième ville de France qui va être très violemment impactée
00:27par les décisions du gouvernement, mais de toutes les collectivités. Enlever ces plusieurs dizaines de millions d'euros par an pour que tout le monde comprenne bien,
00:37ça va nous mettre dans une situation de devoir faire des choix terribles et nous n'avons pas à faire ce genre de choix. Les collectivités font vivre le pays,
00:45les collectivités investissent pour le pays. C'est elles qui créent de la richesse, c'est elles qui font de la commande publique, mais c'est elles aussi par exemple
00:52qui embauchent, pour ma part, des policiers municipaux. J'embauche aussi des agents dans les écoles. Et qu'est-ce qu'on va me demander ? De choisir entre
00:59embaucher des policiers municipaux, embaucher des personnels dans les écoles, arrêter de construire des gymnases, arrêter de construire des bibliothèques,
01:06fermer des musées. La réalité de ce qui nous est demandé, ce n'est pas un petit effort. Tout le monde comprend qu'il faille faire des efforts, même si j'avoue
01:13être extrêmement surpris. C'est-à-dire que tout se passait quasiment bien, alors on nous disait les comptes de la France ne vont pas si bien que ça, et puis d'un coup,
01:20pardonnez-moi, je vais jusqu'au bout, on se réveille, et puis c'est le chaos. On a Michel Barnier qui arrive, et puis là on s'aperçoit qu'il n'y a plus rien du tout.
01:28Et ça se met à cogner, et à cogner très fort sur les collectivités, sur les collectivités, entre des alertes et le drame qu'on est en train de nous décrire,
01:38et le budget qui va être soumis au Parlement, si le Parlement a la chance de le voter, et que le gouvernement décide de ne pas passer en force avec le 49-3.
01:45Entre des alertes et ce que le gouvernement s'apprête à faire, c'est-à-dire que ça va taper partout. Les retraités, par exemple. Ma grand-mère a une retraite de 700 euros par mois,
01:54elle ne va pas être indexée. Si elle avait une retraite de 5000 euros par mois, j'aurais compris qu'on fasse ce genre de choses, mais là on va s'en prendre.
02:01Aux enseignants, aux retraités, aux collectivités, à la santé, ça commence à devenir très inquiétant.
02:06Vous dites qu'on tape partout. Le message envoyé par Michel Barnier, c'est que les efforts doivent être faits par tous. L'effort global d'économie des administrations publiques s'élève à 40 milliards d'euros.
02:17Et en ce qui concerne les collectivités territoriales, 5 milliards aux collectivités territoriales, ça ne représente que 12,5 de l'ensemble de l'effort, alors que vous représentez 20% de la dépense publique.
02:28De la dépense publique, pardonnez-moi, mais il faut être très clair quand même, comme ça nos auditeurs comprennent bien.
02:32Une collectivité locale, elle doit être à l'équilibre. Contrairement au budget de la France, où la France, elle, peut faire à peu près ce qu'elle veut sur ses comptes, d'ailleurs la preuve, on s'aperçoit qu'il n'y a plus rien.
02:41Nous, on est obligés d'être à l'équilibre. J'ai décidé, avec ma majorité, de redresser les budgets de la ville. C'est-à-dire que quand je suis arrivé, il y avait des déficits grands et une dette importante.
02:52Je l'ai redressée. J'ai rattrapé tout ça. J'ai amélioré mes scores. J'ai amélioré mes taux d'intérêt.
02:59Mais il n'y a pas d'économie à faire chez vous.
03:01Vous nous avez dit, il y a des dizaines de millions d'euros. On va devoir faire des choix. Sur quoi vous allez devoir couper ?
03:08C'est la question que je vais poser au Premier ministre.
03:10C'est la question que nous, nous vous posons ce matin.
03:12En fait, je n'ai pas envie de choisir entre des policiers municipaux, des agents qui sont dans les centres sociaux et des agents qui sont dans des écoles.
03:20De quoi on est en train de parler, là ? On est en train de parler d'un pays dont on nous dit qu'on est en train d'emprunter au taux de la Grèce.
03:26C'est-à-dire qu'on serait devenu, avec tout le respect que je peux avoir d'ailleurs pour la Grèce ou pour l'Espagne, notre économie serait donc comparable à la Grèce.
03:32Et donc, en fait, on va être quoi ? En régression ? C'est-à-dire que je vais arrêter quoi ? De construire des écoles ? Je vais avoir moins de policiers municipaux ?
03:41Je vais avoir moins d'agents dans les écoles ?
03:43Mais la Cour des comptes, elle dit quand même qu'au niveau des collectivités territoriales, il y a 100 000 postes à supprimer.
03:47La Cour des comptes qui dit ça.
03:50Je vais revenir, pardonnez-moi, une seconde sur Marseille.
03:52Vous savez, il y a un fantasme qui existe, qui laisse à penser qu'à Marseille, il y aurait beaucoup plus de fonctionnaires qu'ailleurs.
03:58Que ce serait une ville sur-administrée.
04:00Eh bien, en réalité, quand on se penche sur les faits, et les faits viennent de l'INSEE, ils viennent du gouvernement, à Marseille, on a moins de fonctionnaires qu'ailleurs.
04:09Dans la ville de Marseille, pour un marseillais, il y a moins de fonctionnaires territorials que pour un parisien, un lyonnais, un montpellierien ou un bordelais.
04:17Et vous voulez que je continue à serrer tout ça ?
04:21Donc c'est chez vous, ce n'est pas chez vous qu'il faut trouver les collectivités territoriales ?
04:23Le sujet, il n'est pas là.
04:25Le sujet, c'est trop facile.
04:27Les éboueurs marseillais, par exemple, chez vous, ils appliquent ce qu'on appelle le fini parti.
04:31Il n'y a pas d'offense, monsieur, mais ce ne sont absolument pas des agents de la ville de Marseille.
04:35Ils sont à la métropole.
04:37Et en effet, il y a le fini parti.
04:39Pardon, mais ça concerne les collectivités territoriales.
04:45Je vais faire avocat de la métropole, ça ne me dérange pas du tout.
04:49Elle est d'ailleurs revenue aux 1 607 heures.
04:53Et donc, en effet, il y avait le fini parti qui pouvait paraître improbable, qui n'était pas acceptable, mais on est revenu aux 1 607 heures.
05:01De la même manière, à la ville de Marseille, on est revenu aux 1 607 heures.
05:03Et donc, on travaille autant de temps à France Info qu'à la ville de Marseille.
05:07À Marseille, vous profitez du plan Marseille en grand, impulsé par le président de la République il y a trois ans.
05:13D'ailleurs, parce qu'on voit que vous tenez à ces crédits.
05:15On en est où ? Est-ce que vous les utilisez bien ? C'est la question aussi qu'on peut se poser.
05:19En effet, pour nous, vous vous souvenez que la dernière fois qu'on s'était vu, c'était suite à l'annonce du plan Marseille en grand.
05:25On en est à, pour ce qui est de Marseille, de la ville de Marseille, la compétence, c'est donc les écoles, pas la propreté, malheureusement pour nous.
05:33On en est justement à la construction d'écoles.
05:35On va, d'ici la fin de l'année 2024 et janvier 2025, inaugurer 18 écoles.
05:42On va poser la première pierre ou finir quasiment 50 écoles d'ici la fin du mandat.
05:48Ça ne va pas assez vite, c'est ce que dit votre opposition.
05:50Mon opposition, elle, elle faisait 3 écoles par mandat. 3. Nous, ça va être 50.
05:54Alors, je les remercie de me donner des leçons de rapidité, mais quand on a été capable de faire 3 écoles par mandat pendant 4 mandats,
06:01on ne donne pas de leçons à ceux qui en font 50 par mandat.
06:04La Cour des Comptes, elle, donne son avis sur ce plan Marseille en grand dans un rapport qui a été publié en février.
06:09Ce plan est qualifié de catalogue de mesures sans vision globale du territoire.
06:14Est-ce que tous ces millions qui sont donnés à Marseille ont un sens ?
06:19Vous allez maintenant m'obliger à faire l'avocat du président de la République. Je vais le faire.
06:23Non, mais c'est surtout que la Cour des Comptes, elle, dit qu'il n'y a pas de programme.
06:27Non, elle dit qu'il n'y a pas de pilotage.
06:29Il n'y a juste le discours du président en 2021.
06:31La Cour des Comptes a raison de souligner le fait qu'il faille organiser tout ça.
06:35C'est pour ça que, pour ce qui concerne moi, ma compétence, on a mis en place des systèmes de pilotage,
06:41c'est-à-dire comment est-ce qu'on construit des écoles ou comment et avec qui.
06:44Ça, on le fait avec l'État, on le fait avec celles et ceux qui sont censés le faire avec nous.
06:49En effet, j'aurais préféré qu'il y ait un comité de pilotage plus global sur tous les aspects de Marseille en grand,
06:55c'est-à-dire les transports, la culture, le cinéma et les écoles.
07:00Ça n'est pas le choix qui a été fait, mais encore une fois, moi, je ne veux pas et je ne peux pas être comptable de ça.
07:05Même si, ce qui m'intéresse, c'est de continuer d'accélérer et de sanctuariser Marseille en grand.
07:10Mais du coup, comment vous allez faire ? Parce que celui qui vous demande de faire des économies maintenant,
07:13il s'appelle Michel Barnier et c'est le Premier ministre.
07:15Alors que vous, vous avez « dealé » avec le président de la République.
07:19Pour ce qui est de Marseille en grand, en tout cas, pour ce qui est ressorti du rendez-vous d'hier soir,
07:23la question de la sanctuarisation de Marseille en grand est déjà quasiment actée.
07:28Et je vais même vous dire la vérité, je ne suis pas allé plaider la cause de la ville de Marseille,
07:32parce que Marseille en grand, ce n'est pas que le sujet de la ville de Marseille.
07:35Les crédits écoles, ils étaient déjà sanctuarisés dans le projet de loi de finances 2023.
07:40Mais c'est aussi pour faire des transports, c'est aussi pour améliorer les questions...
07:43Les transports, c'est 1 milliard. Est-ce que vous allez avoir le milliard ?
07:46Vous savez combien c'est pour la région Île-de-France ? 26 milliards.
07:49Et donc là, j'ai l'impression que ça passe crème, mais on va se dire les choses.
07:54Marseille, c'est deux fois et demi Paris en surface.
07:57Alors que tout le monde comprenne bien.
07:58Et que sont ces 12 millions d'habitants ?
07:59C'est deux fois et demi Paris. Pour la ville de Paris, c'est 6 milliards.
08:03Donc c'est deux fois et demi Paris en surface. Il y a deux lignes de métro.
08:07La dernière inaugurée en 1977.
08:10Vous imaginez le retard structurel de cette ville ?
08:13Et donc moi, je veux bien qu'on fasse comme si cette ville était très loin,
08:16qu'elle ne posait que des problèmes, mais elle mérite, comme les autres villes françaises,
08:20la solidarité nationale. Et c'est pour ça que je me suis battu.
08:23Même si ça a déplé à certains, mais c'est comme ça.
08:26On a parlé d'école, on a parlé de transport, il faut parler de logement.
08:29Là encore, on vous a reproché, la préfecture vous a reproché de ne pas aller assez vite
08:32dans la production de logements, de logements sociaux en particulier.
08:35Est-ce que c'est justifié ?
08:37Je crois que la préfecture a eu raison de dire qu'il y avait des sujets et qu'il y avait des soucis.
08:41Quand on est arrivé, on a trouvé une situation où, à la ville de Marseille,
08:46certains promoteurs avaient porte ouverte.
08:48Bon là, cette fois-ci, ça dépend vraiment de vous.
08:49Exactement.
08:50Ça veut dire quoi, porte ouverte ?
08:51C'est-à-dire que les règles étaient assez baroques.
08:56C'était assez marseillais dans un sens qui ne me plaît pas du tout,
08:59et que je n'accepte pas, et que je ne peux pas accepter.
09:02La loi doit être la loi. Et donc, en effet, on a remis de l'ordre.
09:06Vous êtes en train de dire que l'équipe précédente, c'était pour l'égalité ?
09:08Ce qu'il y a eu pour... Bon, ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est les rapports.
09:11C'est l'Agence française d'anticorruption, par exemple.
09:14Donc, moi, j'ai remis de l'ordre dans tout ça.
09:17Depuis, il se trouve que non seulement on a rattrapé le retard de construction,
09:21mais en plus, on l'a accéléré.
09:22La France vit une baisse de la construction.
09:25De partout dans le pays, on voit une baisse de la construction.
09:27Je vais vous donner un chiffre.
09:29Sur le département des Bouches-du-Rhône, la baisse de la construction, c'est 30 % cette année.
09:3430 %, moins 30.
09:36Marseille, c'est moins 10.
09:37C'est-à-dire qu'on a atténué la baisse trois fois par rapport à ce qui se passe...
09:44Mais ça reste une baisse.
09:46Oui, mais je suis en France celui qui baisse le moins.
09:48Sauf que chez vous, il y a aussi d'autres problèmes.
09:50Il y a l'histoire des marchands de sommeil, on l'a vu.
09:52Ça donne des drames incroyables dans votre ville.
09:56Vous dites être en guerre contre ces marchands de sommeil.
09:59Vous êtes aussi en guerre contre, de l'autre côté, les AirBnB qui envahissent votre ville.
10:05Vous arrivez à mener ces deux guerres de front ?
10:07Il faut. Je ne m'arrêterai pas, d'ailleurs.
10:10Les marchands de sommeil, dans cette ville, encore une fois, ils ont eu de quoi faire.
10:15J'ai décidé de tous, dès que j'en trouve un, de tous les envoyer devant le procureur de la République.
10:22Il n'y a pas de raison qu'à Marseille, il y ait des gens qui profitent de la misère.
10:25Dans cette ville, il y a des gens...
10:27On va fêter un triste anniversaire, celui du 5 novembre, où on a perdu huit personnes.
10:32Dans l'effondrement de la rue d'Aubagne.
10:35À cet endroit-là, 90% de la population est éligible au logement social.
10:40Il y a 5% de logements sociaux.
10:42Qu'est-ce que ça veut dire ?
10:43Ça veut dire que dans tout ce périmètre, il y a du logement social.
10:45De fait, que des marchands de sommeil sont venus acheter, capter des appartements pourris, pardonnez-moi du terme à cette heure-ci.
10:52Ils ont mis des taudis, des choses qui sont inacceptables, inhumaines.
10:56Ils mettent des gens et les font survivre là-dedans et les exploitent.
11:00Moi, ces gens-là, je les envoie chez le procureur de la République, les uns après les autres.
11:04Quand on est arrivé, je crois qu'en tout, il y a cinq marchands de sommeil qui avaient été envoyés chez le procureur de la République.
11:10Nous, c'est des centaines.
11:11Donc oui, je vais leur faire la guerre, je leur fais la guerre et je continuerai.
11:15J'ai même proposé que l'Assemblée nationale durcisse les peines.
11:19Durcisse les peines de prison.
11:21Interdise à ces gens d'exercer.
11:23Interdise à ces gens d'acheter des biens.
11:25Pour ce qui est d'Airbnb, là pareil, on est en train de vivre dans certains quartiers, un phénomène absolument terrible.
11:33C'est-à-dire que des investisseurs, en général, c'est 75% d'investisseurs qui ne sont pas marseillais.
11:38Ils achètent des biens à Marseille et ils font du Airbnb.
11:41Et les quartiers se vident.
11:43Là, je vais utiliser tout ce que la loi me permet comme arme pour empêcher ça.
11:48C'est-à-dire qu'à partir du premier Airbnb, du premier appartement en résidence secondaire,
11:54je vais obliger la personne qui veut avoir un Airbnb à racheter un appartement et à le mettre en location.
12:02Ça va leur faire passer un peu l'envie, justement, de faire du gras sur le dos des Marseillais.
12:08Benoît Payan, vous êtes avec nous jusqu'à 9h sur France Info.
12:11On va laisser passer le fil info, il est 8h45.
12:13Maureen Swignard.
12:15Que s'est-il passé à Stockholm la semaine dernière ?
12:18Deux médias suédois, populaires, affirment que Kylian Mbappé est visé par une plainte pour viol.
12:24Le footballeur a réagi face aux rumeurs persistantes.
12:27Il dénonce une fausse information et sous-entend qu'il est victime d'une machination
12:31alors que la Ligue de football professionnelle examine aujourd'hui le litige entre le joueur du Real et son ancien club, le PSG.
12:38De nouvelles frappes israéliennes au Liban ces dernières heures dans l'Est et le Sud du pays,
12:43présentées comme un fief du Hezbollah.
12:45Par ailleurs, après l'attaque de missiles de l'Iran au début du mois,
12:48le Premier ministre israélien affirme il y a quelques minutes que l'État hébreu décidera de sa riposte en fonction de son intérêt national.
12:56Le ministre délégué à l'industrie confirme ce matin que le gouvernement pourrait bloquer la vente de la filiale de Sanofi,
13:02qui produit du Doliprane en France.
13:04L'option est tout à fait sur la table, dit Marc Ferracci.
13:07L'exécutif va d'abord demander des engagements au groupe en termes d'emploi industriel et de volume produit notamment.
13:14Et c'est ce matin qu'est lancée la campagne annuelle de vaccination contre la grippe et le Covid.
13:18Plus de 17 millions de personnes sont considérées comme plus à risque.
13:22Les femmes enceintes, les personnes atteintes de certaines maladies chroniques ou d'obésité sévère.
13:36Et toujours avec le maire d'Hivergauche, le Marseille, Benoît Payan, Nesim Hamdan, père de trois enfants, chauffeur VTC,
13:43a été abattu à Marseille d'une balle dans la tête par un ado de 14 ans.
13:47C'était il y a dix jours un tueur à gage mineur.
13:50Après ce drame, les langues se délient.
13:52D'autres chauffeurs VTC ont témoigné dans la presse ces derniers jours.
13:56Ils disent être contraints par les petites mains du trafic de drogue,
13:59ne pas pouvoir refuser certaines courses proposées par des plateformes VTC.
14:03Vous étiez au courant de ce phénomène ?
14:05D'abord moi je veux parler de Nesim Hamdan.
14:08C'est un drame parce que c'était un père de famille, trois enfants, c'était un homme sans histoire
14:15et c'était quelqu'un d'extraordinaire, quelqu'un qui donnait beaucoup de sa personne.
14:18C'est quelqu'un qui organisait des tournois de football,
14:20c'est quelqu'un qui s'occupait d'associations,
14:22qui s'occupait de petits en situation de difficulté.
14:26Et il est mort parce qu'il a refusé d'être complice d'un assassinat.
14:30Il est mort parce qu'il a refusé à un enfant ou à un adolescent de 14 ans d'aller commettre un assassinat.
14:36Quelque part, et j'ose le terme, il est quasiment mort en héros.
14:40Quand l'autre lui a dit je vais aller tuer quelqu'un et tu m'attends ici, il a dit non.
14:45D'abord il a sauvé une personne et il en a payé de sa vie.
14:48Et ça c'est insupportable pour sa famille, c'est insupportable pour la ville, pour moi, pour tout le monde.
14:54Est-ce un cas isolé ?
14:56Mais bien évidemment que non.
14:58En réalité, et j'ai déjà eu l'occasion de le dire sur ce plateau,
15:01il y a dans cette ville un phénomène de narcotrafic,
15:04dirigé depuis l'étranger ou depuis la prison, ce qui est là aussi tout à fait dramatique,
15:10où l'on utilise via les réseaux sociaux des petits de 14-15 ans,
15:15incapables de faire quoi que ce soit d'ailleurs,
15:18pour aller commettre le pire et commettre des assassinats.
15:22Et j'ai déjà eu l'occasion de dire que sur cette question-là, il fallait y mettre les moyens.
15:27Parce qu'on n'arrêtera pas les personnes qui se trouvent dans des pays lointains,
15:33des personnes qui sont à l'étranger, qui se sentent protégées,
15:36même si la police avait fait en Espagne, vous vous en souvenez, il y a quelques mois, une très belle prise.
15:41Le chef, par exemple, de la DZ Mafia,
15:45tout le monde sait aujourd'hui qu'il n'est pas ici, il donne ses ordres depuis l'étranger.
15:49Et donc, encore une fois, la question des moyens,
15:51bien sûr que la question du nombre de policiers se pose,
15:53parce que pour la tranquillité publique, il nous faut de la police sur le terrain.
15:56Mais il nous faut une police spécialisée.
15:58Il nous faut, et j'avais fait la proposition à l'époque, ce qui avait fait un tollé général,
16:03il nous faut des moyens spécifiques pour le parquet, ou un parquet spécialisé,
16:07qui puisse avoir les moyens d'aller vite sur la question du nombre de policiers.
16:11Mais on parle quand même de mineurs, là, on parle d'un tueur à gage de 14 ans.
16:14Comment on en est arrivé là ?
16:15Vous mesurez ce que ça veut donc dire ?
16:17C'est-à-dire qu'en fait, il n'y a plus de limite.
16:19Il n'y a plus de limite ? Est-ce que ça veut dire qu'il y a un manque d'autorité ?
16:22Est-ce que c'est l'ultra-violence dans la société, les jeux vidéo, le numérique ?
16:28Ce jeune garçon, il a son père et sa mère en prison pour trafic de drogue.
16:34Donc il a ses deux parents qui étaient dans le trafic de drogue.
16:37Il a été donc laissé à 9 ans dans des structures d'accueil.
16:42On voit bien ce que ça a donné, et on voit bien les limites, non pas des structures d'accueil,
16:46mais du fait qu'on leur enlève des moyens.
16:48On est en train de parler, et on parlait tout à l'heure des coupes budgétaires,
16:50c'est là qu'on va enlever des moyens.
16:52Là, justement là, sur l'éducation et sur les structures d'accueil.
16:56Il a été laissé sans moyens, et ensuite il a été laissé quelque part à l'abandon, hors des radars.
17:00Il a été laissé dans la nature.
17:02C'est évidemment un malfaisant et un criminel en puissance qu'on a laissé dans la nature.
17:08Et c'est un phénomène qui doit s'arrêter.
17:10Mais pour s'arrêter, là pour le coup, moi j'en appelle au ministre de l'Intérieur.
17:15Mais vous en avez parlé à Michel Barnier hier soir quand vous l'avez vu ?
17:17Non, d'abord je n'ai pas vu Michel Barnier hier soir.
17:19Vous étiez à Matignon, pardon.
17:21Voilà, et ensuite j'aurai l'occasion de lui en parler,
17:23comme j'aurai l'occasion d'en parler avec le ministre de l'Intérieur.
17:26J'en parlais toutes les semaines avec Gérald Darmanin quand il était ministre de l'Intérieur.
17:31Et on suivait, semaine après semaine, l'évolution de ce qui se passait.
17:34J'avais réclamé des moyens de justice, on en a eu quelques-uns.
17:38J'avais réclamé des moyens de police, on en a eu quelques-uns.
17:40Mais cette affaire-là n'était pas terminée.
17:42C'est à peu près ce qui est en train de se passer.
17:44Mais donc, de toute façon, là aussi, il va prendre beaucoup de temps.
17:48C'est-à-dire qu'on a affaire à une mafia, à des narcotrafiquants.
17:52Vous l'avez cité, ça s'appelle la DZ Mafia, qui fait beaucoup parler d'elle à Marseille,
17:57un cartel de narcotrafiquants.
17:59C'est exactement le terme, c'est un cartel.
18:01Des confrères ont enquêté sur la DZ Mafia et ils racontent que, grâce à la corruption,
18:05la mafia a des soutiens politiques, économiques, parfois à très haut niveau,
18:09des élus, des patrons d'entreprises, des juges qui ferment les yeux sur leur activité.
18:14Vous êtes maire de Marseille, vous le voyez ça ?
18:17Moi je le crois.
18:18Si vos confrères ont enquêté et qu'ils ont le nom d'un élu, d'un juge ou d'un policier,
18:22mais il faut les donner tout de suite.
18:23Je crois que ces personnes-là seraient à sanctionner ou sont à sanctionner.
18:26Mais dans la seconde, dans la seconde, la gravité de ce qui est exprimé là
18:31doit être immédiatement sanctionnée.
18:33Vous, on n'a jamais tenté de vous corrompre ?
18:34Jamais de la vie, ni de près, ni de loin, ni des personnes de notre entourage.
18:39Moi je veux bien qu'on fasse des mystifications.
18:42Je veux bien qu'on raconte qu'on est revenu dans les années 50.
18:46Moi je crois que le système est un peu plus compliqué que ça.
18:48En fait je crois que comme on n'arrive pas à attraper ces personnes qui sont à l'étranger,
18:52on explique finalement qu'il y aurait une main occulte qui tiendrait tout le monde.
18:56Mais je crois qu'on reste un pays de droit.
18:58Il y a une police, il y a une justice dans ce pays.
19:00On n'est pas en Italie dans les années 70.
19:02En tout cas je ne l'espère pas.
19:04Et j'espère pas non plus qu'on soit au Mexique.
19:06Et encore moins en Colombie.
19:07Donc si les Colombiens ont réussi à mettre fin à ça,
19:10il n'y a pas de raison que la France ne réussisse pas à mettre fin à ça.
19:13Mais la Colombie, pour mettre fin à ces narcotrafics,
19:17elle a mis sur la table un certain nombre de choses.
19:20Comme par exemple la majorité pénale.
19:22La question d'ailleurs a été posée la semaine dernière à votre place,
19:25à Olivier Faure, premier secrétaire du PS,
19:28qui dit qu'on peut envisager d'écarter l'excuse de minorité en cas d'extrême violence.
19:31Est-ce que vous êtes d'accord ?
19:33En fait on peut essayer de réagir à chaud sur l'intégralité des faits divers ou des difficultés.
19:39Moi je pense qu'il faut mettre les choses sur la table.
19:41L'excuse de minorité, en effet, quand on a 17 ans et demi
19:44et qu'on est un assassin multirécidiviste,
19:47on n'a pas trop d'excuses de minorité.
19:49Il ne peut pas y avoir d'excuses de minorité.
19:51Et quand on a 14 ans, comme il y a 10 jours,
19:53là pour le coup on se dit qu'il est quasiment perdu pour la cause.
19:56Je veux bien qu'on l'enferme.
19:57C'est terrible ce que vous dites.
19:59Mais c'est ça la réalité.
20:00Peut-être qu'un jour il pourra se réinsérer, mais ça va être compliqué.
20:02A 9 ans, il a vu ses parents mis en prison.
20:05Il a été placé de foyer en foyer.
20:07A 14 ans, il a assassiné de sang-froid, d'une balle dans la tête, un chauffeur de VTC.
20:13Vous imaginez la violence de ce gamin ?
20:15Vous imaginez ce que la société est capable de produire ?
20:17Mais vous, à ce niveau, celui de la mairie, vous essayez de rattraper ces jeunes dans les quartiers ?
20:21Justement, c'est ce qu'on essaie de faire.
20:23Par exemple, quand on fait des écoles,
20:25quand on essaie justement de les amener en vacances,
20:29quand on essaie d'amener des bibliothèques,
20:31quand on essaie de leur apprendre autre chose,
20:33en leur disant qu'il y a autre chose que ces drames absolus.
20:37La vie, ça ne peut pas être fait que d'argent facile, de violence,
20:41et de sentiments d'impunité et de puissance.
20:43La vie, c'est autre chose.
20:45Et le rôle d'une collectivité, le rôle d'une mairie, c'est de proposer autre chose.
20:49Et quand je vois que c'est là-dessus qu'on va nous taper,
20:51quand je vois que le gouvernement va me demander de faire des économies sur ces questions-là,
20:55en effet, il y a de quoi s'interroger.
20:57Et je ne suis pas un ange dans ma manière de voir les choses.
21:01Je crois que vivre ensemble, ça impose aux uns et aux autres de faire des efforts,
21:05de quelque côté que l'on se trouve.
21:07Mais quand on pose la question de la sécurité à des personnalités de gauche,
21:11on entend souvent les réponses, la prévention,
21:15là vous venez de parler de bibliothèques.
21:17Mais ça existe !
21:18Oui, mais ça existe.
21:19Il n'y a pas que la matraque.
21:21On entend aussi beaucoup la question de la police de proximité.
21:24Est-ce que c'est à la hauteur des enjeux qu'on a vus il y a une dizaine de jours ?
21:29La police de proximité, elle sert à rassurer les gens.
21:32Elle sert à éviter les petits larcins dans la rue.
21:34Elle sert à protéger le calme et la tranquillité publique.
21:37Et donc elle a un intérêt.
21:39D'abord, ce sentiment d'insécurité, quand on voit de la police,
21:42on a un sentiment d'insécurité qui diminue.
21:44Mais en aucun cas, la police de proximité est capable d'arrêter des narcotrafiquants,
21:49qu'ils soient à Madrid, à Paris, à Marseille ou à Toulouse.
21:53Là, c'est tout à fait autre chose.
21:55C'est pas le même sujet.
21:56Il ne s'agit absolument pas du même sujet.
21:58Pourtant, dans les centres-villes et de partout,
22:01on a vu que la police de proximité, qui a existé pendant des années en France,
22:05et qui a été supprimée, on se demande bien pourquoi d'ailleurs.
22:08Nicolas Sarkozy disait qu'il ne fallait pas que les policiers jouent au foot avec les jeunes.
22:12Oui, on voit bien d'ailleurs le résultat que ça a eu.
22:14Et donc, je sais par exemple que le ministre de l'Intérieur,
22:17je ne sais pas si je devance une de vos questions,
22:19a l'intention de continuer l'arsenal législatif.
22:23Tous les 18 mois dans ce pays, depuis à peu près 20 ans,
22:26on fait une loi plus ou moins baroque
22:28sur la question de la délinquance, de la sécurité ou de l'immigration.
22:31Tous les 18 mois.
22:32Et on a quand même l'impression que les choses vont de mal en pis.
22:35Il faudrait un peu qu'on se pose quelques questions
22:37et qu'on s'arrête de dire, voilà, je suis un nouveau ministre de l'Intérieur,
22:40je vais faire une loi.
22:42On voit bien que ça ne fonctionne pas.
22:43Ça n'a pas fonctionné.
22:44Et donc, on peut essayer de faire des lois même tous les 6 mois si on veut.
22:47On peut même essayer de dire, regardez,
22:49je ne vais plus rien laisser passer.
22:51Avec des mots, on peut faire beaucoup de choses.
22:53Puis ensuite, il faut des moyens.
22:54Et donc, à Marseille, j'ai posé une question très simple.
22:57Je suis content qu'il y ait un ministre qui se dise,
22:59tiens, je vais faire des choses.
23:01Mais qu'est-ce qu'il va faire ?
23:02Quels moyens je vais avoir ?
23:03Parce que la loi, en fait, si on utilisait la loi,
23:05et toute la loi, et rien que la loi,
23:08l'arsenal législatif, il existe,
23:10la possibilité pour les policiers,
23:13probablement qu'il faut simplifier certaines procédures pour les policiers,
23:17ça c'est évident.
23:18Probablement qu'il faut simplifier certaines procédures pour les magistrats,
23:21c'est évident, mais c'est toute la chaîne pénale
23:23qu'il faut coordonner.
23:24Et ça existe déjà dans la loi.
23:26Et donc, qu'est-ce que je vais avoir, moi, comme magistrat à Marseille,
23:29pour lutter contre le narcotrafic ?
23:31Qu'est-ce que je vais avoir, moi, à Marseille,
23:33comme policier, pour lutter contre le narcotrafic ?
23:35Ça, c'est une réponse que j'attends.
23:38C'est pas la loi que j'attends.
23:39– Benoît Payan, à Marseille, à chaque élection,
23:40le rassemblement national progresse.
23:41Comment est-ce que vous l'expliquez ?
23:43– C'est historique.
23:45Ça progresse.
23:46À chaque élection, il y a des hauts et il y a des bas.
23:48À chaque élection nationale, on a un rassemblement.
23:51Je rappelle quand même un fait qui est aussi passé sous les radars.
23:54En 1988, vous étiez très petit et moi aussi,
23:57Jean-Marie Le Pen remplissait le stade Vélodrome
23:59et arrivait premier aux élections présidentielles à Marseille
24:03sans que ça n'émeuve grand monde.
24:05Donc, en effet, aux élections nationales,
24:07on a une poussée extrêmement forte du rassemblement national.
24:11Et pourtant, et c'est ça le paradoxe de cette ville,
24:14c'est une ville où on arrive et où je souhaite qu'on arrive
24:17à continuer de vivre ensemble,
24:18avec des gens qui sont bien évidemment différents,
24:20avec des gens qui quelquefois ne se ressemblent pas,
24:23mais qui ont une réalité commune,
24:25celle d'être marseillaise et celle d'être marseillais.
24:27Et heureusement pour nous, pour les élections locales,
24:29le rassemblement national n'a jamais percé.
24:31Pour autant, il faut être vigilant.
24:33Vous savez, moi je suis inquiet de voir disparaître
24:37la droite républicaine dans ma ville.
24:39– Elle disparaît.
24:41– Elle utilise les mots du rassemblement national.
24:45Et quand on utilise le logiciel de pensée du rassemblement national
24:48et les mots du rassemblement national,
24:50les gens préfèrent toujours l'original à la copie.
24:52Jusqu'à présent, il y avait une droite que je combattais
24:54qui était celle de Jean-Claude Baudin.
24:56Mais il n'utilisait pas ces mots-là.
24:58– Que vous respectiez ?
25:00– Que je respectais en républicain,
25:02même si je combattais ses idées.
25:03À aucun moment, il n'a accepté de s'abaisser
25:07devant le rassemblement national, en tout cas devant ses idées.
25:10– D'un mot, le député LFI Sébastien Delogue,
25:12lors de votre place, il réfléchit déjà à une candidature en 2026
25:15pour les municipales à Marseille, ça vous fait peur ?
25:18– Mais non, si Sébastien Delogue veut être candidat
25:21aux élections municipales en 2026,
25:23il aura tout à fait le droit d'être candidat.
25:25– Vous allez le soutenir ?
25:26– Mais moi, je suis maire de Marseille et au travail,
25:28donc je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont beaucoup de temps
25:30pour réfléchir à leur prochaine candidature.
25:32– Mais la gauche peut gagner, c'est les divisés.
25:34– Mais moi, je crois à l'Union et je crois profondément à l'Union.
25:36Je crois que l'Union, c'est le viatique.
25:38Mais enfin, à l'Union et à la responsabilité.
25:41Parce que vous avez vu quand même, je ne sais pas combien de temps il nous reste,
25:44on est arrivé premier aux élections législatives
25:47et pour autant, on n'a pas réussi à gouverner ce pays.
25:51Ce qui doit nous amener probablement à d'autres rendez-vous sur France Info.
25:54– Merci beaucoup en tout cas d'avoir été avec nous ce matin.
25:57Benoît Payan, maire de Marseille, je vous laisse en compagnie de Saliha Braklia.

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