Le "8h30 franceinfo" de Laurent Berger

  • l’année dernière

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Musique dynamique
00:02 ...
00:05 -Bonjour, Laurent Berger. -Bonjour.
00:07 -Elisabeth Borne souhaite rencontrer l'intersyndicale.
00:11 Vous avez dit que vous seriez au rendez-vous.
00:13 Est-ce une main tendue par la Première ministre ?
00:16 -Non, c'est enfin un rendez-vous
00:18 qui n'a pas eu lieu depuis le 10 janvier,
00:21 depuis le début de la mobilisation sociale.
00:24 On n'a eu aucun rendez-vous avec un ministre,
00:27 la Première ministre ou le président de la République.
00:30 C'est surtout, je crois, la réponse hier
00:33 à la proposition que nous avons formulée
00:35 au nom de l'intersyndicale
00:37 sur rentrer dans un espace de médiation.
00:41 La porte fermée aussitôt par le porte-parole du gouvernement.
00:45 Dès l'après-midi, il est arrivé un mail
00:47 en disant que l'ensemble des organisations syndicales
00:50 devait se voir lundi, mardi ou mercredi.
00:53 -Vous y allez pour parler de quoi ? -Des retraites.
00:56 -C'est écrit sur le message ? -Il n'y a rien d'écrit.
00:58 Pas du tout. Il n'y a rien d'écrit en termes de contenu.
01:02 Mais vous imaginez bien qu'alors qu'on est
01:05 à la 10e journée de mobilisation,
01:07 qu'on est dans un moment de contestation
01:09 dans le pays sur cette réforme des retraites,
01:12 les représentants des organisations syndicales
01:15 ne vont pas discuter avec la Première ministre.
01:17 -Ce n'est pas le cas. -C'est pas possible.
01:20 -Ce n'est pas lors de cette réunion.
01:22 -Imaginez une réunion, c'est comme on est là,
01:25 et chacun dit ce qu'il veut.
01:26 Personne ne va dicter ce que va dire la CFDT.
01:29 Donc moi, j'irais en expliquant pourquoi cette réforme
01:32 est une impasse, pourquoi elle recueille autant de contestations,
01:36 pourquoi elle est injuste et pourquoi il faut trouver
01:39 une porte de sortie qui ne soit pas le pourrissement de parier,
01:42 comme on peut l'imaginer aujourd'hui,
01:45 sur le pourrissement d'un mouvement social
01:47 qui n'arrivera pas. Il faut comprendre
01:49 qu'il y a un profond rejet de cette réforme
01:52 et on travaille sur la façon dont ça se passe.
01:54 -L'homme hébergé, vous savez ce que dit le président de la République,
01:58 la Première ministre, depuis plusieurs jours.
02:01 S'il dit dès le début des conversations,
02:03 il n'est pas question de parler des 64 ans,
02:06 d'une quelconque pause ? -Ah ben, j'en parlerai.
02:09 J'en parlerai. Et si on me dit
02:11 "Vous ne pouvez pas en parler",
02:13 il faudra qu'il puisse sortir,
02:15 même si on est accueillis,
02:16 ils sortiront de la salle ou alors on partira.
02:19 Mais on va parler des 64 ans,
02:21 de ce qui se passe dans notre pays.
02:23 Vous vous rendez compte quand même
02:25 qu'il y avait encore hier, selon nos propres chiffres,
02:28 même si on prend les chefs de la police,
02:31 encore 93 000 personnes à Paris.
02:33 Nous, on pense qu'il y avait 1,2, 1,3 million de personnes.
02:36 -C'est une mobilisation en baisse.
02:38 1,2 million dans toute la France.
02:40 -Oui, 1,5 million, entre 1,3 et 1,5 million.
02:43 Mais elles ont toujours fait ça,
02:45 les mobilisations, en étant fort et en étant plus faibles.
02:48 C'est la raison du 6 avril, parce que tout simplement,
02:51 on sent qu'il y a besoin, notamment sur le pouvoir d'achat,
02:55 que les gens puissent se ressourcer un peu.
02:57 Donc, il y a toujours une profonde contestation,
03:00 un profond rejet, un ressentiment et une colère qui montent.
03:03 C'est de ça dont il faut qu'on parle.
03:06 De quoi voulez-vous parler ?
03:07 -Disons de la suite.
03:09 -On pourra parler de l'usure au travail,
03:11 ça fait partie de la réforme des retraites,
03:13 on pourra parler des fins de carrière,
03:16 de l'emploi des seniors,
03:17 de ce qui manque dans ce projet de loi sur l'emploi des seniors,
03:20 notamment en termes de contraintes sur les entreprises.
03:24 On est invités à discuter avec la Première ministre.
03:26 On reçoit cette invitation en pleine journée de mobilisation.
03:30 On s'est parlé entre nous.
03:31 Je ne sais pas parler au nom des autres,
03:34 mais il faut que tout le monde vienne à cette réunion.
03:36 -La CGT ira aussi ? Vous en avez parlé...
03:39 C'est difficile, il y a un congrès de passation de pouvoir,
03:42 mais vous en avez parlé avec la CGT ?
03:44 -C'est pas... Evidemment, il ne peut pas s'engager aujourd'hui,
03:48 vu qu'il a un mandat au nom de la CGT,
03:50 mais on était d'accord pour considérer
03:52 que c'était un espace qu'il fallait saisir
03:54 pour aller dire ce qu'on porte sur la question des retraites,
03:58 et notamment cette idée qu'il faut mettre...
04:00 Il faut suspendre les 64 ans,
04:03 se remettre autour de la table sur l'emploi et sur le travail,
04:06 et laisser une chance à un compromis social,
04:08 alors que le compromis politique a échoué récemment.
04:12 -Si le gouvernement vous dit,
04:13 ce qui n'est pas l'hypothèse privilégiée,
04:16 on retire les 64 ans, mais on accélère
04:18 sur le passage aux 43 années de cotisation.
04:20 Vous y allez ?
04:21 -Non, mais vous savez, nous, ce qu'on veut,
04:24 c'est qu'on reprenne les choses par le bon bout,
04:26 qu'on arrête de mettre la charrue avant les bœufs.
04:29 On veut discuter du travail.
04:31 Dans les interventions du président de la République,
04:34 soit du ministre du Travail,
04:35 on voit bien que le sujet du travail est revenu sur le devant de la scène.
04:39 C'est un conflit sur le travail et sur le fait que,
04:42 pour beaucoup de gens, partir à la retraite
04:45 est une forme de libération, car les conditions d'exercice
04:48 de leur métier et de leur travail sont pénibles.
04:51 Ensuite, je vais vous le dire, la proposition qu'on a faite,
04:54 c'est qu'on suspend les 64 ans, on a un espace de médiation
04:57 avec une, deux, trois personnes qui vont discuter
05:00 avec chacune des parties pendant un mois et demi,
05:03 deux mois, et qui fassent retomber aussi
05:05 la tension dans ce pays, et on regarde ensuite
05:07 s'il y a un espace de compromis possible.
05:10 -Sauf que le gouvernement... -On discutera de tous les sujets.
05:13 -Vous avez dit non à la médiation, à la pause.
05:16 Vous, vous pensez à quel médiateur ?
05:18 M. Bayrou, par exemple, se propose d'être le médiateur.
05:21 -Vous ne pouvez pas être jugé parti.
05:23 Tout le monde sait que M. Bayrou, il est dans la majorité,
05:26 et il est... Donc, c'est pas...
05:28 -Vous avez vu hier que ces députés, les députés du Modem,
05:31 ont repris votre proposition de médiation.
05:34 -Oui, et ils ont raison. J'ai entendu M. Matéi,
05:37 le président du groupe Modem.
05:38 Et lui, ils sont soucieux de quoi ?
05:40 Ils sont soucieux du ressentiment existant dans le pays
05:43 et de la tension sociale.
05:45 Ils disent qu'on n'a pas d'autre voie que de se parler.
05:48 Quand on entend M. Véran dire qu'on se parle,
05:51 qu'on n'a pas besoin de médiation, ça fait deux mois et demi,
05:54 presque trois mois, qu'il y a un mouvement social,
05:57 et on n'est pas capable d'avoir un rendez-vous,
06:00 on nous le fit, ça l'a va vite hier.
06:02 On va redire qu'on veut cet espace de médiation
06:04 car c'est le meilleur moyen de sortir de cette crise.
06:08 On veut pas parler des retraites, on en parlera.
06:10 Et si, après, il y a ouverture sur d'autres chantiers,
06:13 on réglera les problèmes des retraites
06:15 et on discutera. -On en parlera
06:17 ou alors on quitte la salle ?
06:19 -On en parlera. -De gré ou de force ?
06:22 -Mais de force... -Si vous parlez
06:24 de la retraite à 64 ans et qu'en face,
06:27 on vous parle d'usure de fin de carrière,
06:29 ça risque de ne pas marcher. -Vous voyez bien,
06:32 on est des gens avec un peu de civilité.
06:34 On s'écoute. Jamais personne,
06:36 et d'ailleurs, on a aussi cette chance dans ce pays,
06:39 personne n'a été empêché de parler d'un sujet
06:41 parce que ça ne serait pas été à l'ordre du jour.
06:44 On parlera des retraites, c'est évident pour nous,
06:47 et on dira qu'il faut suspendre les 64 ans,
06:49 ne jouer pas la tension sociale
06:52 parce que ça se tend fortement,
06:54 et trouver une solution, et on vous l'a apportée.
06:57 -Vous irez, c'est une question importante,
06:59 même si la CGT n'y va pas ?
07:02 -Jusqu'à hier soir, la CGT n'y avait pas de raison
07:05 qu'elle n'y aille pas. -Jusqu'à hier soir,
07:07 vous le dites, car Philippe Martinez,
07:09 qui s'apprête à passer la main, a été mis en minorité
07:12 par ses adhérents. C'est la ligne la plus dure de la CGT
07:15 qui a gagné, de pas grand-chose, un peu plus de 50 % des voix.
07:19 Est-ce que vous êtes sûr que la CGT,
07:21 la nouvelle patronne ou le nouveau patron ira ?
07:23 -Je ne suis sûr de rien, et je ne veux pas m'immiscer
07:26 dans le congrès de la CGT. On ne peut pas avoir demandé
07:30 pendant des semaines d'être reçu pour faire entendre
07:33 les propositions qu'on représente et ne pas y aller
07:35 quand l'espace est ouvert, même si on sait,
07:38 on n'est pas naïf, que ce n'est pas pour nous annoncer
07:41 la réforme des retraites. On va discuter
07:43 avec la Première ministre pour lui dire
07:45 ce qu'on pense de la situation. -Vous entendez bien
07:48 ce qui se dit à la CGT. Votre proposition de médiation
07:51 a été vécue comme une trahison par une partie de la CGT.
07:54 -Par une partie de la CGT, cette proposition...
07:57 -La ligne la plus dure qui a gagné.
07:59 -Je vais vous dire comment ça s'est monté,
08:02 en discutant dans le carré de tête
08:03 entre les huit représentants des organisations.
08:06 Il y a la manifestation de jeudi dernier.
08:08 On a discuté de ça entre nous. On a réfléchi ensemble
08:12 et on s'est rappelés les derniers jours
08:14 pour pousser cette idée. Je ne l'ai pas faite toute seule.
08:17 Je l'ai faite hier sur une antenne,
08:19 et ça a été relayé par Philippe Martinez
08:22 à Clermont-Ferrand, ça a été relayé
08:24 par mes autres collègues, Céric Chabanier,
08:27 Frédéric Souillot, Laurent Escure.
08:29 Donc ça a été relayé par les autres.
08:31 Voilà, c'est une position de l'intersyndical.
08:33 Maintenant qu'il y a dans nos organisations
08:36 des gens qui ne sont pas d'accord avec ça,
08:38 c'est le débat interne.
08:40 -Les gens qui ne sont pas d'accord avec la ligne de Philippe Martinez
08:44 sont majoritaires à la CGT depuis hier.
08:46 -En tout cas, oui. Il n'y a pas eu de rapport d'activité.
08:49 Je ne veux pas le commenter.
08:51 -Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT,
08:54 l'invité de France Info, 8h41.
08:55 Maureen Suiniard pour Le Fil Info.
08:58 -Une 11e journée de grève nationale organisée jeudi prochain,
09:01 le 6 avril. Hier, il y avait 740 000 manifestants en France.
09:04 Délia Mélestère de l'Intérieur, quand la CGT affirme
09:07 qu'ils étaient plus de 2 millions contre la réforme des retraites.
09:11 "Nous irons parler des retraites à Matignon",
09:13 affirme sur France Info, Laurent Berger,
09:16 secrétaire général de la CFDT.
09:17 "On partira si on ne peut pas parler du report de l'âge légal à 64 ans",
09:21 dit encore Laurent Berger.
09:23 Elisabeth Borne invite les syndicats en début de semaine prochaine.
09:27 -2 hommes tués par balle hier soir à Rennes,
09:29 dans le quartier populaire de Morpa.
09:31 Le procureur indique qu'un pistolet mitrailleur a été utilisé
09:35 sur plusieurs groupes de jeunes.
09:37 Il envisage une affaire de règlement de compte
09:39 liée au trafic de stupéfiants.
09:41 Le monsieur sécurité des JO de Paris 2024,
09:43 suspendu à la demande de Gérald Darmanin,
09:46 le préfet Ziad Khouri, accusé de comportement inadapté
09:49 auprès d'une femme pendant un déplacement à Londres
09:52 il y a plus d'un an. Une enquête est en cours.
09:55 -Le minimum requis 14 ans et non plus 12.
09:57 Le ministre des Transports présente son plan d'action
10:00 concernant les trottinettes électriques.
10:02 Il veut faire passer l'amende de 35 à 135 euros.
10:05 Le casque restera facultatif.
10:07 ...
10:09 -France Info.
10:10 -Le 8/30 France Info,
10:13 Salia Brakia, Marc Fauvel.
10:15 -Laurent Berger, il y a un point d'accord
10:17 entre la CFDT et le gouvernement,
10:19 c'est sur la nécessité de faire des économies
10:22 pour arriver à l'équilibre du système.
10:24 Comment vous faites si on reste à 62 ans ?
10:26 -Il y a un point de désaccord aussi sur l'équilibre.
10:29 Vous avez raison de dire que la CFDT...
10:31 -L'objectif est le même, les moyens sont différents.
10:34 -Le regard sur ce déséquilibre est différent.
10:37 Le regard de la CFDT sur ce déséquilibre,
10:39 c'est qu'il existe autour de 10-12 milliards d'euros par an
10:42 sur un total de pensions versées de 355 milliards à peu près.
10:46 On n'est pas dans les déséquilibres qu'on a connus en 2003,
10:49 en 2010, en 2014.
10:50 C'est pas un déséquilibre qui,
10:52 comme le dit le gouvernement,
10:54 mettrait en danger l'avenir même du système de retraite par répartition.
10:58 Ce qu'on a fait comme proposition,
11:00 ça touche autour de l'emploi des seniors.
11:02 La principale mesure de ressources, c'est celle-ci.
11:05 C'est pas moi qui le dis, seulement, les économistes.
11:08 Le cercle des économistes, M. Lorenzi, l'a exprimé aussi
11:11 en disant qu'il suffit de faire monter le taux d'emploi des seniors
11:14 de 10 points, il est à 35 % aujourd'hui,
11:16 mais il suffit en ayant une contrainte exercée
11:19 sur les entreprises.
11:21 - Ils sont obligés d'embaucher ou de licencier ?
11:23 - Non, de rendre ça plus coûteux et plus contributeur
11:27 au financement des retraites,
11:28 si jamais ils n'ont pas une politique à l'écart des seniors.
11:32 - Un bonus/malus ?
11:33 - Bonus/malus, ça a plus ou moins fonctionné.
11:36 Moi, le bonus sur l'emploi des seniors,
11:38 c'est que si vous faites quelque chose de normal,
11:41 vous êtes gratifiés.
11:42 C'est juste normal de garder les gens
11:44 jusqu'au moment où ils doivent partir en retraite.
11:47 - Le CDI senior proposé par la droite,
11:50 c'est un bon exemple ?
11:51 - Non, mais c'est une mesure...
11:52 Le CDI senior, c'est une mesure
11:54 qui a été plus ou moins expérimentée,
11:56 qui n'a jamais fonctionné, si ce n'est les effets d'Aubaine.
12:00 Je suis toujours frappé.
12:01 Il y a un problème dans notre pays sur l'emploi des seniors.
12:04 Ce n'est pas que du ressort des employeurs.
12:07 Parfois, c'est aussi par biais des accords.
12:09 On signe un accord et les gens partent plus tôt.
12:12 - Des entretrices ont signé des accords de pré-retraite.
12:15 - On est un peu dopés à ça, clairement.
12:18 C'est ça, mais ce n'est pas normal
12:20 de faire dans des grandes entreprises
12:22 des plans de départ de seniors très avantageux
12:24 et de le faire reposer pour notre système d'équilibre des retraites
12:28 sur les professions qui ne peuvent pas avoir ce type de plan
12:31 et qui sont parmi celles les plus difficiles.
12:34 - Quand c'est fait, c'est fait avec la main des syndicats.
12:37 - Cette réforme des retraites fait reposer l'effort
12:40 sur les travailleurs intermédiaires,
12:42 qui sont souvent dans les métiers les plus compliqués,
12:45 qui sont les travailleurs de 1re à 2e ligne pendant le confinement.
12:48 Le 1er point, c'est l'emploi des seniors.
12:51 C'est fondamental. On a un taux d'emploi des seniors de 35 %
12:54 quand on a marché ce soir.
12:55 - Comment on améliore ce taux d'emploi des seniors
12:58 qui est à 36 %, nettement en dessous de nos voisins ?
13:01 - Vous rendez obligatoire la négociation d'accords
13:04 sur l'emploi des seniors dans les entreprises.
13:06 Sinon, il y a une sanction pour les entreprises.
13:09 Vous demandez à faire évoluer la situation
13:11 sur un an, deux ans, trois ans.
13:13 A défaut d'évolution de la situation,
13:15 vous sanctionnez les entreprises.
13:17 Je pense qu'à un moment donné, on peut pas avoir cette logique.
13:21 On entend en ce moment des entreprises qui disent,
13:23 nous, philosophiquement, les 64 ans, les 65 ans,
13:26 on est plutôt pour, mais on sait pas comment on va garder
13:29 les gens de 62 à 64 ans.
13:30 Il y a un DRH ou une DRH, je ne citerai pas son nom,
13:33 d'une grande entreprise qui m'a dit,
13:35 j'ai 20 000 personnes dans des emplois compliqués
13:38 à qui je vais devoir dire, vous travaillez de 62 à 64 ans
13:41 dans les années à venir, je ne sais pas comment on va les maintenir.
13:45 C'est difficile de les maintenir jusqu'à 62 ans.
13:47 Il faut qu'on tienne compte de cela.
13:49 Il faut plutôt jouer sur aller jusqu'au bout de sa carrière
13:53 pour chaque salarié plutôt que de les mettre en invalidité
13:56 au chômage. -Je comprends pas.
13:58 Vous dites que les entreprises elles-mêmes disent
14:00 que c'est compliqué de les garder jusqu'à 62 ans.
14:03 Vous dites qu'il faut les sanctionner s'ils les gardent pas.
14:06 -C'est compliqué déjà de les garder jusqu'à 62 ans
14:09 et d'être obligé d'aller à 64 ans, c'est ça que je voulais dire.
14:13 C'est difficile.
14:14 Ce que je dis, c'est qu'il faut avoir des plans d'emploi,
14:17 de maintien d'emploi des seniors,
14:19 mais il faut aussi arrêter cette logique
14:22 où un senior est vu comme quelqu'un de moins productif,
14:25 qui coûte trop cher, etc.
14:26 Donc ça, c'est la première source de revenus
14:29 pour le système des retraites.
14:31 Parce qu'on n'est pas, encore une fois,
14:33 à rechercher des sommes faramineuses.
14:35 On est à rechercher 10 milliards d'euros par an.
14:38 C'est la première piste.
14:40 Il y en a d'autres, la contribution des entreprises.
14:43 Cette réforme des retraites fait poser les efforts
14:46 que sur les salariés.
14:47 Pourquoi c'est un sujet tabou aujourd'hui dans le pays ?
14:50 Et puis, il y a effectivement la question
14:53 de l'augmentation de la durée de cotisation.
14:55 Je tiens à dire une chose, c'est déjà le cas.
14:58 J'ai entendu le président de la République dire
15:01 "mes prédécesseurs ont mis la poussière sous le tapis".
15:04 C'est faux, archi-faux.
15:05 -Vous avez signé à la CFDT l'allongement à 43 ans
15:08 de la réforme Touraine. -Oui.
15:10 -Je reviens sur ce point.
15:11 On n'avait pas tout à fait répondu.
15:14 Si on accélère ce calendrier de passage
15:16 aux 43 années de cotisation, vous acceptez ce point-là ?
15:19 -C'est déjà dans le projet de loi.
15:21 Ce sur quoi on conteste, c'est les 64 ans.
15:24 L'accélération de Touraine, on ne la considère pas nécessaire.
15:27 Elle était prévue.
15:28 Et celle-là, on l'assume.
15:30 On l'a assumée en 2013-2014,
15:32 quand le système des retraites était gravement menacé
15:35 dans son équilibre.
15:36 Mais c'est prévu.
15:38 Ce que je veux dire, c'est que l'augmentation
15:40 de la durée de cotisation dans notre pays,
15:43 contrairement à ce qui se répand, ce n'est pas statique.
15:46 C'est déjà en cours.
15:47 Regardez ce qui s'est passé.
15:49 Je le disais à des collègues journalistes européens hier.
15:53 Entre 2003 et aujourd'hui,
15:56 il y a des salariés qui sont passés
15:58 de 37 années et demie de cotisation
16:01 à 43 ans, et qui sont passés de 60 ans à 62 ans.
16:05 -On n'est pas encore passés aux 43 ans.
16:07 -On est en cours.
16:08 Mais c'est validé.
16:09 C'est validé.
16:11 On nous dit qu'on n'a jamais fait d'effort.
16:13 Il ne s'est rien passé sur les retraites.
16:15 -Laurent Berger, depuis plusieurs jours,
16:18 les manifestations se terminent systématiquement
16:21 par des violences, des heurts.
16:23 Est-ce qu'il y a un problème dans le maintien de l'ordre ?
16:26 -Il y a un problème des violences.
16:28 Il y a des gens qui viennent dans les manifestations.
16:31 C'est pas que depuis 2-3 manifestations.
16:33 Avec une intensité, oui, bien sûr,
16:35 c'est moins forte, mais quand même,
16:38 qui viennent pour casser, s'affronter à la police,
16:41 aux services d'ordre des organisations syndicales,
16:43 s'affronter parfois aux journalistes,
16:46 ou en tout cas les bousculer, voire plus.
16:48 Donc ça, c'est d'abord le premier problème.
16:51 Ensuite, il y avait eu un problème
16:53 avec les organisations syndicales à la manifestation de jeudi,
16:56 notamment parce qu'il y avait eu usage de gaz lacrymogène
17:00 dans le carré de tête.
17:01 On l'a vu avec le préfet de police hier.
17:03 -Qui vous a dit quoi ?
17:05 -Qui a reconnu...
17:06 -On a entendu certains de vos collègues syndicalistes dire
17:09 "nous avons été visés délibérément par les gaz lacrymogènes
17:13 "alors que nous étions le carré de tête
17:15 "et qu'il n'y avait pas de débordement."
17:17 -Et ça a été corrigé hier.
17:19 -Ca a été réglé hier.
17:20 -Hier, le cortège syndical,
17:22 il y a eu des affrontements qui n'ont pas été à la hauteur
17:25 de ce que chacun craignait, promettait,
17:28 mais qui ont quand même existé,
17:30 mais la manifestation syndicale s'est déroulée
17:32 dans une grande part,
17:34 même s'il peut y avoir ici ou là des débordements,
17:37 mais c'est passé dans le calme.
17:39 -Est-ce que vous dites, comme certains à gauche,
17:42 comme Sandrine Rousseau ou Fabien Roussel,
17:44 le communiste, le gouvernement attend
17:46 que le mouvement se pourrisse de lui-même,
17:49 profite des violences
17:50 pour que l'opinion publique se retourne ?
17:53 -Ce serait une folie, j'en sais rien,
17:55 et j'espère pas.
17:56 C'est une folie d'avoir ce type de réflexe.
17:59 Mais depuis le début, on pourra pas dire
18:01 qu'on l'a pas essayé, par une voie, par une autre,
18:04 de dire "parlons-nous et essayons de trouver une situation".
18:07 Il y a une constante.
18:09 Cette réforme de la retraite est rejetée
18:11 par la majorité de la population, active,
18:14 mais la majorité, elle fait l'objet
18:16 des plus grandes manifestations depuis les années 90,
18:19 dans le calme pour l'immense majorité des manifestants,
18:22 et on peut pas considérer, même si on faisait ce pari-là,
18:25 je fais pas ce procès d'attention,
18:27 que l'on faisait ce pari-là, de toute façon,
18:30 il y a plus grave que ce pourrissement
18:32 et cette violence, c'est le ressentiment
18:34 qu'il y aurait derrière. Ce ressentiment
18:37 du monde du travail, parce que ceux qui manifestent...
18:40 Hier, on en parle pas, mais il y a des endroits
18:42 où il y avait des points de rassemblement,
18:45 qui sont souvent pas comptabilisés par le ministère de l'Intérieur.
18:49 La contestation s'étend.
18:50 S'il n'y a pas de réponse politique
18:52 à la demande sociale sur cette réforme des retraites,
18:55 tout le monde perdra très cher.
18:57 Aujourd'hui, il est encore temps de se parler,
19:00 de mettre en suspens cette réforme et de faire autrement,
19:03 y compris en trouvant les voies d'un compromis social
19:06 sur le travail et les retraites. -Laurent Berger,
19:09 vous restez avec nous.
19:10 -Il n'y avait plus suffisamment de grévistes.
19:13 Le syndicat qui regroupe les égouttiers et les éboueurs
19:16 de la capitale suspend le mouvement.
19:18 Plus de 6 000 tonnes de déchets
19:20 jongent toujours les rues de la capitale.
19:23 La réforme des retraites est en cours dans d'autres villes de France,
19:26 comme au Havre et à Brest.
19:28 Du côté du trafic SNCF, du mieux pour les voyageurs.
19:31 4 TGV sur 5 circulent aujourd'hui,
19:33 2 intercités sur 3 et 3/4 des TER.
19:37 Alors qu'une 11e journée de mobilisation
19:39 est organisée le 6 avril prochain par les syndicats,
19:42 Elisabeth Borne leur lance une invitation
19:45 pour venir à Matignon en début de semaine prochaine.
19:48 Le patron de la CFDT affirme sur France Info
19:51 qu'il ira pour parler du report de l'âge légal à 64 ans.
19:55 Le sort de 113 boutiques et plus de 500 salariés
19:58 en suspend la marque de Dine.
20:00 Caporal demande son placement en redressement judiciaire
20:04 et invoque des difficultés financières.
20:06 Il est soupçonné d'avoir incendié la cathédrale de Nantes en juillet 2020.
20:10 Son procès débute aujourd'hui.
20:12 Ce bénévole du diocèse a reconnu les faits.
20:15 Il était déjà mis en cause
20:16 dans l'assassinat d'un prêtre en Vendée.
20:20 ...
20:22 -France Info.
20:23 -Le 8/30 France Info,
20:25 Saliha Brakia, Marc Flauvel.
20:28 -740 000 manifestants dans tout le pays hier,
20:31 selon le ministère de l'Intérieur, 2 millions selon la CGT.
20:34 Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le jeudi.
20:37 Créez-vous qu'il y ait de moins en moins de manifestants
20:40 et de plus en plus de casseurs ?
20:42 -Non, je ne le crains pas.
20:44 Je crains qu'il y ait des casseurs,
20:46 et qu'il y en ait de plus en plus, je le redoute.
20:49 Mais moins de manifestants, je ne crois pas.
20:51 Depuis le début de la mobilisation,
20:53 on a eu trois dates où ça a été les plus grandes mobilisations
20:57 depuis les années 90, et d'autres qui ont été plus faibles.
21:00 Quand je dis "plus faibles", il faut prendre conscience
21:03 que selon les chiffres de la police,
21:05 entre 700 000 et 800 000 personnes manifestent dans les rues.
21:09 93 000 personnes à Paris, chiffre de la police,
21:11 comme ça, ça permet de ne pas polémiquer.
21:14 C'est pas rien, quand même.
21:15 Il y a une profonde contestation.
21:17 -Mais les vacances arrivent. -Oui, on a su, évidemment,
21:20 que ça va peser, mais en tout cas, il y a une nouvelle date, jeudi.
21:24 Ça laisse un peu de temps pour respirer,
21:26 et j'espère qu'elle sera massive.
21:28 -D'ici jeudi prochain, qu'est-ce qui doit se passer pour vous ?
21:32 Des blocages ?
21:33 Où vous attendez ?
21:34 -Vous avez remarqué, l'ouïkéne dernier,
21:37 beaucoup d'endroits où il y a de l'information aux citoyens,
21:40 des distributions de travail,
21:42 des initiatives locales qui s'opèrent,
21:44 des barrages filtrants, etc.
21:46 Tout ça, on nous avait promis qu'on allait mettre le bazar, etc.
21:50 C'est pas le cas.
21:51 Il faut continuer.
21:52 -Mais vous n'appelez toujours pas à des grèves continues
21:55 pour faire le pont entre deux journées de mobilisation.
21:58 -Ca se décrète pas comme ça.
22:00 Les salariés, en tout cas les troupes de la CET,
22:03 ne demandent pas ça.
22:04 Elles demandent qu'on affiche toujours une volonté
22:08 de sortir de cette impasse,
22:09 qui est la loi qui a été adoptée, je le rappelle,
22:13 par un 49.3, qui crée beaucoup de colère,
22:16 parce qu'on trouve des voies de sortie.
22:18 C'est ça qui m'intéresse.
22:20 Les 64 ans, ça s'applique pas aux travailleurs concernés.
22:23 Ensuite, l'étape du Conseil constitutionnel.
22:26 Il y a deux points.
22:27 Il y a l'égalité de la loi, d'une certaine manière,
22:30 et sur son contenu et sur la procédure parlementaire.
22:33 On a déposé des mémoires au Conseil constitutionnel,
22:37 les organisations syndicales,
22:39 ensemble, au global,
22:41 mais aussi chacun faisant son propre mémoire.
22:44 Et le Conseil constitutionnel se prononçait
22:47 sur le référendum d'initiative partagée,
22:49 qui est une initiative parlementaire menée,
22:52 et qui peut aussi être un moyen de sortir de ça,
22:57 en disant "écoutez, mettons sur pause,
22:59 "et regardons ce que les citoyens ont."
23:01 - Si le Conseil constitutionnel ne censure
23:04 que une partie de la loi, c'est une victoire pour vous ?
23:07 - Vous savez, je viens de vous dire,
23:09 je ne vais pas être prêt en contradiction,
23:12 mais les 64 ans ne s'appliquent pas
23:14 pour les travailleurs concernés,
23:16 notamment ceux de 1re et 2e ligne pendant le confinement.
23:19 On verra sur quoi le Conseil constitutionnel
23:22 peut se positionner.
23:23 Mais je pense qu'il y a un problème
23:25 dans le processus parlementaire,
23:27 et surtout sur les 64 ans dans ce projet de loi.
23:30 J'espère que ça jouera.
23:32 - La municipalité de Saint-Ouen, en banlieue parisienne,
23:35 a décidé de mettre en place un congé monstruel.
23:38 Les agentes pourront poser 2 jours d'arrêt par mois
23:41 pour des conditions médicales sans retenue de salaire.
23:44 Faut-il plus largement l'expérimenter
23:46 ou généraliser ce dispositif ?
23:48 - Oui, c'est le cas en Espagne,
23:50 c'est le cas dans certains pays asiatiques.
23:53 Je crois qu'il faut l'expérimenter,
23:55 il faut en faire un objet de dialogue social
23:58 pour ne pas que ce soit une stigmatisation.
24:00 - C'est ce que disent certaines associations féminines.
24:03 On va accorder ce droit à un congé mensuel,
24:06 mais les carrières des femmes vont s'en ressentir.
24:09 - Je pense qu'à chaque fois, lorsqu'on veut prendre en compte
24:13 des réalités particulières,
24:16 en l'occurrence, la question des règles pour les femmes,
24:20 je pense qu'il faut expérimenter
24:23 et le faire par la voie du dialogue social.
24:26 C'est quand même une bonne nouvelle,
24:28 c'est une forme de tabou qui tombe.
24:30 Moi, qui suis féministe, comme mon organisation syndicale,
24:33 on trouve que c'est une bonne nouvelle.
24:35 Mais par contre, il faut le faire par le dialogue social,
24:39 ce qui permet d'avoir une approche normale, classique.
24:42 C'est quelque chose, un droit, comme on l'a fait en Espagne.
24:45 - Ça pourrait faire l'objet d'une négociation nationale ?
24:48 - Vous savez, en Espagne... - Oui, en Espagne, il y a une loi.
24:52 - L'Espagne, sur la relation entre les organisations syndicales
24:55 et un gouvernement, est quand même une forme de modèle.
24:59 En Espagne, ils trouvent des accords,
25:01 y compris sur des sujets compliqués,
25:03 y compris sur le terrain de l'emploi, du travail, etc.
25:06 Le gouvernement espagnol a pu dialoguer
25:09 avec les organisations syndicales espagnoles.
25:11 Ils ont réussi à avancer sur ce sujet.
25:13 On pourrait le faire comme ça,
25:15 ça peut se faire en expérimentation,
25:17 mise en œuvre locale dans les entreprises.
25:20 Après, il y a aussi le jour de carence.
25:22 Il faut être très clair.
25:24 Une des approches, c'est de faire tomber la carence
25:27 sur les arrêts... - La journée non payée.
25:29 - La journée non payée, sur les arrêts maladie,
25:32 parce que ça ira avec.
25:33 Enfin, on peut parler de ce sujet-là,
25:36 mais c'est une vraie galère, une vraie douleur
25:38 pour nombre de femmes.
25:40 Cette expérimentation a le mérite d'exister.
25:42 - Merci, Laurent Berger, invité de France Info.
25:45 ♪ ♪ ♪

Recommandée