Punchline - Voitures de police incendiées à Cavaillon : est-ce que l'État à les moyens d'endiguer les narcotrafics ?

  • il y a 1 heure

Aujourd'hui, dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur les voitures de police incendiées à Cavaillon ainsi que sur le ras-le-bol des Marseillais concernant les narcotrafics et débattent autour de la question : est-ce que l'État à les moyens d'endiguer les narcotrafics ?
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Transcription
00:00Il est 18h01 et une poignée de secondes, nous sommes avec André Vallani, bonsoir André,
00:05avocat ancien ministre avec Louis de Ragnel, bonsoir Louis, Jean-Sébastien Ferjot du site Atlantico,
00:10bonsoir à vous, Naïmane Fadel, essayiste et un policier, Jean-Christophe Pauvis, secrétaire nationale du syndicat UNITÉ.
00:15Bonsoir.
00:16On va d'abord s'intéresser, si vous le voulez bien, à Cavaillon, parce que c'est extrêmement emblématique ce qui s'est passé.
00:21On a vécu il y a quelques instants la conférence de presse du procureur et du préfet,
00:26parce que ce matin, à 5h du matin, ce sont les voitures de la police nationale qui ont été brûlées,
00:31sans doute un règlement de compte dû aux narcotrafiquants.
00:34Tout de suite, on va rejoindre sur place l'envoyé spécial d'Europe 1, Stéphane Burgatte, bonsoir.
00:38Stéphane, vous êtes avec Charles Bagé, expliquez-nous ce qui s'est passé, ce qu'ont dit les autorités,
00:43et où ils en sont de l'enquête en réalité, est-ce qu'ils ont la moindre piste ?
00:46Pour l'instant, la formule d'usage, aucune porte n'est fermée, mais ce que tout le monde nous dit depuis ce matin,
00:53à commencer par le directeur interdépartemental de la police nationale,
00:56c'est qu'on sait très bien dans quelle direction on se tourne la piste criminelle.
01:00La répercussion, la revanche, finalement, un de ces nombreuses perquisitions
01:06qui ont eu lieu ces dernières semaines dans la cité du Dr Heim,
01:09qui est tout proche de ce commun Saria, où il y a eu des saisies d'armes,
01:13armes courtes, armes longues, des saisies de drogue, des saisies d'argent également,
01:18et c'est un acte de vengeance, on nous le dit du côté des policiers.
01:21La procureure de la République, qui vient de s'exprimer à l'instant,
01:24nous promet en tout cas des résultats assez rapides, mais l'enquête n'est ouverte que depuis ce matin.
01:29Elle a ouvert assez large le champ avec des faits qui sont passibles quand même,
01:34de 20 années d'emprisonnement, 150 000 euros d'amende,
01:37on veut se donner les moyens d'apporter une réponse forte.
01:43Très bien, parce qu'il y a sans doute du vent aussi,
01:45mais on a compris l'essentiel, c'est qu'il n'y a absolument zéro piste pour l'instant.
01:48André Valigny, on est face à un cas d'école,
01:51c'est-à-dire que ce sont des trafiquants de drogue qui disent
01:54vous avez démantelé un squat, vous avez démantelé un point de drogue,
01:57on va brûler vos voitures.
01:59Ça me fait penser à ce qui s'est passé en Sicile il y a une quarantaine d'années,
02:02lorsque grâce au général Dallachiezza, puis ensuite au juge Falcone
02:06et au juge Borsellino, ils ont été assassinés tous les trois.
02:10La police avait tellement réussi à démanteler plusieurs trafics,
02:14plusieurs bandes organisées, toutes reliées entre elles
02:17par Cosa Nostra, que Totorina et les chefs mafieux de l'époque
02:21ont attaqué les policiers, ont fait sauter des bombes dans les commissariats,
02:25ont tué des magistrats, et heureusement l'État italien a réagi
02:29et s'est déclaré en guerre, le mot peut choquer, mais en guerre contre la mafia
02:33et finalement la mafia en Sicile, pas ailleurs, mais en Sicile, la mafia a reculé.
02:37Je crois que...
02:39Vous pensez qu'on en est là, André Valigny ?
02:41Je pense qu'on en est là, oui.
02:43Je pensais qu'il y avait 20 ou 30 ou 40 ans,
02:45je passe au contrôle de notre ami Cuvie,
02:47lorsque la police réussissait à démanteler un gang,
02:50le gang n'allait pas se venger contre la police,
02:52il se réorganisait ailleurs, il recommençait son trafic,
02:55à faire ce qu'il ne faut pas faire, mais sans aller se venger.
02:57Aujourd'hui, vous l'avez dit tout à l'heure, M. Cuvie,
02:59les délinquants, les criminels considèrent la police comme une bande rivale
03:03et non pas comme la représentante de l'État, de l'ordre républicain,
03:06ce sont des bandes qui s'affrontent, la police d'un côté, les voyous de l'autre.
03:10Donc il faut évidemment soutenir la police,
03:13qui avance, parce que ce qu'il faut aussi remarquer,
03:15pour être un peu positif quand même,
03:16c'est que si les délinquants et les criminels,
03:18les narcotraficants font ça,
03:20c'est qu'ils ont été dérangés par la police,
03:22que donc la police les dérange et qu'elle fait son travail.
03:24Alors c'est des scènes effrayantes,
03:25parce qu'on a vu des images tournées par les policiers depuis l'intérieur du commissariat,
03:29c'est un mur de feu qui est devant eux,
03:31alors les voitures sont sur le parking juste devant,
03:33elles ont été incendiées,
03:34mais il n'y a pas de blessés par miracle,
03:36et on ne peut pas s'en contenter, Jean-Christophe Cuvie.
03:38Mais ça n'aurait pu être dramatique.
03:39Ça n'aurait pu être dramatique,
03:40et effectivement, je vous rejoins M. Valigny,
03:42c'est qu'en fait, les trafiquants se mettent au niveau de l'État,
03:45c'est-à-dire que d'égal à égal maintenant.
03:47À une époque, effectivement,
03:49on était supérieur à eux,
03:51l'État avait plus de moyens,
03:52aujourd'hui, les trafiquants ont autant de moyens,
03:54eux, quand ils ont besoin de balises,
03:56parce qu'ils font aussi des balises pour suivre les personnes,
04:01eux, ils ne font pas d'appel de l'offre,
04:03ils achètent, ils ont de l'argent,
04:04ping, ils ont des milliards d'euros terminés,
04:06ils achètent des armes, ils achètent des hommes,
04:08parce que même des gamins, maintenant,
04:10il y a quelque temps, je disais qu'on allait avoir des enfants soldats,
04:12comme dans certains pays,
04:14et ça y est, je pensais que c'était dans 10 ans,
04:15mais en fait, on y est déjà.
04:16Donc, je me suis même planté de 10 ans,
04:18je ne pensais pas que ça allait arriver aussi vite,
04:20et aujourd'hui, on a cette problématique-là.
04:24Alors, d'un côté, on ouvre les yeux,
04:26et j'espère qu'il y a vraiment cette prise de conscience,
04:28on n'arrête pas de le dire,
04:29mais oui, il va falloir vraiment réagir,
04:30parce que c'est un pied de nez,
04:32vraiment, à l'État de droit.
04:34C'est-à-dire que les Français ont besoin.
04:36C'est pire qu'un pied de nez.
04:38C'est la faillite de l'État de droit.
04:40C'est l'indécence.
04:41Ils se mettent à notre niveau de l'État.
04:43Ils n'ont pas besoin de l'État.
04:44Est-ce qu'on a les moyens ?
04:45Est-ce que l'État français a les moyens ?
04:47De la mafia ?
04:49Je vous espérais que pour la 6e ou 7e puissance mondiale,
04:52on est capable d'envoyer des hommes sur Mars.
04:54On est capable d'avoir des ennemis,
04:56c'est une question de volonté.
04:58Moi, le mot guerre, vous y faisiez référence,
05:00il ne me choque pas en soi.
05:02Ce qui me dérange, c'est qu'on l'emploie,
05:04on ne tire pas les conséquences.
05:05Quand on est en guerre, il y a un droit de la guerre.
05:07Le droit, par exemple, de détention des prisonniers de guerre,
05:10ce n'est pas le droit de détention par temps courant.
05:14On ne va jamais au bout de la logique.
05:16On emploie les mots comme on les a employés face au Covid,
05:18face à je ne sais quoi, on est toujours en guerre contre quelque chose.
05:20Mais à force d'employer des mots,
05:22d'investir sur le vocabulaire,
05:25on finit par perdre de vue le réel.
05:27Et sur les moyens, oui, vous avez raison de souligner la question des moyens,
05:29mais c'est une question d'arbitrage.
05:31La politique, c'est savoir se fixer...
05:34Mais ils ont des millions d'euros à disposition pour ça.
05:37C'est savoir se fixer des priorités.
05:39Mais des priorités, ça veut dire aussi renoncer à d'autres choses.
05:42Donc que l'État réfléchisse, est-il justifié qu'il reprise les chaussettes
05:45ou qu'il subventionne le reprisage des chaussettes
05:47comme on l'a fait l'année dernière ?
05:49Mais ça n'a rien à voir.
05:51Parce que c'est de l'argent aussi.
05:53Ça n'a rien à voir.
05:55Un euro est un euro.
05:57Est-ce que vous vous rendez compte du message qui est donné ?
05:59C'est vraiment la faillite de l'État aujourd'hui.
06:01On est dans une espèce de fatalisme
06:03qui est vraiment déroutant.
06:05Parce que ce à quoi on assiste aujourd'hui,
06:07c'est qu'on ose quand même se venger.
06:09Comme vous avez dit, André, tout à l'heure,
06:11c'est-à-dire qu'ils osent se venger.
06:13C'est-à-dire que vous êtes venus perquisitionner,
06:15vous nous empêchez dans notre trafic,
06:17on va se venger. C'est ça.
06:19Et quand tout à l'heure, Laurence,
06:21je vous ai parlé des émeutes de l'année dernière,
06:23c'est parce que, pour moi,
06:25comment on ose s'attaquer
06:27à tous les édifices de la République
06:30et notamment à des commissariats
06:32comme le maire de Cavaillon,
06:34Gérard Daudet, qui est consterné
06:36par ce qui s'est passé.
06:38Pour moi, c'est un crime qui est commis
06:40en attaque à la République,
06:42la représentativité de l'État
06:44au travers de notre commissariat de police.
06:46Et ça, c'est inadmissible.
06:48On pourra s'attendre à une certaine sévérité
06:50sur ce sujet, puisque
06:52je pense que ça le mérite.
06:54Je crois qu'on ne peut pas laisser ce genre de fait
06:56se renouveler au gré
06:58de la volonté de certains individus
07:00qui ne mériteraient pas d'exister aujourd'hui.
07:02Je soutiens la police nationale
07:04et je suis là.
07:06J'étais loin ce matin,
07:08je suis revenu volontairement
07:10pour ça, pour soutenir mes policiers
07:12qui sont au quotidien sur le terrain,
07:14qui prennent des risques pour nous,
07:16pour nos défunts, pour notre sécurité.
07:18Bien sûr, voilà pour le maire de Cavaillon,
07:20évidemment, on soutient la police.
07:22Moi aussi, je suis content qu'on soutienne la police
07:24et tant mieux, d'ailleurs, jusqu'au jour
07:26où on ne la soutiendra plus.
07:28C'est vrai que les fonds de cuve,
07:30il faut les laisser au fond de cuve.
07:32Mais ce que je veux dire par là,
07:34c'est qu'encore une fois, on a l'impression
07:36que tous les jours, on découvre la vie.
07:38Moi, je suis désolé, mais ça fait longtemps
07:40qu'on en parle, ça fait longtemps qu'on voit ça
07:42et ça fait longtemps qu'on a toujours des discours martiaux.
07:44Mais derrière, effectivement, il faut se remettre en question.
07:46On n'a qu'à enregistrer l'horloge parlante.
07:48À chaque fois qu'il y aura un commissariat,
07:50la République ne recule pas.
07:52Elle ne recule pas, elle est dos au mur.
07:54Ça fait longtemps qu'elle est dos au mur.
07:56Là où je vous dis que
07:58les mafieux se mettent au niveau de l'État,
08:00vous allez peut-être en parler après,
08:02il y a eu un communiqué de presse
08:04de la DZ Mafia à Marseille.
08:06C'est une des plus grosses
08:08mafias de Marseille ?
08:10Oui, algérienne, il faut le dire, parce que là-bas,
08:12à Marseille, c'est la DZ Mafia.
08:14C'est l'Algérie contre les blacks, par exemple.
08:16Là, c'est des Comoriens, etc.
08:18On en est là aussi, c'est les communautés
08:20entre elles qui se partagent.
08:22Qu'est-ce qu'ils ont dit, ces gens ?
08:24Là, ils ont dit qu'en gros, c'était pas leur faute,
08:26c'est surtout pas la DZ Mafia.
08:28Vous parlez de l'homicide du gamin de 14 ans
08:30qui a tué le chauffeur de VTC.
08:32Ils se dédouanent en disant qu'on n'a jamais demandé ça,
08:34qu'il ne faut pas nous salir.
08:36Ils sont déjà bien sales.
08:38C'est les mafieux qui disent ça ?
08:40Ils vont vous attaquer en diffamation, faites attention.
08:42Le procureur de la République de Marseille
08:44est obligé lui aussi de faire un communiqué de presse.
08:46Le procureur répond à la DZ Mafia ?
08:48C'est un truc de fou.
08:50André Valény est concerné.
08:52Et on en est là. Ils se mettent à notre hauteur.
08:54Oui, mais nous aussi, on se met à leur hauteur.
08:56Il ne faudrait pas.
08:58Je suis consterné, révolté, abasourdi.
09:00C'est hallucinant
09:02que le procureur, le parquet
09:04se croient obligés de répondre à la DZ Mafia.
09:06C'est en faire justement
09:08un interlocuteur valable.
09:10C'est révoltant.
09:12Il faut rester positif, je pense,
09:14comme l'a dit Louis de Ragnel, qu'on a les moyens.
09:16Comme l'a dit Jean-Sabastian Ferjou,
09:18quand on veut, on peut.
09:20On a les moyens nécessaires.
09:22On est la 7e puissance du monde.
09:24On a des milliards d'euros de budget.
09:26On peut faire un peu moins sur certaines choses.
09:28On a des milliards d'euros de dettes.
09:30On a eu l'année dernière,
09:32ça m'a vraiment choqué.
09:34J'ai assisté à ce qui s'est passé dans les quartiers en 2005.
09:36Ce qui s'est passé l'année dernière,
09:38c'est Puissance 1000.
09:40Les émeutes urbaines.
09:42Vous vous rendez compte ce qui s'est passé ?
09:44Toutes ces émeutes partout dans le pays.
09:46Partout dans le pays.
09:48Vous vous rendez compte ?
09:5050 % de mineurs.
09:52Et combien on en a rattrapé ?
09:54À peine 1 %.
09:56C'est là qu'il faut prendre conscience qu'aujourd'hui,
09:58moi, j'ai le sentiment, je vous le dis,
10:00et je travaille depuis longtemps dans les quartiers,
10:02et je vois que ça n'a fait qu'empirer.
10:04Et malgré les 154 milliards
10:06qui ont été déversés dans ces quartiers,
10:08le résultat est nul.
10:10C'est pire que tout.
10:12Toutes les rénovations qu'on a faites,
10:14tous les commissariats...
10:16Il y a des policiers qui me disent
10:18qu'il faut remettre des commissariats dans les quartiers.
10:20Ils ont été brûlés.
10:22C'est ça, la réalité.
10:24C'est pour ça qu'aujourd'hui, je vous le dis,
10:26cette volonté, malheureusement,
10:28elle s'appuie sur une impuissance.
10:30C'est pour ça qu'il y a une impuissance.
10:32Il y a aussi des difficultés à nommer le mal.
10:34Petite pause.
10:36On se retourne dans un instant
10:38dans Punchline sur CNews et Europe 1.
10:40On regardera ce qui s'est passé à Marseille.
10:42Cet ado de 14 ans
10:44qui a tué un chauffeur de VTC pour rien,
10:46comme ça, parce qu'il était dans la même voiture.
10:48Il y a eu beaucoup d'émotions, des hommages
10:50à ce chauffeur de VTC. On entendra les habitants tout de suite.
11:0618h17, on se retrouve en direct
11:08dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
11:10On a évoqué ce qui s'est passé à Cavaillon
11:12dans la voiture de la police nationale qui a été brûlée par les trafiquants de drogue.
11:14Cavaillon qui est devenue la base arrière
11:16du trafic marseillais,
11:18qui est une narcoville, selon le procureur
11:20de Marseille.
11:22Il y a eu beaucoup d'émotions hier,
11:24parce qu'il y a eu un hommage au chauffeur de VTC
11:26qui a été abattu par un ado de 14 ans.
11:28Vous savez que cet ado de 14 ans
11:30était là pour exécuter un contrat
11:32qui lui avait été signé,
11:34passé par un
11:36narcotrafiquant incarcéré
11:38à l'isolement, à la prison
11:40d'Aix-Luine, et il était en possession
11:42de quatre téléphones portables.
11:44On m'expliquera comment on peut être à l'isolement
11:46dans un quartier de haute sécurité et avoir
11:48quatre téléphones portables. On y reviendra
11:50dans un instant. Mais je veux d'abord qu'on écoute
11:52l'émotion des gens à Marseille,
11:54notamment l'adjoint au maire, M. Edhadi,
11:56qui est désespéré face à cette criminalité
11:58qui gangrène tous les quartiers de Marseille.
12:00Ce qui est arrivé, c'est
12:02quand même quelque chose de pas normal, en fait.
12:04C'est pas normal, et l'imam a eu des mots justes.
12:06Il a juste rappelé
12:08qu'il fallait se ressaisir,
12:10qu'il fallait que tout le monde puisse se rassembler
12:12pour que ça ne se
12:14produise plus, parce qu'on est... Je veux pas dire
12:16qu'on est tous comptables, mais à un moment donné,
12:18voilà, il y a des jeunes,
12:20des moins jeunes, les générations changent,
12:22la criminalité augmente, elle est de plus en plus violente aujourd'hui.
12:24Vous ne pouvez plus, en fait,
12:28marcher dans les quartiers populaires comme vous le marchiez avant.
12:30On ne peut plus marcher dans la rue.
12:32En fait, André Valény...
12:34Je pensais à une chose en écoutant ce monsieur qui parlait de l'imam.
12:36Pendant très longtemps,
12:38il y avait une espèce de morale
12:40qui s'imposait à la société.
12:42Et il a tenu un discours très responsable à l'imam,
12:44en appelant la responsabilité des parents.
12:46La morale laïque,
12:48c'était les instituteurs qui nous l'enseignaient.
12:50Il y avait la morale catholique,
12:52à l'époque où il y avait une pratique catholique très répandue en France.
12:54Est-ce que dans ces quartiers
12:56où l'islam est très répandu,
12:58et où les jeunes sont, paraît-il,
13:00je crois que c'est une réalité très croyante,
13:02très respectueuse de la religion musulmane,
13:04est-ce que les imams font leur travail ?
13:06Est-ce qu'ils disent aux enfants, aux adolescents
13:08qu'ils ont tort de se prêter au trafic de drogue ?
13:10C'est une question à creuser, ça.
13:12Parce que les imams,
13:14comme autrefois les prêtres,
13:16peuvent aussi avoir un rôle social
13:18en inculquant aux nouvelles générations
13:20des règles à respecter.
13:22Sans doute, sans doute.
13:24Après, Anaïma, je vous vois soupirer.
13:26Oui, non, parce que tous ces jeunes-là
13:28qui se disent croyants et qui se disent musulmans,
13:30ça ne veut pas dire qu'ils sont
13:32de bons croyants
13:34et qu'ils se comportent bien.
13:36C'est ça, la réalité.
13:38Donc je pense que les discours d'un imam,
13:40ça ne va rien leur faire.
13:42Juste, on écoute Didier Migaud, le ministre de la Justice,
13:44qui lui s'est dit, il s'est exprimé,
13:46il a dit qu'il était pris à envisager
13:48d'écarter l'excuse de minorité
13:50en cas d'extrême violence. Écoutez-le.
13:52... à disparaître.
13:54La spécificité du traitement
13:56de la délinquance des mineurs,
13:58non seulement
14:00je ne le souhaite pas,
14:02mais la Constitution s'y opposerait.
14:04Pour autant,
14:06lorsque des mineurs commettent des infractions
14:08extrêmement graves,
14:10en pleine connaissance de cause,
14:12on peut s'interroger sur la possibilité
14:14d'écarter au cas par cas
14:16cette excuse. Notre droit
14:18le permet déjà, dans des circonstances
14:20exceptionnelles, il ne faut pas s'interdire
14:22de réfléchir à étendre
14:24cette possibilité face à des situations
14:26d'une extrême violence
14:28dont l'actualité
14:30de ces derniers jours nous a encore
14:32donné une illustration tragique.
14:34Est-ce que M. Migaud enfonce
14:36des portes ouvertes ? Oui, c'est au
14:38cas par cas, c'est toujours au cas par cas,
14:40mais André Valény, on ne va pas le ressortir, là ?
14:42Non, il faut aller plus vite. Il faut arrêter
14:44de dire qu'on ne s'interdit pas de réfléchir
14:46éventuellement. Non, il faut le faire.
14:48Il faut le faire, évidemment.
14:50Il faut le faire. Il faut sans doute une réforme
14:52de la loi pénale pour permettre aux magistrats
14:54de le faire.
14:56Les Français sont 86 %
14:58selon un sondage CSA, CNews Europe, pour le JDD,
15:00pour que les mineurs qui ont commis
15:02des crimes graves, homicides,
15:04violences physiques, soient jugés comme mineurs.
15:06À l'arrivée, ce n'est pas ça qui changera la sociologie
15:08des magistrats, parce que ce sera toujours
15:10des magistrats qui prennent la décision, alors pas pour...
15:12Oui, au cas par cas, éventuellement.
15:14C'est l'eau tiède.
15:16C'était comme les pannes planchées. Oui, mais Laurence,
15:18on en revient toujours, le courage politique, ça n'est pas
15:20que changer la loi, parce que si vous avez
15:22une structure humaine et si vous avez la magistrature
15:24qui est porteuse de la même
15:26vision dans les faits que M. Migaud, de toute façon,
15:28vous pourrez faire tout ce que vous voulez
15:30dans la mesure, et c'est un principe qui est non négociable
15:32dans une démocratie
15:34où vous aurez toujours une individualisation
15:36des peines, et c'est comme ça que les magistrats avaient
15:38contourné les peines planchées qui avaient été votées du temps.
15:40La solution, c'est peut-être de réformer
15:42l'École nationale de la magistrature, voire de la supprimer,
15:44d'avoir un recrutement différent
15:46des magistrats. Bon courage.
15:48D'autres pays le font. Bon courage.
15:50C'est un problème. Bon, ok.
15:52Non, mais vous avez raison,
15:54mais c'est les travaux d'Hercule.
15:56Non, non, il y a des mesures récentes.
15:58Non, mais, Jean-Sébastien,
16:00on peut faire des nominations au tour extérieur,
16:02vous prenez des anciens policiers, des anciens gendarmes,
16:04on le fait bien dans le corps
16:06préfectoral, on peut le faire bien.
16:08On a un ancien policier, pas un ancien policier.
16:10Dites-moi juste, excusez-moi,
16:12Louis Dragnel,
16:14comment on peut être dans un quartier
16:16d'isolement à la prison
16:18et avoir quatre téléphones portables ?
16:20Ça veut dire quoi être à l'isolement, d'abord ?
16:22Ça veut dire quoi ?
16:24Normalement, si vous êtes seul, vous n'êtes pas au contact d'autres détenus,
16:26vous avez des sorties bien encadrées
16:28avec des heures où vous êtes tout seul
16:30dans la cour, etc.
16:32C'est juste que la fouille, c'est devenu
16:34l'exception, tout comme la prison
16:36est devenue l'exception.
16:38La fouille des visiteurs ? Oui, des visiteurs.
16:40Et donc, en fait, c'est l'exception.
16:42C'est-à-dire que si on a une intime conviction qu'il peut y avoir quelque chose,
16:44on a le droit d'avoir des détecteurs
16:46et de fouiller les personnes.
16:48On abandonne ça, déjà. C'est les fondamentaux.
16:50Et donc, du coup,
16:52vous faites rentrer des choses.
16:54Aujourd'hui, on a un souci
16:56aussi avec les jeunes.
16:58On a un ministre
17:00qui nous invente l'eau tiède. OK, d'accord, il faut réfléchir.
17:02On ne s'intéresse à rien.
17:04On fera du cas par cas. Bon, d'accord, on gagne un peu de temps.
17:06Moi, ce que je vois, c'est qu'aujourd'hui, il y a des jeunes
17:08qui peuvent gagner beaucoup d'argent très facilement,
17:10qui sont complètement désoeuvrés,
17:12laissés à l'abandon.
17:14Ils n'ont peur ni de la prison, ni de la mort.
17:16Moi, c'est ça que je retiens.
17:18C'est le directeur général
17:20à la Police nationale, Frédéric Vaud,
17:22qui le disait, d'ailleurs, au Sénat,
17:24ils ont intégré qu'au-delà de 30 ans,
17:26il n'y a plus d'espoir. Donc, en fait, ces jeunes-là
17:28n'ont pas d'espoir. Ils n'arrivent
17:30pas à aller
17:32vivre au jour le jour,
17:34à se projeter dans un avenir proche ou pas.
17:36Ils vivent au jour le jour. C'est un peu comme quand vous allez
17:38dans des pays pauvres, vous savez, vous allez avec des bonbons,
17:40vous donnez des bonbons à un enfant, il va tous les manger
17:42à la fois. Il ne va pas dire, tiens, je vais en garder un
17:44pour demain, pour après demain.
17:46Aujourd'hui, c'est la même chose.
17:48C'est-à-dire que ces gamins-là, effectivement,
17:50ils n'ont pas d'espoir. Un, il faut redonner
17:52de l'espoir, donc c'est les fondamentaux.
17:54On rabâche l'éducation, etc.
17:56Pour moi, cette génération-là, elle est perdue.
17:58Il faut travailler sur les prochaines
18:00générations et il faut s'intéresser aussi
18:02à la sociologie des territoires.
18:04Parce qu'on a perdu la génération
18:06de leurs parents, en réalité.
18:08Justement, pourquoi on a du mal
18:10avec cette question de la parentalité ?
18:12Pourquoi on a du mal à se dire
18:14dans un pays aussi généreux que la France,
18:16eh bien, on a des droits,
18:18effectivement, qui sont extrêmement importants.
18:20L'État-providence est extrêmement généreux.
18:22Et pourquoi on ne met pas en face
18:24des conditions, des devoirs ?
18:26Pourquoi le Danemark
18:28a réussi ? Pourquoi, nous, encore
18:30une fois, le fatalisme, on ne peut pas,
18:32on ne peut pas ? C'est ça qui est difficile.

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