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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du discours de politique générale prononcé par le Premier ministre, Michel Barnier, à l'Assemblée nationale, ce mardi après-midi. Éric Ciotti, président du groupe UDR et député des Alpes-Maritimes, estime que ce discours était "décevant" et annonce qu'il ne votera pas "un budget qui comporte une hausse d'impôt".
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Transcription
00:00Voilà le constat lucide de Michel Barnier. On est en ligne avec Éric Ciotti depuis l'Assemblée Nationale. Merci à Élodie Huchard et Pierre Mko.
00:06Éric Ciotti, vous êtes député des Alpes-Maritimes, président du groupe UDR.
00:10Qu'avez-vous pensé de ce discours de Michel Barnier ? Était-il assez offensif sur les sujets régaliens qui vous préoccupent ?
00:19Je crois que c'était d'abord un discours décevant.
00:23Je le dis,
00:25peu d'annonces,
00:26peu de prise de risque.
00:28La seule annonce qui a été faite dans ce discours, finalement,
00:32c'est la hausse des impôts pour les entreprises, pour les entreprises qui réussissent.
00:38Paradoxe, on va taxer les entreprises qui sont les plus performantes.
00:43Donc on va pénaliser l'économie française qui est déjà bien fragile, on va pénaliser l'emploi.
00:49Et puis hausse des impôts aussi pour les ménages. On ne sait pas à quel niveau qui sont
00:55ces riches qu'on
00:57désigne quelque part à la vindicte. Mais je crains que cette décision d'augmenter les impôts, qui est quand même paradoxale,
01:04pour un Premier ministre de droite, la première décision, et elle était au premier rang du discours de Michel Barnier,
01:11c'est l'annonce de la hausse des impôts.
01:13C'est pour moi une faute, c'est pour moi très décevant. Quant au reste,
01:19notre pays est dans une situation,
01:21je dirais, de crise,
01:24de crise budgétaire.
01:26Il n'y a qu'à voir le niveau des taux d'intérêt.
01:29La signature de la France vaut moins désormais que celle de la Grèce.
01:34La France, les comptes publics de la France sont désormais dans une situation pire que ceux de la Grèce.
01:42Et on pourrait rajouter la crise migratoire, la crise sécuritaire,
01:47face à cette triple crise qui nécessiterait une chirurgie lourde, c'est-à-dire des réponses, des réformes
01:55profondes, courageuses, une rupture.
01:58Le Premier ministre nous a
02:01prononcé un discours d'homéopathie.
02:05Enfin, c'est une tisane, là où on a besoin de chirurgie, donc je ne crois pas que ce discours
02:11qui dresse un constat, vous l'avez dit sur l'immigration, peut-être que...
02:14Mais ça veut dire, si j'entends votre déception et les mots durs que vous employez à l'égard de Michel Barnier,
02:20vous allez le censurer dans les prochaines semaines, ça me paraît logique.
02:26Je le dirai dans quelques instants, quand je vais intervenir.
02:31Si le Premier ministre avait sollicité la confiance ce soir, au travers de l'article 49 de la Constitution,
02:39je ne l'aurais pas accordé.
02:41Maintenant, nous n'allons pas censurer, nous ne sommes pas la France insoumise, nous ne sommes pas ceux qui veulent installer le chaos.
02:47Nous allons juger aux actes, je voterai les textes qui me paraissent aller dans la bonne
02:53décision. Nous verrons la position que nous adopterons sur le budget
02:58par rapport à ces hausses d'impôts, mais personnellement, je ne voterai pas un budget qui comporte une hausse d'impôts.
03:04Quant à la censure, je poserai dans mon discours
03:08ces lignes rouges, sur la hausse de la fiscalité notamment, et sur le changement radical de politique migratoire.
03:16J'attendais autre chose de ce discours,
03:18j'attendais, vous m'interrogez tout à l'heure, sur la politique migratoire,
03:23j'attendais qu'on
03:25conditionne l'octroi de visas, notamment pour les Algériens, à la délivrance de laissés-passés consulaires, pour qu'ils reprennent leurs clandestins.
03:33J'attendais qu'on ne verse pas les allocations familiales ou les APL pour les étrangers.
03:38Dès le premier jour, c'était des dispositions que nous avions défendues avec Bruno Retailleau,
03:44dans le texte Immigration, qu'avait proposé LR. Ces mesures ne se retrouvent en aucune façon
03:50dans le propos, dans le discours du Premier ministre, et donc à cet égard, c'est naturellement décevant.
03:56Merci beaucoup, Eric Jody, pour cette toute première réaction en direction de CNews et European Punchline, on vous écoutera tout à l'heure lorsque vous prendrez
04:03la parole à la tribune de l'Assemblée Nationale.
04:06Louis de Ragnell, si on regarde effectivement d'un peu plus loin,
04:10Michel Barnier s'inscrit donc, comme nous le disait Catherine, dans la continuité de ce qui a été fait par
04:15Gabriel Attal et ses prédécesseurs. Or, ce n'est pas ce qu'il avait promis, Michel Barnier. Il avait promis ?
04:19La rupture. La rupture.
04:21Exactement. Alors, il avait promis la rupture, pas sur tout. Il avait promis la rupture sur un certain nombre de sujets,
04:25et il a essayé de l'incarner, même si, effectivement, Eric Jody trouve que ça ne va pas assez loin, on vient de l'entendre,
04:31mais il a essayé de l'incarner sur les questions d'ordre.
04:33Comme Marine Le Pen qui réclame une loi immigration, une nouvelle loi, on va l'expliquer tout à l'heure.
04:37Exactement. Et voilà, il essaie quand même de montrer qu'il se
04:40distance de ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui sur ces questions d'ordre.
04:44Et on comprend aussi Eric Jody, qui a quand même mené un certain nombre de combats avec Michel Barnier. Ils ont été concurrents
04:50lors d'une élection primaire interne au sein des Républicains, et où c'était un peu la course à celui qui était le plus dur sur l'immigration.
04:57Michel Barnier avait porté l'idée d'un référendum, avait proposé de tout changer en matière d'immigration, un bouclier constitutionnel, un référendum,
05:05donc changer la Constitution pour soumettre à un référendum aux Français la question de la maîtrise de l'immigration.
05:10Et ce qui est vrai, c'est que Eric Jody, lui, est resté un peu dans son couloir de neige sur ces questions-là,
05:16et déplore le fait que Michel Barnier ne soit pas suffisamment précis.
05:21Ensuite, et je termine par là, Michel Barnier est dans une situation qui est très inconfortable.
05:26Parce que s'il va trop loin, il perd sa coalition.
05:29Il faut bien comprendre qu'aujourd'hui, c'est le premier jour réel d'exercice du gouvernement Barnier.
05:36Avant, c'était... Je ne vous dis pas que ça n'existait pas, mais il s'était un peu en apesanteur.
05:42Il n'y avait pas d'hémicycle, il n'y avait pas de question au gouvernement, il n'y avait pas de mécanisme de contrôle de l'action du gouvernement.
05:47À partir de maintenant, tout commence.
05:49Et Michel Barnier en est pleinement conscient, et c'est pour ça qu'on voit qu'il a essayé de tracer, de montrer qu'il n'a pas perdu la face,
05:55qu'il ne s'est pas renié, mais il n'est pas rentré beaucoup dans les détails, parce qu'il sait que s'il prenait le risque...
06:03Il avance sur un fil, un équilibre.
06:04...de balancer comme ça une annonce, eh bien immédiatement, sa coalition pourrait se fracturer.
06:10Alors, est-ce que c'est reculé pour Michel Barnier ? On le verra dans les prochaines semaines.
06:12Et on va le demander à Catherine Nesse.
06:13Mais on voit que la situation est complexe et compliquée même pour Michel Barnier.
06:16Catherine Nesse.
06:17Non, mais dans l'entrée de jeu, il a rappelé une phrase qu'avait dite De Gaulle à Chevigny,
06:23qu'il allait installer la résistance à l'étranger.
06:26Il lui avait dit « je vous demande de faire beaucoup avec peu ».
06:29Bon, mais vu la situation économique qu'il fait, lui aussi, il doit faire beaucoup avec peu et sans majorité.
06:37Enfin, c'est une situation qui n'a jamais été connue, et je pense qu'il a énuméré beaucoup de choses.
06:44D'ailleurs, en l'écoutant, je me disais « mais où est-ce qu'il va trouver l'argent pour faire tout ça ? »
06:47Ça, c'est vrai, parce que je me suis dit « il y a des dépenses quand même ».
06:51Bon, je pense qu'il y a aussi beaucoup de choses à faire en simplifiant, en enlevant de la paperasse.
06:58Enfin, il y a tout un travail de nettoiement de l'administration, de choses qu'il a...
07:04Vous la législez, ne vous inquiétez pas.
07:05Bon, et puis ça, sur le budget, on voit bien que, par exemple, Gabriel Attal, sur les impôts, il a dit non.
07:13Il ne voudra pas et peut-être qu'il ne pourra pas le passer.
07:15Vous voyez, il y a plein de choses qu'il ne fera pas.
07:17Mais aujourd'hui, il a imposé sa marque et on voit que c'est quelqu'un qui, par sa courtoisie, par son volonté de parler à tout le monde...
07:27Et il a toujours été comme ça, pour prendre son temps, pour avancer peu à peu.
07:32Eh bien, s'il doit en faire un peu, il en fera un peu.
07:35Voilà, vous voyez.
07:37François Pépouni ?
07:38Et après, on écoute.
07:39Je suis content sur la forme, je partage votre avis.
07:42Après, le problème de ces déclarations de la politique générale,
07:44c'est qu'on les relit une fois, deux fois, trois fois pour reprendre.
07:47Et il commence, effectivement, en disant qu'on n'a plus d'argent,
07:51on a une situation déficitaire à 6 %, la situation est catastrophique.
07:54Et ce qui m'inquiète, c'est qu'il ne propose aucune piste réelle.
07:58Il dit, je veux augmenter les impôts, 18 milliards, mais sur les économies...
08:02Or, il a déjà son projet de loi de finances qui est prêt, qu'il a dû faire en catastrophe.
08:06Et il sait de combien il va devoir diminuer les dépenses.
08:09Et il ne l'annonce pas.
08:10Il peut laisser l'Assemblée nationale.
08:12Oui, mais enfin, il est là depuis 26 jours.
08:14Oui, mais dans 15 jours, il remet le document où tout est écrit.
08:17Donc, il aurait pu dire, je vous proposerai cela.
08:20Et si vous avez d'autres économies à faire, vous me le direz.
08:22Mais là, voilà...
08:25Prudence de Savoyard.
08:27Oui, prudence, c'est plus qu'une prudence.

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