Antoine Armand ne veut pas parler avec le RN ?

  • il y a 4 heures

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h, 14h, l'Europe 1 13h.
00:0313h20, vous écoutez Céline Giraud sur l'Europe 1 et vous réagissez au 01-80-20-39-21.
00:08Et Céline, vous décryptez l'actualité aujourd'hui avec vos deux chroniqueurs du jour,
00:11Gabriel Cluzel, rédactrice en chef du site d'actualité Boulevard Voltaire et l'écrivain essayiste Paul Melun.
00:17Que je salue et que je suis ravie de retrouver, bonjour.
00:19Nous aussi, bonjour, bonjour.
00:20Bienvenue à bord. Alors évidemment, on va parler de politique,
00:23on va commencer par ce briefing de Michel Barnier qui était pourtant clair à son gouvernement.
00:27Irréprochable, pas d'esbrouf, de la cohésion, du respect pour nos citoyens et pour toutes les forces politiques.
00:34Eh bien, visiblement, ça n'a pas été très bien compris par l'ensemble de son collectif,
00:38notamment Antoine Armand, nouveau ministre de l'Économie, ce matin chez nos confrères de France Inter.
00:42Ma porte, elle restera toujours ouverte avec le Parti socialiste, avec les écologistes, avec les communistes, avec les insoumis.
00:50Mais si un député a été élu par les électeurs et si on ne respecte pas la fonction, on n'a pas compris ce que c'est que la démocratie.
01:00Donc, je crois qu'il ne faut pas commencer par dire avec qui on va jamais travailler, pour peu qu'il soit dans l'arc républicain.
01:06Il faut commencer par se poser les questions de l'agriculture, de l'industrie, de l'hôpital.
01:10Pour peu qu'il soit dans l'arc républicain, pardonnez-moi, ça veut dire quoi ?
01:13Ça veut dire que le Rassemblement national contre lequel nous avons été élus,
01:17face auquel nous avons fait un front républicain, n'y appartient pas. Il faut être très clair dessus, même si on respecte...
01:22Pour vous, le Rassemblement national n'appartient pas à l'arc républicain, les insoumis, si ?
01:26Même si certains insoumis ont malheureusement dépassé les bornes de la République très souvent.
01:31Voilà, le ministre de l'Économie, Antoine Armand, 48 heures après, patatras, déjà, premier dérapage, première sortie de route ?
01:38Oui, alors c'est assez étonnant parce que c'est quand même quelqu'un d'intelligent, eu égard à son parcours,
01:44et il explique quelque chose et il se contreduit ensuite, d'où peut-être son amitié du reste avec Bruno Le Maire.
01:51Vous savez que lundi, il lui a tressé des couronnes de laurier, d'ailleurs, ça a étonné tout le monde, on s'est dit, il est incroyable, il est extrêmement optimiste.
01:58Et donc, il explique ce qu'est la démocratie, il explique qu'on n'a rien compris à la démocratie si on exclut certains,
02:05et, pof, dans la foulée, il exclut certains. Donc il explique lui-même qu'il n'a rien compris à la démocratie.
02:10Donc c'est vrai que ça s'appelle vraiment se prendre les pieds dans le tapis. Le problème, c'est qu'il engage tout le monde avec lui.
02:14Parce qu'évidemment, si tôt cette déclaration faite, un certain nombre de députés du RN, Marine Le Pen, ont agité l'épée de Damoclès au-dessus de la tête.
02:23Et donc, c'est un vrai show-stop pour tout le gouvernement.
02:27Paul Melin ?
02:28Oui, puis c'est vrai que depuis le début, de toute façon, cette notion d'arc républicain, elle est extrêmement compliquée, extrêmement vaseuse, parce qu'on a tout eu.
02:35Alors, à un moment donné, l'arc républicain, c'était tout le monde sauf le RN, initialement. Après, ça a été tout le monde sauf le RN et l'FI.
02:41Après, on a dit, non, il ne faut pas diaboliser Confer, ce qui avait été dit, le rapport entre Pétain et le RN, je crois que c'était Mme Borne qui avait dit ça, elle avait été rappelée à l'ordre.
02:49Donc on avait dit, finalement, on arrête de diaboliser l'arc républicain, c'est tous ceux qui ont été élus du RN, qui avait des vice-présidences à l'époque, à l'Assemblée Nationale, jusqu'à l'FI, on accepte tout le monde.
02:58Et maintenant, c'est redevenu, dans la bouche de ce monsieur, l'arc républicain, tous contre le RN.
03:03Donc, en fait, le problème de ça, c'est que ce concept d'arc républicain n'a aucune espèce de cohérence au plan des études politiques, ou au plan de la sociologie politique, de la philosophie, c'est juste de la morale, en fait.
03:14Donc, derrière la morale, vous pouvez faire ce que vous voulez, demain, moi, je peux dire, ben non, M. Armand, il ne fait pas partie de l'arc républicain, il est très dangereux, c'est un extrême-centriste, c'est très grave, il enlève la souveraineté de la France, et le diaboliser, ça n'a aucun sens.
03:25Donc, de grâce, arrêtons de diaboliser les adversaires politiques, que ce M. Armand ne soit pas sur la même ligne que le RN, c'est pas à scoop, très bien, dont acte, qu'il ne soit pas non plus sur la ligne que les insoumis, ok, mais du moment qu'il dit, et Gabriel l'a dit, au début de sa phrase, il dit, je vais parler de tout le monde, de tous ceux qui ont été élus, etc., parce que c'est des représentants du peuple, et ben, le député RN, il est autant élu et représentant du peuple que le député insoumis.
03:48Et on va écouter, justement, la réaction du Rassemblement National avec Mathieu Vallée, eurodéputé.
03:53Je pense qu'Antoine Armand, c'est un kamikaze, et à mon avis, M. Le Maire lui a offert un bâton de pèlerin, puisque c'est un haut savoyard, si j'ai bien compris, mais il va bientôt retourner dans les montagnes, faire, à mon avis, des randonnées, parce que, là, j'ai l'impression qu'il met gravement en danger la survie de son gouvernement, et en même temps, il insulte 11 millions d'électeurs, on n'est pas dépouilleux, et donc, j'estime que M. Armand fait déjà, là, une faute de l'aise-majesté vis-à-vis de notre parti.
04:14Est-ce qu'il faut le recadrer, Gabriel Cluzel ?
04:16Moi, je pense que Michel Barnier va être obligé de le faire, parce que la condition de la non-censure qu'a posée Marine Le Pen était que son électorat et ses députés soient respectés.
04:28Or, là, il leur dit, écoutez, vous, vous êtes infréquentables, dépestiférés, vous ne faites pas partie de l'arc républicain, donc, ça va être difficile de les passer.
04:38Alors, moi, je suis très frappée, parce qu'il dit nous, alors, vous savez, il parle pas seulement son nom propre, il dit nous, alors, il y en a d'autres, ministres qui peuvent potentiellement avoir la même attitude, je pense à Agnès Pannier-Runacher, qui avait refusé de serrer la main du jeune député RN à l'Assemblée.
04:55Donc, s'il y en a plusieurs qui sont sur cette ligne-là, je ne vois pas comment Michel Barnier pourra faire autre chose que de remettre de l'ordre, puisque c'était le mot d'ordre, justement, de Bruno Rotaillot.
05:08Est-ce que le costard n'est pas trop grand pour lui ? 33 ans, ministre de l'économie, il prend la parole, il était dans le JDD, dans le journal du dimanche, dès le lendemain, quelques heures après la nomination.
05:18Probablement qu'il n'a pas encore pris la mesure de sa tâche au plan politique. Je ne veux pas remettre en question ses compétences techniques, ses compétences de fond, sa capacité, peut-être, à, comment dirais-je, à gérer ou à travailler sur ce ministère, sur une situation qui, il est vrai, n'est vraiment pas facile.
05:33En revanche, sur le jeu politique et sur l'analyse des rapports de force dans le pays, sur l'analyse de l'expression de la souveraineté populaire, là, il a zéro sur vingt pour le moment. Il faut qu'il travaille encore un peu.
05:42Et effectivement, moi je pense qu'il va être recadré par Michel Barnier. Vous connaissez la phrase, un ministre, ça obéit, enfin, ça se tait, je ne sais plus comment on dit, ça ferme sa gueule, ça s'en va, voilà, donc là, je pense que c'est un peu ça.
05:54Un chef, c'est fait pour cheffer, on va voir si Barnier s'est cheffé.
05:58Oui, le premier ministre va probablement le recadrer parce que ce n'est pas, de toute façon, la ligne du gouvernement, ce qu'il exprime là.
06:04Et honnêtement, il n'a pas énormément d'énergie à mettre là-dedans, Michel Barnier, il est un peu occupé quand même, il a un peu d'autres trucs à faire que d'aller mettre des fessées, des culottés à ses ministres tout juste nommés.
06:12Lui, il doit préparer son discours de politique générale pour le 1er octobre. Le président de la République, il va partir en Amérique du Nord et il a un certain nombre de sujets à traiter, notamment au plan géopolitique, qui sont extrêmement urgents.
06:22Les couacs gouvernementaux de ce type-là, où un ministre commence à nous dire sur une radio qu'il a la ligne du gouvernement alors même que ce qu'il dit ne représente que lui, non, ce n'est pas possible.

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