Avec Frédéric Leturque, maire d’Arras et responsable des questions d’éducation à l’AMF
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00:00La France va-t-elle fermer 2000 écoles dans les années qui viennent ?
00:06Alors non, ce n'est pas un chiffre que j'ai choisi au hasard.
00:09C'est une piste, peut-être un ballon d'essai tiré de la Revue des dépenses
00:13publiée par l'Inspection Générale des Finances Publiques et celle de l'Éducation Nationale.
00:18Sachez-le, la natalité a baissé en France dans les dernières années.
00:21Résultat, il y aura de moins en moins d'élèves dans les années qui viennent
00:25et le ministère des Finances se demande si on ne peut pas en tirer parti en fermant 2000 écoles.
00:28Pourquoi pas 2000 écoles ? On en parle avec notre invité Frédéric Le Turc, bonjour !
00:32Bonjour à vous.
00:34Bienvenue sur Sud Radio, merci beaucoup de nous répondre de si bon matin.
00:36Vous êtes le maire d'Arras, vous êtes responsable des questions d'éducation à l'Association des maires de France.
00:43Fermer 2000 écoles pour faire des économies alors qu'il y aura de moins en moins d'élèves,
00:47ça ferait autant de villes si on appliquait à la lettre ce rapport,
00:51qui n'est pas un programme à ce stade, ça ferait autant de villes qui seraient privées de leurs écoles.
00:56Exactement, ce qui est un peu absurde finalement, c'est qu'on regarde l'éducation avec une règle mathématique et une calculette,
01:04alors que ce qui compte, c'est la réussite des enfants, c'est en fait le fait qu'ils puissent apprendre un métier.
01:13Il est clair en fait que ce rapport n'est pas complètement à rejeter,
01:17il faut prendre conscience de la baisse de la natalité en France,
01:21mais il faut aussi regarder la construction d'une cartographie qui permette à ce qu'on tienne compte des réalités de nos communes,
01:29de nos territoires, de la densité de population, des distances à parcourir,
01:33parce qu'il ne s'agit pas en fait de faire de nos enfants des ouvriers qui iraient à la mine tous les matins.
01:39Alors cela étant dit, si on est pragmatique, après tout on est tous comptables aussi des finances publiques,
01:44effectivement s'il y a moins d'élèves, il y a une logique à ce qu'il y ait moins de classes,
01:47ou à ce que par exemple il y ait un peu moins d'enseignants qu'aujourd'hui, toutes choses égales par ailleurs.
01:51En revanche, on est d'accord que la fermeture d'une école fait qu'elle ne reviendrait pas et que ça fait un manque dans un village,
01:56et on a rarement vu une école fermée dans une ville et revenir 20 ans plus tard au même endroit.
02:00Exactement, mais la problématique ce n'est pas en fait uniquement l'ouverture et la fermeture,
02:05c'est finalement que le gouvernement et celui qui va se mettre en place, je l'espère, l'entendra,
02:11le précédent avait commencé à porter intérêt à nos propositions,
02:15c'est qu'on puisse travailler sur un plan pluriannuel de cartographie scolaire et d'investissement
02:21qui permettent à ce que les collectivités n'investissent pas pour rien dans les lieux scolaires
02:27et que l'éducation nationale puisse poser une trajectoire à trois ans, à six ans,
02:32on connaît la natalité, on connaît en fait la démographie, donc on est capable de faire des projections.
02:37Donc il ne s'agit pas en fait de mettre tout le monde en stress sur une cartographie hypothétique et mathématique,
02:43il s'agit de poser une stratégie, cette stratégie doit être partagée avec les collectivités locales.
02:48Est-ce que malgré tout, parce que ce que vous êtes en train de me dire, ça revient à dire que les maires ne veulent pas non plus,
02:53on les comprend, faire des travaux dans des écoles qui seraient amenées à fermer dans deux ans, pourquoi pas ?
02:57Exactement.
02:58Mais est-ce que ça veut dire que malgré tout vous vous faites une raison à l'Association des maires de France
03:02et que vous considérez que malheureusement il y aura quand même des fermetures d'écoles dans les années qui viennent ?
03:06Les maires sont des gens intelligents, ils ont les pieds sur terre, ils ont la tête sur les épaules,
03:12donc ils veulent simplement que les choses soient partagées, qu'il y ait une stratégie qui soit posée sur la table,
03:17qu'on tienne compte des réalités des communes qui sont en zone urbaine en difficulté,
03:23en zone périurbaine, en zone rurale, en zone de montagne, en outre-mer.
03:27On ne peut pas raisonner uniquement Bercy avec une règle comptable,
03:31il faut regarder avec un peu plus d'intelligence, excusez-moi de parler comme ça,
03:37et que quelque part l'Association des maires soit entendue sur des propositions qu'on avait fait à Gabrielle Attal,
03:43qu'on a fait à Madame Belloubet, qu'on a passé à la ministre qui est passée furtivement à l'éducation nationale,
03:49et qu'on reçoit au prochain ministre de l'éducation nationale.
03:53Mais il est attendu de pied ferme, manifestement.
03:55Merci beaucoup d'avoir pris la parole ce matin, Frédéric Le Turc, maire de la ville d'Arras dans le Nord,
04:00responsable des questions d'éducation à l'Association.