Les informés du matin du 9 septembre
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00:00Et bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info.
00:09On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé avec Renaud Dely.
00:16Bonjour Renaud.
00:17Bonjour Salia.
00:18Et bienvenue à nos informés.
00:19Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé, le canal 27 toujours.
00:23On vous retrouve tous les matins pour l'interview politique à 7h45.
00:26Bonjour Alix.
00:27Bonjour Salia.
00:28Et à vos côtés, Louis Osalter, journaliste politique au Figaro.
00:31Bienvenue Louis.
00:31Bonjour, merci.
00:32Renaud Dely, on commence tout de suite par le Rassemblement National qui a décidé de surveiller Michel Barnier.
00:37Eh oui, une stratégie donc explicitée par Marine Le Pen.
00:40Pas de censure automatique a priori, mais on verra en fonction notamment du discours de politique générale du Premier ministre.
00:47Les 126 députés du RN jugeront donc Michel Barnier à ce moment-là.
00:52Une position qui a, semble-t-il, facilité l'accession de Michel Barnier à Matignon.
00:58Contrairement à Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve pour lesquels le RN avait fait savoir qu'il censurerait dans tous les cas de figure.
01:03Cette stratégie, Marine Le Pen s'est donc employée à essayer de la détailler un peu plus hier lors de son discours de rentrée à Hénin-Beaumont.
01:10Il est de notre devoir de rendre justice autant que possible aux volontés exprimées par les Français
01:16et de mettre le futur gouvernement sous surveillance.
01:21Nous n'accorderons pas de blanc-seing.
01:25Que les choses soient là encore très claires, si au fil des semaines les Français devaient à nouveau être oubliés ou maltraités,
01:34nous n'hésiterons pas à censurer le gouvernement.
01:39Et voilà, on le voit, la chef de file de l'extrême droite qui souffle le chaud et le froid en quelque sorte,
01:43qui semble gaudiller, c'est-à-dire mettre donc le gouvernement sous surveillance, menacer,
01:49tout en étant prête peut-être à ne pas censurer immédiatement.
01:52Elle a ajouté aussi, Marine Le Pen hier, quand on évoquait des contacts directs avec l'Elysée qui auraient été préalables à cette nomination,
01:58« Je ne suis pas le DRH d'Emmanuel Macron. Seul un Premier ministre du RN peut mettre en œuvre le projet du RN. »
02:04C'est-à-dire que cette tactique habile est aussi peut-être un peu difficile à mettre en œuvre pour le RN
02:11et pas forcément aussi confortable que cela.
02:14C'est sûr qu'il y a eu deal ou pas. En tout cas, c'était la méthode d'Emmanuel Macron.
02:18Il a consulté tout le monde, donc de la même manière qu'il a appelé Marine Le Pen pour lui soumettre certains noms.
02:23Il a fait la même chose à gauche. Et d'ailleurs, on a vu avec le temps qui s'écoulait
02:27qu'il y avait de plus en plus de liennes rouges de la part des uns et des autres.
02:30Donc cette histoire de deal est, à mon avis, un faux problème.
02:34Mais c'est vrai que, oui, clairement, arithmétiquement parlant, avec ses 142 députés et les alliés siotistes,
02:40elle a le droit de vie ou de mort. Elle lève le pouce, elle baisse le pouce.
02:43Elle fait à moins de contrariétés. Elle fait dégager tout ça.
02:45Et d'ailleurs, elle donne déjà. Et c'était hier. Elle donne déjà le calendrier.
02:49Grosso modo, elle dit qu'il y aura des législatives dans un an.
02:52Oui, dans un an.
02:54Dans un an, avec une proportionnelle qui sera instaurée.
02:57Exactement. Donc, Michel Barnier va devoir faire attention.
03:01Et c'est pour ça que, jusqu'à présent, il est obligé de gaudiller.
03:04Le montagnard, le Savoyard, il va montrer qu'il sait gaudiller.
03:08Parce qu'il faut à la fois ne pas humilier le Rassemblement national,
03:11d'où ses récentes déclarations sur les 11 millions d'électeurs du RN
03:15qui méritent d'être respectés, d'où aussi le fait qu'il consulte
03:18et qu'il va consulter le RN, au même titre que les autres parties
03:21pour la composition du gouvernement, d'où aussi le fait qu'il distille,
03:26comme ça, cette idée d'instauration de la proportionnelle.
03:29Mais en même temps, et c'est là où il y a des injonctions contradictoires
03:32et il va falloir qu'elles restent sur cette forme de ligne de crête,
03:35c'est pas montrer qu'il n'est pas inféodé,
03:38qu'il n'a pas pactisé avec le RN.
03:41Et c'est vrai que ça, on se dit, combien de temps ça peut tenir ?
03:45C'est une vraie question.
03:47– Mais Louis, pourquoi Marine Le Pen, elle se montre aussi indulgente
03:50avec Michel Barnier, là, pour le moment ?
03:52– Parce que son électorat, à mon avis, il y en demande de résultats.
03:58Donc Marine Le Pen, et Renaud a raison de dire que sa situation
04:01n'était pas si facile, en réalité, elle va être coincée entre deux choses.
04:04Se poser en force d'alternance, qui a toujours été son cas
04:07depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir.
04:09Donc elle promet à ses militants, à ses sympathisants,
04:11je suis la première opposition, je suis la première force d'alternance.
04:14Et le jour où ça change, ça doit changer en ma faveur.
04:16Sauf que là, ces militants, ces sympathisants,
04:19ils ont encore trois ans à attendre avant la présidentielle de 2027.
04:22À moins que, mais c'est pas le débat du jour.
04:25Ils veulent des résultats.
04:26Avec un Premier ministre comme Michel Barnier,
04:28quand vous regardez son programme à la primaire de 2021,
04:31il y a plein de choses sur l'immigration, sur la sécurité, sur la justice,
04:36que des électeurs RN ne renieraient pas, ne repousseraient pas.
04:39Que les députés RN seraient bien en peine de voter contre à l'Assemblée nationale.
04:44À partir de là, et sa logique d'institutionnalisation,
04:47de normalisation entre aussi en ligne de compte,
04:50elle ne pouvait pas être la femme politique
04:52qui allait censurer un par un tous les premiers ministres qui se présentaient.
04:55Ça ne collait pas, ça ne colle pas avec sa stratégie de normalisation.
04:58Elle dit ne pas vouloir participer à un chaos démocratique, c'est ce qu'elle dit.
05:00Exactement, elle aurait été facteur d'instabilité,
05:03parce que refuser Xavier Bertrand, pour des raisons surtout personnelles,
05:06c'est une chose, jouer au chamboule tout avec tous les possibles premiers ministres qu'il présente,
05:10c'en est une autre, et ça ne colle pas du tout avec la stratégie qui est la sienne depuis 2022, si ce n'est avant.
05:14Et du coup, les marges de manœuvre de Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, s'annoncent compliquées.
05:18Par définition, mais ça le sont de toute façon, puisqu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
05:21Donc mécaniquement, dès lors que le bloc de gauche et le bloc central
05:24ne sont incapables de se parler, de dialoguer, voire éventuellement de bâtir une coalition,
05:28le Rassemblement national joue automatiquement le rôle d'arbitre.
05:32Le rôle est décisif, que ce soit pour Michel Barnier, effectivement,
05:35ou pour la gauche, d'ailleurs, si elle veut faire chuter le gouvernement de Michel Barnier.
05:38Elle a besoin des voix des députés du Rassemblement national
05:41pour approuver la motion de censure qu'elle présentera prochainement.
05:43Donc dans les deux cas, dès lors, encore une fois, que les deux autres blocs
05:46n'arrivent pas à se parler, à s'entendre, l'extrême droite forcément redevient centrale.
05:50Et c'est là qu'on voit que la position de Marine Le Pen, comme le disait Louis à l'instant d'ailleurs,
05:54elle est à la fois habile, mais en même temps assez inconfortable.
05:58Parce que d'un côté, il y a ce qui me semble être son principal moteur
06:02pour justifier cette indulgence, en tout cas temporaire, à l'endroit Michel Barnier,
06:06c'est toujours la même chose, c'est cette quête de respectabilité,
06:09cette fameuse dédiabolisation après laquelle elle court depuis des années et des années,
06:13qui donc l'incite à vouloir apparaître comme une force de stabilité responsable.
06:18Contrairement, dit-elle justement à la gauche, qui elle, veut le chaos dans le pays.
06:21Ça c'est la stratégie officielle du problème.
06:23C'est que si effectivement elle soutient même de façon implicite,
06:28en tout cas cautionne la politique du gouvernement,
06:30il y a un moment ou un autre où l'ERN pourra aussi être tenue comme co-responsable du bilan
06:35le moment venu d'une part.
06:36Et puis d'autre part, à force de multiplier les manœuvres tacticiennes,
06:40il y a le risque évidemment d'être avalé en quelque sorte par ce système qu'elle prétend remplacer.
06:45C'est-à-dire qu'elle devient de fait plus ou moins actrice elle aussi du système.
06:50Et juste un détail, mais qui illustre ces difficultés, ces méandres,
06:55c'est qu'il y a deux Michel Barnier en quelque sorte,
06:56même bien plus que ça au regard de la longévité de sa carrière politique.
06:59Et comme le disait Louis, il y a le Michel Barnier beaucoup plus radical
07:02sur les questions de migration et de sécurité de la primaire de la droite en 2021,
07:07mais avant il y a un Michel Barnier qui a fait toute une carrière
07:09très favorable à la construction européenne,
07:12incarnation de ce que l'extrême droite appelle d'habitude la droite molle,
07:15la droite molle européiste.
07:16Et ça, il y a des responsables RN qui ont quand même du mal à digérer le fait
07:19qu'il ne faille pas le censurer tout de suite.
07:21Il suffit de se souvenir des propos de Jean-Philippe Tanguy,
07:23député RN de la Somme jeudi matin, qui expliquait, je le cite,
07:26que c'était un fossile de la vie politique Michel Barnier,
07:29et même l'un des responsables politiques les plus stupides de la Ve République.
07:33Fin de citation.
07:34– Il s'est vite fait recadrer par le parti et par Marine Le Pen,
07:38il a présenté ses excuses.
07:40– Il n'avait pas encore assimilé justement le petit virage tacticien de Marine Le Pen.
07:44– Sur ce jeu, elle veut effectivement être rejetée à un blocage automatique
07:50des institutions, ce qui effectivement prolonge sa normalisation,
07:53mais après elle peut être aussi de tempo, c'est-à-dire à la fois par exemple
07:58si on prend l'exemple du budget, rejeter le budget,
08:01mais pas forcément le censurer.
08:04Donc elle peut quand même continuer à s'opposer,
08:07mais elle veut s'opposer en fait face à un Macron qui est défini comme indestructif,
08:16un Mélenchon qui est défini comme dans la destruction,
08:21et elle qui serait dans la construction,
08:23donc c'est-à-dire je ménage un petit peu la chèvre et le chou
08:27pendant toute cette séquence, je m'oppose,
08:30mais en même temps je ne s'en suis pas forcément,
08:32donc je me mets quand même dans une forme d'opposition,
08:34et puis je reconstruis surtout, je réorganise mes forces et mes troupes
08:37pour 2027 qui reste l'échéance.
08:40Et puis quand même l'arbitre des élégances,
08:42je fiche là les lignes rouges, les fameuses lignes rouges,
08:45avec, il faut parler immigration, sécurité et proportionnel,
08:49et si vous faites ça, ça peut tenir encore.
08:51– Mais alors du coup face à ça, la gauche ne sait pas sur quel pied danser.
08:55– Ils peuvent dénoncer un pacte, effectivement,
08:58ils peuvent dire Michel Barnier se met dans la main du RN,
09:02après il y a une différence entre pactiser avec le RN ou dépendre de lui.
09:06La situation de l'Assemblée Nationale
09:08fait qu'il faut forcément deux blocs face à un autre, c'est comme ça.
09:10Alors on pouvait faire toutes les combinaisons possibles,
09:12et tout l'été toutes les combinaisons possibles
09:14ont d'ailleurs défilé sous nos yeux et défilé à l'Elysée,
09:16bon il se trouve que maintenant la combinaison,
09:18c'est le bloc central avec un soutien au moins tacite du RN, c'est comme ça.
09:22Ça ne veut pas dire qu'ils sont d'accord sur un programme de gouvernement,
09:25ça ne veut pas dire qu'ils ont fait campagne au législatif ensemble,
09:28bien au contraire, mais la difficulté dans laquelle on vit,
09:31ça met Marine Le Pen et ça montre, ça confirme,
09:34que ce n'est pas si facile sa nouvelle équation.
09:37Jusqu'ici c'était facile le rôle de Marine Le Pen,
09:39elle était dans l'opposition, elle promettait l'alternance,
09:41première phase opposition, je suis l'alternance.
09:43Confortable, facile, on peut critiquer tout ce qui se...
09:45C'est simple de s'opposer.
09:46Exactement, là le fait que Michel Barnier dépend d'elle,
09:49effectivement ça lui donne un atout majeur sur le fait que
09:52quand elle appuie sur le bouton, c'est terminé,
09:54elle est maître des horloges du gouvernement quelque part.
09:57Mais en même temps, elle sera en partie comptable du bilan,
10:00je ne sais pas si ça durera 4 mois, 6 mois, le gouvernement Barnier,
10:02peut-être moins d'ailleurs, elle sera en partie comptable du bilan
10:05parce qu'elle laisse vivre ce gouvernement,
10:07en tout cas dans un premier temps,
10:08et peut-être que ses députés voteront ou s'abstiendront
10:11sur certains projets de loi qui seront proposés,
10:13à commencer par le budget.
10:14Donc, si dans 6 mois, je vous dis n'importe quoi,
10:17le gouvernement Barnier tombe,
10:18on pourra dire aussi à Marine Le Pen,
10:20mais vous avez soutenu ce gouvernement,
10:21donc son maigre bilan est aussi le vôtre,
10:24peut-être qu'à ce moment-là on s'amorcera vers une campagne
10:26des législatives à cause d'une nouvelle dissolution dans un an,
10:29c'est en tout cas un pari de Marine Le Pen.
10:31Elle, dans sa tête, elle pense, elle est assez persuadée,
10:33en tout cas c'était le cas cet été,
10:34qu'il allait y avoir une nouvelle dissolution l'été prochain.
10:36Et merci Louis de me permettre de faire cette transition,
10:38puisqu'après le fil info de 9h16,
10:40on va parler du budget,
10:41et oui, le gros dossier sur la table de Michel Barnier,
10:44juste après le fil info de Maureen Suinière.
10:47C'est un axe emprunté chaque jour par plus d'un million de véhicules,
10:50le périphérique parisien limité à 50 km heure.
10:53La maire de Paris affirme ce matin
10:55que cela sera le cas dès le 1er octobre prochain.
10:58La décision finale revient à l'Etat.
11:00C'est une information que vous révèle ce matin la cellule
11:03Investigation de Radio France.
11:05L'abbé Pierre, accusé d'agression sexuelle par plusieurs femmes,
11:08menaçait par écrit ceux qui dénonçaient à l'époque ces agissements.
11:12Une vingtaine de femmes l'accusent d'agression sexuelle ou de viol.
11:15On est face à une personnalité vraiment perverse,
11:18réagit sur France Info, soeur Véronique Margron,
11:20la commanditaire du rapport Sauvé,
11:22qui répertorie les abus sexuels dans l'église.
11:25L'équivalent d'un an de pluie en deux jours.
11:2811 morts et 9 disparus dans le sud du Maroc
11:30à cause de très fortes intempéries et d'inondations.
11:33Phénomène qui a aussi touché l'Algérie
11:35où deux personnes sont portées disparues.
11:37Les Belges veulent prendre leur revanche
11:39qui ont été éliminées en huitième de finale de l'Euro par la France cet été.
11:44France-Belgique en Ligue des Nations de Football,
11:46c'est à partir de 20h45 ce soir.
11:48Et hier, la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
11:51a été suivie par 7,7 millions de téléspectateurs.
12:07De retour sur le plateau des informés
12:08avec Alix Bouyagué, éditorialiste politique à France Info TV,
12:11avec Louis Osalter, aussi journaliste politique au Figaro,
12:14et Renaud Dely, on a un Premier ministre, oui,
12:16mais on n'a toujours pas de budget pour l'année prochaine
12:18et cela peut devenir un gros problème
12:20puisque l'Union Européenne nous attend en tournant.
12:22Et qu'il y a urgence pour présenter ce projet de loi de finances.
12:24Rappelons qu'à priori le projet de loi de finances
12:26doit être déposé à l'Assemblée Nationale
12:28début octobre, repoussé de quelques jours
12:31mais pas très longtemps tout de même.
12:33Effectivement, la France est dans le collimateur de Bruxelles
12:36comme d'autres pays d'ailleurs.
12:38L'Union Européenne a engagé une procédure pour déficit excessif.
12:41D'ailleurs, Michel Barnier, devenu Premier ministre,
12:44est tenu de présenter un plan de redressement des comptes à l'Union Européenne
12:47à priori avant le 20 septembre.
12:49Là aussi, un délai est en train d'être négocié
12:51pour avoir un petit peu plus de temps.
12:53Bref, il y a eu urgence et voici justement
12:55que la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale
12:57présidée par Éric Coquerel,
12:59membre de la France Insoumise,
13:01va auditionner aujourd'hui
13:03le ministre de l'Économie et des Finances
13:05démissionnaire Bruno Le Maire
13:07et son ministre délégué aux comptes publics,
13:09lui aussi démissionnaire Thomas Cazenave.
13:11Alors, à quoi bon auditionner deux ministres
13:13qui sont en partance dans les heures
13:15ou dans les jours qui viennent ?
13:16La réponse d'Éric Coquerel.
13:18Il y a le budget 2024.
13:20Le budget 2024, pour vous dire un peu
13:22l'état d'esprit aujourd'hui de Bruno Le Maire,
13:24il estime qu'il faudrait,
13:26en plus des 10 milliards qui ont été annulés
13:28au début de l'année des dépenses publiques,
13:30annuler complètement le gel qui a été prévu,
13:32soit 16 milliards, ça ferait 26 milliards.
13:34Alors même que le déficit,
13:36ça croît de manière plus considérable
13:38que ce qui était prévu, une fois de plus,
13:40et que tout montre que c'est parce
13:42qu'il y a des recettes en moins,
13:44eux veulent continuer la même politique.
13:46Avant même d'envisager le budget 2025,
13:48il faut encore boucler le budget 2024.
13:50Et effectivement, avec finalement
13:52un déficit qui risque d'atteindre
13:545,6% du PIB,
13:56beaucoup plus qu'attendu.
13:58Et puis, pour revenir
14:00à ce fameux objectif fixé par Emmanuel Macron
14:02sous le seuil de 3%
14:04de déficit du PIB en 2027,
14:06il faudrait trouver 100 milliards
14:08d'euros en 4 ans. Est-ce que c'est faisable
14:10et comment faire ? Est-ce qu'il faut couper
14:12dans les dépenses drastiquement ?
14:14Est-ce qu'il faut augmenter les impôts ?
14:16Est-ce qu'il faut faire les deux en même temps ?
14:18Ou bien autre chose ?
14:20Oui, c'est même 110 milliards.
14:22C'est vrai que c'est abyssal.
14:24On lit plus exactement
14:26Pierre Moscovici,
14:28président de la Cour des comptes,
14:30qui disait hier qu'effectivement,
14:32trouver 110 milliards
14:34sur 3 ans,
14:36c'est extrêmement brutal, difficilement faisable
14:38politiquement et pas acceptable
14:40socialement.
14:42Sans doute qu'on va demander
14:44que ce ne soit pas les 3%
14:46en 2027, mais sans doute en 2029
14:48parce que sinon la pilule
14:50est trop compliquée, trop dure à avaler.
14:52D'autant qu'il y a aussi en France
14:54des injonctions complètement contradictoires.
14:56On a d'un côté
14:58la nécessité d'un plan
15:00de redressement massif
15:02pour réduire ce déficit abyssal
15:04et puis de l'autre,
15:06les trois quarts des députés
15:08nouvellement élus qui demandent
15:10plus de dépenses.
15:12Il faut abroger la réforme
15:14des retraites, augmenter les salaires,
15:16embaucher davantage
15:18de fonctionnaires dans la fonction publique.
15:20C'est vrai que
15:22chapeau pour Michel Barnier pour réussir
15:24à trouver,
15:26à contenter tout ça, en sachant
15:28qu'il a été très peu explicite
15:30jusqu'à présent, il parle juste,
15:32c'était sur son 20h de TF1, qu'il faudra
15:34davantage de justice fiscale.
15:36Du coup, on a plutôt
15:38le sentiment qui s'adressait à la gauche
15:40et qui disait que les plus riches vont payer.
15:42Donc les plus riches, ça veut dire qu'on se demande
15:44est-ce qu'il y aura un nouvel SF,
15:46est-ce qu'il y aura un nouvel impôt
15:48pour taxer le patrimoine
15:50financier ou des nouvelles taxes
15:52sur les successions.
15:54On se pose beaucoup de questions, sauf que les plus riches,
15:56il ne faut pas oublier non plus, c'est aussi l'électorat
15:58d'Emmanuel Macron et de Michel Barnier.
16:00Donc voilà,
16:02les pistes difficiles à dégager.
16:04La première décision à prendre,
16:06c'est de tenir
16:08les 3% en 2027 ou pas.
16:10Est-ce qu'on continue à les tenir ? C'est ça, en fait,
16:12qui est sur le bureau de Michel Barnier,
16:14aussi un petit peu d'Emmanuel Macron, mais surtout de Michel Barnier
16:16et de son futur ministre des Finances.
16:18Pour l'instant, ce que la France a vendu
16:20à la Commission européenne, c'est en
16:222027, promis, juré, on est sous les 3%.
16:24Bon, ça fait 20 ans qu'on entend ça, mais
16:26pourquoi pas ? En tout cas, c'est ce qu'Emmanuel Macron
16:28a toujours vendu à Bruxelles.
16:30Ils ne se disent pas à Bruxelles qu'on ment tout le temps ?
16:32Si, bien sûr. Après, leurs armes sont limitées.
16:34Là, la France est sous le coup d'une procédure
16:36pour déficit excessif.
16:38Ce sont les pays qui ne sont justement
16:40pas dans les clous.
16:42Une sanction financière, mais ça n'est jamais arrivé.
16:44En gros, on ne risque rien. À date, on ne risque rien
16:46parce que jamais la Commission n'a envoyé
16:48ce signal politique qui serait très fort
16:50d'infliger une sanction à un gouvernement
16:52élu pour un dérapage du déficit.
16:54En fait, ce qui devient inquiétant,
16:56ce n'est pas tant les injonctions de Bruxelles,
16:58parce que Michel Barnier, ils le connaissent à Bruxelles,
17:00et Emmanuel Macron commence à être bien installé à Bruxelles.
17:02On peut négocier. À Bruxelles, on peut toujours négocier.
17:04Ça marche comme ça. C'est plutôt pour la dette.
17:06C'est plutôt pour les marchés. Les gens qui détiennent
17:08la dette française, celles qu'on émet sur les marchés
17:10qui doivent être achetées à un certain taux,
17:12à un moment, si ces créanciers commencent à se dire
17:14que la dette de la France est de moins en moins
17:16solide, ce qui est en cause,
17:18c'est notre capacité à la rembourser et à s'en déter à nouveau
17:20pour les dépenses du futur, puis c'est notre souveraineté.
17:22Puisque cette dette, elle dépend de gens,
17:24de banques, d'institutions financières,
17:26de fonds de pension, dont
17:28des acteurs qui sont étrangers.
17:30Donc, ce qui est en cause aussi,
17:32et ce à quoi il faut faire attention,
17:34c'est l'indépendance de la France
17:36qui se joue aussi sur ce plan financier.
17:38C'est pour ça que ce budget est crucial
17:40et que cette question à laquelle il faudra répondre sur
17:423% ou pas en 2027, qui s'avère aujourd'hui
17:44quasiment impossible à tenir, il va falloir
17:46y répondre assez vite dans le budget
17:482025 et puis dans ce plan de réduction
17:50du déficit qui sera envoyé à la Commission.
17:52Il faut distinguer effectivement ces deux
17:54fronts, en quelque sorte. Du côté de la Commission européenne,
17:56de Bruxelles, de l'Union européenne,
17:58il y a toujours d'abord
18:00une marge de latitude pour négocier,
18:02qui est liée aussi, c'est vrai, au poids de la France.
18:04C'est-à-dire que la France, du fait de son poids
18:06dans la construction européenne, et en particulier
18:08dans le fameux couple franco-allemand qui n'est pas
18:10en grande forme, a un rôle
18:12beaucoup plus prépondérant qu'un pays
18:14comme la Grèce, d'ailleurs en son temps, qui l'était plus facile
18:16pour la Commission de sanctionner
18:18la France, pénaliser la France.
18:20C'est vraiment remettre en cause
18:22un peu plus le fonctionnement de l'Union européenne.
18:24D'une part, et d'autre part,
18:26de ce point de vue-là, en tout cas un passé
18:28qui plaide plutôt pour lui. C'est vrai qu'il a une expérience
18:30de négociateur, notamment à l'échelle européenne,
18:32il a été commissaire européen,
18:34il a négocié le Brexit, il connaît très bien
18:36ces instances-là, et tout le monde là-bas le connaît très bien.
18:38Donc on peut imaginer qu'il y a un dialogue qui peut
18:40se mettre en place.
18:41Et puis si je peux me permettre, la personne avec laquelle
18:43il doit négocier,
18:45en fait, est un de ses anciens collaborateurs
18:47quand il était à la Commission européenne.
18:49Donc je pense qu'il y a à peu près du lien.
18:51Ils se connaissent très bien. Les marchés, c'est évidemment
18:53beaucoup plus compliqué de les convaincre,
18:55avec ce cercle vicieux qu'on connaît,
18:57qui est lié, si en particulier la dette
18:59s'envole, c'est que c'est la charge
19:01de la dette, ce sont les intérêts de la dette
19:03qui continuent de progresser
19:05année après année, et qui dressent des
19:07perspectives assez alarmantes à l'horizon
19:092027 et au-delà.
19:11Et donc c'est plus de ce côté-là qu'il y a effectivement
19:13des signes à donner de la part de la France, parce que c'est vrai
19:15que d'un point de vue, enfin, les finances
19:17publiques de la France sont en piteux état,
19:19et il est probable qu'il faille jouer sur les
19:21deux leviers en même temps, c'est-à-dire couper un certain
19:23nombre de dépenses, alors on l'a vu la semaine dernière aussi,
19:25Bercy mettait en cause les collectivités locales,
19:27ce qui était un peu facile, ce qui n'est pas
19:29faux, les collectivités locales aussi
19:31ont contribué à l'envol des dépenses,
19:33mais c'est un peu injuste,
19:35c'est injuste de leur faire porter le chapeau,
19:37c'est injuste de leur faire porter le chapeau, très clairement.
19:39Mais il y a aussi, évidemment, la question fiscale qui va
19:41se poser, il est peu probable que le gouvernement
19:43Michel Barnier rétablisse l'ISF,
19:45ou accroisse l'impôt sur les patrimoines, sur les
19:47successions, ça c'est pas du tout
19:49dans l'ADN, ni d'ailleurs
19:51de LR, ni du bloc central
19:53macroniste. En revanche, il y avait déjà
19:55dans les tuyaux de Bercy, en quelque sorte,
19:57des projets de taxation, en particulier
19:59des rachats d'actions, dont Bruno Le Maire parle depuis
20:01des mois, ou alors de revoir aussi
20:03la taxation des rentes des énergéticiens,
20:05parce que
20:07cette taxation, qui a d'ores et déjà
20:09été mise en place, elle a rapporté beaucoup moins
20:11que prévu, il y a aussi un problème d'évaluation.
20:13Donc il y a aussi, sur le plan fiscal, je pense,
20:15un chantier qui va s'ouvrir.
20:16Et puis peut-être quelques mesures aussi
20:18qui seraient peut-être moins consensuelles,
20:20mais sur le remboursement
20:22de l'assurance maladie, notamment tout ce qui est transport
20:24sanitaire, les coûts
20:26ont explosé. Il y a également
20:28l'aide aux entreprises concernant l'apprentissage.
20:30Ça, ça pourrait être
20:32effectivement un petit peu remis en cause.
20:34Et puis aussi l'indexation
20:36des retraites sur l'inflation,
20:38qui pourrait être décalée de quelques
20:40mois pour permettre
20:42de rentrer davantage de recettes.
20:44Parce qu'on n'a pas parlé de ce sujet brûlant,
20:46mais la réforme des retraites,
20:48elle est toujours sur la table.
20:50Le 31 octobre, une proposition de loi du
20:52Rassemblement national pour l'abrogation.
20:54La gauche dit qu'elle
20:56ne votera pas le texte
20:58proposé par le RN. Elle a bien l'intention
21:00de proposer un texte avant, en session extraordinaire.
21:02Bref, l'abrogation
21:04de la réforme des retraites,
21:06c'est sur la table là aussi.
21:07C'est non pour Michel Barnier.
21:08Mais ce qui est étonnant, c'est que ce Premier ministre venu de la droite
21:10a ouvert quelques tiroirs de gauche quand même.
21:12On parlait de la justice fiscale.
21:14Il y a aussi, il a dit
21:16qu'il allait se pencher sur cette réforme,
21:18non pas pour l'abroger évidemment, mais pour voir
21:20les modalités d'amélioration pour les publics
21:22les plus précaires. Et c'est vrai qu'il y a eu des trous
21:24dans la raquette pour les femmes, notamment.
21:26Pas que ce soit un public précaire spécifiquement,
21:28mais on sait qu'elles sont souvent plus vulnérables
21:30que les hommes dans leur carrière professionnelle,
21:32notamment en raison des maternités.
21:34Elles y ont perdu à cette réforme d'Elisabeth Borne
21:36et d'Emmanuel Macron. Donc, il va
21:38s'attacher sans doute à regarder ça.
21:40Après, si on est plus cynique, c'est pour quelqu'un politique.
21:42Parce qu'il n'y a pas de ministre socialiste
21:44qui va rentrer dans le gouvernement de Michel Barnier,
21:46à date. Ça m'étonnerait que ça se produise.
21:48Qui Michel Barnier convainc-t-il
21:50dans le paysage politique
21:52en donnant des gages
21:54à la gauche ? Que ça puisse lui attirer
21:56la sympathie des lecteurs qui disent
21:58après tout, s'il y a quelques améliorations ici ou là,
22:00pourquoi pas ? Mais qui ça lui ramène
22:02à l'Assemblée nationale pour ne pas voter une motion de censure
22:04contre lui ? C'est plus cette question que je me pose.
22:06Bon, on va suivre
22:08les prochains jours. Le discours de politique générale
22:10de Michel Barnier, c'est pour le mois d'octobre.
22:12Donc, il va falloir attendre encore un peu.
22:14En attendant, il poursuit ses consultations des partis politiques.
22:16On n'a toujours pas de gouvernement.
22:18Donc, c'est la prochaine étape.
22:20Merci beaucoup à tous les trois.
22:22Alex Bouillague, éditorialiste politique à France Info TV.
22:24Je rappelle, on vous retrouve tous les matins à 7h45
22:26pour l'interview politique.
22:28Merci Louis Ouzalter, journaliste politique au Figaro.
22:30Le Figaro qui titre
22:32aujourd'hui sur le budget, évidemment.
22:34Michel Barnier, au pied du mur
22:36pour le budget. Puis, il y a la parenthèse
22:38quand même, la parenthèse enchantée des JO,
22:40qui s'est bel et bien terminée.
22:42C'est la rentrée, oui.
22:44Merci Renaud, on se retrouve demain.
22:46Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Agathe Lambret
22:48et Jean-Rémi Baudot.