Les informés du matin du vendredi 7 février 2025
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00:00♫ Générique de fin ♫
00:09Bienvenue dans les informés de France Info, une demi-heure pour décrypter l'actualité du jour.
00:14Bonjour Renaud Delis.
00:14Bonjour Benjamin.
00:15Vous m'avez avec nous ce matin, Julie Marie-Leconte, chef du service politique de France Info,
00:19Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Journal de Parisien, aujourd'hui en France.
00:22Bonjour à vous deux.
00:24On va parler dans un instant des chantiers qui attendent désormais François Bayrou
00:27après l'étape de la censure, mais on s'arrête d'abord sur un sujet qui a mis l'Assemblée nationale
00:32dans tous ses états hier, la restriction du droit du sol à Mayotte.
00:35Est-ce que cette restriction pourrait être élargie à tout le reste du territoire français ?
00:40On est en droit de se poser la question ce matin, Renaud.
00:42En tout cas, l'Assemblée a adopté hier une proposition de loi qui émane de la droite,
00:46des Républicains, pour durcir les conditions nécessaires
00:49pour que les enfants nés à Mayotte obtiennent la nationalité française,
00:51donc pour restreindre les conditions du droit du sol,
00:55l'obtention de la nationalité française sera désormais conditionnée à la résidence régulière
01:00sur le sol français des deux parents, et non pas d'un seul,
01:03pendant une durée de trois ans et non pas trois mois, comme c'était le cas jusqu'à présent.
01:09Trois ans, pourquoi ? Parce que l'ambiance était tellement survoltée à l'Assemblée nationale
01:12qu'il y a effectivement eu en quelque sorte un pataquès,
01:15ce qui fait que des députés de gauche et des députés macronistes
01:18ont par erreur adopté un amendement qui venait du groupe d'Éric Ciotti,
01:23qui voulait étendre cette durée jusqu'à trois ans,
01:26alors que le projet, la proposition de loi initiale, établissait cette durée à un an.
01:31Le ministre, le garde des Sceaux d'ailleurs, Gérald Darmanin,
01:34a fait savoir qu'il reviendrait à cette durée d'un an
01:37lorsque le texte sera examiné au Sénat.
01:39Alors, est-ce que cette restriction du droit du sol
01:42est vraiment une exception réservée à la situation à Mayotte ?
01:46Eh bien, nombre d'élus, du rassemblement national, mais aussi de droite,
01:51souhaitent l'étendre à l'ensemble du territoire français,
01:54revenir sur le droit du sol.
01:55C'est ce qu'expliquait il y a quelques minutes sur ce plateau
01:59le député européen LR, François-Xavier Bellamy.
02:03J'assume de le dire, je pense que le droit du sol,
02:05aujourd'hui, dans la situation migratoire que nous vivons,
02:07le droit du sol n'est pas tenable.
02:09Mais c'est d'ailleurs en réalité une situation, la France,
02:13qui est singulière en Europe.
02:15Tous les pays européens n'ont pas le droit du sol.
02:17Ça n'empêche pas que ce sont de grandes démocraties
02:19et des pays qui respectent les droits de l'homme.
02:21C'est donc ce que réclame la droite, Laurent Wauquiez aussi,
02:24mais aussi le RN, revenir supprimer le droit du sol
02:27sur l'ensemble du territoire français.
02:29Et hier, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,
02:31a fait savoir que lui était favorable à ce que le débat ait lieu,
02:34en particulier à l'occasion de la future présidentielle.
02:36Il veut donc ouvrir ce débat sur le droit du sol.
02:39Pourquoi est-ce un sujet, un débat aussi inflammable ?
02:43Et puis, est-ce que ce serait effectivement une mesure efficace,
02:46notamment pour atteindre l'objectif affiché
02:49par ceux qui la réclament, cette mesure,
02:51ceux qui pensent que cette mesure permettrait
02:53de réduire les flux migratoires ?
02:55Et pourquoi Gérald Darmanin met-il ce sujet sur la table
02:57maintenant, Julie-Marie Lecomte ?
02:59Il fait entendre ça, il fait entendre d'une voix personnelle,
03:01Gérald Darmanin, alors que François Bayrou,
03:04il faut le rappeler, a dit que lui considérait
03:08que ce débat-là avait lieu pour Mayotte,
03:10mais qu'il n'était pas question.
03:12Il a fermé la porte, le Premier ministre,
03:14de remettre en cause le droit du sol tel qu'il existe
03:18aujourd'hui à l'ensemble du territoire français.
03:24Ce qu'il faut rappeler, quand même,
03:27c'est qu'on peut parfois avoir l'idée ou croire
03:32que le droit du sol est automatique.
03:36En France, ce n'est absolument pas le cas.
03:38Ce n'est pas du tout comme aux Etats-Unis, par exemple.
03:41Ce que, d'ailleurs, Donald Trump veut remettre en cause,
03:44le 14e amendement, en France, aujourd'hui,
03:49on peut, quand on est né de parents étrangers,
03:52demander la nationalité à partir de 13 ans
03:56et on devient français de manière automatique
03:59à partir de 18 ans.
04:01Ce qui fait que, si on prend le simple cas de Mayotte,
04:04aujourd'hui, les observateurs, les chercheurs,
04:09les associations sur place aussi mettent en avant un fait
04:16qui, quand même, doit être considéré,
04:18c'est que depuis 2018 et une première évolution
04:22du droit du sol à Mayotte, en réalité,
04:26cette évolution-là n'a absolument pas inversé
04:31le flux migratoire.
04:33Plus d'un tiers de la population en situation irrégulière.
04:36Surtout, les flux ont été multipliés quasiment par dix.
04:41Henri Vernet, pourquoi, selon vous, Gérald Darmanin
04:44amène ce sujet sur la table aujourd'hui ?
04:46Parce que c'est un objet qui est essentiellement politique.
04:48C'est vrai, ça vient d'être dit.
04:49Ce n'est pas exactement pour des mesures d'efficacité,
04:51pour des raisons d'efficacité.
04:52C'est vraiment parce que c'est un marqueur.
04:54Parce que le ministre qu'on a le plus entendu
04:57sur un terrain un peu personnel, sa petite musique à lui,
05:00jusqu'à présent, c'était Bruno Retailleau,
05:01sur un terrain qui est assez voisin,
05:03la lutte contre l'immigration clandestine.
05:05On a vu tout son affrontement quasi personnel
05:07par moment avec l'Algérie sur ce terrain.
05:09Donc là, Darmanin juge que l'opportunité est là pour lui.
05:13C'est un débat dont on sait qu'il est de toute façon
05:16très vite inflammable, mais qu'il le marque réellement.
05:19D'ailleurs, on voit bien les évolutions.
05:21Parce que là, le simple fait de cet amendement hier
05:23qui est passé, alors certes un peu par erreur,
05:25portant de un an à trois ans,
05:27mais c'est vraiment une remise en cause.
05:28D'ailleurs, incidemment, votre invité,
05:30François-Xavier Bellamy, ce matin, le rappelait également.
05:33C'est vrai que c'est un fondement.
05:34Alors qu'il conteste, lui-même et ses amis.
05:36Mais c'est un fondement vraiment marquant
05:40de la République, même avant ce droit du sol.
05:43Donc le remettre en cause, c'est marquer
05:46une volonté vraiment d'agir sur ce terrain-là.
05:48Même si, en effet, ce n'est pas...
05:50En tout cas, si Mayotte, comme c'est apparemment le cas,
05:53est une espèce de laboratoire pour cette mesure,
05:57en effet, ce n'est pas efficace.
05:58Parce qu'en réalité, ce qui attire à Mayotte,
06:00c'est que tout simplement, c'est une économie.
06:02Alors, ça paraît bizarre de dire ça
06:04pour un territoire qui est déshérité,
06:06notamment par le cyclone.
06:07Mais ça paraît une économie prospère
06:08dans un environnement, en tout cas attirant,
06:10ne serait-ce justement que pour ses avantages sociaux,
06:13en quelque sorte, attirant,
06:15dans cet environnement qui est vraiment,
06:17pour le coup, déshérité.
06:18Les Comores est une filière de l'Afrique de l'Est
06:21qui passe par Mayotte.
06:22Henri Vernet vous disait, il vient sur un terrain
06:24proche de l'immigration, celui de Bruno Retailleau.
06:27Julie-Marie Lecompte, il y a une concurrence
06:29entre ces deux ministres, aujourd'hui,
06:30pour attirer la lumière.
06:31Entre Gérald Darmanin et Bruno Retailleau.
06:33Pour l'instant, ils sont plutôt dans un tandem,
06:36Bruno Retailleau et Gérald Darmanin.
06:40La question qu'on peut se poser,
06:44c'est est-ce que finalement,
06:46si on considère que Mayotte,
06:48face à une forme d'incapacité, en réalité,
06:53à réguler les flux,
06:55la droite et l'extrême droite
06:59ne se disent pas que cette affaire de droit du sol
07:03ou ce débat autour du droit du sol,
07:05finalement, ait un message politique
07:09pour dire qu'on redonne du prix
07:12à la nationalité française,
07:13mais de manière très symbolique.
07:17Parce qu'aujourd'hui, à Mayotte,
07:19il y a finalement très peu d'enfants
07:21qui naissent et qui acquièrent
07:24quelques centaines, en réalité,
07:27d'acquisition de la nationalité française.
07:30Mais parce que les femmes viennent accoucher,
07:32non pas pour que leur enfant soit français,
07:36dans les médias,
07:37elles viennent accoucher en France
07:38à cause de l'état du système de santé
07:42et sanitaire au Comores.
07:44Je crois que c'est un sujet qui est extrêmement polémique
07:47et qui est propice, la question du droit du sol,
07:49à agiter des fantasmes de part et d'autre.
07:52Il faut vraiment distinguer ce qui relève
07:54de la réalité, des faits,
07:56et puis du fantasme agité à des fins politiques
07:58par les deux camps.
07:59Si on regarde, par exemple, d'un côté,
08:01le droit du sol à Mayotte,
08:02c'est quelque chose d'extrêmement récent,
08:04la mise en oeuvre du droit du sol à Mayotte,
08:05ça fait 30 ans.
08:07Le Code de la nationalité avait exclu
08:09des territoires d'outre-mer, dont Mayotte,
08:11de l'application du droit du sol jusqu'en 1994.
08:14Et c'est vrai que de nombreux pays européens,
08:16l'Italie, la Suisse, l'Autriche,
08:18des pays d'Europe centrale et orientale,
08:20ne pratiquent pas, ne mettent pas en oeuvre
08:21le droit du sol, certes.
08:22Mais de l'autre côté, c'est effectivement
08:24une vieille tradition républicaine,
08:26qui n'a jamais été remise en cause
08:28depuis 1889,
08:30le droit du sol sur l'ensemble du territoire.
08:32Et puis, il faut voir
08:34qui ça concerne, quelle population
08:36ça concerne.
08:37Comme le rappelait à l'instant
08:39Julie-Marie Lecomte, d'abord, ça n'est pas automatique
08:41en France, le droit du sol, il faut
08:43faire une demande, il faut que l'enfant,
08:45à partir de 13 ans, fasse une demande.
08:47Ensuite, si on regarde les chiffres,
08:48effectivement, il y a un vrai sujet
08:50d'immigration clandestine à Mayotte.
08:52Personne ne peut le nier.
08:53Il y a des flux migratoires incontrôlés.
08:55Mais est-ce que ça a un rapport
08:57avec la mise en oeuvre du droit du sol ?
08:59On peut fortement en douter.
09:01Il y a à peu près 10.700
09:03naissances par an à Mayotte,
09:05dont 4.800
09:07de naissances d'enfants de deux parents étrangers,
09:09qui peuvent demander
09:11l'acquisition de la nationalité
09:13après 13 ans.
09:14Ça fait à peu près 500 enfants
09:16par an.
09:17C'était le cas à peu près l'année dernière.
09:19Donc, ce n'est pas fondamentalement
09:22ce qui, effectivement,
09:26motive les familles
09:28et les femmes à venir accoucher
09:30à Mayotte.
09:31On sait que c'est, bien sûr,
09:32plutôt la différence de niveau de vie.
09:33Le niveau de vie à Mayotte
09:35a beau être beaucoup plus faible qu'en métropole,
09:37il est huit fois plus élevé
09:39que dans les commores voisines.
09:40Et puis, sur le territoire national,
09:42sur l'ensemble du territoire national,
09:44il faut savoir que ça concerne à peu près
09:4630 à 35.000 enfants
09:48par an au total.
09:50Contre, par exemple, 40.000 naturalisations.
09:52Donc, la question de la remise en cause
09:54du droit du sol, qui irait effectivement
09:56à l'encontre d'une très longue tradition républicaine
09:58en France,
10:00son impact sur les
10:02flux migratoires, puisque c'est l'objectif
10:04affiché par ceux qui réclament la suppression du droit du sol,
10:06semble absolument marginal,
10:08voire inexistant.
10:10En tout cas, Gérald Darmanin veut mettre
10:12ce débat sur la table
10:14aujourd'hui. C'est ce qu'il a dit hier,
10:16à l'issue de l'adoption de cette
10:18proposition de loi. Julie Marie, le comte Henri
10:20Vernez, vous restez avec nous. On va poursuivre la discussion
10:22dans un instant. On va même entamer un nouveau débat.
10:24On va évoquer les chantiers qui attendent
10:26désormais François Bayrou. Ce sera
10:28juste après le Fil info à 9h16 avec
10:30Thomas Giraudeau.
10:32Des piquets de grève devant les entrepôts Lidl.
10:34Les salariés du géant des supermarchés
10:36appelaient à la grève illimitée à partir d'aujourd'hui
10:38par 5 de leurs syndicats. Ils réclament
10:40des augmentations de salaires
10:42et veulent surtout empêcher l'ouverture
10:44généralisée de tous les magasins le dimanche.
10:4630 à 50 milliards d'euros
10:48enveloppes bientôt investies par les
10:50Emirats Arabes Unis en France pour la construction
10:52d'un campus dédié à l'intelligence
10:54artificielle. A l'intérieur, un immense
10:56data center annonce de l'Elysée
10:58sans préciser où ni quand les
11:00bâtiments vont sortir de terre.
11:02Les élèves qui viendront avec une arme blanche
11:04dans leur établissement passeront systématiquement
11:06au conseil de discipline.
11:08La ministre de l'Éducation réagit après l'agression
11:10au couteau d'un lycéen à Bagneux
11:12près de Paris il y a deux jours. Le jeune gravement
11:14blessé, mais sa vie n'est plus en danger.
11:16Son agresseur, un autre élève,
11:18interpellé. Et puis en Savoie, la route
11:20nationale 90, en partie fermée
11:22depuis un éboulement le week-end dernier,
11:24rouvre totalement. Cet après-midi, la
11:26préfecture assure qu'il n'y a pas de risque de
11:28nouvelles chutes de rochers sur la route. Les
11:30vacances scolaires débutent ce soir pour la zone B,
11:32pour les Normands, les Bretons ou encore les
11:34habitants de la région PACA.
11:45Deuxième partie des Informés
11:47sur France Info avec vous, Renaud Delis.
11:49Je suis Lymarie Lecomte, chef du service politique
11:51de France Info. Henri Vernet, rédacteur en chef
11:53adjoint au journal Le Parisien. Aujourd'hui en France,
11:55François Bayrou vient de vivre une semaine
11:57décisive. Il a passé l'épreuve de la censure
11:59après avoir actionné le 49.3
12:01à deux reprises sur les budgets.
12:03Mais maintenant, qu'est-ce qu'il attend ?
12:05Quels sont les chantiers prioritaires ? Peut-il
12:07s'attaquer à l'Himalaya ?
12:09Lui qui a filé la métaphore de l'alpiniste.
12:11Ou est-ce qu'il est condamné à l'immobilisme
12:13Renaud ? En tout cas, effectivement,
12:15vous le disiez, il est très ambitieux.
12:17Il annonce, après avoir installé
12:19ce qu'il appelle son camp de base, c'est-à-dire
12:21les deux textes budgétaires après avoir franchi
12:23le cap de la censure. Il veut donc s'attaquer
12:25à l'Himalaya, des défis qui se posent
12:27selon lui à la France. Ils sont multiples
12:29sur le plan économique et social, sur les sujets
12:31régaliens, le climat, l'éducation
12:33et plein d'autres sujets. Mais
12:35de quelle marge de manœuvre pourra-t-il
12:37disposer au regard de la situation
12:39politique ? Est-ce qu'effectivement
12:41François Bayrou va encore pouvoir
12:43lancer des réformes ambitieuses ?
12:45C'est plutôt mal parti, Benjamin,
12:47au regard de ce qui s'est produit hier, puisque
12:49une disposition s'était nichée
12:51dans le budget, qui a tout de suite
12:53provoqué un tollé, celle qui visait à abaisser
12:55le seuil d'exonération de la TVA
12:57pour les auto-entrepreneurs. Résultat,
12:59le gouvernement a enclenché
13:01hier soir la marche arrière
13:03par la voix du ministre de l'économie
13:05Éric Lombard, qui était l'invité de nos confrères
13:07de France 2.
13:08Véronique Louvagie, la ministre
13:10du commerce, qui fait partie des
13:126 ministres de Bercy,
13:14va lancer une concertation
13:16afin d'ajuster cette mesure, si c'est
13:18nécessaire. Et pendant le temps de cette concertation,
13:20cette mesure sera suspendue,
13:22c'est-à-dire que les auto-entrepreneurs
13:24ne devront pas s'inscrire pour payer
13:26la TVA, donc on aura le temps du dialogue.
13:28Voilà, suspension, sans aucun
13:30doute préalable à un enterrement. Rappelons
13:32que de leur côté, d'ailleurs, LFI et l'ERN ont annoncé
13:34leur intention de déposer des propositions
13:36de loi visant à supprimer
13:38cette disposition qui a baissé
13:40le seuil d'exonération
13:42de la TVA pour les auto-entrepreneurs.
13:44Bref, à peine le budget voté
13:46dans les conditions qu'on connaît,
13:48le gouvernement est contraint de commencer à le détricoter.
13:50Est-ce que ça augure
13:52de la suite et de cette ambition réformatrice
13:54contrariée qui pourrait être celle
13:56de François Bayrou ?
13:57Justement, Henri Vernet, on vient d'entendre Éric Lombard
13:59qui s'est réjoui aussi
14:01d'un vrai effort de réduction
14:03du déficit public avec ce budget,
14:05grâce à ce budget. Est-ce que c'est vrai ? Est-ce qu'en réduisant
14:07de 10 milliards de dépenses publiques,
14:09ce budget renverse vraiment la vapeur ?
14:11Non, non. Si c'est au regard
14:13des efforts qui sont demandés à la France
14:15qui seraient nécessaires, étant donné l'ampleur
14:17des déficits publics, non,
14:19ça ne suffira clairement pas. Après,
14:21quand on voit cette marche arrière,
14:23parce qu'en effet, il n'y a plus de chance qu'une suspension
14:25débouche sur autre chose qu'un retrait pur et simple
14:27à terme, ça marque aussi, c'est aussi
14:29la marque d'un budget qui est avant tout politique
14:31avant d'obéir à une logique
14:33économique. Donc, on peut penser que de toute façon,
14:35un budget qui n'est pas réellement
14:37un projet économique
14:39pour ce pays,
14:41de toute façon, ce n'est pas ça qui sortira la France d'affaires.
14:43Néanmoins, dans l'immédiat, l'effet
14:45marche un peu quand même, parce qu'on a vu une relative
14:47détente sur les marchés financiers
14:49par rapport à la dette, l'endettement de la France,
14:51le coût de l'endettement pour la France.
14:53Ce qu'il sera maintenant à surveiller,
14:55c'est la trajectoire européenne, parce qu'on le sait,
14:57la France, elle est sous observation, elle est sous enquête
14:59de, comment dire,
15:01de la Commission européenne, justement,
15:03à cause de ses déficits, puisqu'il y a des règles,
15:05les fameuses règles de Maastricht, les 3%.
15:07Donc, tout cela, ça reste encore
15:09en cours. Donc, est-ce que ce budget,
15:11est-ce que la manière dont il sera appliqué,
15:13et puis aussi, il faudra regarder le budget de 2026,
15:15parce que là, il a franchi
15:17un des premiers, vous savez, dans l'immédiat,
15:19je crois qu'il me semble qu'il y a huit,
15:21vraiment plus d'huit mille, quoi.
15:23Donc, il y en a des pics, et donc celui de
15:252026 en sera un autre.
15:27Alors maintenant, ce qui est certain, c'est que
15:29une fois cette étape passée,
15:31disons qu'il peut vraiment montrer,
15:33enfin, afficher sa méthode, c'est-à-dire
15:35quel cordé, en quelque sorte,
15:37il a organisé. Il a géré l'urgence. Voilà.
15:39Maintenant, il faut passer, en effet, aux réformes.
15:41Donc là, on voit qu'il y a une méthode, Beyrou, ce matin,
15:43par exemple, dans Parisien, on raconte la manière dont
15:45il a convoqué,
15:47non, pas aux ors, mais enfin, très tôt,
15:49une espèce de mini conseiller ministre informel,
15:51au lendemain du vote de la censure, d'ailleurs,
15:53certains en râlaient, parce qu'ils trouvaient que c'était un petit peu tôt,
15:55je crois que c'était à 7h le rendez-vous,
15:57en donnant des consignes, parce que lui, oui,
15:59Beyrou, lui-même, en montagnard,
16:01en escale, comment dire,
16:03il démarre très tôt,
16:05et donc, en leur fixant un petit peu des groupes
16:07de travail, donc, des mini-cordés,
16:09on leur demandait d'être accessibles, bref,
16:11d'aller vers les gens, justement,
16:13de les recevoir, de les écouter,
16:15même de rouvrir les cahiers de doléances
16:17qui avaient émergé lors de la crise
16:19des Gilets jaunes, bref, vraiment, de travailler,
16:21et puis, parmi les chantiers, il y en a un qui va venir
16:23très vite, c'est les retraites.
16:25Non, non, mais les retraites, jusqu'à maintenant,
16:27le budget, ça y est, c'est fait,
16:29mais, enfin, jusqu'au prochain,
16:31mais les retraites, la fameuse
16:33concertation sur les retraites qui va s'ouvrir,
16:35et qui devra, à la fin, aboutir, elle aussi,
16:37au Parlement, à la fin, c'est-à-dire à la rentrée de septembre.
16:39Et justement, Julie-Marie Lecomte, parmi
16:41les dossiers, alors, il y a effectivement
16:43le dossier des retraites, est-ce qu'il y en a d'autres qui sont
16:45prioritaires sur l'appel de François Beyrou,
16:47selon vous ? Oui, je disais, en rayant le budget,
16:49mais, effectivement, c'est-à-dire que le budget
16:512026, il se prépare maintenant, donc,
16:53François Beyrou et ses ministres
16:55sont contraints
16:57de s'y pencher.
16:59En fait, la difficulté, c'est
17:01qu'on a eu un budget Frankenstein,
17:03et que le risque,
17:05c'est que le projet, là, si jamais
17:07François Beyrou se
17:09maintient pendant
17:11deux ans, ce qui est son objectif,
17:13c'est
17:15d'avoir un projet un peu
17:17Frankenstein, parce que le gouvernement
17:19a des difficultés,
17:21va avoir des difficultés, continuera
17:23à avoir des difficultés
17:25à porter des lois, donc il va beaucoup
17:27s'appuyer sur
17:29le Parlement, donc
17:31on peut avoir, une fois,
17:33une loi adoptée avec les
17:35macronistes à la gauche, une fois, une loi adoptée
17:37par les macronistes
17:39à la droite, et
17:41l'ERN, donc, au risque de ne pas
17:43véritablement voir quel est le cap,
17:45et on voit pas tout à fait
17:47comment François Beyrou va réussir
17:49à, lui, imposer
17:51un cap.
17:53Du compromis tout le temps, partout ?
17:55Du compromis tout le temps, d'ailleurs,
17:57l'annonce d'Éric Lombard
17:59hier soir,
18:01elle montre bien que, finalement,
18:03le projet, c'est quand même d'abord
18:05la stabilité, une
18:07forme d'apaisement,
18:09c'est-à-dire que,
18:11levé de bouclier énorme,
18:13une proposition de loi pour
18:15supprimer cet amendement
18:17du budget, qui vient de LFI,
18:19qui vient aussi du ERN,
18:21entre les deux, le gouvernement
18:23sort le frein à main,
18:25et probablement,
18:27ces
18:29ascensions de sommets
18:31successifs, dont parle
18:33François Beyrou,
18:35risquent de se
18:37transformer en une escalade
18:39où, en fait, l'accordé,
18:41je sais pas quel est exactement
18:43le terme, mais...
18:45Je suis pas un adepte de la montagne,
18:47je sais pas si je vais pouvoir vous aider.
18:49Voilà, on progresse, et puis, tout d'un coup,
18:51tout d'un coup, l'accord de lâche,
18:53on fait plusieurs mètres
18:55en arrière, et puis Henri,
18:57il disait, le moment
18:59crucial, ça va être
19:01l'été,
19:03la Cour des comptes rend son rapport le 19
19:05février, les syndicats et les partenaires
19:07sociaux vont sérieusement se mettre à travailler
19:09sur la réforme de la réforme borne,
19:11François Beyrou a promis
19:13aux socialistes qu'il y aurait
19:15un texte, même si l'accord n'est que
19:17partiel entre les syndicats
19:19et le patronat, et alors là, il rentre
19:21vraiment en zone rouge,
19:23d'autant plus qu'on arrivera au moment
19:25où Emmanuel Macron pourra se poser la question
19:27de dissoudre de nouveau ou pas.
19:29Et c'était une des idées, notamment,
19:31du Rassemblement National, qui
19:33mise sur une éventuelle dissolution. Renaud ?
19:35Ça, effectivement, le rendez-vous
19:37à l'issue du conclave, selon l'expression
19:39utilisée par François Beyrou sur les retraites, c'est effectivement
19:41le prochain rendez-vous décisif pour le gouvernement,
19:43avec, effectivement, cet engagement
19:45de retourner devant le Parlement pour lui donner
19:47le dernier mot. Mais même la façon dont François
19:49Beyrou a enclenché cette discussion illustre,
19:51à mon avis, sa méthode, c'est-à-dire que le fait de commencer par demander
19:53un rapport à la Cour des Comptes pour mesurer
19:55vraiment l'ampleur du déficit
19:57du système des retraites, ce qui est tout à fait
19:59justifié, mais en même temps, des rapports sur
20:01ce sujet-là, on en a un certain nombre depuis déjà
20:03un certain nombre d'années, je renvoie même, pour les plus
20:05anciens d'entre nous, au livre blanc sur les retraites
20:07de Michel Rocard, en 1990,
20:09qui était supposé être fondateur, qui est un peu
20:11daté maintenant, on regarde la situation financière
20:13Il a jauni. Il a jauni, effectivement,
20:15et les chiffres ne se sont pas arrangés, mais
20:17on voit bien qu'il est condamné au compromis,
20:19François Beyrou, donc il commence par
20:21un état des lieux sur ce sujet-là, comme sur
20:23d'autres, d'ailleurs. Ensuite, il va essayer de
20:25négocier à chaque fois, soit avec les
20:27socialistes, peut-être que certains textes passeront
20:29avec l'appui du Rassemblement National.
20:31Tout va être nouveau dans la période qui vient,
20:33parce qu'il y a aussi des textes qui vont être rejetés à l'Assemblée
20:35Nationale, sans pour autant que le gouvernement tombe,
20:37sans pour autant qu'il y ait un
20:3949-3 ou une motion de censure, mais
20:41ça peut arriver au vu de la configuration actuelle
20:43de l'Assemblée, et en grande partie,
20:45effectivement, François Beyrou va
20:47être, en quelque sorte, condamné par les circonstances
20:49à s'en tenir à des textes assez
20:51consensuels, soit très liés
20:53à la vie quotidienne des Français, soit le projet
20:55de loi d'orientation agricole qui doit enfin
20:57revenir devant le Parlement et qui est attendu, évidemment,
20:59par les agriculteurs, maintenant,
21:01depuis un certain temps.
21:03Et c'est là qu'on comprend, c'est d'ailleurs
21:05ce que dit Édouard Philippe. Édouard Philippe
21:07répète que rien de décisif ne pourra se faire
21:09d'ici 2027,
21:11avant la présidentielle. Il répond, c'est faux,
21:13on peut avancer. Il va même jusqu'à dire que c'est une
21:15idée anti-nationale, c'est ce qu'a dit François
21:17Beyrou, ce qui était quand même une expression extrêmement
21:19forte, mais au regard de la situation
21:21politique, c'est vrai que c'est
21:23plus l'ascension des Vosges, à priori,
21:25dans laquelle il va se lancer, que dans celle de l'Himalaya.
21:27C'est très beau, les Vosges. C'est formidable,
21:29les Vosges. C'est vrai que c'est un petit peu
21:31moins compliqué à escalader.
21:33C'est moins compliqué. Merci beaucoup, Renaud.
21:35Merci, Julie-Marie Lecomte, chef du service politique
21:37de France Info. Henri Vernet, rédacteur en chef
21:39adjoint au journal Le Parisien, aujourd'hui en France.
21:41A la une ce matin, les appels de démarchage.
21:43Exactement, ces appels qui rendent fous les Français, qui en ont
21:45assez de les recevoir, au lieu de démarchage téléphonique
21:47en tout genre. C'est-à-dire dans Le Parisien, aujourd'hui
21:49en France. Les informés reviennent ce soir
21:51autour de Victor Mathé. L'info continue
21:53sur France Info.