Premier ministre : Macron prolonge les consultations, LR exige une nomination rapide
Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h31 sur Europe 1, la suite d'Europe 1 13h avec vous Céline Giraud et aujourd'hui vos deux
00:07chroniqueurs du jour, Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef du site d'actualité Boulevard Voltaire
00:11et Jules Therese, journaliste politique au journal du dimanche. Et si vous nous rejoignez évidemment
00:16on va parler de politique, ça fait 50 jours aujourd'hui que le gouvernement Attal a donc
00:19démissionné, 50 jours que le pays avance sans premier ministre et jusqu'à quand cet interminable
00:24casting va-t-il se prolonger ? Chaque jour on se dit que c'est le dernier et chaque matin et bien
00:29on y retourne. La preuve si on est là avec vous Gabrielle Cluzel et Jules Therese, c'est aussi à
00:34cause de ça de finalistes pour Matignon, Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand et l'hypothèse, Xavier
00:39Bertrand, Jules Therese qui semble davantage se dessiner aujourd'hui en tout cas au moment où on
00:43se parle. Moi je n'y crois pas du tout pour la simple et bonne raison que le Rassemble National
00:47hier a fait savoir qu'il censurerait un gouvernement de Xavier Bertrand, vous savez il y a un petit
00:52passif quand même entre le Rassemble National et Xavier Bertrand, Marine Le Pen est face à lui
00:56dans le Nord Pas-de-Calais déjà en 2015, face à Sébastien Chenu lors des dernières régionales où
01:00il avait dit qu'il préférait appeler à voter pour un candidat communiste que pour un candidat
01:05du Rassemble National. Il l'a encore prouvé en appelant au barrage lors des dernières législatives
01:09donc évidemment le RN ne va pas lui faire ce cadeau-là. Donc moi je pense sincèrement que
01:14en effet le duel ce jour actuellement entre Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, ils ont
01:20malheureusement tous des avantages. Bernard Cazeneuve se ferait censurer par le nouveau populaire et
01:25par le Rassemble National donc ça me paraît un petit peu compliqué. Donc il y a un nom dont on parle
01:29assez peu finalement et qui commence à ressurgir c'est celui de David Lysnard. Et pour le coup le
01:34Rassemble National dit qu'il ne le censurerait pas forcément parce que c'est quelqu'un qui n'est pas
01:38du tout sectaire, c'est quelqu'un qui ne met jamais d'arguments moraux dans sa lutte contre le Rassemble
01:43National, c'est pas quelqu'un de gauche, c'est en effet plutôt un libéral mais qui est plutôt
01:47attaché au cadre de sécurité. Patron de l'association des maires de France donc habitué à discuter avec les gens de gauche et de droite.
01:53Donc il pourrait faire cette parenthèse là, ce sera sans doute le nom qui arrivera dans les prochains
01:58jours quand on saura que Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand sont exclus de Matignon.
02:02Mais c'est vrai qu'il faut quand même agir à un moment donné. On est à deux semaines, on est à 60 jours
02:09depuis le second tour des élections législatives. Emmanuel Macron y consulte, il a même consulté ses
02:15pères lundi dernier. Donc vous savez quand le président Jupiter en vient à demander des conseils
02:20à papa et maman, à ses deux prédécesseurs, on voit bien que le président est dans une impasse et qu'il est
02:25à court de solutions. Alors avant de vous entendre Gabriel, on va écouter Bruno Retailleau, le patron
02:29du groupe LR au Sénat qui était l'invité de nos confrères de BFM ce matin. Nous voulons, nous, un
02:33premier ministre de cohabitation, c'est-à-dire un premier ministre qui applique la constitution de
02:39la Ve République, article 20, c'est le gouvernement qui détermine et qui conduit la politique de la
02:44nation. Nous ne nous opposerons pas bien entendu à la nomination de Xavier Bertrand et nous avons
02:50posé au président de la République deux points qui nous semblent importants. Va-t-on sur des
02:56solutions de droite ou non ou de l'en même temps ? C'est-à-dire qu'à quoi servirait-il de nommer
03:01une personnalité de droite si c'est pour être un alibi à une politique de gauche ? Ça c'est le
03:06premier point. Et le deuxième point, c'est les institutions. Nous avons demandé au président
03:10de la République de vérifier la censurabilité, c'est-à-dire qu'il n'y ait pas une motion de
03:15censure aussitôt nommée, aussitôt censurée. Voilà Bruno Retailleau, le patron du groupe LR,
03:20des solutions de droite et un premier ministre de cohabitation. Gabrielle Clizel, Xavier Bertrand,
03:25pourquoi pas ? Alors Xavier Bertrand, vous savez, alors déjà cet épisode me rappelle, on a l'impression
03:30qu'on est dans Cendrillon, il y a Emmanuel Macron qui fait essayer la pantoufle de vin et personne
03:34ne rentre dedans. Alors est-ce que Xavier Bertrand au chauspier va réussir ? Non mais Xavier Bertrand,
03:39il devrait se souvenir de cet adage, il ne faut pas insulter l'avenir. Le problème, c'est que,
03:43Gilles Thorez l'a rappelé, cette phrase sur je préfère voter communiste que voter RN, c'est
03:48une formule très très forte. Surtout que dans l'imaginaire de droite, dans la conscience
03:55collective, le parti communiste, c'est quand même le parti aux centaines de millions de morts. Donc
03:58qu'un homme de droite soit capable de dire ça, c'est prodigieusement insultant. Alors je ne sais
04:02pas si vous avez vu le film Montecristo, et bien le Rassemblement National, c'est la revanche du
04:08comte de Montecristo. Donc on lui a fait le coup du barrage républicain, eux ils font le coup du
04:12barrage bertrublicain. Très sérieusement, je pense que de ce point de vue là, ça va être un peu
04:21compliqué et je me suis laissé dire qu'il y avait imaginé, Xavier Bertrand, que le RN ne ferait pas
04:26barrage. Donc je me dis, je croyais que les assureurs avaient les pieds sur terre, là je me
04:29pose quand même des questions. Au côté, voilà, on efface tout, l'ardoise magique, on a oublié le
04:35passé. Elle n'a pas une mémoire de poisson rouge. Et c'est vrai que finalement, ce que je trouve
04:41intéressant moi dans la séquence et notamment dans les deux derniers jours, c'est qu'on a dit
04:44oui le RN est en retrait, le RN revient de vacances tranquille où il laisse faire la poloche à toutes
04:49les oppositions. Et en fait finalement c'est Marine Le Pen qui décide de tout ces deux derniers jours.
04:54C'est-à-dire que Bernard Cazeneuve, elle dit non on censura, donc Bernard Cazeneuve, il exite. Là
04:59Xavier Bertrand, tout le monde est là, oui allez pourquoi pas, il ferait un bon Premier ministre de
05:04droite, mais il frasse pas la gauche. Marine Le Pen dit ah bah c'est non. 143 députés avec les alliés d'Éric Ciotti.
05:10Donc c'est très intéressant de voir qu'Emmanuel Macron a complètement perdu non seulement le
05:14contrôle et le récit médiatique. Voilà, on a beaucoup de papiers qui disent qu'il est à court
05:19d'idées, que c'est un théâtre, qu'il participe à un mauvais exercice de communication. Et de l'autre
05:26côté, on a Marine Le Pen qui arrive et qui finalement va probablement décider du prochain Premier ministre.
05:30Alors cela dit, on imagine mal, vous parliez de David Linard, c'est vrai que c'est une hypothèse qui séduit beaucoup à droite.
05:35Maintenant, on voit mal le nouveau front populaire à Doubaix, ne pas mêler de son île, il l'obstate.
05:40On se souvient, il a eu des paroles très fortes en matière d'insécurité. Je me souviens quand son
05:44administré, c'est-à-dire les dames à Cannes, je sais pas si vous vous souvenez, il avait dit
05:49quelque chose comme moi je serais peut-être en prison, si on avait fait ça à ma mère, j'aurais riposté.
05:56Donc c'est extrêmement fort. Il n'est pas évident qu'il trouve les bonnes grâces du nouveau front populaire.
06:02Alors il faut refaire un peu d'arithmétique. Est-ce que ça fonctionnera en débauchant les uns ou les autres ?
06:08La gauche ne pourra pas le censurer seule en tout cas.
06:10Voilà, c'est intéressant, mais l'hypothèse quand même reste encore très ténue.
06:14Et on reparle de la pression du Rassemblement national, on évoquait Marine Le Pen.
06:18On va écouter Sébastien Chenu, député RN, invité sur BFM ce matin à propos du profil de Xavier Bertrand.
06:24La première des choses, c'est de respecter les oppositions.
06:28En évitant de nommer un Premier ministre qui passerait son temps à nous insulter,
06:32à insulter les millions d'électeurs qui nous ont fait confiance.
06:35Comme Xavier Bertrand, qui a passé son temps à vomir sur les électeurs du RN.
06:39C'est pas une histoire de personne uniquement. Lorsqu'il était ministre de la Santé, c'est un bilan qui n'est pas glorieux.
06:44Dans la région, ça a été le financement pendant des années du lycée Aveyroès.
06:48C'est quand même aussi quelqu'un qui a fait de la communication, mais derrière, il y a peu de résultats.
06:53Donc nous, on le voit à la manœuvre, Xavier Bertrand. On n'a pas envie de ça pour notre pays.
06:56Voilà, Sébastien Chenu qui n'est pas tendre avec Xavier Bertrand.
06:59Et on le rappelle à Marine Le Pen qui demande trois choses pour éventuellement adouber un candidat.
07:06Le respect de son parti, on en a parlé. L'élection des députés à la proportionnelle.
07:10Et des engagements forts aussi sur l'immigration, la sécurité, le pouvoir d'achat et la dissolution dans un an.
07:18Voilà, ça fait quand même beaucoup de choses.
07:19Oui, mais en même temps, elle a raison parce qu'elle est actuellement en position de force.
07:23C'est-à-dire qu'on les pensait complètement hors du jeu, complètement en dehors des discussions et notamment des consultations.
07:29C'est ce qu'on a dit quand Emmanuel Macron les a reçus, pas lundi dernier, mais le lundi d'avant,
07:32en disant que le REN n'a pas grand-chose à gagner dans cette affaire.
07:36Ils ne pèseront rien dans la nomination du Premier ministre.
07:38En tout cas, c'est vrai que c'est ce qu'on avait écrit, mais on s'est tous trompés.
07:42C'est-à-dire qu'aujourd'hui, c'est Marine Le Pen qui va décider en mettant un certain nombre de conditions.
07:47C'est aussi un moyen pour Marine Le Pen d'écarter les profils qu'elle n'a pas envie de voir.
07:53Sébastien Chenu, je pense que c'est assez clair dans ses propos.
07:55Sébastien Chenu et Xavier Bertrand, ce sont des opposants politiques.
07:59Sébastien Chenu, quand il dit ce qu'il dit là, il pense évidemment aux prochaines régionales,
08:03parce que ce sera sans doute lui qui ira.
08:05Parce qu'il est député dans le Nord.
08:06Il est député à Denain.
08:08C'est lui qui était le candidat aux dernières élections régionales de 2021,
08:12où il s'était fait complètement battre par Xavier Bertrand.
08:16Donc évidemment, il joue les prochaines élections électorales
08:20et celles qui vont arriver, en tout cas la nomination du Premier ministre dans les heures qui viennent.
08:24Et du coup, Gabrielle Cluzel, peut-être pour le RN,
08:27qui pourrait adouber pour le coup ce profil de David Lysnard ?
08:31Oui, encore une fois, ce n'est pas impossible.
08:34Alors moi, je n'ai pas d'écho particulier sur cette question,
08:36mais c'est vrai, je te laisse la rappeler,
08:38c'est quelqu'un qui est resté par le passé très respectueux des uns et des autres, je dirais.
08:44Il n'a pas eu de mépris particulier pour le RN.
08:50Et puis, c'est vrai que son corpus d'action, je ne vais pas dire idéologique,
08:55parce que ce n'est pas vraiment un idéologue,
08:56mais ce qu'il développe n'est pas si éloigné
09:00que de cela des attendus particuliers du RN.
09:04Mais encore une fois, je lui trouve comme un profil très droitier.
09:09Je doute fort qu'à gauche, ça ne rue pas dans les brancards.
09:12Je vous rappelle que le Nouveau Front Populaire a nous expliqué
09:14pendant des semaines qu'ils avaient gagné les élections
09:17et que si on ne respectait pas les urnes,
09:19eh bien, ils iraient dans la rue.
09:21Alors, j'ai quelques doutes sur le regard qu'ils portent sur David Lysnard.
09:27Vous savez, c'est très ennuyeux quand même que cette période dure,
09:31parce que les Français sont en train de se dire
09:32mais en fait, finalement, on se passe très bien
09:35de tous ces gens-là qui nous coûtent très cher.
09:37Non mais discutez un peu, c'est vrai, c'est très particulier
09:41de voir que finalement, on est dans un bon bazar.
09:46Ce n'est pas le cœur de leur préoccupation aujourd'hui.
09:48Ils sont dans la rentrée de leurs enfants
09:51et puis rien n'a été résolu.
09:52Il faut quand même se rendre compte de ça.
09:53Il y a beaucoup de sujets d'actualité qui sont passés à la trappe
09:55avec cette espèce de petit jeu de ce sera-toi, ce ne sera pas toi.
09:59Il y a des projets de loi qui sont bloqués.
09:59On a beaucoup parlé d'homicide routier récemment.
10:01C'est bloqué notamment à l'aide parlementaire.
10:04On oublie qu'il se passe encore des choses en Nouvelle-Calédonie.
10:06On oublie, on oublie, on oublie.
10:07C'est aussi le problème d'un gouvernement démissionnaire.
10:09C'est qu'il n'est là que pour gérer les affaires courantes.
10:11Donc, il ne peut pas engager de projet de loi.
10:13Il ne peut pas engager de grande réforme.
10:15Là, on a discuté de plein de sujets.
10:17Finalement, depuis deux semaines,
10:18on a parlé des multirécidivistes avec le meurtrier d'Éric Comines.
10:24On a parlé des rodéos urbains à Vallauris.
10:26Il y a eu plein, plein, plein de sujets qui...
10:28On a parlé de la Nouvelle-Calédonie.
10:29En effet, il y a plein de sujets où on pourrait engager
10:32des réformes structurelles pour régler des problèmes.
10:35Mais avec des ministres démissionnaires, on ne peut pas.
10:38Oui, les Français n'en ont que faire de cette embouille
10:43et de ce bourrier parlementaire.
10:45Mais à un moment donné, il faudra quand même un gouvernement
10:47et un Premier ministre pour pouvoir enclencher à nouveau...
10:49Et voter le budget.
10:50Notamment pour le budget.
10:51Ça commence un peu à urger quand même.
10:53Il faut quand même se rendre compte de l'effet délétère,
10:55sémantique du mot démissionnaire.
10:56Parce que vous savez qu'il a un sens figuré, le mot démissionnaire.
10:59Quand on est démissionnaire, à son poste,
11:01c'est qu'on a baissé les bras et qu'on ne fait plus rien.
11:03Il faut chercher dans le Larousse,
11:04c'est la deuxième définition de démissionnaire,
11:07au sens figuré.
11:08A chaque fois qu'on entend dire
11:09« Il y a le ministre de l'Intérieur démissionnaire qui arrive,
11:11il y a le ministre de l'Éducation démissionnaire. »
11:14Écoutez, je pense que l'impression est assez tragique sur les Français.
11:20Je crois qu'il faut quand même se rendre compte.
11:21On entendra dans quelques instants Olivier Fauret, Eric Coquerel justement,
11:24qui, eux, balayent d'un revers de la main notre candidature,
11:28celle de Bernard Cazeneuve,
11:29et puis cette candidature d'Edouard Philippe qui arrive.
11:32Le timing interpelle.
11:34On en parle dans quelques instants, à tout de suite.
11:3501.80.20.39.21 pour Réagir, avec Céline Giraud, sur Europe 1.