• il y a 2 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il reçoit l'avocat d'Oscar Jegou et Hugo Auradou, les deux joueurs de rugby du XV de France, arrêtés en juillet dernier en Argentine pour "viol aggravé en réunion".

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Transcription
00:00Europe 1
00:03Europe 1, 11h-13h
00:07Pascal Praud et vous.
00:09Maître Antoine Veil est avec nous, bonjour.
00:11Vous êtes l'avocat des deux joueurs du 15 de France
00:13Oscar Gégouet et Hugo Auradou
00:15dans la nuit du 6 au 7 juillet
00:17après la victoire du 15 de France en test-match
00:19en Argentine. Une femme qui avait
00:21rencontré les joueurs en boîte de nuit
00:23et s'était rendue avec l'un d'eux à l'hôtel
00:25a dit avoir subi viol et
00:27violence de la part des deux
00:29Les inculpés reconnaissent des relations sexuelles
00:31mais affirment qu'elles étaient consenties
00:33et ni toutes violences. Nous sommes
00:35d'accord. Exactement.
00:37Les inculpés donc
00:39le sont toujours aujourd'hui ? Oui, ils sont
00:41libres puisque le parquet
00:43a prêt à avoir diligenté
00:45l'enquête et sur la base des éléments objectifs
00:47de l'enquête a décidé de les remettre en liberté
00:49mais ils doivent rester pour le
00:51moment sur le sol argentin
00:53le temps que soit une décision de remise en liberté
00:55totale soit prise et qu'ils puissent rentrer en France
00:57soit que le classement intervienne.
00:59Les joueurs ont récupéré leur passeport ? Oui
01:01ils ont rejoint la capitale
01:03argentine où ils vont
01:05attendre, là c'est une question de deux jours
01:07de savoir s'ils peuvent rentrer en France
01:09Et ils ont quitté Mendoza lorsqu'ils
01:11sont allés à Buenos Aires, on a interprété
01:13ce voyage comme une fin
01:15d'épisode douloureux pour eux.
01:17C'est pas encore fini puisqu'ils sont pas dans leur club
01:19ils sont pas dans leur famille et
01:21il y a de toute façon beaucoup de choses à remettre
01:23à plat, notamment dans leur pays
01:25en France, mais c'est vrai
01:27qu'on espère que d'ici quelques jours on va
01:29connaître les pilotes de cette affaire.
01:31Vous n'êtes pas allé en Argentine ? Non.
01:33Ils ont été défendus là-bas par des avocats
01:35d'ailleurs je crois que l'avocat
01:37qui les défend est le frère du ministre
01:39de la justice, c'est ça que j'ai lu
01:41dans la presse.
01:43Que quelqu'un soit le frère, le fils, le copain
01:45c'est pas ça qui est important, c'est un
01:47très bon et un très bon réputé avocat
01:49argentin qui était proche du
01:51milieu du rugby, qui a été choisi sur la base de ses
01:53compétences et surtout il a conduit
01:55la défense conjointement avec un avocat
01:57à Mendoza et les deux
01:59sont des avocats compétents qui ont fait leur travail
02:01je veux dire après que l'un soit
02:03l'un à Buenos Aires frère
02:05ou copain de X, c'est la même
02:07chose de l'autre côté j'ai envie de dire, un avocat
02:09c'est quelqu'un qui agit dans la société
02:11il se trouve que là c'est le frère du ministre
02:13mais ça n'a aucune forme d'incidence sur le fond du dossier.
02:15Vous n'êtes jamais allé en Argentine mais vous les avez
02:17échangés avec eux en visio j'imagine
02:19régulièrement ? Oui on travaille tous les jours
02:21on échange sur les éléments techniques, vous savez un dossier
02:23c'est assez important de le rappeler
02:25un dossier pénal c'est trois choses
02:27c'est un dossier, donc une enquête
02:29à charge et à décharge et donc
02:31les trois quarts des gens qui s'expriment sur le sujet
02:33n'ont jamais accès au dossier, ne savent pas de quoi ils parlent
02:35c'est les faits en fait. Ensuite il y a l'application
02:37de la loi, les trois quarts des gens qui s'expriment sur les
02:39dossiers judiciaires ne connaissent pas la loi, elle est compliquée
02:41en plus elle est argentine. Et puis enfin c'est un juge
02:43impartial et indépendant qui doit statuer
02:45sur le dossier en application de la loi
02:47et les trois quarts des gens qui s'expriment sur ce dossier
02:49ne sont pas juges. Donc on a un débat
02:51médiatique, un bruit médiatique
02:53qui se déroule parallèlement à une
02:55affaire judiciaire et c'est devenu assez insupportable
02:57dans la majorité des affaires médiatisées
02:59puisqu'il y a un décalage entre le fond
03:01du dossier et ce qu'on en raconte
03:03c'est pour ça qu'on est obligé d'intervenir
03:05nous avocats dans les médias. Et le décalage
03:07ici c'est qu'il a été établi
03:09que ces joueurs sont innocents
03:11dans le dossier. Les conversations,
03:13les vidéos surveillance, la nature des témoins
03:15ont établi qu'il n'y a pas eu de violence
03:17qu'il n'y a pas eu de viol. Mais on ne pourra
03:19jamais pour le moment, tant qu'ils ne sont pas
03:21rentrés dans notre pays, tant que les journalistes
03:23ne racontent pas bien le dossier judiciaire
03:25définitivement laver
03:27le fait qu'ils ont été
03:29innocentés et surtout qu'ils sont accusés à tort.
03:31Ce qui a été décisif, si j'ai bien compris, ce sont les vidéos
03:33vidéos de l'hôtel où cette
03:35dame avait dit des choses et manifestement
03:37les vidéos montraient des choses
03:39contraires. Il y a plusieurs éléments qui sont
03:41décisifs. La première chose, et ça on le
03:43savait dès les premiers jours, c'est qu'elle a
03:45fait de la scène un récit qui n'est pas possible.
03:47Elle dit qu'elle a été strangulée, asphyxiée,
03:49tirée au sol. Et on a eu
03:51très vite les marques de son corps. Comme c'est une
03:53personne qui marque beaucoup, on a découvert qu'elle était
03:55atteinte d'une maladie qui l'empêche de coaguler
03:57et qui fait qu'elle a mal des marques. Si elle avait été strangulée,
03:59tenue au sol et qu'elle avait subi
04:01les violences qu'elle décrit, il y aurait eu des marques. C'est ce qu'a dit
04:03l'expert médico-légal dans les tout premiers temps
04:05du dossier. Ensuite, on a eu les vidéos
04:07surveillance. Alors chacun les interprète comme il veut
04:09mais on voit bien que déjà ce n'est pas une personne
04:11qui a été attirée dans cette chambre.
04:13Et puis il n'y a pas de vidéosurveillance de ce qui s'est passé
04:15dans la chambre, mais ça a duré très longtemps. La chambre était
04:17ouverte, il y a quelqu'un qui est rentré, qui est sorti, etc.
04:19Puis on la voit ressortir de la chambre et on voit
04:21qu'elle n'a pas l'air marquée, elle n'est pas
04:23apeurée, etc. Moi, j'essaie
04:25d'être objectif, je ne fais pas une interprétation
04:27de la vidéo, mais les juges
04:29en tirent le fait que le récit qu'elle livre
04:31est difficilement compatible. On a aussi eu
04:33accès à des conversations
04:35qu'elle a eues avec une de ses amies
04:37très vite après les faits,
04:39dans lesquelles elle n'aborde absolument pas la question
04:41de violence. Elle a refusé de donner son
04:43portable, je crois. Elle a refusé de donner son portable,
04:45ce qui est son droit en droit argentin, mais qui
04:47en termes de vérité me pose un problème.
04:49Nous, on a donné les portables,
04:51on a donné tous les éléments qu'on pouvait donner.
04:53Donc on s'est retrouvés, si vous voulez, dans une course
04:55pour la vérité,
04:57mais une course dans laquelle on rencontre énormément
04:59d'obstacles, qui sont qu'on est toujours
05:01face à un courant qui dit respect des victimes,
05:03etc. Et on confond, dans la façon
05:05dont on met le débat en place, le fait
05:07de vouloir défendre les victimes, de vouloir
05:09défendre les femmes qui sont victimes de violences, c'est normal.
05:11Mais c'est un tout autre débat
05:13que le fait de devoir organiser
05:15la défense de deux joueurs qui sont
05:17accusés à tort.
05:18Qu'est-ce qui fait, alors que l'enquête
05:20semble avoir
05:22enlevé les charges
05:24qui pesaient sur eux, qu'est-ce qui fait
05:26qu'ils ne sont pas encore en France, et quelle est la prochaine
05:28étape judiciaire ?
05:29Parce qu'il existe une différence
05:31forte, structurelle, dans tous les dossiers,
05:33une différence entre le temps
05:35judiciaire et le temps médiatique.
05:37Et même, j'ai envie de dire, le temps humain.
05:39Vous savez, il y a des dizaines de gens...
05:41Ils sont que l'incarnation
05:43de gens. Vous savez, en France, il y a des gens...
05:45Ils ne sont pas à Buenos Aires,
05:47ils sont chez quelqu'un qui les a
05:49hébergés et qui attend la décision.
05:51Ce qu'on appelle résidence sur l'île.
05:53Là, ils sont libres. Ils peuvent se déplacer,
05:55ils sont libres. Mais ils n'ont pas le droit de quitter le pays, mais ils sont libres.
05:57Alors que quand ils étaient à Mendoza...
05:59Ils étaient libres aussi, mais ils n'avaient pas encore leur passeport.
06:01Maintenant, ils peuvent voyager.
06:03Ils ont été quand même incarcérés ?
06:05Non, ils ont été maintenus pendant le temps de leur garde à vue.
06:07Et le premier signal positif,
06:09quand même, quant à leur absence de responsabilité,
06:11c'est que tout de suite, ils ont été placés en résidence
06:13surveillée et pas détenus.
06:15Alors que le régime, quand on a un dossier qui est
06:17suffisamment solide, avec une plaignante,
06:19je dirais, suffisamment crédible, c'est quand même
06:21de placer les gens en détention.
06:23Ils étaient où à ce moment-là ? Qui les surveillait ?
06:25En fait, ils se sont surveillés
06:27parce qu'ils n'ont pas le droit de sortir et que c'est des gens à qui ont fait confiance
06:29et que d'ailleurs, ils ont respecté leur contrôle judiciaire.
06:31Mais ils étaient en résidence
06:33avec la possibilité de communiquer avec le monde extérieur.
06:35Mais pour vous dire la vérité, ils ne sont pas non plus
06:37beaucoup sortis parce qu'il y avait
06:39des dizaines de journalistes aux abords
06:41de leur maison. Ils auraient eu le droit d'ailleurs
06:43de communiquer, de faire une visio
06:45avec une télé française ou un journaliste français
06:47parce qu'on ne les a pas entendus, ils n'ont pas pris la parole
06:49dans les médias. Non, et c'est d'ailleurs
06:51aussi quelque chose qu'il faut remettre à plat.
06:53L'exercice des droits de la défense fait que vous pouvez
06:55vous exprimer, vous pouvez avoir un avocat et vous pouvez
06:57même, d'une certaine façon, discuter les éléments du dossier.
06:59Mais nous, on a eu collectivement
07:01une attitude qui était respect pour la justice
07:03argentine. On n'a pas essayé
07:05d'établir des éléments, de les faire fuiter.
07:07Vous savez, les photos de la plaignante, ce n'est pas nous qui les
07:09diffusons. Les vidéos de surveillance...
07:11Les vidéos de surveillance, on les a depuis
07:14le jour numéro un. Vous les avez vues dans les médias ?
07:16Non, on les a remis à la justice, elle les a analysées.
07:18Donc, on a eu une attitude assez irréprochable
07:20vis-à-vis de l'autorité judiciaire argentine.
07:22Des fois, ce n'est pas payant
07:24parce que des fois, c'est dur de se battre
07:26contre une autorité judiciaire. Mais là, il se trouve
07:28que sur la base de ces éléments objectifs,
07:30on a fait avancer le dossier. Et oui, il y a un décalage
07:32entre le temps où on peut parler de leur
07:34innocence et le temps où ils sont mis en cause.
07:36Maître Andouet devait être avec nous. On va marquer une pause
07:38et c'est passionnant d'abord de
07:40vous écouter. C'est la première fois qu'on peut
07:42vous écouter en longueur sur cette
07:44antenne d'Europe 1 et évidemment,
07:46je vous interrogerais pour savoir comment vont-ils
07:48la dernière fois que vous les avez eues en
07:50visio, que vous ont-ils dit ?
07:52Et puis, également, j'imagine
07:54le traumatisme pour les familles,
07:56pour peut-être leurs petites amies
07:58et également leurs compagnes parce que
08:00c'est une déflagration lorsqu'une
08:02affaire de ce type entre dans une vie.
08:04Et vous pouvez réagir au 0180
08:0620 39 21. Le numéro
08:08est non surtaxé. Vous écoutez Pascal Praud
08:10de 11h à 13h sur Europe 1.
08:12Europe 1.
08:14Antoine Vey est
08:16avec nous. C'est l'avocat des deux joueurs du 15 de France
08:18Oscar Gégou et Hugo Auradou
08:20et il nous raconte précisément ce qui
08:22s'est passé depuis le 6 et 7
08:24juillet. Vous les avez eues de nombreuses fois,
08:26j'imagine, en visio. Dans quel état
08:28d'esprit aujourd'hui sont-ils ?
08:30Depuis le début, de toute façon,
08:32ils sont combattifs et ils ont la chance,
08:34si vous voulez, d'être très entourés
08:36au niveau des clubs, au niveau de leur famille
08:38par des gens qui n'ont jamais douté de leur innocence
08:40une seule seconde. Donc ça, c'est déjà
08:42différent de beaucoup de dossiers dans lesquels
08:44la simple accusation fait qu'on vous
08:46fragilise énormément la famille,
08:48le travail. Donc là,
08:50ils ont été soutenus et
08:52ils ont évidemment toujours
08:54clamé leur innocence de manière très claire
08:56et surtout, leur version colle
08:58parfaitement avec les éléments objectifs
09:00qu'on a recueillis petit à petit. Donc ça les a
09:02quand même confortés que, d'une part,
09:04ils disaient la vérité,
09:06qu'elle était établie par des éléments objectifs
09:08et heureusement qu'il y a ces éléments. Je veux dire,
09:10s'il n'y a pas de vidéosurveillance, s'il n'y a pas de téléphone
09:12portable, s'il n'y a pas de témoignages,
09:14vous comprenez que dans ces dossiers-là,
09:16la présomption d'innocence, ça ne veut plus dire grand-chose.
09:18Donc, ils ont été là et puis maintenant,
09:20comme c'est des sportifs, si vous voulez,
09:22il y a quand même le corps,
09:24la préparation. C'est des sportifs qui devaient
09:26reprendre la saison maintenant.
09:28Donc maintenant, ils vivent un petit peu quelque chose
09:30qui est difficile pour eux, qui est l'idée de savoir
09:32est-ce que ça va se déboucler ou pas
09:34et comment le faire ? Mais c'est des gens qui ont un très gros
09:36mental et qui ne se sont pas
09:38disputés parce que, vous savez,
09:40ils sont aussi confinés.
09:42Et le confinement, moi j'ai connu ça dans d'autres affaires avec
09:44deux personnes, fait qu'après, on refait tout
09:46le match justement et voilà. Donc ils sont restés
09:48solidaires, tout le monde autour d'eux est resté solidaire
09:50et c'est pour ça qu'on a à cœur maintenant que le
09:52dossier se termine et qu'il avance. Il n'est pas terminé.
09:54Il n'est pas terminé et une des raisons pour lesquelles
09:56on intervient aussi aujourd'hui, c'est qu'on est dans une
09:58phase très sensible où on espère un
10:00classement et il faut que les choses
10:02se fassent avec le respect
10:04des institutions et des autorités judiciaires.
10:06Il ne faut pas faire de pression. Ce qu'on
10:08a vu là depuis deux semaines, c'est de la
10:10pression et de l'instrumentalisation des
10:12médias pour essayer de faire en sorte que
10:14la chose judiciaire déraille.
10:16Donc il faut faire ce qu'on a fait depuis le début.
10:18Là vous parlez du camp adverse et notamment
10:20de ces photos qui ont été publiées
10:22hier dans un magazine
10:24argentin sans doute.
10:26On n'a pas parlé d'ailleurs de l'opinion publique
10:28argentine et du traitement de l'affaire en Argentine.
10:30Tous les pays sont très différents
10:32et en Argentine c'est
10:34un pays qui d'une certaine façon ressemble un peu
10:36plus aux Etats-Unis mais qui a aussi cette
10:38dominante d'Amérique latine dans lequel
10:40le droit des femmes est très protégé
10:42dans la loi. C'est par exemple en Amérique
10:44latine qu'on reconnaît le terme féminicide
10:46qu'en France on ne reconnaît pas. Donc il y a
10:48effectivement un courant très fort en faveur
10:50du droit des femmes et
10:52le problème c'est qu'on a l'impression qu'en
10:54défendant des innocents, on se trouve
10:56en contradiction
10:58avec cette volonté de défendre
11:00le droit des femmes. Ce qui est complètement
11:02grotesque.
11:04Donc le débat judiciaire c'est impartial, c'est
11:06à charger, à décharger. Les droits de la plaignance
11:08sont les mêmes que les droits des mises en cause.
11:10Et c'est vrai que depuis le début, le jour 1,
11:12l'avocat de la plaignante
11:14est monté au créneau médiatique
11:16à mon avis en donnant même une version
11:18aux médias avant même que la version soit donnée
11:20à la justice. Et ça on le voit dans les dossiers
11:22en France et c'est vraiment très négatif.
11:24Ça détruit les gens, ça
11:26ne donne pas à l'opinion publique une version
11:28objective des choses. Il faut toujours
11:30avoir une opinion avant même que l'on sache ce qui s'est
11:32passé et ça peut faire dérailler
11:34la justice, ça peut faire condamner des innocents
11:36ou ça peut au contraire enrayer
11:38les droits des victimes. Est-ce que vous avez des
11:40décisions à nous donner sur la tentative
11:42de suicide de
11:44la plaignante ? Déjà,
11:46moi je suis avocat de la défense, donc je ne suis
11:48pas là pour juger des éléments
11:50par rapport à cette plaignante.
11:52Est-ce qu'ils sont à votre disposition ? Non, ils ne sont pas
11:54à ma disposition, je n'ai pas d'éléments
11:56objectifs qui visent à savoir ce qui s'est
11:58passé, ce que j'ai c'est une lettre. En fait la question
12:00c'est si la tentative
12:02de suicide, alors
12:04j'imagine il y a quelques degrés, si elle n'est pas
12:06en état de pouvoir
12:08comparaitre
12:10ou en tout cas de venir devant
12:12le tribunal, est-ce que les deux
12:14rugbymans sont contraints de rester
12:16plus longtemps en Argentine ? C'est ça qu'il y a
12:18derrière ma question. Non, pas forcément, d'abord
12:20il faut évaluer, si c'était cet
12:22élément qui avait expliqué un
12:24report, ça serait assez audible, mais
12:26ça fait déjà trois fois qu'on attend et
12:28avant ce n'était pas une tentative de suicide,
12:30c'était un problème gastrique et avant
12:32c'était quelque chose d'autre.
12:34Ça peut être le cas, que une personne
12:36soit tellement marquée qu'elle ne puisse pas se présenter à une expertise.
12:38Dans ce cas-là, la justice le reporte, c'est ce
12:40qui est en train de se passer. Est-ce que ça aubert
12:42la possibilité de retour en France ? Non.
12:44Si on estime que les éléments objectifs qui sont
12:46rentrés ne sont pas de nature à être
12:48infirmés par cette expertise qui doit être conduite.
12:50Et nous on est assez demandeurs de cette expertise
12:52parce qu'il faut pouvoir expliquer pourquoi
12:54une personne irait globalement
12:56dire des choses qui ne se sont pas passées, dans
12:58quel contexte, etc. Si on est innocent,
13:00on ne craint pas les éléments de la justice.
13:02Et c'est vraiment notre position dans ce dossier.
13:04Je voulais également nous interroger sur le traitement médiatique
13:06parce qu'effectivement,
13:08lorsqu'on a eu cette information, lorsqu'on
13:10l'a lue dans les journaux,
13:12sans doute que beaucoup de gens ont pensé
13:14que ces deux rugbymans étaient
13:16coupables. Parce que
13:18aujourd'hui on est dans un certain
13:20climat qui
13:22nous pousse à penser
13:24que la parole des femmes
13:26est sacrée. La parole
13:28des femmes n'est pas sacrée, bien sûr,
13:30elles peuvent mentir. Il y a des femmes
13:32et des hommes qui peuvent raconter
13:34des choses fausses. Et l'avocat
13:36que vous êtes, peut-être, doit être
13:38doit nous dire
13:40à la presse et puis
13:42à l'opinion publique, d'être peut-être
13:44plus vigilant. Oui, ce qui est clair
13:46c'est qu'on n'est pas dans une époque qui est consolidée.
13:48On a eu forcément une époque où la parole
13:50des victimes et des femmes, il y a des femmes
13:52victimes, il y a des hommes victimes, mais la parole des victimes n'était
13:54pas suffisamment écoutée.
13:56Il y avait effectivement un jeu de pouvoir qui faisait
13:58qu'il y avait des gens qui étaient écrasés par le système.
14:00Et puis, sous le vent
14:02de ce qui s'est passé notamment aux Etats-Unis,
14:04on a eu des victimes toutes puissantes.
14:06C'est-à-dire, plus la nécessité de démontrer ce qu'on
14:08dit, le simple fait de le dire, le matérialise.
14:10Aujourd'hui, on est dans une période
14:12où il faut faire très attention, parce que
14:14on voit bien la succession de gens
14:16qui ont été innocentés. Vous savez, il y a
14:18le footballeur anglais, enfin, Mandy, qui est français
14:20mais qui a été innocenté. Il y a des acteurs,
14:22il y a... Ari Abitant, l'affaire Ari Abitant
14:24est très intéressante, même si elle n'est pas tout à fait
14:26terminée, il n'empêche que
14:28elle est en passe de se terminer.
14:30La justice ayant finalement rattrapé
14:32un peu ce débat médiatique qui s'est calé, on a commencé
14:34à avoir des occurrences dans lesquelles les gens sont condamnés
14:36mais il y a aussi des gens qui ne le sont pas.
14:38Et même quand ils ne le sont pas, on voit bien qu'ils ne
14:40peuvent plus reprendre le fil de leur vie d'avant.
14:42On a un vrai problème de toute façon
14:44de régression quand il y a un mouvement
14:46qui se crée. Celui-là, c'était de libérer
14:48la parole des victimes, le fait de croire
14:50les victimes, qui est positif en fait.
14:52Ce n'est pas parce qu'on est avocat de la Défense qu'on ne pense pas que les victimes
14:54devraient être entendues. Et puis, dans le mot
14:56victime, il y a mille choses. Comprenez
14:58la femme qui a parlé hier et qui a perdu son mari,
15:00elle est victime, quoi qu'il se passe.
15:02Ce n'est pas la même chose que quelqu'un qui se plainte de quelque chose
15:04qui ne s'est pas produit. Donc, c'est pour ça qu'on a
15:06un mot qui s'appelle plaignant.
15:08Et ça, je pense que la société
15:10ne l'a pas encore totalement intégré
15:12parce qu'elle a voulu épouser cette vague.
15:14Elle n'a pas intégré les dommages collatéraux
15:16que ça crée. Et aujourd'hui, clairement,
15:18si on prend la parole, c'est pour dire qu'on a encore
15:20l'espoir que quand ces deux genres vont revenir,
15:22ça ne va pas empêcher la possibilité
15:24qu'ils jouent dans leur club, mais surtout qu'ils soient encore sélectionnés
15:26en équipe de France. Et ça ne va pas remettre
15:28en cause la bonne opinion qu'on pouvait
15:30avoir d'eux avant cette soirée.
15:32Dernière chose, c'est une déflagration
15:34quand ce type
15:36d'affaires arrive. J'imagine
15:38que vous avez peut-être eu les parents
15:40au téléphone régulièrement
15:42de ces deux joueurs, Hugo Radou
15:44et Oscar Gégou. Peut-être également
15:46leur compagne avec qui
15:48ils étaient. Et forcément,
15:50c'est une déflagration
15:52et que la vie
15:54ne sera pas exactement sans doute
15:56comme avant. Oui, parce qu'il y a une double déflagration.
15:58Il y a le fait de voir rentrer l'autorité judiciaire
16:00dans votre vie privée. Et si c'est légitime,
16:02on peut le faire, mais si
16:04on pense que c'est illégitime, c'est très dur.
16:06Et il faut pouvoir avoir des avocats pour se battre.
16:08Et puis il y a la médiatisation, qui là
16:10est une deuxième déflagration, j'ai envie de dire atomique.
16:12Parce que du jour au
16:14lendemain, vous devenez
16:16attaché qu'à l'image qu'on a créée de vous.
16:18Et cette image, elle ne correspond pas.
16:20Oui, mais forcément...
16:22Ils ont une vie privée, ils ont effectivement
16:24plein de choses qui sont
16:26finalement les remparts de la vie privée. Aujourd'hui,
16:28ils sont facilement démolis.
16:30Et là, j'ai expérimenté avec ce dossier,
16:32mais on le voit de plus en plus. Vous savez, il y a une presse
16:34dite d'investigation, mais qui n'est pas la presse
16:36d'investigation politique. C'est un autre truc.
16:38C'est ceux qui vont faire les poubelles, les photos,
16:40les choses comme ça. Si elles vous
16:42pourchassent, votre vie devient impossible.
16:44Et ça, c'est une autre protection.
16:46C'est pour ça qu'il y a la défense pénale,
16:48mais il y a aussi la protection de la réputation,
16:50qui est quand même un domaine du droit
16:52qui doit évoluer. Et de ce point de vue-là,
16:54je ne sais pas leur état psychologique.
16:56C'est des grands gaillards.
16:58Ils sont psychologiquement forts,
17:00mais il va falloir leur le septembre revenir.
17:02Le calendrier, à votre avis, quand est-ce qu'ils seront en France ?
17:04J'espère qu'ils seront en France
17:06dans les prochains jours.
17:08Mais moi, c'est une espérance. C'est-à-dire qu'avant la fin
17:10du mois de septembre, vous pensez qu'ils seront rentrés ?
17:12Il faut qu'ils rentrent, parce qu'il faut qu'ils reprennent
17:14le fil de leur vie, parce que ça fait des
17:16dommages. Et il faut qu'ils reprennent la compétition sportive,
17:18parce que c'est des sportifs.
17:20Je vous remercie grandement, Antoine West.
17:22C'était la première fois que vous veniez dans notre émission
17:24depuis qu'elle a commencé
17:26sur Europe 1,
17:28depuis un an et quelques jours.
17:30Merci grandement.
17:32Vous êtes avocat. Vous avez longtemps travaillé
17:34avec Maître Dupond-Moretti. Vous étiez son
17:36associé, je crois. Vous l'avez de temps en temps
17:38au téléphone. Et le jour où
17:40il arrête, parce que j'ai l'impression qu'il est
17:42ministre démissionnaire, il reprendra la robe ?
17:44Je ne sais pas. Je crois qu'il a dit
17:46que c'était quelque chose à quoi il réfléchissait.
17:48Mais les modalités de ça, ce qui
17:50va se passer, je crois que toute la France est au courant que c'est
17:52assez incertain. Est-ce que c'est un bon ministre
17:54de la Justice, Monsieur Dupond-Moretti ?
17:56Je ne suis pas objectif.
17:58Quand on parle de quelqu'un avec qui on a travaillé,
18:00avec qui on a des bons contacts, on n'est pas objectif.
18:02Moi, je trouve que c'est quelqu'un
18:04qui a essayé de remplir son office avec
18:06l'énergie et l'intégrité que je lui connais.
18:08Et il a fait des choses.
18:10Encore une fois, critiquer en permanence
18:12les dirigeants et les responsables, ça ne mène nulle part.
18:14Moi, j'ai vu quelqu'un qui était à la tâche,
18:16qui s'est positionné
18:18rapidement dans un métier qui n'était pas le sien.
18:20Et c'est aussi positif de voir des gens qui ne sont pas des
18:22politiques de carrière. Et je pense
18:24qu'il a fait des choses vraiment positives
18:26pour tout le monde. Et il a aussi, d'une certaine
18:28façon, réussi, alors que ce n'est peut-être pas
18:30ce qu'on pensait de lui au début, à pacifier
18:32un petit peu certaines relations.
18:34Et voyez, hier, moi, j'étais dans une prison
18:36et il y a eu cette fameuse
18:38fusillade à Lille. Et moi, j'étais
18:40à l'intérieur, mais j'ai été protégé par les surveillants pénitentiaires.
18:42Et je me suis dit, s'il n'y a pas les surveillances pénitentiaires,
18:44notre métier serait bien dangereux. S'il n'y a pas
18:46les juges, il ne sert à rien. Donc, j'ai aussi
18:48l'idée que cette séquence
18:50qui se passe, là, en ce moment,
18:52c'est aussi la possibilité de rappeler
18:54qu'on travaille ensemble. Et en ce sens, je trouve que ça a été
18:56plutôt un bon ministre, parce qu'il a vraiment fait
18:58des efforts pour que les gens se parlent.
19:00Merci grandement. Antoine Veil,
19:02revenez quand vous voulez, parce que
19:04ces dossiers nous intéressent toujours.
19:06Et ces dossiers de justice intéressent également
19:08beaucoup les auditeurs. Et les 12h28,
19:10nous marquons une pause. A tout de suite !
19:12Vous écoutez Pascal Frodot, 11h à 13h, sur Europe 1.

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