Kamilya, 7 ans, est décédée après avoir été percutée par un homme placé sous contrôle judiciaire

  • il y a 2 semaines

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.

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00:00Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:08Camilia avait 7 ans, un motard, un délinquant de 19 ans lui a enlevé la vie, fauché sur un passage piéton jeudi soir vous le savez.
00:17Un homme qui roulait sur une seule roue, sa roue arrière, une moto transformée en arme.
00:21Même dans sa mort elle n'a pas pleuré, les mots du père de Camilia sont bouleversants, la double peine pour les parents.
00:28Le délinquant qui a tué leur petite fille est placé pour le moment sous contrôle judiciaire, il est donc libre.
00:33Le procureur avait requis la détention provisoire, le juge des libertés, le juge d'instruction aussi, mais le juge des libertés en a décidé autrement.
00:42Vous allez pouvoir réagir bien sûr, est-ce que vous êtes choqué ou pas ?
00:47C'est toujours difficile d'ailleurs de commenter une décision de justice, surtout aujourd'hui parce qu'il y a un prisme idéologique.
00:53Les gens de droite commentent cette décision d'une certaine manière, les gens de gauche la commentent d'une manière opposée.
01:00Avant d'être avec Maître Antoine Réglet, qui est avocat au barreau de Lille, je vous propose d'écouter Isabelle Véramasson, elle est directrice de recherche au CNRS.
01:09Elle était vendredi sur BFM et ce qu'elle avait dit avait provoqué le tollé sur les réseaux sociaux.
01:16Ces jeunes gens qui font des rodeaux urbains, ce ne sont pas des voyous.
01:20Ce sont des jeunes gens qui, d'ailleurs c'est intéressant l'idée du Covid, qui s'ennuient, qui n'ont pas de distraction.
01:27C'est West Side Story, on se retrouve dans les bandes, on fait des bêtises, etc.
01:31Alors parfois ça a des conséquences épouvantables, donc c'est clair.
01:34Mais décider de mettre en prison ou d'être extrêmement répressif à garde ces jeunes gens qui deux ans après vont se marier, vont trouver du boulot,
01:41et finalement seront des citoyens comme vous et moi, c'est un peu comme le tag.
01:44J'avais une amie de très bon champ dont son fils faisait des tags et c'était dangereux.
01:49Parce que finalement, pour lui déjà, je crois qu'il est...
01:52Et en même temps c'est un bon garçon maintenant, il est marié, il a des enfants, il a un très bon travail.
01:55Donc peut-être même pas que c'est interdit, j'imagine pour certains.
01:59Non mais je vous assure parfois, quand je dis surpris,
02:04Madame Vera Masson, il se trouve que je la connais parce qu'elle est souvent venue au commencement de l'émission L'heure des pros sur CNews.
02:12C'est une femme vraiment charmante, très agréable et vraiment de bonne compagnie comme on dit.
02:17Mais elle est chercheuse au CNRS, elle dit n'importe quoi.
02:21C'est-à-dire que comparer quelqu'un qui fait des tags, qui donc ne met en danger la vie de personne,
02:26avec quelqu'un qui roule à vive allure, sur la chaussée, en roue arrière,
02:33je vous assure, les bras parfois m'en tombent devant des comparaisons qui me paraissent tellement hors de propos
02:41et qui viennent d'une femme quand même qui est à la fois cultivée et intelligente
02:46et qui a sûrement de bons sentiments par ailleurs.
02:50Donc vous êtes quand même surpris parfois.
02:54Je voudrais qu'on écoute le père très rapidement, quelques secondes.
02:58Et il faut peut-être tendre l'oreille parce que c'est exprimé hier, c'est le père de Camélia.
03:04On m'a dit qu'elle n'a pas souffert, c'est le plus important.
03:07Et même dans sa mort, elle n'a pas pleuré.
03:09Elle n'a pas pleuré pendant sept ans, elle n'a pas pleuré quand elle est morte.
03:12Et puis Manon Aubry, qui est députée européenne de la France Insoumise,
03:15je disais que les réactions de droite et de gauche sont tellement prévisibles.
03:19Chacun est dans son couloir et Madame Aubry, d'une certaine manière,
03:24s'est perçue en tout cas comme une forme d'indulgence qu'il faudrait avoir de la justice.
03:31L'émotion légitime, forte ce matin, ne doit pas conduire à la remise en cause de nos principes fondamentaux
03:38qui sont les principes qui ont régi la justice depuis maintenant des dizaines voire des centaines d'années dans notre pays
03:43et donc qui doivent permettre à la justice de travailler sereinement.
03:46Je souhaite une condamnation la plus rapide possible, mais je laisse la justice faire son travail
03:52et je ne profite pas de ce drame pour remettre en question nos principes fondamentaux.
03:56Oui, alors là c'est deux poids deux mesures parce que lorsqu'il y a un policier qui tue Naël lors d'un contrôle routier,
04:04Madame Aubry et d'autres, elle intervient immédiatement.
04:08Et puis quand elle dit les principes de la justice sur des centaines d'années,
04:13je ne sais pas d'où elle remonte, mais il ne me semble pas que la justice sous Louis XIV ou sous Saint-Louis
04:20avait grand chose à voir avec la justice aujourd'hui pratiquée en France.
04:25Maître Antoine Réglet, vous êtes avocat au barreau de Lille. Bonjour maître.
04:30Bonjour Pascal.
04:31Et merci d'être avec nous. Alors l'avocat que vous êtes, comment décrypte-t-il cette décision ?
04:39On rappelle que le parquet avait fait appel, le parquet avait donc demandé la détention pour ce chauffard
04:45et j'allais dire ce chauffard criminel, mais on ne peut pas le qualifier comme ça d'une manière juridique.
04:54Donc le parquet avait fait appel et il avait demandé la mise en détention de ce chauffard. Votre réaction ?
05:01Ma réaction, elle est d'abord celle de l'homme, du père, du citoyen, de l'avocat aussi,
05:07qui est de penser évidemment à toutes ces familles endeuillées, c'est plus de 3000 familles par an qui sont endeuillées,
05:13d'avoir une pensée aussi pour la famille du gendarme, puisque l'hommage se rend aujourd'hui.
05:18L'avocat vous dira aussi, et c'est compliqué aujourd'hui de parler de droit et d'expliquer cette décision,
05:24étant précisé qu'expliquer n'est pas justifier. Aujourd'hui on a un code de procédure pénale,
05:29on a une loi qui vient dire la détention provisoire, c'est l'exception.
05:33Il y a sept critères à la détention provisoire.
05:36Il y a un critère ici qui aurait pu être peut-être retenu, c'est le risque de récidive ou de réitération.
05:41Le juge des libertés de la détention, constatant qu'il n'y a pas de casier judiciaire,
05:45peut-être s'est-il dit qu'il n'y avait pas ce risque et qu'en tout cas on pouvait prévenir ce risque par le contrôle judiciaire.
05:52Donc juridiquement et juridiquement seulement, cette décision peut trouver une explication,
05:57mais un autre juge pourrait très bien vous dire que le risque de réitération existe.
06:02Aujourd'hui je veux dire aux Français qui nous écoutent, l'émotion on la partage tous,
06:07et même les avocats de la défense les plus chevronnés la partagent.
06:10Aujourd'hui on a un code de procédure pénale, il est appliqué.
06:13Si on en veut à quelqu'un, il faut en vouloir peut-être à ceux qui rédigent des lois,
06:17que les juges aujourd'hui appliquent, tout simplement.
06:20Ce qui est intéressant c'est que le trouble à l'ordre public, et j'ai appris ça ces dernières heures,
06:24n'existe plus en matière correctionnelle depuis de nombreuses années,
06:29et là encore ça va dans le sens d'une forme d'indulgence de la justice.
06:34C'est en tout cas comme ça moi que je l'analyse,
06:37et on a le sentiment depuis 40 ans d'une justice sur ces sujets-là,
06:42parce qu'elle n'est pas toujours la justice indulgente, sur d'autres sujets elle l'est moins,
06:49mais sur ces sujets-là on a le sentiment, en tout cas j'ai le sentiment, je peux parler en mon nom,
06:54qu'il y a une forme d'indulgence.
06:57Oui, il y a une forme d'indulgence, peut-être aussi parce qu'on ne sanctionne pas assez en amont
07:03ceux qui vont conduire alcoolisés, ceux qui vont conduire sous stupéfiants, on en a déjà parlé.
07:08Ces gens-là, même quand ils sont en récidive, ne voient plus aujourd'hui le tribunal,
07:12ils bénéficient d'alternatives aux poursuites.
07:14Dans l'affaire du gendarme, on l'a vu, le prévenu, il en est à 9 condamnations,
07:18la dernière fois, l'an dernier, il a eu une composition pénale,
07:21c'est-à-dire quasiment rien, presque un rappel à la loi, alors qu'il avait déjà été condamné,
07:25et donc si le choix du parquet dans ce dossier-là avait été fait de le mettre en comparution immédiate,
07:31c'est-à-dire d'être présenté à des juges, les menottes au point,
07:34il serait très certainement parti en détention, et alors il n'aurait pas pu tuer ce gendarme.
07:39Donc il y a aussi une indulgence peut-être de la loi, mais il y a des choix de différents parquets
07:45qui sont extrêmement étonnants quant à l'orientation.
07:48Donc l'indulgence, oui, peut-être, pour les dossiers en amont,
07:53de conduite sous l'empire de stupe ou l'empire d'alcool,
07:56pour les faits les plus graves, domicile routier, domicile involontaire, aggravé...
08:01Mais oui, parce qu'il faut que la peine soit supérieure à un an pour que la peine soit effectuée, c'est bien ça ?
08:07Oui, il faut qu'elle soit supérieure à un an d'emprisonnement ferme.
08:11Par exemple, vous avez un dossier domicile routier demain, aggravé,
08:14la personne encourt sept ans d'emprisonnement ferme.
08:17Je reviens ici sur le dossier de Valoris, il encourt sept ans.
08:21Imaginons qu'il prenne six ans de sursis plus un an ferme,
08:24effectivement il n'ira pas en détention.
08:27Donc je ne sais pas s'il faut changer les juges,
08:30enfin si, je le sais, il ne faut pas changer les juges,
08:32mais peut-être que si on veut une sévérité plus grande, il faut alors changer la loi,
08:35peut-être qu'il faut imposer aux juges des peines planchées,
08:38c'était une hypothèse de l'homicide routier qui n'a pas été votée,
08:42mais les juges, eux, font avec les lois qu'on leur donne,
08:44et ils font aussi avec les circulaires que votre grand ami,
08:48le garde des sceaux des missionnaires Eric Dupond-Moretti, fait circuler,
08:51à savoir, attention, il n'y a pas de place dans les prisons,
08:54on va être condamné par la CEDH s'il y a une surpopulation carcérale,
08:57donc faites en sorte de ne pas incarcérer.
09:00Donc là, on a le double discours de l'État,
09:02qui consiste à dire qu'il faut frapper plus fort les délinquants routiers,
09:05et puis derrière, par des circulaires, on dit aux juges,
09:08ne les mettez pas non plus trop en prison.
09:10Non, mais c'est ce que chacun souligne, d'ailleurs,
09:12ce que vous dites est absolument terrible,
09:15c'est la différence entre la théorie et la pratique.
09:18Maître Antoine Reglet, qui est avocat au barreau de Lille,
09:21je vous propose d'écouter Stéphane, qui est avec nous.
09:24Bonjour Stéphane !
09:25Oui, bonjour Pascal !
09:27Bonjour à vos invités !
09:29Voilà, vous êtes routier, vous savez, monsieur Reglet,
09:32vous êtes routier, vous êtes père et grand-père,
09:34et vous vouliez intervenir, pourquoi ?
09:37Je voulais intervenir parce que je trouve que,
09:40ce que vient dire votre invité à l'instant,
09:43s'il prend six ans sursis,
09:46et s'il prend une année ferme,
09:49qu'il fera certainement pas,
09:51moi je trouve que c'est pas cher payé pour la vie d'une enfant,
09:53excusez-moi !
09:55Excusez-moi de me mettre à côté,
09:58j'ai pas retenu bien...
09:59Maître Reglet !
10:01Et ce n'était pas son avis qu'il donnait, Maître Reglet,
10:03il donne le droit, bien évidemment,
10:06tout à fait, mais moi en tant que père,
10:08pardon Pascal,
10:09moi en tant que père et grand-père,
10:11moi je suis, ça m'a horrifié quand j'ai appris ça,
10:14il faut savoir que comment il y en a un petit peu marre,
10:17à l'heure actuelle, en France,
10:19où on a des gamins qui sont mal éduqués,
10:22parce que ça c'est encore un problème aussi d'éducation dans notre société,
10:25moi j'ai eu des enfants,
10:27il y en a un qui a 30 ans, l'autre 22,
10:29à partir du moment, je les surveille encore de loin,
10:31parce que comment, évidemment, de loin,
10:33mais je me vois mal les voir faire des rodéos,
10:38mettre en danger la vie d'autrui,
10:40et encore plus supprimer la vie de quelqu'un,
10:44quand vous supprimez la vie de quelqu'un, c'est grave,
10:46là il a quand même détruit une famille,
10:48et qui plus est, ce que je disais tout à l'heure avec un collègue,
10:51il a quand même tué la soeur,
10:54il y avait un petit qui est là, c'était son frère,
10:57le frère, il a quand même vu sa soeur,
11:00on ne va pas rentrer dans les détails,
11:02il va quand même se faire percuter,
11:04et le gamin, vous imaginez psychologiquement,
11:06les séquelles qu'il va avoir, ainsi qu'aux parents,
11:10ce gamin-là, il va falloir l'expliquer,
11:13et lui apprendre à vivre avec l'absence de sa soeur.
11:16Pour moi, c'est incompatible.
11:18Il a 11 ans, le frère.
11:20Justement, Pascal a 11 ans,
11:22il va chercher sa soeur partout,
11:25et moi, le gamin de 19 ans,
11:27je vais vous dire, j'en ai parlé à plein de collègues,
11:30malheureusement, c'est peut-être cru,
11:31mais il a pris une vie.
11:32Il a pris une vie, ce gars-là.
11:34Donc, il y a un moment donné,
11:35il n'a peut-être même pas conscience à 19 ans
11:37qu'il a pris une vie.
11:38C'est un gamin qui va peut-être passer devant les juges,
11:41et ce gamin-là, le problème,
11:43c'est que le jour où il passera peut-être devant les juges,
11:45on le coiffera bien,
11:46on le mettra sa petite chemise bien tranquille,
11:49et puis il sera tout pelot devant,
11:51et c'est des juges de gauche,
11:53je suis désolé,
11:54je ne vais pas dévoiler mon parti politique,
11:56qui vont le juger...
11:57Maître Reglet, on va lui demander s'il y a une réalité,
12:00puisque vous, vous êtes...
12:02Depuis combien de temps vous plaidez, Maître Reglet ?
12:05Depuis 13 ans.
12:07Bon, depuis 13 ans.
12:08Donc, est-ce que vous savez d'ailleurs le nombre d'affaires
12:10que vous avez plaidé depuis que vous êtes avocat ?
12:13Plus de 2500.
12:15D'accord, donc 2500,
12:17ça fait que chaque année,
12:19vous en faites à peu près 200.
12:21C'est quasiment une par jour, d'ailleurs.
12:24C'est quasiment une par jour.
12:25Donc, vous avez rencontré de nombreux juges.
12:28Est-ce qu'il y a possibilité de généraliser,
12:32comme le fait Antoine,
12:35ou est-ce que,
12:37comme le fait Stéphane, pardonnez-moi,
12:38ou est-ce que vous diriez qu'il y a,
12:40parmi la justice et les juges français,
12:43une représentation très diverse des sanctions ?
12:49Je n'ai jamais constaté une politisation particulière
12:52des magistrats que j'avais en face de moi,
12:54et pour dire vrai, j'ai plus trouvé souvent
12:57qu'ils avaient une sévérité plutôt qu'une indulgence.
13:00En tout cas, dans la manière d'instruire,
13:02parfois, j'ai vu un manque de neutralité
13:04qui était toujours du côté des victimes,
13:08du côté de la société,
13:09en faisant, en plus du droit,
13:11beaucoup de morale aux prévenus.
13:13Donc, je n'ai pas l'impression qu'il y ait une politisation,
13:15et moi, je ne sens pas que les juges
13:17seraient particulièrement de gauche ou de droite.
13:19Et puis, pour dire vrai, ça ne m'intéresse pas.
13:21En revanche, ce que j'aimerais...
13:23Si c'était vrai, s'il y avait une politique pénale de gauche
13:28ou une politique pénale de droite,
13:30tant est que ces mots veuillent dire quelque chose,
13:32ce serait intéressant de le souligner.
13:34Elle existe au niveau des parquets,
13:36parce que les parquets appliquent la politique pénale
13:39du gouvernement.
13:40Donc, quand on axe sur les violences volontaires,
13:43les violences conjugales,
13:44on voit qu'il y a une sévérité qui est plus grande
13:46et qu'il y a des audiences plus importantes, etc.
13:48Donc, oui, les parquets, eux,
13:49ils sont, entre guillemets, politisés
13:51en ce qu'ils doivent répondre à la politique pénale
13:52décidée par le gouvernement.
13:53Donc, oui, mais les juges du siège,
13:55ceux qui donnent à la fin la sanction, non.
13:58Après, ce qui est très dérangeant,
13:59c'est que vous avez des juges du siège
14:02qui peuvent passer au parquet
14:04et des juges du parquet,
14:05enfin, des parquetiers qui passent au siège.
14:07Alors, ce n'est pas tous les jours, évidemment,
14:08mais moi, je trouve ça extrêmement dérangeant.
14:11Ce que je voudrais,
14:12c'est que la justice et les politiques
14:14soient plus tournées vers les victimes.
14:16Ça, on n'en parle jamais assez.
14:18Et aujourd'hui, je comprends le sentiment
14:20des victimes et des citoyens
14:22qui tentent à dire
14:23mais la justice ne nous entends pas,
14:24la justice nous tourne le dos.
14:26À un moment, on va payer cette colère-là.
14:28On ne peut pas offrir cette injustice aux victimes.
14:31On ne peut pas, en France,
14:32continuer à avoir des victimes
14:33qui sont victimes de foi.
14:35Ce n'est pas possible.
14:36Eh bien, écoutez, il y a un cas d'école
14:37qui nous est proposé
14:38puisqu'il y a eu un refus d'obtempérer
14:40à Colmar, dans le Haut-Rhin.
14:42C'est passé le 29 août dernier.
14:43Vous avez peut-être vu la vidéo
14:45qui a été de nombreuses fois visionnée
14:46sur les réseaux sociaux.
14:47C'est un homme de 36 ans
14:49qui est sur son scooter.
14:51Il est poursuivi par deux gendarmes
14:53qui prennent tous les risques en moto.
14:54Il se trouve qu'il sera jugé ce lundi
14:57en comparution immédiate.
15:00Eh bien, on va voir.
15:01Moi, j'ai le sentiment
15:04qu'évidemment, il ne dormira pas en prison ce soir,
15:08que le procès sera renvoyé au 15 janvier
15:11ou que sais-je,
15:12et que cette comparution immédiate,
15:14alors que les images sont très violentes quand même.
15:16Vous voyez deux gendarmes, je le répète,
15:18qui sont en moto.
15:19Vous les avez peut-être vus, ces images,
15:21qui prennent tous les risques.
15:22Donc, il finit par descendre de sa moto
15:24au bout de je ne sais combien de temps.
15:26Et puis, il court et il s'évade dans la nature.
15:28Et puis finalement, ils l'ont repris.
15:30Il me semble qu'il doit y avoir
15:32une sanction très ferme
15:33quand je vois ces images-là.
15:34Autrement, ça n'a pas de sens.
15:36Autrement, les refus d'obtempérer,
15:38on considère qu'ils ne doivent pas être sanctionnés.
15:44Donc, je salue Antoine Reglet,
15:46qui est l'avocat au barreau de Lille.
15:48Et c'était un plaisir de vous écouter,
15:51parce que c'est toujours extrêmement clair
15:53lorsque vous exprimez.
15:54Et c'est vrai que je parlais de cas d'école
15:56pour le refus d'obtempérer à Colmar.
15:59Ça va être intéressant
16:01de voir ce qui se passe aujourd'hui.
16:02Moi, je vous fais un petit en dehors,
16:04comme on disait jadis.
16:05Je vous dis que le procès
16:07va être ajourné au 15 février.
16:09Et que celui qui a refusé d'obtempérer,
16:14il va se balader tranquillement d'ici là.
16:17Si il y a un report,
16:19le juge devra décider de savoir
16:20si on le met sous contrôle judiciaire
16:21ou en détention provisoire,
16:22ce qui sera déjà peut-être une première indication.
16:24Oui, mais ça vaut plus.
16:26Vous avez vu les images ?
16:28Ça vaut évidemment plus qu'un contrôle judiciaire.
16:31Vous ne pouvez pas mettre en danger
16:33l'avis des gendarmes,
16:34comme il le fait,
16:35sans qu'il y ait une sanction importante.
16:37Autrement, ça ne sert à rien.
16:39Le refus d'obtempérer, je crois,
16:43c'est un refus d'obtempérer simple.
16:45Il n'y a pas de conséquences.
16:47Mais je crois que c'est deux ans maximum.
16:49Si on ne le met pas en prison,
16:52c'est qu'il faut changer la loi.
16:53Il faut dire refus d'obtempérer,
16:54ce n'est pas grave.
16:55Je vous assure.
16:57Ces images, tout le monde les a vues,
16:59tout le monde peut se faire un avis.
17:01Si vous ne sanctionnez pas,
17:02ça ne sert à rien.
17:04Bon, Garance, d'abord,
17:06c'est un très joli prénom, Garance,
17:08qui nous renvoie à un film magnifique,
17:10cher Olivier Guenec.
17:11Très bien, allez-y, dites-le,
17:12parce que moi, je n'ai pas le temps.
17:13Les enfants du paradis.
17:15Voilà.
17:16Mais c'est peut-être pour ça, d'ailleurs,
17:17que vous vous appelez Garance.
17:19Alors, je vous ai au téléphone,
17:21monsieur Pascal Praud.
17:22Là, on est au téléphone,
17:23mais on n'est pas dans un supermarché,
17:25je vous confirme.
17:26On est en train de se parler l'un avec l'autre.
17:28Je suis ravie de vous avoir à l'antenne.
17:31Je vous écoute régulièrement.
17:33J'ai souhaité intervenir sur l'antenne
17:36et je voudrais réagir par rapport
17:37à ce que vient de dire l'avocat.
17:38Ce qui me heurte,
17:40et je suis d'accord avec vous,
17:41c'est-à-dire qu'il n'y a pas de place
17:42dans les prisons,
17:43et donc on ne punit pas les personnes
17:45au lieu d'essayer de savoir
17:47comment on peut créer des places
17:49ou comment on peut faire.
17:51Moi, mon mari est décédé
17:52dans un accident de voiture
17:54percuté par un chauffard ivre
17:56à 3 grammes.
17:58Cette personne-là a fait
18:00quatre mois de prison préventive.
18:02Elle est sortie de prison
18:04et je peux vous le dire textant,
18:06le juge, l'avocat,
18:08nous a dit que ce monsieur-là
18:10ne retournera pas en prison.
18:12C'est-à-dire que dans les médias,
18:14on entend par les avocats,
18:17par les juges,
18:19que les personnes risquent,
18:21mais elles ne risquent rien du tout
18:23parce qu'entre la justice et le droit,
18:25cette personne-là risque
18:27sept ans de prison,
18:28mais au final,
18:29elle aura fait quatre mois
18:31et elle laissera une famille dans la peine
18:33avec une personne qui a disparu.
18:36Comment on prend en compte
18:38le côté humain
18:40de la perte d'une personne ?
18:42Je ne dis pas que d'aller en prison,
18:44ça règle les choses,
18:45mais il y a le législateur
18:47qui a pris...
18:49Il y a des lois qui ont été faites
18:51pour punir les gens,
18:53pour sanctionner les gens
18:54qui commettent ces actes-là.
18:56Il faut que ça soit applicable
18:58parce que qu'est-ce qui nous reste,
19:00nous, en tant que famille ?
19:02Qu'est-ce qui nous reste ?
19:04Cette personne-là,
19:06elle est tranquille,
19:07elle est chez elle,
19:08elle est devant sa télé,
19:09je ne sais pas ce qu'elle fait,
19:10mais elle ne risque absolument rien.
19:12J'entends bien,
19:13mais si on pousse la discussion,
19:15et votre cas est dramatique,
19:17puisque c'était votre mari
19:19qui est percuté,
19:21qui est mort,
19:22le chauffard était ivre,
19:23il était ivre à...
19:25Trois grammes !
19:26Trois grammes !
19:27Donc ne tenez pas debout
19:28quand il sortait de sa voiture.
19:29Bon, trois grammes,
19:30ce qui paraît intéressant.
19:32C'est pas 0,50,
19:33c'est pas 0,51,
19:34c'est trois grammes.
19:35Et dans quelles conditions précises
19:37il a été percuté ?
19:39C'est-à-dire que c'était face à face ?
19:41Mon mari circulait tranquillement
19:43en moto sur la route,
19:44donc ce n'était même pas
19:46un véhicule où il aurait fait
19:48un petit écart.
19:49Il était complètement sur la gauche.
19:51Il a foncé sur...
19:55En sens inverse,
19:56nous sommes d'accord,
19:57en sens inverse.
19:58Oui, en sens inverse.
19:59C'est-à-dire que c'est un peu
20:00comme Pierre Palmade
20:01lorsqu'il a percuté la voiture
20:03qui arrivait en face de lui
20:04où il s'est complètement déporté
20:05sur, en l'occurrence, la gauche.
20:07C'est ça qui s'est passé
20:08pour votre mari ?
20:09Oui, oui, oui, tout à fait.
20:10Ça s'est passé en quelle année,
20:11Madame ?
20:12Ça s'est passé il y a un an,
20:13un peu plus d'un an à peu près.
20:14Donc j'imagine que...
20:15Donc le procès a été ajourné, là.
20:17J'imagine que
20:19lorsque l'on vit
20:21une épreuve comme celle-là,
20:23la vie n'est plus jamais la même
20:25ensuite.
20:26Plus jamais, plus jamais.
20:27Il avait une grand-père,
20:29ma fille allait se marier,
20:31il devait l'accompagner à la mairie.
20:33Vous voyez, vous avez
20:35tout un temps de vie
20:37qui s'écroule.
20:38Et là, derrière...
20:40Vous êtes d'Orléans,
20:41ça s'est passé à Orléans ?
20:43Non, non, ça s'est passé
20:45dans la région d'Indre-et-Loire.
20:47Bon, cet homme,
20:48il avait quel âge ?
20:5065 ans.
20:51Là, vous parlez de votre mari,
20:53mais celui qui l'a percuté ?
20:54Non, non, celui qui l'a percuté.
20:56Il avait 65 ans, cet homme ?
20:57Oui.
20:58Il avait un travail, peut-être ?
21:00Il était en retraite ?
21:01Je pense qu'il était
21:03à la retraite.
21:05Donc, il a fait 4 mois de...
21:07Est-ce qu'il a cherché, par exemple,
21:08à entrer en contact avec vous ?
21:10Pas du tout, et je peux vous dire
21:11qu'on s'est retrouvés face à face avec lui
21:13lors du procès,
21:15qui a été ajourné d'ailleurs,
21:16et qu'à aucun moment,
21:18à aucun moment,
21:19il n'a présenté des excuses,
21:20à aucun moment,
21:21il a semblé
21:23conscient de ce qu'il avait fait,
21:25à aucun moment, il a baissé les yeux
21:27pour montrer qu'il avait honte de ce qu'il avait fait.
21:30Rien !
21:31Pourquoi le procès a-t-il été ajourné ?
21:33Pour une faute de procédure.
21:35Pour une faute de procédure.
21:37Donc, le procès aura lieu ?
21:38À la demande de la partie adverse.
21:41Le procès aura lieu, mais on ne sait pas quand.
21:43Si, il aura lieu à la fin de l'année, là, normalement.
21:46Il a lieu à la fin de l'année.
21:48Mais de toute façon, nous, la famille,
21:50on s'est mis dans la tête
21:53que cette personne-là, de toute façon,
21:55il n'y aura rien.
21:56Il faut qu'on fasse le deuil.
21:59Il a fallu qu'on fasse le deuil de la perte
22:02de notre personne qui nous était chère,
22:04mais il faut aussi qu'on fasse le deuil
22:06de se dire que cette personne-là ne sera pas punie.
22:09Donc, lorsque vous dites que le procès a été ajourné,
22:12il a été ajourné immédiatement,
22:14ou il y a eu quand même possibilité d'un échange
22:16où il a pu rapporter les conditions de l'accident ?
22:18Qu'a-t-il dit ?
22:20Pas du tout.
22:21La juge a rapporté les conditions de l'accident,
22:24mais il y a eu une faute de procédure
22:27dans le passage des dossiers.
22:29Donc, il n'a même pas pris la parole ?
22:31Non, même pas.
22:33Il a été à la barre, mais il n'a pas pris la parole.
22:36Est-ce que vous avez pu savoir
22:38ce qu'il avait répondu au cours de l'enquête
22:41pour expliquer ce qui s'était passé ?
22:43Est-ce qu'il se souvenait de quelque chose ou pas ?
22:45Alors, il a accusé mon mari au départ
22:49en disant que c'était de la faute de mon mari.
22:51Le rapport d'accidentologie est un rapport d'accidentologie aggravant
22:55puisque ça montre que c'est lui qui est entièrement en tort
22:58et qu'il n'a même pas freiné.
23:00Et le juge nous a dit
23:02que c'était une personne qui n'avait,
23:04et pareil pour la personne, le gendarme,
23:07nous a dit que c'était une personne qui n'avait aucune empathie.
23:10Aucune empathie.
23:11Donc, il a exclu sa responsabilité sur ce qui s'est passé ?
23:14Oui, et même quand on l'a mis face à ses responsabilités,
23:17aucune empathie, rien du tout.
23:19Ça s'était passé à quelle heure, madame ?
23:21Ça s'est passé dans l'après-midi,
23:23demi-deux d'après-midi.
23:25Il était déjà à 3 grammes en début d'après-midi ?
23:28Déjà à 3 grammes en début d'après-midi,
23:30par une belle journée.
23:31Déjà à 3, il avait fait tous les bars du coin.
23:33Il a fait tous les bars du coin.
23:36Dernière chose,
23:38au fond, quelle sanction voudriez-vous
23:42qu'il soit appliquée
23:45et qui, à votre avis, serait à la hauteur
23:48de ce qu'il a fait et selon vous ?
23:50Moi, je ne suis pas juge.
23:53Ce n'est pas moi qui ai fait les lois.
23:55Je veux juste qu'on respecte
23:58les lois qui ont été faites
24:00et qu'on respecte les personnes qui sont dans le deuil.
24:02C'est-à-dire, on a fixé des peines.
24:05On sait qu'il peut avoir jusqu'à 7 ans de prison.
24:08Au juge, d'évaluer à combien d'années de prison
24:13il doit être condamné,
24:14ce n'est pas moi qui dois dire s'il doit être condamné à 1 an, 2 ans, 5 ans, 7 ans,
24:17mais qu'il ait une condamnation effective.
24:21Qu'il ait une condamnation effective
24:23et non pas qu'on nous dise
24:25qu'il a fait 4 mois de préventive.
24:27Donc, le juge va décider ou pas
24:30de le condamner minimum à 4 mois
24:32puisque, de toute façon, il les a fait.
24:35Mais il n'y aura rien au-delà, on nous l'a dit.
24:37Garancez-vous qu'il y avait appelé
24:39au standard.
24:41Et c'est important d'ailleurs de le dire
24:42parce que parfois, effectivement,
24:45nous recevons ce type d'appels.
24:47Parfois, c'est notre équipe de programmation
24:49qui, c'est bien normal,
24:51peut, après un examen des pages Facebook
24:55ou des réseaux sociaux,
24:56aller vers l'auditeur.
24:58Là, c'est vous qui avez appelé.
25:00Je trouve que votre témoignage est extrêmement intéressant.
25:03Vous seriez prête à aller plus loin dans ce témoignage
25:05et pourquoi pas venir sur l'antenne
25:07de CNews ?
25:09Je vois que vous êtes à Orléans,
25:11ou même venir un jour dans notre studio d'Europe 1 pour en parler ?
25:13Alors, tout à fait d'accord,
25:15mais je préférerais attendre que le procès ait lieu
25:17parce que je ne veux pas qu'on puisse nous dire ensuite
25:20qu'il y a eu un vice de procédure
25:22ou qu'on a parlé de l'affaire.
25:23Non, ce n'est pas un vice de procédure,
25:24mais c'est vrai que si vous la médiatisez,
25:26ça peut influencer forcément les débats.
25:28Mais moi, je trouve intéressant,
25:30vraiment, je trouve intéressant
25:33et je pense qu'on va tous être d'accord
25:35parce que je dis souvent
25:37que je suis le premier auditeur
25:39de notre émission.
25:40Je ne sais pas ce que les auditeurs que je vais entendre
25:42lorsque j'arrive à 11h.
25:44Et votre témoignage est très fort, je trouve.
25:46Et on a envie, effectivement,
25:48de savoir ce qu'il va se passer.
25:50Le procès aura lieu au mois de janvier, dites-vous ?
25:52Non, non, non, il a lieu au mois d'octobre, octobre, novembre.
25:55Pardonnez-moi, octobre, novembre.
25:56Donc ce qui serait bien,
25:57est-ce qu'on pourra, avant le procès,
25:59échanger avec vous,
26:01ou est-ce que vous préférez
26:03que le procès ait lieu ?
26:04Je préfère que le procès ait lieu,
26:06d'autant plus que je ne suis pas la seule.
26:08J'ai mes beaux-enfants,
26:10j'ai ma fille, on est sept parties civiles.
26:13Donc je ne veux pas pouvoir intervenir
26:17sans qu'ils en soient d'accord.
26:19Et vous avez un avocat, évidemment,
26:21qui est partie civile avec vous,
26:23que nous connaissons peut-être.
26:24Je ne sais pas si vous avez un avocat,
26:26si vous avez choisi un avocat que nous connaissons ou pas.
26:28Non, je ne pense pas.
26:29Il y a tellement d'avocats qui interviennent dans nos émissions.
26:33Je vous remercie grandement,
26:35Garance, je vous souhaite surtout beaucoup de courage.
26:37Et c'est moi qui vous remercie
26:39d'avoir pu intervenir dans votre émission.
26:41Parce que je trouve que c'est important
26:43de donner la parole aux auditeurs
26:45et d'avoir pu m'exprimer,
26:47c'est déjà quelque chose pour moi
26:49qui fait du bien.
26:51Mais je le devine.
26:53Je le devine et je vous remercie grandement.
26:55On avait commencé, parce que
26:57je ne savais pas de quoi il en retournait,
26:59pour tout vous dire.
27:00J'avais commencé par une question un peu plus légère
27:02sur Garance et les enfants du paradis.
27:05Je me demandais si vous appeliez Garance
27:07précisément parce que vos parents
27:09avaient vu ce film-là ou pas.
27:11Qui est un magnifique prénom, Garance.
27:14Oui, c'est un très très beau prénom, Garance.
27:16C'est un très très beau prénom, effectivement.
27:18Et votre mari s'appelait comment, Garance ?
27:21Philippe.
27:22Écoutez, on aura une pensée bien sûr pour lui.
27:25Et je vous remercie grandement de ce témoignage.
27:28Parce qu'il est instructif, tout simplement.
27:31Et c'est vrai qu'il faut entendre les victimes.
27:34Et c'est ce que nous avons fait avec vous ces quelques minutes.

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