• il y a 2 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.

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00:00Autre sujet qui nous intéresse ce matin, la colonie de vacances qui a viré au cauchemar pour un enfant de 11 ans dans la Somme.
00:05Sa mère a porté plainte pour violences aggravées après le retour de son fils d'un camp d'une semaine organisé dans le Finistère.
00:11Le corps de son fils était couvert de bleu et le jeune homme parti le 23 août et rentré le 29 après un séjour à Camaray-sur-Mer
00:20raconte avoir été martyrisé chaque jour par un groupe de trois enfants de 12 et 13 ans.
00:25Et nous avons voulu en savoir davantage et c'est pourquoi nous avons appelé Cécile Lemaire qui est la mère de ce jeune homme, de cet enfant.
00:34Bonjour Cécile Lemaire.
00:36Bonjour Pascal.
00:37Et merci d'être avec nous, vous êtes donc la maman de Jean ?
00:40Oui c'est ça.
00:42Et je voulais savoir comment Jean va-t-il ?
00:45Eh bien il absorbe la chose petit à petit, il va de façon générale mais il est très susceptible, on ne peut pas lui dire grand chose en fait
01:01sans qu'il ait des excès de colère donc c'est assez compliqué.
01:04Bon, il a repris l'école hier ?
01:07Oui, il a eu une très bonne rentrée, ça c'est une bonne chose, il s'est fait de nouveaux copains, tout s'est bien passé
01:14et ça c'est un peu le bon côté de la chose, c'est plutôt cool pour lui.
01:19Bon, c'est vrai qu'on est quand même très surpris qu'une affaire comme celle-là existe en France.
01:24Une colonie de vacances, combien d'enfants étaient-ils présents dans cette colonie de vacances ?
01:30Alors d'après l'animateur que j'ai vu au départ de la colonie, ils étaient une centaine à peu près.
01:37Il y avait combien d'animateurs pour encadrer cette centaine de jeunes gens ?
01:43Alors au lieu, c'est ça qui est très important, au lieu d'être neuf de base, ils étaient dix-sept.
01:51Donc deux fois plus que prévu.
01:53Donc effectivement, a priori, il n'y avait pas de problème d'encadrement ?
01:57Par principe, il n'aurait pas dû en avoir, non.
01:59Bon, donc la colonie de vacances a duré une dizaine... six jours, c'est ça ?
02:06Oui, alors...
02:07Du 23 au 29. C'était prévu ou il est rentré en avance ?
02:11Non, non, non, c'était prévu comme ça.
02:13A savoir qu'ils ont passé la journée de l'aller et la journée du retour en bus,
02:20parce qu'Amiens-Camaraît, il y a une journée de bus.
02:23Bon, alors ça a commencé, Jean vous a rapporté ce qui s'est passé.
02:27Quand est-ce qu'ont commencé ces brimades et ces agressions ?
02:30Alors dès le lendemain matin, donc dès le 24 matin,
02:35il s'est fait réveiller par une claque en pleine tête.
02:41Voilà, c'est une colonie où il y a plein d'ados,
02:43donc lui, sur cet événement, il a pris ça un peu comme une blague.
02:48Et par la suite, quand il a compris que les violences étaient de plus en plus fortes,
02:56de plus en plus régulières,
02:58bon ben là, il a bien compris que ce n'était pas du tout une blague
03:01et qu'il allait subir toute la semaine.
03:03Mais l'organisation de cette colonie de vacances, c'était dans quel cadre ?
03:07C'était sous quelle égide, si j'ose dire ?
03:09Alors c'est un sous-traitant de la communauté de communes de Poit-de-Ficardy
03:15qui s'appelle EGN, qui gérait donc du coup cette colonie.
03:21Bon, et évidemment, eux vont devoir s'expliquer sur ce qui s'est passé pour votre fils.
03:27Donc quand Jean, le 24 août, la première fois, il reçoit une claque,
03:30est-ce qu'il va voir les encadrants ?
03:34Alors pas sur la première claque, parce que comme je vous explique,
03:37au début, il a pris ça pour une blague d'ado.
03:40Alors ils appellent ça une tartine de crâne.
03:45Voilà, donc sympa le terme, tartine de crâne.
03:49Donc sur le tout début, non, il n'est pas allé les voir,
03:52parce que lui pensait que c'était un jeu entre ados.
03:56Et par la suite, quand les violences se sont aggravées
03:59et sont devenues de plus en plus répétitives,
04:02là oui, il a été prévenir les animateurs de son groupe.
04:07Mais en aucun cas, il a été entendu.
04:10Lui, il a 11 ans, les ados qui l'ont martyrisé ont 12 et 13 ans.
04:14Il était un des plus jeunes, Jean ?
04:16Oui, oui, oui, c'était des...
04:19Alors sur le document, c'est des 11-17 ans,
04:24et après avoir eu enquête d'un de vos confrères, c'était des 11-15 ans.
04:29Donc Jean, on s'est attiqués au plus faible,
04:32parce que Jean, physiquement, il est plus grand, plus petit que ses petits camarades ?
04:37Non, non, non, Jean est de gabarit très petit et très fin.
04:42Oui, donc c'est pour ça qu'il a été peut-être une cible,
04:45parce qu'il est plus faible, disons-le,
04:47que quelqu'un qui a 12 ou 13 ans, qui a deux ans de plus que lui,
04:50et puis qui est peut-être un peu plus fort, c'est ça ?
04:52C'est ça, c'est ça. Physiquement, c'est une cible facile, oui.
04:55C'est une cible facile. Bon, ce que je trouve extraordinaire,
04:57c'est que donc le 24 août, la première fois qu'il vient,
05:01c'est le 24 août en fin de soirée,
05:03ou c'est le 25 août qu'il va se plaindre auprès des encadrants ?
05:07C'est dès le lendemain, parce qu'il se rend compte que ça va devenir à la limite une habitude.
05:20Mais ça c'est incroyable, les encadrants, parce qu'il a des bleus,
05:23il aurait passé une journée entière cachée, paraît-il ?
05:27Alors, pas une journée complète.
05:29Pas une journée complète, ça c'est l'information qui a été dite,
05:33mais non, non, c'est pas une journée complète, c'est une soirée par contre.
05:36Donc, il est allé à la douche, une fois de plus, il a eu des menaces,
05:42du coup, ah non, alors même pas, je vous dis, je confonds, je vous dis des bêtises,
05:47c'est pas ça, c'est quand ils l'ont forcé à se mettre à quatre pattes
05:51et qu'ils ont essayé de lui retirer son pantalon,
05:55à ce moment-là, il a réussi à esquiver la chose,
05:59et il est allé se cacher dans un buisson,
06:01et c'était le repas du soir qui est arrivé tout de suite après,
06:06et c'est pendant le repas du soir, en fait, où il s'est caché derrière un buisson,
06:10toute cette période-là, il s'est caché pendant un buisson,
06:12et il a profité de la fin du repas pour aller dans sa chambre,
06:17et faire semblant de dormir au moment où les enfants sont rentrés dans la chambre,
06:22de cette façon, ils l'ont laissé tranquille sur cette soirée-là, en fait.
06:26Parce que c'est des chambres de combien d'enfants ?
06:29De quatre.
06:30Et ceux qui l'ont martyrisé étaient dans sa propre chambre ?
06:34Alors un, oui, et les deux autres dans des chambres différentes.
06:37Bon, et les encadrants, là, de la même manière, n'ont rien dit,
06:40mais il est très jeune, moi je me souviens comment j'étais à 11 ans,
06:42c'est un âge où on pleure, si on est attaqué, c'est pas facile,
06:47le traumatisme est grand quand même, on n'est pas un ado à 11 ans, on est plus un enfant.
06:53Oui, c'est ça, alors oui, effectivement, les animateurs annoncent qu'ils n'ont rien vu,
06:59bon ben, vous avez vu les photos vous-même, comment ne pas voir ?
07:02J'ai envie de vous dire, comment ne pas voir ? C'est pas possible.
07:04C'est ça, qu'effectivement, il y a des bleus.
07:06C'est ça, c'est ça.
07:07Vous les avez rencontrés, vous, ces animateurs ?
07:09Pas encore, pas encore.
07:11Alors j'en ai rencontré, oui, effectivement, j'en ai rencontré un,
07:14donc à la descente du car, quand je récupère mon fils,
07:17et que je le récupère bleu de la tête aux pieds,
07:19je vais voir l'animateur, je lui demande des explications sur l'état physique de mon fils,
07:23et d'une façon très nonchalante, ce monsieur me répond,
07:27bon, je sais pas, non, donc là, je m'en prends bien avec lui.
07:31Mais il y a un responsable général de cette, moi je vous assure,
07:33je suis sidéré de ce que vous nous racontez,
07:36mais quand vous le récupérez, Jean, j'imagine, il court vers vous, il pleure, il est en larmes ?
07:41Alors même pas, même pas, il descend du bus, non, non, même pas.
07:44Il descend du car et il saute dans les bras de sa grande sœur,
07:47et là, donc il est de profil par rapport à moi, je vois qu'il a des bleus,
07:51enfin, je vois son cocard en premier,
07:53et du coup je lui demande des explications tout de suite,
07:56et il veut pas me répondre, il me dit non, non, t'inquiète maman, c'est rien,
07:59et je lui dis non, non, non, me dis pas que c'est rien, Jean,
08:01t'as un hématome énorme sur la joue, me dis pas que c'est rien, qu'est-ce que t'as fait ?
08:04Oh, mais je suis tombée, et du coup, j'ai le réflexe de retirer son cul,
08:10et là je constate qu'il a des hématomes sur les bras, dans le dos, sur le ventre,
08:14je relève donc du coup son pantalon,
08:18je vois également qu'il a des coups sur les jambes,
08:22et je lui dis Jean, t'es tombée, mais t'es tombée où, comment,
08:25parce que là t'es bleue de la tête aux pieds, donc comment tu as fait ?
08:27Et une petite fille qui fait partie de la colonie de vacances qui m'interpelle,
08:30qui voit que je m'énerve en fait, pas contre mon fils,
08:33voilà, je suis énervée de le retrouver comme ça,
08:37et une petite fille m'interpelle en me disant Madame, surtout ne lui criez pas dessus,
08:40c'est pas de sa faute, donc là je comprends tout de suite qu'il s'est passé quelque chose,
08:44et donc quand je vais voir l'animateur,
08:47l'animateur est incapable de me répondre à quoi que ce soit en fait.
08:51Et là je suis en train de voir la photo, et puis les uns et les autres peuvent voir cette photo
08:55pendant que vous parlez, il est mignon comme tout votre fils Jean,
08:58et je crois qu'il y a un réflexe psychologique dans ces cas-là,
09:01c'est que t'as honte, et on raconte souvent ça,
09:03les femmes racontent ça quand elles ont été parfois agressées,
09:07violées, battues, et c'est vrai pour un petit garçon,
09:10c'est-à-dire que le premier réflexe c'est peut-être de ne pas vouloir le dire,
09:13d'abord peut-être ne veut-il pas inquiéter sa mère,
09:16mais plus sûrement je pense qu'il y a une forme de honte,
09:19c'est-à-dire que tu culpabilises en plus d'être la cible de ces petits individus,
09:25là encore la nature humaine y aurait beaucoup à dire.
09:28Restez avec nous Cécile, parce que cette histoire est tellement effrayante,
09:31et j'imagine, j'espère surtout qu'il y aura des suites,
09:34les responsables de cette colonie de vacances, je voudrais bien les entendre,
09:37bien sûr avant d'avoir une position définitive,
09:40il ne s'agit pas de juger les uns les autres sans les entendre,
09:43mais c'est quand même étrange de confier ses enfants à une colonie de vacances,
09:49et de le revoir arriver dans cet état-là.
09:5312h16, la pause à tous.
09:54Nous sommes avec Cécile Le Maire, qui est la maman de Jean,
09:57et si vous nous rejoignez, sachez qu'une colonie de vacances a viré au cauchemar
10:02pour un enfant de 11 ans dans la Somme,
10:04et Cécile Le Maire est la maman du petit Jean,
10:07sa mère a porté plainte pour violences aggravées après le retour de son fils
10:11d'un camp d'une semaine organisé dans le Finistère,
10:14le corps de son fils était couvert de bleu,
10:17le jeune homme est parti le 23 août, il est rentré le 29 mai,
10:22après un séjour à Camaray-sur-Mer, et il a été martyrisé chaque jour.
10:27Alors ce qui nous surprend, c'est que les encadrants n'ont rien vu,
10:31le petit Jean...
10:33D'ailleurs Jean, il n'a pas de téléphone portable,
10:35il n'a pas essayé de vous joindre, Cécile Le Maire ?
10:40Allô, je ne vous entends plus.
10:42Oui, je disais, Cécile, pendant qu'il subissait ce qu'il subissait,
10:46est-ce qu'il a essayé de vous joindre, il n'a pas de téléphone portable ?
10:50C'est très jeune, à 11 ans, il n'a pas de téléphone, sans doute ?
10:53Alors si, il a un téléphone portable, Jean,
10:56mais je n'ai pas voulu qu'il le prenne sur le séjour,
11:01parce que j'avais eu au téléphone la coordinatrice du séjour,
11:06qui m'avait dit que le téléphone portable n'était pas trop conseillé,
11:09parce qu'il y avait des vols tous les ans,
11:11et effectivement, cette année encore, il y a eu des vols de téléphone,
11:14donc je ne lui ai pas laissé son téléphone pour le départ,
11:19et je regrette, je regrette grandement,
11:22parce que s'il avait eu son téléphone,
11:24il aurait eu justement l'occasion de nous prévenir plus rapidement.
11:28Bon, depuis, vous avez échangé avec les encadrants à la descente du car,
11:33mais depuis, est-ce que vous avez échangé avec un responsable de cette colonie ?
11:37Alors oui, j'ai eu par téléphone le responsable de la colonie,
11:44de la com des coms, qui m'a appelé,
11:47il m'a appelé dès le lendemain, parce qu'il a vu mon poste sur les réseaux,
11:51et il était outré, parce qu'il était au courant de rien du tout,
11:54et donc il m'a demandé de raconter l'histoire de Jean,
11:57donc à la com des coms, ils ont été très réactifs,
12:00ils ont lancé l'enquête de suite,
12:04et puis hier midi, j'ai eu contact également avec le directeur de l'EGN,
12:13Ou l'EGN, vous pouvez rappeler ce que c'est,
12:15parce que les auditeurs sont peut-être un peu perdus avec ces chiffres, avec ces noms ?
12:21Alors l'EGN, en fait, c'est le sous-traitant,
12:24c'est le sous-traitant qui a été mandaté par la communauté de communes,
12:28pour gérer justement cette colonie.
12:31Voilà, la communauté de communes, c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
12:33la com des coms, c'est ce que vous appelez la com des coms.
12:35Oui, c'est ça, pardon, oui.
12:38Et donc du coup, ce monsieur m'a contactée, j'ai rendez-vous ce soir,
12:42donc physiquement, il vient à la maison ce soir,
12:45avec une des animatrices qui était présente sur le site.
12:50Et ces 17 encadrants, parce que c'était quand même pas mal pour une centaine d'enfants,
12:54ils ont été entendus, j'imagine, dans une sorte d'enquête interne,
12:58et puis ils seront peut-être entendus désormais par la police ?
13:01Alors oui, par la police, j'en ai aucune idée,
13:04mais oui, l'enquête interne est en cours,
13:08et en plus de ça, c'est vrai que ça a pris une dimension médiatique,
13:12je ne m'attendais pas du tout à ça,
13:15moi je n'ai pas fait ça dans le but que ce soit médiatisé autant,
13:18mais tant mieux, ça sert à d'autres enfants.
13:21Mais là, du coup, du fait que ça prend une médiation incroyable,
13:26ils n'ont pas le choix d'accélérer un peu l'enquête,
13:28puisqu'il faut donner des réponses, de toute façon,
13:31et d'ailleurs, si je peux me permettre une petite interlude,
13:35ma sœur vient de m'envoyer un message,
13:37pour me dire qu'elles en ont parlé à l'école de mon neveu ce matin,
13:41mon neveu a su dire,
13:43ben voilà, cette histoire c'est mon cousin,
13:45et du coup la prof a arrêté les cours,
13:47et elle a fait un cours contre la violence,
13:49vous voyez, ce n'est pas rien non plus,
13:51ça sert aussi à d'autres enfants.
13:52Et ces trois enfants qui ont harcelé votre fils,
13:55on les connaît désormais ?
13:59On les a ciblés ?
14:01On sait où ils habitent ?
14:02Ils vont être entendus ? Que sais-je ?
14:04Alors, les organismes les connaissent, oui, effectivement.
14:09Parce que votre fils a pu dire de qui il s'agissait ?
14:13Oui, c'est ça.
14:14Alors, effectivement, on n'a pas les noms de famille,
14:16mais évidemment, les centrons, les noms de famille,
14:19ils ont les coordonnées des parents,
14:20donc ça, ce n'est pas un souci, ça a été fait.
14:23Maintenant, entendu par la gendarmerie,
14:25je n'en ai aucune idée,
14:27je pense que oui, mais je ne sais pas du tout.
14:30Il faut savoir que les gendarmes ont été très francs avec moi,
14:33en me disant qu'effectivement,
14:35ce sont des enfants qui ont moins de 15 ans,
14:36et que du coup, l'enquête serait très certainement classée sans suite,
14:39ou pas d'ailleurs, mais bon, ils ne risquent pas grand-chose.
14:42Et ce n'est pas grave en soi,
14:44ce n'est pas contre les enfants que j'ai le plus de colère,
14:47c'est contre les animateurs.
14:48Bien sûr.
14:49Je vous remercie beaucoup, Cécile Le Maire,
14:51vous êtes la mère du petit Jean,
14:53et vous lui transmettez, je ne doute pas,
14:55tous les bisous du monde,
14:57et puis en espérant qu'il ne soit pas traumatisé,
14:59bien sûr, trop longuement,
15:01parce qu'il lui est arrivé,
15:03mais ça laisse forcément des traces.

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