Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Pascal Praud reçoit Randall Schwerdorffer, avocat, pour la sortie du livre "Itinéraire d'un avocat hors norme - 10 affaires criminelles incroyables".
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00:00 - Europe 1. - Pascal Praud et vous. - 11h à 13h sur Europe 1, vous écoutez Pascal Praud.
00:05 - Randall Schwertdorfer est là, vous le connaissez parce que j'ai envie de dire il a une gueule de star.
00:11 Mais c'est vrai, c'est comme ça, monsieur Schwertdorfer,
00:15 vous êtes l'avocat célèbre de l'affaire Jonathan Daval, parce que vous avez défendu Jonathan Daval,
00:23 qui est aujourd'hui d'ailleurs dans quelle prison ? Bonjour.
00:28 - Bonjour Pascal Praud, merci de votre invitation.
00:30 Jonathan Daval est aujourd'hui à la maison d'arrêt depuis le début,
00:34 enfin depuis la fin de son procès à Isyssaïm,
00:36 là où sont concentrés, on va dire, tous les détenus de grande notoriété en France.
00:40 - On se demande toujours si l'avocat continue une relation une fois que le procès est terminé.
00:47 Est-ce que c'est le cas ?
00:48 - Je suis très professionnel avec les gens que je défends,
00:50 je n'ai pas de relation affective ou amicale, j'ai une relation professionnelle,
00:55 même si j'ai beaucoup d'amitié pour les parents et beaux-parents de Jonathan Daval,
01:01 mais le concernant c'est une relation très professionnelle, je suis son évolution,
01:05 et effectivement on travaille au cabinet avec Cornelis Patafora
01:08 sur le jour où on devra mettre en place une demande d'aménagement de peine,
01:12 et on prépare aussi son procès, le nouveau procès qui aura lieu en janvier 2024
01:16 concernant les faits de dénonciations calomnieuses dont il est accusé par Grégory Gay.
01:21 - Vous écrivez quelque chose qui m'a surpris,
01:23 vous dites "l'affaire de Jonathan Daval est une affaire criminelle banale
01:27 qui a bénéficié d'un traitement médiatique extraordinaire, rien d'autre,
01:29 à aucun moment avec Maître Ornella Patafora
01:33 nous n'avons imaginé que l'affaire Daval prendrait une telle ampleur médiatique".
01:36 Je ne partage pas tellement votre avis, parce que ce qui rend cette affaire peu banale
01:39 c'est le comportement de Jonathan Daval, qui au départ nie les faits,
01:44 participe à la recherche de celle qui l'a tué,
01:48 c'est ça qui donne un élément dramatique
01:51 qui effectivement ensuite en fera un fait divers tout à fait exceptionnel ?
01:56 - Vous avez raison, ce qui a fait l'affaire Patrick Henry
01:58 c'est le fait qu'il participe aux recherches de ce petit garçon,
02:00 c'est le fait qu'il mente à la télévision, en disant...
02:03 qu'il pleure à la télévision, et c'est très similaire avec le mensonge
02:07 qui s'est produit dans l'affaire de Jonathan Daval,
02:09 mais ça on ne l'avait pas analysé, parce qu'on était nous sur l'affaire judiciaire,
02:12 on n'était pas concentrés sur l'impact médiatique de l'affaire.
02:16 Et par contre aussi, ce qui nous avait échappé
02:19 c'était l'importance que prendraient tous les personnages de cette affaire,
02:22 notamment aussi l'importance des partis civils,
02:25 et notamment de la mère d'Alexia et la place qu'elle allait prendre au niveau médiatique,
02:28 ça on l'avait sous-estimé.
02:30 - Parce que c'est une personnalité qui est intervenue dans les médias,
02:34 qui a un charisme personnel forcément, et qui a su toucher le public, peut-être ?
02:41 - Mais depuis le départ, le visage d'Alexia a déjà beaucoup touché le public,
02:45 cette photo qui avait été très bien choisie à l'enterrement,
02:48 et deuxièmement, c'était la première fois qu'on voyait des partis civils
02:53 s'exprimer autant publiquement, accepter de venir sur des plateaux de télévision,
02:59 parler de tout avec des journalistes,
03:01 et jouer complètement le jeu de la médiatisation.
03:04 On est allé à l'affaire Mélisse, la maman de la petite Mélisse,
03:06 on l'a vue deux reprises et de façon très très brève,
03:10 elle était très dissimulée, je pense qu'elle était tellement dans la souffrance,
03:14 mais c'est vrai que la mère d'Alexia, on l'a beaucoup vue,
03:17 y compris à son procès, elle était très active, et notamment médiatiquement,
03:21 elle faisait des conférences de presse tous les jours, ce qui est très singulier.
03:24 - Écoutons Jonathan Daval quelques secondes.
03:27 - Elle était ma première supportrice, mon oxygène.
03:30 La force qui me poussait à me surpasser lors de mes challenges physiques.
03:36 - Donc ça c'est au moment des obsèques sans doute d'Alexia,
03:41 la duplicité est toujours quelque chose qui marque l'opinion.
03:47 - C'est une interprétation qu'on peut avoir, la duplicité à ce moment-là.
03:51 Dominique Rizet avait eu une analyse qui était intéressante.
03:54 - Dominique Rizet qui est de BFM.
03:55 - Exactement.
03:56 - En revanche, je vous demandais peut-être de mettre le micro devant vous.
03:59 - Dominique Rizet m'avait dit "mais il est possible aussi qu'à ce moment-là il soit sincère".
04:03 C'est-à-dire qu'il l'ait tué, qu'il le regrette profondément,
04:07 qu'il ne puisse pas l'avouer et que ses larmes ne soient pas qu'un simulacre et qu'il soit sincère.
04:11 C'est très complexe quelqu'un qui a tué, surtout si ce n'est pas un tueur-né,
04:14 surtout si ce n'est pas un habitué de la délinquance, ce qui n'était pas le cas de Jonathan Daval.
04:18 Et je crois que c'est quelqu'un qui était aussi tellement prisonnier d'une image,
04:21 qu'on voulait qu'il ait, qu'on voulait qu'il soit, du personnage qu'on voulait qu'il soit avec Alexia,
04:27 que c'est quelqu'un qui vivait dans une prison.
04:29 Il est peut-être plus libre aujourd'hui qu'il ne l'était à l'époque.
04:32 - Bon, qu'il regrette qu'il l'ait tué c'est évident.
04:34 - Évident, évidemment, bien sûr, mais c'est trop tard.
04:37 - On marque une pause peut-être et on continue la discussion ensemble.
04:42 Randall Schwedorfer, c'est itinéraire d'un avocat hors normes,
04:47 dit "affaires criminelles incroyables", c'est chez Hugo Dock.
04:50 Alors c'est vrai que la photo, vous regardez le futur lecteur sur la couverture
04:56 et on sent qu'il n'a pas d'autre choix que d'acheter le livre.
04:59 - Exactement. - Un regard très noir.
05:02 - Il a été fait pour ça. À tout de suite.
05:05 - Posez vos questions à Randall Schwedorfer en composant le 01 80 20 39 21.
05:09 Pascal Prohebou, c'est de 11h à 13h sur Europe 1.
05:11 - Europe 1, Pascal Prohebou.
05:14 - De 11h à 13h sur Europe 1 et on reçoit aujourd'hui Pascal Randall Schwedorfer
05:17 pour la sortie du livre "Itinéraires d'un avocat hors normes",
05:20 dit "affaires criminelles incroyables".
05:22 - Et on parlera évidemment dans son livre de ce que vous dites sur MeToo
05:26 et c'est une sorte de coup de gueule quand même que vous portez sur le mouvement MeToo.
05:29 Simplement pour en terminer avec l'affaire Daval, ce qui est intéressant,
05:33 c'est que d'abord vous le rencontrez, donc il va avouer,
05:36 et puis après il va se rétracter.
05:39 Et vous-même, vous ne savez pas l'avocat que vous êtes,
05:41 c'est ça qui m'étonne toujours.
05:43 L'intime conviction qui, j'imagine, existe,
05:48 vous ne l'avez pas ?
05:50 Vous ne savez pas si c'est lui ou pas qui a tué Alexia ?
05:53 - Parce que, merci pour cette question,
05:55 l'intime conviction elle est réservée au juge et au jury de la cour d'assises.
05:59 L'avocat, l'avocat général, celui qui poursuit, qui accuse,
06:02 l'avocat qui défend, n'ont pas à avoir d'intime conviction.
06:06 La deuxième chose c'est qu'on n'est pas des détecteurs de mensonges.
06:09 Donc nous on prête notre science pour assister, pour défendre des gens
06:13 qui mentent, qui peuvent dire la vérité,
06:16 mais on ne peut pas avoir la prétention de lire au travers des âmes si vous voulez.
06:20 Donc moi, je défends quelqu'un, non pas uniquement avec ce qu'il me dit,
06:24 mais avec les éléments d'un dossier subjectif,
06:27 et souvent aussi objectif d'un dossier,
06:29 et c'est moi qui fixe sa ligne de défense.
06:31 Vous voyez, si Jonathan Daval en arrivant au procès m'avait dit
06:33 "je veux plaider non coupable",
06:35 eh bien j'aurais quitté sa défense, parce que c'était pas tenable,
06:38 parce que les éléments du dossier n'auraient pas permis de le défendre convenablement.
06:41 - Mais il n'y a pas de morale là-dedans ?
06:43 - Alors, la morale, vous savez, je trouve que c'est quelque chose déjà à géométrie variable.
06:47 Moi je fonctionne avec la loi, pas la morale, chacun a la sienne,
06:50 et j'applique le code de procédure pénale.
06:52 Et je m'interdis effectivement toute morale,
06:55 parce que je trouve que c'est dangereux.
06:57 Et les jugements moraux, ça dépend de qui le porte, si vous voulez,
07:01 le jugement moral.
07:02 - Bah le vôtre !
07:03 - Moi personnellement, je ne mets pas de morale là où je ne mets que de la légalité.
07:08 Voilà.
07:09 - Vous pourriez défendre tout le monde ?
07:13 - Mais je peux, j'ai prêté serment pour cela,
07:16 et je pense que c'est l'honneur d'un avocat de défense,
07:18 il y a des gens qui ne comprennent pas,
07:19 il y a même des gens qui s'imaginent que je suis l'ami, le copain,
07:21 voire le manager de Jonathan Daval ou de gens qui tuent leur femme,
07:25 ou le président d'un club de féminicide qui valorise cela,
07:30 pas du tout, je suis avocat, j'ai les mêmes valeurs que vous,
07:32 avec la vie en valeur absolue, et la vie d'une femme notamment en valeur absolue,
07:37 je suis parfois terrifié par ce que je vois,
07:40 par l'horreur que sont capables de faire certains ou certaines,
07:43 on vient d'avoir une affaire terrible dans la région de Besançon,
07:46 deux petits enfants ont manifestement été tués,
07:48 mais je suis là pour les défendre, sinon il aurait fallu que je fasse autre chose.
07:51 Déjà pas facile pour un homme de porter une robe toute la journée,
07:54 alors si je ne fais pas bien mon job...
07:55 - Véronique est là avec nous,
07:58 et évidemment dans notre émission,
08:00 nos invités, personnalités ou non, sont parfois interrogés par nos auditeurs.
08:04 Bonjour Véronique.
08:05 - Bonjour Pascal.
08:06 - Et merci, vous habitez dans l'ouest, je crois, vous êtes du Mans, c'est cela ?
08:11 - Oui, tout à fait.
08:12 - Une question peut-être pour M. Schwerderfer.
08:16 - La question c'est, est-ce que vous trouvez aujourd'hui qu'il y a beaucoup trop de parti-pris,
08:23 qu'on se précipite tout de suite sur un homme,
08:24 dès qu'une femme dit qu'il y a eu un problème, etc.
08:28 Moi j'ai l'impression qu'il y a eu une aversion.
08:30 J'ai 66 ans, j'ai vécu effectivement une agression quand j'avais une trentaine d'années,
08:35 je suis allée au commissariat, et en fait on ne me croyait pas.
08:38 Les gendarmes, les flics qui étaient là s'amusaient à me faire répéter les mots qu'on avait...
08:43 "Oui mais qu'est-ce qu'il vous a dit, qu'est-ce qu'il a fait ?"
08:45 En fait on sentait que tout le monde s'amusait,
08:46 je suis ressortie de là, j'étais complètement traumatisée,
08:49 et aujourd'hui c'est complètement l'inverse.
08:50 En fait une femme vient, elle a la parole, ce qu'elle dit c'est vrai, on la protège,
08:55 c'est normal, il faut protéger les enfants, etc.
08:57 Quand il y a de la violence, c'est OK.
08:59 Mais j'ai l'impression que ça s'est complètement inversé.
09:02 Alors le problème c'est qu'avant les femmes étaient sous la coupe des hommes,
09:05 subissaient, on a connu effectivement les bonnes qui servaient,
09:09 effectivement le maître s'en servait, le fils éventuellement pour son éducation sexuelle, etc.
09:15 - Et aujourd'hui évidemment les choses ont changé et elles se sont annoncées.
09:18 - Mais c'est trop dans l'autre sens !
09:20 - Monsieur Scherberfer, est-ce que vous partagez cette analyse ?
09:23 - Ma réponse est dans la question de cette auditrice.
09:27 Elle dit tout, elle a raison, surtout son conseil est extrêmement pertinent.
09:31 Il y a eu un excès avant, on n'écoutait pas les femmes,
09:35 on ne les croyait pas, on se moquait de leurs témoignages,
09:36 on était dans une vraie société patriarcale,
09:39 et son témoignage sur les commissariats de police est très juste à cette époque-là,
09:42 dans les années 80-90.
09:43 Il y a eu un profond changement au début des années 2000,
09:46 la parole de la femme a été valorisée,
09:48 je trouvais qu'on était arrivé à un équilibre dans les années 2010,
09:50 et là aujourd'hui on est passé dans l'excès inverse,
09:52 c'est-à-dire qu'on est dans la sacralisation de la parole de la femme,
09:55 c'est les hommes, avant les femmes étaient en danger,
09:57 - Moi je suis ennuyé avec ces excès, je vais vous dire pourquoi je suis ennuyé.
10:00 Là il y a une affaire qui concerne un animateur célèbre,
10:03 et je ne vais pas le citer à l'antenne, mais bon.
10:05 Quand j'entends,
10:07 quand j'entends une femme rapporter ce qu'elle rapporte,
10:13 je la crois, je ne peux pas vous dire autre chose, je la crois.
10:16 Je crois qu'on ne peut pas inventer ça, mais peut-être que je me trompe.
10:20 J'ai le sentiment que les témoignages que j'entends parfois
10:26 de femmes qui ont été abusées, violées, harcelées,
10:30 en l'occurrence par des personnalités, puisque c'est de cela dont on parle,
10:34 tu ne peux pas inventer ce qu'elles inventent.
10:36 D'abord il n'y aurait pas de mobile.
10:38 - Il faut lire mon livre, parce que vous verrez que si,
10:42 bien sûr que si, une femme peut mentir.
10:44 Une femme peut être extrêmement sombre.
10:46 On a un procès actuellement concernant la femme de Fourniret,
10:50 je peux vous dire qu'une femme peut être aussi sombre qu'un homme.
10:52 Elle peut inventer, elle peut mentir, elles peuvent mentir.
10:55 Il peut y avoir des intérêts, il peut y avoir des victimes, entre parenthèses, qui se connaissent,
10:59 qui ont des dessins qui sont parfois pas forcément des dessins
11:03 qui tendent vers la manifestation de la vérité.
11:06 Je vais vous dire, ça ne me choque pas ce que vous me dites, que vous croyez vous.
11:09 Vous n'êtes pas un juge.
11:10 Et effectivement ce qui me gêne c'est que des juges, et votre position que vous vouliez,
11:14 ça ne me pose aucun problème.
11:16 Par contre que ceux qui doivent juger,
11:18 que ceux qui doivent condamner se limitent à croire la parole d'une femme,
11:21 c'est une aberration.
11:22 Parce que comment voulez-vous savoir si la parole d'une femme est vraie
11:26 si vous ne faites pas d'enquête et d'investigation ?
11:28 L'inverse de croire c'est savoir.
11:30 Et la justice elle est là pour savoir et pas pour croire.
11:33 S'il suffit de croire les gens,
11:35 pour déterminer la culpabilité de quelqu'un,
11:37 alors il n'y a plus de justice.
11:38 - Je vous rejoins évidemment, il faut des éléments matériels.
11:41 - On est dans l'a priori le préjugement, mais on n'est pas dans l'analyse aimée.
11:44 - Je partage à 100% ce que vous dites.
11:46 - Et surtout on viole toute présomption d'innocence.
11:48 - Nous sommes d'accord.
11:49 - C'est ce que dit cette dame, elle a raison.
11:51 - Nous sommes complètement d'accord, je le répète,
11:54 sur des témoignages.
11:56 Alors quand il y a une personne, vous avez raison, une personne peut mentir,
11:58 mais quand sur une même personnalité vous avez 10, 15 témoignages,
12:02 forcément on est ébranlé.
12:04 Je constate que la morale est entrée en force depuis quelques années dans les cours d'Arcise,
12:08 et écrivez-vous, il y a une influence extrêmement toxique liée au mouvement #MeToo.
12:11 #MeToo ce n'est pas la libération de la parole de la femme,
12:13 c'est l'hystérisation de la parole de la femme,
12:16 et une parole qui s'arroge le droit à toutes les violences,
12:18 quand elle pointe du doigt un homme désigné en dehors de tout cadre judiciaire,
12:22 comme un agresseur.
12:23 #MeToo et balance ton porc, c'est le macartisme d'aujourd'hui, écrivez-vous.
12:27 On est entré dans la chasse aux sorciers,
12:29 ce sont des sorcières qui mènent la danse,
12:31 et vous citez Nicolas Hulot, Patrick Poivre d'Arvor,
12:34 Damien Abad, Jean-Jacques Bourdin, Gérard Depardieu,
12:37 Tariq Ramadan, Jean Lassalle, et d'autres à venir.
12:40 - Vous pouvez en rajouter un.
12:42 - Monsieur Coé ?
12:44 - Exactement.
12:45 Exactement, c'est symptomatiquement ce que je dénonce.
12:48 - Mais alors qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
12:51 - Il faudrait faire, il faut simplement rationaliser les choses,
12:53 et appliquer ce qu'on applique en toute matière, en matière pénale,
12:56 la présomption d'innocence.
12:58 Regardez, notre ministre poursuivi, relaxé,
13:01 mettait en avant la présomption d'innocence depuis trois ans, il ne l'écoutait pas.
13:04 - Il n'y a pas de victime à l'intérieur ?
13:06 - Il n'y a pas de victime, monsieur Po,
13:08 quand une personne n'est pas condamnée,
13:10 en face il n'y a pas une victime, il y a une plaignante.
13:12 Il ne faut pas confondre les choses.
13:14 - Alors qu'est-ce qu'on fait ?
13:16 - On respecte la présomption, c'est dans la loi,
13:18 on respecte la présomption d'innocence.
13:20 - Mais elle est impossible.
13:22 - Vous voyez, monsieur Coé, on veut une mort sociale,
13:24 j'ai entendu une femme complètement terrifiante,
13:26 qui disait "il faut absolument qu'il y ait une mort sociale,
13:28 il faut qu'il soit écarté de..." Mais attendez, présomption d'innocence,
13:30 il continue son travail, comme pour Abitam,
13:32 et on verra ce que décidera la justice.
13:34 - Ça a changé, hein,
13:36 à Réhabitant, je crois que tout a été levé, l'affaire est terminée.
13:38 - Mais vous vous rendez compte, les sanctions qu'il a eues,
13:40 alors qu'il n'avait rien fait, au niveau médiatique,
13:42 on l'a écartée de toute vie médiatique,
13:44 toute vie professionnelle, alors que la justice
13:46 a dit "mais en fait cet homme-là est innocent".
13:48 Monsieur Coé,
13:50 je ne sais pas s'il est coupable ou innocent,
13:52 personne ne le sait, peu importe qu'il soit deux ou trois,
13:54 c'est pas le problème, il n'y a pas de preuve mathématique
13:56 en droit pénal, il y a une présomption d'innocence,
13:58 moi je trouve qu'il devrait continuer
14:00 son activité professionnelle, normalement,
14:02 présumer innocent,
14:04 dans l'attente d'une décision judiciaire.
14:06 - Mais même lui ne pourrait plus...
14:08 - Pourquoi il ne peut plus ? Parce qu'aujourd'hui,
14:10 le public est plongé dans l'émotionnel,
14:12 c'est ce que je dénonce avec ce mouvement
14:14 #MeToo et #BalanceTonPort,
14:16 c'est-à-dire qu'on a des gens
14:18 qui sont dans la violence absolue, dans le fascisme absolu
14:20 des idées, qui viennent vous dire "un homme accusé
14:22 doit disparaître de la vie publique,
14:24 un homme accusé n'a plus le droit
14:26 à une vie sociale", parce que nous,
14:28 quelques-unes, avons décidé
14:30 qu'il fallait le préjuger, le précondamner
14:32 avant toute décision judiciaire, parce qu'on s'érige
14:34 en tribunal populaire et médiatique.
14:36 C'est scandaleux ? - Alors, je suis à 100%
14:38 d'accord avec tout ce que vous dites,
14:40 je suis à 100% d'accord avec ce que vous dites, mais
14:42 ce qui a tout changé, c'est effectivement l'opinion publique
14:44 et les réseaux sociaux, et je ne vois pas aujourd'hui
14:46 comment il peut en être autrement.
14:48 L'affaire Depardieu est très intéressante,
14:50 Gérard Depardieu, aujourd'hui, vit en dehors
14:52 de France, il ne peut plus monter
14:54 sur scène. - C'est scandaleux. - Oui, mais
14:56 tout le monde est responsable.
14:58 - D'abord, on nous prive de son talent, c'est scandaleux.
15:00 - Non, mais la société médiatique est responsable,
15:02 les producteurs ne veulent plus le produire,
15:04 tout le monde est lâche...
15:06 - Oui, tout le monde
15:08 est lâche, c'est la société des lâches.
15:10 Vous savez, il y a une chanson de Sardou qui disait "Méfions-nous les fourmis",
15:12 il n'est pas tort, c'est-à-dire qu'il y a
15:14 un moment, il faut que les gens soient courageux,
15:16 un minimum, il faut qu'ils assument,
15:18 il y a une présomption d'innocence, il la met en avant,
15:20 il y a une justice, elle existe,
15:22 l'autorité judiciaire fait des enquêtes,
15:24 c'est la seule instance habilitée
15:26 pour condamner publiquement un homme
15:28 et pour prononcer des sanctions.
15:30 C'est pas le public, c'est pas
15:32 MeToo, c'est pas des associations féministes
15:34 qui ont le droit de sanctionner
15:36 et de punir. Et aujourd'hui,
15:38 certains s'arrogent le droit
15:40 de vous condamner, de vous pré-punir,
15:42 de vous pré-condamner... - Est-ce qu'il faut
15:44 changer la loi ? - Et de vous pré-sanctionner. Non, non, non, très bien,
15:46 il faut la respecter. - La presse, non.
15:48 - Si, si, il faut la respecter.
15:50 - J'entends bien, mais à partir du moment... - Si on la respecte pas, c'est l'anarchie.
15:52 - Non mais, j'entends bien, mais à partir du moment...
15:54 - Là, ça devient un peu l'anarchie à ce niveau-là.
15:56 - J'entends ce que vous dites, mais à partir
15:58 du moment où la presse enquête, puisque
16:00 ces affaires-là ont été sorties par la presse.
16:02 À partir du moment où la presse
16:04 enquête, elle met donc
16:06 dans l'espace public ces sujets-là,
16:08 c'est extrêmement difficile
16:10 avec les réseaux sociaux,
16:12 avec les minorités actives,
16:14 avec les manifestations possibles, comment
16:16 vous faites ? - Système suisse, présomption
16:18 d'innocence absolue, interdiction de parler d'une
16:20 enquête en cours. - Ah, voilà ce que je veux dire.
16:22 - Y compris pour les journalistes. - Alors là,
16:24 c'est ça qui change tout. - Un journaliste est pas policier,
16:26 il est pas gendarme, il est pas juge d'instruction, il est pas
16:28 procureur. Et un journaliste a
16:30 toujours une opinion. C'est normal.
16:32 Et ce journaliste, et je le vois
16:34 dans certaines affaires, notamment l'affaire Péchée,
16:36 en fonction des journalistes qui traitent l'affaire,
16:38 vous avez ceux qui sont convaincus de son innocence, ceux qui sont
16:40 convaincus de sa culpabilité. Et je peux vous dire que les articles
16:42 sont diamétralement opposés. Et il ne faut pas oublier
16:44 qu'un journaliste non plus n'a pas accès à tous les éléments
16:46 d'un dossier. - Mais vous avez raison, et on l'avait vu dans l'affaire Grégory
16:48 où chacun avait choisi son camp. Alors on va être avec
16:50 Aurore qui va vous interroger, mais
16:52 je vous attendais effectivement, et la solution
16:54 que vous avez donnée, elle est parfaite. C'est-à-dire
16:56 interdiction de parler d'une affaire en cours
16:58 pour les journalistes. Ça va changer beaucoup de médias.
17:00 - Sauf quand la condamnation est prononcée.
17:02 - Oui, mais ça va changer. Ça va changer
17:04 beaucoup de médias.
17:06 Parce qu'il y a une tradition française,
17:08 dans le temps, c'était France Soir,
17:10 il y a 50 ou 60 ans,
17:12 le fait divers est au cœur
17:14 de l'information et de l'actualité
17:16 française. On est avec Aurore qui voulait vous interroger.
17:18 Bonjour Aurore. - Oui,
17:20 bonjour. - Vous nous écoutez, vous vouliez
17:22 réagir peut-être à nos propos.
17:24 - Oui, tout à fait.
17:26 Je viens d'entendre
17:28 ce qu'a dit le maître,
17:30 votre avocat, et je suis
17:32 complètement bouleversée
17:34 de ce qu'il peut dire.
17:36 Parce que nous les femmes,
17:38 moi j'ai été battue pendant 13 ans,
17:40 je n'ai jamais porté plainte.
17:42 J'ai porté plainte il y a un an,
17:44 au bout de 20 ans de divorce, parce que je savais
17:46 que les plaintes
17:48 n'aboutissaient pas. Comme 80%
17:50 des plaintes
17:52 de femmes battues
17:54 sont classées
17:56 sans suite.
17:58 Donc, vous voyez, au bout de 20 ans,
18:00 j'ai osé faire une plainte
18:02 pour menace de mort.
18:04 Et là, la plainte aussi
18:06 a été classée sans suite parce que monsieur a dit
18:08 "Ah mais c'est pas moi, alors si c'est pas moi,
18:10 tant mieux en tout cas."
18:12 - C'est vrai qu'on est passé parfois d'un extrême à l'autre,
18:14 monsieur Schwerderfer.
18:16 - Il faut des preuves pour condamner quelqu'un.
18:18 Un classement sans suite, ça ne veut pas dire qu'on ne vous croit pas,
18:20 c'est qu'il n'y a pas de preuves.
18:22 S'il n'y a pas de preuves, la justice ne peut pas condamner.
18:24 Si on condamne les gens sans preuves, et qu'on met les gens
18:26 en prison sans preuves, on n'est plus dans un état
18:28 de droit démocratique. Et je vous rassure,
18:30 les hommes battus aussi, qui n'ont pas de preuves
18:32 des violences qu'ils subissent,
18:34 ils se font aussi l'objet de classements sans suite.
18:36 - Je vais vous faire écouter quelque chose, parce que c'est important,
18:38 vous appartenez, vous êtes dans une maison
18:40 qui vous a donné peut-être
18:42 l'envie de faire ce métier.
18:44 - Oui. - Écoutez.
18:46 - Je vous propose aujourd'hui un dossier qui n'est pas tout à fait
18:48 comme les autres. D'abord, il est plutôt drôle.
18:50 Et vous savez que dans les affaires criminelles,
18:52 c'est une propriété
18:54 qui n'est pas très répandue. Ensuite,
18:56 on ne trouve pas d'assassinat, pas de violence,
18:58 pas d'enlèvement, bien que le héros
19:00 de l'histoire soit un cadavre.
19:02 Mais commençons tout de suite notre histoire.
19:04 [Musique]
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19:08 [Musique]
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19:14 [Musique]
19:16 - Les dossiers extraordinaires.
19:18 - Quel génie.
19:20 Quel génie de quel charisme.
19:22 Là,
19:24 on l'a entendu 30 secondes, on est déjà dedans.
19:26 - Enfant,
19:28 j'avais mon petit...
19:30 ma petite radio que m'avait offerte ma grand-mère,
19:32 une Motorola, c'était énorme
19:34 déjà d'avoir une radio à cette époque.
19:36 Et j'attendais, moi, les émissions de Pierre Belmar,
19:38 c'était incroyable. Le mercredi,
19:40 et puis je lisais après
19:42 les livres de Pierre Belmar, parce que
19:44 c'était fascinant ce qu'il racontait et c'était incroyable.
19:46 Et je me rendais
19:48 compte, moi qui vivais dans une famille très normale,
19:50 avec des parents aimants, enfin très équilibrés,
19:52 que ce qui se passait
19:54 dans d'autres familles, dans d'autres maisons,
19:56 je ne pouvais pas y croire.
19:58 Et à l'époque, la seule fenêtre d'ouverture
20:00 sur le monde, on va dire, sur ces affaires
20:02 extraordinaires, c'était Pierre Belmar.
20:04 Et puis, avec cette
20:06 voix, avec... Moi, j'adorais
20:08 tout, même les caméras cachées de Pierre Belmar étaient
20:10 fabuleuses. - Et vous pouvez les réécouter en podcast
20:12 sur Europe1.fr et l'application de repas est en disponible.
20:14 - Je ne sais pas qu'est-ce que c'est, ça.
20:16 - Vous pouvez les réécouter. - Je regarde sur YouTube, c'était
20:18 une époque fabuleuse. - Je renvoie à votre livre,
20:20 "Ugo", chez Ugo Dock, "Itinéraire d'un avocat
20:22 hors normes", Randall Schwerderfer,
20:24 bien sûr d'être avec vous mais c'était passionnant de vous écouter.