Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.
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NewsTranscription
00:00 *Générique*
00:02 Europe 1, 11h-13h, Pascal Praud et vous.
00:07 Et pour réagir avec Pascal Praud, 11h-13h sur Europe 1, un seul numéro, le 01 80 20 39 21. Bonjour Pascal !
00:13 Bonjour Géraldine ! Vous allez bien ?
00:15 Très bien et vous ?
00:16 Je salue notre équipe, comme tous les jours, à la batterie, Fabrice !
00:21 Et il y a le coup de baguette ! Bonjour tout le monde !
00:23 Bonjour !
00:24 Au tambourin, nous reconnaissons le...
00:28 Bonjour à tous ! Je ne sais même pas ce que c'est, mais bonjour à tous !
00:30 Je ne sais pas, c'est un tambourin ?
00:31 Non ! C'est quoi un tambourin ?
00:33 Un tambourin, c'est un petit instrument de musique...
00:35 Bon, je vais regarder ça !
00:36 ...sur lequel on tape.
00:37 Bon, bah oui !
00:38 C'est un petit tambourin.
00:39 Ah bah oui, c'est ça, pour me taper dessus, on me tape dessus !
00:40 C'est pour ça que vous êtes un tambourin !
00:41 Oui, merci à vous ! Ça va, tout va bien ?
00:43 Et puis, ça va, tout va bien, oui, soyez corrects quand même !
00:47 Pardon, pardon !
00:48 Et puis Florian, avec un I entre le A et le R.
00:51 Florian !
00:52 Bonjour Pascal !
00:53 Exactement, Carasou Mayan est là !
00:55 "Flic à la Bac Nord", c'est évidemment le livre qui vient d'ailleurs après le film,
00:59 mais c'est votre histoire qui a inspiré Cédric Jiménez.
01:03 Rebonjour Sébastien Soulet !
01:05 Bonjour !
01:06 Et on va partir du départ, forcément, de cette affaire.
01:10 Un scandale arrive dans la prestigieuse Bac Nord de Marseille.
01:15 Vous seriez des ripoux.
01:16 Racontez-nous comment tout cela s'est mis en place.
01:19 C'était il y a combien de temps ?
01:20 L'enquête démarre, c'était l'hiver 2011,
01:25 jusqu'à ce qu'on soit interpellé en octobre 2012.
01:28 Donc les bruits commencent, en fait, on nous accuse de raquettes en bande organisée,
01:34 on nous accuse de voler de l'argent aux dealers des cités,
01:40 on nous accuse de leur prendre les sacoches avec l'argent,
01:43 de la revendre nous-mêmes,
01:44 on nous accuse de tous les maux, en fait, de tout ce qui se passe dans la voyocratie.
01:50 Donc c'est ce qui touche, on nous accuse même de vol de portefeuille,
01:54 enfin, tout s'échappe très vite.
01:55 Quand vous dites "on", c'est qui ?
01:57 Il y a l'IGPN, au tout début, avec une petite guerre de chefs en dessous,
02:03 une guerre politique aussi,
02:05 et un accusateur au début qui est censé être le pilier de l'affaire de la Bac Nord.
02:10 C'est quelqu'un qui dénonce en gros tout ce qu'il a fait lui,
02:14 en s'effaçant forcément de toutes les histoires,
02:16 puisqu'il avait déjà été révoqué de la police nationale.
02:18 Et du coup, l'ancien préfet de l'époque, préfet Gardère,
02:22 s'appuie sur toutes ses déclarations pour sortir cette affaire
02:26 et mettre en œuvre toute une série d'écoutes, de sonorisations,
02:30 jusqu'au moment de notre interpellation, le 2 octobre 2012.
02:33 Alors c'est un livre qui est à la fois bouleversant, extrêmement émouvant,
02:36 parce que c'est un témoignage humain, et puis c'est une descente aux enfers.
02:39 Vous êtes resté 69 jours en prison, vous êtes policier,
02:42 d'ailleurs on est toujours étonné qu'un juge d'instruction puisse vous mettre en prison,
02:47 et que vous ne bénéficiez pas d'une présomption d'innocence supérieure.
02:52 Et vous écrivez "Oui, la lèpre sociale s'est abattue en 2012
02:55 sur tous les fonctionnaires de la Bac Nord de Marseille,
02:57 cette brigade anti-criminalité qui était au dire de tous la meilleure de France,
03:01 celle que tous citaient un exemple, celle qui multipliait les affaires hors normes."
03:05 C'est vrai que les baqueux, et ça faut le dire,
03:07 parce que tout le monde ne sait pas exactement ce qu'est un baqueu,
03:10 c'est pas un policier comme les autres.
03:12 - Un baqueu, en fait il faut comprendre que c'est des gars qui vivent leur métier
03:16 comme tous les policiers, mais le baqueu il a quelque chose quand même en plus,
03:20 c'est qu'il travaille avec l'adrénaline, c'est-à-dire que c'est trois policiers,
03:25 souvent trois copains qui sont dans la même voiture,
03:27 qui arpentent les rues des quartiers souvent difficiles,
03:29 en tout cas c'était mon cas puisque c'était les quartiers Nord de Marseille,
03:32 et c'est un peu votre famille, donc du coup vous vous livrez dans les voitures,
03:36 vous vous parlez de tout et de rien,
03:38 et dans un millième de seconde ça déclenche parce que vous voyez ou un braqueur,
03:42 ou vous voyez un dealer qui s'en bat en courant,
03:45 ou quelqu'un qui arrache le sac d'une mamie,
03:47 et puis là vous avez l'adrénaline qui rentre et puis vous vous habituez à ça,
03:51 c'est la difficulté un peu de ces quartiers,
03:53 c'est que ça peut paraître très calme le matin,
03:55 puisque tout le monde me dit "ça a l'air calme",
03:57 et puis vous intervenez et en quelques secondes
04:00 vous vous retrouvez avec 30 ou 40 personnes autour de votre voiture,
04:02 et c'est à vous de gérer puisque vous n'êtes que trois.
04:04 - Alors ce qui est intéressant également de dire,
04:06 c'est que si vous piquez ou si vous rackettez les dealers,
04:09 à mon avis vous ne devez pas rester longtemps en vie,
04:11 et on a donc imaginé que vous rackettiez les dealers en échange de je ne sais quoi,
04:17 et a priori ce n'est pas quelque chose qui tient dans ces milieux là.
04:20 - C'est pas non, bien entendu que ces milieux là,
04:23 avec l'argent qu'ils génèrent, je ne les vois pas sincèrement,
04:27 se laisser mettre à la main parce que c'était l'idée,
04:29 par des fonctionnaires de police,
04:31 je pense que ça aurait été les premiers à aller au commissariat
04:33 parce qu'ils savent le faire,
04:34 il faut arrêter de croire que ces dealers restent dans l'ombre,
04:38 s'ils sont victimes de quelque chose, ils savent se rendre au commissariat,
04:41 et ils seraient venus parce qu'ils ont pas mal d'écoute aussi,
04:43 il faut quand même le dire, de notre côté,
04:45 surtout avec la police des polices,
04:48 et je pense qu'ils auraient eu une oreille attentive,
04:50 donc bien sûr que c'est grotesque,
04:52 s'en prendre à des dealers comme ça,
04:54 et leur prendre tous les jours,
04:56 tous les jours, puis le matin, l'après-midi, le soir,
04:59 une sacoche, elle leur disait "merci pour tout" et "bonne soirée",
05:02 c'était totalement grotesque.
05:04 - Vous parlez beaucoup de la presse,
05:05 tous les ingrédients d'un bon papier étaient présents,
05:07 des policiers de la BAC qui raquettent des gros dealers
05:09 dans les quartiers nord de Marseille,
05:11 des informations furent distillées savamment dans la presse,
05:14 au mépris de la présomption d'innocence,
05:15 certains avaient affirmé que chez l'un des policiers,
05:17 en l'occurrence moi,
05:18 près de 100 000 euros en petites coupures
05:20 avaient été retrouvés, enterrés dans mon jardin,
05:23 avec un pistolet automatique,
05:25 oui, certains journalistes ont, dans cette histoire,
05:27 oublié le principe de vérification et d'information,
05:29 n'êtes pas tendres avec la presse.
05:32 - Je ne suis pas tendre avec ceux qui ont voulu
05:34 de force faire une histoire,
05:35 moi je pense que la presse,
05:36 elle a fait son rôle au début,
05:38 ça c'est une certitude,
05:39 après quand on est de l'autre côté du cadran,
05:42 forcément c'est pas la même chose,
05:43 on voit les séries,
05:45 on voit les chaînes en continu qui font que dire
05:48 "oui la BAC Nord c'est les voyous, c'est les voyous",
05:50 c'est pas facile à vivre, ça c'est une certitude,
05:53 maintenant ceux qui ont écrit carrément des faussetés,
05:55 ça c'est autre chose.
05:56 J'ai eu un mot pour cet individu,
05:59 dont je ne me souviens même plus le nom,
06:01 parce que je pense que c'est pas très intéressant,
06:03 mais pendant le procès,
06:04 lors de ma première question,
06:05 parce que deux jours avant,
06:07 il avait voulu vendre encore son papier,
06:09 en disant que chez moi il y avait 800 000 euros en liquide
06:11 et des pistolets automatiques,
06:13 et j'ai dit devant la présidente du tribunal,
06:15 j'ai dit "mais madame, pour ceux qui m'écoutent,
06:17 et je sais qu'il est dans la salle,
06:19 ma perquisition a été négative,
06:21 donc vous le savez,
06:22 tout a été mis en oeuvre pour fouiller chez moi,
06:25 les affaires,
06:27 toutes les chambres,
06:28 tout le jardin, la voiture,
06:30 tout y est passé,
06:31 et je pense qu'il aurait dû juste dire,
06:33 puisqu'il se vantait de connaître l'affaire par cœur,
06:35 je pense qu'il aurait dû juste dire,
06:36 lire le pv de perquisition,
06:37 c'était pratiquement l'un des premiers,
06:39 et ça l'aurait évité de dire n'importe quoi.
06:41 - Sébastien Soulet est avec nous,
06:43 je précise que ce livre est écrit avec Christelle Marques,
06:46 qui a fait vraiment un excellent travail,
06:47 sans doute avec vous,
06:48 elle est journaliste à Toulon pour Radio France
06:50 et spécialiste dans les faits divers
06:51 et la couverture des affaires judiciaires,
06:53 et c'est vrai que c'est un livre qui est émouvant,
06:55 au-delà bien sûr de ce que vous racontez,
06:58 c'est cette dimension humaine moi qui m'a beaucoup touché,
07:00 et puis vous nous raconterez tout à l'heure,
07:03 lorsque vous êtes entré en prison,
07:04 enfin on imagine,
07:06 non justement,
07:07 on n'imagine pas ce que c'est,
07:09 lorsque quelqu'un comme vous, comme nous,
07:11 qui n'est absolument pas habitué,
07:13 à ces endroits là,
07:15 à cette trajectoire là,
07:17 parce que lorsque vous êtes un criminel,
07:19 j'ai envie de dire,
07:20 bon ça fait partie du job,
07:22 mais lorsque quelqu'un comme vous,
07:24 comme nous,
07:25 se retrouve confronté à cette réalité,
07:27 il peut quand même perdre pied très rapidement,
07:30 et vous nous direz comment vous, vous avez réagi,
07:32 comment peut-être vous vous êtes découvert,
07:34 ou pourquoi pas même surpris.
07:35 Il est 11h12,
07:37 nous sommes ensemble,
07:38 Flick à la Backner, à tout de suite.
07:40 - Pascal Praud vous accompagne de 11h à 13h sur Europe 1.
07:42 - Nous sommes ensemble sur Europe 1.
07:43 - Ah oui, sur Europe 1, c'est ce qu'on voulait dire.
07:44 - Ah oui, nous sommes ensemble sur Europe 1.
07:45 - Ah oui, nous sommes ensemble sur Europe 1.
07:46 - Nous sommes ensemble sur Europe 1.
07:47 - Europe 1.
07:48 - Alain nous dit de le redire quand même une fois,
07:49 Alain Niberti.
07:50 - Oui, parce qu'Alain, ça fait plusieurs jours d'alors qu'on ne parle plus d'Alain Niberti.
07:53 - Ah oui, pas assez, il faut préciser.
07:55 - Il est directeur d'antenne,
07:56 il est parti en vacances peut-être ?
07:57 - Non, non, non, il est là.
07:58 - Ah bon, il est là ?
07:59 - Bon, alors s'il est là en plus,
08:01 il ne prend pas de vacances.
08:02 - Ah ben non, jamais, non.
08:03 - C'est un forcené du travail.
08:05 - Il ne peut pas skier pour des raisons évidentes.
08:07 - Tout parce qu'on ne s'y prend...
08:08 On ne peut pas skier pieds nus, oui.
08:10 - Il ne peut pas skier pour des raisons,
08:12 c'est quelque chose qu'il a arrêté,
08:14 j'ai envie de dire, de fait.
08:16 Bon, à tout de suite.
08:18 - Et pour poser vos questions,
08:19 notre invité Sébastien Souley a un seul numéro.
08:21 - Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21.
08:25 - Pascal Pro et vous.
08:26 - De 11h à 13h sur Europe 1,
08:27 vos réactions 0 à 80 20 39 21
08:29 et vos questions aussi,
08:31 à notre invité Sébastien Souley.
08:33 - Alléluia, alléluia, alléluia.
08:42 Sébastien Souley est avec nous,
08:44 il a écrit "Flic à la Bac Nord",
08:46 c'est un des personnages qui a inspiré
08:48 le film "Bac Nord" de Cédric Jiménez
08:50 et cette chanson, elle vous rappelle
08:52 évidemment quelque chose,
08:53 puisque vous écrivez à la fin du livre,
08:55 d'ailleurs, de l'eau a coulé sous les ponts.
08:57 Beaucoup de choses ont changé,
08:58 mais il y a un réflexe que je n'ai pas perdu,
09:00 c'est de faire un signe de croix
09:01 quand j'entends "Alléluia" de James Buckley à la radio.
09:04 Cette chanson m'a accompagné toute ma détention.
09:08 Dès que les premières notes
09:10 sont résonnées à la télévision dans la cellule,
09:12 je me mettais à genoux,
09:14 dans mes 6 mètres carrés,
09:16 et je me signais,
09:17 bien que je ne sois pas particulièrement croyant.
09:20 Aujourd'hui, en revanche,
09:22 je ne me mets plus à genoux.
09:24 - Vous avez pu le constater,
09:27 je ne me mets plus à genoux,
09:28 en fait, c'était une musique à imprison,
09:31 on a besoin de se raccrocher à quelque chose,
09:35 parce que du coup, les journées sont longues,
09:38 je l'ai dit et je le redis,
09:39 vous avez besoin de passer d'une heure à une autre,
09:42 jusqu'à ce que ça vous amène au repas
09:44 qui se passe à 18h30,
09:45 c'est pour ça que je fais un lien avec les Ehpad,
09:48 parce qu'on mange très tôt,
09:49 quand on mange,
09:50 et du coup, il y a cette chanson qui passait,
09:53 et c'est vrai que je me suis raccroché à ça.
09:56 C'est à ce moment-là peut-être que je me suis dit aussi
10:00 qu'il y avait beaucoup de travers dans la prison,
10:03 parce qu'on touche tellement le fond,
10:05 et c'est tellement compliqué émotionnellement,
10:07 qu'on peut très vite être,
10:10 alors ce n'est pas le cas quand on est en isolement,
10:12 mais j'imagine que les jeunes qui n'ont rien à y faire,
10:15 parce que ça peut arriver aussi,
10:17 peuvent être très vite recrutés par des fanatiques religieux,
10:20 ou peuvent être recrutés par une bande organisée
10:24 un petit peu plus grosse
10:25 que ce qu'il avait fait pour la moyen en prison,
10:27 et je pense que c'est quelque chose
10:29 que si on ne le vit pas, on ne peut pas le comprendre,
10:32 je pense qu'il faut réellement en parler,
10:34 c'est que ça touche tellement profondément,
10:36 que du coup on est capable,
10:38 vous voyez j'en parle vraiment dans le livre,
10:41 c'est que j'étais prêt à me mettre à genoux,
10:43 à faire le signe de croix,
10:44 alors que je ne le faisais pas jusqu'à présent,
10:46 donc du coup, c'est ce qu'il faut ressentir aussi,
10:49 à travers ce que j'ai voulu écrire,
10:51 c'est que la perversité aussi de la prison
10:54 peut amener à des choses un petit peu plus compliquées.
10:58 - Quand vous dites que vous êtes à l'isolement,
10:59 vous êtes à l'isolement en cellule,
11:00 mais aussi lorsque vous êtes en promenade,
11:02 il n'est pas question que vous soyez au contact
11:04 des autres prisonniers,
11:05 parce que ça pourrait très mal se passer pour vous ?
11:07 - Oui, tout à fait,
11:08 en fait on est mis en isolement par le statut
11:10 qu'on a de policier quand on rentre,
11:12 tout simplement pour notre sécurité,
11:14 parce que si quand vous vous promenez,
11:16 si on vous met dans une promenade
11:17 où il y a tous les détenus,
11:19 ma tante m'a clairement dit
11:21 que je ne tiendrai pas plus de deux minutes
11:22 quand on vous met à l'abri d'une caméra,
11:24 parce qu'il y a des angles
11:25 où on ne peut pas voir profondément ce qui se passe,
11:28 et puis elle me dit "là il vous lèche",
11:30 donc du coup c'est par rapport à notre statut
11:32 qu'on est mis en sécurité, à l'isolement.
11:34 - Et quand vous rentrez la première nuit,
11:36 c'est tellement violent
11:37 qu'il y a quelqu'un qui manifestement sait qui vous êtes,
11:39 et qui pendant toute la nuit va égrider votre prénom ?
11:42 - C'est ça, en fait ça reste une énigme,
11:44 je pense que ça vient de ma tombe,
11:45 parce que je ne vois pas comment ça pourrait
11:47 être ressorti autrement.
11:49 Le prénom a été distillé à quelques détenus,
11:53 et le détenu de la cellule en dessous
11:55 forcément m'a appelé par mon prénom,
11:57 m'a insulté, m'a menacé,
11:59 comme vous pouvez l'imaginer
12:00 puisque ça se fait déjà à l'extérieur,
12:01 donc vous imaginez bien
12:03 quand ils sont en détention,
12:05 un endroit qui pour eux reste leur endroit,
12:08 du coup vous êtes policier,
12:10 on vous appelle par votre prénom,
12:12 on tape pour éviter que vous vous endormiez,
12:15 donc ça a duré toute la première nuit,
12:17 donc ça a été compliqué effectivement, oui.
12:20 - Alors on va raconter évidemment votre séjour en prison,
12:24 pourquoi vous sortirez,
12:25 puis je rappelle quand même que vous avez été relaxé,
12:27 c'est ça qui est important,
12:28 au bout de dix ans que vous êtes toujours aujourd'hui dans la police,
12:30 vous êtes...
12:31 - Responsable syndical Allianz.
12:32 - Donc vous n'êtes plus un baqueux,
12:34 vous n'êtes jamais retourné sur le terrain,
12:36 mais notre émission permet un échange
12:39 avec les auditeurs qui peuvent vous poser des questions
12:42 et c'est le cas je pense avec...
12:44 avec qui sommes-nous ?
12:46 - Nous sommes avec Philippe !
12:47 - Nous sommes avec Philippe !
12:49 Bonjour Philippe qui nous écoute sans doute
12:51 depuis le début de cette émission,
12:53 bonjour Philippe, vous êtes chauffeur routier
12:55 et je sais que vous nous appelez régulièrement.
12:57 - Ouais, ça va ?
12:59 - Ça va bien !
13:01 - Excusez-moi de vous déranger !
13:03 Bonjour Philippe !
13:06 - Je suis en train de sortir des quais, c'est pour ça, vous allez bien ?
13:08 - Ça va très bien, vous êtes sortir des quais, vous êtes où ?
13:11 - Là je suis dans l'Essonne.
13:14 - Vous êtes dans l'Essonne, bon.
13:16 Et vous nous écoutez,
13:17 vous avez peut-être une question à poser à Sébastien Soulé
13:20 qui a écrit, je le rappelle, "Flic à la Bachner",
13:23 un des personnages, un des héros qui a inspiré le film de M. Jiménez, "Bachner".
13:28 - Non, j'ai pas spécialement de questions à poser.
13:32 - Vous avez bien fait d'appeler alors.
13:34 - Non, non, non, mais excusez-moi,
13:36 mais du coup, comme j'étais au déchargement,
13:38 j'ai pas écouté tout ce qui a été dit avant.
13:40 Voilà, elle m'a déchargé.
13:42 Par contre, je me rappelle que quand le film "Bachner" était sorti,
13:45 toute la droite s'était soulevée en disant
13:49 "Oui, ça montre le manque de moyens dans la police", etc.
13:53 Donc en gros, pour eux, "Bachner",
13:56 ça reflétait un peu ce que vivait la police au quotidien,
14:00 le manque de moyens, etc.
14:04 Enfin, bref.
14:05 Moi, "Bachner", tout ce que j'ai vu une fois,
14:08 et j'en ai eu bien assez, je ne l'enverrai pas,
14:10 tout ce que je me rappelle, c'est qu'en fait,
14:12 il y a quand même une bonne partie de victimisation de la police.
14:15 Et que ça montre aussi le fait que la police se couvre énormément entre elles.
14:22 - C'est pas vraiment l'histoire de "Bachner"
14:25 puisque précisément, ils ont terminé en prison.
14:27 Donc c'est une lecture particulière que vous faites.
14:30 Moi, c'est toujours intéressant de voir comment les uns et les autres voient un film.
14:34 C'est quand même des voyous qui mènent la vie dure à des policiers.
14:38 Les policiers, pour vous, pour moi,
14:41 ils font un travail que ni vous ni moi ne ferions.
14:43 Et la première chose que vous dites ou que vous faites,
14:47 lorsque vous les voyez, c'est au lieu de dire
14:49 "Bah écoutez, votre travail est quand même très dangereux,
14:52 vous allez au contact de gens qui dealent,
14:55 qui sont des criminels, parfois,
14:57 et au lieu d'avoir un peu d'empathie et de sympathie pour eux,
15:00 immédiatement, vous leur tapez dessus."
15:02 C'est toujours ça qui m'étonne, Philippe, dans la vie.
15:05 Parce que chacun a un cerveau différent.
15:08 Moi, je vois pas les choses comme vous.
15:10 C'est-à-dire que quand je vois les gendarmes et les voleurs,
15:14 je me mets plutôt du côté des gendarmes.
15:16 Tout de suite. Mais bon...
15:18 - Alors, vous parlez de dangerosité. D'accord.
15:21 - Je fais 3500 km par semaine.
15:23 La route, elle est tout aussi dangereuse.
15:25 - Non, elle n'est pas aussi dangereuse que de vous retrouver
15:28 avec des loulous qui veulent vous tuer
15:30 parce que vous avez les appréhendés.
15:32 C'est pas la même chose.
15:34 - On a le nombre de morts sur la route par an.
15:36 Enfin bref, c'est peut-être pas la même chose,
15:38 mais chaque métier a un risque différent.
15:40 - Pour vous, les flics se victimisent.
15:42 Alors, on demande effectivement à notre invité,
15:44 les flics se victimisent,
15:46 c'est quelque chose que certains disent.
15:48 Philippe, bonjour. Déjà, je vous ai entendu.
15:50 - Bonjour.
15:52 - Effectivement, on n'a pas la même vision du film
15:54 parce que je ne suis pas sûr.
15:57 Alors, je pense que vous ne connaissez pas le réalisateur.
16:00 Il n'a pas voulu faire un documentaire sur la police, déjà.
16:03 Ça a été un film.
16:05 Il n'a pas voulu faire un film pro-policier
16:09 parce que ce n'est pas son côté-là.
16:11 En plus, croyez-moi, je le connais assez pour vous le dire.
16:14 Maintenant, je ne vois pas en quoi vous voyez qu'on se victimise
16:17 si ce n'est des policiers que vous envoyez en prison
16:20 où vous voyez un peu de souffrance, comme ça peut arriver, monsieur.
16:23 Je vous le rappelle, un chauffeur routier, ça peut arriver,
16:25 ça peut basculer très vite aussi.
16:27 Je ne vois pas en quoi on se victimise
16:29 de voir qu'il y a des hommes et des femmes,
16:31 qu'il y a des familles et qu'il y a beaucoup de souffrance
16:33 parce qu'on a traversé.
16:35 Après, revenir sur la police et dire que la route tue,
16:37 bien évidemment, mais on n'est pas là
16:39 pour faire un parallèle entre votre métier et le nôtre.
16:41 On est surtout là pour vous dire,
16:43 vous savez, qu'on tient des cités en respect,
16:45 à trois dans une voiture.
16:47 Je n'ai pas dit qu'on était des héros loin de là,
16:49 et d'ailleurs mon livre le fait bien ressortir,
16:51 on n'a jamais dit quoi que ce soit.
16:53 Mais je vous assure, monsieur,
16:55 que ceux qui le font, ils le font par passion
16:57 et que tout le monde n'est pas en capacité de le faire,
16:59 comme votre métier, je le reconnais tout à fait.
17:02 Mais je ne vois pas en quoi vous parlez de victimisation,
17:04 je ne suis pas d'accord avec vous.
17:06 - Alors, déjà, moi je ne dis pas que le réalisateur
17:10 ait voulu passer quoi que ce soit comme message.
17:15 Moi je vois déjà la récupération politique
17:18 qu'il y avait eu après la sortie de Bachner.
17:20 D'accord ? Il y a eu énormément de...
17:23 - La récupération politique, c'est plus,
17:25 si vous me permettez, ceux qui ont attaqué le film Bachner.
17:29 - Ah non, ceux qui l'ont défendu.
17:31 Ah non, non, non, non, les monsieur Ciotti,
17:33 les monsieur Ciotti, etc.,
17:35 ils n'ont pas attaqué le film,
17:37 ils ont justement dit...
17:39 - La récupération a dit que c'était un film fasciste, je crois.
17:41 - Bah, moi je ne parle pas de libération,
17:43 moi je parle des politiciens qui ont en gros...
17:45 - Comme il y a une querelle politique en France,
17:47 surtout, il y a aussi une querelle sur Bachner.
17:49 C'est simplement un film qui témoigne d'une réalité,
17:52 et alors l'instrumentalisation, vous avez raison,
17:54 ça peut être agaçant parfois,
17:56 mais écoutez, convenons une chose,
17:58 c'est que le métier que fait Sébastien Soulet
18:00 n'est pas simple,
18:02 que la drogue est un problème XXL,
18:04 qu'il faut pouvoir y répondre,
18:07 et que tout ça est très compliqué aujourd'hui.
18:10 - Non, mais je pense quand même que déjà,
18:12 alors quand on va parler de la drogue,
18:14 on va parler par exemple juste du cannabis, d'accord,
18:16 je pense que c'est une lutte
18:18 qui ne sera jamais gagnée,
18:20 qui donne du travail à la police,
18:22 et qui, entre guillemets, qui ne sert à rien,
18:24 parce que le gars il va se faire arrêter,
18:26 si c'est un mineur il va ressortir, etc.
18:28 Donc en fait, cette politique-là...
18:30 - Ça donne du travail à la police, vous avez une manière,
18:32 Philippe, on pense vraiment pas pareil,
18:34 c'est ça qui est formidable d'ailleurs dans la vie,
18:36 mais tant mieux !
18:38 - Le petit gamin qui va se faire arrêter, qui va me parler de des chutes,
18:40 alors soit on va lui dire qu'on va lui prendre en disant
18:42 "bon, on va plus te chopper", machin,
18:44 soit il sera embarqué au commissariat pour une déposition,
18:46 deux heures après il est sorti,
18:48 ça fait faire de la paperasse aux agents de police, etc.
18:50 En gros, c'est une lutte qui ne sert à rien,
18:52 et il y a beaucoup plus important.
18:54 - Bon, Philippe, j'ai compris le sens de votre pensée,
18:56 moi ce que je vous propose, comme il est 11h26,
18:58 on va marquer dans peu de temps une pause,
19:00 et puis je voudrais effectivement qu'on revienne sur le livre,
19:02 et que les témoignages du livre,
19:04 que je trouve très fort,
19:06 et notamment ce témoignage humain,
19:08 69 jours en prison,
19:10 69 jours en prison pour rien,
19:12 puisque vous êtes relaxé à la fin,
19:14 ça change quand même la vie. Vous voulez dire un mot peut-être,
19:16 monsieur Olivier ? - Ah non, pas du tout,
19:18 non, non, je venais pour un...
19:20 - 69 jours, 69 jours,
19:22 je ne vous demande pas si vous craquez,
19:24 je ne vous demande pas comment ça se passe,
19:26 parce que c'est des questions impudiques,
19:28 mais j'imagine quand même que,
19:30 est-ce que vous vous surprenez,
19:32 parce que vous faites partie de ceux
19:34 qui peuvent résister, à votre avis,
19:36 lorsque vous entrez,
19:38 ou vous êtes plus faible que d'autres ?
19:40 - Non, c'est quelque chose qu'on ne connaît pas
19:42 quand on rentre en prison, déjà,
19:44 quand on ne s'y attend pas avec le statut de policier qui plus est,
19:46 on ne s'y attend forcément pas à rentrer en prison,
19:48 et à ce moment-là,
19:50 comme c'est un monde inconnu, vous avez un peu le sol
19:52 qui se dérobe sous les pieds, vous ne connaissez pas ce que c'est,
19:54 c'est une descente vertigineuse à l'enfer,
19:56 mais vous ne vous connaissez pas,
19:58 moi j'ai plaisir à dire que c'est un face-à-face
20:00 avec soi-même, c'est-à-dire qu'on se regarde et on ne sait pas
20:02 comment on va réagir à ce moment-là,
20:04 on peut le faire deux, trois fois, peut-être
20:06 on n'aura pas du tout la même réaction,
20:08 moi j'ai eu une réaction,
20:10 parce que je me suis tellement senti attaqué,
20:12 que,
20:14 pour justement prouver que je n'allais pas tomber,
20:16 je pense que c'est ce qui m'a fait résister,
20:18 et c'est en ça peut-être que l'IGPN,
20:20 avec leur malice, ont essayé de nous faire tomber,
20:22 et c'est peut-être
20:24 ce qui m'a permis à moi de tenir,
20:26 c'est que ça a été mon combat,
20:28 de leur faire voir que je tenais, de leur faire voir que
20:30 ils n'arriveraient pas à me mettre à genoux,
20:32 et du coup
20:34 ça a été comme ça, mais après c'est un face-à-face,
20:36 on se regarde et on ne sait pas comment on va réagir,
20:38 on se dit "il faut garder la tête haute parce que vous avez une famille,
20:40 et pour eux,
20:42 vous devez de le faire".
20:44 - Vous étiez combien en prison ?
20:46 - On était sept.
20:48 - Et les sept ont réagi comme vous ?
20:50 - Non, c'est individuel,
20:52 on ne peut pas savoir, comme je vous disais,
20:54 je sais que
20:56 mon voisin de cellule n'a pas du tout réagi comme ça,
20:58 puisqu'il a préféré
21:00 prendre, enfin préférer c'est un grand mot,
21:02 il a demandé à prendre beaucoup
21:04 de cachets qui ne lui faisaient pas
21:06 comprendre justement
21:08 dans quel endroit il se trouvait,
21:10 parce que c'était peut-être trop dur pour lui
21:12 de s'imaginer entre quatre murs
21:14 avec une petite fenêtre.
21:16 - Et vous par exemple de cachets vous n'en avez jamais pris ?
21:18 - Non, je n'en ai pas pris, ça a fait partie
21:20 des combats où je me suis dit "je ne m'en prendrai pas un",
21:22 je ne voyais pas l'utilité parce que
21:24 j'arrivais à affronter
21:26 les choses, quand on me disait "tu ne vas pas à la fenêtre
21:28 parce que tous les voyous
21:30 vont crier, vont hurler, du coup tu vas
21:32 provoquer du bruit", ben écoutez, c'est triste
21:34 d'en arriver là, mais du coup
21:36 vous faites un pas en arrière et vous
21:38 ne vous mettez plus à la fenêtre et puis vous verrez
21:40 le soleil une fois que vous sortirez.
21:42 - Il est 11h28,
21:44 Sébastien Houlé,
21:46 "souler" est avec nous, il a écrit
21:48 avec Christelle Marques, flic à la
21:50 Bac Nord, au coeur du scandale
21:52 le témoignage exceptionnel d'un flic de Marseille.
21:54 On va continuer évidemment de
21:56 parler de cela et puis
21:58 on évoquera comment vous en êtes
22:00 sortis au bout de 69 jours, qu'est-ce qui
22:02 a fait le déclic que vous vous êtes retrouvé
22:04 dehors en une minute.
22:06 A tout de suite. - Et vous pouvez poser vos questions à notre invité
22:08 Sébastien Soulier en composant le 01 80 20
22:10 39 21, Pascal Proyez-vous,
22:12 c'est de 11h à 13h sur Europe 1.
22:14 Europe 1, Pascal Proyez-vous.
22:16 - Tu sais quoi, on ne sert à rien.
22:18 Les habitants des quartiers, ils n'ont même plus l'espoir qu'on vienne les aider, c'est fini.
22:20 Là, on a
22:22 envie de niquer le réseau, il faut que tu me donnes une vraie
22:24 info là. - 5 kilos.
22:26 Trouve-moi 5 kilos et je te trouve une info.
22:28 - C'est impossible, cette cam est enregistrée.
22:30 - On fait comment nous, maintenant ? - Enregistrez-vous, je sais pas,
22:32 je veux pas savoir. - Ça fait 20
22:34 ans que je fais ce métier, moi.
22:36 - Tu crois que tu sais tout, mais que tu sais rien.
22:38 - Tu sais rien des quartiers nord !
22:40 On a failli crever là-bas !
22:44 - La bande-annonce,
22:46 vous l'aurez compris,
22:48 de Bachner, quel
22:50 personnage joue votre rôle
22:52 dans le film ? - Karim Leclou.
22:54 Qui fait un gros...
22:56 Parce que le film, forcément,
22:58 est romancé. Nous, on y retrouve
23:00 quand même pas mal
23:02 d'interventions qu'on a pu faire.
23:04 Mais après, l'histoire
23:06 en elle-même est romancée, vous le comprendrez bien.
23:08 - La gestion du temps en prison, c'est une chose
23:10 qu'il faut appréhender, écrivez-vous,
23:12 surtout les premières semaines, le réveil vers 6h du matin
23:14 avec l'allumage des lumières pour vérifier que personne
23:16 ne s'est pendu dans sa cellule, le petit déjeuner
23:18 qui suit rapidement, sauf
23:20 mon premier matin, persuadé qu'après le
23:22 réveil, le plateau du repas allait arriver,
23:24 j'ai patienté un peu, et puis ne voyant
23:26 rien venir, je me suis permis de sonner,
23:28 quand le gardien a pénétré dans ma cellule, je l'ai interrogé
23:30 pour savoir s'il y avait un problème.
23:32 Avec le café, il n'y a pas de petit déjeuner,
23:34 si tu veux manger, il faut cantiner,
23:36 me répond-il, un peu sèchement.
23:38 Cantiner. - Cantiner,
23:40 c'est le mot
23:42 que vous entendez souvent en prison,
23:44 c'est le mot que vous entendez dans les
23:46 quartiers quand vous arrêtez les jeunes, qui vous disent
23:48 "je vais cantiner, il faut cantiner",
23:50 mais ça c'est un mot qui vous frappe
23:52 fort quand vous rentrez en prison, parce que
23:54 vous avez entendu parler, mais là vous ne comprenez pas tout.
23:56 Moi je me demandais
23:58 juste si j'allais pouvoir déjeuner, alors je ne
24:00 ne demandais pas forcément un déjeuner
24:02 4 étoiles, forcément, mais
24:04 je voulais juste savoir
24:06 si on allait m'amener quelque chose,
24:08 et du coup le matin,
24:10 il me dit "il va falloir cantiner", donc là j'ai eu
24:12 quand même pas mal de questions,
24:14 c'est comment on fait, qu'est-ce qu'il faut
24:16 faire, il faut... là j'ai eu beaucoup de réponses,
24:18 alors je ne les ai pas toutes
24:20 trop bien perçues de suite, parce que j'ai
24:22 redemandé quelques jours après,
24:24 et en gros vous comprenez qu'il vous faut ouvrir un compte
24:26 à la prison, mais que ça se fait que par
24:28 votre famille à l'extérieur,
24:30 parce qu'il faut de l'argent, et
24:32 c'est avec ça que vous pouvez commander
24:34 à manger, que vous pouvez
24:36 commander une poêle par exemple,
24:38 ce qui va vous permettre de faire
24:40 autre chose à manger que ce qu'on va vous servir.
24:42 - Et puis il y a vous, et il y a votre famille,
24:44 il y a votre fils, bien sûr,
24:46 qui souffre bien sûr, et puis votre femme,
24:48 dont vous parlez avec beaucoup d'émotion
24:50 et beaucoup de délicatesse, alors SAB,
24:52 c'est Sabrina sans doute, a fait
24:54 le ménage, et s'est privée de tout,
24:56 elle a résilié l'abonnement à Canal+,
24:58 forfait de portable SFR,
25:00 il fallait à tout prix que le remboursement du crédit
25:02 de la maison passe chaque mois,
25:04 alors que notre situation ne soit pas encore plus catastrophique,
25:06 les courses pour les repas
25:08 étaient réduites à la plus simple expression,
25:10 même l'achat du lait infantile,
25:12 alors que mon bébé
25:14 n'avait que 4 mois n'était plus possible,
25:16 dès qu'elle mettait quelque chose dans le caddie,
25:18 elle tapait la somme sur le clavier,
25:20 cela ne devait pas dépasser 50 euros,
25:22 couche comprise pour le petit.
25:24 Parce que ce qui est extraordinaire, c'est que quand vous êtes en prison,
25:26 vous n'êtes plus payé !
25:28 - Non, du coup on a été pas payé
25:30 pendant quelques mois, ça fait 6 mois
25:32 en tout, où on a été privé de salaire
25:34 et c'est ce que je disais, c'est que
25:36 la prison c'est très dur,
25:38 mais vous avez à part le temps
25:40 à gérer, et vous n'avez pas
25:42 grand chose à faire de plus, et le plus dur
25:44 ça reste à l'extérieur, parce que du coup
25:46 vous avez tout à gérer,
25:48 vous avez le salaire qui est à moindre,
25:50 vous avez quand même vos crédits auxquels
25:52 il faut faire face, on avait un enfant
25:54 qui avait 6 mois à l'époque,
25:56 vous avez le regard des gens, vous avez votre travail,
25:58 donc le plus dur c'est ce qui se passe à l'extérieur,
26:00 plutôt que dedans,
26:02 donc c'est pour ça que j'ai voulu faire
26:04 de...
26:06 c'est pas une déclaration, mais j'ai
26:08 voulu marquer que le plus dur ça a été
26:10 ce qu'a affronté mon épouse
26:12 et pas moi en prison.
26:14 - Oui,
26:16 j'imagine que c'est difficile,
26:18 d'ailleurs, ce mot "j'imagine"
26:20 il n'est absolument pas adapté, parce qu'on ne peut pas
26:22 imaginer ce par quoi
26:24 vous êtes passé, c'est
26:26 la leçon de la vie,
26:28 c'est-à-dire que tout ce que vous n'avez pas vécu,
26:30 vous ne pouvez pas savoir comment
26:32 l'autre l'a vécu.
26:34 Si vous nous rejoignez à l'instant, Sébastien Soulé,
26:36 flic à la Bac Nord, c'est aux éditions
26:38 d'ailleurs "City"
26:40 témoignage, et c'est
26:42 un des personnages qui a inspiré le film
26:44 "Bac Nord". Alors, comment ça s'arrête ?
26:46 Qu'est-ce qui fait qu'au bout de 69 jours
26:48 et pourquoi vous sortez de prison ?
26:50 - A l'époque,
26:52 je demande une
26:54 audition avec la juge d'instruction
26:56 parce que je n'en avais pas eu depuis
26:58 le premier jour de garde à vue.
27:00 Je n'avais pas eu d'audition avec
27:02 la juge d'instruction, donc mon avocat demande
27:04 une audition qui se déroule
27:06 le 12 décembre 2012,
27:08 et donc la juge d'instruction
27:10 me reçoit, et à l'issue
27:12 de l'audition me dit que
27:14 je suis libéré, et que j'ai le droit
27:16 de travailler, c'est-à-dire
27:18 c'est ça qui est quand même assez fou. - Donc vous êtes
27:20 mis en examen, mais vous pouvez être policier quand même ?
27:22 - On est mis en examen depuis le début,
27:24 je suis placé en détention, donc là elle me sort
27:26 de détention, mise en examen toujours,
27:28 ça durera encore longtemps, puisque
27:30 avant que le dossier soit renvoyé devant un tribunal,
27:32 mais elle me donne
27:34 le droit d'exercer, c'est quand même assez fou.
27:36 - Mais qu'est-ce que vous exercez ? - Les fonctions
27:38 de policier. - Oui, mais dans ces cas-là, on vous met
27:40 dans un bureau, j'imagine ? - Dans ces cas-là, non, vous ressortez,
27:42 alors c'est libre choix, oui,
27:44 alors l'administration a mis trois mois avant de me
27:46 réintégrer, parce que c'était quand même quelque chose qui n'avait
27:48 pas été connu avant, donc forcément ça ne s'est
27:50 pas fait du jour en demain, mais
27:52 techniquement c'était réalisable, c'est que
27:54 on nous avait juste dit sur le
27:56 contrôle judiciaire, on était interdit de travailler sur
27:58 le ressort du tribunal judiciaire
28:00 de Marseille, donc ça nous imposait
28:02 de partir de notre
28:04 département pour aller travailler, mais
28:06 si l'administration avait mis un jour à me
28:08 muter, par exemple dans le Levar, ce qui m'est arrivé,
28:10 j'aurais repris mon
28:12 uniforme, puisque là c'était plus un
28:14 uniforme qu'il fallait travailler, j'aurais repris
28:16 mon arme et j'aurais exercé les fonctions
28:18 de policier du jour au lendemain.
28:20 - Mais pourquoi ils vous libèrent du jour au lendemain
28:22 au bout de 69 jours ? Quels sont les
28:24 éléments nouveaux ? - C'est une question que
28:26 j'aurais aimé qu'on pose à la juge d'instruction,
28:28 moi je pense que c'est à ce moment-là
28:30 qu'elle avait entre les mains
28:32 nos déclarations, qu'on
28:34 n'avait pas changé
28:36 une seule ligne de mes déclarations
28:38 depuis le premier jour, ça c'est pas, je pense qu'on a
28:40 changé de
28:42 version ou quoi que ce soit, puisqu'il y en a qui disent
28:44 oui, ils ont dû dire ça ou ça, non, en fait on a...
28:46 - Mais vous ne l'avez pas vu, entre la garde à vue
28:48 et le moment où vous vous libèrent, vous n'avez pas eu
28:50 d'audition. - Le seul problème c'est que l'IGPN
28:52 quand c'était ceux qui étaient en charge
28:54 de l'affaire, ont fait remonter
28:56 à la juge d'instruction
28:58 ce qu'eux ressentaient de l'affaire, et je pense
29:00 que c'est là où le mal a été fait, c'est que
29:02 ils n'ont donné qu'une version négative
29:04 de l'affaire, ils n'ont donné qu'une version négative
29:06 et fausse surtout, et
29:08 erronée au vu des sonorisations
29:10 qui ont été fausses
29:12 et un peu trafiquées,
29:14 je pense qu'ils ont noirci le personnage
29:16 quand ils ont présenté ça à la juge d'instruction
29:18 elle, elle n'avait qu'un moyen de le faire
29:20 c'était de nous mettre en détention, parce qu'il y avait
29:22 l'opinion publique qui poussait très fort aussi
29:24 et que quand elle a commencé à se mettre peut-être
29:26 toute seule dans son bureau et à lire son déclaration
29:28 elle s'est dit "mais
29:30 peut-être que ça laisse place aux doutes
29:32 est-ce qu'il ne faudrait pas les croire
29:34 est-ce qu'ils n'ont pas raison, est-ce que...
29:36 tout ça, parce que je ne vois pas comment on peut sortir
29:38 de détention et reprendre le travail
29:40 du jour au lendemain, pour moi c'est que la justice
29:42 s'est fait une idée de ce qu'on avait dit
29:44 et une bonne idée, puisque ça nous a donné raison
29:46 mais je vous remercie...
29:48 - Là on est en 2012 quand vous sortez ?
29:50 - Le 12 décembre 2012, oui.
29:52 - J'imagine évidemment que chaque date
29:54 vous vous en souvenez précisément, le procès aura lieu quand ?
29:56 - Le procès passera
29:58 en avril 2021
30:00 et il faut savoir qu'entre la sortie de prison
30:02 le 12 décembre 2012, où on est quand même mis en examen
30:04 on a été attendus
30:06 par la juge d'instruction qu'une seule fois, c'était en 2016
30:08 - Et vous arrivez au procès
30:10 9 ans plus tard ?
30:12 - 9 ans plus tard.
30:14 - En ayant travaillé pendant 9 ans ?
30:16 - En ayant travaillé dans la police
30:18 pendant 9 ans, avec une épée de Damoclès
30:20 avec du sursis
30:22 parce que je me souviens
30:24 du réquisitoire du procureur
30:26 du parquet qui dit
30:28 pour ma part, il me dit 3 mois
30:30 avec sursis, mais j'avais envie de lui répondre
30:32 bon, on n'a peut-être pas le recul
30:34 nécessaire à ce moment là
30:36 mais j'avais envie de lui dire "mais ça fait 9 ans qu'on est en sursis"
30:38 vous auriez même pu mettre 10, 15, c'était la même chose.
30:40 - C'est-à-dire que le procureur n'a demandé
30:42 contre vous que, si j'ose dire
30:44 3 mois avec sursis ?
30:46 - 3 ans avec sursis.
30:48 - Ah 3 ans, vous aviez dit 3 mois.
30:50 - On a parlé, pardon, c'est moi qui ai peut-être fourché.
30:52 - Et vous avez été relaxé. Et le procureur,
30:54 le parquet n'a pas fait appel.
30:56 - Le parquet a fait appel après la première décision, après le premier
30:58 rendu du tribunal du 2021
31:00 le parquet fait appel le dernier jour
31:02 ça aussi, ça reste
31:04 énigmatique, c'est savoir pourquoi
31:06 le dernier jour, alors qu'en principe les appels se font
31:08 très rapidement parce qu'ils sont contre
31:10 les décisions rendues
31:12 ça a été fait et après on a
31:14 reçu un courrier
31:16 via l'avocat pour nous dire
31:18 quelques mois plus tard, alors que le deuxième procès était annoncé
31:20 en 2022, en septembre
31:22 que le parquet général
31:24 ne poursuivait pas l'appel
31:26 et il interjetait l'appel
31:28 et il s'est désisté.
31:30 - Vraiment c'est un livre, moi j'ai trouvé absolument formidable
31:32 on n'a pas parlé de Manuel Valls qui est quand même
31:34 ministre de l'Intérieur qui vous lâche au bout de 24 heures
31:36 - C'est ça, qui nous lâche 24 heures
31:38 - Voilà
31:40 - Je sais pas ce qui... - Il peut surprendre bien sûr
31:42 mais il y a tellement de choses dans ce livre que j'invite
31:44 tout le monde à le lire
31:46 et vous, vous avez le sourire
31:48 je vous assure, vous avez
31:50 bon caractère
31:52 si vous me permettez Sébastien Soulet
31:54 parce que vous pourriez être en colère
31:56 vous pourriez être dans quelque chose
31:58 de vindicatif, vous en parlez
32:00 comme d'une histoire comme ça
32:02 avec détachement, c'est pas le mot
32:04 mais en tout cas
32:06 vous avez une bonne nature si vous me permettez
32:08 - Je pense que l'eau a coulé
32:10 ça faisait 9 ans donc forcément
32:12 la colère a disparu
32:14 ce sentiment forcément on l'a eu
32:16 surtout quand ça vient de votre ministre de tutelle
32:18 maintenant c'est
32:20 un politique, je pense que ça peut
32:22 peut-être faire réfléchir certains
32:24 c'est qu'il y a une présomption d'innocence
32:26 et je pense qu'il ne faut pas l'oublier quand on
32:28 prend la parole officiellement ou médiatiquement
32:30 - Le petit garçon il a quel âge aujourd'hui ?
32:32 - Il a 11 ans
32:34 - Et votre épouse Sabrina j'imagine ça a resserré
32:36 peut-être les liens
32:38 - Je pensais que vous alliez me demander son âge
32:40 - Non mais j'imagine que ces épreuves là
32:42 c'est l'épreuve du feu
32:44 - Bien entendu c'est là où ça passe ou ça casse
32:46 - C'est ça
32:48 - Donc là c'est passé tout simplement
32:50 parce que
32:52 elle est fonctionnaire de police et je pense que
32:54 à ce moment là un policier savait exactement
32:56 ce qu'on faisait, ce qu'on était en capacité de faire
32:58 et surtout ce qu'on était en capacité de ne pas faire
33:00 du moins pour son mari et je pense que ça
33:02 l'a aidé aussi à percevoir cette affaire
33:04 et la globalité de cette affaire et effectivement
33:06 ça nous a soutenus encore plus
33:08 - J'imagine ça crée un lien
33:10 qui ne peut plus
33:12 se casser
33:14 jusqu'à la fin des temps
33:16 - Je l'espère bien
33:18 - Vous en parlez avec beaucoup de délicatesse
33:20 et beaucoup d'émotion
33:22 vraiment c'est un plaisir de vous avoir
33:24 reçu, bon on n'a pas parlé
33:26 de l'Olympique de Marseille
33:28 c'est le sujet qui fâche
33:30 bien évidemment
33:32 Que dites-vous monsieur Fabrice Laffitte ?
33:34 - On va faire un petit point
33:36 avec Olivier puisqu'il est là, on en profite
33:38 - Ah oui, Olivier c'est moi
33:40 - Ça fait quelques jours
33:42 je ne sais pas, il est...
33:44 - Oui, dites-moi - Il échappe
33:46 - Ah oui, c'est un peu de tousse
33:48 - Il est en fin de course, il n'est pas gêné
33:50 - Vous savez qu'il est en fin de course
33:52 - Mais non, mais...
33:54 - Vous croyez que vous êtes en début de course ?
33:56 - Il a même pas commencé à courir
33:58 - Avec votre pull en nylon que vous nous ressortez régulièrement
34:00 des Frères Jacques
34:02 - Vous avez vu dans quelles conditions je travaille ?
34:04 - Et vous connaissez Marseille ?
34:06 - Attendez, vous me prenez pour...
34:08 - La ville ?
34:10 - Je peux vous laisser le nom de Marseille
34:12 - Vous êtes allé à Marseille déjà ?
34:14 - Oui, je suis allé, bien sûr
34:16 - Et vous avez apprécié, parce qu'on aime ou on déteste Marseille
34:18 il y a des gens qui peuvent peut-être détester
34:20 on aime tout de suite ou on déteste toujours
34:22 - Oui, c'était sympa, mais j'y allais
34:24 très longtemps, donc j'ai pas une idée de ce que c'est aujourd'hui
34:26 - Il y a très longtemps, vous avez 23 ans
34:28 - Il avait 6 mois, il s'en souvient
34:30 - Si vous êtes allé quand vous aviez 4 ans et demi
34:32 - 4 ou 5 ans, oui c'est ça
34:34 - Vous aviez déjà 40 ans à l'époque
34:36 - C'est ça exactement
34:38 - Vous avez des notes là sur place ?
34:40 - Je les ai plus, mais je vois que c'était une réponse politique
34:42 à l'époque
34:44 - Allez, on a reçu beaucoup de messages
34:46 de soutien pour Sébastien Soulé
34:48 et Claudia nous écrit "Merci à Sébastien
34:50 je vais chez mon libraire commander son livre immédiatement
34:52 - Ah oui, c'est formidable
34:54 - Bénédicte nous dit "Toute mon admiration
34:56 à ce monsieur et aux policiers en général
34:58 son témoignage est poignant"
35:00 et on conclut "Bon, elle a rien à voir avec Nathalie sur la page
35:02 je vous regarde en live vidéo
35:04 et je trouve Sébastien très séduisant"
35:06 - Mais je suis assez d'accord
35:08 avec vous, il y a quelque chose, vous feriez
35:10 un comédien de première qualité
35:12 - Je pense que c'est pas tout à fait l'angle du commentaire
35:14 - Non, non
35:16 c'est une auditrice
35:18 - Oui, je pense que c'était
35:20 - Oui, c'était pas...
35:22 - Ça peut être un auditeur aussi
35:24 - Mais là en l'occurrence c'est Nathalie
35:26 - Bon, qu'est-ce qu'on fait, on se dit au revoir
35:28 on se dit au revoir déjà
35:30 - C'est pas si vite
35:32 - J'ai bien l'un de mon livre par contre
35:34 - Vous nous le donnez ?
35:36 - Il n'y en a qu'un, donc vous l'irez ensemble
35:38 - Pas celui de moi !
35:40 - De toute façon vous êtes ensemble maintenant
35:42 - Oui, tout le monde le sait
35:44 - C'est comme mon livre
35:48 - Vous repartez quand pour Marseille ?
35:50 - Je repars dès cet après-midi
35:52 - Bon, bah écoutez, vous saluez la cité
35:54 Foséenne avec son nouvel entraîneur
35:56 de football, monsieur Gasset
35:58 et nous on salue tous les Marseillais qui nous écoutent
36:00 et on salue la PAC Nord, elle est toujours...
36:02 - Elle est toujours en fonction
36:04 et moi aussi je les salue
36:06 - C'est combien, 70 personnes ?
36:08 - C'est un gros 70 personnes, oui c'est ça
36:10 - Qui sont sur le terrain, qui... On écoute la radio
36:12 lorsqu'on est dans la voiture ?
36:14 - Oui, bien sûr, c'est un peu ce qui
36:16 suit dans la voiture
36:18 - Et quelle radio ? - Mais européenne bien sûr
36:20 - Ah !
36:22 - Si vos collègues
36:24 écoutent, il n'y a que des hommes
36:26 quasiment, il y a très peu de femmes
36:28 sur les 70
36:30 - Il y a très peu de femmes sur ce service
36:32 - Bon, bah écouterons les saluts
36:34 et puis toutes les BAC qui nous écoutent
36:36 peut-être elles nous écoutent dans les voitures
36:38 - A Marseille 75.8
36:40 - Exactement, les BAC
36:42 c'est une sorte d'aristocratie
36:44 de la police, mais c'est des
36:46 comment dire
36:48 des personnels particuliers
36:50 des esprits particuliers
36:52 qui sont formés d'une manière
36:54 également particulière
36:56 Je remercie vraiment
36:58 c'était un plaisir et puis nous on va continuer
37:00 à parler police-justice
37:02 dans une seconde
37:04 - Avec William Molligny, à tout de suite sur Europe 1
37:06 Appelez Pascal Pro au 01 80 20 39 21