Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il revient sur l'affaire du petit Grégory.
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00:00 (Générique)
00:02 Europain, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:07 Il y a 40 ans, quasiment, ce sera à l'automne prochain, connaîtra-t-on un jour le dénouement de l'affaire du petit Grégory ?
00:15 La justice a ordonné à la demande de la famille des expertises complémentaires, le meurtre n'est toujours pas résolu.
00:20 C'était le 16 octobre 1984.
00:23 Alors vous, évidemment, jeune génération, vous ne vous souvenez pas, mais dans la société française, ça a été un feuilleton invraisemblable,
00:33 d'autant qu'après la mort du petit Grégory, celui qui était le principal suspect, en l'occurrence Bernard Laroche, a été tué par le père de Grégory.
00:43 Donc c'était un feuilleton assez invraisemblable.
00:46 Les enquêteurs s'étaient d'abord orientés vers un cousin du père, inculpé d'assassinat et croué, il avait été remis en liberté, mais tué après par Jean-Marie Villemin, c'est donc Bernard Laroche.
00:57 L'affaire s'était ensuite concentrée sur un corbeau, autour de nombreuses lettres anonymes, menaçantes envers les Villemins.
01:03 On va écouter le général François Daous, qui est auteur du livre "Police technique et scientifique, le choc du futur", aux éditions du Rocher.
01:12 Il était interrogé par Laurent Tessier, en quoi consistent ces nouvelles expertises ?
01:17 Ces nouvelles expertises, c'est-à-dire que sur un certain nombre de scellés, des scellés qui étaient au plus près de l'enfant et sur l'enfant,
01:24 c'est-à-dire son anorak, les cordelettes avec lesquelles il était attaché, etc., il y avait eu un certain nombre de prélèvements qui avaient été faits il y a une dizaine d'années,
01:32 et des mélanges ADN étaient sortis. Ces mélanges étaient tels qu'il n'y avait pas de possibilité de déterminer un ADN précisément au milieu de tout ce mélange.
01:43 Les progrès techniques sont de deux ordres. D'abord, pour cibler les prélèvements, c'est-à-dire que des experts peuvent reprendre les mêmes scellés
01:52 et aller dans le détail, si tenté, qu'il a résisté au temps, ça aussi c'est la difficulté.
01:58 Et on a aussi des programmes algorithmiques, que certains appellent "intelligence artificielle",
02:04 qui peuvent aider à identifier parmi les mélanges, un, deux, trois ou quatre ADN différents. Et là, c'est très intéressant.
02:12 - Donc nous sommes près de 40 ans après, on est satisfait d'avoir obtenu de nouvelles analyses, a réalisé Mme Marie-Christine Chastan-Moran,
02:22 l'une des avocates des parents. Ça montre qu'en définitive, la justice se donne les moyens de tenter d'arriver à la vérité.
02:28 On n'a plus entendu évidemment les parents villemins depuis de nombreuses années, et je sais qu'ils vivent dans la région parisienne.
02:35 Jacques est avec nous, qui habite le Jura, qui est un auditeur qui nous appelle régulièrement. Bonjour Jacques !
02:40 - Bonjour Pascal ! - Et merci de traiter nous. Est-ce que vous êtes toujours intéressé par cette affaire villemin ?
02:46 Et est-ce que vous la suivez régulièrement ?
02:49 - Alors je vais vous dire, moi j'avais 29 ans quand l'affaire s'est déclarée, c'est-à-dire il y a 40 ans, j'en ai 69.
02:56 Et je me souviens de cette folie médiatique pendant des mois et des mois sur cette affaire, et 40 ans après,
03:06 toujours pas de coupable, mais moi je reste persuadé qu'avec tous les progrès techniques de la police,
03:16 on va y arriver à trouver cette ordure qui a tué ce gamin, et je serai content qu'un jour on connaisse l'identité.
03:25 Et on va y arriver, j'en suis convaincu, et pour que la justice et la police ne ferment pas le dossier,
03:31 parce que le dossier n'a jamais été fermé, quand vous regardez bien, et moi je serai heureux de connaître...
03:37 Bon, on sait que c'est une histoire de famille, de toute façon, tout le monde le sait, c'est une histoire de famille,
03:42 mais qui a fait quoi, comment et pourquoi, mais l'ordure qui a fait ça, il va falloir un jour qu'ils rendent des comptes,
03:50 et moi je fais confiance à la police scientifique pour sortir des éléments de ce dossier qui a passionné les Français,
03:59 qui patiente peut-être un petit peu moins parce que l'actualité va tellement vite,
04:04 mais malgré tout, moi j'ai toujours un oeil sur cette affaire parce que j'ai toujours la tête de ce gamin, j'étais papa,
04:11 et je peux vous dire que moi ça m'a bouleversé, si vous voulez, comme papa, de voir ce gamin, cette tête de gamin,
04:18 qui a été noyé, enfin attaché, celui qui a fait ça mérite vraiment un châtiment exemplaire.
04:26 - Alors c'est vrai que, vous avez peut-être vu d'ailleurs, il y avait un document, alors je ne sais plus si c'est sur Netflix,
04:33 - Netflix, en plusieurs épisodes, ça a cargonné.
04:36 - C'est absolument extraordinaire. - C'est passionnant.
04:38 - C'est passionnant, et c'est passionnant de voir la presse à l'époque.
04:40 Je peux vous dire que la presse ne se conduirait plus comme ça aujourd'hui, parce qu'elle serait sous le regard des réseaux sociaux.
04:46 Ce qu'ont fait les journalistes à cette période-là, notamment au moment de l'enterrement, vous voyez des caméras, des photos,
04:53 - C'est une honte. - En tout cas, on peut considérer effectivement que ce n'est pas convenable.
04:58 On a vu des journalistes venir mettre sur la tombe du petit Grégory, il était mort en octobre, des jouets de Noël,
05:08 les jouets qu'il aurait eu deux mois plus tard avec Christine Villemin, je crois, qui posait devant la tombe.
05:15 On a vu des journalistes prendre parti, certains pour la famille Villemin, d'autres pour le clan Laroche.
05:24 C'était invraisemblable, avec des journalistes qui étaient quasiment acteurs du dossier.
05:30 - Pascane, Pascane. - Oui ?
05:31 - Oui, Pascane. Vous savez, dans cette affaire, il y a beaucoup de gens qui ont fait des choses pas très très bien, je veux dire,
05:39 que ce soit les journalistes, même les gendarmes, il y a eu des tas d'erreurs dans cette affaire.
05:46 On a balancé parfois des noms, des accusations, des fausses rumeurs, ça a été un peu tôt médiatique,
05:56 comme vous le dites si bien, aujourd'hui, aucun organe de presse ne pourrait se permettre de faire aujourd'hui ce qu'on a fait il y a 40 ans.
06:07 - Merci, c'est l'occasion de parler de Laurence Lacour, qui était une grande voix d'Europe 1, qui avait suivi évidemment ce sujet.
06:14 Ce dossier, je crois, qui avait arrêté après.
06:17 - Oui, l'affaire l'avait un petit peu dégoûtée du journalisme, et c'était tout ce qui était autour, toute la pression qui l'a...
06:22 - Elle n'avait pas écrit un livre. - Elle a écrit un livre plus tard, oui.
06:24 - Il est possible, et puis il y a Jean-Michel Bézina, qui était de RTL, qui était également très présent dans cette affaire Grégory.
06:33 Et donc ça nous replonge effectivement à ce qu'était la France, et aussi la France médiatique, la France des journalistes, il y a 40 ans.