Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 16/10/2024 ; il revient en compagnie de Christophe Hondelatte et Théo Grévin, journaliste Europe 1, sur la mort du petit Grégory, survenu il y a 40 ans.
Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et nous allons parler d'un mystère toujours présent avec Christophe Ondelade, que je salue.
00:04Que je salue, et je vous salue en retour.
00:07Que vous connaissez.
00:08Oui, j'espère.
00:10Que j'aime.
00:11J'aime.
00:12On s'aime, oui.
00:13Que nous aimons, que vous aimez, parce que vous avez une qualité pour raconter les histoires, c'est important.
00:21Mais surtout, vous avez une exigence.
00:24Ah, c'est bien que vous soulignez ça.
00:26Vous ne dites pas n'importe quoi, vous ne faites pas n'importe quoi.
00:30J'ai raconté plus de 1100 histoires sur cette chaîne,
00:33et j'ai eu deux procès de tueurs en série qui m'accusent de porter atteinte à leur honneur.
00:38C'est tout.
00:39Vous êtes un journaliste, avec tout ce que cela veut dire, c'est-à-dire tchèque et contre tchèque, comme disait l'autre,
00:46et une volonté de ne pas raconter de salade à l'auditeur.
00:52Alors Grégory Villemin, on va en parler, retrouvé noyé, ligoté le 16 octobre 1984, il y a 40 ans.
00:57Jour pour jour, les gens de ma génération, moi j'avais 20 ans en 1984,
01:02cette affaire a marqué, évidemment, la France, et elle a marqué toute une génération.
01:08Il est retrouvé dans une rivière des Vosges, près de 18 000 pièces de procédure, 7 magistrats instructeurs.
01:14Il n'y a qu'une question qui compte, je ne vais pas vous la poser tout de suite, il n'y a qu'une question qui compte.
01:19Qui a tué Grégory ?
01:20C'est la seule.
01:22C'est très compliqué. D'abord, préalable, je ne suis pas un spécialiste de l'affaire Grégory.
01:27Pour les raisons que vous citez tout à l'heure, je tiens toujours à le dire, ces choses-là,
01:31il y a des dossiers que je connais par cœur, ce n'est pas le cas de l'affaire Grégory,
01:35et je le connais beaucoup moins bien que Patricia Tourancho par exemple,
01:38qui pour moi est LA référence avec Laurence Lacour,
01:42mais Patricia a beaucoup plus suivi les rebondissements de ces dernières années.
01:46On a aujourd'hui le début d'une vérité sur l'affaire Grégory,
01:50mais qui ne sera possiblement jamais confirmée par une décision judiciaire.
01:56Ça tient à une enquête qui a été rouverte en 2008, je crois,
02:02et qui a connu un gros rebondissement en 2017,
02:05puisqu'en 2017, plus de 30 ans, 33 ans après la mort de Grégory,
02:11on a mis en examen trois personnes pour le meurtre de Grégory.
02:15Muriel Boll, qui est cette gamine de 15 ans qui à l'époque avait dit
02:20« c'est Bernard Laroche qui a enlevé Grégory, qui l'a livré on ne sait pas à qui »
02:24et puis qui avait fait marger rien.
02:28Donc elle, elle a été mise en examen pour assassinat.
02:32Donc l'idée est intéressante, c'est que Muriel Boll n'est pas que la gamine de 15 ans
02:36qui voit enlever Grégory et qui le voit disparaître,
02:40l'idée est qu'il aurait contribué à l'enlèvement du petit garçon, 15 ans.
02:46Et les deux autres hypothèses posées par les mises en examen,
02:50c'est que Bernard Laroche ait livré le petit garçon à son oncle et à sa tante,
02:56qui l'aurait tué et jeté dans la rivière Lavologne.
03:04Simplement les juges de l'instruction les mettent en examen à tous les trois,
03:09puis au bout d'un moment la chambre de l'instruction est obligée de constater que ça manque de preuves.
03:13Ça manque de preuves.
03:15Et donc ça fait l'objet d'un non-lieu.
03:18Et à partir de maintenant, les trois personnes qui étaient mises en examen,
03:24soit elles craquent, soit elles finissent par dire « je vous mente depuis 40 ans »,
03:29soit elles meurent, les époux, Jacob...
03:31Elles sont toujours mises en examen à l'heure à laquelle...
03:33Non, non, non, les mises en examen ont été levées.
03:35La chambre de l'instruction a dit « ça ne tient pas, il n'y a pas assez de preuves ».
03:39Alors Théo Grévin est avec nous et lui-même va peut-être nous faire...
03:42Bonjour Théo Grévin.
03:43Bonjour Patrice.
03:44Vous êtes journaliste d'Europe 1 bien sûr, et puis vous êtes allé dans les archives,
03:46et vous avez peut-être quelques éléments à nous proposer pour, comme on dit, recontextualiser.
03:52Et on peut revenir sur le début de cette affaire déjà, 16 octobre 84, 40 ans jour pour jour,
03:57et les journalistes sont envoyés sur place.
03:59Mais pas le 16 octobre, je crois que c'était Jérôme Godefroy, j'ai lu un de ses tweets,
04:04il était européen à l'époque, et il dit « c'est une dépêche qui est tombée,
04:08aucun journaliste de la station n'a cru bon donner l'information le 16 octobre ».
04:13C'est en tout cas un des tweets de Jérôme Godefroy que j'ai...
04:16Il dit qu'il n'en a pas parlé tout de suite dans ses flashs.
04:18Mais deux jours plus tard, il y a des journalistes qui sont envoyés sur place pour Europe 1,
04:22c'est Laurence Lacour, elle est correspondante dans l'Est de la France,
04:25et elle dresse les premiers contours de l'affaire.
04:28Ce qui est intéressant, vous allez l'entendre, c'est que deux jours après le début,
04:31deux jours après l'assassinat de Grégory, on a déjà quasiment tous les éléments clés de l'affaire.
04:36A priori les parents du petit garçon âgé de 4 ans, Jean-Marie Villemin et sa jeune femme,
04:40mènent une vie tranquille dans leur pavillon construit à la sortie du village.
04:43Pourtant, comme les 70 autres personnes qui composent cette famille,
04:47ils font l'objet d'un odieux chantage de la part d'un inconnu qui leur répète sans cesse
04:51qu'il se vengera un jour.
04:52Personne ne pouvait se douter que cette vengeance allait ressurgir mardi après-midi
04:56quand Grégory est sorti de l'école et qu'un individu en voiture verte l'a enlevé juste devant chez lui.
05:01Quelques heures plus tard, un nouveau coup de fil, toujours la même voix qui dit
05:05« J'ai pris l'enfant du chef, je l'ai jeté dans la Bologne, je suis vengé ».
05:08On retrouvera quatre heures plus tard, Grégory noyé, pieds et poings liés,
05:12une cordelette enroulée autour du cou.
05:14Ça c'était Laurence Lacour le 18 octobre 1984.
05:17L'expression « pieds et poings liés », on l'a souvent entendue,
05:20et il y a un homme qui se souvient bien de la découverte du petit corps de Grégory noyé dans la Bologne,
05:25c'est Étienne Sesma, jeune capitaine de gendarmerie, il avait à peine 30 ans,
05:29et il publie les deux affaires Grégory aux éditions des presses de la cité.
05:33Je l'ai rencontré la semaine dernière pour Europe 1 et il nous raconte ce moment.
05:37Un moment extrêmement fort, dans une ambiance très, très lugubre.
05:40Moi ce qui m'avait surtout marqué c'est quand on l'avait amené après dans un local pour l'observer.
05:45On a découvert le corps d'un enfant avec une ficelle qui l'attachait de façon ainsi légère
05:52autour de la tête, des poignets et des chevilles.
05:56Cet enfant avait son bonnet abattu sur son visage.
06:00Quand on l'a levé, on a l'impression d'un enfant qui dormait.
06:03Il n'y avait aucune trace de coup, aucune trace de strangulation, de blessure,
06:08et très vite on a l'impression d'un enfant qui est sacrifié.
06:13Alors le meurtre il est rapidement revendiqué par un corbeau, qu'on voit une lettre à la famille,
06:17il y a des soupçons qui s'orientent assez vite vers un membre de la famille,
06:20vous le disiez Christophe, Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin,
06:24qui est inculpé début novembre 1984 grâce à des expertises en écriture
06:28et le fameux témoignage de Muriel Boll, sa belle-sœur,
06:32qui indique avoir été chercher le petit Grégory avec Bernard Laroche,
06:35mais elle se rétracte quelques jours plus tard et elle s'explique au micro d'Europe 1.
06:39Vous forcez à dire que j'étais avec mon beau-frère dans la voiture,
06:43que j'avais confiance aux gendarmes.
06:45Et puis c'était un piège, il s'est topé dedans.
06:47Pour vous votre beau-frère est innocent ?
06:49Innocent qu'il est.
06:50Pourquoi êtes-vous tombé dans ce piège ?
06:52J'avais peur des gendarmes et puis ils ont profité que j'étais tout seul.
06:56Et puis j'ai 15 ans, je ne suis pas majeure.
06:58Vous n'êtes pas la chercheuse Grégory ?
06:59Grégory, je ne connais pas le petit Grégory Villemin.
07:02Muriel Boll, ça c'était le 7 novembre 1984,
07:05Bernard Laroche lui est finalement libéré suite à cette rétractation
07:09et l'enquête repart finalement de zéro.
07:12Il y a un rebondissement un mois plus tard, c'est le père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin,
07:16qui est convaincu de la culpabilité de son cousin.
07:19Il le tue et il y a une archive assez incroyable qu'on a retrouvée.
07:22Il avait laissé entendre qu'il se ferait justice lui-même
07:25quelques jours avant d'assassiner son cousin.
07:27C'était sur Europe 1.
07:29Ça ne peut être que lui.
07:30Vous en êtes convaincu aujourd'hui ?
07:31Convaincu pour moi personnellement, oui.
07:33Maintenant j'attends que la gendarmerie le prouve à 100%.
07:35Il faudrait qu'elle l'avoue un jour ou l'autre.
07:37Et c'est pour ça que je dis, même les personnes en dehors de la famille,
07:40la population française, ça c'est nécessaire que la peine de mort soit mise.
07:45Est-ce qu'à un moment vous avez changé à faire justice vous-même ?
07:48De toute façon j'y change toujours.
07:50Jean-Marie Villemin est incarcéré.
07:52Il est condamné à 5 ans de prison.
07:54Et vous entendiez tout à l'heure Etienne Sesmal, premier directeur d'enquête.
07:57Pour lui, l'assassinat de Bernard Laroche, c'est l'une des raisons
08:00pour laquelle l'enquête n'a pas encore abouti aujourd'hui.
08:03Au bout de 15 jours, on avait le sentiment que l'affaire Grégory était réglée,
08:06qu'elle était résolue.
08:07On avait le 5 novembre suffisamment d'éléments
08:11pour présenter Bernard Laroche devant l'UG Instution,
08:14qu'il est inculpé et incarcéré.
08:16Donc on avait à ce moment-là vraiment la conviction que l'affaire était terminée.
08:20On avait tous les éléments nous permettant de le mettre en cause.
08:24À la fois les expertises en écriture, les expertises un peu plus tard en voix,
08:29les témoignages, le témoignage de Muriel, l'absence de mobile.
08:32Tout ça amène la justice à considérer que c'est bien Bernard Laroche qui a enlevé Grégory.
08:37C'est ce que dit la justice en 1993.
08:40Elle le répète en 2017.
08:42Alors malgré ça, on est dans une impasse aujourd'hui.
08:45Il y a des expertises qui sont attendues, des résultats d'expertises.
08:48Encore ?
08:49Oui, qui sont attendus dans les prochains mois.
08:51Expertises sur quoi ?
08:53Expertises notamment sur le...
08:56Le timbre, je crois.
08:57Le timbre vocal du corbeau.
08:59Non, non, le timbre, la question est réglée.
09:01On n'a pas trouvé d'ADN sous le timbre.
09:02D'accord.
09:04Marie-Christine Chastambrand, on va l'écouter.
09:07L'avocate des parents Wilmain, elle explique tout d'abord qu'ils vont bien
09:11et qu'ils attendent de nouveaux résultats permettant peut-être d'identifier le corbeau.
09:16Ils vont bien.
09:17Ils sont installés depuis un long moment dans la région parisienne.
09:21Ils sont parents, grands-parents.
09:23Ils sont reconstruits.
09:25Une chose est leur moteur, c'est de poursuivre les investigations pour connaître la vérité.
09:30À l'heure actuelle, nous sommes dans l'attente de retours d'expertises scientifiques.
09:34Les unes concernant les ADN et les autres concernant la voix du corbeau.
09:40Pour l'instant, nous attendons de savoir s'il est possible à partir des enregistrements du corbeau
09:46d'identifier l'empreinte vocale du corbeau.
09:49Dans la mesure où c'est possible, ensuite pourront être faites des comparaisons
09:55avec les voix enregistrées de l'époque.
09:58Cette affaire est fascinante.
09:59Merci d'abord Théo Grévin pour la qualité de ses archives et de ce que vous nous avez dit.
10:04Cette affaire est fascinante pour plein de raisons.
10:07Il y a le drame, il y a évidemment le contexte.
10:11Il y a la presse aussi.
10:13C'est-à-dire que la presse ne ferait pas aujourd'hui ce qu'elle a fait il y a 40 ans.
10:17Je le souhaite, je ne suis pas sûr.
10:19Je n'en suis sûr.
10:20Aucun directeur de rédaction n'accepterait de voir ce qui s'est passé à l'époque.
10:25Aujourd'hui.
10:26Vous n'avez pas suivi l'affaire Daval qui a été un carnage.
10:30Un carnage médiatique.
10:32BFM TV a décidé de faire cette histoire, de cette histoire assez ordinaire.
10:36Ceux qui m'écoutent savent que des crimes comme celui qui a été commis par Jonathan Daval,
10:41il y en a 20 par an.
10:43Ils ont focalisé sur cette histoire, ils en ont fait leur histoire.
10:47Ils ont pesé sur l'instruction.
10:50Là, je ne partage pas votre avis.
10:52C'est que dans l'affaire Daval, il y a un mystère et un rebondissement.
10:56Et ça, il n'y en a pas 50 par an quand même.
10:58Mais si !
10:59Des gens qui ont tué leur femme,
11:03qui participent aux recherches,
11:05qui pleurent de manière outrancière devant les caméras.
11:08Pardon de vous lire, il n'y en a pas 50 par an.
11:10Mais il y en a eu plusieurs dizaines dans l'histoire criminelle.
11:13Mais c'est vrai que les journalistes, il y a 40 ans,
11:17prenaient parti par exemple.
11:19Il y avait entre RTL et Europe 1 quasiment un affrontement.
11:23Jean-Michel Bézina est décédé, mais il était d'un camp pour RTL.
11:27Et puis, vous aviez Europe 1 qui était un autre camp.
11:30Et puis, vous voyez cette scène d'enterrement
11:32où tous les journalistes sont là avec les caméras et les photos.
11:36Il me semble qu'aujourd'hui, aucun directeur de rédaction n'accepterait ça,
11:41que la presse est plus morale.
11:43Mais peut-être est-ce que je me trompe.
11:45Pendant des décennies, l'affaire Grégory a pesé sur le traitement des faits divers.
11:49Je peux vous en parler parce que quand moi j'ai commencé à faire entrer l'accusé,
11:52c'était sulfureux de raconter des crimes.
11:55En l'an 2000, moi je commence en 99,
11:59c'est sulfureux de parler de crimes à cause de l'affaire Grégory.
12:03Le poids de l'affaire Grégory est toujours là sur la profession.
12:06Je pense que le choix qu'a fait BFMTV
12:10de consacrer une grande partie de...
12:14Vous n'êtes pas gentil avec nos amis de BFMTV,
12:16ils ne peuvent pas nous répondre en plus.
12:18Qui répondent ?
12:20Moi je vous dis ce qui s'est passé.
12:22Ils ne peuvent pas nous répondre.
12:24Et puis comme on est un peu en concurrence,
12:26moi je suis en concurrence souvent avec eux quand je suis sur ces news.
12:30Ça fait une raison supplémentaire.
12:32Ils ne peuvent pas nous répondre.
12:34Le grand spécialiste, c'est monsieur Rizet je crois,
12:36qui est sur BFMTV.
12:38Il y a un copain, on ne s'est jamais fâché sur cette affaire-là.
12:42On ne peut pas être autre chose qu'un copain.
12:44Il est 11h31.
12:46En tout cas, vous pouvez d'abord intervenir.
12:48Parce qu'on va être ensemble jusqu'à midi.
12:50Moi je trouve que c'est très intéressant d'avoir Christophe.
12:52Vous pouvez lui poser toutes les questions du monde avec Christophe.
12:54Notamment ce rapport qu'ont les journalistes avec l'effet d'hiver.
12:58Pourquoi ça intéresse-t-on les uns les autres ?
13:00Quand j'étais gosse, il y avait Frédéric Poitier sur cette antenne.
13:03Poitier racontait des procès finis ou en cours.
13:06Il ne tirait pas des plans sur les collègues.
13:08Comment il parlait ?
13:11Le président est là !
13:13C'était formidable.
13:15Je ne sais pas si on peut retrouver d'ailleurs la voix de Frédéric Poitier à Fabrice David.
13:19Fabrice David, Fabrice David.
13:21Allez, il est 11h31.
13:23On est très en retard.
13:24Merci Théo Grévin.
13:25A tout de suite.
13:26On parle de l'affaire Grégory avec Pascal Praud sur Europe 1.
13:28Christophe, on te late.
13:29N'hésitez pas à réagir.
13:30C'est dès maintenant au 01.80.20.39.21.
13:35Cédès, quand vous dites que le mystère reste entier,
13:37c'est vrai qu'officiellement il reste entier,
13:39mais j'ai quand même le sentiment,
13:41Christophe, on te late,
13:43que tous ceux qui ont approché ce dossier,
13:46et même le public,
13:48comprennent aujourd'hui à peu près ce qui a pu se passer.
13:52Vous l'avez dit tout à l'heure.
13:53Il y a quand même quelques trucs qui restent en l'air.
13:56Est-ce que Bernard Laroche,
13:58quand il enlève Grégory,
13:59qui joue sur le tas de sable devant la maison
14:01pendant que sa maman fait leur patate,
14:03est-ce que Bernard Laroche, quand il enlève Grégory,
14:06sait qu'au bout, il va être tué ?
14:08Ça n'est pas prouvé.
14:10Bernard Laroche peut très bien ne pas avoir su qu'elle était l'issue.
14:13Mais par exemple, ça c'est pas avéré qu'il l'a enlevé.
14:16Si vous voulez, la vérité judiciaire...
14:19Je le dis pour les auditeurs.
14:22Il y a un certain nombre de témoins,
14:24dont un bonhomme qui allait coucher,
14:27qui allait tirer son cou avec une bonne femme à côté,
14:30qui donc à l'époque n'a pas témoigné,
14:32qui a vu Bernard Laroche et Muriel Boll
14:35et le fils de Bernard Laroche qui était dans la voiture.
14:38Ils les ont vus à proximité de la maison d'Evilman.
14:41Sauf qu'ils ne l'ont pas dit à l'époque,
14:42parce que comme ils allaient tirer leur cou à la même heure
14:44et que personne ne devait le savoir,
14:46ils ne l'ont pas dit.
14:48Ils l'ont dit en 90, 6 ans après.
14:50Donc on a vu Bernard Laroche.
14:52D'autres personnes ont vu Bernard Laroche
14:54dans cette voiture verte,
14:56cette 4L verte,
14:58aux abords de la maison de Grégory.
15:00Le fait que Bernard Laroche ait conduit l'enlèvement de Grégory,
15:04honnêtement, il n'y a plus beaucoup de doutes.
15:06Et que Muriel Boll était avec lui,
15:08il n'y a plus beaucoup.
15:10Je remercie donc Émilie Dez, il est 11h39,
15:13on est avec notre ami, bien sûr,
15:17Christophe Ondelat,
15:19qui nous parle de l'affaire Grégory
15:21et qui utilise parfois des métaphores,
15:23vous l'aurez compris,
15:25pour expliquer une aventure amoureuse entre deux personnes.
15:28Il est 11h39.
15:3011h13.
15:31Pascal Praud sur Europe 1.
15:33Christophe Ondelat, le mobile.
15:36Le mobile.
15:38Pourquoi est-ce qu'on tue cet enfant ?
15:40Alors, on a toujours évoqué un mobile,
15:44qui est la réussite professionnelle de Jean-Marie Villemin.
15:48On met tout ça quand même entre guillemets.
15:50Il est contre-maître depuis 4 ans.
15:54Voilà.
15:55Et Bernard Laroche,
15:57lui, pendant toutes ces années,
15:59n'est pas contre-maître,
16:00mais quand même,
16:01avant le meurtre de Grégory,
16:02il est devenu contre-maître aussi.
16:05Ce qui fait douter un peu du mobile.
16:07Il y a un deuxième mobile,
16:09qui est beaucoup plus intéressant,
16:11Grégory est un petit garçon de 4 ans,
16:13très éveillé,
16:15plutôt rigolo, plutôt sympa,
16:17qui vit dans une atmosphère saine,
16:20le couple Villemin va bien,
16:22donc Grégory est un gamin porteur d'avenir,
16:26on va dire.
16:27Le fils de Bernard Laroche,
16:29Sébastien,
16:30qui est dans la voiture,
16:31et qui a exactement le même âge que Grégory,
16:34est handicapé.
16:36Il a des problèmes de santé.
16:38Sa vie, probablement,
16:40ne sera pas la même que celle de Grégory.
16:43Peut-être que la haine s'est construite autour de ça.
16:46Si vous voulez, dans cette famille,
16:48il y a des dossiers,
16:50depuis des décennies,
16:53il y a des partouses,
16:55il y a des enfants naturels,
16:57il y a des gamins qui sont
17:00les enfants de leur grand-père,
17:02il y a tout ça, vous voyez ce que je veux dire.
17:04Donc, c'est une famille
17:06qui est travaillée
17:09par tout un tas de choses,
17:11depuis des années et des années,
17:12et la mort de Grégory
17:14est le point final
17:16de cette haine.
17:18Et beaucoup sont encore vivants,
17:20c'est ça qui est le paradoxe,
17:22puisqu'on va écouter, par exemple, Marie-Ange Laroche,
17:24qui est la veuve de Bernard Laroche,
17:26et figurez-vous qu'elle était invitée
17:28de BFM, vos amis, dimanche.
17:31Ça cesse à chaque fois qu'il y a quelque chose
17:33de remontré, Bernard, sans arrêt.
17:35Vous pensez que les enfants en ont souffert.
17:37Maintenant, j'ai mes petits-enfants qui en souffrent.
17:39Il faut dire stop, je dis stop.
17:41Si j'ai un petit-fils qui a 14 ans, à l'école,
17:43il a déjà des remontrances
17:45à ce sujet, quoi,
17:47mais il faut arrêter, alors que c'est pas lui.
17:49Je suis sûre et je suis persuadé
17:51que c'est pas lui.
17:53Il faut arrêter de le présenter
17:55à chaque fois qu'il y a quelque chose,
17:57aux écrans, les images et tout.
17:59C'est invivable, quoi.
18:01On se souvient de Marie-Ange Laroche,
18:04bien sûr, veuve
18:06de Bernard Laroche,
18:08et ce matin, dans le Petit Matin, vous l'avez dit tout à l'heure,
18:10Patricia Touranchot
18:12a été interrogée,
18:14et elle parle du complot
18:16familial, et elle reprend
18:18la thèse que vous avez
18:20expliquée tout à l'heure.
18:22Elle-même écrit en 1993
18:24qu'il existe des charges
18:26très sérieuses contre Bernard Laroche
18:28d'avoir enlevé Grégory Villemin
18:30le 16 octobre 1984.
18:32Mais pour le reste, on ne sait toujours pas,
18:34au bout de 40 ans,
18:36si c'est le kidnappeur qui est allé
18:38jusqu'au bout de son acte
18:40et qui a jeté à l'eau
18:42Grégory dans la Vologne,
18:44ou s'il a remis
18:46l'enfant à quelqu'un
18:48d'autre de ce petit clan
18:50qui s'exclut de la famille
18:52qui vouait une haine
18:54incommensurable à Jean-Marie Villemin
18:56parce qu'il était
18:58devenu contre-maître, il était
19:00devenu chef, et que
19:02le reste de la famille
19:04qui était encore ouvrier
19:06de base dans les filatures
19:08ne supportait pas cette ascension sociale
19:10et son indépendance.
19:12Mais on ne sait pas.
19:14La justice explore
19:16en ce moment, et continue à explorer
19:18plus tôt, le procureur général
19:20de Dijon
19:22l'a dit
19:24hier matin,
19:26que l'hypothèse la plus probable
19:28et qui est explorée en ce moment
19:30par la justice, c'est celle
19:32du complot familial.
19:34Et puis on se souvient évidemment du premier juge d'instruction
19:36le juge Jean-Michel Lambert
19:38il avait 32 ans,
19:40il était juge d'instruction d'Epinal
19:42à l'allure d'un étudiant de droit
19:44et que
19:46le juge Lambert, je vous raconte en deux minutes
19:48le juge Lambert, il sort de l'école
19:50de magistrature, sur son dossier
19:52il y a écrit apte à toutes les fonctions
19:54sauf juge d'instruction.
19:56Et puis il y a un poste à Epinal
19:58de juge d'instruction qui est libre
20:00personne veut aller à Epinal, je veux dire les types
20:02ils préfèrent être juge d'instruction à Nice
20:04qu'à Epinal. Et donc le poste est
20:06vacant, vacant, et on finit par le lui donner.
20:08Et le juge Lambert se retrouve
20:10seul magistrat
20:12en charge de l'instruction à Epinal.
20:14Il ne traite pas que de l'affaire Grégory
20:16mais à la base, à sa sortie
20:18de l'école de magistrature, on a dit
20:20qu'il n'était pas capable de gérer une instruction.
20:22La pause, et Dieu est son âme
20:24comme on dit, puisque monsieur Lambert s'est suicidé
20:26il s'est suicidé je crois avec un sac
20:28de plastique, quelque chose d'abominable.
20:3011h44 à tout de suite
20:32vous allez pouvoir interroger notre ami Christophe
20:34on de l'atte, à tout de suite.
20:36On a plané maintenant le 01, 80, 20,
20:3839, 21, vous écoutez Pascal Praud
20:40sur Europe 1.
20:42Nous sommes donc avec
20:44Christophe on de l'atte et c'est passionnant
20:46de l'écouter, c'est un on de l'atte
20:48raconte avant l'heure
20:50nous sommes sur l'affaire Grégory
20:52Bon, Christine Villemin
20:54Alors, à partir
20:56du moment où le juge
20:58Lambert est désaisi
21:00les gendarmes aussi
21:02disparaissent de l'enquête.
21:04Et on fait basculer l'enquête à la police judiciaire.
21:06Et
21:08tout le processus
21:10va consister à
21:12orienter l'enquête
21:14sur la culpabilité de
21:16Christine Villemin. Sans le début
21:18de la moindre preuve.
21:20Sans le début de la moindre
21:22preuve. En faisant
21:24planer un mystère sur le fait qu'elle aurait
21:26noyé dans la baignoire
21:28volontairement ou
21:30involontairement, et que ne voulant
21:32pas assumer la mort de son fils, elle est allée
21:34le jeter dans la vologne, sachant
21:36que, évidemment, tout ça est construit
21:38autour du fait qu'à l'époque on n'a pas analysé
21:40le contenu de l'estomac du petit
21:42Grégory. Donc on ne sait pas si c'était
21:44de l'eau de la rivière ou l'eau de la baignoire.
21:46Voilà. Et sur ce doute
21:48qui est en fait un défaut
21:50de l'enquête, mais qui ne
21:52découle pas, qui n'est pas une affirmation
21:54de l'enquête, sur ce doute
21:56on va se mettre à accuser Christine Villemin
21:58d'avoir tué son fils.
22:00Mais il y a tout un tas de contextes dedans.
22:02Les Villemins ont fait
22:04une erreur. Ils n'en sont pas responsables.
22:06Ce sont des journalistes
22:08qui leur ont trouvé un avocat.
22:10Et ils leur ont trouvé comme avocat
22:12Maître Garraud.
22:14Maître Garraud qui est un avocat
22:16très très très à droite, on dirait
22:18d'extrême droite, et
22:20qui a
22:22lutté contre l'abolition de la peine de mort
22:24trois ans plus tôt, qui est favorable au rétablissement
22:26de la peine de mort trois ans après.
22:28Ça les entraîne
22:30dans des polémiques qui les dépassent
22:32les Villemins. La présence
22:34de ces avocats très marqués,
22:36très marqués, trop marqués,
22:38qui va amener le camp d'en face
22:40à stigmatiser
22:42Christine Villemin
22:44du fait qu'elle était défendue par un avocat
22:46d'extrême droite. Et donc,
22:48le camp d'en face, c'est l'avocat de Bernard Laroche
22:50Welser,
22:52c'est Jean-Michel Bézina
22:54correspondant d'RTL et de 11
22:56autres médias
22:58avec sa femme, c'est un business familial
23:00chez les Bézina.
23:02Il fait l'opinion, c'est-à-dire que Bézina, il fait
23:04une partie de l'opinion, vous dit-il. Il
23:06collabore à 11 publications différentes.
23:08Quand il dit, c'est Christine, c'est Christine,
23:10il pèse beaucoup sur l'opinion.
23:12Et puis, il s'ajoute à ça, le patron
23:14de l'APJ de Nancy qui va finir par
23:16récupérer l'antenne. Et eux,
23:18ils ont un point commun, on peut le dire,
23:20Welser est un ancien
23:22député socialiste,
23:24et ils sont tous les trois dans la
23:26même loge maçonnique.
23:28Voilà, ils sont des potes.
23:30Bézina, l'avocat de Bernard Laroche
23:32et le patron de l'APJ sont des
23:34potes et ils sont liés par...
23:36Mais pas le juge Lambert. Ah non, le juge Lambert
23:38il n'est lié à rien, non.
23:40Donc il n'est pas dans la loge. Il n'est pas dans la loge.
23:42Mais ils vont être influencés quand même.
23:44Il est sous influence de ces gens-là.
23:46Et donc... Tout ce que vous dites là
23:48est avéré, bien sûr.
23:50Parce qu'ils étaient à la loge maçonnique. Oui, dans la même loge.
23:52Pour autant qu'on puisse prouver qu'un franc-maçon est un franc-maçon,
23:54il vous le confirmera pas lui-même.
23:56Dans la même loge. Dans la même loge.
23:58De Grand-Orient. Bon.
24:00Patricia Touranchot, elle était là ce matin,
24:02je vous le disais, avec Alexandre Lemaire
24:04dans le petit matin
24:06et elle dit une chose qui est intéressante.
24:08Elle dit aujourd'hui que cette affaire Grégory
24:10serait résolue en huit jours.
24:12Aujourd'hui, je veux dire,
24:14en un mois, cette affaire Grégory
24:16elle est résolue. Il faut bien
24:18dire ça parce qu'il y avait énormément d'indices.
24:20Bon, l'ADN n'existait pas,
24:22la scène de crime a été polluée,
24:24l'autopsie a été mal faite. Enfin, voilà.
24:26C'est un méga fiasco judiciaire
24:28alors qu'au départ, dès le lendemain,
24:30les gendarmes
24:32sont sur la bonne piste et le juge Lambert
24:34aussi d'ailleurs. Au départ, ils sont...
24:36Voilà.
24:38Patricia Touranchot, 11h53.
24:40Alors, nous sommes avec Anne et ça va être intéressant
24:42peut-être... Elle a raison, Patricia.
24:44Ça serait résolu. Oui.
24:46L'enquête a beaucoup avancé
24:48grâce à un logiciel qui est au cœur des enquêtes
24:50aujourd'hui qui s'appelle Anacrim,
24:52qui a rassemblé le dossier, qui l'a digéré,
24:54l'intelligence artificielle de l'enquête
24:56et qui a désigné des sujets.
24:58Écoutons Anne, parce que c'est intéressant
25:00d'entendre les auditeurs et puis les auditeurs,
25:02en l'occurrence une auditrice, a envie de vous interroger.
25:04Bonjour, Anne. Oui, bonjour.
25:06Bonjour, Anne. Je me permets
25:08de vous appeler parce que ma grand-mère
25:10était d'origine et Lorraine,
25:12elle est disparue, elle était très
25:14près de l'éponge et ses amis aussi.
25:16Et je me rappelle de
25:18conversations qu'elles avaient alors
25:20parlant de
25:22d'un crime rituel
25:24à savoir que
25:26la famille,
25:28la famille, non pas
25:30Christine Villemin et son mari, mais le reste
25:32de la famille pratiquait
25:34la sorcellerie, voilà, ça parait
25:36complètement idiot, mais quand on sait qu'en France,
25:38énormément de régions étaient, comme le Berry
25:40en particulier, pratiquaient ça,
25:42et pour ma grand-mère et ses amis,
25:44c'était absolument, le meurtre de cet enfant
25:46était lié à ça et elle disait que c'était
25:48une famille qui était bien connue pour ça.
25:50Voilà, et c'était des femmes
25:52de la région et effectivement,
25:54moi je suis scientifique
25:56et quand on regarde la façon dont
25:58l'enfant a été préparé,
26:00ligoté soigneusement,
26:02etc., j'ai toujours pensé qu'il y avait
26:04quelque chose de rituel, ça parait, bon,
26:06je ne suis pas du tout spécialiste, je ne suis pas du tout dans le métier,
26:08mais je tenais à apporter le témoignage
26:10de cette vieille Lorraine qui habitait là,
26:12qui avait quitté le coin, mais qui avait
26:14habité là toute leur vie, qui avait grandi
26:16et qui disait que la famille
26:18était critiquée
26:20et suspectée, pratiquait les sorcelleries,
26:22et que tout se passait bien.
26:24Voilà, donc je voulais apporter leur témoignage.
26:26Oui, c'est intéressant, je n'ai pas d'info
26:28là-dessus, mais c'est possible
26:30parce qu'on est dans un huis clos
26:32de gens qui n'ont pas la lumière à tous les étages,
26:34c'est pas des génies
26:36tous ces gens-là,
26:38c'est une famille qui est un peu
26:40bas de plafond, quoi, et donc
26:42la haine est nourrie
26:44de plein de choses, et peut-être bien
26:46de la bêtise, bien souvent.
26:48Peut-être bien des cartes anciennes, c'est possible.
26:50On va marquer une pause, et
26:52Christophe reste avec nous.
26:54Je crois d'ailleurs, et c'est
26:56curieux que vous n'ayez jamais
26:58fait une émission
27:00complète sur Europe 1, sur l'affaire
27:02Grégory. Il faudrait deux semaines.
27:04Mais vous pourriez faire une semaine,
27:06je crois que vous aviez fait une fois.
27:08Je pourrais, mais si vous voulez, si je me lance là-dedans,
27:10ça veut dire que je ne fais que ça pendant un mois.
27:12Un mois, non, mais vous pouvez faire cinq émissions.
27:14Cinq émissions me font un mois.
27:16Pour faire la synthèse de la totalité
27:18de l'affaire.
27:20Sans se tromper. Pardon, mais...
27:22En tout cas, c'est passionnant de vous écouter,
27:24cher Christophe.
27:26C'est passionnant de vous écouter, comme toujours,
27:28d'ailleurs, et on marque une pause.
27:30Moi, lorsque j'écoute, je lui dis
27:32parfois, Christophe, je suis dans ma voiture,
27:34je ne peux pas sortir de ma voiture.
27:36Donc j'attends la fin. C'est comme
27:38Pierre Belmar, jadis.
27:40Tu sais, tu ne peux pas sortir de ta voiture
27:42tant que tu n'as pas la fin de l'histoire.
27:44Il est 11h56.
27:46Christophe, on te la tête avec nous sur Europe 1.
27:48Pour parler de l'affaire Grégory, vous pouvez aussi réagir au 01
27:5080 20 39 21
27:52tout de suite avec Pascal Praud sur Europe 1.
27:5412h03, une surprise.
27:56Europe 1.
27:58Europe 1.
28:0011h, 13h.
28:02Pascal Praud.
28:04Une surprise, parce que tout à l'heure, nous avons
28:06manqué ce que nous appelons le passage
28:08d'antenne à 11h,
28:10à 10h55.
28:12Parce que vous ne m'avez pas attendu,
28:14Monsieur Thomas Hill.
28:16On a meublé tout ce qu'on pouvait.
28:18Et les auditeurs s'en plaignent,
28:20parce qu'ils aiment notre échange.
28:22Pour se dire, bonjour, ça va,
28:24vous avez passé une bonne émission, qu'est-ce que vous allez faire
28:26cet après-midi, etc.
28:28Et vous, d'abord, vous avez fait un passage
28:30d'antenne à 55, alors que
28:32d'habitude, vous l'êtes toujours. Il était 56 45,
28:34Pascal. Ah non, ça, c'est pas vrai.
28:36Moi, c'est ce qu'on m'a dit.
28:38Ah non, ça, c'est pas vrai.
28:40Thomas a raison.
28:42Ah non, non, non.
28:44Ça, c'est pas vrai. Je suis arrivé
28:46dans ce studio à 55.
28:48Non !
28:50C'est pas possible, quel mauvais saut.
28:52C'est le congrès et la structure.
28:54Ce n'est pas vrai.
28:56Je vous jure.
28:58Et vous étiez où, d'ailleurs ?
29:00J'étais en train d'arriver,
29:02cher ami. C'était bien,
29:04votre émission. Et nous, on n'a pas
29:06le droit de sortir.
29:08On est condamnés à être ici.
29:10C'est trop risqué.
29:12Il y a du monde au salon d'automobile.
29:14C'est incroyable. Je ne pensais pas que la voiture
29:16avait encore autant de succès.
29:18C'est là que vous êtes déconnecté.
29:20Vous êtes un bobo.
29:22Vous êtes un bobo parisien.
29:24Moi, je sors de ce studio.
29:26Je vais à la rencontre des Français.
29:28Allez, les gens qui nous écoutent
29:30en ce moment, allez leur dire qu'ils veulent des voitures électriques
29:32qui coûtent deux fois plus cher et qu'on ne peut pas
29:34les recharger.
29:36Il n'y a que des voitures électriques.
29:38T'as vu la 4L ? Elle est magnifique.
29:40Elle ne ressemble pas à la 4L.
29:42Elle ressemble à un petit air de 4L.
29:44Moi, j'ai une 4L fourgonnette.
29:46Parce que je mettais ma planche à voile
29:48dedans.
29:50Et je pouvais la mettre dans
29:5284-85. Et c'était une 4L
29:54que j'avais achetée à un boucher.
29:56Je me souviens. La boucherie
29:58Espinasse. Et j'arrivais à la fac avec
30:00boucherie Espinasse. Je peux te dire, pour
30:02les filles, ce n'était pas...
30:04S'il y avait moyen de mettre un matelas
30:06à l'arrière, cela dit...
30:08Je n'entrerai
30:10pas dans ces détails, mais il y avait une certaine odeur
30:12de viande persistante
30:14dans ma voiture.
30:16Je l'avais achetée à un boucher. Pas cher
30:18d'ailleurs. Et là, sur le stand, on avait la R16
30:20de l'Europe Stop. Mais mon père
30:22avait une R16.
30:24C'est super, cette voiture. Bien sûr.
30:26On est montés dedans. Ça s'enfonce
30:28complètement quand vous montez dedans. Vous êtes sûrs
30:30que ce n'est pas la DS, la R16 ?
30:32Ça ressemble aux amortisseurs de la DS.
30:34Tout le monde s'est enfoncé. On a eu peur
30:36pour la voiture. C'était l'époque où on pensait qu'il fallait
30:38que les photos soient confortables.
30:40Parce qu'aujourd'hui, on doit souffrir. Mais je pense qu'on
30:42ne pourrait plus conduire ces voitures parce qu'il n'y a pas de direction
30:44assistée. Il n'y a pas de radar.
30:46C'est assez compliqué.
30:48Bien évidemment. Il y avait...
30:50Les Renault étaient très bien
30:52à cette époque-là. Il y a eu la R20, la R30.
30:54C'était une très belle voiture. La R12 !
30:56La R12, effectivement. La R6,
30:58bien sûr. Mais la R12, elle était
31:00un peu caricaturale, disons.
31:02Merci,
31:04chère Askial, pour ce passage d'antenne.
31:06Ça nous a fait plaisir. C'est bien que vous veniez.
31:08Pourquoi il y a tant de monde en régie ? C'est toute votre équipe.
31:10Dès que vous arrivez quelque part,
31:12toute votre équipe se dit
31:14« Allez-vous ». Mais c'est une cour que vous avez
31:16en fait, Lomahil.
31:18Je vois toute votre équipe.
31:20Et notamment la jeune Sarah qui vient d'Orvaux.
31:22Absolument !
31:24Orvaux, O-R-V-A-U-L-T
31:26en 44. Elle est là.
31:28Et c'est une joueuse de football.
31:30Elle va intégrer le FC Nantes bientôt.
31:32Je peux vous dire que c'est une grande...
31:34Bonjour, Sarah ! Ça se passe bien,
31:36le stage de première ?
31:38Non pas...
31:40C'est le stage de troisième.
31:42Ça se passe bien, Sarah ? Oui, très bien.
31:44Il est gentil, M. Hill ? Oui.
31:46Elle n'a pas le choix.
31:48C'est vrai que vous avez une équipe vraiment sympa.
31:50Moi, j'aime bien passer vous voir le matin
31:52et puis compétente.
31:54Surtout ! Bien sûr !
31:56Nous, on a tous les bras cassés.
31:58Mais vous...
32:02Arrêtez !
32:04A 12h07, on reste quelques secondes
32:06avec notre ami Christophe Ondlat.
32:0811h, 13h...
32:12On a quasiment tout dit
32:14sur ce qui s'est passé et puis maintenant,
32:16c'est l'avenir. D'abord, les époux
32:18Villemin sont toujours de ce monde
32:20et tant mieux. Ils ont eu trois enfants.
32:22Trois dans la banlieue parisienne.
32:24Ils ne communiquent jamais.
32:26Ils n'ont plus parlé depuis...
32:28La dernière fois, c'était
32:30Jean-Marie Cavallera, je crois.
32:32Ça date ! Ils se sont
32:34reconstruits, même si j'aime pas trop
32:36cette expression, mais ils se sont reconstruits
32:38et puis ils vivent comme on peut vivre
32:40dans ces cas-là avec ce souvenir
32:42atroce.
32:44Le dossier n'est pas terminé.
32:46Le dossier n'est pas refermé.
32:48La police scientifique
32:50progresse à une vitesse incroyable.
32:52Donc, toutes les tentatives
32:54de trouver de l'ADN
32:56dans les cordelettes et dans
32:58les lettres du corbeau,
33:00les enveloppes, les timbres, etc.
33:02se sont soldées par des échecs
33:04au début des années 2000.
33:06Mais aujourd'hui, la capacité
33:08de la police scientifique à trouver de l'ADN
33:10est considérable. La vraie piste, c'est la voie
33:12parce qu'on a
33:14la revendication. C'est ça
33:16qui est sidérant.
33:18Le petit Grégory vient de mourir
33:20et il y a une voix qui appelle, qui dit
33:22j'ai tué le chef, je me suis vengé, etc.
33:24Ça c'est un courrier.
33:26Le propos est un courrier.
33:28Mais on a des enregistrements du corbeau
33:30réalisés à l'époque sur cassette
33:32qui se sont dégradés, qui ont été
33:34numérisés à un moment donné, etc.
33:36Mais aujourd'hui,
33:38grâce au numérique,
33:40on peut arriver
33:42à établir qui
33:44a fait ces enregistrements. Et on y est
33:46les Jacob,
33:48Jacqueline Jacob
33:50et Marcel Jacob,
33:52les fameux tontons,
33:54grands tontons de Grégory.
33:56Qui ont été un moment désigné comme suspect.
33:58Qui ont été mis en examen.
34:00C'est-à-dire que le scénario imaginé,
34:02c'est Muriel Boll
34:04avec Bernard Laroche
34:06qui livre, d'une certaine manière,
34:08le petit Grégory à ses époux Jacob
34:10qui sont également toujours de ce monde
34:12aujourd'hui, mais qui sont sans doute très vieux.
34:14On n'est pas sûr. Est-ce qu'il n'y a pas des personnes avec eux ?
34:16Muriel Boll, elle sait.
34:18Muriel Boll sait. C'est-à-dire que
34:20imaginons que les époux Jacob
34:22qui ont 80 ans aujourd'hui,
34:24ils ne craqueront plus. Ça fait 40 ans qu'ils se sont
34:26verrouillés, ils ne craqueront plus.
34:28Muriel Boll,
34:30il y a qu'elle qui peut,
34:32en dehors des recherches scientifiques et techniques,
34:34il y a qu'elle qui peut craquer.
34:36Il y a qu'elle qui peut revenir
34:38sur ceux
34:40qu'elle a niés à l'époque.
34:42Muriel Boll
34:44a clairement dit, du haut de ses 15 ans,
34:46avec son côté un peu coincé,
34:48de gamine pas
34:50très éveillée, elle a dit
34:52j'étais dans la voiture, Bernard
34:54a fait monter Grégory dans la voiture,
34:56on a roulé jusqu'à Dossel,
34:58et à Dossel,
35:00il est parti avec Grégory, il est revenu
35:02sans lui. Voilà. Elle l'a dit.
35:04Elle ne peut pas l'avoir inventée.
35:06On ne peut pas imaginer que cette gamine
35:08ait inventé ça.
35:10Oui, alors,
35:12à la suite d'une faute
35:14du juge Lambert,
35:16c'est le week-end de la Toussaint,
35:18le juge Lambert, ça lui
35:20casse les pieds de gâcher son week-end de la Toussaint,
35:22donc il la laisse
35:24rentrer chez elle.
35:26Et quand elle arrive chez elle,
35:28elle se fait ratatiner
35:30par la famille de Bernard Laroche,
35:32et notamment par sa soeur,
35:34Marie-Ange Laroche,
35:36qui, on dit à l'époque
35:38qu'elle a pris une rouste.
35:40Parce que c'est sa soeur,
35:42c'est ça qui est important,
35:44c'est la soeur de Muriel Boll.
35:46Et donc,
35:48la nièce
35:50de Bernard Laroche.
35:52Donc, on sait aussi
35:54par un certain nombre de témoins,
35:56qu'au cours de ce week-end,
35:58Muriel Boll rentre à la maison,
36:00elle prend une ratatiner, et il y a des témoins,
36:02il y a des gens qui étaient là,
36:04qui ont mis beaucoup de temps à parler,
36:06depuis.
36:08Muriel Boll tient la vérité
36:10de cette histoire.
36:12Elle est cadenassée.
36:14Les psychiatres...
36:16Elle a 55 ans aujourd'hui.
36:18Elle est cadenassée,
36:20mais elle peut encore, on peut imaginer
36:22qu'à un moment donné,
36:24elle puisse se soulager.
36:26Ça va être compliqué, parce que tout à l'heure,
36:28vous avez diffusé une interview de Marie-Ange Laroche,
36:30elle est restée cadenassée aussi.
36:32Et sans doute fait-elle pression
36:34sur Muriel Boll pour qu'elle ne revienne pas ?
36:36Oui, on ne sait même pas s'il y a des contacts aujourd'hui,
36:38mais plus personne n'a intérêt à revenir
36:40sur ce qu'il a dit
36:42ou ce qu'elle a dit il y a 40 ans, sans doute.
36:44L'homme peut toujours avoir envie de soulager ça.
36:46C'est la conscience, vous savez.
36:48Merci, cher Christophe Ondelat.
36:50Je ne sais pas le programme
36:52aujourd'hui de Ondelat raconte...
36:54Ah, je ne sais jamais quand c'est...
36:56C'est la semaine spéciale, le pire de l'Amérique,
36:58et ce sera sur le clown-tueur John Wayne Gassi.
37:00Alors, on a parlé tout à l'heure
37:02de Frédéric Pocher,
37:04qui était un grand ancien
37:06de nos métiers,
37:08un grand ancien de la police judiciaire.
37:10Alors, pour ceux...
37:12Exactement, de la justice.
37:14Pour ceux qui écoutaient Europe 1
37:16dans les années 60 et 70,
37:18écoutons Frédéric Pocher.
37:20C'est un son qui nous est envoyé par Sylvain Denis,
37:22qui l'a sorti il y a quelques minutes,
37:24et c'est la fin du procès de Patrick Henry, le 20 janvier 1977.
37:26Eh bien,
37:28comme vous le savez, Patrick Henry a sauvé sa tête
37:30à la suite d'un délibéré
37:32qui a duré une heure et demie,
37:34et après deux très belles plaidoiries,
37:36une de Maître Boquillon,
37:38qui est bâtonnier du barreau de Chaumont,
37:40et surtout,
37:42une de Maître Badinter,
37:44avocat au barreau de Paris.
37:46Mais auparavant, le Président avait posé
37:48à Patrick Henry la question rituelle,
37:50après les plaidoiries,
37:52accusé, avez-vous quelque chose à...
37:54Frédéric Pocher...
37:56On n'a pas le temps de tout écouter,
37:58ça durait, ça durait...
38:00Vous voyez, ça aussi, c'est intéressant.
38:02Vous savez combien ça dure cette séquence ? 4 minutes.
38:04Et le temps, évidemment,
38:06des journalistes est différent.
38:08Aujourd'hui, on ne demande plus
38:10un papier de 4 minutes,
38:12on demande un papier d'une minute quinze !
38:14Et parfois,
38:16le rédacteur en chef
38:18nous dit, Coco, tu nous le fais
38:20à court, parce qu'on a beaucoup de choses.
38:22Bon, le temps aussi a changé,
38:24bien évidemment, et ce métier...
38:26Vous faites des cartes de presse depuis combien de temps ?
38:28Je suis numéro 5606.
38:30Et moi, 6677.
38:32On se suit.
38:34Mais je suis plus vieux que vous.
38:36Et dans la vie !
38:38Et vous travaillez
38:40depuis combien de temps dans ce métier ?
38:42J'ai commencé en 1981,
38:4443 ans.
38:46Et si c'était à refaire, vous seriez de nouveau journaliste ?
38:48C'est le hasard qui m'a amené là-dedans.
38:50Donc moi, j'aurais tout autant aimé
38:52être prof.
38:54C'est le hasard du fait que moi,
38:56je suis à Sciences Po,
38:58les radios locales, je commence
39:00par une toute petite radio à Bordeaux,
39:02et puis ensuite, il y en a une à Bayonne chez moi,
39:04et puis je rentre dans cette radio locale, et c'est ça
39:06qui me fait rentrer dans le métier. Mais moi,
39:08à la base, je voulais être avocat, juge d'instruction,
39:10commissaire de police,
39:12j'aurais pu être prof.
39:14Il y a plein de métiers
39:16qui m'ont intéressé. Et d'ailleurs,
39:18aujourd'hui, j'ai toujours envie de faire
39:20tous ces métiers.
39:22D'ailleurs, c'est amusant d'avoir cette discussion,
39:24vous faites partie de ceux
39:26qui ont de multiples talents,
39:28et notamment, par exemple, celui, à un moment, de
39:30chanter, que vous avez eu.
39:32Je fais de la musique, disons.
39:34Oui, mais de tentations multiples
39:36que vous avez,
39:38et c'est souvent des personnalités
39:40sympathiques, riches, éclectiques.
39:42Si vous voulez, moi, je suis
39:44le strict opposé, mais vous aussi,
39:46vous avez fait un parcours comme ça,
39:48de Patrick Troupeau, d'Arvor, de Claire Chazal,
39:50de tous ces gens-là qui ont fait le même métier
39:52toute leur vie, pendant des décennies.
39:54Moi, en gros,
39:56au bout de 7 ou 8 ans
39:58où je fais la même chose, j'ai envie de changer.
40:00J'y suis, j'y suis arrivé.
40:02Alors, vous êtes
40:04en revanche toujours fidèle à votre chien.
40:06Ah oui, oui, oui. C'est jamais le même chien.
40:08Celui-là, c'est le même.
40:10Ça fait combien ? Il a quel âge ?
40:12Il a 9 ans.
40:14Non, non, non, c'est un foxtérier, ça peut vivre
40:16jusqu'à 16, 17 ans.
40:18C'est gentil, ce chien. Il y a beaucoup de chiens, parfois,
40:20à Europe 1, et il y a des chiens qui viennent nous
40:22rendre visite, durant les fêtes.
40:24Mais ce chien est
40:26très gentil. Il s'appelle comment ? Jaco.
40:28Jaco ? Oui, J-A-C-A-O.
40:30Eh bien, merci, cher
40:32Christophe. Ça serait bien de faire une émission avec Christophe.
40:34On l'atte un jour entièrement,
40:36parce que c'est vrai que... Il est passionnant.
40:38Il est à votre disposition.
40:40Pour parler tout, et puis d'échanger avec
40:42les auditeurs, parce que vous êtes une figure de ce métier.
40:44Il y a toujours un lien.
40:46Vous avez un lien avec les gens. Les gens dans la rue,
40:48ils vous parlent. Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
40:50Qu'ils m'écoutent.
40:52Qu'ils ont vu faire entrer l'accusé, qu'ils m'écoutent.
40:54Ce matin, une dame me dit que je vous écoute tous les jours.
40:56Et ils vous posent des questions,
40:58j'imagine ? Non, ils sont gentils.
41:00Rien de plus.
41:02Moi, je suis toujours très accueillant.
41:04Ça ne me gêne pas qu'on m'arrête dans la rue
41:06pour faire des selfies, tout ça. Non, vous êtes gentil.
41:08C'est vrai que vous êtes sympathique. Vous êtes gentil.
41:10Moins que vous nous le dites. Il est 12h16.
41:12Bon, on est en retard, et ça nous a fait plaisir
41:14d'être avec Christophe Ondelat. A bientôt, mon gérard.
41:16Je vous embrasse, et on continue
41:18avec l'actu du jour. Et Christophe Ondelat
41:20se retrouve cet après-midi de 14h à 15h.
41:22A tout de suite avec Pascal Frausse sur Europe 1.