Hopitaux sous tension : «Il est urgent de prendre des mesures qui permettent de changer le quotidien», estime Marc Noizet

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Transcript
00:00et c'est l'heure de l'invité actuel.
00:0250 hôpitaux sous tension, encore une fois cet été en France.
00:05On a franchement l'impression que les difficultés, les manques de lits, de personnel
00:08affectent tous les ans dans les mêmes proportions le système hospitalier
00:12à propos duquel certains praticiens assurent même qu'il est au bord de la rupture.
00:15Et pour en parler, vous recevez Marc Noiset, président de SAMU Urgences de France.
00:19Bonjour Marc Noiset.
00:20Bonjour.
00:21Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:23Alors pour que les auditeurs d'Europe 1 comprennent bien Marc Noiset,
00:26un hôpital sous tension, ça signifie quoi concrètement ?
00:29Des fermetures de services, des urgences au ralenti par exemple ?
00:32Ou fermer la nuit, c'est ça ?
00:34Oui, c'est exactement ça.
00:36Le ministre de la Santé évoquait évidemment
00:39les tensions qui existent actuellement dans les services des urgences
00:42qui sont essentiellement de deux faits.
00:44Des ressources humaines largement insuffisantes dans beaucoup d'hôpitaux,
00:47des ressources médicales notamment,
00:49qui impactent le fonctionnement de ces services
00:52et obligent un fonctionnement dégradé
00:54avec des fermetures de certains services urgences,
00:57des suppressions de lignes de garde ou de SMUR.
01:01Et par ailleurs également,
01:03une difficulté que l'on connaît maintenant depuis plus de dix ans,
01:06qui est celle de la capacité de ces services
01:09à pouvoir hospitaliser les malades qui le nécessitent
01:11et à ne pas trouver de lit
01:13et avec cet encombrement de patients
01:15qui restent dans les couloirs sur des brancards pendant de nombreuses heures.
01:18C'est véritablement ça l'attention qu'on constate encore une fois cet été.
01:21Le vaccin ne concerne pas que les services des urgences stricto sensu,
01:24mais ça peut avoir des répercussions sur d'autres services
01:26à l'intérieur d'un même hôpital, si je comprends bien.
01:29Oui, tout à fait.
01:30C'est le système de santé de manière générale
01:32qui en ce moment est en grande difficulté,
01:35qui est en crise, en mutation,
01:38et que nous aimerions bien que notre ministre accompagne.
01:42Parce que finalement, la crise que l'on constate aux urgences
01:45n'est pas une crise en tant que tête des urgences,
01:47c'est la résultante de tout un système qui est fatigué.
01:50La médecine libérale est saturée,
01:52vous n'arrivez plus à trouver de médecin spécialiste
01:54pour faire la consultation de votre maladie chronique,
01:56et les hôpitaux ne sont plus en capacité d'accueillir
01:58tous les patients qui devraient être soignés normalement.
02:00Et donc, tous ces patients-là se retrouvent sur le seul endroit
02:03qui continue à être ouvert H24,
02:05sans distinction et sans tri sur la prise en charge.
02:09Avec le sentiment, ou plutôt l'observation que l'on fait concrètement
02:13que cette situation se répète tous les ans, Marc Nozé.
02:17Oui, oui, tous les ans.
02:18Et contrairement à ce que M. Valtout dit,
02:20non, ce ne sont pas seulement 50 services qui sont en difficulté.
02:23Vous savez, l'année dernière, on en avait recensé la moitié
02:27des services d'urgence en France étaient en difficulté.
02:3070% des SMUR avaient au moins fermé une fois.
02:33Et donc, on est bien au-delà de ces 50 hôpitaux
02:36qui sont encore une fois une minimisation de la difficulté,
02:39qui est un discours politique que l'on connaît bien.
02:42Frédéric Valtout met en avant malgré tout, Marc Nozé,
02:45le fait que les mesures prises par l'exécutif
02:47comme la revalorisation des gardes de nuit et de week-end
02:50commencent à porter leurs fruits.
02:52Des recrutements également plus faciles.
02:54Il y a quand même un léger mieux malgré tout par rapport à l'an dernier
02:58ou vous le contestez ?
03:00Sur le recrutement, absolument pas.
03:02Cette revalorisation du travail de nuit,
03:04elle existe depuis l'été 2022.
03:06Comment voulez-vous que tout d'un coup,
03:08ça produise des effets positifs ?
03:10Elle est acquise dans la rémunération aujourd'hui de tous les médecins
03:13et ce n'est pas ça qui a fait que cet été,
03:15on a trouvé plus de médecins.
03:17Donc non, sur le recrutement médical
03:20et sur l'attractivité médicale,
03:22aujourd'hui, il n'y a rien de nouveau.
03:24On imagine également, Marc Nozé,
03:27la fatigue des personnels soignants
03:30avec ce que cela a comme répercussion
03:32sur le fonctionnement des services.
03:34Bien sûr.
03:36Les personnels soignants,
03:38qu'ils soient médicaux ou paramédicaux,
03:40aujourd'hui qui exercent dans ces services,
03:42sont vraiment des gens
03:45que l'on peut remercier
03:47de leur abnégation et de leur capacité
03:49à faire abstraction de la difficulté
03:51qu'ils vivent au quotidien.
03:53Regardez ce qui se passe à Brest
03:55avec ce mur de la honte
03:57de ces patients qui sont obligés de rester plus de 24h
03:59sur un brancard.
04:01Comment voulez-vous, tous les jours, venir travailler
04:03en vous disant, c'est ça mon quotidien ?
04:05Évidemment, il faut qu'on continue à tenir.
04:07Évidemment, on espère que le système va changer
04:09et c'est là où on attend notre prochain ministre.
04:11Il est urgent de prendre
04:13des mesures qui permettent
04:15de changer ce quotidien et également
04:17pour nos patients. Parce que nos patients, vous le savez,
04:19vivent des complexités
04:21et un taux de mortalité
04:23augmenté dès lors où ils passent
04:25de nombreuses heures sur nos brancards.
04:27Cela peut aussi entraîner
04:29des reports d'intervention chirurgicale, par exemple,
04:31en plein été ?
04:33Sur certains établissements, sans aucun doute.
04:35Parce que la carence médicale que l'on connaît
04:37sur les services d'urgence, elle existe
04:39et notamment
04:41certaines spécialités chirurgicales et notamment
04:43l'anesthésie qui fait que les blocs,
04:45certains blocs, tournent un petit peu au ralenti
04:47et on peut effectivement, sur des
04:49interventions programmées, alors pas sur l'urgence
04:51mais sur des interventions programmées,
04:53différer votre prise en charge.
04:55Pour revenir au service des urgences,
04:57alors j'imagine que c'est difficile
04:59de faire une moyenne nationale,
05:01sur des
05:03situations différentes,
05:05mais le temps d'attente aux urgences
05:07en moyenne, il s'établit à combien
05:09maintenant qu'on rentre dans un hôpital ?
05:11Alors effectivement, la moyenne ne veut rien dire.
05:13Dans un petit établissement, vous allez avoir
05:15une fluidité d'accueil qui est
05:17satisfaisante. Dans un très gros établissement,
05:19vous allez avoir parfois plusieurs
05:21heures d'attente avant de pouvoir être pris en charge
05:23par un médecin.
05:25Donc la moyenne, elle doit vraiment
05:27se voir par catégorie
05:29et par typologie
05:31de service. On travaille beaucoup sur
05:33cette qualité de service
05:35et que le premier contact médical, c'est aussi
05:37le contact déterminant pour le patient,
05:39c'est le contact déterminant pour le début du diagnostic.
05:41Donc on travaille beaucoup là-dessus, sur nos organisations
05:43mais effectivement, quand les systèmes sont
05:45débordés, quand les systèmes sont saturés,
05:47ils sont compliqués et vous avez vu
05:49qu'on parlait parfois plus de 7, 8,
05:519 heures d'attente. Évidemment, ce sont des chiffres
05:53que l'on ne peut pas tolérer.
05:55C'est la preuve d'un dysfonctionnement
05:57profond de nos systèmes d'urgence.
05:59Un dernier mot, Marc Noisy, on a appris
06:01hier que 1500 postes d'interne
06:03seront supprimés pour
06:05la rentrée prochaine. Je ne sais pas si on peut dire ça
06:07comme ça. Est-ce que cela aura aussi un impact
06:09sur le nombre de lits disponibles dans les
06:11hôpitaux ? Non, je ne pense pas.
06:13Ça va avoir un impact sur le fonctionnement
06:15des services mais on ne peut pas se permettre de fermer
06:17des lits parce qu'il y a moins d'interne.
06:19Alors 1500, ça fait beaucoup. Évidemment,
06:21ça génère un petit peu de crispation chez
06:23nos internes et vous l'avez vu.
06:25Aujourd'hui,
06:27si vous rapportez ça
06:29aux hôpitaux,
06:31à chaque hôpital,
06:33ça fait un nombre d'interne qui est relativement
06:35faible. Donc, ce n'est pas ça qui va changer
06:37le nombre de lits ouverts, heureusement.
06:39Mais ça va quand même créer des tensions
06:41ici ou là dans les services, évidemment.
06:43Dans les fonctionnements.
06:45Merci Marc Noisy. Merci d'avoir été en ligne ce matin
06:47pour Europe 1. Je rappelle que vous êtes
06:49le président du syndicat SAMU Urgences
06:51de France. Merci à vous. Bonne journée.

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