Olivier Girault : «Il faut nous préparer à un engouement autour du sport dès la rentrée»
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Transcript
00:007h38, vous écoutez bien Europe 1 Matin. Très bon réveil à tous !
00:04Alors que la vasque olympique vient de s'éteindre à Paris,
00:06quels retombés ces Jeux olympiques auront-ils sur la pratique du sport à l'école ?
00:10Les médailles d'or vont-ils susciter des vocations ?
00:12La performance du sport français commence-t-elle d'ailleurs à l'école ?
00:16Le pari d'une nation sportive voulu par Emmanuel Macron est-il en passe d'être réussi ?
00:20Ou bien au contraire, ces médailles sont-elles l'arbre finalement
00:24qui cache la forêt d'un sport qui reste encore le parent pauvre de l'éducation ?
00:27Et on en parle avec Olivier Giraud, président de l'UNSS, Union Nationale du Sport Scolaire.
00:32Bonjour Olivier Giraud.
00:34Bonjour à tous.
00:35Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1, ancien champion du monde,
00:38champion olympique avec l'équipe de France de handball, faut-il le rappeler.
00:42Je voudrais vous rappeler une petite anecdote Olivier Giraud.
00:47Il y a trois ans, au lendemain des Jeux olympiques de Tokyo,
00:48le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer avait salué,
00:51ici même sur Europe 1, les performances des athlètes français
00:54en soulignant que le sport à l'école était souvent à l'origine des résultats.
00:58Et à l'époque, plusieurs sportifs de haut niveau lui étaient tombés dessus
01:01en affirmant que le sport à l'école restait le parent pauvre des programmes
01:05et que ça n'avait rien à voir avec les performances olympiques.
01:07Alors qu'est-ce que vous attendez, vous Olivier Giraud, de ces JO sur la pratique du sport à l'école ?
01:12J'en attends beaucoup, mais juste une petite précision,
01:15je ne suis pas le président du sport scolaire, on est de...
01:19Oui, pardon, directeur national.
01:21Justement, Jean-Michel Blanquer était le président
01:24et c'est lui qui m'a nommé il y a trois ans à la tête du sport scolaire.
01:30Écoutez, ce que je disais à l'époque au ministre de l'Education,
01:34c'est que je ne sais pas si le sport scolaire a fait de moi un champion olympique,
01:40mais par contre j'ai commencé la pratique du handball dans le sport scolaire
01:43comme beaucoup de sportifs, certains non, ça dépend aussi des sports,
01:49mais par contre je sais ce que le sport scolaire a fait de la personne que je suis aujourd'hui,
01:55parce qu'on parle souvent de la pratique sportive,
01:58mais il faut aussi apprendre, on en parle souvent,
02:02les valeurs qui vont avec la pratique sportive,
02:04et si on doit donner un bémol sur la manière de faire du sport à l'école,
02:09en tout cas par rapport aux fédérations délégataires,
02:12ce sont des professeurs d'EPS qui ont bac plus 5
02:15et qui travaillent sur la psychologie de l'enfance également dans leurs études,
02:19qui donnent ces cours,
02:21donc c'est du sport par l'éducation, mais aussi de l'éducation par le sport,
02:25ce qui est important sur le sport scolaire,
02:27c'est que ces enfants, par rapport au sport professionnel,
02:30ils ont besoin de vitrines,
02:32je l'ai toujours dit, le sport professionnel est une vitrine
02:35qui permet à donner l'idée à des jeunes de pratiquer un sport,
02:41de découvrir quelque chose qu'ils n'auraient pas pensé eux-mêmes,
02:44donc le sport professionnel est déjà là pour ça,
02:46sur nos territoires, avec nos clubs professionnels,
02:48avec nos fédérations françaises de tout sport,
02:50mais quelles vitrines sont les Jeux Olympiques ?
02:54Justement, qu'est-ce que vous en attendez à la rentrée des classes ?
02:57Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir une nouvelle dynamique
03:01pour le sport à l'école, au collège ou au lycée ?
03:04Alors on va parler de deux choses,
03:06il y a la dynamique économique
03:08et la dynamique qui vient de la volonté
03:10tout simplement des parents, des élèves à s'engager.
03:13Celle-là, elle sera automatique,
03:16vous le savez très bien,
03:18lorsqu'on sort du Tour de France,
03:20vous voyez 10 000 personnes de plus
03:22qui font du vélo le dimanche matin,
03:24ça ne dure pas longtemps, mais c'est vrai,
03:26lorsqu'il y a le tennis, c'est la même chose,
03:28cette vitrine dont je vous parlais.
03:30Aujourd'hui, il nous faut nous préparer,
03:32dès la rentrée, à un engouement
03:34autour des sports,
03:36parce que le sport scolaire,
03:38c'est 100 sports qui sont proposés aux élèves,
03:40donc ils vont avoir le choix,
03:42la natation,
03:44on en parlera,
03:46il faut, par exemple,
03:48bien sûr, accueillir tous ces jeunes,
03:50apprendre à nager, c'est quelque chose
03:52très important dans le sport scolaire,
03:54aujourd'hui, il faudra regarder
03:56avec les collectivités territoriales,
03:58comment
04:00faire pour que ces jeunes
04:02accèdent à cette pratique.
04:04Un mot sur la natation,
04:06j'ai lu chez nos confrères du Figaro
04:08qu'à Marseille,
04:10deuxième ville de France,
04:12d'un petit Marseillais sur trois
04:14ne sait pas nager en entrant au collège.
04:16Ça donne l'ampleur du défi
04:18qui est devant vous, Olivier Giraud.
04:20Ça, c'est un défi national
04:22qu'il y a depuis toujours, la natation
04:24c'est vraiment quelque chose de particulier,
04:26c'est une des premières causes de mortalité
04:28de la jeunesse,
04:30donc il y a le sport
04:32et il y a la prévention, et la natation
04:34c'est aussi
04:36en termes de prévention qu'il faut
04:38l'aborder, je vais pas vous mentir,
04:40j'ai appris à nager à l'école aussi,
04:42donc c'est quelque chose qui est d'utilité publique
04:44et qu'il nous faut
04:46travailler, comme le savoir rouler, le savoir nager,
04:48donc là-dessus, l'éducation nationale
04:50est déjà présente pour que
04:52de moins en moins d'enfants
04:54passent à côté de cette pratique de la natation
04:56qui était prise
04:58en charge, en grande partie
05:00en tout cas, depuis très longtemps
05:02par
05:04le sport scolaire ou l'école, tout simplement,
05:06mais parlons aussi de
05:08les autres sports, de la féminisation,
05:10aujourd'hui c'est 40% de jeunes filles
05:12qui sont en dehors du sport scolaire,
05:14nous avons aussi nos problématiques, c'est savoir
05:16comment faire en sorte que ces jeunes filles
05:18à l'âge de 14-15 ans
05:20n'arrêtent pas la pratique scolaire,
05:22donc redévelopper notre offre
05:24mais aussi avoir cette capacité
05:26financière pour
05:28pouvoir emmener tous ces jeunes.
05:30La licence de l'INSS c'est 20 euros, monsieur.
05:32C'est 20 euros.
05:34Effectivement, tout à fait abordable. Alors justement, en termes de moyens,
05:36il a beaucoup été dit
05:38et je pense que c'est évidemment, ça s'est vérifié
05:40que des moyens importants avaient
05:42été mis par
05:44le gouvernement pour le sport de haut niveau
05:46avec donc les résultats que l'on a
05:48observés. Est-ce qu'il faut le même type de
05:50moyens, d'efforts financiers
05:52pour le sport scolaire et le sport pour tous
05:54d'une certaine façon ? Alors je vais vous dire
05:56le sport scolaire n'a pas besoin
05:58autant pour fonctionner, il fonctionne très bien
06:00depuis très longtemps,
06:02mais aujourd'hui avec l'inflation
06:04il doit être indexé
06:06la moitié du budget du sport scolaire
06:08ce sont les transports, car nous payons
06:10les transports de tous les élèves
06:12de tous les élèves. Avec la
06:14montée de l'inflation, à chaque fois que
06:16l'essence augmente, c'est moins de
06:18déplacement pour les élèves. Le sport scolaire
06:20n'a pas besoin aujourd'hui pour se
06:22développer des
06:24finances du sport
06:26professionnel, mais donnez-nous
06:28juste 10 millions supplémentaires, ils nous feront
06:30courir tous vos enfants.
06:32L'héritage immatériel
06:34on a beaucoup parlé de l'héritage
06:36des Jeux Olympiques, bien sûr
06:38il y a l'héritage structurel
06:40des choses vont rester de ces Jeux
06:42des équipements vont rester de ces Jeux
06:44mais le plus important c'est
06:46l'héritage immatériel, on a
06:48pu le tester
06:50avec cet engouement
06:52qu'on savait grandissant
06:54pour les Jeux Olympiques au fur et à
06:56mesure qu'on s'approcherait de l'épreuve
06:58mais on n'aurait jamais imaginé
07:00que la France
07:02Nation sportive, ce sont les français
07:04qui ont montré que la France est une nation sportive
07:06Oui parce que quand on parlait de la France Nation
07:08sportive, pardonnez-moi Olivier Giraud
07:10on récanait un petit peu il y a quelques années
07:12Oui parce que
07:14finalement, comme le disait bien
07:16Tony Estanguay, la France
07:18est un pays de râleur qui garde souvent
07:20le verre à moitié vide
07:22mais dites-moi dans quel pays
07:24vous pouvez prendre une licence vous
07:26vos enfants, vos grands-parents
07:28à côté de chez eux, à moindre
07:30coût, la France permet ça
07:32N'oublions pas une chose
07:34par exemple on parle souvent du financement
07:36le financement par exemple du sport scolaire
07:38la mise à disposition des professeurs
07:40de PS le mercredi
07:42pour faire courir tous les enfants
07:44de notre population
07:46c'est aux alentours de 400 millions
07:48qui sont mis depuis très longtemps mais qui ne sont
07:50pas dits pour pouvoir
07:52avoir ces professeurs. Après
07:54la pratique elle-même nécessite aussi
07:56d'analyser territoire par
07:58territoire les besoins
08:00on le voit avec les futures
08:02élections des fédérations qui vont arriver
08:04où 50% des votes seront les votes
08:06des licenciés. Aujourd'hui
08:08il y a un retour naturel
08:10qui doit se faire vers le sport
08:12de territoire parce que nos petits champions
08:14c'est de là qu'ils viennent
08:16ils viennent de tous les territoires français et
08:18ultramarins et donc donnons
08:20la capacité aussi
08:22à la fois au sport scolaire mais à la fois
08:24aux fédérations, aux services déconcentrés
08:26des fédérations de pouvoir
08:28développer le sport sur les territoires
08:30au plus bas, au plus proche des clubs.
08:32Et ce sera le véritable héritage
08:34de ces Jeux Olympiques de Paris 2024
08:36dont on souligne le succès depuis
08:38hier. Merci infiniment Olivier Giraud
08:40d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1
08:42directeur national de l'UNSS
08:44bonne journée à vous.