Stéphane Rozès

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Transcript

00:00 - On atteint à 7h42 Alexandre, le politologue Stéphane Rosès, enseignant à Sciences Po Paris,

00:05 président de conseil analyse et perspective et puis aussi auteur du livre "Chaos"

00:09 et c'est sur les imaginaires des peuples aux éditions du CERF.

00:12 - Bonjour Stéphane Rosès. - Bonjour Alexandre.

00:15 - L'exécutif prépare la réponse politique aux émeutes.

00:18 Avant l'interview présidentielle du 14 juillet, Elisabeth Borne a levé un coin de rideau hier

00:23 dans une interview aux Parisiens, faire payer une amende aux parents de mineurs impliqués dans les émeutes,

00:30 dispositif de sécurité massif pour la fête nationale.

00:33 C'est d'abord le choix de l'autorité et du retour à l'ordre qui est fait, qui est dévoilé en tout cas.

00:37 - Oui, les gouvernants, le gouvernement Emmanuel Macron ont pris la mesure de la réaction,

00:45 de l'opinion à l'égard des émeutes.

00:48 C'est la colère, 84% des Français sont en colère, 77% ne comprennent pas comment on a pu en arriver là

01:00 et au fond les deux tiers des Français demandent un durcissement de la législation,

01:08 que ce soit à l'égard des mineurs, des larves, mais également en matière de contrôle de l'immigration.

01:17 - On va arriver ce 14 juillet au terme de cette période des 100 jours,

01:21 100 jours d'apaisement promis par le président après la bataille des retraites, jusqu'aux émeutes.

01:25 On pouvait penser que le chef de l'État avait repris l'initiative Stéphane Rosès.

01:30 - Oui mais au fond on le sent bien, on vient de vivre au travers des émeutes un paroxysme spectaculaire

01:39 mais la crise est profonde.

01:41 On connaît depuis 30 ans une crise de la République, tant l'écart entre la façon dont les gouvernants procèdent

01:52 et les fondamentaux du pays sont contradictoires, qui est l'objet de mon livre,

01:58 mais également à court terme, vous parlez d'Emmanuel Macron, une crise de légitimité du président

02:06 et puis il y a eu évidemment la vidéo de la mort de Nahel, mais les Français sentent bien que la crise est profonde.

02:14 - C'est une ligne de crête que va devoir trouver Emmanuel Macron,

02:17 je veux dire asseoir l'autorité de l'État, mettre ou remettre du régalien,

02:21 et puis en même temps pacifier, c'est une voie étroite et qu'il va falloir suivre dans la durée

02:26 si l'on veut éviter que cela se reproduise, ces émeutes.

02:30 - Eh bien cette tension que justement vous indiquez ne peut se résoudre que par le dépassement et la dynamique.

02:39 Au fond les Français ont le sentiment que nos gouvernants ne sont plus maîtres de leur choix

02:47 ou en tout cas qui ne correspondent pas à l'état fondamental du pays

02:52 et donc soit le président le 14 juillet dit comment la France peut retrouver ses marges de manœuvre, sa souveraineté,

03:02 soit à terme il devra faire un reset de sa légitimité.

03:08 Les conditions de la présidentielle n'ont pas permis de nouer un lien fort entre lui et le pays,

03:15 on l'a vu ensuite avec le mouvement social contre les retraites

03:20 et donc il va falloir soit par un référendum, soit par une dissolution, réenclencher une légitimité perdue pour le président.

03:36 72% des Français critiquent l'attitude du gouvernement alors que 2 Français sur 3 soutiennent les forces de l'ordre.

03:46 - Effectivement c'est un écart qui peut paraître surprenant.

03:49 Quand vous dites "reset", vous évoquez le référendum ou carrément la dissolution, ça veut dire quoi ?

03:53 Ça veut dire qu'à vos yeux la perspective d'un remaniement qui se rapproche ne suffira pas sans doute à relancer le quinquennat d'Emmanuel Macron ?

04:02 - Non parce que de façon générale un remaniement n'a de sens que si c'est au service d'une orientation, d'un projet politique.

04:12 Donc on peut attendre du président le 14 juillet qui nous dise en quoi réellement sur le fond il a compris les raisons profondes de la crise française

04:25 et en quoi il se donne les moyens de renouer le lien avec le pays car la crise est une crise d'abord politique,

04:36 de dégradation du lien entre gouvernants gouvernés même si en rien les Français ne soutiennent les émeutes urbaines.

04:47 - On a vu les violences dirigées contre les élus locaux jusqu'à cette tentative d'assassinat du maire de la Ville et de sa famille Stéphane Roset.

04:54 Qu'est-ce que ça dit ? C'est un signal d'alarme ?

04:56 - C'est un signal d'alarme évidemment ça procède d'individus et de groupes tout à fait minoritaires.

05:06 Les Français pointent bien les problèmes d'autorité dans la crise et ses émeutes mais au fond c'est très minoritaire.

05:16 Mais ça dit quoi ? Ça dit qu'il n'y a plus dans une partie de la population de tabou sur le respect des normes républicaines

05:27 comme si la France devenait pour beaucoup de ses habitants et dans certains quartiers complètement désinimée.

05:36 C'est-à-dire que même lors des émeutes de 2005 il n'y avait pas une telle manifestation.

05:44 - Effectivement, merci Stéphane Rosely.

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