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00:00 Europe 1 matin, Lionel Gauchelot.
00:03 7h40, votre invitée Lionel Dounia Messli, journaliste spécialisé dans le foot féminin et fondatrice du site coeur de foot.
00:12 Bonjour Dounia Messli. Bonjour à tous.
00:15 Merci d'être en ligne avec nous ce matin sur Europe 1.
00:18 J'imagine que vous avez observé attentivement cette victoire des Bleus hier contre le Maroc
00:24 et la maîtrise dont ont fait preuve les joueuses françaises.
00:27 Est-ce que cela vous fait penser qu'elles peuvent aller au bout de cette compétition Dounia Messli ?
00:32 Franchement c'est difficile à le dire parce que là elles vont affronter le pays haute.
00:39 C'est à double tranchant ce match-là, l'Australie, les Mathildas de Tony Gustafsson.
00:46 C'est à double tranchant mais franchement avec Hervé Renard je sens qu'il y a un vrai engouement derrière cette équipe de France
00:52 et que les joueuses sont aussi portées dans cette mission d'aller jusqu'au bout.
00:57 Donc on attend juste de savoir qui sera alignée et d'assister à ce match.
01:02 Elles le sentent vous d'après vous justement cette effervescence de l'autre côté de la planète pratiquement parce qu'elles sont en Australie ?
01:12 Oui parce qu'en fait il y a eu un changement vous le savez tous depuis février.
01:17 Il y a quelque chose qui est en train de se mettre en place. Il y a le retour d'Eugénie Le Sommer qui fait du bien à cette équipe de France.
01:24 Les joueuses, je pense que toutes les bleues se sentent vraiment impliquées dans une mission cet été.
01:31 Je n'ai jamais vu ça moi donc ça fait plaisir à voir.
01:34 Quelles sont les équipes qu'il faut craindre dans le dernier tableau Dounia Messli ?
01:39 Toutes celles qui y sont mais je dirais surtout le Japon, les Pays-Bas, la Suède aussi même si la Suède est un peu plus défensive.
01:48 Mais toutes à ce stade, Ankara, c'est les meilleures équipes presque.
01:54 Ce qui compte dans une compétition comme celle-là vous le savez Dounia, c'est que l'équipe monte en puissance.
02:01 C'est important. Vous pensez qu'il y a justement cette progression continue des bleues d'Hervé Renard ?
02:08 Pour moi c'est surtout l'aspect mental, l'aspect psychologique parce que les bleues n'ont pas affronté forcément les mêmes adversaires que les autres équipes.
02:15 Donc une montée en puissance est très difficile à dire.
02:18 Par exemple l'Australie a affronté le Danemark et pourtant elles ont fait un jeu qui m'a vraiment plu.
02:23 Et nous on a affronté malheureusement sans vouloir porter préjudice au Maroc, une équipe marocaine qui faisait son premier huitième.
02:31 C'est sa première participation. On a vu qu'il y avait du déficit physique, athlétique, dans la stratégie.
02:39 Malgré que Renald Pedro les a un peu secoués pour la seconde mi-temps.
02:46 Qu'est-ce qu'Hervé Renard a apporté de plus à cette sélection française par rapport à l'ancienne sélectionneuse corinthiaque Dounia Mesli ?
02:55 Je pense qu'il a apporté tout. Hervé Renard c'est un meneur d'hommes et aujourd'hui pour moi c'est devenu un meneur de femmes.
03:02 Il a su comprendre les joueuses. Il ne fait pas de différence aussi. On l'a très bien vu dans ses causeries.
03:09 Il est là, il est présent, il marque son territoire, il est derrière ses joueuses, il met de la poigne.
03:15 Vous avez vu aussi, il a des accolades avec les joueuses. Et on sent que c'est vraiment sincère, que c'est vraiment comme un père à ses filles.
03:22 C'est quelque chose que j'apprécie de voir. Il y a la grinta aussi. Moi hier sur le terrain, vous l'avez vu aussi,
03:28 quand il a poussé une gueulante contre l'arbitre alors qu'il restait 20 secondes de jeu.
03:32 Mais voilà, c'est pour montrer qu'il est derrière ses joueuses, il est derrière son équipe de France.
03:37 Et moi c'est ce qu'il n'y avait pas en 2019. C'est ce que j'ai reproché à l'équipe de France.
03:41 C'est pour ça qu'on a perdu en quart de finale contre les Etats-Unis selon moi.
03:45 C'est-à-dire qu'il a tout changé d'un point de vue, dans l'approche psychologique ?
03:50 C'est ça, exactement. Même dans la tactique, dans la stratégie. Face à la Jamique, j'ai été un peu déçue,
03:55 je ne vais pas le cacher, même la défaite contre l'Australie.
03:58 Après maintenant il a dit que c'était un peu...
04:01 Moi-même je n'ai pas trouvé ça normal de programmer un match contre l'Australie, sincèrement.
04:06 Et maintenant, on va peut-être le payer ce samedi, mais bon, je ne l'espère pas.
04:11 Est-ce que, par rapport à Hervé Renard, toujours, à Dunia Mesli,
04:14 est-ce que vous avez lu les critiques de l'ancienne joueuse de Lyon, Melissa Plaza,
04:17 qui avait pointé du doigt le discours viriliste d'Hervé Renard à l'adresse de ses joueurs ?
04:22 "Un gars qui passe son temps à hurler", disait-elle, "une masculinité toxique"
04:27 qui apparaît dans ses discours. Vous en pensez quoi ?
04:30 Je suis partagée. J'avoue que je peux aussi comprendre le point de vue de Melissa Plaza,
04:35 parce que c'est une ancienne joueuse, donc peut-être qu'elle a vécu ce genre de choses avec d'anciens coachs,
04:40 et aujourd'hui c'est peut-être un flashback pour elle.
04:43 Je n'ai pas eu de coach qui me criait dessus pendant mes causeries,
04:48 je n'ai jamais vécu ce genre de causerie. Je ne sais pas si j'aurais apprécié ou pas.
04:54 Moi, ça ne m'a pas vraiment galvanisé, parce que le fait est que ce soit déjà Hervé Renard,
04:59 pour moi c'est galvanisant. Donc il n'a même pas besoin de faire ce genre de causerie
05:02 pour que je sache qu'il faut que j'aille au front et que je mouille le maillot comme il faut.
05:07 Mais ce que j'aime, c'est que sur le terrain, il ne lâche pas ses joueuses.
05:11 Il leur dit quoi faire jusqu'à la dernière minute, et on le voit sur son visage,
05:15 qu'il est un peu énervé quand ses joueuses font des fautes et qu'elles n'aillent pas au bout.
05:19 C'est ça que j'aime. C'est plutôt le côté terrain, le vestiaire, pour moi, ça doit rester un peu intime.
05:25 D'ailleurs, les joueuses de l'équipe de France, en tout cas certaines d'entre elles,
05:30 se sont exprimées en disant que ça changeait tout, et que d'une certaine façon,
05:35 elles avaient envie de tout donner pour ce sélectionnaire qui change tout.
05:40 Mais oui, parce qu'Hervé Renard a gagné des titres, et comme il a gagné des titres, ça prouve quelque chose.
05:46 Et quand on est avec quelqu'un d'aussi expérimenté, qui a déjà fait des choses avec des nations
05:51 comme la Zambie, que personne ne voyait peut-être remporter la canne,
05:55 les filles, inconsciemment, dans leur tête, se disent "lui, il sait de quoi il parle, donc bien sûr que je vais y aller".
06:01 Et puis les bleues, elles doivent se racheter.
06:05 - Après la déception de 2019, effectivement. - 2019, 2022 aussi.
06:10 - Ici, en France, on commence à sentir, Dunia Messli, un vrai engouement pour cette sélection féminine.
06:19 Est-ce que vous pensez que c'est une génération qui peut impulser une nouvelle dynamique à l'essor du foot féminin en France ?
06:26 - Oui, moi aussi je serais une effervescence, mais comme le quart de finale, l'effervescence, elle est à double tranchant.
06:34 C'est-à-dire que ça s'essouffle parfois rapidement.
06:37 Il faut qu'elle soit maintenue, il faut qu'il y ait des choses qui soient faites,
06:41 il faut que la communication des bleues, de l'équipe nationale, etc., soit plus accrue, plus présente.
06:48 Mais bon, ce n'est pas quelque chose qui me galvane.
06:51 - Il faudrait un exploit fondateur, en quelque sorte, c'est souvent ce qu'on dit,
06:55 pour que justement il y ait un déclic, qu'il y ait, par exemple, une vague d'inscriptions des jeunes filles dans les clubs de foot.
07:03 - Je ne sais pas du tout, parce que vraiment le football, c'est tellement ancré masculin,
07:09 que c'est difficile pour une fille de se lancer, je trouve.
07:13 Parce qu'il y a l'aspect physique, il y a l'aspect jeu de terrain, la pluie, etc.
07:19 Et les femmes sont un peu frileuses sur ça, j'ai l'impression.
07:21 Mais c'est vrai que 98 a marqué, je pense aussi, un vrai déclic, un vrai tournant pour le foot masculin.
07:28 Donc j'espère que 2023, un titre va amener ce déclic aussi dans le foot féminin.
07:36 Mais on en est loin, là on est très très loin.
07:38 - Et pourtant, si on fait une comparaison avec le rugby féminin d'Ougnia Messli,
07:42 là aussi on voit qu'il y a un véritable essor, là aussi on voit qu'il y a un véritable engouement.
07:47 Et en plus, les filles du rugby, elles gagnent, elles gagnent des matchs, elles gagnent des compétitions,
07:53 notamment dans le tournoi.
07:55 Voilà, il doit se passer quelque chose pour le sport collectif féminin.
08:00 - Oui, totalement, il faut prendre un virage.
08:02 Et je trouve que le rugby féminin aussi, je ne sais pas si vous pouvez me le confirmer,
08:07 mais à un moment le rugby masculin aussi se portait un peu mal.
08:10 Et c'est vrai que le rugby féminin a tiré son épingle du jeu à ce moment-là.
08:13 Et le foot féminin aussi, en 2011.
08:15 C'est vrai, et le foot féminin également en 2011.
08:18 Donc voilà, on profite un peu quand l'autre va mal de nous tirer notre épingle du jeu,
08:24 de redorer un peu mieux le blason parce que nos homologues sont un peu moins bien.
08:29 Et après ça s'inverse, ça se change, ça se suit, ça se porte.
08:34 C'est comme Lyon, Lyon féminin, Lyon masculin.
08:36 Il y a eu un passage de flambeau.
08:39 - Et ça nous donne l'occasion de nous enflammer pour cette équipe féminine de football.
08:44 Merci, Denis Henestly, journaliste spécialisée dans le foot féminin.
08:48 Et je rappelle que vous êtes la fondatrice du site coeur de foot.
08:52 Merci, bonne journée.