Les Vraies Voix avec Daniel Sangouma, Jean-Luc Crétier, Pascal Eouzan, Muriel Hermine, Audrey Pietro Rodrigues, Antoine Mazère
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00:00Alors, mes chers vrais voix, on va ouvrir le débat avec la déclaration de l'athlète, le coureur de demi-fond, Hugo Haye,
00:07qui a dit, j'ai 2-3 mots à dire à Emmanuel Macron, le coureur français de demi-fond, qui ne cache pas ses opinions
00:14et sa volonté surtout d'intervenir dans le débat politique, et il a surtout recadré Emmanuel Macron en lui disant
00:20ce ne sont pas ses jeux, ce sont les jeux des athlètes. Donc ces prises de position très tranchées qu'il a données dans la presse,
00:26est-ce que c'est quelque chose qui vous étonne ? Est-ce que c'est un peu nouveau ? Et est-ce que ça fait aussi partie, on va dire, de la personnalité ?
00:35Finalement, un athlète est un sportif, surtout un citoyen comme les autres. Alors, je commence mon tour de table avec, à ma gauche, Pascal Ehousan.
00:42T'es sûr ?
00:43Ouais.
00:44Bon, d'accord. Déjà, moi, ce que je voudrais dire, c'est que nous aussi, on a 2-3 mots à lui dire, à M. Macron, sur nos sujets,
00:50les sujets qu'on défend avec le collectif. Après, pour ça, bon, des sportifs qui ont fait de la politique, il y en a eu plusieurs.
00:57Calma, Guidru, Bambuc, David, Douillet, Roxane Amarasine, Laura Flessel, etc. Donc, c'est quand même assez commun, je dirais, il n'y a rien d'extraordinaire.
01:08Alors, après, on le fait quand ? Est-ce qu'on le fait pendant la carrière ou après ? Alors, nous, on est bien placés pour le dire,
01:15parce que, comme maintenant, on est des vieux, des anciens, finalement, notre parole, elle est un peu moins écoutée, à moins qu'on se rassemble à plus de 600.
01:23Mais, des fois, un champion qui est en pleine activité, comme Teddy Riner, comme Léon Marchand, si demain, ils se mettent tous à parler en soulevant des problèmes politiques,
01:32moi, je n'y vois pas trop d'inconvénients, dans la mesure où ça ne les gêne pas dans leur carrière. Parce que, bon, il faut aussi, d'abord, faire des résultats.
01:38C'est ça, la priorité. C'est, d'abord, de faire ses Jeux Olympiques, et puis, après, une fois qu'on a le palmarès, on peut, peut-être, soulever ou défendre des causes aussi,
01:46pas que de la politique, mais des associations, etc., etc.
01:49Oui, c'est de ce côté-là que ça se joue. Jean-Luc Réthier, déjà, quand il dit aussi les Jeux, dans la même interview, cet athlète dit
01:57que ce sont les Jeux des athlètes et pas ceux d'Emmanuel Macron. Il y a beaucoup d'athlètes qui, même s'ils ne le déclarent pas de manière formelle, rejoignent cet avis-là.
02:08Oui, en fait, on va dire les gouvernants, c'est ceux qui donnent la ligne de conduite et ceux qui donnent les lignes budgétaires pour que les athlètes puissent s'exprimer.
02:19Après, on entend beaucoup de choses, surtout sur les réseaux. Moi, je pense qu'il a un peu raison, quelque part, parce qu'il faut quand même arrêter.
02:32On voit à la télé que des hommes politiques quasiment de partout, alors que c'est des Jeux Olympiques qui se déroulent en France.
02:41Et certains sports qui ont une visibilité tous les quatre ans, on ne les voit même pas cette année parce qu'ils prennent la place de beaucoup d'autres.
02:51Et ce que je trouve surprenant, c'est que, encore une fois, ces hommes politiques tirent la couverture à eux.
03:03Vous vous souvenez, Christine, de la première émission que nous avons faite ensemble ?
03:05Oui.
03:06Juste avant le démarrage des Jeux, il me semble que nos dirigeants avaient mis un peu la zizanie en France.
03:13Et je me souviens très bien d'une phrase qui était sortie en disant que si ça avait été des sportifs à la tête du pays,
03:19ça aurait été beaucoup plus calme et les sportifs auraient pu s'exprimer et, en tout cas, se préparer correctement pour préparer les Jeux.
03:26Il y a eu un message de Gilles Simon, à un moment donné, qui a répondu justement sur ces polémiques-là.
03:31Enfin, en tous les cas, ce ne sont pas des polémiques, mais en disant, devant le succès des Jeux et la réussite de nos athlètes,
03:37il a dit que le sport rassemble, le politique divise.
03:41Est-ce que c'est aussi simple que ça ?
03:43Mais finalement, on s'aperçoit que c'est, à un moment, une parenthèse dorée, ces JO.
03:49Donc, finalement, l'athlète a aussi le droit de revendiquer sa liberté d'expression.
03:54Oui, bien sûr, je suis tout à fait d'accord.
03:56Mais moi, je dirais deux choses.
03:58Ce qu'il fait, un athlète, c'est 70 % l'athlète lui-même, son travail, ses années consacrées au sport.
04:05Mais c'est aussi l'encadrement.
04:07C'est aussi les moyens qui lui sont donnés, les gens qui croient en lui.
04:10Donc, je dirais les moyens financiers et humains qui sont mis autour de lui pour lui permettre de performer.
04:17Je pense qu'à travers le discours d'Hugo, là, il s'agit d'un président dont les trois quarts des Français ne veulent plus.
04:24Et cet homme, c'est comme si tout allait bien, comme si la France roulait,
04:29et que finalement, il pouvait se présenter aussi heureux que les champions à venir les embrasser, les papouiller, etc.
04:35Alors qu'on sait tous que dès que les Jeux vont se terminer, tous les soucis vont revenir en pleine figure.
04:43Et je pense que c'est là la discorde, c'est là où il y a un dysfonctionnement.
04:48On aurait un président emblématique, je dirais, qui colle avec les idéaux dont le sport se nourrit, que le sport porte.
04:58Je dirais qu'il n'aurait même pas eu besoin de dire ce type de choses.
05:02Là, ça dysfonctionne, et il a raison, parce que notre président ne correspond pas aux valeurs que le sport véhicule.
05:09Pascal, vous voulez rajouter ?
05:11Oui, c'est vrai que beaucoup de gens disent que quand on fait du sport, on ne doit pas parler politique.
05:16Alors déjà, je voudrais souligner une chose, c'est que pour parler politique quand on fait du sport, il faut être extrêmement courageux.
05:21Parce que ça ne peut pas plaire à certains dirigeants de fédérations, et on peut risquer sa sélection.
05:27Ça peut écourter les carrières.
05:29Et en même temps, la réflexion que je me fais, c'est qu'on dit que les sportifs ne doivent pas parler de politique,
05:34mais les politiques ne se gênent pas eux pour parler de sport, et parfois à notre place.
05:39C'est très souvent le cas. Dès qu'un sportif donne un message,
05:43enfin Daniel, au Sangoubin, on en a des exemples plein les placards, comme on pourrait dire,
05:48de sportifs qui prennent position, qui donnent un avis, ou qui ne donnent pas d'avis,
05:52c'est-à-dire qui sont silencieux pour X raisons, et ça leur est reproché.
05:56Donc c'est quand même assez schizophrénique cette position du sportif vis-à-vis du débat public.
06:01Tout à fait. Par rapport à ça, je voulais revenir sur ce qui s'était produit juste avant les Jeux,
06:09lors des élections, où les joueurs de l'équipe de France de foot avaient pris position,
06:16et on avait dit tout et rien là-dessus, en disant pour quelles raisons, pourquoi pas, etc.
06:25Donc aujourd'hui, le sportif, encore plus peut-être demain, il est parti prenant de la société,
06:33et il a le droit aussi d'exprimer ses idées.
06:37Donc moi je ne vois pas pourquoi Hugo ne pourrait pas le faire.
06:41Il l'a fait avec ses idées, et a priori il n'est pas très pour le monsieur qui est en face, le président.
06:48Donc moi je crois que ça se respecte autant que les débats qu'on peut voir parfois,
06:53notamment sur les bancs de l'Assemblée, où on entend des vertes et des pas mûrs,
06:57avec des noms d'oiseaux parfois, et même des fois on en vient aux mains.
07:01Donc pour moi il a toute sa légitimité à s'exprimer par rapport à une problématique qu'il ressent,
07:07et que nous aussi on nous ressent tous à travers notre problème de retraite par exemple.
07:11Finalement il est critiqué ou critiquable, soit disant, parce qu'il ne va pas dans le sens du vent actuel ?
07:16Ah non, il n'est pas critiqué ou critiquable. Est-ce que c'est courageux ou pas ? Est-ce que c'est son rôle ou pas ?
07:21Oui c'est courageux.
07:23Et justement sur ce sujet-là, parce que c'est Jean-Luc et Muriel qui l'évoquaient, Jean-Luc Réthier et Muriel Hermine,
07:28Jean-Luc vous dites prendre position quand on est en plein exercice de sa carrière, c'est un risque,
07:33mais c'est quelque chose qui peut coûter cher.
07:38C'est démocratique aussi.
07:39Mais c'est démocratique.
07:40C'est démocratique, mais c'est un risque. Parce que ça peut coûter cher, ça peut coûter...
07:44Je ne sais pas, personnellement pour l'athlète, ça peut générer plein de problématiques,
07:51jusqu'à peut-être lui faire abandonner sa carrière sportive et basculer dans le monde, dans la vie courante on va dire.
08:00Ça coûte d'autant plus cher que la notoriété est faible.
08:04Parce que si Mbappé prend posture sur quelque chose, là on va l'écouter et puis on ne peut pas trop le toucher,
08:09Mbappé ça sera comme Léon Marchand ou Teddy Riner.
08:12Par contre, quelqu'un comme lui, qui est un peu moins en vitrine, pour lui ça peut être plus compliqué.
08:17Oui, en même temps, celui qui a une grosse communauté, on parlait des communautés dans cette émission,
08:22disant qu'il est sportif, qui ont des grosses communautés et donc qui ont du poids,
08:26leurs mots ont du poids et du sens et ça se respecte.
08:30Comme le CCCA ?
08:31Exactement.
08:32Mais en tout cas, là je réagis, mais nous c'est tout ce qu'on attend finalement,
08:37le collectif des champions et des champions français.
08:39Parce que pour l'instant, on s'est mouillés, mais on est des anciens.
08:42Et nous ce qu'on veut, c'est que les jeunes nous rejoignent aussi dans le combat qui est un combat généraliste.
08:47Le statut universel, le statut pour le sportif de haut niveau.
08:50Le sportif de haut niveau, il concerne tout le monde, les générations d'avant et d'après.
08:52De toute façon, il y aura un héritage à sceller.
08:54Donc moi je crois qu'il faut qu'on encourage plutôt ça nous, cette prise de parole-là.
08:57Est-ce que justement, Muriel Hermine, compte tenu du succès, compte tenu des attentes finalement qui ont été suscitées,
09:04où on a dit effectivement que ces Jeux allaient être une catastrophe, que rien n'allait marcher, etc., etc.
09:10On a surtout fait du geo-bashing.
09:12Est-ce que du coup, pour les politiques au sens large,
09:16les attentes des messages et les attentes de la part du monde du sport,
09:20mais je prends le sport d'en haut et le sport d'en bas,
09:22vont être tellement fortes qu'il ne va pas falloir se tromper j'imagine ?
09:27Je pense que de toute façon, c'est le nombre de médailles
09:30qui va effacer les petites pensées mesquines de départ,
09:38qu'il y a plein de choses qui n'iront pas et de toute façon, ce qu'on va faire ce n'est pas bon.
09:42Le français est quand même d'un tempérament plutôt pessimiste à la base.
09:46Mais pas ses sportifs.
09:49Non, mais il faut bien comprendre que les sportifs vivent en marge.
09:54On vit dans une espèce de bulle qui nous permet d'être protégés quelque part,
10:00de cet état d'esprit général qu'il peut y avoir dans la société française.
10:04Donc, le sportif, tant que son épreuve n'est pas terminée,
10:08il baigne dans cette bulle de protection.
10:12C'est après, quand on termine notre carrière, qu'on arrive dans la vraie vie,
10:16la réalité, qu'on prend conscience que notre vie de sportif,
10:20ce n'est pas du tout la vie de tout un chacun.
10:23Et c'est là où on se retrouve, à 55 ans, Pascal,
10:27on parle très bien avec des athlètes qui ne peuvent pas prendre leur retraite avant l'âge de 70 ans
10:33parce qu'ils n'ont pas assez cotisé, ils ont donné trop d'années au sport,
10:36donc à leur pays pour gagner des médailles.
10:39Il y a tout un tas de choses complètement abarcadabras qu'on n'imagine même pas.
10:45Donc, moi, je pense que le public français s'est laissé embarquer dans ses jeux,
10:50a découvert des nouvelles disciplines que jamais, jamais personne n'aurait regardées en France.
10:56Et je crois que dans ce tourbillon de positivité,
10:59il en sortira de toute façon pour les athlètes quelque chose de vraiment fantastique.
11:03Gagner dans son pays, c'est merveilleux.
11:06Il ne faut jamais l'oublier.
11:08J'ai envie de repasser un message.
11:11C'est vrai qu'à notre époque, il n'y avait pas d'organisation qui représentait tous les sports,
11:15IVR était, Paralympique, etc.
11:17Le collectif des champions français, on est les grands frères et les grandes sœurs,
11:20et on est là pour défendre tous ces sportifs.
11:22Peut-être qu'aujourd'hui, il ne sera plus facile pour eux de libérer la parole,
11:26de dire ce qu'ils pensent, parce qu'on est derrière et on surveille.
11:30Bravo, président !
11:33Ça, c'est Jean-Luc Rétier, pour ceux qui nous écoutent.
11:36Antoine, pardonnez-moi, mais on suit en même temps, on ne s'en cache pas.
11:40Dans notre studio, on a un double écran, il y a un double match,
11:44et on suit deux matchs importants, les filles handball.
11:47On commence à monter en tension avec ce match de handball,
11:50il reste moins de dix minutes à jouer.
11:52L'équipe de France est toujours derrière au score face aux Suédoises.
11:5522-19 pour la Suède, mais l'équipe de France qui est quand même un petit peu revenue,
11:58qui est un petit peu mieux quand même.
12:00Et ce but pour l'équipe de France, c'est Tamara Hachek qui vient marquer comme un symbole ce but.
12:0422-20, l'équipe de France qui a seulement deux buts de retard, Christine,
12:08et qui va devoir pendant les neuf dernières minutes pousser, pousser, pousser.
12:11On suit également le basket avec l'équipe de France en demi-finale,
12:15qui affronte cette équipe allemande du côté de Bercy.
12:20C'est un petit début de match compliqué pour les Français en basket,
12:24qui étaient menés 16-9 et qui doivent réagir maintenant pour l'équipe de France,
12:29emmenée par Victor Wembeniammer.
12:31On espère que les Sporco vont être à la hauteur,
12:35parce qu'on avait dit qu'on était très fort en Sporco.
12:37Pour l'instant, il n'y a que le volet qui est qualifié pour la finale.
12:4016-18 pour les Allemands, ça revient pour la France.