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Avec François Marciano et Jean-Michel Nicolas

Retrouvez C'est Ça La France avec Nathalie Schraen-Guirma tous les dimanches à 12h30.

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##C_EST_CA_LA_FRANCE-2024-12-29##

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News
Transcription
00:00Le réseau des chambres de métier de l'artisanat, artisans de la nouvelle économie présente
00:05Sud Radio Cessa la France, Nathalie Schrengerma
00:10Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Cessa la France, l'émission du savoir-faire français.
00:14C'est un vrai plaisir de vous retrouver comme chaque dimanche à 13h30 dans cette émission qui est dédiée au savoir-faire français.
00:20A la veille des fêtes de fin d'année, c'est l'occasion de mettre en lumière de belles histoires entrepreneuriales
00:25qui existent souvent, mais pas son défi. Certaines entreprises, par exemple, ont dû changer de statut pour s'adapter.
00:30Tout à l'heure, nous vous ferons découvrir justement une entreprise familiale qui a choisi la gestion collaborative
00:35à une décision qui a permis de sauver l'entreprise, de la relancer. Mais tout de suite, direction une autre entreprise
00:40qui a été sauvée aussi par ses salariés. C'est parti.
00:43Sud Radio Cessa la France
00:45Avec nous au micro de Sud Radio, François Marciano. Bonjour François.
00:49Bonjour
00:50Vous êtes le directeur général de Duralex, cette entreprise qui fait partie de notre enfance,
00:55que tout le monde connaît, le fameux verre de cantine.
00:58Effectivement, une entreprise avec une grande marque, entreprise que nous allons nous efforcer de transmettre.
01:07C'est ça, transmettre, relancer, faire renaître. Duralex a souffert ces dernières années, ça n'a pas été simple.
01:14Depuis 30 ans, l'entreprise souffre énormément de mauvaise gestion, de mauvaise stratégie, de pillage aussi,
01:25parce qu'il y a eu un des repreneurs qui a pillé l'entreprise.
01:29Effectivement, c'est très compliqué. Il y a eu six dépôts de bilan.
01:33Catastrophique pour cette entreprise.
01:35Et une entreprise patrimoniale. C'est vraiment qui fait partie de notre vie.
01:40On a toujours connu ces verres Duralex, avec un savoir-faire très spécifique.
01:45Le verre creux, les arts de la table.
01:49Ce que tout le monde imagine, c'est que c'est les Italiens qui sont forts dans le verre.
01:54Or, les meilleurs au monde, ce sont les Français.
01:57Vous avez les trois marques emblématiques au monde.
02:00Quand vous demandez à quelqu'un, cite-moi trois marques de verre, il va vous dire Duralex, Crystal Dark, Baccarat.
02:08On est sur les trois marques emblématiques au monde.
02:13On sait faire des verres en France.
02:16Duralex, c'est de l'ex.
02:18Durer la loi, mais c'est la loi.
02:21Cette entreprise vient d'être sauvée par les salariés.
02:24Racontez-nous cette renaissance en pleine morosité économique.
02:27En pleine morosité économique, c'est un combat de tous les jours.
02:32Ce n'est pas un long fleuve tranquille, loin de là.
02:36C'est toujours une bataille.
02:38Surtout que nous, Duralex, notre chiffre d'affaires est fait à l'export.
02:42Il n'est pas fait...
02:44Quels sont les pays où vous exportez le plus ?
02:46On est un peu partout.
02:49En ce moment, c'est beaucoup les Etats-Unis.
02:52C'est l'Espagne.
02:55On est dans 140 pays.
02:58Effectivement, Duralex exporte, fait rentrer du cash en France.
03:02Il ne faut pas l'oublier quand même.
03:04Quand on vend à l'export, on fait rentrer de l'argent en France.
03:09Oui, c'est compliqué parce que vous avez besoin de beaucoup d'argent
03:16quand vous êtes une grosse industrie comme Duralex.
03:19Vous avez beaucoup de salaire à payer.
03:22Un des challenges de Duralex, c'est de sauver l'entreprise par le haut.
03:27On n'est pas sur un standard où on vient faire ce qu'on appelle un retournement,
03:32licencier du personnel.
03:34On a fait le pari de garder le personnel.
03:37On a fait le pari de réembaucher les tâches qui manquaient à Duralex,
03:42c'est-à-dire commerce marketing, pour relancer l'entreprise.
03:46Les salariés sont aux commandes.
03:48Quand ils sont aux commandes, c'est le comité d'administrateurs.
03:56On est exactement sur une entreprise classique.
04:00C'est une scope, une coopérative qui a été mise en place.
04:04Expliquez-nous comment ça change en termes d'organisation pour les salariés.
04:07Ce qui ne change rien du tout, contrairement à ce que tout le monde pourrait imaginer,
04:13c'est que d'un côté vous avez des actionnaires en chemise et cravate,
04:19ce qu'on appelle l'école blanc,
04:21et souvent en dessous un board et en dessous le directeur général.
04:25Vous êtes sur le schéma classique d'une entreprise avec ses actionnaires.
04:30On est passé en scope.
04:32En scope, la différence c'est que les actionnaires sont en col bleu,
04:36ce sont les ouvriers, les associés,
04:39et juste en dessous vous avez un comité d'administration, équivalent du board,
04:45et en dessous vous avez le directeur général.
04:47Il n'y a absolument rien qui change,
04:49sauf que vous ne rémunérez plus d'actionnaires externes,
04:53l'argent reste dans l'entreprise.
04:56Vous avez la maîtrise complète ?
04:58Complète.
04:59Le choix de partir en scope, ce que tout le monde n'a pas compris,
05:03c'est que Duralex n'a pas dit « on va faire une scope ».
05:06On a dit « on fait un projet industriel ».
05:09On maintient les emplois.
05:11C'est exactement ça.
05:13Pour soutenir ce projet industriel qui a été validé par le tribunal,
05:19il fallait trouver quelle structure on allait mettre en face.
05:23Est-ce qu'on faisait une LBO ?
05:25Est-ce qu'on faisait un appel à des fonds de retournement ?
05:29On pouvait tout imaginer.
05:31D'ailleurs, j'ai tout imaginé.
05:33Il faut le savoir.
05:35En fait, le seul et unique moyen de sauver Duralex,
05:40c'était une scope.
05:42Ce qui est important, c'est de retenir que seule la scope
05:45était capable de soutenir le projet industriel.
05:48C'est toute la différence.
05:51Ce qui a changé, c'est qu'effectivement,
05:54maintenant tout le monde éteint la lumière,
05:56tout le monde fait attention aux propos pensés.
05:58Tout le monde est actionnaire, tout le monde a conscience.
06:01C'est le gros changement.
06:02Finalement, ça responsabilise aussi.
06:04C'est ça, ça responsabilise.
06:06Et puis, ils savent pour qui ils travaillent.
06:08C'est pour eux.
06:10Et vous, ça faisait combien d'années que vous étiez en service ?
06:13Je vous fais rire, je suis arrivé le jour de la Saint-Valentin,
06:16en février 2016.
06:19Comme quand on tombe amoureux d'entreprise.
06:22Votre amoureuse, c'est l'entreprise.
06:24Ce qui a été compliqué, ça a été l'envolée des prix de l'énergie
06:27pour Duralex.
06:29Effectivement.
06:30Parce que ça consomme beaucoup d'énergie de fabriquer des verres trempés.
06:34Quand vous avez une verrerie,
06:37vous avez un gros four de 54 mètres carrés
06:40qu'il faut chauffer.
06:43Et effectivement, votre premier poste, c'est les salaires.
06:47Votre deuxième poste, c'est l'énergie.
06:50Quand vous devez sortir un chèque de 500 000 euros d'énergie,
06:54il faut vendre des verres.
06:56Il faut en vendre beaucoup, beaucoup, beaucoup,
06:58pour pouvoir payer les factures.
07:00Effectivement, l'énergie est compliquée.
07:02Quel impact ça a eu sur la production de passer en SCOP ?
07:07Alors, ça n'a pas eu d'impact pur sur la production
07:12parce que les salariés étaient déjà très attachés
07:16et ont un savoir-faire.
07:18Donc, il n'y a pas eu vraiment d'effet positif.
07:24Ça, c'était en place.
07:25Maintenant, aujourd'hui, c'est quoi ?
07:26C'est continuer à être au sein des cantines scolaires, à l'étranger ?
07:31Le défi de Duralex, il est là.
07:33Comment ? Pourquoi sauver cette entreprise ?
07:36Comment ? Qu'est-ce qui se passe ?
07:38Elle est tombée six fois en dépôt de bilan.
07:40Donc, c'est foutu.
07:42Pourquoi on va le reprendre en SCOP ?
07:44Pourquoi cette fois-ci, ça marcherait ?
07:45C'est ça. C'est exactement ça.
07:46Pourquoi ça marcherait ?
07:47En fait, au tribunal, nous, les salariés, on est arrivés
07:50et on leur a donné juste un simple exemple.
07:52On a dit, écoutez, vous savez pas,
07:55mais les verres à whisky Duralex ont été designés
07:59sur l'orgue de la cathédrale de Chartres.
08:04D'accord ?
08:05Ah bah ça, vous me l'apprenez.
08:06Ah bah voilà, je vous l'apprends.
08:07Moi, je sais que les verres Duralex se sont déjà retrouvés
08:09dans des productions hollywoodiennes.
08:11Oui, oui, on est d'accord.
08:12Mais je ne savais pas que ça venait effectivement...
08:14Alors, le verre à whisky, hein, je vous parle du verre à whisky,
08:17c'est le designer qui a pris l'orgue de la cathédrale de Chartres
08:22et a dessiné ce verre à whisky.
08:24Et donc, au tribunal, avec les salariés, on a dit au tribunal,
08:26écoutez, ce n'est pas compliqué,
08:28vous allez acheter des verres à whisky Duralex,
08:30si vous en trouvez, on vous les rembourse.
08:33Et vous avez compris la maladie Duralex.
08:35Le problème, il est là, c'est que Duralex fait 283 formes de produits.
08:41D'accord ?
08:42Et dans les magasins, quand il y en a une, c'est déjà beau,
08:45mais c'est extrêmement rare.
08:47Et tout le pari de la scope est basé là-dessus.
08:51J'ai Vincent Vallin, directeur commercial marketing,
08:56qui nous a rejoints et qui est en train de remettre
08:59une stratégie commerciale à cette entreprise.
09:01Ça fait 30 ans qu'elle n'a pas eu de vraie stratégie commerciale
09:04avec un positionnement du produit et...
09:07C'est-à-dire qu'il y a un savoir-faire, il y a une histoire,
09:09il y a un patrimoine, en fait, il y a tout pour qu'elle fonctionne.
09:11On a eu l'occasion, dans ces salles à France,
09:14de recevoir le président de la CCI, Alain Di Crescenzo,
09:18qui parlait de cette image du Made in France à l'international,
09:20qui est très appréciée.
09:22Donc c'est vrai qu'il y a tous les ingrédients pour y arriver.
09:25C'est une de mes bagarres, parce qu'effectivement,
09:30Duralex, c'est mon sujet numéro un.
09:32Le deuxième sujet, c'est de rappeler à tout le monde
09:34qu'en France, on sait faire.
09:36Il faut arrêter de faire croire aux Français qu'on ne sait pas travailler,
09:39arrêter de faire croire aux Français qu'on ne sait pas faire.
09:42Nous, on sait vendre des produits.
09:44Quand vous allez en Chine,
09:47ils prennent les verres Duralex,
09:49ils les emballent, un par un,
09:51en disant que c'est du Made in France.
09:53En Chine, je le dis bien, en Chine.
09:55Vous allez au Japon,
09:57au Japon, ils nous achètent nos verres
09:59parce que c'est du Made in France.
10:01C'est ça, en fait.
10:03Et rappeler à tout le monde, on sait travailler en France.
10:05– Et la bonne nouvelle, c'est ce magasin d'usine
10:09qui a ouvert à Orléans,
10:11donc on a 600 m2, c'est ça ?
10:13– C'est ça, c'est ça.
10:15Un magasin d'usine uniquement,
10:17donc direct usine, au prix direct usine,
10:19600 m2 des produits Duralex.
10:23– Parce que finalement, les meilleurs ambassadeurs,
10:25c'est déjà ceux de la région.
10:27C'est eux qui doivent faire venir leurs familles, leurs amis.
10:29– Vous avez vu,
10:31le soutien qu'on a eu,
10:33encore une particularité avec Duralex,
10:35c'est qu'on avait le président de région,
10:37François Bonneau, à ma gauche,
10:41et le président de la métropole,
10:45maire d'Orléans,
10:47à ma droite,
10:49au tribunal pour reprendre Duralex
10:51et sauver Duralex.
10:53Je ne sais pas si vous savez,
10:55mais il y en a un qui est plutôt de tendance droite
10:57et l'autre qui est plutôt de tendance gauche.
10:59– Tout le monde est là.
11:01– Tout le monde ne s'est pas posé la question,
11:03lui il est de gauche, moi, mon image,
11:05tout le monde a dit, on doit sauver cette entreprise.
11:07– C'est combien de salariés aujourd'hui, Duralex ?
11:09– 228 lors de la reprise au 1er août,
11:11on est à 241 à ce matin.
11:17– Merci beaucoup François Marciano,
11:21et puis longue vie à Duralex,
11:23on va suivre de près cette nouvelle aventure.
11:25– Et dites aux français d'acheter du Duralex.
11:27– C'est noté, on l'a bien compris.
11:29On va se quitter un court instant,
11:31puis on se retrouve juste après avec une autre belle entreprise familiale patrimoniale,
11:33qui a elle aussi été sauvée de la faillite
11:35en misant sur la gestion collaborative.
11:37À tout de suite.
11:39– Le réseau des chambres de métier de l'artisanat,
11:41artisans de la nouvelle économie présente
11:45– Sud Radio Cessa la France, Nathalie Schrengerma.
11:49– Nous voilà de retour dans Cessa la France,
11:51l'émission du savoir-faire français,
11:53qui met en avant aujourd'hui ces entreprises
11:55qui ont été sauvées par leurs salariés.
11:57On continue l'aventure en part cette fois-ci
11:59du côté d'une autre entreprise
12:01qui fait là aussi partie du patrimoine français.
12:03– Sud Radio Cessa la France.
12:05– Il s'agit de l'une des rares filatures
12:07de fil à tricoter encore en activité.
12:09Après avoir été placée en redressement judiciaire,
12:11elle a traversé une période incertaine ces derniers mois.
12:13Et aujourd'hui, bergère de France,
12:15cette manufacture de laine a été reprise
12:17sous forme de coopérative
12:19par une soixantaine de ses salariés.
12:21Merci d'être avec nous Jean-Michel Nicolas.
12:23– Bonjour Nathalie.
12:25– Alors, d'entreprise familiale à Scope,
12:27là aussi c'est une belle aventure pour ce florant industriel lorrain
12:29qui est dirigé par vous.
12:31Alors, on rappelle les faits, le 21 octobre dernier,
12:33cette initiative a validé la reprise
12:35par 57 salariés de l'entreprise
12:37qui avait été placée en liquidation judiciaire.
12:39Donc c'était un sauvetage,
12:41j'allais dire, inespéré pour cette entreprise.
12:43– Alors,
12:45inespéré,
12:47je dirais mérité pour cette entreprise
12:49parce que c'est une entreprise,
12:51au-delà d'être Lorraine, c'est une entreprise meusienne.
12:53– C'est vrai.
12:55– Notre belle région, notre beau département de la Meuse.
12:57C'est une entreprise également
12:59de Bar-le-Duc.
13:01Et puis c'est surtout une entreprise du patrimoine.
13:05– Berger de France, pour nos auditeurs
13:07qui ne connaîtraient pas cette marque,
13:09alors racontez-nous, quel type de savoir-faire ?
13:11Elle date de 1946, c'est ça l'entreprise ?
13:13– Absolument Nathalie.
13:15Avant tout, Berger de France, c'est une entreprise de mode.
13:17Pourquoi de mode ?
13:19Parce qu'au départ, avant de vendre des fils à tricoter,
13:21on doit créer des modèles.
13:23Et effectivement, on doit donner envie.
13:25On crée environ entre 250 et 300 nouveaux modèles,
13:27complètement sur notre territoire,
13:29dans notre beau département
13:31et à Bar-le-Duc, dans nos ateliers.
13:33On va créer des modèles.
13:35Ces modèles, on va décliner des fils.
13:37Et derrière, on va les produire.
13:39On va les commercialiser, on va les distribuer
13:41et les livrer directement chez vous.
13:43– Qu'est-ce que ça a changé, là aussi,
13:45on évoquait Duralex tout à l'heure,
13:47le fait d'avoir ces salariés ?
13:49D'ailleurs, de ce que j'ai pu lire,
13:51ils n'ont pas été compliqués à convaincre.
13:53Au contraire, il y avait cette envie de sauver cette entreprise.
13:55J'avais lu que même certaines personnes
13:57étaient, finalement, tenaient un petit peu à rester,
13:59à vous accompagner dans cette nouvelle aventure.
14:01– Vous avez parfaitement vu.
14:03Effectivement,
14:05ils n'ont pas été difficiles.
14:07Alors pourquoi ?
14:09Il faut juste rappeler un petit peu le contexte.
14:11On est dans un territoire rural.
14:13Ce sont des personnes, pour la plupart,
14:15qui sont là depuis, pour certaines,
14:1720 ans, 30 ans, voire plus, 38,
14:19pour certains,
14:21et qui nous ont dit,
14:23certes, on peut partir ailleurs,
14:25certes, on peut s'arrêter,
14:27on a un an de la retraite, mais non.
14:29Non, c'est notre patrimoine,
14:31c'est notre ville, et puis on a envie
14:33de rester là. Et on a envie
14:35de donner de notre temps, en tout cas ce qui nous reste,
14:37pour certains, pour que l'entreprise
14:39persiste et soit là encore
14:41durant de nombreuses années.
14:43– C'est devenu une sacrée aventure humaine.
14:45– Oui.
14:47C'est avant tout, et vous avez dit le mot juste,
14:49bergeur de France. On a un côté très affectif
14:51avec nos clients.
14:53Pas seulement, on a aussi un côté très affectif
14:55avec nos collaborateurs, et je vais vous donner
14:57un petit exemple tout simple.
14:59Par exemple, les personnes qui s'occupent du fil
15:01chez nous, qui font la filature,
15:03qui sont derrière, qui s'assurent que le fil arrive
15:05bien et va bien se mettre en pelote,
15:07on appelle ça des soigneuses.
15:09Des gens qui prennent soin, comme nos
15:11produits prennent soin, et comme les personnes qui créent
15:13ces modèles vont prendre soin
15:15de réaliser avec du cœur et les transmettre
15:17à d'autres générations.
15:19– On a évoqué
15:21tout à l'heure le changement
15:23de statut avec une scope, d'avoir des salariés
15:25qui deviennent très impliqués aussi dans la gestion
15:27quotidienne, parfois dans les prises de
15:29décisions stratégiques de la coopérative.
15:31C'est pas compliqué une prise de décision
15:33à 57 ? Comment ça se passe ?
15:37– Je crois que
15:39ce qui est important aujourd'hui, c'est pas la prise
15:41de décision avant tout. C'est d'abord
15:43de mettre en place ce qu'on appelle de l'écoute active.
15:45Je vais vous donner
15:47un exemple concret. La semaine dernière,
15:49le responsable de maintenance vient me voir
15:51et me dit
15:53dans le projet et dans la stratégie qu'on a
15:55déterminé, il faut modifier
15:57telle partie de la machine.
15:59En discutant,
16:01c'est à peu près trois semaines de travail,
16:03j'en suis pas tout à fait sûr, alors je lui ai dit
16:05écoute, pas de problème, on va se réunir autour d'une table
16:07à plusieurs, des personnes qui connaissent
16:09parfaitement le domaine, et d'autres non.
16:11Et en échangeant, tout compte fait,
16:13après deux heures de réunion, on s'est rendu compte
16:15qu'en deux heures,
16:17on avait la possibilité de modifier
16:19cette machine.
16:21C'est quoi aussi travailler ensemble ?
16:23C'est quoi aussi cette écoute active ?
16:25C'est aussi améliorer
16:27et gagner en productivité grâce
16:29à la richesse des échanges des personnes
16:31qui sont autour de cette table.
16:33C'est un bel exemple, ça montre effectivement le fait
16:35de travailler ensemble, d'échanger
16:37plus souvent que parfois dans une entreprise classique.
16:39Finalement, on bénéficie
16:41des expériences des uns et des autres,
16:43et on a aussi un contrôle
16:45plus direct sur toutes ces décisions
16:47opérationnelles également, c'est-à-dire qu'on peut vraiment
16:49brainstormer ensemble
16:51et trouver assez rapidement une solution.
16:53Et au-delà du contrôle, ce n'est pas le plus important
16:55encore une fois, ce qui est important, c'est l'implication.
16:57Puisque les idées vont venir
16:59du collectif, et une fois qu'on s'est
17:01tous mis d'accord, tout le monde va s'impliquer dans la démarche,
17:03et on est sûr de réussir
17:05le projet.
17:07En termes d'implication, ce n'est pas la même chose,
17:09ça a un vrai impact. Il faut savoir que ce savoir-faire,
17:11il a plus de 80 ans,
17:13j'imagine que ça aurait été
17:15un drame de le perdre, c'est
17:17plusieurs corps de métier,
17:19c'est un savoir-faire rare et précieux
17:21qui s'exporte.
17:23Vous l'avez dit tout à l'heure,
17:25on est la seule filature,
17:27et la dernière surtout, avec un
17:29vrai savoir-faire.
17:31Mais, un petit
17:33exemple, aujourd'hui, si on veut former une personne
17:35dans notre métier, en tout cas sur la partie production,
17:37c'est à peu près entre 6 et 8 mois
17:39de formation.
17:41Alors, pas apprendre des chiffres,
17:43mais surtout un coup de main,
17:45et un savoir-faire. Et quand vous voyez une soigneuse,
17:47encore une fois, je vais reprendre cet exemple-là,
17:49qui va prendre le fil entre ses mains,
17:51et qui va être
17:53capable de réarmer la machine
17:55avec une
17:57facilité exaspérante,
17:59pour moi c'est extraordinaire,
18:01on peut être émerveillé,
18:03et se toucher
18:05ce savoir-faire,
18:07on ne le trouve pas ailleurs.
18:09On le trouve à Bar-le-Duc, chez Berger de France,
18:11et c'est ce qu'on a voulu garder, et c'est ce que ces personnes
18:13ont voulu donner aussi, et transmettre,
18:15pour que l'entreprise existe,
18:17et que le consommateur, à la fin, se rende compte
18:19que ce n'est pas un simple fil qu'il va recevoir,
18:21derrière il y a tout un cheminement,
18:23il y a une histoire qui a été racontée, il y a des hommes et des femmes
18:25qui sont derrière, et qui ont créé ce
18:27produit final. Et qui vont porter
18:29quelque chose avec un petit
18:31peu d'humanité,
18:33et surtout
18:35de traçabilité, parce qu'on sait exactement
18:37d'où vient le produit, et on sait exactement qui l'a réalisé.
18:39Dernière petite question, quel est le
18:41prochain gros défi pour Berger de France ?
18:43C'est en termes
18:45de commercialisation, j'imagine ?
18:47Gagner encore en visibilité, quoique la marque
18:49elle est connue, elle est connue
18:51de nombreux auditeurs.
18:53Elle est connue, vous avez complètement raison.
18:55Après, pour qu'une marque
18:57fonctionne bien, qu'un produit fonctionne bien,
18:59il faut qu'il soit encore plus vu. Et je vous remercie
19:01en tout cas de ce que vous nous offrez aujourd'hui
19:03en termes de visibilité, mais notre
19:05objectif essentiel, notre stratégie, c'est améliorer
19:07la visibilité sur le territoire français,
19:09après notre premier territoire,
19:11et puis s'exporter sur d'autres territoires.
19:13On s'exporte déjà en Belgique
19:15aujourd'hui, on s'exporte
19:17également au Canada,
19:19mais
19:21je vous donne un exemple, on vient de développer
19:23un nouveau concept,
19:25qui fait partie aussi du projet
19:27et du business prévisionnel de la reprise
19:29de Berger de France.
19:31C'est un exemple, c'est le kiosque.
19:33Alors, qu'est-ce que c'est qu'un kiosque ?
19:35On s'est dit, pour que le produit soit acheté,
19:37il faut qu'il soit vu. Et donc, il faut s'ouvrir
19:39sur nos nouveaux territoires.
19:41On s'est rapprochés progressivement, et on s'est dit
19:43dans quel territoire, sur quel
19:45mode de distribution on peut aller ?
19:47Et on a sélectionné les maisons de la presse.
19:49Alors, pourquoi les maisons de la presse ?
19:51Les maisons de la presse aujourd'hui, en moyenne,
19:53c'est entre 400 et 800
19:55passages par jour. En plus,
19:57ils vendent de la presse, nous on vend des modèles.
19:59Et donc, on a développé ce concept
20:01et en moins de mois, on a à peu près développé
20:03une centaine de maisons de la presse. On est en train d'échanger
20:05avec différents partenaires.
20:09On est assez contents des premiers résultats.
20:11Et l'intérêt, souvent, pourquoi aussi
20:13un maison de la presse ? Parce que, dans nos territoires,
20:15c'est souvent le dernier commerce qui devient
20:17multiservices de main. Et ça nous permet d'avoir
20:19une autre visibilité, sur une autre génération aussi.
20:21Une clientèle un peu plus large.
20:23Et on est, pour l'instant, assez contents
20:25des retombées. On revoit de nouveau
20:27l'importance de tous ces petits commerces
20:29de proximité. Tout cet écosystème
20:31qui doit se mettre en place. Merci beaucoup
20:33Jean-Michel, Nicolas. Je rappelle que
20:35vous dirigez cette
20:37nouvelle coopérative, un berger de
20:39France. Merci.
20:41Il est l'heure d'aller retrouver Thibault, notre french-trotter
20:43qui se balade toujours de savoir-faire
20:45en savoir-faire.
20:47Sud Radio, c'est ça la France. Avec
20:49Thibault, le french-trotter.
20:51Thibault, on vous retrouve pour une dernière fois
20:53avec Philippe Giraud, un compagnon tailleur
20:55de pierre qui a œuvré sur le chantier de rénovation
20:57de Notre-Dame de Paris. Et oui,
20:59Nathalie. Philippe nous a expliqué
21:01la semaine dernière comment il a restauré les ornements
21:03extérieurs du transept Nord, en sculptant
21:05des éléments végétaux, tels que des fleurs
21:07et des feuillages, à l'aide de ses outils.
21:09Il m'a parlé aussi de l'importance
21:11particulière de Notre-Dame dans son corps d'artisan.
21:13Et la dimension humaine du
21:15chantier a été essentielle pour lui,
21:17comme pour beaucoup d'autres artisans d'ailleurs,
21:19qui y ont travaillé. Et on l'écoute justement
21:21nous raconter comment il a
21:23collaboré avec les autres corps de métier.
21:25Oui, le chantier de Notre-Dame, c'était vraiment
21:27une œuvre collective à plusieurs
21:29titres. Quelque part, le fait d'avoir un délai court,
21:31ça nous a obligés de travailler tous ensemble.
21:33Alors qu'on aurait pu, si ça avait été plus long,
21:35dire ok, pendant un an c'est les charpentiers,
21:37après ils vont faire les vitraux.
21:39Alors que là, on a tous travaillé ensemble.
21:41On avait en même temps une sécurité
21:43du travail très très exigeante.
21:45Et les moments
21:47d'échange avec les autres corporations,
21:49c'était vraiment très fort, c'était un
21:51émerveillement de chacun envers les autres.
21:53Par exemple, moi je montais de temps en temps voir
21:55la flèche où ils en étaient,
21:57et je prenais des photos, je discutais avec les gars.
21:59Après, quand ils ont fait la croisée
22:01d'Augive, puis c'était des maçons et des tailleurs de pierre,
22:03de la croisée
22:05du transept, pareil, je venais
22:07tous les jours les voir, c'était
22:09passionnant et très beau
22:11de sentir cet esprit de cohésion
22:13qui les
22:15habitait. C'était vraiment comme
22:17une équipe, comme des
22:19marins sur un même bateau.
22:21Un esprit d'équipe
22:23formidable, qui est un peu à l'image
22:25de ce qu'était la construction de Notre-Dame
22:27pendant 80 ans, entre
22:291160 et 1240, j'arrondis un peu.
22:31Et justement, cet émerveillement
22:33a été partagé bien au-delà du chantier.
22:35La rénovation de Notre-Dame a
22:37suscité un véritable engouement, notamment
22:39auprès des jeunes pour les métiers du patrimoine.
22:41Oui, c'est ça, il y a eu un vrai effet Notre-Dame, avec
22:43un boom des apprentis dans les formations
22:45en métiers d'art du patrimoine bâti.
22:47Selon l'Institut supérieur des métiers,
22:49entre 2018 et 2023,
22:51le nombre d'apprentis charpentiers ou d'apprentis maçons
22:53du bâti ancien a fait un bond considérable,
22:55sans compter les métiers de nige,
22:57comme facteur d'orgue ou vitrailliste,
22:59qui ont vu le nombre d'heures apprenties vraiment s'envoler.
23:01Mais revenons à Philippe Giraud,
23:03qui s'est plongé dans l'histoire de Notre-Dame,
23:05et qui a même écrit un livre.
23:07J'ai écrit ce livre de chant de la Reine pour nous dire
23:09qu'il y a peut-être une opportunité,
23:11que cette épreuve que Notre-Dame nous donne
23:13avec cet incendie qui nous a
23:15demandé de la reconstruire, que ce soit une épreuve
23:17qui nous permette déjà de lui rendre sa forme,
23:19de lui redonner son toit, sa flèche
23:21et ses statues qui avaient disparu,
23:23mais aussi de lui redonner sa forme invisible
23:25et de redonner cette richesse immatérielle
23:27qui était celle
23:29qui était sur l'île de la Cité.
23:31Se vivre ensemble ?
23:33Se vivre ensemble,
23:35dans la complémentarité des différences
23:37entre les artisans, le clergé, l'Hôtel-Dieu
23:39et les universitaires.
23:41Chacun avait plus ou moins deux casquettes.
23:43Et d'une certaine manière,
23:45vous avez renoué avec cet esprit des bâtisseurs.
23:47Oui, quelque part,
23:49on a commencé à renouer avec cet esprit des bâtisseurs
23:51et on pourra dire qu'on aura renoué
23:53avec cet esprit des bâtisseurs si jamais,
23:55sur l'île de la Cité, on arrive à remettre des ateliers permanents,
23:57à réimpliquer
23:59le clergé
24:01dans le soin aux plus pauvres,
24:03dans les sans-abris,
24:05mais d'une manière vraiment construite et efficace
24:07et de
24:09profiter d'un espace
24:11gigantesque à l'Hôtel-Dieu.
24:13Je suis porte-parole de la perspective
24:15de créer un atelier permanent à Notre-Dame
24:17qui s'appellerait
24:19les ateliers de Notre-Dame,
24:21sur le modèle de ce qui existe en Allemagne
24:23dans les ateliers de cathédrales,
24:25ils appellent ça les Bauhutte,
24:27ou en France, l'œuvre Notre-Dame de Strasbourg.
24:29Notre-Dame, c'est un
24:31lieu spirituel. Est-ce que cette dimension
24:33a influé sur votre travail ?
24:35Notre-Dame est
24:37la cathédrale qui touche le maximum de gens
24:39sur la planète, et moi y compris.
24:41Donc,
24:43forcément,
24:45je fais un lien entre
24:47le fait d'avoir travaillé
24:49sur Notre-Dame et ses valeurs chrétiennes
24:51que je porte, que je pratique aussi
24:53surtout quand je fais
24:55de la musique, quand je chante des chants
24:57sacrés.
24:59C'est aussi
25:01une manière de me connecter
25:03entre
25:05la démarche du tailleur
25:07de pierre, du sculpteur,
25:09et la démarche
25:11de l'humain,
25:13des valeurs que je porte en moi-même.
25:15Merci Thibault. Grâce à Philippe,
25:17ce chantier qui marque l'histoire
25:19n'a plus aucun secret pour nous.
25:21Merci, belle fête de fin d'année !
25:23Bonne fête !
25:25Belle fête de fin d'année également à notre réalisateur
25:27Anthony, merci à vous chers auditeurs.
25:29On vous souhaite aussi de passer
25:31de belles fêtes de fin d'année, entourés
25:33des gens qui vous sont chers.
25:35Merci à vous et on se donne rendez-vous
25:37l'année prochaine pour de nouvelles émissions
25:39toujours entre 13h30
25:41et 14h sur la même radio
25:43et avec la même équipe.
25:45Merci à vous et encore belle fête de fin d'année !

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