Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan et Françoise Degois
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00:00 Les vraies voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04 Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter.
00:10 Gabriel Attal, 35 ans, beaucoup de brio.
00:14 C'était très important pour moi de venir vous dire un petit mot, venir encourager Valérie.
00:19 Je me demande comment on peut faire subir autant d'humiliation à une femme.
00:23 C'est dunaire, c'est irrespectueux, c'est infantilisant, c'est sexiste, c'est contre-productif,
00:28 choisissez l'adjectif que vous voulez parce qu'ils sont tous bons, c'est tout ça à la fois.
00:31 Ça pose un vrai sujet démocratique et notamment de sa place dans les médias.
00:34 S'inviter comme ça, s'inviter comme ça sur le passage public.
00:37 Ça ne se fait pas, on n'a jamais vu ça dans l'histoire de la République française.
00:40 C'est au contraire, ils se mettent pas derrière Valérie Rillet, ils se mettent devant.
00:43 Aujourd'hui, c'est la République qui contre-attaque.
00:46 Je trouve que l'autorité va à Gabriel Attal comme un tablier à une vache.
00:50 Gabriel Attal chute dans le tableau de bord.
00:53 Il faut fiducial des personnalités politiques de Sud Radio et Paris Match.
00:56 Le Premier ministre perd 5 points, 59% de son sondé.
01:00 Les sondés disent ne pas approuver son action.
01:02 Alors parlons vrai, est-ce que Gabriel Attal ne paye pas l'impopularité d'Emmanuel Macron ?
01:08 Est-ce que fidèlement Emmanuel Macron, étant à 68% de personnes qui ne l'approuvent pas,
01:13 n'est pas si mauvais avec 59% ?
01:16 Et à cette question, est-ce la fin de l'état de grâce pour Gabriel Attal ?
01:19 Vous dites oui à 94%.
01:21 Vous voulez réagir au datant de vos appels au 0826-300-300.
01:25 Et pour en parler, Frédéric Dhabi est avec nous, directeur général de l'IFO.
01:27 Bonsoir Frédéric Dhabi.
01:29 Comme d'habitude, vous êtes le seul qu'on fait parler en premier la plupart du temps.
01:33 Comment expliquer ?
01:34 Alors d'abord, parlons de ce tableau de bord fiducial pour Sud Radio et Paris Match.
01:40 Mais comment on peut expliquer cette chute ?
01:43 Alors déjà, moi je vais mettre à distance cette chute.
01:45 Vous savez, un baromètre, et j'ai entendu mon ami Françoise chantonner La marche funèbre,
01:51 vous savez très bien qu'un baromètre, il faut le prendre sur la durée.
01:55 C'est une vague qui s'inscrit dans un continuum d'enquête.
01:58 Pour vous dire, le mois dernier, Gabriel Attal avait gagné 4 points.
02:01 Il en repère 5.
02:03 C'est une sorte de rééquilibrage.
02:06 Il n'a jamais eu d'état de grâce Gabriel Attal.
02:09 Il a un crédit de confiance, notamment par rapport à Emmanuel Macron,
02:12 par rapport auquel les Français ont une relation de plus en plus compliquée.
02:16 Et puis bon, on est à quelques heures, jours d'élection européenne.
02:20 À la veille des européennes de 2019, Edouard Philippe, son prédécesseur,
02:24 avait 31% d'approbation.
02:27 Et ce qui est très intéressant dans cette enquête qui voit finit celle pour Match et Sud Radio,
02:31 c'est une sorte de décalage.
02:33 Emmanuel Macron reste stable, mais il chute dans des catégories
02:37 qui sont des catégories clés pour le macronisme.
02:40 Les cadres supérieurs -5, les personnes âgées -5 ou -6 points.
02:43 Gabriel Attal chute beaucoup plus fortement, vous l'avez dit, il recule de 5 points.
02:47 Mais il recule surtout dans des catégories d'électeurs qui lui sont hostiles.
02:51 Des électeurs qui vont sans doute être, parmi les bataillons du vote, Bardella.
02:56 Il perd 11 points dans les catégories populaires,
02:59 8 points chez les salariés du privé,
03:02 18 points dans l'électorat Marine Le Pen,
03:05 7 points à gauche.
03:07 Donc c'est peut-être un effet collatéral de ce fameux débat
03:10 qui a été vu par énormément de Français.
03:12 Dans notre question sur les conversations des Français,
03:15 30% en ont parlé, c'est énorme pour un débat.
03:18 C'est un effet collatéral avec une remobilisation de son sol,
03:22 parce que dans les catégories où il est fort, il reste fort.
03:25 Il est à 54 chez les personnes âgées, il est à 48 chez les cadres supérieurs.
03:29 Mais il a perdu peut-être une sorte d'attentisme bienveillant
03:32 auprès de segments plus favorables au Rassemblement National.
03:36 - Philippe Bilger.
03:37 - Alors, je rejoins Frédéric Daby sur un seul plan,
03:42 c'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu d'état de grâce,
03:45 une fois la stupéfaction passée de ce jeune Premier ministre,
03:51 le plus jeune qu'on ait eu.
03:53 Ensuite, franchement, je ne suis pas étonné qu'aujourd'hui il baisse.
03:59 Il faut bien voir que pendant quelques temps,
04:02 il a bénéficié du contraste lorsqu'il était ministre de l'Éducation Nationale
04:08 avec la catastrophe qui était ministre avant lui.
04:12 Il est devenu Premier ministre à la suite d'une première ministre qui n'était pas médiocre.
04:18 - Mais qui était très impopulaire.
04:20 - Il était beaucoup, oui, mais beaucoup plus difficile de se distinguer.
04:25 Et, deuxième observation, il faut voir ce qu'il doit accomplir
04:30 en même temps qu'Emmanuel Macron doit subir un certain nombre d'épreuves.
04:36 Il est presque inévitable que dans cette quotidienneté
04:40 qu'il a fait passer d'une sorte d'enchantement exagéré
04:44 à une quotidienneté très difficile, il perde des points.
04:48 Et dernier élément, pardon, pardon.
04:51 - Vous faites un coup majeur.
04:55 - Je ne pose plus de questions.
04:58 Frédéric a dit tout à l'heure qu'Emmanuel Macron le soutenait.
05:05 J'ai cru lire aussi qu'Emmanuel Macron était déjà un peu jaloux
05:10 d'un homme qu'il appelle le phénomène et qu'il regrette qu'il ait tant de rats.
05:16 Et au fond, il n'est pas aidé lui-même dans le couple exécutif.
05:21 Donc je pourrais durer, mais ce n'est pas étonnant.
05:25 Frédéric Dhabi, à qui on va demander de ne pas trop durer
05:29 pour donner la parole à Françoise de Gouin et à Tom Connan.
05:32 - Je vais parler très vite pour que Françoise et Tom puissent s'exprimer.
05:35 Je partage assez ce que dit Philippe.
05:39 Vous savez, une popularité, ça se prend dans le temps, dans l'espace
05:44 et par rapport à un président quand on est Premier ministre.
05:47 On a eu pendant cinq ans dans le baromètre match un François Fillon très populaire,
05:51 pas parce qu'il était apprécié, mais parce qu'il était moins détesté
05:54 qu'un Nicolas Sarkozy.
05:58 Quand même, la chute est réelle, on ne va pas la cacher,
06:02 mais dans un contexte très difficile pour la majorité présidentielle,
06:06 un socle de 41% d'approbation, 11 points supérieurs à celui d'Emmanuel Macron,
06:11 c'est relativement appréciable et ça peut expliquer l'implication du Premier ministre
06:16 dans cette campagne qui m'a l'air à mon avis un peu plus efficace
06:20 ou un peu moins compliquée que celle du président.
06:22 Dernier mot et je me tais, on a un indicateur très intéressant
06:26 dans cette enquête sur les conversations des Français.
06:28 40% ont parlé des élections européennes en mai 2019,
06:33 quinze jours avant le vote ce n'était que 27%.
06:36 Tout ça incite peut-être à un scrutin qui va être plus participatif qu'attendu.
06:40 - François Seguin.
06:41 - Je suis très heureuse que vous disiez ça Frédéric, parce que c'est ce qu'on ressent.
06:44 On en avait parlé tous les deux, à l'intuition on se disait
06:46 il y a quelque chose qui va se passer et on est en train de réaliser que ça se passe.
06:50 Moi, deux points juste pour compléter, je moque avec gentillesse,
06:54 mais je suis d'accord avec Frédéric et avec Philippe pour dire d'abord
06:57 qu'il n'y a pas jamais eu d'état de grâce sur Gabriel Attal
06:59 et s'il a eu lieu ça a duré une semaine,
07:01 même pas le temps d'avoir trois jolis papiers, quatre jolis reportages.
07:05 Le deuxième point, et je ne sais pas peut-être je me trompe,
07:08 mais en tout cas il y a une règle extraordinaire qui est encore démontrée,
07:12 c'est-à-dire que je ne ferai pas l'offense à tous les commentateurs et éditorialistes,
07:16 mes chers confrères, après le débat Attal-Bardella,
07:19 ce que j'ai entendu sur le commentaire de ce débat
07:22 avec le chaos d'Attal sur Bardella,
07:26 la réalité maintenant c'est qu'il faut bien qu'on se dise
07:29 que quand on fait une analyse sur un plateau,
07:31 il faut bien comprendre que les Français ne voient pas ça.
07:34 Et ça, moi je trouve que c'est hyper...
07:36 - Ils ne voient pas que ça.
07:37 - Ils ne voient pas que ça.
07:38 Et le troisième point, attention à Gabriel Attal,
07:41 ce n'est pas mon ami politique, mais je lui dis quand même,
07:43 attention à ne pas devenir la caricature de lui-même.
07:46 C'est toujours le piège en réalité pour les gens considérés un peu comme des phénomènes,
07:50 c'est de devenir des caricatures de même.
07:52 Moi je pense que le pas de trop hier à la maison de la radio,
07:55 c'est quelque chose qu'il doit corriger.
07:57 Il ne peut pas en permanence devenir cette caricature du jeune Gabriel Attal
08:03 qui ne fonctionne qu'avec la communication.
08:05 Je trouve que le piège il est là pour lui,
08:07 et finalement je m'en moque pas mal,
08:08 parce que moi l'essentiel c'est que la gauche regagne en 2027,
08:11 alors on s'avère pas...
08:12 - Frédéric Davy et Tom Collins.
08:14 - Là, c'est le déprofondé, ce qu'il faut dire.
08:17 (rires)
08:18 - Ah, ne parlez pas comme ça !
08:20 - La réponse de Frédéric Davy.
08:22 - Oui, non mais je ne vais pas répondre,
08:24 parce qu'on est plutôt tous les trois sur la même longueur d'onde.
08:27 Pas d'état de grâce, parce que c'est très rare
08:29 dans le cadre d'un second mandat et d'une successeur.
08:33 C'est vrai que Gabriel Attal a eu une vraie force,
08:36 il a eu deux forces, deux opportunités.
08:38 Premièrement, il a toujours été dans une logique de distinction.
08:41 A l'éducation nationale, il a fait oublier tout de suite Papel Thiaille,
08:45 à Matignon, il a fait oublier tout de suite Lisa Edborne,
08:49 et il a installé, qu'on le veuille ou pas, une méthode,
08:52 on a entendu dans votre petit générique introductif
08:55 avec "tu salies, tu nettoies",
08:57 le constat, la solution.
08:59 Ça a bien marché pour l'éducation nationale,
09:02 c'est plus compliqué à Matignon,
09:04 et puis, qu'il le veuille ou pas,
09:06 au soir du 9 juin, il sera comptable,
09:09 comme Emmanuel Macron, du score, sans doute,
09:12 sans doute, soyons très prudents,
09:14 sans doute décevant, de la majorité présidentielle,
09:16 qui aujourd'hui est mesurée à 15 dans notre haut-ligne,
09:19 elle n'a jamais été, la liste de Valérie Aillier,
09:21 aussi bas que dans notre haut-ligne.
09:23 Je peux préciser juste, excuse-moi, Frédéric,
09:26 ce qui m'intéresse dans le haut-ligne, c'est sur la durée,
09:28 puisque vous êtes un grand spécialiste de la construction,
09:30 elle a perdu 4 points Valérie Aillier,
09:32 depuis le début du haut-ligne, c'est ça ?
09:34 Oui, elle a même perdu 6 points par rapport à une mesure
09:37 faite deux semaines après.
09:39 Je pensais qu'il y aurait un retournement de situation,
09:41 après le débat entre Attal et Bardella,
09:44 je pensais qu'il allait tirer le fil de l'enseignement de ce débat,
09:48 parce qu'il y avait quand même assez clairement une opposition
09:50 entre quelqu'un qui connaissait davantage ses dossiers,
09:52 on ne peut quand même pas lui retirer ça,
09:54 Attal, versus quelqu'un qui était vraiment
09:57 dans une forme d'invective,
10:01 et surtout une personne qui surplombait ses dossiers.
10:05 C'est la position institutionnelle qui veut ça.
10:08 Oui, mais j'ai l'impression qu'en réalité,
10:10 il aurait dû insister là-dessus, parce qu'il y a quelques années,
10:12 je me rappelle quand même tout de même de ce débat
10:15 entre Marine Le Pen et Macron,
10:18 où justement tout le monde avait insisté,
10:20 tout le monde s'était rendu compte,
10:22 y compris ceux qui soutenaient Marine Le Pen,
10:24 qu'elle n'était absolument pas en mesure d'accéder à la fonction suprême,
10:27 parce qu'elle ne connaissait pas ses dossiers.
10:29 En gros, pour le dire simplement,
10:31 l'eau est passée sous les ponts depuis,
10:33 mais il me semble que là, on est face au même problème,
10:35 et indépendamment des opinions des uns et des autres,
10:37 il y a un fil qui a dû être tiré,
10:39 et je pense qu'il ne l'a pas été suffisamment.
10:41 C'est une question de compétence, de connaissance des dossiers,
10:43 ce n'est pas uniquement une question d'attracte.
10:45 Il a été tiré vraiment par tous les médias.
10:47 Franchement, vous regarderiez La Place le soir,
10:49 on en parlait, ou vous la lisiez le lendemain,
10:51 c'était le chaos de Attah sur la connaissance des dossiers.
10:54 Mais résultat des courses, les Français s'en foutent.
10:57 Mais il est une des amis des amis.
11:00 Il est français d'abord parce qu'il n'est pas si nul que sa bardella,
11:03 il connaît un peu les dossiers, il faut arrêter de le sous-estimer.
11:05 Si on pensait qu'on allait faire baisser l'extrême droite
11:07 en sous-estimant Éric Triton-Brenn,
11:09 je pense que vraiment on est mal de bord.
11:11 Petite question à Frédéric Dhabi.
11:13 Est-ce que finalement, l'ingérence d'Emmanuel Macron
11:15 et de Gabriel Attal sur Valéry Ayé
11:17 lui ont porté préjudice,
11:19 ou est-ce que finalement c'est juste la personnalité
11:21 de la candidate qui finalement n'imprime pas ?
11:24 Moi je dirais que l'implication du groupe exécutif
11:26 est tout à fait normale,
11:28 mais il y a à la fois la solution et le problème.
11:31 La solution, parce que ça permet, ça pourrait permettre,
11:33 il y a un intervention du président après-demain,
11:36 dans la dernière ligne droite peut-être,
11:38 de remobiliser un peu le socle macroniste.
11:40 Dans notre rolling, on a quatre électeurs,
11:42 Macron sur dix, qui déclarent ne pas vouloir aller voter dimanche prochain.
11:45 C'est quand même très fort.
11:47 Mais c'est également à côté de la solution le problème,
11:49 parce que l'implication plus ou moins forte,
11:51 plus ou moins réussie du couple exécutif,
11:54 crée du vote contre, crée les ferments,
11:57 et les graines, si je puis dire, du vote sanction.
12:00 Beaucoup de Français se disent, bon, il s'implique,
12:02 on va vraiment faire de cette élection un référendum anticouple exécutif.
12:06 - Philippe Milière ?
12:07 - Mais justement, Frédéric,
12:09 est-ce qu'il n'y a pas une contradiction dangereuse pour le président
12:14 qui ne cesse de dire qu'il y a des élections européennes,
12:18 et qui fait tout, véritablement,
12:20 pour qu'on en tire des conséquences nationales,
12:23 si Jordan Bardella est largement en tête ?
12:26 Il devra bien trouver une solution politique le 9 juin au soir ?
12:31 - Bien sûr, bien sûr.
12:33 - Moi, je pense qu'au contraire,
12:35 pardon Philippe,
12:36 le président va donner à partir du 9 au soir,
12:39 des enseignements européens, un scrutin européen.
12:42 Moi, là, quel que soit le score,
12:44 même si on est sur un scrutin, on l'a dit ensemble,
12:47 très différent, très spécifique,
12:49 seul scrutin national du quinquennat,
12:51 plus de rendez-vous national, sauf législative anticipée,
12:53 que personne ne peut prévoir, dîner 2027,
12:55 le président engembra les résultats de cette élection,
12:59 quel que soit le score, mais l'opinion sera là.
13:02 - Frédéric, j'entends ce que vous dites,
13:04 parce que c'est vraiment le souhait,
13:06 c'est vraiment la stratégie,
13:07 on voit bien que Gérard Larcher dit à tout le monde,
13:09 non, non, je ne veux surtout pas aller à Matignon,
13:11 je ne veux pas d'accord de gouvernement,
13:12 il est trop bien au Sénat, tu penses ?
13:14 - C'est ce qu'on dit toujours quand on conforte un entraîneur,
13:17 Frédéric Damy qui aime le foot, confirme.
13:19 - C'est vraiment la raison, moi aussi j'adore le foot.
13:21 Frédéric, la réalité, si vous voulez,
13:23 c'est que j'entends bien que ça va être la stratégie d'enjamber,
13:26 j'entends bien que tout le rôle et le travail politique
13:29 et l'opinion va être de l'empêcher cette fois-ci d'enjamber.
13:32 On a bien compris que cette année,
13:34 ces Européennes ont quelque chose de particulier, ou pas ?
13:38 - On est d'accord, mais bien sûr.