Pierre de Vilno revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, Christine Sévillano, Présidente de la Fédération des vignerons indépendants de Champagne et Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint du syndicat, CGT Champagne, ils évoquent les vendanges et les conditions de travail lors de cette période.
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00:00Avec une question, doit-on travailler 7 jours sur 7 ?
00:04Non, vous allez me dire, non c'est pas possible, il faut un repos hebdomadaire.
00:08Oui, mais en période exceptionnelle.
00:10Et c'est vrai que Véronique Verdin, on se le disait hors antenne tout à l'heure,
00:14nous-mêmes nous avons déjà travaillé 7 jours sur 7.
00:17Quand il y a un événement, quand il y a eu les attentats du World Trade Center,
00:22quand il y a une période électorale intense,
00:24quand il faut rester à l'antenne parce qu'il y a un événement
00:28qu'on est obligé, nous, de vous relater,
00:30et le lendemain est aussi important que ce qui vient de se passer la veille.
00:34Donc oui, dans notre métier, nous avons travaillé 7 jours sur 7.
00:37Les pompiers ont travaillé 7 jours sur 7.
00:39On a parlé à l'instant de ces milliers d'hectares brûlés en 2022 à la test,
00:45à la test de bûches.
00:46L'appareil, on a travaillé, ils ont travaillé 7 jours sur 7
00:49sans se poser la question de savoir s'il fallait un repos hebdomadaire ou non,
00:53alors que des populations étaient en danger.
00:56On va parler des vendanges.
00:57Les vendanges, parce que c'est une période très courte,
01:01in einem Blick, comme on dit en allemand, dans un coup d'éclair.
01:05Est-ce qu'il faut justement réduire le temps en se disant
01:09on travaille 7 jours ou 8 jours d'affilée parce que ça dure ce temps-là,
01:12ou est-ce qu'au contraire, il faut un repos hebdomadaire ?
01:14Bonjour à vous, Christine Sevillano.
01:16Vous êtes présidente de la Fédération des Vignerons Indépendants de Champagne.
01:21Et bonjour à Philippe Cottenet.
01:23Bonjour monsieur.
01:24Vous êtes secrétaire général adjoint de la CGT Champagne.
01:29Et évidemment, vous n'êtes pas d'accord.
01:31Honneur aux dames, Christine Sevillano,
01:34que pensez-vous de cette question ?
01:37Eh bien bien sûr, je trouve que c'est juste un retour au bon sens,
01:42à ce qui s'est fait jusqu'à présent.
01:44Il faut savoir quand même que les vendanges sur nos petites exploitations familiales,
01:47ça ne dure pas plus de 8 jours.
01:49Et bien sûr, le raisin n'attend pas.
01:51Quand il est mûr, c'est maintenant.
01:53Donc voilà.
01:55Et surtout, que veulent nos vendangeurs ?
01:58Parce que là, ils lavent la question.
01:59Et nos vendangeurs, quand ils viennent,
02:01et quand ils sont en plus hébergés sur nos exploitations,
02:03ils veulent travailler sans s'arrêter ces 8 jours.
02:11Ils viennent d'où les vendangeurs ?
02:13Alors, pour notre part, de plus en plus,
02:17effectivement, il y a des vendangeurs qui viennent de l'Union Européenne,
02:19mais sur nos petites exploitations,
02:21ce sont souvent des fidèles,
02:23qui viennent de l'Est, du Nord, de Paris.
02:27La Roumanie, la Bulgarie, la Pologne ?
02:29Alors, chez nous, pas tant que ça.
02:32Mais c'est vrai que de plus en plus,
02:34on a aussi, c'est vrai, il ne faut pas se mentir,
02:36des problèmes de recrutement,
02:38des étudiants qui rentrent plus tôt qu'avant à la fac.
02:41Avant, c'était au mois d'octobre.
02:43Maintenant, c'est septembre.
02:45Effectivement, on a des soucis de recrutement.
02:47Quand on héberge, certainement moins.
02:49D'accord. Donc, quand il y a un hébergement, c'est plus facile.
02:51Et dans la journée, ils travaillent combien de temps en moyenne ?
02:54En général, ils travaillent sept à huit heures.
02:58Ah oui, quand même.
02:59Oui, ce sont des grosses journées, c'est vrai.
03:01Ce n'est pas un travail facile.
03:04Et puis, c'est un travail manuel, on le rappelle.
03:06Tout à fait.
03:08Mais effectivement, en général,
03:10ce qui fait aussi le salaire d'un vendangeur,
03:12il ne faut pas l'oublier,
03:14c'est les heures supplémentaires.
03:15Et quand on met une journée de repos,
03:20ça retire des heures supplémentaires,
03:22et il y a déjà beaucoup d'exploitations
03:24qui ont perdu des vendangeurs fidèles de cette manière,
03:27parce qu'il manquait du salaire à la fin,
03:29parce qu'il y a une journée de repos.
03:31Philippe Cotonnet, quel est votre avis sur la question ?
03:33Mon avis, il est très clair.
03:36C'est vrai que cette dame parle de son exploitation,
03:40sauf que c'est toutes les 35 000 hectares
03:43de l'appellation Champagne.
03:45Aujourd'hui, quand même, il faut...
03:47En 2023, il y a eu quatre morts
03:49dues à des manques de conditions de travail,
03:51à des conditions de travail dégradées.
03:53Mais ça veut dire quoi ? Ils sont morts d'épuisement ?
03:55Ils sont morts du fait des fortes chaleurs,
03:58d'arrêt cardiaque principalement,
04:00dues aux fortes chaleurs,
04:02parce qu'on est toujours dans la...
04:04Effectivement, c'est le cueillir,
04:07le cueillir toujours plus,
04:08parce que maintenant,
04:09c'est des vignes souvent vendangées à la tâche.
04:11Les gens ne font plus de pause,
04:13mangent très mal, etc.
04:16Aujourd'hui, il y a des filières prestations.
04:19J'entends ce qu'on dit par rapport à une activité.
04:22Aujourd'hui, je prends la Champagne.
04:23Les gens commencent à travailler dans ces années.
04:26Après, ils se déplacent dans la Marne,
04:27puisque c'est des sociétés de prestations,
04:29la plupart du temps, qui font le travail.
04:32Après, ils vont dans l'Aube, voire dans l'Aisne.
04:34Donc, on est sur une activité déjà de trois semaines.
04:36Ensuite, ils vont repartir faire les abricots.
04:39Ils vont repartir dans des autres vignobles
04:41faire des grands crus,
04:44parce qu'il y a encore des grands crus
04:45qui sont cueillis encore à la main, etc.
04:48Vous voyez, on est sur des activités
04:50qui concernent plusieurs mois.
04:52Vous voulez dire que ce sont des gens
04:53qui, au bout d'un moment,
04:54travaillent un mois d'affilé, en fait,
04:56sans aucun jour de repos.
04:58Voilà.
04:59Ça pourrait se traduire comme ça,
05:01parce que, de toute façon,
05:02l'inspection du travail ne pourra pas vérifier.
05:05Il y a 120 000 vendangeurs
05:07ne pourra pas vérifier, effectivement,
05:09cette suspension du repos hebdomadaire.
05:14Donc, ça va être très compliqué.
05:15Vous savez que maintenant,
05:16il suffit d'aviser l'agent de contrôle.
05:18Avant, il fallait invoquer
05:20les circonstances exceptionnelles
05:22à l'inspection du travail.
05:24Et d'ailleurs, il y a eu des procès verbals
05:26qui ont été faits
05:28et des sanctions qui ont été prises,
05:29parce qu'il y en a qui ne respectaient pas.
05:31Et aujourd'hui, c'est les vannes ouvertes
05:33quand même à des dérives.
05:35Alors, je veux bien entendre que cette dame-là,
05:37c'est super sur son exploitation,
05:38c'est peut-être un modèle.
05:39C'est loin d'être comme ça en Champagne.
05:41Il y a beaucoup de viticulteurs aujourd'hui
05:43qui prennent des sociétés de prestation,
05:45malheureusement, donc,
05:46qui ne le maîtrisent pas.
05:47Vous savez, les donneurs d'or,
05:49sur les sociétés de prestation,
05:50ils n'ont quasi pas de regard
05:52ou de droit de regard.
05:53Moi, je tiens à signaler quand même que...
05:55— Qu'est-ce que vous préconisez,
05:57Philippe Cottenet ?
05:59— C'est qu'aujourd'hui, en fin de compte,
06:01on a préconisé des groupes de travail.
06:05Donc, on a eu des groupes de travail
06:07au niveau régional.
06:08Au niveau régional, on s'attendait quand même
06:10à ce qu'il y ait des avancées.
06:11Aujourd'hui, c'est la montagne qui a couché d'une souris
06:13puisque ça ne va être que de l'autocontrôle.
06:15C'est-à-dire que les gens vont...
06:17Il y aura de l'autocontrôle au niveau des prestations,
06:19c'est-à-dire que...
06:20— Autocontrôle, ça veut dire quoi ?
06:21On demande au maire de contrôler ?
06:22On demande à qui ?
06:23— Non, non, non, non, non, non !
06:24— A nos exploitants ?
06:25— C'est carrément aux...
06:26Ben, même pas aux exploitants,
06:28à ceux qui dirigent les vendangeurs,
06:29c'est-à-dire les sociétés de prestat la plupart du temps...
06:31— Ah oui, donc on est arrivé à rien !
06:33Les discussions sont arrivées à rien !
06:35— Ouais, non, ce sont des recommandations !
06:37Et nous, on avait préconisé...
06:39Par exemple, vous voyez,
06:40quand il y a des fortes chaleurs,
06:41pour voir déroger comme ça se passe
06:43dans le BTP en Espagne,
06:45les gens travaillent de 6h30 du matin
06:47voire 7h jusqu'à 13h, 13h30.
06:50Ça aurait été bien que M. Attal,
06:53dans son sens,
06:54il sorte un décret par rapport à ça.
06:56— Christine Sevillano,
06:58vous faites appel à des sociétés de prestation
07:00ou comment est-ce que vous faites vous-même ?
07:02— Alors, cette petite dame-là,
07:03elle représente quand même
07:04plusieurs exploitations familiales en Champagne.
07:07Et on reste quand même majoritaires
07:09à faire très attention à nos vendangeurs.
07:11La prestation...
07:13Alors, avant de revenir sur la prestation,
07:15les morts en question...
07:16Effectivement, il y a eu, à priori,
07:18surtout deux morts à cause de la chaleur.
07:20C'est une thématique différente.
07:22Et en plus, une thématique assez récente en Champagne, quand même.
07:25Vous imaginez bien que la chaleur,
07:27ce n'est quand même pas quelque chose...
07:28En plus, il n'y avait pas eu d'alerte canicule à ce moment-là.
07:31Dans les morts,
07:32il y en a un, à ma connaissance,
07:34qui est malheureusement,
07:35parce que c'est quand même dramatique,
07:36il faut le rappeler,
07:37il y en a un qui est décédé
07:38pendant ce jour de repos
07:40pour des consommations particulières.
07:43— Des consommations d'alcool.
07:45— Et de drogues.
07:47— Non, mais il faut le signaler.
07:49On est là pour rapporter des faits.
07:52On ne juge pas.
07:53— Quant à la prestation,
07:55malheureusement, elle s'est beaucoup développée
07:57parce que les conditions d'hébergement qui étaient les nôtres...
08:00Enfin, en tout cas,
08:01on nous a imposé de plus en plus
08:03des conditions d'hébergement drastiques,
08:05mais tellement drastiques
08:06que beaucoup de vignerons, en fait,
08:08ont préféré fermer leurs gendangeoires.
08:11Et ce qu'il faut savoir,
08:13c'est que quand on vous dit
08:15qu'il faut 9 m² par personne,
08:17je ne suis pas sûre que vous et votre femme
08:20vous ayez 9 m² dans votre chambre.
08:22En tout cas, ça restait des choses complètement ubuesques.
08:26On n'a pas le droit aux lits superposés.
08:28Dans beaucoup d'internats aujourd'hui,
08:30les enfants qui passent un an,
08:32ils passent un an parfois dans les lits superposés,
08:34dans des petites surfaces.
08:35— Mais qui décide de ça ?
08:36Qui décide de ces règles-là, Mme Séverino ?
08:39— C'est dans le Code rural, en fait.
08:42— Pardonnez-moi cette question candide,
08:44mais qui est-ce qu'il y a au bout du Code rural ?
08:46C'est le ministère de l'Agriculture ?
08:48— Ça dépend évidemment
08:50si c'est du législatif ou des décrets,
08:52mais effectivement, à un moment,
08:54ce sont des gens qui ne connaissent pas la réalité de notre métier.
08:56— Donc en fait, on ne peut pas faire comme du temps
08:58de vos parents ou du temps de vos grands-parents,
09:00où des vendangeurs venaient pour la saison,
09:02on les logeait dans le domaine,
09:04et puis ils étaient contents avec ça,
09:06et puis ils repartaient parce qu'ils étaient contents
09:08de travailler pour de l'argent, voilà.
09:10— Non, mais tout à fait. Mais il y en a toujours.
09:12Attendez, il y en a encore.
09:14Et aujourd'hui, il y a eu effectivement
09:16un allègement, un dérègle ces derniers mois,
09:18et c'est tant mieux.
09:20Moi, je préconise vraiment que nos
09:22vignerons rouvrent leurs vendangeurs,
09:24et on ne serait pas...
09:26— Alors pardonnez-moi, qu'est-ce que c'est qu'un vendangeur ?
09:28— Ah pardon, excusez-moi.
09:30Effectivement, c'est un lieu
09:32où on loge, en tout cas, c'est comme ça
09:34quand on les appelle dans le vignoble,
09:36c'est un lieu où on loge nos vendangeurs.
09:38Mais il faut savoir que ces lieux, en fait...
09:40— Mais ce n'est pas la Bastille,
09:42ce n'est pas des lits de paille,
09:44on n'est pas dans un roman
09:46du début du XXe siècle.
09:48— Non, non, non.
09:50— Il y a des lits, il y a des salles de bain, c'est correct.
09:52— Tout à fait, il y a des lits,
09:54il y a des salles de bain, il y a un certain nombre
09:56de douches à respecter par vendangeurs,
09:58il y a un certain nombre...
10:00— Il y a un côté femmes, un côté hommes,
10:02enfin voilà, c'est cadré.
10:04— Exactement. On fait à manger pour tout le monde,
10:06en général on fait appel à un traiteur,
10:08parce qu'on a besoin de bien manger
10:10quand on va dans les vignes.
10:12Mais c'est vrai que
10:14beaucoup de vignerons,
10:16malheureusement,
10:18ont fermé leurs vendangeoires parce que c'était trop drastique.
10:20On nous demandait
10:22d'investir.
10:24Ça n'est malheureusement pas le seul investissement
10:26dans la vie d'un vigneron indépendant.
10:28Un vigneron indépendant, il fait sa vigne,
10:30son vin, et il le commercialise
10:32à la fin. Donc tout ça, ça nécessite
10:34beaucoup d'investissement.
10:36Et autre chose...
10:38— On est obligés de marquer une pause, Christine Sévillano
10:40et Philippe Cottenet.
10:42— Je me permettais de rajouter un élément concernant
10:44cette journée de repos.
10:46C'est juste qu'on est responsables.
10:48Aujourd'hui, quand on héberge des gens,
10:50on est responsables. Et si vous voulez,
10:52quand vous leur donnez un jour de repos, vous êtes responsables
10:54quand ils sont dans vos locaux. Mais malheureusement,
10:56on est en même temps en train de presser nos raisins
10:58et de faire nos vins. Et aujourd'hui,
11:00comment je peux surveiller les gens
11:02que j'héberge pendant
11:04leur journée de repos si en même temps je suis en train de faire
11:06mon métier ? C'est très compliqué.
11:08— Madame Sévillano et Monsieur Cottenet,
11:10on va vous reprendre après une toute petite pause
11:12et je voudrais aussi qu'on revienne juste
11:14après sur peut-être ces sociétés
11:16de prestations. Parce que je pense que
11:18pour les gens qui nous écoutent, c'est pas tout à fait
11:20clair de comment ça marche.
11:22— Et on vous attend pour en parler avec nous.
11:2401.80.20.39.21
11:26jusqu'à 13h avec Pierre De Villeneuve sur Europe 1.
11:28— Europe 1 et vous.
11:3011h-13h, Pierre De Villeneuve.
11:32— 12h18 sur Europe 1.
11:34La suite d'Europe 1 et vous avec Pierre De Villeneuve.
11:36— Avec les
11:38questions sur les vendanges,
11:40doit-on travailler...
11:44— On voit les connaisseurs.
11:46— Donc je disais, les vendanges,
11:48doit-on travailler 7 jours sur
11:507 pour les vendanges ? Philippe Cottenet
11:52dit non, il est secrétaire général adjoint
11:54de la CGT et Christine Sévillano,
11:56présidente de la Fédération des
11:58Vignerons Indépendants de Champagne, dit bah oui puisque
12:00ça dure 7-8 jours donc autant
12:02maximiser le temps juste.
12:04Philippe Cottenet, quelques instants.
12:06Dites-moi, qu'est-ce que j'ai dit ?
12:08— Je voudrais répondre quand même,
12:10à l'argumentation
12:12de la présidente qui représente
12:14les indépendants.
12:16Juste comme ça, du 8
12:18au 12 septembre parce qu'elle dit que c'était pas une
12:20canicule, il y avait une moyenne de 33°C.
12:22Devant mes yeux, j'ai
12:24Météo France et donc c'était
12:26bien, on était bien en canicule.
12:28Elle parle d'une personne qui s'est droguée, effectivement
12:30c'était la cinquième personne et c'est pour ça que je me suis
12:32permis de nommer que 4 personnes qui sont
12:34décédées par rapport aux fortes chaleurs
12:36puisque c'est la cinquième
12:38c'est vrai qu'il y avait des suspicions.
12:40Pour les hébergements, et juste vite fait
12:42pour les hébergements, il y a eu quand même
12:44les hébergements insalubres
12:46dont la ferme Nelrepont,
12:48Montmelan-le-Grand... — Il y en a eu quelques-uns.
12:50Il y en a eu combien sur
12:52combien ?
12:54C'est quoi le ratio ? Il y a eu 50% ?
12:5680% d'hébergements
12:58insalubres ?
13:00Non, il y a eu
13:02des contrôles sur à peu près 3600
13:04personnes au niveau du département
13:06et sur 3600 personnes
13:08ça a révélé 300 personnes
13:10qui étaient en régularité
13:12par rapport aux arts de la vie ou quoi que ce soit.
13:14Alors on est sur 120 000 dans l'enjeu.
13:16— Moins de 10%, très bien.
13:18Les chiffres sont têtus, Philippe Cottenet.
13:20Moi je voulais juste qu'on parle
13:22parce qu'on a...
13:24Monsieur Cottenet,
13:26soyez s'il vous plaît
13:28sympathique, on n'est pas dans
13:30un tribunal populaire ici.
13:32Moi je ne suis pas là pour juger,
13:34j'essaie juste de comprendre
13:36s'il vous plaît m'expliquer ce que c'est
13:38qu'une société de prestation ?
13:40Qui est-ce qu'il y a derrière ?
13:42Est-ce que ce sont des sociétés qui se montent
13:44dans la capitale, à Paris,
13:46dans les grandes villes pour
13:48essayer, employons des mots forts,
13:50d'exploiter des gens qui viennent des
13:52pays de l'Est pour faire les vendanges, etc.
13:54Ou est-ce que ce sont
13:56des sociétés plutôt
13:58locales, en Champagne, dans le
14:00Bordelais, en Bourgogne ?
14:02Vous parliez des fruits à coques
14:04peut-être dans d'autres régions de France, dans la Drôme,
14:06etc. Comment est-ce que ça s'organise ?
14:08Qui s'occupe de ça ?
14:10Alors, il y a
14:12plusieurs types de sociétés de prestation.
14:14Comme vous dites, il y a des sociétés qui
14:16se mettent en place, qui peuvent être à des fois
14:18à l'étranger aussi, sur les bases
14:20de recrutement de Bulgarie, etc.
14:22et qui ont des antennes sur Paris.
14:24Il y a des sociétés qu'on appelle
14:26« dites champignons », c'est-à-dire qu'ils sont
14:28créés une semaine avant les vendanges
14:30et qui disparaissent aussitôt
14:32assez vite pour éviter demain
14:34d'aller au tribunal ou quoi que ce soit.
14:36Il y a des grosses sociétés,
14:38qui effectivement
14:40prennent plein plein plein de
14:42marchés, on va dire, sur les viticulteurs
14:44et qui se retrouvent au
14:46niveau des vendanges où ils ne peuvent pas
14:48assumer
14:50toutes leurs prestations et
14:52ils délèguent, en prenant quand même
14:54quelque chose au passage,
14:56sur une autre société de prestation. Moi, c'est ce que
14:58j'appelle les montages en poupées russes, c'est-à-dire
15:00comme c'est des poupées russes, vous avez de moins en moins
15:02et plus on presse le citron,
15:04on va dire, des fois, ça arrive où
15:06le donneur d'ordre,
15:08le viticulteur ne sait même plus
15:10avec qui il travaille.
15:12Nous, aujourd'hui, on avait préconisé
15:14qu'il y ait un diplôme d'État, c'est-à-dire
15:16qu'aujourd'hui, le prestataire, vous, monsieur,
15:18vous-même, en tant que journaliste,
15:20vous pouvez, le 25 août,
15:22mettre en place vos sociétés de prestation,
15:24on ne vous demandera aucun diplôme,
15:26aucune formation,
15:28rien du tout.
15:30Donc, on
15:32pourrait quand même avoir
15:34un peu de contrôle.
15:36Il faudrait que ce soit un peu bordé.
15:38Beaucoup plus de contrôle et surtout
15:40une responsabilité des donneurs d'ordre.
15:42C'est quand même les donneurs d'ordre
15:44qui traitent avec ces gens-là
15:46et il faudrait que les donneurs d'ordre
15:48soient aussi,
15:50qu'ils aient un droit de regard là-dessus
15:52et qu'ils soient aussi pénalement responsables.
15:54Parce qu'aujourd'hui,
15:56quand vous voyez des sociétés de prestat
15:58qui demandent 20, 30
16:00ou 40% de moins que leurs voisins,
16:02c'est qu'ils anguillent sur roche.
16:04C'est la loi de la concurrence,
16:06malheureusement, et on parle
16:08de travailleurs, donc c'est pas
16:10forcément très très louable.
16:12Et on en arrive aujourd'hui à des gens
16:14qui aient de la concurrence entre
16:16l'Afrique de l'Ouest, des gens qui viennent
16:18d'Afrique de l'Ouest contre ceux
16:20d'Europe de l'Est.
16:22C'est la loi de l'offre à la demande
16:24appliquée à des hommes et des femmes qui viennent travailler.
16:26Christine Sevillano, une toute dernière question
16:28parce qu'après il faut qu'on passe au sujet suivant.
16:30Vous-même, vous faites appel à des sociétés de prestat
16:32ou pas du tout ?
16:34Moi, personnellement, non. On a quand même
16:36beaucoup de vignerons indépendants qui font toujours
16:38sur un modèle familial, mais effectivement,
16:40il y a des vignerons indépendants qui sont
16:42malheureusement passés à la prestation
16:44histoire d'hébergement
16:46avec des règles très très
16:48trop fortes en fait.
16:50Vous dites malheureusement ?
16:52Oui, parce que, pourquoi ? Parce qu'on
16:54perd la maîtrise de notre vendange.
16:56Et le
16:58donneur d'ordre reste responsable
17:00quoi qu'il en soit.
17:02Nous, on préférerait continuer à maîtriser
17:04notre vendange, à héberger les gens
17:06parce qu'en plus, c'est plus facile
17:08on crée une sorte un peu d'esprit
17:10d'équipe. Et puis sur le travail aussi, j'imagine,
17:12sur la façon de vendanger,
17:14il y a quand même un, j'imagine,
17:16ça s'apprend comme
17:18tout métier. Oui, et puis
17:20les gens y reviennent parce qu'on
17:22crée ces liens avec nos vendangeurs.
17:24Il y a une fidélisation et elle se fait
17:26parce qu'à un moment on les héberge et autre.
17:28Maintenant, sur les prestataires,
17:30on ne peut pas nier qu'effectivement,
17:32malheureusement, et c'est souvent l'appel
17:34de l'argent qui fait aussi la création
17:36de sociétés malveillantes. Nous,
17:38ce qu'on fait au niveau des vignerons
17:40indépendants, on appelle
17:42et on est en train de travailler dessus,
17:44nos vignerons à s'inscrire sur
17:46et à pousser leurs prestataires
17:48à s'inscrire sur une plateforme
17:50de transparence qui s'appelle CertiJob.
17:52On est en train de les former
17:54en tout cas et on est en train de les pousser.
17:56Sur cette plateforme, le prestataire
17:58s'engage à mettre tous les contrats de travail,
18:00les horaires de travail, là où sont
18:02hébergés les gens, afin de
18:04récupérer une petite maîtrise.
18:06Elle ne sera pas totale, mais en tout cas
18:08le vrai problème aujourd'hui
18:10en Champagne, c'est qu'il manque des hébergements
18:12pour héberger les 120 000 citoyens.
18:14Nous sommes la seule région où c'est obligatoire.
18:16Donc il faut absolument
18:18qu'on trouve
18:20la solution à ce problème.
18:22Merci beaucoup Christine
18:24Sevilléno, merci beaucoup Philippe Cottenet.
18:26Il y a au 01-80-39-21
18:28Laurent qui voulait rajouter
18:30quelque chose de très important sur le travail.
18:32Laurent, bonjour.
18:34Oui, bonjour. Alors, vous, le travail, c'est sacré.
18:36Écoutez,
18:38moi je suis agriculteur en Moselle,
18:40et ce qui me désole
18:42un peu en entendant le débat,
18:44c'est que les gens oublient que les agriculteurs,
18:46on est là, on travaille avec la nature,
18:48la météo, et quand les récoltes
18:50sont à point et qu'il faut les récolter,
18:52on bosse
18:54deux jours s'ils bossent deux jours,
18:56et s'il faut bosser 15 jours d'affilée, on bosse 15 jours.
18:58C'est la nature qui nous dicte,
19:00ce n'est pas les règles.
19:02Voilà, ça c'est une bonne
19:04façon de clore le sujet, le travail,
19:06il faut le respecter, et
19:08quand on est agriculture, c'est l'amour de la terre.
19:10Merci beaucoup Laurent.
19:1212h26 sur Europe.