Pierre De Vilno revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, il reçoit Manon Aubry, députée européenne LFI.
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00:00Reparez-vous, 11h, 13h, Pierre de Villeneuve.
00:0511h50.
00:22C'est pas totalement déconnant comme on dit aujourd'hui, le 11 juillet, de penser aux vacances.
00:28Bonjour Manon Bry.
00:29On aimerait bien.
00:30On aimerait bien, hein ?
00:31On aimerait bien.
00:32Pas trop de vacances, là, en ce moment ?
00:33Non, je crois que c'est pas la perspective.
00:36J'entendais des observateurs dire « Emmanuel Macron nous a volé nos vacances ».
00:39Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
00:40C'est un peu vrai.
00:41C'est un peu vrai.
00:42Alors moi, à titre perso, ça fait 4-5 mois, j'ai la campagne des européennes, puis la
00:46campagne des législatives, puis la…
00:49Les enfants.
00:50Oui, et après c'est pour une bonne raison, puisqu'on a quand même déjoué tous les
00:55pronostics, et on a gagné dans des plaises à Emmanuel Macron, qui a un peu du mal à
00:58le reconnaître, mais on a gagné ses élections législatives, et s'il le fallait, je suis
01:02prête à pousser quelques mois de plus pour former un gouvernement et changer la vie des
01:07Français.
01:08Ouais, après, vous savez, moi j'ai fait du sport au niveau, donc ça m'aide à avoir
01:12une réserve physique, on va dire, parce qu'à la fin c'est une épreuve physique.
01:16Mais bon, moi on s'en fout, pour être honnête, je pense d'abord aux Françaises et aux Français.
01:20Je sais, j'ai croisé plein de gens qui m'ont dit qu'ils avaient décalé leurs vacances
01:24pour pouvoir voter aux élections législatives, et qui pensaient ensuite partir l'esprit
01:29léger, et qui j'imagine continuent à être inquiets, à regarder les nouvelles.
01:34J'entendais votre sondage à l'instant, l'inquiétude des Françaises et des Français
01:37sur la situation politique, et je la partage pour être honnête, parce que c'est un moment
01:41qu'on n'a jamais connu, d'incertitude, c'est un moment qui questionne nos institutions
01:47politiques, démocratiques, qui manifestement n'arrivent pas à canaliser un fait majoritaire
01:52dans le pays, d'une part, et d'autre part une inquiétude aussi, parce que, pardon,
01:56mais Emmanuel Macron est en train de passer en force, c'est quand même un coup de force
01:58démocratique qu'on n'a jamais connu.
02:01Est-ce que ça veut dire qu'on est dans une faille ?
02:03Est-ce qu'on est dans une faille institutionnelle ?
02:05Est-ce qu'on est arrivé, j'allais dire, au maximum de ce qu'on pouvait attendre
02:09de la Vème République, avec ces institutions ?
02:12Deux choses là-dessus.
02:13D'abord, ce serait la première fois dans l'histoire de notre Vème République,
02:16donc depuis 1958 quand même, que le bloc politique qui est arrivé en tête aux élections
02:21législatives ne forme pas un gouvernement.
02:23Donc ce serait sans précédent.
02:25Et la deuxième chose, c'est, je pense que là où vous avez raison, c'est que ça
02:30dénote des limites de notre cadre institutionnel actuel.
02:35Nous, on a eu de cesse ces dernières années de plaider pour une VIème République,
02:39alors peut-être qu'il est temps, peut-être qu'il est temps de refonder nos institutions
02:42si nous arrivons dans une impasse politique, pour repenser notre cadre démocratique,
02:49déjà pour sortir de la toute-puissance du monarque républicain.
02:52Pourquoi ? Parce que...
02:54VIème République, Manon Bry, ça ne veut pas dire non plus page blanche.
02:58Ça serait dérudiement de la Vème République avec quelques ajustements.
03:02Moi, je suis pour un processus constitutionnel.
03:04Un processus constitutionnel, c'est aussi associer les Françaises et les Français.
03:08Et sortir justement de ce tout-puissant...
03:11Carcan.
03:12Non, mais vraiment du monarque démocratique ou républicain...
03:18Trop de pouvoir à l'exécutif.
03:19Qui décide depuis l'Elysée.
03:21Moi, j'ai l'impression quand même d'une espèce de caprice d'Emmanuel Macron
03:26à qui on a pris son jouet, mais vraiment comme un enfant,
03:28et dit non, ne prenez pas mon jouet, c'est moi qui décide.
03:31Sauf que ce n'est pas un caprice.
03:33On parle de la vie des Françaises et des Français.
03:35On ne peut pas avoir un Emmanuel Macron qui décide tout seul en disant
03:37non, je ne suis pas d'accord pour l'heure du coucher
03:40ou je ne suis pas d'accord pour ne pas regarder la télé.
03:42Emmanuel Macron, pour faire simple, il a dit tout sauf le RN.
03:44Ça a été respecté avec notamment les désistements juste avant le second tour.
03:49Ensuite, maintenant, il dit et puis pas LFI.
03:52Ce n'est pas à lui de choisir, c'est aux Françaises et aux Français de choisir.
03:57En ayant compté sur les voix de LFI par destination.
04:02Je passe sur le fait qu'il était...
04:04C'est pour ça que libération d'ailleurs ce matin, titre mauvais joueur.
04:06Est-ce que vous êtes d'accord ?
04:07Oui, je suis d'accord.
04:08Il était le premier aussi à dire en 2022
04:10ce vote m'oblige quand il a bénéficié d'un barrage républicain
04:15face au RN qui n'était pas un vote d'adhésion pour Emmanuel Macron en 2022.
04:20Et non seulement ce vote ne l'a pas obligé,
04:22mais il a ouvert, ce n'est pas un boulevard,
04:24c'est une autoroute à l'extrême droite.
04:26Je rappelle que quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir en 2017,
04:29de mémoire, il y a eu huit députés RN.
04:32Là, il y en a plus de 140 à peine quelques années plus tard en 2024.
04:37Donc la montée de l'extrême droite,
04:39c'est aussi le résultat de la politique menée par Emmanuel Macron
04:43qui a ouvert grand les vannes aux idées d'extrême droite.
04:46Et à la fin, les Français, entre l'original et la copie,
04:48ils vont peut-être finir par préférer l'original.
04:51Et ça explique en partie la montée de l'extrême droite dans notre pays.
04:55Et moi, j'ai conscience.
04:56Je sais que notre victoire dimanche dernier,
05:00c'est une victoire relative.
05:02Nous n'avons pas la majorité absolue.
05:04Nous sommes prêts à respecter les institutions de la Ve République,
05:07à reparlementariser la vie politique
05:09en tenant compte de l'Assemblée nationale.
05:11Mais de nouveau, pardon d'insister,
05:14on ne peut pas avoir Emmanuel Macron
05:16qui s'accroche au rocher tel une moule
05:19en mode « Non, je ne veux pas partager le pouvoir. »
05:22Voilà une image intéressante.
05:24Certains pensent aux vacances et vont aller à la plage.
05:27On a tous l'image de la moule accrochée à son rocher.
05:30Je ne sais pas s'ils vont tout de suite reconnaître le président de la République.
05:34En faisant de la plongée.
05:35C'est comme ça que je l'imagine.
05:36Il est accroché, il ne veut pas lâcher
05:38et partager le pouvoir.
05:40Pourtant, c'est ce que les urnes lui commandent.
05:43Des auditeurs, Alexandre, qui veulent l'interroger Manon Aubry.
05:46On a Charles dans le Vaucluse qui souhaite vous interroger.
05:49Charles, vous êtes là ?
05:50Oui, absolument.
05:51Bonjour Charles, vous allez bien ?
05:52Oui, bonjour, très bien, merci.
05:54Bienvenue dans l'émission.
05:55Vous avez une question pour Madame Aubry, c'est ça ?
05:58Oui, bonjour Madame Aubry.
06:01Bonjour Madame Aubry.
06:02Moi, je suis électeur, malheureusement, de la première cercle du Vaucluse.
06:05Donc, j'ai eu le choix entre un Fichier S et un Front National.
06:10Voilà, ça c'est pour la parenthèse.
06:12Donc, on n'est pas l'outil, malheureusement, dans le Vaucluse.
06:14Le Fichier S, c'est Raphaël Arnaud, pour préciser.
06:17Qui n'a jamais été condamné à quoi que ce soit, je précise.
06:19Il est triplement Fichier S.
06:20Il n'a jamais été condamné à quoi que ce soit.
06:22J'entends, mais en termes d'image, Madame Aubry,
06:25la première reconstruction du Vaucluse méritait mieux à mon avis.
06:29Mais ce n'est pas l'objet de ma question,
06:31parce qu'on m'a demandé de poser qu'une seule question.
06:33Je ne suis pas le seul.
06:34Mais voilà, c'est juste une parenthèse que je voulais vous faire.
06:36Moi, je voulais vous poser une question, Madame Aubry,
06:38sur le SMIC à 1 600.
06:39Donc, moi, je suis directeur de la zone office HLM.
06:41Je fais partie des quartiers populaires.
06:43Je suis né à Marseille, et il y a les quartiers nord de Marseille,
06:46la marine bleue Sainte-Marthe.
06:47Donc, je connais bien les quartiers.
06:48Aujourd'hui, passer le SMIC à 1 600 €,
06:50ça veut dire que des gens qui sont aujourd'hui à 1 600 €
06:52vont se retrouver demi-quarts.
06:54Donc, c'est tous les chefs des salaires qui vont être modifiés.
06:57Je vous pose la question,
06:58comment voulez-vous que les entreprises puissent s'en sortir ?
07:01Certaines entreprises, je parle surtout aux petites entreprises,
07:04ce n'est pas possible.
07:05Alors, moi, j'ai entendu tout à l'heure
07:07votre collègue Samuel Drousseau qui parlait d'aide.
07:09Il faut qu'on arrête avec les aides.
07:11Moi, aujourd'hui, il faut qu'on vide son travail.
07:131 600 € pour le SMIC, c'est juste une ineptie.
07:16J'ai l'impression que c'est une course à l'échalote,
07:18plus, plus, plus, pour avoir des votes.
07:21Vous savez très bien, 1 600 €,
07:23ça va générer à terme du chômage de masse.
07:26Moi, je suis un chemin convaincu.
07:28Voilà ma question, comment voulez-vous faire ?
07:30Merci beaucoup.
07:32Bonjour, Charles.
07:33Vous avez dit un truc qui m'a intéressée.
07:35Vous avez dit un truc qui m'a intéressée.
07:38Vous avez dit qu'il faut vivre de son travail.
07:40Et je suis d'accord avec vous.
07:42Et avec le niveau du SMIC à l'heure actuelle,
07:44on ne vit pas bien de son travail.
07:46Allez demander à toutes celles et tous ceux qui nous écoutent,
07:48qui gagnent 1 400 € par mois,
07:51qui, plus est, quand vous vivez dans des villes
07:53où le coût du logement est cher,
07:55vous arrivez à dépenser 700, 800 € en loyer.
07:58Qu'est-ce qui vous reste pour vivre ?
07:59Vous ne vivez pas.
08:00Vous êtes du Sud, vous aussi.
08:02Je sais bien que le Sud, c'est cher.
08:04Je suis venu de Marseille.
08:06Vous savez, vous êtes du Sud aussi.
08:07Oui, je viens du Var et je peux vous dire
08:09que trouver un logement dans le Var,
08:11mais je pense aussi aux Parisiens, tout simplement,
08:13ou à ceux qui habitent dans les grandes villes.
08:15Donc, avec 1 400 €, on ne vit pas, on survit.
08:18À partir du moment où on partage cet objectif
08:20qui est de vivre décemment de son travail,
08:22ensuite, on répond aux autres questions.
08:24Si on augmente le SMIC, d'abord,
08:26est-ce que ça va créer de la destruction d'emplois ?
08:28Non, et on a des preuves empiriques.
08:30Les dernières fois où on a augmenté les SMIC,
08:32ou alors nos voisins, en Espagne par exemple,
08:34la gauche unie a augmenté le SMIC
08:36de 47 % en l'espace de deux ans,
08:38et ça a créé plus de 800 000 emplois.
08:40Donc, première chose, fait empirique.
08:42Ensuite, deuxième chose,
08:44est-ce que ça va tasser les salaires,
08:46ceux qui gagnent à l'heure actuelle 1 600 € ?
08:48C'est une très bonne question,
08:50et nous, ce que nous proposons,
08:52c'est une conférence salariale pour revoir
08:54l'échelle des salaires,
08:56et que ça ne pénalise pas ceux qui sont
08:58légèrement au-dessus du SMIC.
09:00Mais il y a déjà une trappe à pauvreté
09:02qui existe dans le modèle actuel,
09:04c'est que vous avez des exonérations de charges,
09:06et qui sont, M. Charles, qui sont des aides,
09:08qui sont déjà versées aux entreprises,
09:10vous avez des exonérations de charges
09:12uniquement pour les salaires qui sont au SMIC.
09:14C'est une invitation, déjà, pour les entreprises
09:16à payer les salariés au SMIC,
09:18plutôt qu'un niveau un petit peu au-dessus.
09:20Donc, nous, ce qu'on propose, c'est de revoir tout ça,
09:22pour revoir l'échelle des salaires,
09:24et revoir la manière dont on distribue les aides,
09:26qui existent aujourd'hui,
09:28c'est plus de 200 milliards d'euros chaque année,
09:30pour les utiliser à bon escient,
09:32et que ça aille à destination, en priorité,
09:34des faibles salaires, pour qu'en effet,
09:36ce soit possible d'augmenter le SMIC.
09:38Et dernière chose, il faut voir ensuite
09:40un peu l'économie
09:42pro-économique, en augmentant les petits salaires.
09:44Qu'est-ce que vous créez dans l'économie ?
09:46Vous créez une augmentation
09:48de la demande.
09:50Celles et ceux qui gagnent 1500-1600 euros
09:52par mois, sont ceux qui consacrent
09:54la plus grande partie de leurs revenus à consommer,
09:56ça se comprend assez facilement,
09:58parce qu'ils n'ont pas les moyens d'économiser,
10:00d'épargner, d'investir,
10:02je ne sais pas quoi, ils consomment.
10:04Et donc, derrière, vous allez remplir le carnet
10:06de commandes des entreprises,
10:08et c'est un cercle vertueux que vous créez pour l'économie,
10:10et c'est ce que nous proposons
10:12pour notre économie, qui s'est vérifié dans d'autres pays.
10:14Charles, on va
10:16marquer une pause, et on va vous reprendre
10:18juste après la
10:20pause, justement.
10:22Il ne faut surtout pas partir,
10:24parce que je sais que vous avez encore un dialogue
10:26avec Manon Aubry, qui est là justement
10:28pour vous répondre. De 11h à 13h, vous réagissez
10:30avec Pierre Devineau et son invité
10:32Manon Aubry, en composant le 01 80 20
10:3439 21. A tout de suite sur Europe 1.
10:37Il est 11h48,
10:39et Manon Aubry est encore avec nous
10:41dans ce studio, elle nous fait l'amabilité,
10:43elle fait des allers-retours entre
10:45Bruxelles et Paris, et Bruxelles et Paris,
10:47elle passe sa vie dans le Thalys,
10:49c'est pas toujours... Quand il est à l'heure.
10:51Quand il est à l'heure, bon, quand même, généralement, il est à l'heure.
10:53Non, il est beaucoup plus en retard que les trains
10:55de la SNCF, je dois le dire.
10:57Sans doute les effets de la privatisation.
10:59On le déplore. Ça, vous avez permis
11:01d'en placer une. Vous voyez ?
11:03Toujours. Je vois que vous êtes très habile.
11:05Ne jamais perdre son cap. Charles non plus
11:07ne perd pas son cap. Charles est toujours avec nous ?
11:09Oui, oui, absolument. Charles, alors
11:11justement, par rapport à ce que venait de vous répondre
11:13Manon Aubry, votre réponse
11:15à vous ? Ben non, moi
11:17ce que j'ai dit en préambule, moi je connais
11:19bien, je reviens de Marseille, des quartiers
11:21nord, donc je suis quelqu'un des quartiers populaires.
11:23Et je suis directeur de l'Office HLM
11:25depuis 25 ans. Donc vous voyez la
11:27difficulté des gens, Manon Aubry ? Je la vois
11:29tous les jours, je la vois tous les jours et je la connais.
11:31Et j'étais contre
11:33quand le Président a
11:35baissé l'appel de 5 euros. J'étais contre
11:37cette mesure. Heureusement que ça a été remis. Mais la misère
11:39des gens, je la connais. Ce que je voulais vous dire, simplement
11:41en augmentant le SMIC, en
11:43augmentant aussi le point d'indice des fonctionnaires
11:45là vous allez tout casser
11:47puisque vous voyez, je prends l'exemple d'un Office HLM
11:49vous avez des fonctionnaires et du privé
11:51mais le statut, vous le connaissez aussi bien que moi.
11:53Ça veut dire qu'aujourd'hui, un Office HLM
11:55les seules ressources d'un Office HLM, ce sont
11:57les loyers des locataires. Il n'y a pas d'autres ressources.
11:59Certains pensent que c'est l'État qui donne. L'État, il donne
12:01rien. Sauf pour les constructions.
12:03Mais sinon, pour le quotidien, il n'y a pas d'argent.
12:05Donc comment on va faire pour augmenter
12:07le point d'indice ? Comment on va faire ça ?
12:09Mécaniquement, si vous augmentez le SMIC
12:11rapidement, tout de suite
12:13il y aura un intérêt pour les gens.
12:15Je ne le nie pas. Mais à terme, Mme Aubry,
12:17ça détruira forcément les emplois.
12:19Moi, je vous écoute beaucoup et je sais que vous faites du
12:21bon boulot, même si je ne partage pas vos idées
12:23complètement. Je sais que vous faites du bon boulot
12:25à l'Europe. Et c'est très bien comme ça
12:27et je vous insécurise. Mais sincèrement,
12:29vous allez détruire des emplois.
12:31Et là, je suis entièrement convaincue.
12:33Où est-ce qu'on trouve l'argent ? C'est ça la question.
12:35Il n'y en a pas.
12:37Mais les entreprises seront plus compétitives.
12:39Je suis désolé.
12:41C'est ce cercle vertueux qu'on a du mal à comprendre.
12:43En économie, il
12:45existe et il est vérifié empiriquement.
12:47De nouveau, je vous parlais de l'exemple
12:49de l'Espagne. Une augmentation du SMIC de 47%.
12:51C'est historique en Espagne
12:53en l'espace d'à peine quelques années,
12:55avec des centaines de milliers d'emplois qui ont été créés.
12:57C'est intéressant puisqu'il y a eu exactement le même débat.
12:59Le moment où Yolanda Diaz, la ministre du Travail,
13:01a proposé cette augmentation du SMIC
13:03en Espagne, c'était exactement la même chose.
13:05On lui a rué dans les brancards.
13:07Vous allez détruire l'emploi, etc.
13:09Et non seulement l'emploi n'a pas été détruit, mais les Espagnols vivent mieux.
13:11Donc c'est ça l'objectif.
13:13Que l'on vive mieux et qu'on l'envie bien de son travail.
13:15Je comprends que vous ne soyez pas convaincu.
13:17En tout cas, c'est une proposition politique.
13:19Et moi, j'essaie de
13:21remettre un peu du rationnel
13:23dans la conversation, de l'empirique.
13:25Il se trouve que j'ai fait de l'économie aussi.
13:27Donc j'ai beaucoup travaillé
13:29sur ça et comment
13:31on crée, en fait,
13:33on rééquilibre la manière dont fonctionne
13:35notre économie. Parce qu'on n'est pas un
13:37pays pauvre en France. On a un pays
13:39qui vit très bien.
13:41C'est la septième plus grande puissance économique mondiale.
13:43Mais pour autant, par exemple, pour prendre
13:45la question des fonctionnaires.
13:47On a parmi les infirmiers
13:49les moins bien payés d'Europe.
13:51La conséquence de ça, c'est que non seulement on a des difficultés
13:53à recruter. On a du mal à recruter
13:55des infirmiers dans nos hôpitaux publics.
13:57Mais en plus de cela, on a nos
13:59infirmiers, nos aides-soignants, ce type d'emploi
14:01qui vivent très mal.
14:03On est doublement perdant de ce système-là.
14:05Je trouverais ça logique
14:07qu'il y ait un rattrapage par rapport à la moyenne
14:09européenne dans laquelle on n'est même pas à l'heure actuelle.
14:11Qu'est-ce qu'on fait notamment de la dette ? Parce qu'on parle
14:13beaucoup de ces 3 300 milliards
14:15qui sont en latence.
14:17Bruno Le Maire qui dit qu'il faut
14:19continuer à miser sur le fait qu'on aura de la croissance
14:21et qu'avec ça, on pourra générer de l'argent.
14:23En attendant, on paye les intérêts de la dette.
14:25Ce qui est intéressant, c'est qu'on a
14:27quand même un gouvernement qui est
14:29au pouvoir depuis 7 ans avec
14:31Emmanuel Macron et qui s'est présenté
14:33en Mozart de la finance. Mais pardon,
14:35mais ils ont été des toccards de l'économie.
14:37Parce que qui a creusé le
14:39taux de déficit ces dernières années ? C'est pas le Nouveau Front Populaire
14:41qui était au pouvoir.
14:43C'était les macronistes.
14:45Je le dis juste pour prendre le point de départ
14:47puisqu'ils ont fait 50 milliards
14:49d'euros de cadeaux fiscaux par an
14:51aux plus riches et aux entreprises multinationales.
14:53Donc la première chose que nous ferions
14:55c'est revenir là-dessus.
14:57Ça veut dire rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune.
14:59Qu'on se rassure, les gens qui nous écoutent,
15:01je ne pense pas qu'ils payaient avant
15:03l'impôt de solidarité sur la fortune.
15:05On parle d'une toute petite minorité de la population française.
15:07De la même manière, nous allons
15:09taxer des super profits. Non, c'est même
15:11moins que ça en pratique. Après, ça dépend du patrimoine financier
15:13ou du patrimoine immobilier.
15:15Mais vous faites peut-être référence aussi
15:17au fait qu'on a proposé une refonte de l'impôt
15:19sur le revenu qui permettrait à 92%
15:21des Français de payer
15:23moins d'impôt sur le revenu. Tous ceux qui gagnent
15:25moins de 4000 euros. Net, par mois
15:27et par personne. Non pas par ménage,
15:29mais par personne. Ça fait 92% des Françaises
15:31et des Français qui paieraient moins.
15:33Et 8% des Français qui paieraient un peu plus.
15:35Et les très très très riches qui paieraient bien
15:37davantage. Parce qu'aujourd'hui, il y a une injustice fiscale
15:39mais immense.
15:41Mais les très très très riches dont vous parlez,
15:43est-ce que vous n'avez pas peur
15:45qu'ils partent ?
15:47Alors ça c'est toujours la question à laquelle on arrive.
15:49Vous savez, le nombre de personnes
15:51quand l'impôt de solidarité sur la fortune
15:53existait en France, vous saviez
15:55le nombre de personnes qui quittaient la France à cause de l'ISF ?
15:57C'était 0,2%.
15:59Pour 0,2% des personnes
16:01qui sont assujetties à l'ISF et qui ne le payent pas,
16:03on va le supprimer pour tous et se priver
16:05des recettes fiscales qui vont avec
16:07et donc à la fin faire payer aux Françaises et aux Français.
16:09C'est ça sur lequel j'insiste.
16:11C'est quoi le choix de société qu'on a face à nous ?
16:13Soit d'un côté, vous faites payer
16:15aux gens qui nous écoutent avec une augmentation
16:17de la TVA, de la CSG, des impôts injustes
16:19qui sont payés par tout le monde, soit vous ciblez
16:21celles et ceux qui en ont davantage les moyens
16:23à travers l'ISF ou la taxation sur
16:25les super profits par exemple.
16:26Et vous n'avez pas peur que ce soit confiscatoire ?
16:27Et dans ce cas-là, que le Conseil constitutionnel dise
16:29au-delà d'un certain seuil, on ne peut pas
16:31faire des impôts à 90% ?
16:33Écoutez, personne ne paiera
16:3590% de taux d'imposition moyen.
16:37Personne ne paiera ça.
16:39On parle, quand on fait de la fiscalité,
16:41de taux marginal.
16:43Au-dessus d'un certain seuil, on augmente le pourcentage.
16:45C'est logique. Moins vous gagnez, moins vous payez.
16:47Plus vous gagnez, plus vous payez.
16:49Et c'est le principe même qui est d'ailleurs
16:51issu de la Révolution française de 1789.
16:53Le concept de justice fiscale
16:55est déjà énoncé dans la
16:57Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.
16:59Et c'est juste ça,
17:01ce à quoi on veut revenir, qui est résumé
17:03aussi d'une formule par les Gilets jaunes,
17:05les petits doivent payer petits et les gros doivent payer gros.
17:07C'est juste ce principe qu'on pose sur la table.
17:09Parce qu'à l'heure actuelle, si vous prenez par exemple
17:11les 0,1% les plus riches,
17:13ils payent 2% d'impôts.
17:152% d'impôts. Alors que
17:17l'écrasante majorité de la population,
17:19tous ceux qui nous écoutent, on paye en moyenne
17:2150% d'impôts si on ajoute tout.
17:23La TVA,
17:25l'impôt sur le revenu, est-ce que tout le monde ne paye pas
17:27l'impôt sur le revenu, etc.
17:29Donc ça, c'est un système fiscal
17:31qui est assez injuste, en fait.
17:33Il n'est pas normal que plus vous soyez riches,
17:35moins vous payez d'impôts.
17:37Rétablir de la justice fiscale,
17:39c'est une des chevilles ouvrières, des pierres angulaires
17:41de notre réforme
17:43et de notre projet
17:45de société qu'on met sur la table.
17:47Vous allez partir un peu en vacances ?
17:49Oui, moi je peux
17:51partir en vacances, heureusement.
17:53Mais vous savez,
17:55Mme Ombrich, au demeurant,
17:57j'aime bien, elle est comme les autres,
17:59elle adopte des postures.
18:01Moi je crois être assez concrète, Charles.
18:03Moi aussi, j'ai fait de l'économie
18:05et je gère des sociétés, je vous l'ai dit en préambule.
18:07Et pourtant, je viens
18:09des quartiers nord de Marseille, Mme Ombrich.
18:11Vous êtes dans les 77% de Français inquiets
18:13selon notre sondage, Charles ?
18:15Non, non.
18:17Moi, les politiques, ils ne m'ont jamais.
18:19Quand j'entends les politiques dire
18:21« les Français m'ont dit, on a tué les Français »,
18:23il n'y a jamais une politique qui est venue me parler.
18:25Moi, je ne sais pas où ils sont.
18:27Là, vous avez une politique qui vous parle, Charles.
18:29Mais j'aime bien Mme Ombrich.
18:31Prenons rendez-vous, Charles.
18:33Hors antenne, on va vous organiser un rendez-vous.
18:35Comme je suis de la région, j'y descends souvent.
18:37Oui, mais je sais que vous êtes de la région.
18:39Mais si vous voulez, ce sont des postures.
18:41Et puis quand j'entends des politiques
18:43qui parlent les Français, la plupart,
18:45et je regarde les récursus, je les connais,
18:47parce que je m'intéresse à la politique.
18:49La politique est noble, et je le conçois.
18:51La plupart, beaucoup, n'ont jamais travaillé.
18:53Moi, j'ai travaillé, Charles.
18:55Et je n'ai pas bien gagné ma vie.
18:57Mais Mme Ombrich, votre cursus,
18:59votre carrière, je la connais.
19:01Je ne vous l'enlève pas.
19:03Pour moi, le modèle, c'était M. Bérégovoy.
19:05Parce que M. Bérégovoy savait de quoi il parlait.
19:07Quand j'entends d'autres personnes
19:09que vous ne citerez pas par courtoisie,
19:11ce n'est pas le but aussi de jeter la peine sur des gens,
19:13ils n'ont pas bossé. Ils n'ont pas bossé,
19:15et puis ils vont nous raconter la vie.
19:17Je pense, Charles et Manon Ombrich,
19:19je pense qu'il y a moyen
19:21que vous preniez un café
19:23à un moment donné dans le Vaucluse.
19:25Là, malheureusement, le temps manque.
19:27On va arriver bientôt midi
19:29avec des millides qui vont me gronder
19:31parce que je vais être en retard.
19:33Mais je peux dire juste un petit mot, Charles,
19:35de regarder le profil des élus de la France Insoumise.
19:37On avait la première femme de chambre
19:39élue à l'Assemblée Nationale, une aide-soignante,
19:41un conducteur de train.
19:43C'est des gens comme vous et moi,
19:45des Françaises et des Français qui ont été élus,
19:47qui n'ont pas toujours fait une carrière dans la politique.
19:49Je suis d'accord que parfois,
19:51il y a un espèce de décalage
19:53total entre la parole politique et la réalité.
19:55Donc, j'invite Charles, y compris, pourquoi pas,
19:57à se présenter aux élections, aux prochaines élections.
19:59Mon petit doigt me dit qu'il y en aura dans pas si longtemps que ça.
20:01Merci, Manon Aubry. Vous aimez la corrida ?
20:03Ou vous êtes plutôt franchement contre ?
20:05Pas trop, non.
20:07On va en parler, justement, après le flash d'information de midi.