Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité. Aujourd'hui, elle revient sur les difficiles négociations au sein du Nouveau Front Populaire pour la nomination d'un Premier ministre.
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00:00Rempart 13h19 et on vous retrouve Céline Géraud avec vos invités Paul Melun et Jean-Michel Salvatore.
00:05Bonjour les amis, bienvenue à bord.
00:07Bonjour, bonjour Céline.
00:08Ravie de vous retrouver en forme olympique pour cette nouvelle semaine qui s'annonce encore une fois rock'n'roll.
00:13Et on est dans le brouillard là, le brouillard écossais, on peut le dire.
00:17Il y a le brouillard NFP désormais parce qu'après une semaine de tractations, de réunions, de discussions,
00:22toujours pas de nom pour Matignon incapable de s'accorder.
00:25On va écouter Manon Aubry, eurodéputée LFI qui était l'invité de la matinale CNews Europe 1 ce matin avec Florian Tardif.
00:33Et elle est revenue justement sur ces tractations qui traînent.
00:36Emmanuel Macron essaie de passer en force contre le résultat du scrutin.
00:40Il y a désormais une semaine, le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête.
00:45Il revient donc très logiquement au Nouveau Front Populaire, le soin de former un nouveau gouvernement.
00:50Mais vous avez un Emmanuel Macron qui, dans un coup de force antidémocratique
00:54sans précédent dans l'histoire de la Ve République, veut effacer le résultat de ce scrutin
00:59et refuse de nommer un gouvernement et un Premier ministre issus du Nouveau Front Populaire.
01:04Donc soit Emmanuel Macron est très mauvais en mathématiques, soit il est dans un déni de réalité,
01:08soit peut-être les deux, mais normalement, ce qu'il aurait dû faire,
01:12c'est appeler les chefs de parti du Nouveau Front Populaire et leur dire
01:16« Voilà, j'accepte ma défaite et je vais nommer un gouvernement issu du Nouveau Front Populaire. »
01:21Alors on voit Manon Henry qui est remontée, Paul Melun.
01:24Je trouve que toutes ces tractations au sein du Nouveau Front Populaire
01:27donnent une image assez déplorable de la vie politique.
01:30C'est-à-dire que, avant de venir, je lisais un tweet de Stéphane Le Foll qui avait une parole de vérité,
01:34qui disait « Avant même de s'accorder sur le projet, on est en train de réfléchir au non. »
01:39Stéphane Le Foll, ancien ministre, enrevu parti socialiste.
01:45Au gouvernement de François Hollande.
01:47Et de dire effectivement, avant de proposer des postes,
01:50avant de dire un tel ou un tel, pourrait-être Premier ministre,
01:54d'aller regarder si la fumée blanche sort du Parti Socialiste ou alors de LFI,
01:58on ferait peut-être bien, accessoirement, de se poser la question de quel axiome idéologique,
02:03de quel projet, autour de quel idéal on se réunit.
02:06Genre est-ce que c'était aller à l'idéal en passant par le réel ?
02:09Là, j'ai l'impression qu'ils n'ont ni l'idéal ni le réel.
02:12Et qu'on avance, comme vous disiez fort justement, dans une forme de brouillard épais,
02:16que les conflits d'intérêts, les conflits de boutiquiers, de personnes ont pris le pas sur les idées.
02:22Et moi, je le déplore, ce n'est pas la gauche en tout cas que j'appelle de méveux.
02:26Je pense qu'il faudrait qu'il y ait un accord de programme, un accord de parti.
02:29Ça ne peut pas être l'accord du Nouveau Front Populaire,
02:31qui est le copier-coller du programme de Jean-Luc Mélenchon « L'avenir en commun »
02:35et qui n'a pas tenu compte du très bon score, par exemple, de Raphaël Glucksmann pour le Parti Socialiste,
02:39qui d'ailleurs, lui, est assez écarté des négociations.
02:42Donc, si vous voulez, non, je trouve qu'il y a dans cette réactation quelque chose, je vous le dis, d'un peu pathétique.
02:47Et l'accusation qu'on peut se poser, Jean-Michel Salvatore,
02:49c'est est-ce qu'ils ont vraiment envie de prendre le pouvoir, cette gauche-là ?
02:54Alors, ça dépend qui.
02:55En fait, moi, ce qui me frappe, c'est qu'en fait, les masques tombent d'une certaine façon.
02:59C'est vrai qu'à partir du moment où ils ont appelé leur coalition au Nouveau Front Populaire,
03:06ils faisaient appel à l'imaginaire socialiste.
03:08Et en fait, ils essayaient de se situer dans la filiation des grandes heures de la gauche victorieuse,
03:16finalement, avec Léon Blum, avec Mitterrand, avec Jospin.
03:20Et donc, c'est vrai que Nouveau Front Populaire, ça claquait.
03:23Et c'est vrai que l'attente, elle était très forte.
03:25On se disait, ça va être quelque chose d'aussi puissant que le programme commun de la gauche ou la gauche plurielle.
03:32Et en fait, non.
03:33En fait, non.
03:34Qu'est-ce que c'est que le Nouveau Front Populaire ?
03:36C'est un cartel électoral pour se faire réélire.
03:40Et c'est ça et uniquement ça.
03:42Et sur le fond, ils ne sont pas d'accord sur grand-chose, si vous voulez.
03:47Vous avez quand même principalement Mélenchon qui a imposé un programme d'extrême-gauche.
03:53Il faut dire les choses.
03:54On est quand même très loin de la social-démocratie.
03:56C'est un programme d'extrême-gauche, matinée d'écologie.
04:00Donc, évidemment, on est contre le nucléaire, etc.
04:03Et puis à côté de ça, vous avez les socialistes qui ne s'y retrouvent pas.
04:08Et donc, c'est pour ça qu'ils n'y arrivent pas.
04:11Parce que Mélenchon veut prendre l'ascendant.
04:14Et les socialistes qui n'ont pas fait un si mauvais score aux européennes et aux législatives résistent encore.
04:22Et d'autant que ce matin, Manon Ombry a redit sur CNE que la France insoumise
04:28comptait abroger l'interdiction du port de la baïa dans les établissements scolaires.
04:32Et ça, on le sait, le PS est fondamentalement opposé à cette mesure.
04:36Comme leurs propres électeurs, d'ailleurs.
04:38Vous vous souvenez, il y avait eu ce sondage qui expliquait qu'au sein de l'électorat de gauche,
04:41même dans ses différentes composantes, les électeurs de gauche étaient plutôt favorables à l'interdiction de la baïa
04:46et avaient plutôt soutenu Gabriel Attal au moment où il l'avait fait.
04:49C'est l'union impossible, finalement.
04:52Il y a des fractures de fond qui sont extrêmement profondes.
04:57La laïcité, vous avez raison de le citer, c'est un bon sujet.
05:00Je pense que le virage islamo-gauchiste de la France insoumise ne plaît pas à tout le monde.
05:04Je pense qu'il y a des socialistes sincères qui n'apprécient pas ça.
05:07Je pense notamment à Jérôme Gued, je pense à Raphaël Glucksmann.
05:10Il y a sur l'économie aussi un certain nombre de différences.
05:13Quand vous voyez que François Hollande a fini par faire le CICE, le Crédit Impôt Compétitivité Emploi,
05:18et la loi travail, alors que là il se retrouve à la remorque de gens qui veulent mettre le SMIC à 1600 euros
05:24et faire un grand chamboule tout fiscal pour fiscaliser tout le monde au-dessus de 4000 euros,
05:28on a du mal à croire que c'est le même François Hollande qui a signé en bas de la feuille du Nouveau Front Populaire
05:32et qui a mis en place la politique qu'il a mise en place pendant 5 ans.
05:36On va écouter Manuel Bompard, le coordinateur de la France insoumise,
05:39qui lui dénonce tout simplement l'opposition systématique du PS
05:43pour aboutir à un consensus autour d'un non, puisqu'on le sait,
05:46le week-end dernier, Huguette Bellot a été donc retoquée par le PS.
05:50Je suis en colère face à ces oppositions systématiques, à ces blocages, à ces vétos,
05:55sur toutes les candidatures, toutes celles qui sont proposées sont immédiatement bloquées,
06:01y compris quand elles viennent par exemple du Parti Communiste et de...
06:06Pourquoi vous ne votez pas ? Chaque parti propose son candidat et puis faisons voter.
06:10Et puis on va faire pareil après sur l'ensemble des postes du gouvernement.
06:13Franchement, ce n'est pas raisonnable parce qu'à la fin, il s'agit de constituer une équipe,
06:17une équipe gouvernementale qui tienne compte de la place de chacun au sein de notre coalition.
06:22Manuel Bompard qui dénonce l'opposition du PS, Jean-Michel Salvatore n'y arrivera jamais en fait.
06:27En fait, on voit là ce que disait Manuel Valls il y a longtemps.
06:31Il disait qu'il y avait deux gauches irréconciliables et on est bien face à ça,
06:35avec en plus des stratégies qui sont différentes.
06:39C'est-à-dire que le PS, si vous voulez, ils ont quand même besoin de leur accord avec LFI
06:44parce qu'ils se disent, s'il y a une nouvelle dissolution dans un an,
06:48on sera bien obligé d'avoir un accord avec LFI pour se faire réélire
06:53parce que vous avez énormément de députés socialistes qui n'y arriveraient pas sans cela.
06:57Et c'est vrai que quand on regarde un petit peu les chiffres du PS,
07:00on voit bien qu'ils sont passés de 31 députés à 69 députés lors de cette législature-là,
07:05et c'est bien grâce à LFI.
07:07La stratégie d'LFI, elle est différente.
07:09La stratégie d'LFI, c'est de dire, finalement, tout ça est bien compliqué,
07:14tout ça ne sert pas à grand-chose,
07:16et on aurait plutôt intérêt à jouer la présidentielle
07:19parce qu'il ne faut jamais oublier que Jean-Luc Mélenchon est un révolutionnaire
07:24qui veut mettre le pays par-dessus tête.
07:26D'où ma question, est-ce qu'ils ont vraiment envie de gouverner
07:29ou de continuer justement à jouer ce rôle de ceux qui mettent le chaos ?
07:33Moi, je pense que LFI, non.
07:35LFI n'a en fait tout bien pesé.
07:38LFI pense que ce n'est pas la peine, qu'il vaut mieux aller à la présidentielle,
07:41donc ça ne peut pas se faire tout de suite.
07:42Mais c'est vrai que quand vous regardez les scores de Mélenchon,
07:45évidemment que ça lui donne de l'ambition
07:48parce qu'en 2022, il a quand même fait 22% des voix au premier tour.
07:54C'est quand même beaucoup.
07:55Et n'oubliez pas, Chirac, il a été élu président de la République
07:57en faisant au premier tour des scores qui étaient autour de 20%.
08:00Et pendant ce temps-là, dans quelques instants,
08:02on va parler de quoi ?
08:03De ce dernier Conseil des ministres,
08:05demain, avant la démission effective du gouvernement ?
08:07Ou pas, d'ailleurs ?
08:08On va se poser la question à tout de suite sur Europe.