Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du RN qui accuse Emmanuel MAcron de "coup d'État administratif".
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00:00On va juste écouter maintenant Marine Le Pen qui, elle ce matin, a estimé qu'Emmanuel Macron était en train de fomenter un coup d'État administratif
00:08par le biais d'un certain nombre de nominations, notamment préfectorales.
00:11On va en débattre dans un instant, on va juste écouter les mots qu'elle a employés ce matin.
00:16Quand je lis, encore une fois, qu'il existe des rumeurs comme quoi le Président de la République envisagerait demain, c'est-à-dire à quatre jours du second tour,
00:24de nommer le directeur général de la police nationale, alors qu'il devait rester jusqu'à la fin des JO, et le directeur de la gendarmerie nationale,
00:34et des dizaines de préfets, et toute une série de gens dont l'objectif serait de bloquer, d'empêcher, en réalité, Jordan Bardella de gouverner le pays comme il le souhaite,
00:46je me dis que c'est une forme de coup d'État administratif.
00:49Quand vous voulez contrer le vote des électeurs, le résultat des élections, en nommant des gens à vous,
00:55pour qu'ils vous empêchent, à l'intérieur de l'État, de pouvoir mener la politique que les Français veulent, je suis désolée, je ne sais pas comment vous appelez ça,
01:02moi j'appelle ça un coup d'État administratif.
01:04Voilà, pour Marine Le Pen, Louis de Raguenel, ce qu'elle conteste, c'est la nomination d'un certain nombre de, peut-être, préfets, de dirigeants de la haute fonction publique ?
01:14Voilà, en fait, chaque semaine en Conseil des ministres, le Président de la République a la possibilité de nommer des ambassadeurs, des préfets, des personnes à la Cour des Comptes, au Conseil d'État,
01:23donc ça c'est le pouvoir du Président de la République, et à chaque fois ça se fait sur proposition, je vais prendre l'exemple dont on parle, la question des préfets, ça se fait sur proposition du ministre de l'Intérieur.
01:33Ce qui est reproché à Emmanuel Macron, c'est pas tant d'organiser un mouvement comme il y en a quasiment à chaque été,
01:39en juin, juillet, notamment pour les militaires, parce que c'est plus simple pour l'organisation de la vie, de déménager pendant l'été,
01:46donc il y a des mouvements plutôt classiques qui sont organisés.
01:50Et là, c'est pas classique ?
01:51Alors, il y a une partie des préfets qui vont bouger, moi j'ai regardé la liste de noms, c'est des gens qui de toute façon auraient dû bouger, ça fait 3-4 ans qu'ils sont en poste, ils auraient dû bouger.
01:58Mais ce qui pose problème, et ce que pointe du doigt Marine Le Pen, c'est la nomination de préfets qui ont vraiment une dimension politique,
02:05c'est-à-dire qu'ils ont une proximité avec le chef de l'État, parce que ce sont des gens qui, par le passé, sont engagés politiquement,
02:10et même certains d'entre eux sont encore candidats aux élections législatives ou sont soupléants.
02:14Ce que soupçonne Marine Le Pen, c'est qu'Emmanuel Macron cherche à contraindre, à empêcher Jordan Bardella de mettre en place la politique pour laquelle il aurait été élu si Jordan Bardella...
02:27...était nommé Premier ministre avec la majorité absolue.
02:30Et donc c'est ça qui est gênant, et de fait, ça donne l'impression qu'Emmanuel Macron ne reconnaît pas sa défaite électorale, et qu'il cherche à conserver le pouvoir en dépit de sa défaite électorale.
02:41Michel Auboin, c'est une hérésie à un préfet qui fait de la politique ?
02:45Ce qui est sûr, c'est que depuis Napoléon III, les préfets ne font plus les élections, ils ne sont plus autorités sur les mers,
02:52donc il ne faut pas non plus surestimer le pouvoir des préfets. Dans l'épargnement, je parle à un sénateur, il voit de quoi je parle.
02:58Et puis, pour l'essentiel, quand même, les préfets sont des hauts fonctionnaires comme tout le monde,
03:02et les directeurs généraux de la police et les directeurs généraux de la gendarmerie encore plus.
03:06C'est-à-dire que dans leur carrière, ils ont vécu sous divers régimes, et ils vivront encore sous d'autres régimes,
03:13et je pense que la structure administrative qui est derrière, de toute façon, elle les empêcherait d'en sortir.
03:18Bon, Stéphane Nouradoulier sur ces nominations abruptes ?
03:21Il y a une forme peut-être de précipitation ou de panique. Il est clair qu'il aurait mieux valu respecter la respiration démocratique
03:28avant de faire des nominations, surtout si elles n'étaient pas anticipées, prévues en tant que telles.
03:34Maintenant, je ne pense pas que ça va avoir un effet sur l'organe administratif, sur le référendum.
03:41Donc pas de coup d'État pour vous ?
03:42Non, je pense que ça, c'est un peu exagéré.
03:45Quand vous faites ça, vous avez peur de perdre le pouvoir, et il y a une forme de refus de se soumettre aussi au verdict des urnes.
03:54Moi, c'est ça qui me gêne. Et en fait, si vous voulez, ça s'illustre de deux manières.
03:58Vous avez d'un côté une volonté politique de faire des accords totalement contre nature au nom de l'Union Nationale,
04:04où vous vous dites que vous allez faire un gouvernement du Parti communiste aux Républicains pour proposer un nouveau projet aux Français.
04:12Vous faites ça après avoir dit que vous redonniez la parole aux Français pour pouvoir les écouter.
04:16Pour clarifier le débat.
04:17Vous faites tout le contraire.
04:18Et parallèlement à cette espèce de magouille électorale dont parlent d'ailleurs les Français qui ont été interrogés par CNE,
04:24vous essayez de mettre en place un circuit parallèle au sein de l'État pour conserver le pouvoir et pour servir même de contre-système
04:32à la politique qui devrait être conduite par un nouveau gouvernement, éventuellement Hérène.
04:37S'il était choisi par les Français.
04:39C'est que quand vous regardez un préfet, quelle est sa mission ?
04:42Je parle sous votre contrôle, Monsieur le Préfet, mais vous êtes le représentant de l'État et du gouvernement.
04:46Vous n'êtes pas le représentant du Président de la République.
04:48Et donc vous êtes en charge d'appliquer la politique du gouvernement dans tous ses domaines.
04:53La police, le social, le développement économique, l'aménagement du territoire, le logement.
04:58Vous êtes une sorte de Premier ministre local.
05:00Et c'est ça qui est extrêmement gênant et c'est ça qui peut poser problème.
05:04Je pense que compte tenu de tout ce qu'on se raconte et du fait que ça émeut la classe politique,
05:09pas simplement le Rassemblement National.
05:11Il y a beaucoup de gens à gauche qui sont amortis par ça.
05:13Ce n'est pas certain qu'Emmanuel Macron, finalement, après des ministres, appuie sur le bouton.
05:18Parce qu'il vous a écouté, Louis Dangan.
05:22On a vu la capacité d'Emmanuel Macron à appuyer sur le bouton, donc je serais moins optimiste.
05:29Je suis au moins optimiste que vous.
05:31Non, mais c'est traduit un vrai problème avec la démocratie d'un certain centrisme autoritaire.
05:36Je pense qu'Emmanuel Macron et son camp ont l'impression qu'ils ont le monopole de la raison.
05:40En réalité, et au nom de la raison, il s'assoit sur la démocratie.
05:44En fait, depuis le début, il pense que les Français ont mal voté.
05:47Donc ils ont mal voté aux Européennes.
05:49Il leur laisse une nouvelle chance de se rattraper.
05:51Les Français, ils ne changent pas de diagnostic.
05:53Ils revotent.
05:55Troisième étape, on va mettre en place une forme de verrouillage administratif et peut-être aussi juridique.
06:02Je pense que c'est une vraie question.
06:04Dans la cohabitation, il va falloir cohabiter avec Emmanuel Macron,
06:08mais aussi avec Laurent Fabius, avec une forme de gouvernement des juges
06:13qui s'est arrogé un pouvoir qu'il n'aurait pas dû s'arroger.
06:17Que le politique lui a laissé s'arroger.
06:19Les juges devraient être la bouche de la loi.
06:23En réalité, ils n'ont pas de légitimité politique.
06:25Le monopole de la raison.
06:27Qui a le monopole du cœur ?
06:29Ça, c'est la vraie question.
06:31Je ne sais pas.
06:33Mais en tout cas, la démocratie est bien malmenée.
06:35Ne serait-ce qu'on a été privé généralement après une élection.
06:39Il y a quand même un moment pour se poser, pour faire l'analyse.
06:41On ne l'a pas eu après les Européennes.
06:43Là, on ne l'a pas eu entre les deux tours.
06:45J'espère qu'on l'aura après le...