Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Nicolas Corato, Luc Gras
Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio.
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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-07-01##
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NewsTranscription
00:00Le coup de botte, le coup de projecteur des vraies voies.
00:07Dans l'hypothèse où il serait arrivé en tête tandis que nous ne serions qu'en troisième position,
00:12nous retirerons notre candidature.
00:15En toutes circonstances, où que ce soit, et dans quelques cas que ce soit,
00:21notre consigne est simple, direct et clair, pas une voix, pas un siège de plus pour le RN.
00:28Notre consigne est simple, notre consigne est clair,
00:32toute votre énergie pour que le nouveau Front Populaire
00:36permette de réaliser l'union populaire, celle de la France elle-même.
00:41Jean-Luc Mélenchon était en première ligne hier pour commenter les résultats.
00:45Sa formation, la France Insoumise, devrait bien rester la première à gauche
00:48même si le PS a bien obtenu des circonscriptions avec le nouveau Front Populaire
00:52qu'avec la nulle paix, et c'était il y a, je vous rappelle, deux ans.
00:55Alors parlons vrai, le groupe de gauche le plus important dans la prochaine assemblée
01:00sera très probablement le groupe LFI.
01:02Est-ce que le PS est tombé dans un marché de dupes ?
01:05Est-ce que Mélenchon, en revenant sur le vent de la Seine,
01:07ne risque pas de servir de repoussoir pour le vote de second tour ?
01:11Et à cette question, Mélenchon a-t-il la main mise sur le nouveau Front Populaire ?
01:14Vous dites oui à 82%, vous voulez réagir ?
01:17Le 0826 300 300.
01:19Philippe Bilger sur cette question, est-ce que finalement,
01:23quand on a vu hier à la tribune Jean-Luc Mélenchon tout seul
01:28et les autres sur les plateaux télé, on se dit
01:30mais est-ce que finalement le Front Populaire, c'est pas Jean-Luc Mélenchon ?
01:33J'aurais tendance à le croire d'abord parce que j'estime qu'il a du talent,
01:39il a une très forte personnalité, il a beaucoup de culture,
01:43il a un sens du pouvoir et une passion de l'adomination.
01:47Une fois qu'on a dit ça, en même temps, voilà un homme
01:52qui me semble avoir été lui-même surpris par le résultat
01:57assez exceptionnel de la gauche unie hier.
02:01Et il semble avoir adopté un ton et un désir d'unité
02:06qui vont créer, me semble-t-il, moins de désordre
02:10durant cette campagne du deuxième tour.
02:13Et puis, troisième élément, j'essaye d'avoir le sens du ridicule
02:18et quand j'entends Françoise Deguas hier soir, Nicolas aujourd'hui...
02:23Pourquoi vous vous montrez du doigt quand vous parlez de Françoise Deguas ?
02:26Non, pensez rigoureusement la même chose.
02:29Alors que vous connaissez évidemment les arcanes socialistes
02:34et peut-être même que Luc sera d'accord avec vous,
02:38je n'ai pas envie, péremptoirement, de dire le contraire
02:43alors que vous êtes totalement libre, puisque vous êtes à dessus de radio,
02:48de dire ce qu'on pensait.
02:50Moi je ne voudrais pas paraphraser la phrase de Voltaire
02:54« gardez-moi de mes ennemis, mes ennemis je m'en occupe ».
02:57Mais ce Jean-Luc Mélenchon, il est intéressant parce que c'est un personnage romanesque.
03:02C'est-à-dire que c'est un excellent tribun, il n'y en a plus beaucoup.
03:04Moi j'en ai connu beaucoup à l'Assemblée nationale, il y a quelques années,
03:07il n'y en a plus beaucoup.
03:08C'est un personnage romanesque, mais je m'interroge par rapport à lui,
03:11pourquoi il gâche à ce point ses talents ?
03:13Parce qu'en réalité, s'il avait été vraiment politique,
03:16il n'aurait pas mis la jeune femme avec le keffier à côté de lui,
03:19il aurait fait une tribune avec Glucksmann, Dandelier, Bompard et j'en oublie.
03:26Et donc ils auraient fait quelque chose de collectif.
03:29S'il avait vraiment envie d'accéder au pouvoir, c'est pourquoi je me demande
03:33si au-delà du personnage romanesque, il veut véritablement le pouvoir en 2024,
03:37sachant que la mère des batailles, ce sera la prochaine présidentielle, peut-être en 2027.
03:41Et je finis sur le point que celui qui perdra entre le RN et le Nouveau Front Populaire en 2024
03:47a des chances d'être le recours la fois d'après.
03:51Françoise de Goy.
03:52Oui, Nicolas Corato.
03:54Vous voulez qu'on fasse une imitation de Françoise de Goy ?
03:56Elle est inimitable.
03:58Ils ont chacun leur personnalité.
04:00On l'embrasse.
04:01Elle sera là demain d'ailleurs.
04:02Je pense que, si vous voulez, ce sujet passe à des années-lumière au-dessus de la tête
04:08de tous les sympathisants de gauche aujourd'hui.
04:12Et que c'est ce qui explique aussi pourquoi Jean-Luc Mélenchon
04:16est obligé de faire comme les autres, c'est-à-dire d'être excessivement clair,
04:21de finalement mettre ses ambitions dans la poche, non pas parce qu'il n'en a plus,
04:26mais parce que personne ne permet à aucun chef à plume de la majorité
04:32de sortir aujourd'hui du rail dans lequel ils sont.
04:36Je le redis, pour la gauche et les peuples de gauche,
04:39ce qui est en train de se passer est un effondrement.
04:41Et donc personne n'acceptera que les uns et les autres puissent se déchirer
04:46ou avoir un papier de cigarette entre eux.
04:51Et en cela, j'ai trouvé, on peut le remarquer, que la netteté des consignes
04:56données par les uns et les autres, y compris par M. Mélenchon,
05:00contrastait énormément avec, vous vous souvenez, l'ambiguïté qui avait pu y avoir
05:04en 2022 autour des consignes de vote, ou en 2017, où ça lui avait été encore plus reproché.
05:10Je pense que Jean-Luc Mélenchon, comme les autres, a compris que maintenant,
05:15il ne fallait plus déconner.
05:17Et j'ajoute un point, c'est que cet épisode fait aussi apparaître,
05:21parce que vous disiez qui est le chef, c'est vraiment pas le sujet,
05:23mais il faut aussi apparaître des personnalités politiques qui sont en train de crever l'écran
05:27et, à mon avis, qui sont en train de faire l'histoire de la gauche à ce moment-là.
05:31Je pense notamment à Marine Tondelier, qui se révèle,
05:33qui est en train de devenir une égérie de la gauche,
05:36et à mon avis qui aura, dans les années à venir, énormément de poids,
05:40et en tout cas, symboliquement, qui aura été à la hauteur de l'histoire
05:43et à la hauteur de ce qui arrive au pays.
05:46Et puis, une surprise, Olivier Faure, qu'on n'attendait pas,
05:49comme un tribun et comme un orateur,
05:51et qui hier soir, par exemple, à Place de la République,
05:54a énormément marqué les gens qui étaient là
05:56et qui n'étaient pas complètement les plus militants ou les plus pro-PS.
06:00Donc, il se passe des choses à gauche, mais à la limite, c'est pas le sujet.
06:03Le sujet, c'est ce qui se passe dans le pays.
06:05Luc Grand.
06:06Deux petites observations, rapidement.
06:08Madame Tondelier a joué un rôle très important dans les accords
06:11entre différentes branches du Nouveau Front Populaire.
06:16Notamment, c'est elle qui a permis que LFI puisse s'accorder
06:20avec les autres familles politiques.
06:22Donc, elle a joué un rôle, dès l'origine, du Nouveau Front Populaire.
06:25La deuxième chose, il ne faut pas oublier qu'en application de la Constitution,
06:28c'est le Président de la République qui choisit, qui nomme le Premier ministre.
06:32Et donc, ça donne encore, quand même, un peu de possibilité pour le Président
06:36de jouer des différentes rivalités qui pourraient y avoir dans ce camp.
06:41Est-ce que vous pensez, Nicolas, que ce que vous avez décrit,
06:45je l'admets bien volontiers, est-ce que ça dépassera le second tour ?
06:50Je veux dire, par là, est-ce que c'est quelque chose qui va
06:54réellement, profondément, transformer le camp de gauche et d'extrême gauche ?
07:01Est-ce que, après le deuxième tour, les tensions et les ambitions personnelles
07:07ne prendront pas la relève ?
07:09Est-ce que jouer collectif peut être de gauche ?
07:12Encore une fois, cher camarade, si je peux utiliser ce terme,
07:16il faut que vous ayez en tête que, pour la plupart des sympathisants
07:20et des électeurs de gauche, dimanche soir, la République peut s'arrêter.
07:25Donc le sujet, ce n'est pas ce qui se passe après, c'est ce qui se passe dimanche.
07:31Et c'est pour ça que l'électorat à gauche est extrêmement concentré.
07:35Mais la question, c'est après.
07:38Ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui, et je ne dis pas ça.
07:40Ce n'est pas politiquement correct, c'est véritablement ressenti.
07:44Mettez-vous à la place une fois dans votre vie d'un électeur de gauche
07:47qui a toujours voté à gauche, ce qui se passe aujourd'hui dans le pays
07:51fait que dimanche soir, tout peut s'arrêter quand on est de gauche.
07:55L'après, il a déjà été évoqué hier soir, mais il n'a pas été évoqué
07:59nécessairement par les partis politiques, il est évoqué par les syndicats.
08:03Et la France d'après le RN au pouvoir, effectivement, va dépasser très clairement
08:08ces petites histoires d'appareils politiques et de rapports entre formations politiques.
08:12Il va être question de mouvement social, très clairement.
08:16Il va être question de mouvement social, ça a déjà été évoqué.
08:19C'est ça l'après, éventuellement.
08:21Mais dans l'esprit et l'imaginaire du peuple de gauche,
08:25toute l'énergie est concentrée sur ce qui se passe dimanche,
08:28parce que dimanche, tout peut s'arrêter.
08:30Heureusement que vous parlez d'imaginaire du peuple de gauche, Nicolas,
08:38parce que tout de même venir nous dire que dimanche soir, la République peut s'arrêter,
08:44c'est l'imaginaire !
08:46Et c'est ce qui explique aussi les comportements d'indifférents par rapport à ces sujets.
08:51Pardon Luc, j'ai juste une question très personnelle, Nicolas.
08:57J'ai le bonheur, grâce au Vrai Voix et d'autres fois,
09:01de vous voir à intervalles réguliers depuis quelques années.
09:06Et j'ai l'impression que ces derniers mois, vous vous êtes vous-même,
09:11comment dire, très durci sur le plan de l'idéologie.
09:16Est-ce que c'est la peur du rassemblement national,
09:19ou est-ce que c'est tout simplement...
09:22Alors mon cher Philippe, nous nous connaissons depuis beaucoup d'années,
09:26et ça fait très longtemps que vous me dites que je me radicalise.
09:29C'est-à-dire que si je vous écoute, ça fait pas quelques mois, ça fait plusieurs années.
09:34Vous m'avez déjà fait cette réflexion.
09:36Mais au-delà de mon cas personnel qui importe peu,
09:39c'est pas une question de radicalisation ou idéologique.
09:42Quand je dis que nous avons peur que la République s'arrête dimanche,
09:45pas parce que nous sommes des anti-républicains,
09:47nous accepterons comme d'autres le sort des urnes,
09:50mais c'est le ressenti, cette peur de l'effondrement,
09:54cette inquiétude, ce vertige qui nous saisit.
09:57C'est ça qu'il faut comprendre, c'est pour ça.
09:59J'essaye de mettre ça en balance avec, finalement, ces histoires d'appareils
10:03qui n'intéressent plus du tout les gens à gauche,
10:06et je vais même dire, ça a été compris par les chefs.
10:09Moi j'ai l'impression que là-dessus, en tout cas jusqu'à dimanche...
10:12Mais moi je trouve que c'est d'une manière relativement habile de votre part,
10:16ce qui ne m'étonne pas, de corneriser totalement Jean-Luc Mélenchon.
10:20C'est-à-dire que vous êtes en train de dire que c'est tellement grave
10:23que les questions de personnes ne sont pas à mettre sur la table,
10:26et pourtant Jean-Luc Mélenchon, il est un sujet pour la gauche.
10:29Et je trouvais la question de Philippe extrêmement pertinente,
10:34c'est-à-dire que la gauche, dans son essence, dans son ADN,
10:38ne peut exister qu'à partir d'une vision collective pour la société,
10:43mais aussi en son fonctionnement interne.
10:45Donc la question elle est simple, c'est est-ce que, de ce que vous en connaissez,
10:49est-ce que vous croyez que la gauche d'aujourd'hui
10:51porte en elle une cohésion qui lui permettra après de jouer collectif ?
10:56Oui, je le crois.
10:57Merci mon père.
10:59Et je pense que c'est utile, et c'est utile à tout le pays.
11:01Et je pense que la gauche est très utile à tout le pays aujourd'hui.
11:04C'est évident qu'en démocratie, la droite et la gauche sont utiles au débat démocratique.
11:08Allez, Philippe David.
11:09Une question, avec l'élection du président de la République au suffrage universel direct,
11:13il faut une tête, il faut une incarnation.
11:16Alors que ce soit Mélenchon ou quelqu'un d'autre, il faudra une tête, non ?
11:20Mais c'est parce que vous êtes de droite mon cher Philippe, nous à gauche.
11:23Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que je suis de droite ?
11:25Qu'est-ce qui vous permet de dire que je suis un homme ?
11:29Mon cher Philippe.
11:30Tout le monde est à droite avec ce souci.
11:32C'est une question vieille comme la gauche.
11:35On a toujours demandé à la gauche de l'incarnation, de désigner un chef.
11:39C'est pas la culture de la gauche de désigner un chef.
11:41C'est pas la culture de la gauche.
11:43Ça lui a fait beaucoup de tort.
11:44Quand elle a réussi à avoir un chef, il a été plus qu'un chef.
11:49Mais souvenez-vous le mal qu'a eu François Mitterrand à s'imposer dans son propre camp.
11:54Il a tué tout le monde.
11:55Oui mais avant ça il a été minoritaire, il a été lui-même cornerisé,
11:59il a eu une longue traversée du désert.
12:01La gauche n'aime pas les aventures personnelles.
12:04Ni les aventuriers.
12:05Nicolas Corrado, c'est quoi la ligne aujourd'hui ?
12:08Parce que ça c'est important pour ceux qui nous écoutent
12:12et qui n'ont peut-être jamais voté à gauche, qui ne veulent pas voter pour l'ORN.
12:15Il faut qu'ils essayent, c'est sympa.
12:18Comme on dit aujourd'hui, c'est une expérience.
12:20C'est ça, on veut voir des expériences.
12:21Ça fait même du bien.
12:22À part écouter ce que dit beaucoup La France Insoumise,
12:25la ligne c'est quoi ?
12:26Parce que forcément c'est un peu flou entre les écolos, le PC, le PS
12:32et finalement La France Insoumise.
12:34C'est un programme de combat pour passer deux ans au pouvoir
12:38et faire en sorte qu'en 2027 l'ORN ne gagne pas.
12:42Donc bien entendu il y a des sujets qui sont mis de côté.
12:45Pourquoi les deux ans c'est trois ?
12:47Oui alors c'est parce que le temps passe vite.
12:49Je ne comprenais pas les deux ans.
12:51Je ne suis pas en votre compagnie.
12:53Non, c'est un programme de combat, c'est un programme de transition,
12:57c'est un programme qui met de côté des arbitrages importants,
13:00par exemple sur le nucléaire.
13:01Mais l'idée étant de se dire, en ces quelques mois de toute façon
13:04on ne pourra pas reprendre une politique énergétique.
13:06Donc oui, il faut reconnaître qu'il y a dans ce programme des impensées
13:10puis aussi des choses qui sont pensées mais qui sont mises de côté
13:12pour pouvoir créer l'union.
13:13Sciemment.
13:14Mais c'est un programme d'urgence.
13:16C'est une urgence pour la nation.
13:18Voilà comment a été construit ce programme.
13:20Le débat à gauche ensuite, ne vous inquiétez pas.
13:22Comptez sur nous, comptez sur eux.
13:24Il aura lieu, on le fera.
13:26Mais là, ce n'est pas le moment.
13:28Moi je veux dire qu'il n'y ait pas d'unité formelle
13:31n'est pas forcément un obstacle en politique.
13:33Parce qu'en politique il y a deux choses.
13:35Il y a la vision, long terme,
13:37mais il y a aussi effectivement une forme de pragmatisme.
13:40Donc on peut supposer qu'à ce stade-là il y a des choses qu'on ne peut pas dire.
13:43On ne peut pas dire que Jean-Luc Mélenchon sera écarté
13:46parce que ce n'est pas possible.
13:48C'est tout simplement qu'il est encore trop puissant.
13:50Mais les faits et l'histoire peuvent peut-être avancer
13:53et c'est en avançant que le paysage se découvre.
13:55Donc ça pourrait paraître un peu amateur
13:58ce que vous dites, cher ami,
14:00de dire on n'a pas de leader, on n'a pas de programme,
14:02on met des impasses partout, etc.
14:04Et pourtant en politique, certains ont réussi ainsi.
14:06En tout cas, ce que je crois, Nicolas,
14:08et là je vous rejoins,
14:10je ne sais pas si Jean-Luc Mélenchon est sur la touche,
14:13je ne le crois pas,
14:15mais en tout cas il est moins prioritaire pour 2027,
14:18ça c'est très clair.
14:20Merci en tout cas, messieurs, d'avoir été avec nous.
14:23On est très contents de cette émission avec vous.
14:27Merci beaucoup Philippe Ligère, merci Nicolas Corrato,
14:29merci beaucoup Luc Gras.
14:31Et dans un instant...