Les candidats sont-ils devenus des influenceurs?

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Transcript

00:00Les vraies voies Sud Radio, le code projecteur des vraies voies.

00:04Salut jeune entrepreneur, je m'appelle Marine Schiappa et j'arrive sur TikTok.

00:09Bienvenue dans cette ASMR.

00:13Nouveaux fonds populaires.

00:14Augmentation du speed à 1600 euros.

00:17Oui, bonjour Kylian, c'est Emmanuel Macron à l'appareil.

00:21Vous êtes en haut-parleur ? Je suis avec Macphail et Carlito là.

00:25Oh profitez-en pour appuyer si vous le voulez aussi sur la petite cloche,

00:27vous recevrez ainsi les notifications des prochaines vidéos,

00:29c'est quand même plus pratique pour vous.

00:31Story à peine j'atterris.

00:33Fais des vues, dis des trucs débiles.

00:35Merci les conventions pour les filles.

00:37Addiction face aux chiffres qui défilent.

00:39Quel plaisir d'être enfin devenu...

00:41Influenceur.

00:43Et donc, ils mènent leur compagne avec les codes des réseaux sociaux.

00:47Selon leurs opposants, ils tiktotisent et par conséquent affaiblissent le discours politique.

00:52Leurs partisans répondent que ces nouveaux influenceurs politiques

00:55s'adaptent simplement à l'époque actuelle pour mieux atteindre

00:58les jeunes générations à une tendance électorale

01:00où finalement la forme prime peut-être sur le fond.

01:03Alors parlons vrai, est-ce que les jeunes candidats s'imposent

01:06grâce à l'utilisation des médias de leur époque ?

01:09Est-ce que c'est un leurre, les jeunes votant moins que les personnes plus âgées ?

01:13Et à cette question, les candidats sont-ils devenus des influenceurs ?

01:16Vous dites oui à 67%, vous voulez réagir le 0826 300 300.

01:21Philippe Bilget, ces jeunes générations de politiques

01:26utilisent forcément les moyens techniques de l'époque ?

01:30Alors, je pourrais dire que les réseaux sociaux et TikTok en particulier

01:36ont créé une classe politique qui leur ressemble.

01:39Mais je voudrais nuancer, approfondir mon propos et dire que

01:46au fond, je me demande si cette jeune classe politique

01:50n'a pas d'une certaine manière créé les moyens de communication

01:55qui correspondent à son inculture et à sa pauvreté du langage.

02:00C'est une question que je pose à mes amis.

02:03Michel Sanouna.

02:05Je pense qu'il y a toujours eu un contact entre la politique et les médias.

02:10C'est naturel, puisqu'un homme politique ne pouvant parler à tous les citoyens auxquels il s'adresse,

02:14il a besoin de parler à des moyens de communication

02:18qui sont sa médiation avec un public plus large.

02:20Aujourd'hui, il se trouve que c'est les réseaux sociaux, les influenceurs, etc.

02:23Donc ce n'est pas condamnable en soi.

02:25Ce qui est condamnable, c'est le niveau auquel ça baisse les hommes politiques dans ces médias.

02:31Et c'est là que je condamne une espèce d'inversion.

02:33C'est qu'auparavant, l'homme politique était une espèce d'homme supérieurement intelligent,

02:38d'une grande classe, d'une éducation supérieure.

02:40Et on demandait aux gens de s'élever jusqu'à ce niveau,

02:43parce qu'on les considérait dignes de s'élever jusqu'à ce niveau-là.

02:47Et je trouvais ça bien.

02:48Et aujourd'hui, on a une inversion totale.

02:50C'est-à-dire que c'est le politique qui rejoint le peuple

02:52dans ses travers les plus médiocres et dans ses aspirations les plus basses.

02:56Il plonge dans la fange en permanence.

02:58Quand je vois Emmanuel Macron qui a invité McFly et Carlito à l'Élysée,

03:01et je vous dis ça, ça sent que moi j'aime bien McFly et Carlito.

03:04Je regarde leurs vidéos, ça me fait marrer.

03:06Je n'ai pas envie de les voir à l'Élysée.

03:08Ça, je trouve ça désolant.

03:10René Chichot.

03:11Mais c'est-à-dire que la politique, aujourd'hui, c'est devenu un spectacle.

03:15Et donc ces outils de réseaux sociaux comme TikTok...

03:18Oh, ça a toujours été un peu un spectacle.

03:19Oui, mais là, de plus en plus.

03:21C'est devenu de plus en plus justement un spectacle.

03:23Et ces outils permettent justement en même temps de diffuser des petits spectacles.

03:27Des petits spectacles qui sont un peu courts.

03:29Ils se mettent en scène, en différentes scènes, etc.

03:31Effectivement, ça permet peut-être de toucher une certaine partie de la jeunesse.

03:34D'abord, il n'y a pas que des jeunes candidats

03:36ou des jeunes hommes politiques qui utilisent les réseaux sociaux.

03:39En l'occurrence, on parle de TikTok, mais on parle d'autres...

03:41Vous savez par exemple que même Éric Zemmour, voire même François Asselineau,

03:44ont beaucoup de followers sur les réseaux sociaux.

03:49Mais alors justement, ça soulève un autre débat.

03:52C'est que ce n'est pas parce qu'on a tellement de followers ou de suiveurs sur ces réseaux sociaux

03:57que ça apporte des votes.

03:59Parce que Zemmour et Asselineau n'ont pas vu leur nombre de followers

04:04se concrétiser dans les urnes.

04:06Donc c'est aussi un autre...

04:07Est-ce que justement le fait d'utiliser ces réseaux sociaux...

04:11C'est pour ça que je dis que c'est un spectacle maintenant pour les jeunes,

04:13ou peut-être même les moins jeunes aussi.

04:15Ils regardent ça comme un spectacle, comme on peut regarder pourquoi pas

04:17une autre vidéo d'autre chose.

04:19On voit l'homme politique, Bardella, qui fait un petit discours avec des jeunes.

04:23Macron, comme l'a dit Mickaël.

04:25Donc c'est ça.

04:26Aujourd'hui, c'est tellement ancré dans la vie quotidienne, en plus des gens,

04:29tous ces réseaux sociaux, desquels je ne suis pas très frayant personnellement.

04:32Eh bien, la politique s'en sert à juste ou mauvaise idée, je ne sais pas.

04:37Je voudrais approfondir, si c'est possible...

04:40Décidément, c'est la soirée.

04:44En l'occurrence, parce que je crois que c'est ce qui me frappe aujourd'hui,

04:48et peut-être que c'est des conclusions trop générales,

04:51j'ai l'impression que les réseaux sociaux et l'attitude des jeunes politiques

04:56relèvent plutôt que du spectacle, d'activités ludiques.

05:01Je pense sans arrêt à ce que disait le général de Gaulle de Giscard d'Estaing,

05:07il ne sait pas que l'histoire est tragique.

05:10En réalité, j'ai l'impression que les politiques, les jeunes, sans culture, sans langage,

05:16ne savent pas que la politique est tragique.

05:19Et c'est du jeu. La dissolution, c'est du jeu, malheureusement.

05:24Mais je voulais revenir sur le côté...

05:27Est-ce que aujourd'hui, les chefs de partis ont des photographes qui les suivent ?

05:32Il y a des photos qui sont très léchées, postées sur les réseaux sociaux.

05:36Avant, une photo d'un chef d'Etat, dans nos années, il y a 15, 20, 30 ans,

05:41c'était une photo officielle, on posait sur le canapé avec son épouse, ou pas.

05:46Aujourd'hui, ils sont suivis, on sent que les photos...

05:49Emmanuel Macron, souvenez-vous de cette photo, dans le canapé, avec le torse ouvert.

05:54On est vraiment sur la forme et moins sur le fond.

05:57Il y a forme, d'abord, en effet...

06:00Sur le physique, en plus.

06:02Des politologues l'ont dit, le fond intéresse moins.

06:06C'est la forme, comme vous le dites très bien, qui a de l'importance.

06:10Et d'autre part, il se trompe ces gens qui croient qu'une forme de débraillé,

06:16même élégant, plaît au peuple.

06:18Moi, je pense que c'est l'inverse.

06:20Un homme ou une femme politique qui remettrait de la tenue sans être empesée

06:26aurait un succès fort.

06:29Justement, absolument...

06:31Ce que fait Barnet, d'ailleurs, il est toujours en coosting, tiré à quatre épingles.

06:34Et ce que vous disiez, Philippe, activités ludiques, spectacles, ça se rejoint un peu.

06:38Exactement, bien sûr.

06:40Mais justement, avant les réseaux sociaux, ça a quand même commencé,

06:43tout ça, quand même, sous Sarkozy.

06:45Ah si, c'est Sarkozy qui a commencé !

06:48Attendez, excusez-moi, je peux terminer quand même ?

06:50Parce que là, sinon, on m'interrompt tous les deux secondes.

06:53C'est Sarkozy qui a commencé !

06:56C'est Sarkozy qui a quand même instauré

06:59cet politique spectacle.

07:01Souvenez-vous de Sarkozy, courant en jogging,

07:03montant les 4 marges de l'Elysée avec son t-shirt.

07:05C'est lui qui a commencé avec...

07:07Vous vous souvenez ?

07:09Ça s'était très progressivement.

07:11Non, mais attendez, c'est lui qui a commencé.

07:14Et à l'époque, les réseaux sociaux, comme d'ailleurs Twitter, TikTok,

07:17n'étaient pas, d'ailleurs, n'existaient même pas, je crois, en 2007.

07:20Facebook venait à peine de démarrer.

07:21Non, c'était l'émergence de chaînes d'infos, etc.

07:23Non, non, non, je ne parle pas de ça.

07:25Je ne parle pas de chaînes d'infos, je parle de...

07:27Vous n'avez pas compris que je parle de l'utilisation

07:30par les hommes politiques des moyens de communication

07:33qu'ils avaient à l'époque sous leurs mains.

07:36En l'occurrence, Sarkozy, c'était un peu les photos people.

07:38Pour moi, ça a commencé, et je vais te dire même,

07:40parce que je connais très bien l'entreprise,

07:42ça a commencé avec les communicants d'Avast,

07:44qui ont fait la campagne de Mitterrand en 80,

07:46qui étaient des fans de Kennedy,

07:48et qui ont mis la communication au centre de la politique.

07:52Oui, mais c'était pas le même, c'est pas la même chose !

07:55Non, pas du tout !

07:57D'ailleurs, c'est Sarkozy et son équipe de communicants

08:00qui ont fait les photos.

08:02C'est Sarkozy et son équipe de communicants

08:04qui se sont inspirés de Kennedy avec la fameuse photo

08:06de Kennedy avec le petit enfant sous son bureau.

08:08René, laissez-le parler !

08:10Ça a commencé bien avant, je le redis,

08:12dans les années 70 et 80.

08:14La seule chose qui a changé,

08:16et qui a changé de manière drastique,

08:17c'est qu'aujourd'hui, la capacité à produire de l'image

08:19est beaucoup plus massive.

08:21L'utilisation de l'image a toujours existé.

08:23Napoléon se faisait portraiter par Jacques-Louis David

08:25avec une tête plutôt beau gosse,

08:27parce que ça servait son image.

08:29Mais ce qui a changé aujourd'hui,

08:31c'est que la capacité à produire de l'image

08:32est beaucoup plus massive,

08:33parce qu'on peut le faire simplement avec son smartphone,

08:35et que demain, avec l'intelligence artificielle,

08:37ce sera encore plus massif.

08:39Donc, ça n'est pas une différence de nature,

08:41c'est une différence de données.

08:43Là où René a raison,

08:45peut-être que vous n'êtes pas sur le même terrain.

08:48Toi, tu es sur la politique tout même,

08:50qui n'est pas du niveau basique.

08:52Il y avait une forme de vulgarité,

08:55à commencer en 2007.

08:58Mais oui !

08:59Alors, ce n'est pas totalement incompatible.

09:01Excusez-moi.

09:02Est-ce que Jacques Chirac n'était pas dans une forme de normalité aussi,

09:05de communication directe avec les gens ?

09:07Quand il avait chosé coucher par terre

09:09en écoutant du Madonna sur un baladeur,

09:11dans les années 80 ?

09:12C'était une fois, Chirac.

09:14Quand il jouait au foot, nous l'attendions.

09:16Mais ça, c'était une fois.

09:18Ce n'était pas systématique.

09:20Sarkozy a même commencé quand il était mis sur l'intérieur.

09:24Je peux terminer ?

09:26Sarkozy a commencé quand il était mis sur l'intérieur,

09:29avec cette fameuse photo de lui avec son petit enfant Louis sous le bureau,

09:32totalement inspirée de la photo de Kennedy.

09:34C'est lui qui a commencé.

09:35Mais ce n'est pas une critique que je fais.

09:37Je constate qu'il a utilisé tout de suite les moyens qu'il avait sous sa main.

09:40Il me semble que singulariser sur Sarkozy,

09:42c'est ignorer que le phénomène s'est étendu partout dans la planète.

09:44Ce n'est pas Sarkozy qui a lancé ça à un moment donné.

09:46Simplement qu'il y a une production d'images,

09:49une demande du public, une démocratisation.

09:51Peut-être que c'est l'un des premiers,

09:53pour aller dans le sens de Ronny Fich,

09:55qui s'est vraiment mis en scène.

09:56C'est vrai que le jogging avec le tee-shirt,

09:58les lunettes Ray-Ban, le côté.

10:00Le jogging, le vélo.

10:02Il avait mis du chewing-gum devant le pape.

10:05Il avait même mis en scène sa liaison avec Carla Bruni,

10:09lorsqu'il était en Égypte avec le petit enfant sur les épaules.

10:12C'était un genre d'ami.

10:13Qu'est-ce que j'ai dit ?

10:14En Égypte.

10:15Ah pardon, excusez-moi.

10:16C'était à Disneyland Paris.

10:22C'est vrai, c'était à Disneyland.

10:23Bravo.

10:24Avant la Jordanie.

10:25Ah si, c'était à Disneyland Paris avec le petit sur les épaules.

10:27On ne va pas non plus faire un débat sur...

10:29Si jamais je peux avoir raison une fois dans cette histoire.

10:33Dans l'autre sens, on peut dire que si les politiques sont devenus des influenceurs,

10:36il y a quelque chose qui est aussi préoccupant,

10:37c'est que les influenceurs deviennent des politiques.

10:39On l'a vu, le débat entre Squeezie et Bardella.

10:41On voit que Thibaud Michel veut devenir ministre du sport.

10:43Enfin, c'est tout un truc.

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