LÉGISLATIVES - Marine Tondelier est l'invitée de Yves Calvi
J-3 avant le premier tour des élections législatives anticipées : écoutez l'interview de Marine Tondelier, secrétaire nationale Europe Écologie-Les Verts.
Regardez L'invité d'Yves Calvi avec Yves Calvi du 27 juin 2024.
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00:00Amandine Bégaud et Yves Calvi, RTL Matin, jusqu'à 10h.
00:05Bonjour Marine Tendelier. Bonjour. Merci de nous rejoindre dans la matinale d'RTL.
00:08Vous êtes secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, l'une des composantes du nouveau Front Populaire.
00:13Jean-Luc Mélenchon continue de faire du bruit alors que votre alliance PS-Écologistes-France Insoumise
00:19publie un clip très amusant où vous chuchotez pour nous faire tendre l'oreille sur vos thèmes de campagne. On l'écoute.
00:24Augmentation du SMEC à 1600 euros.
00:28Blocage des prix des produits de première nécessité. Abrogation de la réforme des retraites à 64 ans.
00:35Est-ce qu'il vous arrive de vous dire que vous seriez mieux sans lui ? Je vous parle de Mélenchon.
00:38Je m'en fous en fait. Ah oui ? Ah moi j'en ai ras-le-bol des quelques personnes. C'est derrière vous ?
00:42Je pense qu'on est dans un moment historique pour la France. Je pense qu'il y a 3,3 millions de binationaux dans ce pays
00:47qui se demandent s'ils pourront encore occuper l'emploi qu'ils occupent après l'élection législative.
00:52Je pense qu'on va peut-être basculer avec un Premier ministre d'extrême droite.
00:55Et je sais ce que ça veut dire pour les 50% de femmes de ce pays, ce que ça veut dire pour les personnes racisées
00:59qui m'expliquent tout au long des journées de campagne qu'on fait qu'ils ont peur pour leurs enfants et pour leur avenir.
01:04Hier encore, quelqu'un, un électeur revendiqué du RN a foncé en voiture sur un chauffeur de bus
01:09parce qu'il ne voulait pas lui laisser sa place pour son bus scolaire sur l'emplacement réservé sur lequel il était garé
01:14en lui disant, je cite, « J'en ai marre des gens comme vous, Bougnoul, Renoy, moi je vote RN, je vais te tuer,
01:19je vais te massacrer, je vais vous éradiquer. »
01:21Donc franchement, j'ai du mal à m'intéresser à autre chose que ça, à l'avenir de notre pays
01:26et à ce qu'on va mettre en place pour changer la vie des Français.
01:30Pardonnez-moi, mais à chaque fois qu'il prend la parole, la gauche, j'ai envie de vous dire,
01:33ouverte et écologiste perd des voix.
01:35Oui, mais en fait, il a l'importance que vous lui donnez.
01:37C'est-à-dire que j'ai l'impression que beaucoup de gens aiment aussi parler de lui.
01:40Vous savez, on peut parler des ambiances de campagne.
01:42Chez les macronistes, les ministres et les députés ne parlent plus au Président de la République.
01:46Au RN, vous soulevez un caillou, vous avez 15 propos racistes, antisémites,
01:51à tel point que certains de leurs candidats ont même fermé leurs réseaux sociaux
01:54pour ne pas qu'on puisse aller plonger trop au fond dans leur historique.
01:57Donc vous voyez, on peut décider de parler de Jean-Luc Mélenchon,
02:00moi j'ai envie de parler du programme qu'on défend pour la France et pour changer la vie des Français.
02:04Vraiment, puis des Françaises aussi, qui, comme je viens de le dire, sont 50% de la population.
02:07Vous avez vous-même affirmé qu'il ne serait pas Premier ministre,
02:09mais lui continue d'expliquer qu'il se sent capable.
02:11Pourquoi cette ambiguïté ?
02:13Est-ce qu'il parasite votre campagne ?
02:15Oui, c'est la troisième question à laquelle je dis qu'en plus je n'ai pas envie de répondre.
02:18Mais j'ai répondu très clairement tout ce que j'avais à dire, je l'ai dit.
02:21Jean-Luc Mélenchon, il a le droit de se sentir capable, sans doute que d'ailleurs il l'est.
02:24Nous, on a le droit de penser, comme l'entièreté du Front Populaire,
02:27qu'il y a d'autres idées meilleures de Premier ministre que lui.
02:30Moi, j'ai mis quatre critères.
02:31Pour moi, le Premier ministre du Front Populaire, parce que nous allons gagner,
02:34doit être quelqu'un de consensuel au sein du Front Populaire,
02:36doit être quelqu'un d'expérimenté et de compétent,
02:38doit être quelqu'un qui porte avec sincérité l'entièreté de notre programme,
02:41et doit être quelqu'un qui est capable d'apaiser le pays.
02:45Parce que ce pays en a grand besoin.
02:46Alors, la personne qui était dans le studio avant moi,
02:48je ne pense pas, par exemple, qu'elle remplisse ces critères.
02:50Je pense que Jean-Luc Mélenchon, pour d'autres raisons non plus.
02:53Et il y a, au sein du nouveau Front Populaire,
02:55des tas de femmes et d'hommes compétents qui peuvent aussi aspirer à ce poste.
03:00Et comme on va trouver la solution au consensus,
03:02c'est comme ça que nous avons dit que nous ferions,
03:04voilà, on le fera bien.
03:05Mais vous savez, ça ne sert à rien de se tordre sur les méninges maintenant.
03:07Donc, vous n'avez pas de candidate ou de candidat spécifique au moment où nous parlons ?
03:10Et moi, je vais vous dire, je n'ai pas participé au défilé
03:12des gens qui s'auto-proclament candidats tous les matins.
03:14Je trouve ça assez ridicule, on a autre chose à faire.
03:15Alors, oublions Jean-Luc Mélenchon.
03:17Vous avez écrit aux responsables de la majorité,
03:19vous y affirmez qu'en cas de triangulaire,
03:21les écologistes, arrivés en troisième position au soir du premier tour des législatives,
03:25se retireront pour faire barrage au Rassemblement National.
03:28Vous avez eu une réponse ?
03:29Eh bien, pas encore.
03:30Mais je pense qu'ils sont en train de mettre en page bien leur courrier de réponse
03:33pour dire que, bien sûr, ils vont me recevoir et que, bien sûr, on va en parler.
03:36Parce que, je vous le dis, au centre, à droite,
03:39on a des personnes qui s'auto-proclament humanistes, démocrates, républicaines,
03:43qui, d'ailleurs, décernent des points de Dark Républicain à tout le monde la longueur de semaine.
03:47Et donc, je n'ose imaginer que, dans un moment aussi terrible que celui que nous vivons,
03:51ils ne soient pas à la hauteur de l'histoire.
03:52D'ailleurs, l'histoire les jugerait sinon et pas en bien.
03:54Et donc, voilà, je ne vois pas ce qu'ils peuvent faire d'autre que d'appliquer le principe
03:58qu'on s'est toujours appliqué entre nous,
03:59que, d'ailleurs, les électeurs de gauche et écologistes ont toujours tenu.
04:02Et c'est grâce à ça qu'Emmanuel Macron gouverne aujourd'hui.
04:04Donc, voilà, j'attends des gestes forts de leur part et beaucoup de clarté.
04:08Autant de clarté que j'en ai fait preuve à l'instant sur Jean-Luc Mélenchon
04:11ou quand on parlait des gestements républicains.
04:13Oui, c'est simple d'être clair.
04:14Marine Tourdelier, c'est clairement ni RN ni LFI qui se profilent du côté de la majorité macroniste pour l'instant.
04:20Est-ce qu'ils font le jeu du Rassemblement National ?
04:22Je pense qu'ils se trompent parce qu'on va expliquer les choses clairement pour vos auditeurs.
04:25Vous savez, le ministre de l'Intérieur, on ne peut pas dire qu'il soit complaisant avec nous,
04:28que ce soit notre meilleur ami.
04:29Le ministère de l'Intérieur, c'est lui qui donne les étiquettes politiques.
04:31Quand vous êtes candidat, vous allez à la préfecture et ils vous mettent une étiquette.
04:34Quand vous êtes du parti de Marine Le Pen, vous êtes avec une étiquette d'extrême droite.
04:38C'est la préfecture qui le donne.
04:39D'ailleurs, ils ont contesté en justice et vous savez quoi ?
04:41Le Conseil d'État a confirmé que oui, le Rassemblement National, c'était l'extrême droite.
04:44En effet.
04:45Par contre, les quatre partis qui composent le Nouveau Front Populaire,
04:47les écologistes, les socialistes, les insoumis et les communistes,
04:49sont des partis de gauche.
04:51Pas d'extrême gauche, de gauche selon le ministère de l'Intérieur.
04:54L'extrême gauche, selon le dictionnaire de l'extrême gauche,
04:56oui, ça existe, je l'ai lu,
04:58c'est des gens qui veulent arriver au pouvoir de manière révolutionnaire et pas par les urnes.
05:03Et nous, on est justement en train de participer à une élection pour gagner et pour gouverner.
05:07Donc, on ne peut pas dire que nous sommes d'extrême gauche.
05:09Et les gens qui ne sont pas capables de faire la différence...
05:10Vous éprouvez le besoin de nous dire ce matin que nous ne sommes pas d'extrême gauche ?
05:12Oui, parce qu'à la cinquantième fois que j'ai la question, j'y réponds.
05:14Et donc, je pense que celles et ceux qui sont, soi-disant, au milieu,
05:17et qui ne font pas la différence entre un parti d'extrême droite et des partis de gauche,
05:22ont un petit problème de latéralisation.
05:24Que dites-vous à ces millions de Français qui ont fait le choix du RN aux élections européennes,
05:27il y a trois semaines, et qui revotent dimanche ?
05:29Vous savez, moi, j'habite à Élim-Beaumont.
05:31C'est la ville où je suis née, où j'ai grandi, où je suis élue et où j'y milite,
05:33où mon enfant est scolarisé, où se passent mes journées.
05:36Et c'est une ville qui a voté à plus de 60% pour le RN.
05:40Donc, je sais pourquoi aussi.
05:42On a eu un maire qui a fini en prison pour 18 chefs d'inculpation.
05:46On a les mines qui ont fermé.
05:47On a promis des emplois industriels qui ne sont jamais venus.
05:50On a promis des mesures sociales qui ne sont jamais venues.
05:52Quand on est dans cette ville, on a, le jour de sa naissance,
05:55cinq ans d'espérance de vie de moins qu'un Parisien, alors qu'on n'a encore rien fait.
05:58Donc, moi, j'entends parfaitement que les gens puissent être désespérés.
06:01Ce qu'il faut, c'est opposer proposition contre proposition,
06:03leur offrir un avir meilleur.
06:05C'est ce que nous, on fait de manière très claire et très chiffrée.
06:07Le rassemblement national, ou plutôt le revirement national,
06:09eux, je n'ai rien compris.
06:11À chaque fois qu'ils nous expliquent une mesure économique,
06:13c'est pour expliquer qu'ils ne savent pas comment ils vont faire ou pour revenir dessus.
06:15Leur programme économique sera aussi terrible, voire pire,
06:19que celui d'Emmanuel Macron, il faut le dire aussi à leurs électeurs.
06:21Alors, parlons d'une question qui nous concerne tous.
06:23Dans le programme du nouveau Front Populaire, vous ne vous prononcez pas sur le nucléaire.
06:27Pourquoi ?
06:28Parce que c'est un programme de mandature,
06:30pour les deux ans qu'il nous reste avant la présidentielle,
06:32et que si quelqu'un dans ce studio sait ouvrir un EPR en deux ans, qu'il me prévienne.
06:36Si quelqu'un sait fermer une centrale nucléaire, qu'il me prévienne aussi.
06:39Donc, nous, nous mettons le paquet sur ce que nous pouvons faire en deux ans,
06:42c'est-à-dire déployer massivement les énergies renouvelables.
06:44Ce sera 10 milliards par an sur le sujet.
06:46Non, mais pardonnez-moi, vous avez écarté le nucléaire parce que vous dites...
06:48On fait un contrat de mandature pour deux ans.
06:50Non, on vous dit ce qu'on va faire en deux ans.
06:52Ce qu'on peut faire en deux ans, pour lutter contre la crise énergétique
06:55et pour lutter contre la crise climatique,
06:57c'est déployer massivement le renouvelable.
06:59Ce sera efficace pour le portefeuille des Français.
07:01C'est la meilleure manière de faire.
07:03C'est une manière efficace, et celles et ceux qui vous disent
07:05qu'on va résoudre tous ces problèmes par nucléaire vous mentent,
07:07parce que les nouveaux EPLER ne verront pas avant 2040 et 2045.
07:10Et quand vous êtes au Rassemblement National,
07:12et que vous expliquez en plus que vous allez ralentir les zoniels,
07:14alors vous vous apprêtez à plonger ce pays dans le noir.
07:17Le Rassemblement National, c'est le parti du black-out
07:19et de l'absence d'électricité pour tous les Français.
07:21C'est un bon programme.
07:24Il a le droit. Je respecte beaucoup ce qu'il pense.
07:26C'est un partenaire politique avec qui on partage aussi une région,
07:29qu'on aime d'amour.
07:31Les communistes ont le droit d'être pour le nucléaire,
07:33j'ai le droit d'être contre.
07:35Et dans les deux ans qu'il nous occupe, il n'y a pas de problème.
07:37Parlons du SMIC à 1600 euros.
07:39On se séparait dans une enquête qu'RTL révèle ce matin
07:41et menée par la CPME,
07:43qui représente les petites et moyennes entreprises.
07:4558% des patrons affirment qu'ils vont reporter
07:47des projets d'investissement
07:49si le nouveau Front Populaire arrive au pouvoir.
07:51Que leur répondez-vous ?
07:53Je leur réponds qu'en 1936, quand le Front Populaire
07:55est arrivé au pouvoir,
07:57il y a eu des dessins de presse, des éditorialistes
07:59horribles, qui disaient que si on faisait la semaine
08:01de 40 heures de travail au lieu de 48,
08:03la France allait sombrer, que si on mettait en place
08:05les congés payés, vraiment, c'était la fin du monde,
08:07la misère, le chômage. C'était horrible.
08:09Et on l'a fait, vous savez quoi ? On a eu raison.
08:11Et aujourd'hui, personne ne dit, bah dis-donc, les congés payés,
08:13c'était quoi cette idée tarabiscotée.
08:15Donc oui, on fait des promesses.
08:17Ce sont des mesures qui sont bonnes pour le pouvoir d'achat,
08:19qui sont aussi des mesures féministes,
08:21parce que 60% des personnes osmiques sont des femmes,
08:23évidemment. Ce sont des mesures qui sont aussi bonnes
08:25pour la relance économique et pour les petites entreprises
08:27qui se demandent comment elles vont faire,
08:29qu'elles ne s'inquiètent pas. On a prévu de les écouter,
08:31de les consulter et de les aider par des reports
08:33de charges, par des avances de trésorerie,
08:35parce que oui, il faudra aider tout le monde
08:37à mener ces mesures sociales.
08:39Merci beaucoup Marine Tandelier, secrétaire nationale
08:41d'Europe Écologie Les Verts. Bonne journée à vous.
08:43Merci à vous, au revoir.