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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Je suis Marine Hilario, journaliste
00:17à l'étudiant et aujourd'hui, nous allons corriger ensemble l'épreuve de français
00:21du bac pour la filière générale qui a eu lieu ce jeudi 15 juin. Et pour cela, j'accueille
00:27Valentin Grimaud, bonjour. Vous êtes professeur au lycée Frédéric Joliot-Curie à Damary-l'Élyse.
00:33Voyons ensemble les sujets qui étaient proposés pour cette épreuve de français. Il y avait
00:38le choix entre un commentaire de texte et une dissertation, avec trois sujets au choix.
00:43Pour le commentaire, nous avions un texte de Diderot, Salon de 1767. Et pour les dissertations,
00:51on avait au choix le plaisir de lire Manon Lescaut, Ne tient-il qu'au récit d'une
00:55occupation amoureuse, Peut-on lire la peau de chagrin comme le tableau d'un monde exténué,
01:01ou encore Peut-on considérer Sido et les vrilles de la vigne comme des oeuvres de l'émerveillement.
01:05Alors Valentin, est-ce que selon vous, il y avait des difficultés un peu particulières
01:10dans ces différents sujets ? Alors pour la dissertation, je trouve que ce sont des sujets
01:14quand même plutôt faciles dans le sens où il rappelle explicitement l'intitulé du
01:21parcours et qu'ils sont des questions totales et non pas des sujets citations. En revanche,
01:28peut-être que le commentaire a pu désarçonner certains candidats. Pour quelle raison ? Alors
01:34déjà, il s'agit d'un texte d'essai qui parle de l'art. Donc c'est un texte d'esthétique qui
01:41développe ce que peut ressentir un spectateur face à un tableau. Donc c'est un texte non
01:51fictionnel et aussi plutôt court. Donc Denis Diderot, dans ce salon de 1767, décrit ce qu'il
01:59ressent face à un tableau d'Hubert Robert, qui est un peintre de sensibilité pré-romantique,
02:04qui a beaucoup représenté des ruines et donc le passage du temps. Donc Diderot va se projeter
02:10dans le tableau et va montrer quel est le rapport de son moi à l'oeuvre d'art. Donc il y a une
02:15rencontre entre un individu et des peintures. Donc c'est un texte très lyrique où il va y avoir
02:22l'expression des émotions par rapport à ce tableau. C'est un texte qui est aussi poétique et qui montre
02:28un certain ravissement, un enthousiasme. Donc le moi va se projeter dans le tableau, va l'habiter
02:34et va s'extraire du monde pour chercher peut-être un monde idéal à l'intérieur du tableau. Donc
02:40face à ce paysage, puisque c'est un tableau de nature, donc un paysage qui est un paysage de
02:46ruines, qui représente peut-être la civilisation tout entière, le je se projette dans le tableau
02:53et essaie de s'y inclure. Cela se fait par un langage plutôt poétique, plutôt lyrique. Ce n'est
03:00pas un essai très neutre, donc il y a beaucoup de formules parallèles, d'anaphores, d'images poétiques.
03:07Il y avait beaucoup de figures à relever en tout cas. En effet, il y avait beaucoup de figures à
03:12relever, comme je vous le donnerai un peu dans le plan. Et donc ce décor devient un lieu idyllique,
03:20un lieu bucolique dans lequel il s'imagine peut-être survivre au temps et dans lequel il
03:26s'imagine avoir une relation amoureuse. Donc cette réflexion, ce regard du tableau permet une
03:34réflexion métaphysique sur le sens de la vie, peut-être nous apprend à affronter notre finitude
03:40et nous dit que l'œuvre d'art survit à l'homme. Et alors du coup, quel plan on pouvait tirer de
03:47cette analyse du texte ? Alors en suivant une logique un peu de quoi, comment, pourquoi, en
03:53allant du plus évident au plus compliqué, on pourrait faire une première partie sur la rencontre
03:57entre une âme et un univers pictural, donc décrire peut-être dans une première sous-partie les
04:02éléments concrets descriptifs de cette peinture, puis dans une deuxième sous-partie les marques de
04:07la première personne qui sont très présentes, les verbes de sentiment, les verbes de perception,
04:12et peut-être voir qu'elle est au sein de certaines phrases la rencontre entre le tableau et le jeu.
04:17Dans une deuxième partie, on pourrait s'attarder plutôt sur les envolées lyriques et poétiques du
04:23texte, donc sur son rythme qui permet la réverbération de l'émotion par des reformulations,
04:30par des parallélismes. Pour finir, enfin dans une dernière partie qui répondrait à la question du
04:36pourquoi, de savoir comment est-ce que l'oeuvre d'art peut-être un refuge pour l'homme, lui
04:44permettra peut-être d'apprendre à mourir, mais aussi peut-être à aimer, puisqu'il imagine une scène
04:50galante à l'intérieur du tableau. Donc l'art et le tableau deviennent peut-être un monde virtuel.
04:57Merci beaucoup pour ces explications, pour le commentaire. On va peut-être passer maintenant
05:02aux dissertations. Il y avait donc trois sujets au choix. Pour le premier sujet, selon vous,
05:11qu'est-ce qu'il fallait comprendre, qu'est-ce qu'il fallait tirer de cette énoncée ?
05:16Le premier sujet sur Manon Lescaut, de l'abbé Prévost, on voit tout de suite le mot de plaisir, qui est un mot
05:23dans le parcours. Ici, on nous propose une piste de plaisir à l'intérieur de ce roman. Le plaisir
05:30ici viendrait du récit d'une passion amoureuse. Dans une première partie, évidemment, il faudra
05:36développer l'idée selon laquelle il y a bien le récit d'une passion amoureuse. Le récit, bien sûr,
05:41c'est le produit d'une narration. Ici, on a bien un narrateur qui reproduit ce que lui a dit
05:47Dégrieux, donc on est bien dans l'idée d'un récit. Et la passion amoureuse, c'est l'idée
05:52d'une relation, bien sûr, d'une histoire. Mais dans Passion, il y a aussi peut-être derrière l'idée
05:57de souffrance, puisque c'est une relation entre Dégrieux et Manon Lescaut qui sera marquée par la
06:02souffrance et la fatalité. Donc même si les deux amants s'aiment profondément, il y a beaucoup
06:08d'obstacles et beaucoup de souffrance dans leur relation. C'est ce qu'on montrait dans une première
06:12partie, que cette passion amoureuse va jusqu'à la déraison, qu'elle est prête à tous les
06:18sacrifices. On parlera des scènes pathétiques, on pourra citer peut-être certains moments où on
06:23nous parle de fatales passions. On pourra détailler le moment du coup de foudre jusqu'au moment de la
06:29mort de Manon dans le sable de l'Amérique. On pourra détailler peut-être aussi l'aspect
06:34addictif de cette relation. Dégrieux est accro à Manon, Manon est accro à Dégrieux, certes,
06:42mais aussi à la richesse et un certain mode de vie. Donc il y a dans cette passion amoureuse aussi
06:48une dimension épathétique et tragique, fatale. Mais dans une deuxième partie, il faudrait...
06:55Où est le plaisir ?
06:56Où est le plaisir ? Alors c'est un plaisir de lecteur, peut-être pas le plaisir des personnages.
07:00Mais la deuxième partie nous permettrait de dire qu'il y a peut-être d'autres plaisirs en tant
07:06que lecteur. Quand on reçoit cette oeuvre, peut-être qu'il y a d'autres éléments qui nous
07:10donnent du plaisir. Alors d'abord peut-être le plaisir d'observer, puisque c'est un roman qui a
07:14des aspects réalistes et qui nous montre comment pouvait être la société à l'époque. Donc il y a
07:19des personnages vénaux, des personnages amoureux de l'argent, des scènes de triche pour gagner de
07:27l'argent. Donc il y a vraiment cette obsession autour de la richesse qui est peut-être la
07:32satire d'un certain monde du 18e siècle. Et il y a aussi peut-être un autre plaisir qui est le
07:38plaisir du roman d'aventure. En effet on voyage beaucoup, que ce soit en France mais même à la
07:44fin en Amérique. Il y a des scènes d'action, il y a de nombreux rebondissements, il y a des meurtres,
07:51il y a des combats, il y a des scènes comiques aussi quand Manon se travestit en homme pour
07:56sortir de sa prison. Donc il peut y avoir aussi un plaisir qui n'est pas lié à l'amour et à la
08:03relation amoureuse. Enfin un plaisir qui était prévu en tout cas par l'arbet Prévost, qui est un
08:09plaisir moral. C'est-à-dire qu'en lisant cette histoire on réfléchit à qu'est-ce que le bonheur,
08:15qu'est-ce que l'amour, qu'est-ce que le plaisir, qu'est-ce qu'il vaut mieux choisir dans sa vie,
08:19qu'est-ce qu'il vaut mieux privilégier. Et ça ce sont des questions morales, des questions de choix
08:25pour soi-même. Et peut-être qu'en voyant ces personnages en quelque sorte punis pour cette
08:30passion amoureuse qui va trop loin, peut-être que nous-mêmes on est édifiés moralement et donc on
08:36reçoit une leçon de ce livre. Très bien. Et alors une deuxième dissertation, on n'est plus vraiment
08:44sur l'idée de passion, de plaisir, mais plus sur la peau de chagrin, un tableau d'un monde exténué.
08:51Alors comment est-ce qu'on pouvait argumenter justement sur ce sujet-là ? Alors Détroit c'est
08:56peut-être celui qui est le plus complexe à comprendre, puisque le groupe nominal, le tableau
09:04d'un monde exténué est plutôt complexe. Et peut-être que le mot exténué a pu être compliqué
09:10pour certains élèves. Donc exténué, qui est fatigué, très fatigué, harassé. Ici on nous demande
09:16s'il y a le tableau. Alors le tableau peut-être est à relier au réalisme. Le tableau ce serait donc
09:21la fresque, la description, les nombreux détails qui iraient avec le mouvement réaliste de Balzac.
09:27Est-ce qu'il y a le tableau d'un monde en perte de vitesse, d'un monde en fin de vie ? Alors quel
09:33est ce monde ? Et c'est ce qu'on pourrait développer dans un grand teint. Ce monde ça peut être peut-être
09:39le monde politique. En 1830 on a la restauration qui devient la monarchie de juillet et qui donc
09:47remet sur l'échiquier politique des idées qu'on connaît déjà, qui sont les idées de la monarchie.
09:54Donc peut-être c'est ce monde là qui est en fin de vie. Peut-être aussi un monde moral, puisque le
10:00roman est marqué par la corruption, comme le montrent les personnages de Rastignac, les personnages
10:06de Aquilina, Euphrasie, le banquet de Taillefer. Donc c'est un monde peut-être sclérosé, ce qu'on
10:13voit aussi par le biais de la médecine. Donc inversement, il aurait fallu montrer que dans
10:18La peau de chagrin, il y a peut-être l'aspiration à un autre monde. En effet, avec la jeunesse, les
10:25débats politiques qui chercheraient à créer un nouvel idéal politique. Peut-être aussi les
10:31réflexions philosophiques de Raphaël, qui par l'idée de volonté, par son assaise, voudraient créer
10:37de nouvelles idées. Pauline incarne peut-être la pureté d'un monde innocent, incarné aussi peut-être
10:44par la Suisse. Mais il faudrait, je pense, conclure par l'idée que la révolution dans ce roman semble
10:49impossible, et que la fin tragique des personnages, et que le piège fantastique de La peau de chagrin
10:55représente peut-être l'enfermement d'une jeunesse bridée. Donc là, plus ou moins, à chaque fois,
11:00c'est un peu, on répond presque oui à la question, mais pas tout à fait. Est-ce que ça va être un
11:05peu la même chose pour le dernier sujet ? Oui, en effet, les trois sujets proposés ici devaient
11:11être développés dans leur proposition de thèse, et devaient être ensuite développés dans l'idée
11:15que l'œuvre ne se réduit pas à l'idée proposée. Donc pour Sido et l'évrie de la vigne de Colette,
11:22en effet, il fallait envisager que ce sont des œuvres de l'émerveillement, donc de l'euphorie,
11:28de l'étonnement, du ravissement, face à une merveille, un miracle. Donc ce qui se relie
11:34à l'idée de la célébration du monde. Donc dans une première partie, on pourrait montrer qu'il y a
11:39une émotion de Colette face à la beauté, que ce soit par l'autorité et le savoir de sa mère,
11:44autorité presque magique, face aux points cardinaux, la puissance de sa voix. Peut-être
11:50aussi la beauté de la nature, avec l'image des vrilles de la vigne, une puissance de la nature.
11:56Il y a une vision presque panthéiste, d'ailleurs, du monde. Et aussi, on pourrait voir qu'il y a la
12:04beauté, le miracle des animaux. En effet, dans l'évrie de la vigne, les animaux parlent,
12:07les animaux sont en dialogue. Et ça, c'est un motif d'émerveillement pour Colette. Mais je ne
12:16pense pas qu'on puisse réduire le roman à l'émerveillement, ces deux romans, puisqu'il y a
12:21des sentiments autres, peut-être moins positifs et peut-être moins lyriques. En effet, elle exprime
12:26parfois un désenchantement, peut-être des regrets par rapport à son enfance, notamment par rapport à
12:33la figure du père, qu'elle n'aurait peut-être pas assez connue. Il y a aussi des moments de
12:38réflexion sur soi-même, qui sont moins lyriques, sur sa solitude, sur sa vocation d'écrivaine,
12:44sur la quête d'elle-même, notamment dans le miroir où elle s'entretient avec un de ses personnages.
12:48Et enfin, il y a beaucoup de passages satiriques, qui dénoncent par le rire, que ce soit la
12:53dénonciation de l'amitié, le monde du quotidien, avec des petites scénettes qui nous tirent de
13:01l'émerveillement, plutôt pour aller vers des éléments négatifs. Voilà.
13:08Eh bien, écoutez, merci beaucoup. Merci pour tous ces éléments. Je vous rappelle que le
13:13corrigé écrit de l'épreuve de français est aussi disponible sur le site de l'étudiant.fr.
13:18Merci à tous de nous avoir suivis et je vous dis à très bientôt pour une nouvelle vidéo.
13:31– Sous-titrage Société Radio-Canada