Anne Fulda reçoit Marie Nimier pour son livre «Confidences tunisiennes» dans #HDLivres
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00:00Bienvenue à l'heure des livres, Marie Nimier.
00:02Alors, on n'a pas besoin de vous présenter, on vous connaît,
00:04vous êtes une romancière connue, une romancière à multiples facettes
00:07parce que vous écrivez des romans classiques,
00:09vous écrivez des livres pour la jeunesse aussi,
00:11puis vous écrivez aussi parfois des paroles pour des chanteurs.
00:16Là, vous venez de publier Confidences tunisiennes,
00:19un livre qui est très joli, écrit d'une plume délicate, épurée.
00:24C'est des condensés de portraits, des condensés d'éclats de vie comme ça.
00:29Il a preuve que dans toute vie, il y a une histoire.
00:31Alors, c'est un livre qui annonce la couleur.
00:32Ça s'appelle Confidences tunisiennes, tout simplement parce que
00:35vous vous êtes installée en Tunisie pour recueillir des confidences.
00:38Oui, j'ai mis une petite annonce, plusieurs petites annonces.
00:41J'ai aussi participé à des émissions de radio
00:45pour faire connaître mon projet et mon idée étant de recueillir des confidences.
00:49Ça peut être des toutes petites choses,
00:51ce n'est pas forcément des gros secrets, des choses des affaires d'État.
00:53Non, au contraire, je vais aller à la recherche de petites choses
00:57qu'on ne raconte pas normalement, peut-être parce qu'on ne peut pas les raconter
01:01et parce que c'est en dehors de la morale ou de la coutume, etc.
01:06Mais c'est aussi des petites choses qu'on ne raconte pas
01:08parce qu'elles ne semblent pas intéressantes,
01:09mais pourtant elles vous ont marquées, des choses de l'enfance.
01:12Alors, il y a aussi toute une catégorie, ce sont les blessures,
01:16les impasses, les choses qui nous ont marquées,
01:19ou aussi les grands bonheurs, les désirs, les espoirs fous, etc.
01:23Donc, me voilà en Tunisie,
01:25j'y suis allée deux fois cinq semaines, quand même assez longtemps,
01:27juste pour ça, juste pour écouter, pour ouvrir mes oreilles
01:31et accueillir ce qu'on allait m'apporter sans...
01:34Alors là, ce qui est différent par rapport à vous,
01:36vous vous posez des questions, mais moi je ne posais pas de questions.
01:38C'est ça, je ne suis pas journaliste.
01:40Oui, vous laissiez libre cours à ceux qui venaient vous voir.
01:43Alors, ce n'est pas la première fois d'ailleurs que vous faites cet exercice.
01:45Vous l'aviez déjà fait en 2019.
01:48Vous y avez donc pris goût parce que qu'est-ce que ça a de différent ?
01:51Parce qu'en fait, vous n'êtes pas journaliste, comme vous venez de dire,
01:54il y a aussi du roman...
01:55Vous mettez votre patte d'écrivain.
01:58Oui, c'est-à-dire, c'est plus un jeu littéraire, finalement.
02:01Et celui qui vient me raconter l'histoire en est bien conscient.
02:04Et d'ailleurs, il en est bien content aussi, pas seulement conscient,
02:06parce qu'il sait qu'il va être complètement anonyme,
02:09qu'on ne va pas pouvoir le reconnaître.
02:10Donc, ça lui donne une grande, grande liberté.
02:13Et c'est un peu cette image de la personne qu'on rencontre par hasard
02:16dans la ville ou dans le train ou dans le métro,
02:18qu'on va raconter une chose et qu'on ne reverra jamais.
02:22Et donc, ça, c'est la première chose, c'est l'anonymat.
02:25Mais c'est aussi que si je reçois deux, trois confidences sur le même sujet,
02:30prenons par hasard, comme ça, par hasard, l'homosexualité,
02:33qui a été, j'ai eu pas mal de gens qui sont venus me raconter des choses.
02:37Je peux prendre une chose ici, une chose là et en faire une confidence.
02:41Une seule confidence.
02:42Les gens qui viennent me déposer les histoires savent
02:45que elles vont être transformées.
02:48Et moi, mon idée, c'est de sortir le meilleur.
02:52C'est peut-être trop ambitieux, mais enfin, le plus fin.
02:55Et puis, à l'émotion, parce que c'est ça, c'est une collection de confidences.
02:59Mais c'est beaucoup, me semble-t-il, une collection d'émotions, un florilège.
03:03Oui, oui, complètement.
03:05Certains pourraient se dire en fait, bon, c'est un peu facile.
03:07Elle a manqué d'inspiration. Elle va écouter les gens.
03:09Mais finalement, c'est ce que font tous les écrivains.
03:12Ils s'inspirent de la vie des gens.
03:14Là, vous avez fait ce que vous dites.
03:16Là, c'est dit. Voilà, là, c'est affiché.
03:18C'est cet endroit un peu de funambule où on est entre la réalité et la fiction.
03:23Vous n'avez pas l'impression parfois d'être une sorte de psychanalyste
03:26parce que vous le dites vous-même, vous ne posez pas de questions.
03:28Vous écoutez.
03:29Oui, alors, sauf que les gens ne viennent pas pour être soignés.
03:33Sauf que peut-être que la littérature soigne.
03:36Mais je n'ai pas malheureusement de réponses à leur apporter
03:39ni de conseils à leur donner.
03:41Et le seul conseil que je peux donner, c'est tiens,
03:44vous avez lu ce livre, par exemple.
03:46Ça, ça peut être un conseil.
03:47Mais voilà, c'est un partage de paroles.
03:49C'est intéressant ce truc, déposer chez l'autre une part de soi.
03:54Et moi, je prends cette chose et je vais le redéposer dans mon pays.
03:56Une espèce d'échange comme ça.
03:58Voilà, moi, j'adore ce projet, vous avez compris, je suis complètement gaga.
04:03Mais ça se ressent parce que c'est vrai qu'il y a un véritable bonheur de lecture.
04:06Une question, est-ce qu'entre ceux qui sont venus vous voir en France, à Nantes,
04:10c'était, je crois, et ceux qui sont venus vous voir à Tunis,
04:14évidemment, il y a des différences de pays, de culture, etc.
04:16Mais ça se ressent surtout sur quoi, ces différences ?
04:19Il y a des secrets plus lourds, justement ?
04:21Déjà, mon attitude était très, très différente.
04:23Parce que dans le livre des Confidences françaises,
04:25j'étais vraiment au centre de la chose.
04:27On me voyait, on voyait l'autrice en train de recevoir des confidences.
04:31Et donc, c'était beaucoup plus romanesque, d'une certaine façon.
04:35Mise en scène comme une performance.
04:37Alors que là, j'étais plus dans le cœur des gens, avec les gens.
04:41Et quand ils venaient, ils venaient avec les gâteaux,
04:43et on faisait le thé, et on parlait longtemps.
04:45Et en France, c'était dix minutes, enfin, c'est-à-dire qu'ils m'apportaient une chose.
04:49Et là, souvent, ils m'apportaient plusieurs,
04:53plusieurs choses qui s'enchaînaient naturellement.
04:56Et certains sont venus des gens que j'adore, même si je ne vais jamais les revoir.
05:00Non, certains, oui, il y a des liens qui ont été...
05:02Certains liens ont été tissés, oui.
05:04Là, d'ailleurs, je retourne en Tunisie.
05:05Vous voyez, je dis, je retourne, je retourne en Tunisie dans quelques jours
05:10pour des lectures, d'extraits de ces confidences.
05:13Pour des lectures, d'accord, pas pour faire confidence d'eux.
05:15Non, pour le redonner, pour redonner ce qu'il m'a été donné.
05:18Vous le ferez peut-être en Chine, parce que j'ai vu qu'initialement,
05:20le projet était d'aller en Chine.
05:22Alors, c'est difficile, la Chine.
05:23C'est difficile parce qu'il ne faut pas mettre en danger les gens.
05:26Je rêve de faire ça, parce que je suis allée beaucoup en Chine,
05:29parce que je suis traduite en chinois, et j'ai rencontré et écouté déjà plein de gens.
05:33Mais comment faire pour ne pas les mettre en danger ?
05:35Oui, on va voir, on va réfléchir encore.
05:37Alors, en attendant, je vous conseille vraiment de lire ces confidences tunisiennes.
05:41C'est vraiment des très jolis portraits, des éclats de vie.
05:45C'est joliment écrit.
05:47C'est donc un joli livre qui est paru chez Gallimard.
05:50Merci, Marine Himier.
05:50Merci beaucoup. Merci à vous.
05:52Et merci à eux de m'avoir fait confiance.