Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd'hui, il reçoit Philippe Labro.
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00:00 Il est 12h31, M.Labraud est avec nous dans ce studio. On dit M.Labraud.
00:04 Bonjour M.Labraud.
00:05 Bonjour M.Pauvreau.
00:06 Et vous êtes venu parce que nous allons parler dans une seconde de la centième de l'émission que vous présentez sur C8,
00:12 l'essentiel chez Labraud et vous nous direz peut-être les surprises qui existent.
00:17 Et puis c'est un jour très particulier aujourd'hui parce que j'ai regardé les chaînes du câble,
00:20 c'est le seul jour où l'héritier n'est pas programmé sur une des chaînes du câble.
00:23 [Rires]
00:26 Parce que l'héritier, et à chaque fois ça fait du monde, l'héritier de 1972 avec Jean-Paul Belmondo.
00:35 Et je m'amuse, mais c'est vrai que c'est un film qui passe régulièrement sur Paris 1ère, sur W9, sur C8 bien évidemment.
00:44 Et à chaque fois il y a entre 500 000 et 1 million de personnes qui le regardent.
00:48 Et le film avec Jean-Paul Belmondo n'a pas pris une ride.
00:51 Parce que Jean-Paul n'a pas pris une ride.
00:53 Oui et puis le rythme du film, le casting du film, on pourra en parler d'ailleurs ensemble quelques secondes.
00:59 C'est toujours un plaisir de vous avoir sur ce studio.
01:02 Et si vous voulez parler à Philippe Labraud, 0180 29 21.
01:05 Qui est tout un programme.
01:07 [Musique]
01:10 Évidemment celui qui écrit les paroles.
01:13 Comment il s'appelle celui qui écrit les paroles ?
01:15 Jans.
01:15 Jans, exactement.
01:17 Je vous dis, on peut rire parce qu'on peut se moquer comme ça.
01:20 Mais je trouve formidable précisément les paroles.
01:23 Parce que évidemment c'est du second degré.
01:25 Clic, clic, pam, pam.
01:26 Est-ce que Monsieur Labraud écoute clic, clic, pam, pam ?
01:28 Mais Monsieur Labraud, non seulement il écoute, mais je suis sûr que lui il n'est...
01:33 Comment dire ?
01:34 Monsieur Labraud il est vierge.
01:36 Pas simplement par son signe zodiacal.
01:38 Il écoute toujours sans a priori.
01:42 Et quand il voit une chanson comme clic, clic, pam, pam.
01:45 D'abord il dit peut-être que c'est pas mal.
01:47 Il va se faire son opinion après.
01:49 Et il sait que les mots dans un certain contexte peuvent être efficaces.
01:53 Il se demande s'il aurait pu l'écrire.
01:55 Parce qu'il faut savoir écrire clic, clic, pam, pam.
01:57 Mais je suis d'accord avec vous.
01:59 Je tiens à dire que Monsieur Labraud a aussi écrit des chansons.
02:03 Je me demande ce que Monsieur Labraud n'a pas fait en fait.
02:06 J'ai pas fait de théâtre, jamais.
02:09 Jamais réussi.
02:11 Qu'est-ce que j'entends là ?
02:14 Ça par exemple c'est une des chansons écrites pour Johnny Hallyday.
02:18 - Mon américain moi. - Exactement.
02:21 Philippe a écrit des romans, des essais, des articles par milliers.
02:37 Il a fait huit films.
02:39 Sept. Neuf plus, oui.
02:41 Il a dirigé une station.
02:43 C'est vrai que dans le métier, votre éclectisme n'est pas si fréquent.
02:48 Mais vous faites cette émission, l'essentiel chez Labraud, sur C8 chaque samedi.
02:53 Et ça nous permet d'abord de parler de la culture à la télévision.
02:57 Moi j'ai le sentiment qu'elle n'est pas assez représentée la culture à la télévision.
03:01 J'en ai la certitude.
03:02 Si vous réfléchissez, il y a évidemment La Grande Livrerie.
03:07 C'est la seule émission littéraire qui est sur tout le service dit public.
03:11 Et vous avez quelques moments parfois dans des émissions de talk.
03:15 Mais il n'y a pas, il n'existe pas l'équivalent, sans faire flagornerie,
03:20 d'une émission qui dure plus de cinquante minutes
03:23 et qui consacrait exclusivement aux romans, au cinéma, au théâtre, à la musique, à la sculpture,
03:28 parfois même à la cuisine, puisque notre numéro 100,
03:32 nous avons accueilli la meilleure pâtissière du monde.
03:35 Une française.
03:37 Mais ça veut dire quoi ? Que les directeurs d'antenne sont frileux ?
03:40 Ou ça correspond tout simplement que le public s'intéresse moins à ce...
03:44 Il ne faut jamais sous-estimer le public.
03:46 On ne sait pas. Le public a peut-être très envie d'avoir plus de culture.
03:50 On ne lui a pas demandé.
03:51 Non, je pense que ce sont les directeurs d'antenne, oui,
03:53 qui pensent au revenu publicitaire, au score.
03:58 Mais même si on décide, ce qui est notre cas à nous,
04:01 d'être programmés à des heures qui ne sont pas forcément les heures les plus pleines,
04:05 ça mérite une réflexion.
04:07 Nous devons et nous devons proposer aux hommes et aux femmes
04:12 de quoi rêver, écouter.
04:14 Vous parlez de ce film qui en ce moment fait jaser la France entière.
04:19 C'est de la culture.
04:21 Donc le cinéma, les romans, la littérature, la musique,
04:25 tout ce qui fait l'essentiel.
04:27 Vous savez pourquoi on l'a appelé l'essentiel ?
04:28 Souvenez-vous, Pascal, il y a quelques années, pendant le Covid,
04:31 début du Covid, d'un seul coup,
04:33 quelqu'un au gouvernement a la grande intelligence de dire
04:35 "On va supprimer ce qui n'est pas essentiel."
04:39 Ça signifiait "fermez les librairies".
04:41 Ça fait un petit peu de malheur, on les a vite rouvertes.
04:44 Sauf qu'il y a eu ce terme "supprimer l'essentiel".
04:47 C'est ce jour-là que moi, qui dirigeais une autre émission,
04:50 sur celui qui s'appelait "L'orgue de bois s'abstenir",
04:52 c'est-à-dire "contenu politique",
04:53 j'ai dit "Très bien, on va faire l'essentiel, c'est-à-dire la culture."
04:57 - La centième, et ce n'est pas la première émission que vous présentez.
05:02 Quel souvenir elle vous laisse,
05:04 depuis trois ans que vous êtes à l'antenne,
05:06 avec ces invités si différents,
05:08 et ce que vous avez dit qui est très juste,
05:09 c'est-à-dire que c'est un temps différent.
05:11 Vous laissez, vous n'interrompez pas les uns et les autres.
05:15 Parfois, on me reproche souvent d'interrompre dans mes émissions,
05:18 c'est la première chose qu'on me dit.
05:19 Là, on est dans un autre temps,
05:21 où vous êtes quelque chose de plus apaisé, peut-être,
05:24 que ce qu'on voit à la télévision classiquement.
05:27 - Ce qu'on essaie d'obtenir,
05:28 il y a toujours quatre invités, en général,
05:30 deux hommes, deux femmes,
05:31 c'est qu'à un moment donné,
05:32 ils échangent les uns avec les autres,
05:34 et ça devient comme un déjeuner ou un dîner en ville,
05:37 on parle entre gens courtois et intelligents.
05:39 À chaque fois, ils apportent quelque chose,
05:41 leur créativité, ils ne viennent pas comme ça,
05:44 pour un livre, pour une pièce,
05:45 pour un événement quel qu'il soit.
05:47 Et effectivement, vous avez raison,
05:49 on leur laisse le temps.
05:51 Chaque invité a au moins 10 à 12 minutes avec moi,
05:53 pendant lesquels, j'ai d'ailleurs dit aux autres invités,
05:55 vous pouvez intervenir ce que vous voulez.
05:57 Vous pouvez poser une question,
05:59 échanger avec celle ou celui que j'interroge.
06:03 Et ça fabrique une sorte d'ambiance,
06:06 il y a un esprit dans cette émission,
06:09 qui fait qu'effectivement, on sort de là.
06:11 Ce qui est très curieux,
06:12 c'est qu'à la fin de l'émission,
06:13 personne ne veut partir.
06:14 Ils sont tous là sur le plateau,
06:16 on s'embrasse, on échange des téléphones,
06:18 on est content de s'être rencontrés.
06:19 - Comme sur la fin d'un dîner,
06:20 personne n'a envie de partir.
06:23 Alors, Michel Drucker sera là, visiblement.
06:26 - Invité d'honneur.
06:27 - Voilà, pour cette centième.
06:29 - Oui, c'est ça.
06:30 - Et je vous propose un extrait,
06:32 puisqu'il répond au questionnaire de Proust ?
06:35 - Non.
06:35 - C'est le coup de pivot, Bernard Pivot.
06:37 Allons-y.
06:38 - Votre mot préféré ?
06:39 - Amitié.
06:40 - Le mot que vous détestez ?
06:42 - L'ingratitude.
06:43 - L'ingratitude.
06:44 - Votre drogue favorite ?
06:46 - La télé.
06:48 - Le son que vous aimez ?
06:49 - Le bruit du pédalier
06:51 d'un champion qui monte le Ventoux dans un col.
06:54 - Ah oui, oui, bien sûr.
06:56 Cette musique du vélo.
06:57 - Cette musique du vélo.
06:58 - La plante, l'arbre ou l'animal
07:01 dans lequel vous aimeriez être réincarné ?
07:04 - L'olivier, bien sûr.
07:05 - Pourquoi ?
07:06 - Je suis en Provence, puis l'olivier,
07:08 c'est la durée.
07:09 - Oui.
07:10 - C'est l'arbre de la durée.
07:11 - Ça fabrique de l'huile aussi.
07:12 - Oui, aussi.
07:13 Et puis, l'animal, évidemment, le chien,
07:16 parce que je suis fou des chiens.
07:18 - Le juron favori, le gros mot favori ?
07:21 - Le juron...
07:23 Connard.
07:24 - Quel homme ou quelle femme
07:26 pourrait illustrer un nouveau billet de banque ?
07:28 - Il existe peut-être déjà.
07:29 Louis Pasteur ?
07:30 - Enfin, la dernière question,
07:33 la question pivot.
07:34 Si Dieu existe après votre mort,
07:37 que voudriez-vous qu'il vous dise ?
07:40 - Il y a un moment que je t'attends.
07:42 (rires)
07:44 - Belle réponse de Michel Drucket.
07:45 Alors, c'est drôle parce que je vous connais un peu,
07:48 et je pense qu'à la question "Quelle est votre drogue ?"
07:51 vous ne répondriez pas à la télé.
07:53 - Non.
07:54 - Je pense que vous pourriez répondre "le travail",
07:56 parce que vous aimez ça.
07:58 Alors, le travail au sens très large, finalement.
08:00 C'est la lecture, c'est l'écriture,
08:03 mais je pense que ça pourrait être une drogue chez vous, le travail.
08:07 Et j'ai le sentiment que ça a toujours été un moteur très puissant.
08:11 Vous aimez travailler.
08:12 - Oui, mais parce que je suis ému par la curiosité des autres,
08:16 la curiosité du monde,
08:18 et par une énergie qui est là en moi,
08:20 sur mes parents, certainement.
08:21 - Oui, mais vous aimez ça.
08:22 Vous aimez écrire, par exemple.
08:24 Quand vous écriviez, je me souviens,
08:26 une chronique, je ne sais plus si c'était pour le Figaro,
08:30 ou pour un autre hebdomadaire,
08:33 je crois que vous l'écriviez le mercredi ou le jeudi.
08:36 Et vous preniez toute la journée, quasiment, pour l'écrire.
08:39 Et quand je vous appelais, vous me disiez "Ah, je suis en écriture".
08:41 Et d'abord, vous n'aimiez pas être dérangé,
08:44 parce que je vous connais aussi un peu,
08:46 mais vous aviez plaisir, comme un artisan,
08:50 à écrire et à savoir qu'il faut changer, qu'il faut modifier.
08:54 Il y a un plaisir presque charnel.
08:56 - Il faut cercler le jardin.
08:58 - Oui, il faut éliminer les adjectifs et les adverbes inutiles.
09:01 J'écris à la main, je fais taper.
09:04 Une fois qu'il est tapé, je commence à corriger,
09:06 un petit peu remettre les choses en place,
09:08 couper les branches inutiles.
09:10 Je renvoie le papier une deuxième fois, on me le renvoie.
09:12 Je fais au moins trois réécritures
09:14 de quelques articles que j'ai pu écrire.
09:17 J'ai fait la même chose pour mes bouquins.
09:18 De toute façon, on n'a jamais achevé.
09:21 On n'est jamais content.
09:23 Il y a un moment donné, il faut quand même la livrer, la copie.
09:25 Mais ce qui compte, c'est l'insatisfaction.
09:28 Il ne faut jamais être satisfait.
09:29 - Dernière chose, parce qu'il nous reste une minute.
09:31 Quel regard vous portez sur le monde de la culture aujourd'hui, globalement ?
09:34 Je sais qu'il est de bon ton de dire que le cinéma est peut-être moins performant qu'il y a 50 ans,
09:39 que la variété française l'est également,
09:41 que des domaines ont passé leur âge d'or.
09:45 Est-ce que c'est votre sentiment ?
09:46 - Oui et non.
09:47 Je pense qu'il faut essayer de ne pas être tout le temps...
09:50 Le drame français, la maladie française,
09:53 c'est la critique, la dérision, l'ironie, la jalousie.
09:57 Oublions ça, bien sûr.
09:58 Les choses ont changé.
10:00 Les films ne sont plus les mêmes,
10:01 les romans ne sont pas écrits de la même manière,
10:02 on n'écrit pas de la même manière.
10:04 Néanmoins, on a de la chance.
10:06 On est un pays qui lit encore.
10:08 Il y a des librairies qui s'ouvrent.
10:11 Ce qui est quand même assez surprenant en Europe.
10:13 Vous avez un cinéma qui marche plutôt très bien,
10:16 vous avez des très bons acteurs, des très bons chanteurs.
10:18 Arrêtons de nous plaindre.
10:20 - Eh bien, on vous suivra, évidemment.
10:22 Et c'est samedi, 7 centième, c'est sur...
10:25 - À 13 heures.
10:26 - C'est samedi, effectivement, à 13 heures.
10:27 Et puis c'est toujours un plaisir de vous voir,
10:30 toujours alerte et surtout toujours curieux.
10:34 Ce qui définit souvent les journalistes, la curiosité.
10:38 Et toujours en éveil sur les choses.
10:42 Et c'est ça qui me frappe, bien évidemment.
10:45 Il est 12h46, on va marquer une pause.
10:47 Que se passe-t-il, monsieur Olivier Guenelc ?
10:50 - Absolument rien, non !
10:51 Mais je suis venu voir Philippe Labraud de près, bien sûr !
10:53 - Vous avez vu les films de monsieur Labraud,
10:55 "L'héritier", "L'alpagueur", "Rive droite", "Rive gauche".
10:59 - Je ne viens pas les mains vides !
11:00 - Alors, monsieur Labraud, il sait trouver un titre.
11:04 "Rive droite, rive gauche", par exemple, c'est un titre formidable.
11:08 - Oui, Carl Dixon va piquer en chez lui.
11:10 - Génial titre ! Vraiment, ça c'est génial titre !
11:13 "Rive droite, rive gauche". Mais si !
11:14 - "Right bank, left bank".
11:15 - C'est mieux que "Click, clac, pompon".
11:17 "Click, clac, pompon". Pardonnez-moi.
11:19 - C'est pas tout à fait pareil.
11:21 - Est-ce que Philippe Labraud est abonné à notre page Facebook ?
11:24 J'espère, pardon !
11:25 - On va l'abonner.
11:26 - Ah bon, très bien !
11:27 - On va l'abonner s'il ne l'est pas.
11:28 12h47, tout de suite, pour le débrief.
11:30 - Vous écoutez Pascal Frodo en 11h à 13h, sur Europe 1.