Avec Bruno Retailleau, sénateur de Vendée et président du groupe LR au Sénat
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 - Bonjour, bonjour à toutes et à tous.
00:08 Vous voulez savoir, alors parlons vrai ce matin avec Bruno Retailleau,
00:11 sénateur de Vendée et président du groupe LR.
00:13 Au Sénat, Bruno Retailleau, bonjour.
00:15 - Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:16 - Merci d'être avec nous.
00:17 Des grèves en Ile-de-France, grève à la SNCF,
00:20 les cheminots veulent des primes J.O. plus fortes que celles proposées par la direction.
00:24 Même chose pour les agents des aéroports parisiens,
00:27 embauche, revalorisation salariale, primes J.O.
00:31 Ces revendications vous paraissent-elles logiques ?
00:34 - Non, elles ne me paraissent pas logiques.
00:36 Et c'est insupportable qu'un certain nombre de privilégiés
00:39 puissent prendre la France qui travaille en otage très très régulièrement.
00:43 Bien sûr que le droit de grève est un droit constitutionnel,
00:46 mais de même que le droit à avoir une continuité des services publics est aussi constitutionnel.
00:52 - Oui, mais des privilégiés qui vont travailler plus pendant ces Jeux Olympiques.
00:55 N'est-il pas normal qu'ils touchent des primes ?
00:57 - Mais ils ont déjà, ils vont déjà avoir des primes.
00:59 Et simplement, ils veulent des primes plus fortes.
01:01 Mais ceci dit, ils auraient bien tort de ne pas faire du chantage,
01:04 puisque le chantage ça marche à la SNCF.
01:06 Souvenez-vous, il y a un mois, de cet accord de contournement sur fonds publics,
01:11 du contournement des règles de la retraite, de la réforme de la retraite.
01:15 Donc voilà, le droit de grève aujourd'hui est totalement détourné.
01:20 C'est ce qu'on appelle la gréviculture.
01:22 - Le gouvernement est faible ?
01:24 - Bien sûr que le gouvernement est faible.
01:26 - Il doit dire non à ces revendications ?
01:29 - Bien sûr, on ne doit pas céder au chantage,
01:31 puisque un chantage a même aidé à un autre chantage.
01:33 C'était la même chose avec les aiguillères du sel.
01:35 On a reçu le patron de la SNCF, M. Farandou,
01:37 qui nous a dit au Sénat,
01:39 qu'évidemment sur l'accord dont je vous parle,
01:41 sur les départs anticipés, les carrières anticipées,
01:45 et bien il nous avait indiqué que le gouvernement savait.
01:48 Donc le gouvernement est co-responsable.
01:50 Alors lui l'a payé de son départ.
01:53 Voilà, c'est assez injuste du reste,
01:55 parce qu'encore une fois, le gouvernement avait été dûment informé.
01:58 - Dans quelques jours, nous connaîtrons la réforme de l'assurance chômage, Bruno Retailleau.
02:03 Alors, il y aura probablement,
02:05 et même certainement, durcissement des conditions pour avoir droit au chômage.
02:09 Aujourd'hui, 6 mois travaillés dans les 24 derniers mois,
02:13 on passerait à 8 mois dans les 20 derniers mois.
02:17 Nécessaire, cette réforme ?
02:19 - Sans doute, sans doute.
02:21 Mais je m'interroge sur un point.
02:23 On a déjà eu 3 ou 4 réformes,
02:26 et la dernière date d'il y a un peu plus d'un an seulement.
02:30 Elle n'est pas encore appliquée.
02:32 Vous vous souvenez, c'était une réforme qui disait,
02:34 voilà, on va avoir des règles contracycliques.
02:36 C'est-à-dire que quand la conjoncture est plus dure,
02:39 on assouplit les règles du chômage,
02:41 et quand en revanche, il y a un plein emploi,
02:44 alors là, on les durcit.
02:45 Et là, on voit bien que la conjoncture est en train de se durcir,
02:48 elle est moins favorable, et on va durcir.
02:50 Donc, on fait l'inverse.
02:52 Comment une politique aussi désordonnée
02:55 peut-elle parvenir à obtenir des résultats ?
02:58 C'est là que je me pose la question.
02:59 - Mais vous soutiendrez ce projet de loi ?
03:01 - On va voir. Je pense que nous soutiendrons...
03:04 - Une réforme de l'assurance chômage ?
03:06 - Oui, je pense qu'en France, notre problème, c'est le travail.
03:10 Il nous manque en France, vous voyez,
03:12 à peu près par rapport, non pas à la Chine,
03:14 par rapport à nos grands partenaires européens,
03:17 il nous manque 3 semaines de travail.
03:19 En 3 semaines de travail, c'est autant de richesses qu'on ne crée pas,
03:22 et c'est autant de niveau de vie, de pouvoir d'achat
03:25 qu'on ne redistribue pas aux Français.
03:27 Donc, il faut vraiment encourager le travail.
03:29 Et peut-être que cette réforme en sera l'occasion,
03:32 mais encore une fois,
03:33 politique totalement désordonnée du gouvernement,
03:35 le gouvernement va faire l'inverse de ce qu'il a proclamé
03:39 et fait voter il y a un peu plus d'un an.
03:41 - Fin de vie, examen en séance à partir du 27 mai,
03:45 la semaine prochaine, le projet de loi gouvernementale a été remanié
03:48 en commission à l'Assemblée Nationale.
03:52 Ouverture plus large à l'euthanasie,
03:54 création d'un délit d'entrave à l'aide à mourir,
03:57 aide à mourir réservée aux patients souffrant d'une maladie grave et incurable.
04:01 Ça, c'est conservé.
04:03 Le texte évolue, a évolué en commission,
04:05 qu'attendez-vous des débats ?
04:07 - Non, non, le texte n'a pas évolué.
04:09 Le texte a été révolutionné.
04:12 Emmanuel Macron, vous vous souvenez de ses engagements ?
04:14 Un texte équilibré, un texte de fraternité.
04:17 On n'a rien de tout ça.
04:19 En quelques jours, en cinq jours, en réalité,
04:22 les députés, alors avec cette alliance inédite entre les députés
04:25 extrême gauche, LFI, et les députés Renaissance,
04:28 eh bien en cinq jours, ils auront détricoté tous les verrous,
04:32 tout autant que ce que la Belgique a fait en 22 ans,
04:36 et que le Canada a fait en 8 ans.
04:38 En réalité, ça n'est plus un texte de consensus,
04:40 ça n'est plus un texte de fraternité,
04:42 c'est un texte qui va mettre en insécurité
04:45 tous ceux qui sont malades, vulnérables,
04:47 et qui vont se demander, au bout du compte,
04:49 s'ils ne représentent pas une charge,
04:52 et s'ils ne sont pas encore dignes de vivre.
04:55 C'est ça qui va se passer. Tout a été dricoté.
04:57 - Mais les débats vont modifier sans doute le texte
05:00 qui est sorti de la commission, Bruno Rotaillot.
05:03 - Je ne sais pas, écoutez, regardez,
05:05 l'euthanasie devait être l'exception.
05:07 Elle sera désormais un choix.
05:09 Elle ne devait pas être un soin.
05:10 Désormais, l'euthanasie intègre le Code de la Santé.
05:13 Vous avez très bien dit, on ne parle même plus
05:15 de diagnostics, de prodoctypes, pardon,
05:19 qui soient vitals à moyen terme ou à court terme.
05:23 On parle désormais d'une maladie incurable
05:26 avec une phase terminale, etc.
05:28 Tout a été modifié.
05:30 Il y a même un délit d'entrave à l'aide à mourir.
05:33 - Oui, délit d'entrave.
05:34 - Ça veut dire que vous êtes anesthésiste.
05:36 Vous réanimez quelqu'un qui a tenté de se suicider.
05:38 Est-ce que vous commettez un délit, justement,
05:41 d'entrave à l'aide à mourir ?
05:43 Pareil pour des associations qui sont remarquables,
05:45 que je connais bien, des bénévoles.
05:47 Jalmav, Jusqu'à la mort, Accompagner la vie,
05:49 ce sont des gens qui bénévolement
05:51 accompagnent des mourants pour les soulager,
05:53 pour leur tendre la main.
05:55 Eh bien, ceux-là, finalement, qui vont essayer de dire
05:57 "accroche-toi, il y a des soins palliatifs", etc.
05:59 Est-ce que ça sera aussi un délit d'entrave
06:03 dans ce cas-là ?
06:04 Non, c'est un texte qui n'a plus rien à voir
06:06 avec le texte initial.
06:08 Je m'y opposerai.
06:09 Peut-être qu'au moment de l'examen dans l'hémicycle,
06:12 les choses changeront.
06:13 Mais c'est une révolution.
06:15 Et là encore, le gouvernement est coupable.
06:17 Puisque le gouvernement et sa majorité,
06:19 avoir nommé rapporteur général de la commission spéciale,
06:22 Olivier Falorni, qui est un militant.
06:24 On ne peut pas trouver un équilibre quand on est militant.
06:27 Très bien, ses idées, il les a, pourquoi pas ?
06:29 J'en ai d'autres, ce ne sont pas les mêmes.
06:31 Mais en tout cas, il n'est pas, lui, le représentant
06:33 de ce point d'équilibre.
06:34 Et la ministre, Vautrin, a donné un avis favorable
06:38 quand elle était au vote, justement,
06:41 de la création de ce nouveau délit d'entrave.
06:44 Bruno Retailleau, autre chose, les européennes maintenant.
06:47 Il y a un débat, le 23, c'est-à-dire jeudi soir,
06:50 entre Gabriel Attal et Jordane Bardella.
06:53 Est-ce que c'est injuste et inéquitable
06:55 pour les autres candidats ?
06:57 Bien sûr, bien sûr que c'est injuste.
06:59 Raphaël Glucksmann a protesté,
07:00 le PS porte l'affaire devant l'Arkom.
07:02 Mais ils ont raison.
07:04 Je n'ai pas entendu François-Xavier Bellamy.
07:06 - Il a dit... - Quel est sa...
07:08 Est-ce qu'aussi, va-t-il lui aussi
07:10 porter l'affaire devant l'Arkom ?
07:12 - Non, je ne sais pas. - Est-ce qu'il faut
07:14 interdire ce débat ?
07:16 Ou est-ce qu'il faut demander... - On ne va pas commencer.
07:18 - Non, je vous dis ça parce qu'en Italie, pardon, je vous coupe.
07:20 En Italie, il devait y avoir un débat.
07:22 Meloni est la chef de l'opposition.
07:24 Et la RAE est revenue sur sa décision
07:27 d'organiser ce débat. - Bien sûr.
07:29 Parce qu'un parti politique a saisi, justement,
07:31 l'équivalent de l'Arkom en Italie.
07:32 J'ai lu cette information-là.
07:34 C'est simplement ce que je veux dire, moi, au-delà d'interdiction.
07:36 C'est la démocratie confisquée.
07:38 Ça fait déjà, depuis 2017,
07:41 ça fait plus de 7 ans qu'on nous confisque la démocratie.
07:43 Quand on dit aux Français, il n'y a que deux choix possibles.
07:46 Le choix d'Emmanuel Macron, avec sa tête de liste Valérie Ayer.
07:50 Ou alors, le choix de Madame Le Pen avec Jordan Bardella.
07:54 C'est insupportable ! La majorité des Français
07:57 ne se retrouve pas dans ce choix. - Mais, pardon.
07:59 - Et ce choix-là... - Ce sont les deux listes qui sont en tête,
08:01 aujourd'hui, dans toutes les projections.
08:03 - Ce sont deux impasses. Deux impasses européennes.
08:06 L'impasse européenne, fédéraliste, de la part de M. Macron.
08:09 Aucun peuple, pas plus les Français, vous les faites voter demain,
08:12 par référendum, ne veulent la dissolution de la nation
08:16 dans une Europe fédérale.
08:17 Et l'autre impasse, Jordan Bardella,
08:19 c'est qu'il ne veut pas d'Europe, en fait.
08:21 Et nous, nous portons, François-Xavier,
08:23 la seule Europe qui soit jouable,
08:25 qui permette, justement, à tous les Européens,
08:27 comment dirais-je, se retrouver sur cette ligne.
08:29 Une Europe réaliste.
08:30 Une Europe qui défende les intérêts de la France, aussi.
08:33 - Mais, vous ne demandez pas...
08:35 Vous ne demandez pas la suppression de ce débat.
08:38 - Ah, ça m'irait très bien.
08:40 Ça m'irait très bien. Mais, en ai-je la possibilité ?
08:42 - Non, non, non, mais à titre personnel,
08:44 - Je m'exprime. - Personnel et président
08:46 - Bien sûr, bien sûr. - du groupe LR au Sénat, pardon.
08:49 - Bien sûr, bien sûr, c'est important.
08:51 - Oui, ben oui, non, non, mais Bruno Retailleau...
08:53 - Le monde entier nous écoute, ce matin.
08:55 - Mais non, non, non, mais je vous dis ça parce que
08:58 l'injustice est ressentie par beaucoup.
09:00 - Mais c'est une injustice, bien sûr.
09:02 C'est une injustice, mais c'est pire que l'injustice.
09:04 On ne peut pas dire que les Français ne vont pas voter.
09:06 Verser des larmes de crocodile
09:08 en disant "mais regardez le taux d'abstention".
09:10 Mais qu'est-ce qu'on leur propose ?
09:12 On leur propose une démocratie confisquée,
09:14 une démocratie amputée.
09:16 Ce choix-là, ce choix binaire, ils n'y se retrouvent pas.
09:18 Vous savez, Emmanuel Macron, Marine Le Pen,
09:20 ils se font à la courte échelle.
09:22 C'est vraiment les deux faces d'une même pièce.
09:24 - Voilà. - À propos de Marine Le Pen,
09:26 vous avez vu les images du congrès
09:28 des extrêmes-droites européennes à Madrid ?
09:30 Vous avez vu ? - Bien sûr que j'ai vu.
09:32 - Marine Le Pen invitée de Vox, le parti d'extrême-droite espagnole.
09:35 Il y avait là le nouveau président argentin,
09:37 Mélehi, la France, doit-elle conclure
09:39 des accords commerciaux avec l'Argentine ?
09:41 Marine Le Pen dit "oui".
09:43 Y a-t-il contradiction à vos yeux ou pas ?
09:46 - Ah non, mais les contradictions, c'est chaque jour.
09:49 D'ailleurs, citez-moi Jean-Jacques Bourdin,
09:51 un seul sujet sur lequel
09:53 Madame Le Pen est tenue constamment une cohérence.
09:57 Elle a changé d'avis sur tout.
09:59 C'est la girouette par excellence.
10:01 La démagogue par excellence.
10:03 Moi, c'est pas le problème de l'Argentine ou d'un autre pays.
10:05 Moi, je veux que nos accords de libre-échange...
10:09 - Vous êtes pour les accords de libre-échange ?
10:11 - Je suis pour, à la condition qu'ils soient justes,
10:13 qu'ils soient loyaux et équilibrés.
10:15 - Vous êtes pour le Mercosur ?
10:17 Pour un accord avec les pays d'Amérique du Sud ?
10:19 - Non, parce qu'il n'est pas équilibré, je m'exprime
10:21 de façon plus précise.
10:23 Il est hors de question, désormais,
10:25 d'accepter des accords de libre-échange
10:27 qui feraient pénétrer des importations
10:29 agricoles en Europe
10:31 avec des pratiques qu'on interdit,
10:33 des hormones de croissance, etc.
10:35 Et on les interdit à nos agriculteurs
10:37 et on les ferait rentrer par la petite porte,
10:39 par la fenêtre, via les importations.
10:41 Ça, ça n'est pas possible.
10:43 Oui, il faut, je pense, parce que le commerce international
10:45 est positif, mais il y a longtemps
10:47 qu'on a terminé la mondialisation heureuse
10:49 et il faut simplement
10:51 interdire les pratiques qu'on interdit chez nous,
10:53 les interdire à travers les importations.
10:55 - Bruno Rotaillot, la Nouvelle-Calédonie,
10:57 faut-il rétablir l'ordre
10:59 avant toute initiative politique ?
11:01 - Je pense que oui.
11:03 J'étais en discussion
11:05 avec un homme politique français, qui a été ministre
11:07 d'ailleurs, de la coopération,
11:09 Hervé Mariton, qui se trouve bloqué
11:11 à Nouméa ce matin,
11:13 puisqu'il n'y a pas d'avion avant jeudi
11:15 ou vendredi. Que me disait-il ?
11:17 Il disait que l'ordre est
11:19 partiellement revenu. Les barrages
11:21 se reconstituent. Il y a une extrême agilité,
11:23 une extrême mobilité. Moi, je pense
11:25 qu'on ne doit pas céder au chantage
11:27 et la condition
11:29 de ce dialogue,
11:31 et j'ai même, il y a plusieurs jours,
11:33 j'avais demandé ce qu'il y ait une mission de médiation,
11:35 mais c'est le rétablissement de l'ordre public.
11:37 - L'ordre avant toute initiative politique ?
11:39 - La paix civile.
11:41 - Ce n'est pas tout à fait ce que dit le président du Sénat ?
11:43 - Si, on a travaillé...
11:45 - Non, non, non, pas vraiment.
11:47 - Si, si, non, ah si,
11:49 très précisément,
11:51 je dois l'avoir remis, le document
11:53 qu'il a transmis et qu'il a lu d'ailleurs
11:55 à Matignon vendredi. Le document
11:57 qu'il a lu, commence
11:59 par le rétablissement de la paix civile.
12:01 Ensuite, bien sûr, il faut le dialogue.
12:03 - Le report du Congrès ?
12:05 - Le report du Congrès,
12:07 je pense que le report du Congrès,
12:09 aujourd'hui, il ne peut pas y avoir de Congrès.
12:11 Vous savez pourquoi ? Tout simplement
12:13 parce qu'il n'y a pas la majorité des 3/5.
12:15 Moi, je suis pour que la démocratie
12:17 s'exprime. Aujourd'hui, c'est inconcevable
12:19 qu'un cinquième
12:21 citoyen français
12:23 n'ait pas accès au vote au provincial.
12:25 Et la modification de la Constitution,
12:27 donc le Congrès, c'est pour
12:29 rendre équitable, démocratique.
12:31 - Donc pas de retrait de la réforme constitutionnelle ?
12:33 - Pas de retrait, pas de retrait.
12:35 - Ce n'est pas ce que dit le président du Sénat ?
12:37 - Mais si !
12:39 - Pas tout à fait. Sur le retrait
12:41 de la réforme constitutionnelle ?
12:43 - Non, il ne parle pas de retrait. Il dit simplement
12:45 le temps du dialogue, on peut prendre
12:47 quelques mois. Et évidemment,
12:49 aujourd'hui, de toute façon, quand bien même
12:51 Emmanuel Macron réunirait le Congrès à Versailles,
12:53 qu'il ne trouverait pas la majorité
12:55 des 3/5. Donc, résumons.
12:57 Pour être clair, première chose,
12:59 on rétablit la paix civile.
13:01 Deuxième chose, la démocratie.
13:03 - Vous êtes sur la ligne d'Emmanuel Macron, c'est ce qu'il veut.
13:05 Il veut d'abord rétablir l'ordre avant...
13:07 - Je pense qu'il a raison.
13:09 - ... l'ordre de l'élective politique. C'est très contesté.
13:11 - Mais je pense qu'il faut rétablir
13:13 la paix civile. Mais il faut aussi
13:15 dialoguer. Mais ce dialogue
13:17 ne peut pas passer par perte des profits,
13:19 la démocratie. Il y a deux logiques qui s'affrontent.
13:21 La logique de la démocratie
13:23 et la logique de la décolonisation.
13:25 Je pense qu'on ne peut pas,
13:27 sous prétexte qu'il y ait un peuple premier,
13:29 qui a plus de droits d'ailleurs que
13:31 beaucoup de Français, puisque les Français sont interdits
13:33 de vote en Nouvelle-Calédonie, parce qu'ils ne sont
13:35 pas là depuis suffisamment longtemps, ils n'y sont pas nés,
13:37 etc. Je pense qu'aujourd'hui,
13:39 la démocratie doit prévaloir. Il devra y avoir
13:41 un changement de règles constitutionnelles.
13:43 Mais je crois qu'il faut
13:45 donner un peu de temps au temps.
13:47 C'est ce qu'on a fait au Sénat. Vous savez qu'au Sénat,
13:49 on avait indiqué, dans le texte
13:51 qu'on a voté pour modifier la Constitution,
13:53 à dix jours de l'élection
13:55 provinciale, en fin d'année, s'il y a dix jours
13:57 il y avait un accord, on rendait caduque
13:59 les textes, le texte de loi,
14:01 et on reprenait tout à zéro. Vous voyez ?
14:03 - Un quatrième référendum,
14:05 comme le demande de Marine Le Pen ?
14:07 - Vous voyez, vous me donnez
14:09 un exemple d'un nouveau revirement.
14:11 J'ai beaucoup
14:13 d'admiration pour Pierre Frogier,
14:15 qui est un des derniers à avoir
14:17 signé les accords de Matignon et de
14:19 Nouméa. Pierre m'a toujours
14:21 dit, il a été député, sénateur
14:23 de Nouvelle-Calédonie, je l'ai eu la semaine
14:25 dernière, il y a quelques jours, il m'a toujours dit
14:27 "Bruno, les référendums
14:29 en fait nous enferment dans une
14:31 situation binaire. Ils cassent la société
14:33 néo-calédienne. - Alors pourquoi vous demandez sans cesse
14:35 des référendums ? Vous avez demandé un référendum
14:37 sur les retraites, un référendum sur...
14:39 - C'est pas la même... - Ben oui !
14:41 - Les référendums, je lui ai toujours dit... - Non, non, ben si !
14:43 - Ces référendums étaient prévus... - C'est près à un référendum !
14:45 - Bien sûr. Ces référendums étaient prévus
14:47 dans les accords de Nouméa, donc il fallait les
14:49 mener à bien. Ce que je veux dire, vous me posez une question,
14:51 un quatrième référendum. Le problème c'est
14:53 que de référendum en référendum, la société
14:55 néo-calédienne est bloquée, l'économie
14:57 est bloquée. Et aujourd'hui, on parle d'institution,
14:59 mais il y a un autre problème. C'est le
15:01 problème du développement économique, avec la
15:03 crise du nickel, avec la crise économique
15:05 et sociale. Et je vais vous dire,
15:07 il n'y aura pas d'accord institutionnel
15:09 sans un accord sur le nickel
15:11 et sans un accord sur le développement
15:13 de la Nouvelle-Calédonie. C'est ça le problème.
15:15 Et je pense que cette mission de médiation
15:17 si elle a lieu, doit tenir compte, doit
15:19 tenir les deux bouts de la chaîne.
15:21 - Avec les deux présidents de l'Assemblée nationale
15:23 et du Sénat. - C'est ce que j'avais proposé, mais...
15:25 - C'est pas sûr que le président de la République
15:27 souhaite qu'il y ait cette configuration.
15:29 - Pourquoi ?
15:31 Parce qu'il y a la présidente de l'Assemblée nationale ?
15:33 - C'est possible, non ? - C'est possible ? Ah non, je vous pose la question.
15:35 - C'est possible. Vous envisagez
15:37 une hypothèse ? Je pose un point d'interrogation
15:39 à mon tour, ça fait deux points d'interrogation.
15:41 - Bien. Bruno Rotailleau
15:43 demande de mandat d'arrêt requis
15:45 contre Benjamin Netanyahou,
15:47 par le procureur de la Cour pénale internationale,
15:49 contre le ministre
15:51 de la Défense israélien, contre
15:53 trois
15:55 leaders du Hamas,
15:57 notamment le chef du bureau politique
15:59 du Hamas, Ismaël Hanié.
16:01 Alors, réaction
16:03 de Joe Biden, qui juge cette décision
16:05 scandaleuse. La France soutient
16:07 la CPI et la lutte contre
16:09 l'impunité, mais
16:11 mais pas
16:13 de position de la France sur le fond.
16:15 Quelle est la vôtre ?
16:17 - La mienne est claire.
16:19 Cette proposition
16:21 du procureur général
16:23 de la CPI est scandaleuse.
16:25 Elle est scandaleuse parce que
16:27 elle trace un signe
16:29 d'équivalence entre
16:31 les responsables israéliens.
16:33 Il y a un droit d'Israël à se défendre.
16:35 Dieu sait si M. Benjamin Netanyahou,
16:37 ça n'est pas ma sasse de thé,
16:39 mais c'est Israël qui a été
16:41 attaqué. Et cette
16:43 décision ignore une chose.
16:45 C'est que le Hamas a agi
16:47 comme un mouvement terroriste qui s'en est pris
16:49 à des civils. Il y a une riposte Israël.
16:51 Sans doute est-elle
16:53 mal proportionnée, mais en tout
16:55 cas, les victimes ne sont pas volontaires. Tandis
16:57 que les victimes du Hamas, avec ce qui s'en est
16:59 suivi de déshumanisation en réalité,
17:01 quand on découpe un bébé en deux, quand on
17:03 déventre une femme enceinte pour que
17:05 on extirpe le foetus, etc.
17:07 Ça, c'est des actes absolument
17:09 inhumains et franchement, la CPI
17:11 aurait beaucoup mieux à faire. Quand on sait
17:13 en plus, les autres désastres
17:15 humanitaires au Yémen et ailleurs,
17:17 ce qui se sont passé sans que la CPI ne dise
17:19 rien d'ailleurs, entre nous. On voit bien
17:21 qu'il y a deux poids, deux mesures. Et là,
17:23 cette équivalence, elle est proprement insupportable.
17:25 - Mais ne faut-il pas ouvrir des enquêtes
17:27 sur d'éventuels crimes de guerre et
17:29 crimes contre l'humanité commis par
17:31 l'armée israélienne à Gaza ?
17:33 - On peut ouvrir toutes les enquêtes.
17:35 Ça n'est pas les investigations, moi, qui me choquent, vous voyez.
17:37 C'est qu'un procureur de
17:39 cette CPI s'empresse
17:41 de le mettre sur le même plan, parce que c'est ce qui se
17:43 joue. Quand l'extrême-gauche en France
17:45 veut assimiler
17:47 l'État juif à un État génocidaire,
17:49 vous voyez bien quelle est la mécanique
17:51 que l'on recherche. Et,
17:53 de ce point de vue-là, le procureur général
17:55 est sur la même ligne. Eh bien, ça n'est
17:57 pas ma ligne. - Ça n'est pas votre ligne.
17:59 Donc, la Cour pénale
18:01 internationale devrait...
18:03 devrait...
18:05 Nous verrons bien, peut-être inculper
18:07 les dirigeants du Hamas, mais surtout
18:09 ne pas enquêter sur les dirigeants
18:11 israéliens. - Ça n'est pas ce que je dis.
18:13 Je dis l'investigation, oui,
18:15 mais ce qui est insupportable... - Des deux côtés.
18:17 - Ce qui est insupportable, c'est deux côtés. - L'équivalence, c'est deux côtés.
18:19 - Mais l'équivalence, il n'y a pas d'équivalence
18:21 aujourd'hui entre
18:23 des dommages qui sont...
18:25 des dommages vis-à-vis des civils, qui sont en trop
18:27 grand nombre, on est bien d'accord, et très franchement,
18:29 Benjamin Netanyahou a eu des responsabilités
18:31 énormes. - Des morts comptent plus que
18:33 d'autres morts. - Non. - Bruno Rotailleau.
18:35 - C'est l'intention. Vous savez qu'en droit pénal,
18:37 en droit pénal français,
18:39 il y a quelque chose qui est fondamental, quand vous commettez
18:41 un acte, c'est l'intentionnalité.
18:43 Ça n'est pas la même chose quand vous avez l'intention
18:45 de massacrer, de
18:47 déshumaniser, ou quand vous voulez vous
18:49 défendre, et que, par la légitime
18:51 défense... - Et que vous massacrez éventuellement, oui.
18:53 - C'est trop... Je ne suis pas en train
18:55 de justifier cette politique-là, au contraire.
18:57 Je pense que Benjamin Netanyahou, devant
18:59 son peuple notamment,
19:01 c'est ce qui s'était passé d'ailleurs, avec
19:03 le gouvernement travailliste,
19:05 après la guerre du Kipour, en 73,
19:07 il avait été débarqué.
19:09 Mais très franchement, mettre sur le même
19:11 point, faire une équivalence... - Vous souhaitez qu'il soit débarqué
19:13 d'ailleurs ? C'est le
19:15 peuple israélien qui décidera.
19:17 - C'est au peuple israélien, bien sûr.
19:19 C'est au peuple israélien de le dire,
19:21 mais je pense que son alliance notamment
19:23 avec les partis les plus fondamentalistes
19:25 a entraîné Israël
19:27 dans un cycle qui est un cycle de violence.
19:29 Mais l'origine,
19:31 je le dis encore, c'est le Hamas.
19:33 - La France doit-elle reconnaître un Etat palestinien ?
19:35 - Bien sûr, bien sûr.
19:37 Évidemment, de toute évidence.
19:39 - Il faut y aller maintenant ?
19:41 - Bien sûr, il faut y aller. Et c'est la position
19:43 de la France depuis très longtemps, quel que soit
19:45 le gouvernement, la droite, la gauche, Emmanuel Macron
19:47 ou un autre, je pense que... - Jacques Chirac
19:49 ou d'autres. - Bien sûr, Jacques Chirac
19:51 était de ce point de vue-là. Jacques Chirac, je pense
19:53 que ses plus grands succès d'ailleurs,
19:55 plus que domestique, ont été en matière
19:57 de politique étrangère. Il nous a évité
19:59 le bourbier de l'Irak.
20:01 Il connaissait bien le Moyen-Orient, vous le savez.
20:03 Mais bien sûr, bien sûr,
20:05 deux États, une solution à deux États.
20:07 - Et pendant ce temps-là, l'ONU
20:09 rend hommage au bourbier, au boucher
20:11 de Téhéran. - Bah oui. - Vous avez vu ça ?
20:13 - Bien sûr, j'ai vu ça. - Ça vous a
20:15 choqué ? - Mais voyez,
20:17 ce qui est terrible, on voit bien que...
20:19 - Un homme qui laissait les femmes se faire
20:21 violer avant d'être pendue
20:23 pour qu'elles n'aillent pas au paradis.
20:25 - L'ONU... - Et debout,
20:27 l'ONU lui rend hommage.
20:29 - L'ONU est en train de se décrédibiliser.
20:31 Vous savez qu'il y a eu une douzaine de personnes
20:33 de l'UNEVRA qui est chargée,
20:35 l'organisme, l'agence dépendante de l'ONU
20:37 chargée de l'assistance
20:39 pour les Palestiniens qui auraient
20:41 participé de très très près d'ailleurs
20:43 au pogrom du 7 octobre
20:45 dernier. L'ONU est en train de
20:47 s'affaiblir. Et elle s'affaiblit aussi.
20:49 Il y a un an, je crois, ou 18 mois,
20:51 le comité, d'ailleurs,
20:53 des droits de l'homme de l'ONU, figurez-vous,
20:55 avait condamné la France pour l'interdiction
20:57 d'Abourka. C'est incroyable.
20:59 Et on vit dans un monde
21:01 qui est aujourd'hui
21:03 en total désordre, où nos institutions de l'ONU
21:05 ont été affaiblies
21:07 par l'émergence des démocratures,
21:09 des dictatures.
21:11 Mais l'ONU en rajoute. C'est ça qui est
21:13 terrible. Et s'auto-affaiblit.
21:15 - J'ai une dernière question qui a agité
21:17 le week-end. Il y a eu des
21:19 matchs de football dimanche soir,
21:21 et c'était une journée de lutte contre l'homophobie.
21:23 Et plusieurs
21:25 joueurs de football professionnel
21:27 ont refusé
21:29 d'épouser ce combat contre
21:31 l'homophobie. Est-ce qu'il
21:33 faut les sanctionner, et sanctionner
21:35 les clubs ? - Non, écoutez,
21:37 bien sûr que la cause de l'homophobie
21:39 est une cause, comme les autres,
21:41 qui vise à ne pas discriminer
21:43 un certain nombre de concitoyens.
21:45 L'orientation sexuelle est une affaire privée,
21:47 et on n'a pas à discriminer les uns
21:49 par rapport aux autres. Mais très franchement,
21:51 faire, comment dirais-je, introduire
21:53 cette cause à tout bout de champ,
21:55 est-ce que ça nuit même à la cause ? Parce que ça peut,
21:57 à un moment donné, agacer les Français. Je crois
21:59 qu'il ne faut pas les condamner là-dessus.
22:01 Un joueur de foot, c'est un joueur de foot,
22:03 arrêtons de vouloir le faire
22:05 le porteur d'un certain nombre de choses. En revanche,
22:07 évidemment, condamnons un joueur de foot
22:09 lorsque, sur le terrain,
22:11 il a des propos racistes, ou lorsque
22:13 il aurait des propos, par exemple, homophobes.
22:15 Ça, c'est une autre affaire. Mais prendre
22:17 ce vecteur-là, et condamner,
22:19 vouloir condamner des joueurs de foot... - Ne pas sanctionner, donc ?
22:21 - Non, franchement.
22:23 La cause... - Chacun le droit.
22:25 - Toutes les causes,
22:27 toutes les causes
22:29 vis-à-vis des discriminations sont
22:31 bonnes à combattre, dès qu'il y a une discrimination.
22:33 Mais attention,
22:35 là encore, il faut de la mesure, il ne faut pas
22:37 tout mélanger. Parce que quand on mélange tout,
22:39 vous savez, les Français s'en rendent compte.
22:41 Et je pense que ça peut aboutir au résultat inverse,
22:43 à un agacement profond.
22:45 - Merci Bruno Retailleau d'être
22:47 venu nous voir ce matin, il est 8h57.
22:49 Vous êtes sur Sud Radio,
22:51 0826 300 300,
22:53 pour réagir sur tous
22:55 ces sujets d'actualité. Je vous attends,
22:57 évidemment, entre 9h et 10h.
22:59 A tout de suite.