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Avec Philippe Juvin, Député LR et Chef des Urgences de l'hôpital Pompidou.

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-09-06##

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Transcription
00:00 Bonjour à toutes et à tous l'invité politique, c'est un plaisir.
00:03 Tous les matins, 8h30, 9h, vous êtes sur Sud Radio.
00:06 Et nous recevons ce matin Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine,
00:10 chef des urgences de l'hôpital Georges Pompidou.
00:13 Philippe Juvin, bonjour.
00:14 - Bonjour.
00:15 - Merci d'être avec nous. Un peu plus de 20 minutes d'interview.
00:17 Le ministre de la Santé sera notre invité vendredi.
00:20 Il appelle, vendredi matin, il appelle à ne pas aller travailler
00:24 quand on est infecté par le nouveau variant du Covid-19.
00:27 Les cas augmentent, +33% de cas sur la dernière semaine,
00:31 24 cas pour 100 000 habitants. Est-ce qu'on doit s'inquiéter ?
00:35 - Non, la question, on vous l'a posée depuis maintenant 3 ans,
00:38 est-ce qu'on doit s'inquiéter ? Non, il ne faudra pas s'inquiéter.
00:40 Il faut se préparer, c'est toujours pareil.
00:42 Donc aujourd'hui, il y a évidemment une réaugmentation des cas.
00:45 - Vous l'avez constaté ?
00:47 - Qu'on ne constate pas macroscopiquement dans les services d'urgence.
00:50 Non, le problème des services d'urgence actuellement,
00:52 c'est qu'ils sont obligés pour beaucoup de fermer parce qu'ils n'ont pas de personnel.
00:56 - Je vais y revenir. - Et ils n'ont pas de lit d'aval.
00:58 Donc en fait, la question, ce n'est pas tant le Covid,
01:01 c'est l'ensemble des pathologies aussi aujourd'hui nous posent problème
01:04 parce que pour hospitaliser l'ensemble des pathologies,
01:07 Covid comme les autres, on n'a pas suffisamment de lits.
01:10 - Donc on ne s'inquiète pas, à l'hôpital, vous ne voyez pas arriver de malades du Covid ?
01:14 - On en voit, si, il y en a. - Vous en voyez toujours ?
01:16 - Bien entendu, on a même des patients qu'on met en réanimation,
01:19 essentiellement des patients âgés, avec des pathologies multiples.
01:23 Mais on est très loin de la vague d'il y a 2 ou 3 ans.
01:26 - Bien entendu. - Bien entendu.
01:27 - Ce que je veux vous dire, c'est qu'aujourd'hui, le problème,
01:28 c'est que l'absence de marge de manœuvre à l'hôpital,
01:31 l'absence de marge de manœuvre fait que tout événement,
01:33 même minime, nous pose problème.
01:35 Un coup de canicule, l'hôpital est débordé.
01:38 Un coup de bronchiolite, l'hôpital est débordé.
01:40 Un coup de ce que vous voulez, l'hôpital est débordé.
01:42 Les Jeux Olympiques l'année prochaine, vous savez qu'en région Île-de-France,
01:45 on imagine que 13 millions de personnes, touristes, vont venir assister.
01:49 Eh bien, les autorités nous ont annoncé, ne vous inquiétez pas,
01:52 13 millions de personnes qui vont venir en plus dans la région Île-de-France,
01:55 c'est-à-dire doublement de la population, qui est de 13 millions,
01:57 il n'y aura pas d'effet sur les services d'urgence.
01:59 C'est ce qu'on nous dit aujourd'hui.
02:00 Donc on voit bien qu'on a...
02:01 - Et aucune mesure n'est prévue ?
02:03 - Non, non.
02:04 - À l'occasion de ces Jeux Olympiques, pour renforcer, je ne sais pas, les équipes ?
02:07 - Non, non. Le ministre a annoncé qu'il continuait, et c'est très bien,
02:10 je l'ai félicité, de mieux payer les gardes de nuit,
02:13 parce que la question de la nuit est fondamentale.
02:15 - Oui, plus 25% pour les infirmiers et les soignants,
02:17 et 20% dimanche et jour férié.
02:20 - Mais il n'y aura pas de moyens supplémentaires,
02:22 il n'y aura pas d'urgentisme,
02:23 on ne va pas créer des lignes supplémentaires dans les services d'urgence, par exemple.
02:27 On nous explique qu'il n'y aura pas d'effet sur l'activité des services d'urgence.
02:31 Je crois que c'est une erreur folle.
02:34 Mais c'est à l'image de la politique aujourd'hui,
02:36 c'est que les hommes et les femmes politiques ont une caractéristique en général,
02:39 c'est qu'ils ne se préoccupent pas de l'avenir.
02:42 Ils se disent "ça va passer, les Français vont tenir".
02:45 Et ils n'ont pas de vision à long terme.
02:48 - Bien, Philippe Juvin, parlons des urgences,
02:51 vous avez abordé le sujet,
02:53 vous dirigez les urgences de l'hôpital Georges Pompidou,
02:56 qui est un hôpital très important,
02:58 comment avez-vous passé l'été ?
02:59 - Eh bien, personnellement, je suis revenu à la mi-août,
03:03 et j'ai fait un certain nombre de gardes.
03:04 Là aussi, avec cette difficulté,
03:06 que nous avions en fait probablement moins de patients qui arrivaient aux urgences,
03:11 mais parmi ces patients, plus qui devaient être hospitalisés,
03:16 c'est-à-dire plus qui étaient graves.
03:17 On observe cet effet de ciseau,
03:21 qui fait que, alors que le nombre de lits diminue,
03:24 je vous rappelle qu'il y a 21 000 lits en moins dans les hôpitaux français depuis 2016,
03:28 21 000 lits en moins,
03:29 vous avez une activité d'urgence qui n'est pas encore remontée
03:33 à l'activité avant Covid,
03:35 mais qui en revanche, en nombre d'hospitalisations,
03:38 c'est-à-dire en patients graves,
03:39 est remontée, même dépassée.
03:41 Donc le vrai sujet, il est là, c'est le nombre de lits.
03:43 - Enquête de SAMU Urgences France,
03:47 que dit cette enquête ?
03:49 Que cet été, en France, 163 services d'urgence sur 389 ont été fermés,
03:55 au moins une fois.
03:57 Est-ce que, là je vais vous poser une question directe,
04:00 est-ce que la population française est mise en péril ?
04:03 - Ah oui, bien en péril, le mot est fort.
04:05 Ce qui est certain, c'est que la qualité des soins est dégradée,
04:09 assurément.
04:10 - Vous voulez dire que les français sont mis en danger ?
04:13 - Il ne se passe pas une seule journée,
04:15 il ne se passe pas une seule journée, M. Bourdin,
04:17 où je ne reçois pas un coup de fil ou un SMS de quelqu'un,
04:21 ami d'ami ou connaissance, qui me demande un SOS.
04:25 Je veux commencer ma chimiothérapie, et ça met du temps, comment je fais ?
04:29 Je veux avoir un scanner et je n'y arrive pas, comment je fais ?
04:32 Je veux trouver un chirurgien et je n'y arrive pas, comment je fais ?
04:35 Donc oui, aujourd'hui, je pense que la qualité des soins en France
04:37 est dégradée, et donc le mot "danger" que vous utilisez,
04:41 qui est fort, est probablement vrai pour un certain nombre de nos concitoyens.
04:46 Le système est dégradé.
04:47 On ne sait pas bien, c'est la France de la débrouille.
04:50 Vous connaissez quelqu'un, en gros vous y arrivez.
04:53 Vous ne connaissez personne, vous êtes dans un système
04:55 où vous êtes abandonné à vous-même.
04:57 - Aujourd'hui, on n'est pas bien soigné en France ?
04:59 - La France de la débrouille.
05:00 Vous êtes bien soigné quand vous connaissez quelqu'un, assurément.
05:03 - Sinon ? Non.
05:04 - Sinon, vous prenez la file d'attente,
05:06 et vous attendez qu'on vous donne un rendez-vous,
05:09 et votre cancer évolue pendant plusieurs semaines,
05:11 peut-être des métastases se développent malheureusement,
05:13 parce que la chimiothérapie est lente à démarrer.
05:15 - Donc, inégalité de traitement.
05:17 - Fondamentale.
05:18 La grande inégalité aujourd'hui, elle est entre ceux qui connaissent un circuit
05:23 et ceux qui font confiance à un système
05:25 qui les met encore une fois dans une file d'attente.
05:28 Mais entre nous, malheureusement, ce que je vous décris pour la santé,
05:31 c'est vrai aussi, par exemple pour l'éducation.
05:33 J'ai été maire pendant longtemps de ma commune à la Garenne-Colombe,
05:36 la question que posent les gens, et c'est normal,
05:38 quand ils arrivent dans une commune,
05:39 "Quelle est la bonne école ? Où faut-il aller ?"
05:41 On vous pose la même question pour les médecins.
05:43 J'ai été élu maire il y a 20 ans,
05:45 il y a 20 ans on me demandait comme maire un logement ou un travail.
05:48 C'était sa question.
05:49 Aujourd'hui, on demande au maire quoi ? Un médecin.
05:52 Il n'y a pas un seul maire de France qui ne vous pose pas cette question,
05:55 mais les concitoyens ont besoin d'un médecin, tous.
05:58 Donc on voit bien qu'on a ce sujet absolument majeur.
06:00 Autre sujet, et j'ai l'impression que pas tout le monde s'en fiche,
06:03 mais on le commente sans prendre les bonnes mesures.
06:06 Autre sujet important qui concerne la santé,
06:09 pénurie de médicaments, 3700 médicaments en tension ou en rupture en France.
06:13 On a cité le cas de la moxiciline, du coup augmentation du prix de 10%,
06:19 des dizaines de molécules sont absentes,
06:22 on manque, l'industrie pharmaceutique n'organise-t-elle pas la pénurie
06:26 pour obtenir une augmentation des prix ?
06:28 C'est la question que posent beaucoup.
06:30 Non, je pense pas qu'il y ait de complot.
06:32 Je crois surtout qu'on est face à la conséquence de l'imprévoyance
06:37 des gouvernants depuis très nombreuses années,
06:39 avec une France qui est une France qui ne produit plus.
06:42 On ne produit plus de médicaments en France, et donc on achète tout.
06:45 Et comme parfois on a du mal à payer, on les servit après les autres.
06:48 Et puis, nous avons les conséquences d'une France pauvrie.
06:51 Je vous explique, certains médicaments très très chers pour soigner des cancers,
06:55 en particulier des médicaments très innovants,
06:58 et bien la question va être, on va pouvoir se les payer.
07:01 Et il est clair qu'aujourd'hui il y a des médicaments que la France n'arrivera pas à se payer,
07:06 alors que les Allemands vont se les payer.
07:08 Oui, le médicament c'est une marchandise comme une autre,
07:11 ou est-ce que c'est un bien commun ?
07:13 Ça devrait être un bien commun, bien entendu,
07:15 soumis évidemment à la nécessité des lois du marché.
07:19 Je veux dire par là que quand vous avez un découvreur, un inventeur, un industriel,
07:22 qui prend un risque, qui investit sur 20 ans et qui développe une molécule,
07:25 il est normal qu'il soit payé, vous voyez.
07:27 Oui, mais sauf que l'industrie pharmaceutique n'exerce aucune,
07:32 n'offre aucune transparence sur les coûts de production ni sur les stocks.
07:36 Je ne sais pas comment... Je vous trouve un peu définitif.
07:41 La vraie question c'est comment on fait pour produire des médicaments en France,
07:45 et comment on fait pour que la France redevienne suffisamment riche
07:48 pour se payer des médicaments coûteux. C'est ça le sujet.
07:50 Aujourd'hui, je vous le dis, M. Bourdin, il est probable que les générations qui vont nous suivre
07:54 risquent de ne pas pouvoir se payer des médicaments coûteux, parce que la France est pauvre.
07:57 - Bien, réunion de travail demain sur la fin de vie avec le ministre de la Santé,
08:01 Philippe Juvin, vous faites des propositions,
08:03 les députés LR appellent à rendre effectifs les soins palliatifs sur tout le territoire.
08:08 Le gouvernement, lui, veut instaurer une aide active à mourir.
08:11 Aide active à mourir, oui, non ?
08:14 - Écoutez, il y a 600 000, en gros, un peu moins de 600 000 personnes
08:17 qui meurent tous les ans en France. Sur les 600 000, 300 000 pourraient être éligibles aux soins palliatifs.
08:22 La moitié devraient avoir accès aux soins palliatifs,
08:25 et sur ces 300 000, il n'y en a que 100 000 qui ont accès aux soins palliatifs.
08:28 Donc nous disons une chose très simple,
08:31 légaliser l'aide à mourir, alors que
08:34 deux tiers des gens qui ont besoin de soins palliatifs n'y ont pas accès,
08:37 c'est un problème, parce que je ne voudrais pas mourir.
08:40 - Le substitut ? - Bah oui.
08:41 Soit la solution "facilité", pardon de le dire un peu crûment,
08:45 et encore une fois, comprenez que c'est un sujet que je comprends
08:48 parce que je le vis tous les jours, mais j'essaie d'être clair.
08:51 Ce substitut a au droit d'avoir des soins palliatifs.
08:54 Moi, dans ma carrière de médecin, j'ai eu beaucoup,
08:57 et j'ai encore, des demandes d'euthanasie.
08:58 Les gens qui viennent, parfois les familles, parfois les malades.
09:01 Mais je peux vous témoigner d'une chose, c'est que
09:04 toutes les demandes d'euthanasie que j'ai eues, toutes,
09:06 dès lors qu'on a réussi à apporter une réponse physique,
09:10 un soin, une anthalgie psychologique, un accompagnement,
09:14 toutes ont disparu.
09:15 En fait, les demandes d'euthanasie que j'ai vues,
09:18 que ce n'est que mon expérience,
09:20 ce sont des demandes d'euthanasie par défaut,
09:23 parce que les gens sont seuls, abandonnés par le système.
09:26 - Mais l'aide active à mourir, ce n'est pas l'euthanasie ?
09:28 - En fait, le gouvernement joue un peu sur une ambiguïté.
09:32 Il y a effectivement deux éléments.
09:34 - Vous êtes opposé à l'aide active ?
09:36 - Vous êtes opposé, et il y a l'aide active à mourir à la fin de vie.
09:41 Ma crainte, si vous voulez, c'est 1) pas de soins palliatifs.
09:45 - Mais vous êtes opposé ?
09:46 - Oui, compte tenu de la situation actuelle, où il n'y a pas suffisamment de soins palliatifs.
09:49 Moi, je dis une chose très simple, et les députés LR le disent très clairement,
09:52 donnons accès aux soins palliatifs à tout le monde,
09:55 et après on verra.
09:56 Et après on verra, s'il y a un besoin.
09:58 Parce que vous savez, là aussi, c'est l'expérience que j'ai, je peux vous le dire.
10:02 Il y a aussi des demandes d'euthanasie qui sont des demandes intéressées.
10:04 La famille qui voit l'héritage un peu long à arriver.
10:08 "Docteur, ça va durer longtemps."
10:10 Je l'ai vécu, ce sont des choses que l'on voit, il ne faut pas être naïf.
10:14 La nature humaine est ainsi faite.
10:16 Qu'il y ait quelques situations extrêmes, où on n'arrive pas à avoir de réponse.
10:22 Elles existent probablement, mais elles sont en fait très très peu non plus.
10:27 - Mais la loi doit le permettre ?
10:29 - Non, il me semble qu'aujourd'hui la loi doit permettre à chacun d'avoir accès aux soins palliatifs.
10:34 Ce qui n'est pas le cas.
10:35 Attention à la pression sociale.
10:38 Vous parliez de l'école, la rentrée scolaire, on a beaucoup parlé de la baïa évidemment.
10:44 Alors, un lycée, le lycée U-Trio d'Austin en Seine-Saint-Denis, en grève.
10:50 Ce ne sont pas les enseignants qui sont en grève, ni le chef d'établissement.
10:54 Ce sont les élèves du lycée, certains élèves du lycée en grève, contre l'interdiction de la baïa.
10:59 Nous tenons à nous désolidariser de la politique islamophobe du gouvernement.
11:04 C'est ce que disent ces lycéens grévistes.
11:06 Que leur répondez-vous ?
11:07 D'abord, le gouvernement n'est pas islamophobe.
11:09 C'est l'opposant Philippe Juvin qui défend le gouvernement.
11:13 On est quand même dans un monde qui marche à l'envers.
11:15 Je rappelle que la loi de 2004 interdit le port de signes distinctifs permettant de reconnaître la religion des élèves.
11:24 Donc ce n'est que l'application de la loi.
11:26 En fait, cette polémique, ou plutôt cette discussion sur la baïa avec Attal depuis quelques jours,
11:31 ce n'est que l'application de la loi de 2004.
11:33 Ça signifie que la loi n'était pas appliquée.
11:35 J'ai félicité Attal de sa position, mais qui encore une fois n'est qu'une application de la loi.
11:41 Je rappelle que le vrai sujet c'est la colonne vertébrale.
11:45 Que pense vraiment le gouvernement ?
11:47 Que pense Gabriel Attal ?
11:49 M. Attal, il nous a dit ce qu'il pensait, mais il ne pensait pas la même chose en 2019.
11:53 Nous, sénateurs LR, en 2019, nous avons proposé que les mamans ou les papas,
11:59 souvent les mamans accompagnant en apprenti scolaire, ne puissent pas avoir de signes distinctifs.
12:03 On a dit "ce n'est pas possible, pas de signes distinctifs, y compris en dehors de l'école,
12:07 quand vous accompagnez une sortie scolaire".
12:09 Eh bien, à l'époque, le secrétaire d'État à l'éducation qui était Gabriel Attal s'était opposé à cette position.
12:14 Donc nous, ce que nous voulons, c'est une colonne vertébrale.
12:16 On veut savoir quel est le cap. En fait, il n'y a pas de cap.
12:18 Parfois le cap est bon, parfois le cap est fluctuant.
12:21 Pape M. Diaye un coup, Attal de l'autre. Où va-t-on ?
12:24 En tout cas, c'est un sujet majeur.
12:26 La laïcité, il faut la défendre.
12:28 Il faut appliquer la loi.
12:30 Et on voit qu'il y a une offensive derrière.
12:32 Une offensive qui est sur le vêtement, mais c'est une offensive qui est aussi sur les programmes.
12:37 Aujourd'hui, les enseignants nous expliquent que plus d'un sur deux, c'est déjà auto-censuré sur les questions de religion,
12:45 sur l'enseignement d'Ashoura, sur l'enseignement de la guerre d'Algérie.
12:48 Donc, vous voyez, on a affaire à une question systémique.
12:53 Une tentative de prise de pouvoir par les frères musulmans ou des organisations frères
13:00 et qui souhaitent imposer leur modus vivendi à la société française.
13:07 Attention.
13:08 Il y a une semaine, rencontre de Saint-Denis.
13:10 Emmanuel Macron nous avait promis une synthèse.
13:12 On attend toujours cette synthèse.
13:14 Vous aussi, j'imagine, l'opposition.
13:16 Rentrée politique LR les 12 et 13 à Saint-Malo.
13:20 Évidemment, il posait l'avenir de LR et notamment sa position vis-à-vis du gouvernement sur les questions budgétaires.
13:28 Importante question budgétaire.
13:29 Bruno Le Maire vous interpelle.
13:31 Il dit "la loi de programmation des finances publiques prévoit de ramener le déficit public sous les 3%.
13:40 LR a toujours demandé cela.
13:42 Alors, j'appelle LR à être logique avec elle-même.
13:47 J'appelle ce parti à être logique avec lui-même.
13:50 Donc, ça veut dire quoi ? Voter mon budget.
13:52 Oui, bien sûr.
13:53 Mais M. Bourdin, je crois que pour moi, le drame de la vie politique française, c'est qu'on ne croit plus les hommes politiques et les femmes politiques quand elles parlent.
14:00 Vous ne croyez plus personne.
14:02 J'ai du mal à croire.
14:04 Quel que soit le camp politique.
14:07 Non, bien entendu.
14:08 Mais quand Bruno Le Maire fait cette déclaration, il nous dit "regardez, je vais baisser la dépense publique, donc je vais être vertueux, donc il faut que vous votez".
14:16 Alors moi, je suis un élève un peu, vous savez, je suis besogneux.
14:19 Je regarde le projet de budget qu'on nous envoie et je vois que le projet de budget prévoit plus 40 milliards de dépenses publiques.
14:26 Donc, d'un côté, Bruno Le Maire, je pense qu'il le souhaite, dit "je vais baisser la dépense publique, je regarde les documents qu'il nous envoie et c'est plus 40 milliards".
14:35 Plus 40 milliards, c'est plus, c'est pas moins.
14:37 Oui, mais moi, Philippe Jumel, je suis besogneux aussi.
14:40 Je lis aussi, je regarde et je regarde les propositions LR.
14:43 Vous avez raison.
14:44 Eh bien oui, remise sur les carburants, dépense 12 milliards d'euros, c'est ce que vous proposez.
14:49 Suppression de la TVA sur les carburants, 10 milliards d'euros, c'est ce que vous proposez.
14:53 Indexer les dotations des collectivités locales sur l'inflation, ça coûte 6 milliards à l'État.
14:58 Élargir le bouclier tarifaire, ça coûte 18 milliards.
15:03 Ça fait 50 milliards en tout.
15:05 Finalement, vous valez.
15:07 Non, non, sauf que vous, je pense que vous ne lisez pas tout.
15:10 C'est vrai ce que je dis, ce sont des propositions LR.
15:15 C'est partiellement vrai.
15:17 Nous, nous croyons qu'il ne faut pas augmenter les impôts, nous pensons qu'il faut les baisser.
15:21 Trop d'impôts tue l'impôt.
15:22 Oui, mais c'est ce que dit le gouvernement aussi.
15:24 Sauf qu'ils ne le font pas.
15:25 Deuxièmement, nous pensons que le vrai sujet aujourd'hui, c'est que la France prélève,
15:30 ponctionne beaucoup d'argent chez les Français, les particuliers, les entreprises.
15:33 Et cet argent, eh bien, il est d'une certaine manière gâché.
15:36 On a un tout de prélèvement obligatoire qui est considérable en France,
15:40 pour des services publics par exemple, qui s'effondrent.
15:42 La question c'est qu'est-ce qui fonde notre argent ?
15:44 Moi, je vais vous donner un exemple.
15:46 Vous parliez de l'éducation nationale tout à l'heure.
15:48 Il y a 850 000 enseignants, et il y a 350 000 personnes dans les bureaux.
15:53 Mais, je veux dire, est-ce que vous n'êtes pas là sur une dépense publique qui est...
15:57 Donc on supprime des emplois.
15:59 En tout cas, vous faites en sorte qu'il y ait moins de fonctionnaires dans les bureaux.
16:02 - Mais tu supprimes ! - Moins de fonctionnaires devant les bureaux,
16:04 et plus de fonctionnaires devant les gens.
16:07 - Ça fait le même nombre de fonctionnaires. - À l'hôpital public.
16:10 - Donc la dépense sera la même. - À l'hôpital public, vous avez autant...
16:13 Les gens ne vont pas me croire quand je vais le dire, mais je vous en prie, c'est vrai.
16:17 Il y a autant d'équivalents en plein d'administratifs que de médecins.
16:20 Il y a même un peu moins de médecins que d'administratifs à l'hôpital public.
16:23 Donc la vraie question, c'est non seulement on prélève beaucoup d'impôts aux Français,
16:27 mais en plus cet argent, il n'est pas dépensé efficacement.
16:30 Donc nous, les RER, nous disons la chose suivante, il faut baisser la ponction
16:33 que l'on prélève sur les Français, les particuliers, les ménages, les entreprises,
16:38 et en même temps utiliser mieux l'argent. C'est comme ça qu'il faut faire.
16:41 Mais Bruno Le Maire, il a ce double discours, pardon, je l'aime beaucoup,
16:44 et c'est un type qui est plein de qualités, mais il nous dit d'un côté,
16:47 "je vais baisser la dépense publique", et il l'augmente, comme on croit.
16:50 - Vous voterez le budget ? - Comme on croit.
16:52 Aujourd'hui, compte tenu de l'augmentation de la dépense publique à 40 milliards,
16:55 je pense que ça va être difficile. - Donc vous ne voterez pas le budget ?
16:58 - Au début des négociations, le Parlement, c'est un endroit où on va discuter,
17:02 on va amender, et j'espère qu'on va faire progresser nos idées.
17:05 - Vous allez garder cette remise sur les carburants,
17:08 qui coûtent 12 milliards d'euros, vous allez la garder quand même.
17:11 - Je l'ai dit publiquement au gouvernement, attention, et vous avez devant vous
17:15 un DLR qui souhaite depuis toujours que la France ait une majorité stable,
17:19 et donc j'ai toujours dit qu'il fallait que nous trouvions des accords de gouvernement.
17:22 - Un accord de gouvernement. - Je l'ai toujours dit.
17:25 - Vous le dites encore ce matin, vous lancez un appel, vous dites
17:29 "trouvons des solutions pour un accord de gouvernement".
17:32 - Vous ne m'avez pas totalement lu ces derniers jours, j'ai dit,
17:35 mais c'est vrai que mes positions, après tout, n'intéressent peut-être que moi.
17:38 - Mais non, mais non. - J'ai aussi dit parallèlement,
17:41 attention à la majorité, vous êtes en train d'avoir une attitude
17:45 qui fait que, comme vous niez et vous rejetez d'un bloc toutes nos propositions,
17:49 le budget peut être rejeté. Pardon, je dis, nous les républicains,
17:53 nous pensons qu'il faut baisser la dépense publique, il l'augmente !
17:56 Donc, en l'état actuel des choses, ça va être difficile de votre budget.
17:59 J'espère qu'on va arriver à amender le budget du gouvernement,
18:02 mais arrêtez de nous raconter des carabistouilles qui consistent à dire
18:05 "on voudrait blanc et on fait noir, on voudrait baisser la dépense publique"
18:09 alors qu'il l'augmente. Nous, on ne peut plus de ce double langage.
18:12 En fait, la parole publique n'a plus de valeur.
18:14 - Vous avez été député européen, qui doit conduire la liste LR aux européennes ?
18:18 - Ecoutez, je pense que François-Xavier Bellamy, qui l'a mené la dernière fois,
18:24 a montré qu'il était un très bon député européen dans l'enceinte du Parlement européen.
18:30 - Donc, il conduira la liste ?
18:32 - D'abord, non, ce n'est pas moi qui décide, je ne suis pas chef de parti.
18:35 - Vous êtes favorable à cela ?
18:36 - Moi, je suis favorable à ça. La question des députés européens,
18:39 à quoi ça sert un député européen ? Ça sert à défendre l'intérêt du pays.
18:42 Et moi, je suis frappé de voir que nous, les Français, on fait le contraire de ce que font les Allemands.
18:49 Les Allemands, quand ils envoient un député européen, c'est une étude de la Fondation Schumann il y a quelques années,
18:53 un député allemand reste trois mandats et demi au Parlement européen.
18:56 Un député français, un mandat et demi.
18:58 Ça signifie qu'un député allemand, quand il est élu, il fait son trou au Parlement européen
19:02 et il maîtrise le bidule et le machin.
19:04 Nous, les députés français, ils arrivent, ils repartent.
19:06 Donc, moi, je pense que quand on a des députés qui fonctionnent, qui travaillent bien,
19:10 il faut au contraire arrêter à rester pour qu'ils influent sur la politique européenne.
19:14 - Deux chiffres, d'abord un chiffre avant, un premier chiffre.
19:19 44% des Français qui pensent que Marine Le Pen peut offrir de bonnes solutions.
19:23 Vous êtes surpris ?
19:24 - Non, enfin, Marine Le Pen est une opposante.
19:27 C'est quelqu'un avec laquelle, évidemment, je ne partage pas tout un tas de thèses, en particulier économiques.
19:32 Mais à partir du moment où le gouvernement est en échec,
19:36 sur tous les éléments dont on a parlé, le niveau de l'école, la dépense publique,
19:40 les services publics qui s'écroulent, il ne faut pas s'étonner que les oppositions montent.
19:43 - Est-ce qu'il faut un accord pour 2027 ?
19:46 Je ne sais pas, par exemple, autour d'Edouard Philippe, entre la majorité, aujourd'hui, les LR.
19:52 Je ne sais pas, Edouard Philippe est plébiscité.
19:54 - Ah non, mais attendez, moi j'en suis...
19:56 Non mais on est en 2023.
19:58 - Vous n'en pouvez plus qu'on parle de 2023.
20:00 - Mais oui, vous vous rendez compte, la France s'écroule de partout,
20:03 l'enseignement, les services publics, l'hôpital, le machin, le truc.
20:05 - La France s'écroule.
20:07 - Regardez, regardez.
20:09 - Est-ce que vous pensez que la France s'écroule ?
20:11 - Oui, absolument. Regardez le temps long, c'est toujours intéressant de regarder le temps long,
20:15 parce qu'on ne le regarde jamais.
20:16 Quand vous regardez la richesse par habitant, en Allemagne, aux Etats-Unis, il y a 40 ans,
20:21 on était quasiment pareil, le PIB par habitant.
20:25 Aujourd'hui, la France, c'est 40% en moins par rapport aux Etats-Unis.
20:29 - Mais l'Allemagne pèse aussi.
20:31 - Oui, nous sommes sous l'Allemagne.
20:33 Nous devenons pauvres, nous devenons une nation qu'allons subir,
20:38 et c'est vrai que moi, je trouve absolument fou qu'on se pose la question
20:43 de qui va mener la liste de machins, et est-ce que c'est truc plutôt que bidule.
20:46 La question c'est qu'est-ce qu'on fait pour le pays.
20:48 Ce qu'on fait pour le pays, on rétablit les finances publiques,
20:50 on fait en sorte que l'argent prélevé sur les Français, c'est quelque chose qui n'est pas le cas aujourd'hui.
20:54 - Bien, les finances publiques, les finances de chaque Français,
20:58 beaucoup, beaucoup ont des difficultés pour boucler la fin de mois.
21:02 Est-ce qu'il faut indexer sur l'inflation les aides aux associations alimentaires ?
21:07 - Oui, probablement, probablement parce que quand Coluche a créé les Ressorts du Cœur,
21:11 c'était 8 millions de repas par an.
21:13 Là, on va arriver à 160 millions de repas.
21:16 Donc on voit bien que c'est un problème absolument majeur.
21:18 Le patron de Système U disait il y a quelques jours
21:21 que 15% des Français ne mangent pas tous les jours à leur faim.
21:25 Donc la question alimentaire est fondamentale.
21:27 Moi, quand j'étais maire de ma commune, j'ai distribué des colis alimentaires
21:31 aux étudiants au moment du Covid.
21:33 Donc tous les gens qui connaissent un peu le terrain
21:35 savent qu'il y a une difficulté majeure sur l'alimentation.
21:38 Donc oui, oui, je pense qu'autant il faut faire attention
21:42 à l'indexation de telle ou telle chose sur l'inflation
21:45 parce que vous créez des effets mécaniques,
21:47 autant sur les aides alimentaires, oui, on ne peut pas se permettre
21:50 qu'il y ait un décrochage.
21:52 - C'est indispensable.
21:53 Vous avez vu les critiques autour des dons faits ici ou là aux associations alimentaires ?
21:57 - C'est absurde. Moi, quand on me donne des millions d'euros, je dis merci.
22:00 Cette haine du riche, cette haine du milliardaire,
22:04 d'un certain nombre de gens qui disent "Oui, Arnaud a donné 10 millions,
22:08 quel salaud, il aurait dû donner plus parce qu'il ne paye pas assez d'impôts."
22:11 Enfin, tout ça est absurde.
22:12 Moi, quand on donne de l'argent, je dis merci.
22:14 Et je rêve d'une France où il y ait plus de milliardaires qu'aujourd'hui.
22:16 Parce que quand il y a plus de milliardaires, en fait, tout le monde en bénéficie.
22:19 - Bien, et puis dernière question.
22:21 Projet de loi immigration, on attend, on date,
22:24 on attend de savoir ce qu'il y aura dedans.
22:26 Il y a une question qui divise au sein des LR,
22:28 c'est la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers d'attention.
22:31 Vous y êtes favorable ?
22:33 - Écoutez, moi, je suis... On n'est pas contre l'immigration à LR.
22:36 On est contre l'immigration quand elle n'est pas contrôlée,
22:39 et quand elle n'est pas qualifiée.
22:42 Et quand elle ne s'intègre pas.
22:44 Sinon, on n'est pas contre l'immigration.
22:46 - C'est une manière d'intégrer le travail.
22:49 - Ça peut être.
22:50 Ça peut être. Et donc, c'est au cas par cas.
22:52 En fait, il faut que ça soit au cas par cas.
22:54 Par exemple, dans les hôpitaux, très clairement,
22:56 il faut plus de médecins étrangers.
22:58 Il y a beaucoup de candidats.
23:00 - Donc, on les régularise.
23:02 - Pour les médecins.
23:04 - Il y a des métiers d'attention.
23:06 - Mais non, mais attention.
23:08 Il y a des métiers d'attention où on fait venir de la main d'oeuvre étrangère
23:10 parce qu'elle est sous-payée, elle est exploitée.
23:12 En revanche, ce travail pourrait être fait par des Français
23:16 qui sont sur le territoire et qui n'ont pas la bonne formation, etc.
23:20 Donc, ce qu'on conteste, nous, aux Républicains,
23:23 c'est le caractère systématique.
23:25 Le gouvernement veut faire de la régularisation massive.
23:28 La régularisation massive, c'est un signal qui est donné,
23:31 qui est très mauvais, qui consiste à dire à la terre entière
23:34 "Venez, en fait, venez de façon illégale à un moment où on vous régularisera."
23:37 Et ça, nous ne voulons pas.
23:39 - Bien, merci Philippe Juvin d'être venu nous voir ce matin
23:42 sur l'antenne de Sud Radio. C'était très intéressant.

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