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##LE_SUPPLEMENT_MEDIA-2024-12-20##

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News
Transcription
00:00SUDRADIO, le supplément média.
00:04Générique qui résonne, qui rappelle énormément de souvenirs.
00:16Patrick Brion, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Merci d'être avec nous ce matin pour évoquer le cinéma de minuit,
00:24ce cinéma de minuit que vous avez créé en mars 76.
00:28Rendez-vous mythique, un rendez-vous incontournable de la télévision française.
00:34Déjà, comment allez-vous, Patrick Brion ?
00:37Ça va, ça va, ça va.
00:39Donc, c'est la fin de ce cinéma de minuit. Pourquoi ?
00:44En tout cas, c'est la fin de moi, le présentateur.
00:47Ensuite, je ne sais pas très bien ce qui va se passer,
00:50mais en ce qui me concerne, oui, en ce qui me concerne, c'est fini.
00:54C'est fini. Comment vous aviez eu cette idée ?
00:57Comment s'est passé le début de ce cinéma de minuit,
01:02de ce ciné-club qu'on retrouvait sur France 3 ?
01:08Il est la suite, en fait, du ciné-club qu'il y avait à l'époque de l'ORTF.
01:15A l'époque de l'ORTF, j'avais créé, sous la houlette de Pierre Chabag,
01:19le ciné-club de la deuxième chaîne.
01:22Au moment de l'éclatement de l'ORTF,
01:25à la suite de la loi scélérate de Gérard Lestin,
01:29je me suis trouvé sur France 3.
01:32Au départ, il n'y avait pas de ciné-club.
01:34Il y avait quatre films en batterie à 20 cents francs,
01:37ce qu'on appelle le prime time,
01:39mais il manquait une case pour diffuser des films en version originale,
01:43des films anciens ou des films petit à petit,
01:47grâce à Claude Gros-Samy, qui était notre président,
01:50et à Maurice Cazeneuve, qui dirigeait les programmes.
01:52On a créé, c'est ce qui m'a mené, en 1976.
01:56Est-ce qu'aujourd'hui, ces films ne sont pas devenus désuets ?
02:01Parce qu'on sait très bien que le noir et blanc est maintenant un repoussoir.
02:06Est-ce que finalement, tous ces films ne sont pas en train de disparaître ?
02:11Qui connaît Greta Garbo, entre nous, dans le grand public, j'entends, Patrick ?
02:17Écoutez, comme dit J. Godard, qui a souvent raison,
02:21ce ne sont pas des vieux films, ce sont des films anciens.
02:24Je ne vois pas du tout pourquoi les gens s'écraseraient dans des expositions de peinture
02:30où il n'y a jamais eu autant de monde,
02:32s'écraseraient au Louvre, iraient à l'Opéra,
02:35et seraient incapables de voir un film de Frick Song
02:38ou un film de Clarence Brown avec Greta Garbo.
02:43L'idée, on a fait croire aux gens que le noir et blanc était insupportable.
02:48Ce n'est pas vrai du tout.
02:50Non, il y a des films formidables, effectivement.
02:53Les Enfants du Paradis, il y a plein de films en noir et blanc.
02:59On les a colorisés aussi, pour les rendre plus accessibles.
03:03C'est une monstruosité.
03:05En ce qui concerne la photographie,
03:07beaucoup de gens de grands talents reviennent à la photographie en noir et blanc.
03:12Absolument.
03:13Et regardez The Artist qui a fonctionné.
03:16Oui, absolument.
03:17Vous avez présenté plus de 2000 films du cinéma noir au fur et à mesure des années 70.
03:25Vous êtes l'un des plus grands spécialistes du cinéma aujourd'hui.
03:32Il y a des domaines dans le domaine du cinéma que je connais bien, oui.
03:37Oui, ça c'est sûr.
03:38Ce qui a fait la particularité, Valérie, du cinéma de minuit,
03:42c'est aussi votre voix et votre narration.
03:46Je vous propose d'écouter un cinéma de minuit qui était consacré au film Fricks.
03:52C'est à la demande personnelle d'Irving Talberg,
03:55alors à la tête de la production de la MGM,
03:58que Todd Browning tourna Fricks.
04:01Le film s'inspire tout à la fois d'une nouvelle Spurs de Todd Robbins,
04:06des souvenirs glanés par Browning au cours d'un voyage en Europe
04:10et de conversations que Browning avait eues avec le nain Harry Hurls.
04:15Harry Hurls, à qui Browning confie le rôle de Hans dans Fricks,
04:19avait déjà été son interprète dans le club détroit
04:22dans lequel on le voyait par moments personnifier un bébé.
04:26Vous aviez ce ton, ce phrasé très particulier.
04:31Vous vous souvenez de cette présentation ?
04:37Oui, ce phrasé, ce son n'est pas du tout affecté
04:41parce que je ne suis pas un comédien, je suis un historien du cinéma.
04:45Ce qui s'est passé, c'est que dès le départ,
04:48il était décidé que j'écrirais les textes, les petites présentations.
04:52Et c'est notre spectrice, Anne Lefebvre, qui devait lire le texte.
04:56Au dernier moment, Maurice Cazeneuve m'a dit
04:58« Ecoutez, comme c'est vous qui avez écrit le texte,
05:00il vaut mieux que vous l'utilisiez. »
05:02Bon, je m'y suis mis.
05:04Quel est le film du cinéma de minuit ?
05:07C'était-moi trois films qu'on doit avoir vus dans sa vie absolument
05:11pour se dire « j'ai quand même vu ces trois films. »
05:15Conseillez-moi trois films du cinéma de minuit.
05:20L'attachement.
05:22Charles Azemir, c'est compliqué.
05:25Vous, votre panthéon ?
05:28Écoutez, disons, je ne sais pas.
05:31Si on met un film français, pourquoi pas Le Corbeau.
05:35Oui, de Clouseau.
05:37Oui, un film italien.
05:40Un film italien, il y a l'attachement.
05:42Bon, un film italien, passons.
05:44Disons, deux films américains.
05:47Pourquoi pas Le Portrait de Dorian Gray,
05:50qui est aussi superbe.
05:52Et un film d'aventure, Scaramouche,
05:54que je crois que vous aimez beaucoup.
05:56Absolument.
05:57Comment lui, il vous connaît ?
05:59Si, on se connaît.
06:01Nos auditeurs sont très contents de vous entendre, Gilles.
06:04Un auditeur nous dit « Ah, mais c'est le monsieur avec la voix. »
06:07J'ai ma réponse.
06:08Générique culte de Francis Lay.
06:10Effectivement, vous êtes une voix.
06:14Vous êtes une référence pour beaucoup de téléspectateurs.
06:21Oui, je crois.
06:24Est-ce qu'on vous reconnaît dans la rue ?
06:27Qu'est-ce que vous disent les gens que vous rencontrez ?
06:31Patrick Brion, ça évoque quand même ce cinéma très spécifique.
06:37Oui, absolument.
06:38Mais on ne me reconnaît pas comme je n'apparais pas à l'image.
06:41Mon nom n'est jamais apparu au générique du cinéma de minuit.
06:46On ne voit pas ma tête.
06:48Et rarement, on peut me reconnaître.
06:50Mais ça m'arrive deux, trois fois.
06:53Quelqu'un m'a dit « Mais ce n'est pas vous qui présentez ? »
06:55J'ai dit oui, c'est ça.
06:57Et vous continuez à regarder des films ?
06:59C'était ma question.
07:00Maintenant que vous êtes à la retraite, est-ce que vous allez regarder des films ?
07:03Ah, naturellement, tous les jours.
07:05Tous les jours ?
07:06Tous les jours.
07:07C'est vrai ?
07:08Mais vous regardez quoi, des films jusqu'en 1970 ?
07:12Ou vous dépassez un peu les années 70 ?
07:15Ah non, j'ai toujours été contemporain du cinéma.
07:20Je vois aussi bien des films récents que des films anciens que je découvre.
07:28Que je découvre grâce aux événements sur ma télévision.
07:34Est-ce que pour vous, le cinéma a un peu disparu de nos écrans
07:37et a été remplacé par les plateformes comme Netflix et autres,
07:41par des grandes fictions ou par des séries ?
07:45Est-ce que c'est la même chose que le cinéma pour vous ou pas ?
07:49C'est pas tout à fait la même chose.
07:52Mais c'est vrai qu'il y a une grande mutation.
07:55Dans les années 70, la série était un peu obligée.
08:01La série, maintenant, est revenue en force, notamment à la télévision.
08:06Il y a moins de films à la télévision qu'avant.
08:09Il y a une possibilité de les voir sur les plateformes, mais c'est compliqué.
08:17D'abord, je pense que sur les plateformes, on ne voit pas tout.
08:20Il y a des amis qui m'ont dit qu'en DVD, il y aura tout.
08:23Non, il n'y a pas du tout tout en DVD.
08:25C'est pas vrai.
08:27Je pense surtout aux nouvelles générations.
08:30J'ai de nombreux petits-enfants.
08:33Je pense aux nouvelles générations qui n'ont pas vu certains films.
08:38Il faut pouvoir les montrer.
08:40Il faut reprendre ce bâton de pèlerin et leur montrer les films.
08:44De même qu'on cherchait à les montrer dans les années 50.
08:49France Télévisions confirme qu'il y aura toujours sur les plateformes
08:56la possibilité de voir à la demande des films.
09:01Je cite Manuel Aldui, directeur du cinéma et des fictions internationales
09:06pour France Télévisions, qui vous remercie,
09:11qui exprime sa profonde gratitude pour votre engagement exceptionnel.
09:15Il dit une chose très juste.
09:17Nous sommes nombreux à avoir élaboré notre cinéphilie
09:20grâce à vous, Patrick Brion, et ce rendez-vous.
09:23C'est vrai que nous vous sommes redevables.
09:25On voulait vous remercier ce matin d'avoir été là,
09:28de nous avoir guidés dans nos choix,
09:31dans nos découvertes d'un cinéma peut-être plus exigeant
09:36que celui qu'on nous propose habituellement.
09:40Merci beaucoup d'abord.
09:42Il faut continuer à voir les films anciens, à revoir.
09:47Le cinéma n'a pas commencé avec Tarantino.
09:51En tout cas, c'était important de vous remercier.
09:54On finit avec la petite musique de Francis Peyre.
09:57Merci d'avoir été avec nous, Patrick Brion,
10:00et merci encore pour tous vos conseils,
10:04pour tous vos analyses,
10:07parce qu'à chaque fois, les présentations
10:10étaient une petite analyse de ces films.
10:15Merci à vous.
10:17Merci beaucoup.
10:19On se retrouve lundi, Valérie.
10:21Oui, on se retrouve lundi.
10:23Et lundi, on ne sera pas loin du même sujet,
10:25puisqu'on va recevoir Romain Nijita,
10:27qui va nous parler des fictions...
10:29C'est pas exactement pareil.
10:31Non, c'est pas pareil, mais on est...
10:33Petit écran.
10:35Il va nous dire les séries à suivre
10:37durant les vacances de Noël.
10:39Merci, Gilles, et tout de suite les débats
10:41dans un instant sur Sud Radio.