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Avec Valérie Abecassis

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-10-07##

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Transcription
00:0010h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:04Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:06Bonjour Valérie, je suis content de vous revoir.
00:08Oui, je me suis trompée, ce n'était pas le journal d'Antoine Dupont.
00:11Ce sera dans le bêtisier, c'était évidemment Florian Lafond qui était avec vous.
00:15Merci à Christine Bouillaud.
00:16Il joue peut-être au rugby, c'est pas grave.
00:18Christine Bouillaud, que je remercie d'avoir été là la semaine dernière.
00:22Notre invitée aujourd'hui, Valérie Abé-Cassis.
00:24Bonjour, vous êtes journaliste, vous publiez « Place des otages » aux éditions du CERF.
00:29C'est un livre qui est nommé pour le prix Renaudot et qu'il mérite grandement.
00:33C'est un, évidemment, aujourd'hui le 7 octobre, cette journée de commémoration
00:40et journée au cours de laquelle, vous l'avez entendu ce matin sur Sud Radio,
00:44évidemment nous allons longuement parler de ce choc, de cette tragédie,
00:48de ce pogrom qui a eu lieu le 7 octobre.
00:52Vous viviez à Tel Aviv, vous vivez toujours entre Tel Aviv et Paris
00:56et c'est une sorte de journal de bord.
00:59Ce sont de très courts chapitres dans lesquels vous nous racontez
01:04cette année terrible que vous avez vécue.
01:07On va y revenir dans un instant.
01:09Et dans votre fort intérieur, vous pensez qu'ils sont en vie encore ?
01:13Les otages qui restent ?
01:17Écoutez, il y a l'information qui est arrivée à tous,
01:21à peu près 33, 40 seraient morts.
01:25Je ne sais pas, je continue de penser, parce que sinon on va vraiment tous sombrer.
01:30Je continue de penser qu'ils sont vivants,
01:33que peut-être ils servent de bouclier à Yahya Sinwar,
01:36le grand Manitou de Hamas,
01:39qu'ils servent à sa protection.
01:41Et je souhaite, par la négociation ou par des interventions,
01:45ou par un miracle, qu'ils reviennent et qu'ils rentrent à la maison.
01:49Mais il y en a quand même beaucoup qui sont morts.
01:51On va passer au Zapping.
01:59Valérie, nous sommes le samedi 7 octobre.
02:02Au lever du soleil, Israël va basculer dans l'horreur.
02:05Tout va démarrer au Festival Nova Rahim.
02:08Les participants lèvent la tête et découvrent des missiles
02:12lancés par le Hamas qui forment une parabole.
02:15C'est le début d'une opération du Hamas
02:18où des meurtres sans nom vont avoir lieu,
02:21y compris une prise d'otages dont la majorité n'ont toujours pas été libérées.
02:27Nous sommes désormais le lundi 9 2023
02:32et mon Zapping Média démarrait ainsi.
02:35Dans les rues de Gaza, des gravats, là où quelques heures plus tôt,
02:39se tenaient encore des immeubles.
02:41Sans interruption, toute la nuit dernière, des missiles ont été lancés.
02:44Des véhicules ont parfois été visés.
02:47C'est une réponse directe d'Israël à l'attaque d'ampleur du régime du Hamas sur son sol.
02:52Tous les endroits où le Hamas se cache, d'où il opère,
02:56nous allons en faire des ruines.
02:59Je dis aux habitants de Gaza, sortez de là maintenant
03:02car nous allons agir partout avec toute notre force.
03:07Sahal affirme viser des lieux stratégiques.
03:09Ici, par exemple, le bureau du chef du Hamas.
03:12Ses cibles sont imbriquées dans une zone très peuplée.
03:15Les autorités israéliennes exhortent donc, en arabe,
03:18les habitants de la bande de Gaza à fuir certains quartiers.
03:21Vous étiez où le 7 octobre 2023 ?
03:23A quelle heure ?
03:25Quand on a pris l'attaque, à 6h30 du matin ?
03:28A 6h30 du matin, j'étais dans mon lit avec ma petite fille,
03:32dans mon immeuble au sud de Tel Aviv.
03:35Comme tous les vendredis soirs, elle dormait à la maison car je la gardais.
03:38On a été réveillés par la sirène.
03:40C'est une petite fille, une porcelaine.
03:43Elle a une peau très blanche.
03:45Dans le lit, il y a l'aube.
03:47Je voyais nos peaux comme ça.
03:50Moi qui suis plus mate.
03:52On s'est levés mécaniquement, on ne s'est pas parlé du tout.
03:54Elle s'est réveillée comme un automate, moi aussi.
03:56On est descendus, on est allés se mettre au premier étage
03:59pour se mettre à l'abri.
04:01La consigne, c'est d'être au premier étage quand on n'a pas d'abri.
04:04Dans mon immeuble, qui est un immeuble ancien, il n'y a pas d'abri.
04:08Je veux juste me permettre de vous dire quelque chose.
04:10Ça n'a pas démarré à Réim, à la Nova Fest.
04:12Ça a démarré sur 60 points d'entrée dans tout le sud d'Israël.
04:17Dans les villes, dans les Moshav, dans les kibbouts,
04:20les terroristes sont rentrés.
04:22Il y avait plus de 1 200 terroristes qui sont rentrés avec des tenailles,
04:24des tracteurs, des ailes volantes à Netivé à Assara.
04:27Ils ont pénétré dans des villes du sud.
04:30Ils sont tombés à Réim, sur la Nova Festival.
04:34Et ça a multiplié le carnage.
04:38Et de dire que les kibbouts, qui étaient les plus proches de Gaza,
04:44étaient majoritairement des gens qui travaillaient,
04:47qui étaient avec les Gazaouis, qui les aidaient,
04:50qui les emmenaient à l'hôpital,
04:52qui étaient des gens qui étaient ouverts à cette population-là.
04:57C'est ce qui est terrible.
04:59Ce qu'il faut rappeler, c'est qu'ils ont été tués parce que juifs.
05:02C'est ça un pogrom.
05:03C'est pas une guerre où il y a des victimes civiles qui sont abominables tout autant.
05:07Mais c'est tuer parce que juifs.
05:10C'était le point de départ de ça.
05:12Et cette horreur, vous l'avez vécue et vous la racontez incroyablement bien
05:17et de façon très prenante dans le livre.
05:19C'est très juste ce que vous dites.
05:22C'est-à-dire qu'il y a deux choses.
05:25On a entendu assez rapidement, dans un chapitre que je raconte sur les airs roulés,
05:29c'est-à-dire la présence de la population israélienne, arabe, musulmane ou chrétienne en Israël,
05:35qui est importante.
05:36Il y a 23% de musulmans en Israël.
05:39Je raconte qu'à un moment donné, on a entendu à la radio
05:43un message qui avait été attrapé sur un des terroristes.
05:47Il envoyait un message à ses parents en disant
05:50« Papa, maman, j'ai tué dix juifs de mes mains ! »
05:54« J'ai tué dix juifs, yahoud, yahoud, j'ai tué dix juifs de mes mains ! »
05:58« Vous pouvez être fiers de moi ! »
06:00Ça, c'est quelque chose qui nous a suffoqué.
06:03Je le raconte parce que ce jour-là, quand je le raconte,
06:06j'étais à une manifestation organisée par des femmes,
06:08et parmi les femmes qui étaient sur scène,
06:10il y avait des israéliennes juives, des israéliennes arabes,
06:12des israéliennes arabes musulmanes, notamment Lucia Harish,
06:15qui a tout traduit en arabe et qui tenait la main de...
06:19C'est ça qui est très fort.
06:21Et pour en revenir aux kiboutz,
06:24ces kiboutz sont des endroits de rêve, d'idéologie,
06:28du rêve sioniste, mais au sens, comment dire,
06:32collectiviste d'Israël.
06:34Donc c'est des gens plutôt de gauche,
06:37dont certains ont passé du temps à emmener des enfants
06:41ou à se faire soigner dans des hôpitaux de Tel Aviv,
06:44dont certains se sont mobilisés.
06:47Je raconte par exemple que je suis dans un hôtel
06:51qui a accueilli des réfugiés, parce qu'il faut savoir
06:54que tous ces gens du sud ont perdu leur maison,
06:56et maintenant tous les gens du nord ont perdu leur maison.
06:58Donc je me retrouve dans un hôtel de luxe qui sert d'abri,
07:01et je parle à une dame qui s'appelle Noa Levy,
07:0378 ans, veuve, et elle me montre une vidéo,
07:06elle me montre son mari, qui est l'un des fondateurs
07:08d'un des kiboutz qui a été massacré,
07:10qui a toujours, et dans la vidéo on voit son mari dire
07:13je veux aider les Gazaouis, et je cherche de l'argent
07:16à travers la communauté pour les aider à vivre,
07:18il a été abattu comme un chien le 7 octobre,
07:21alors qu'il avait 80 ans.
07:23Il a passé sa vie à aider les Gazaouis.
07:26Alors c'est cette sidération-là, se dire
07:28mais alors, qu'est-ce qu'on pense ?
07:32Où ferons-nous ?
07:34Voilà, qui me meurtrie encore aujourd'hui.
07:38Vous voyez, il y a un auditeur qui me dit
07:40désolé, vu le thème de l'émission, je change de station,
07:42je n'en peux plus des sujets sur ce drame.
07:44Bonne émission à demain, en espérant un sujet plus joyeux.
07:47Non, je pense que le 7 octobre, c'est important,
07:49c'est important d'en parler, c'est important de redire
07:52ce qui s'est passé, et je regrette moi,
07:54mais on en reparlera dans les débats,
07:56qu'il n'y ait pas de commémorations dans les écoles,
07:58qu'il n'y ait pas, il y a quand même 43 Français
08:00qui ont été tués.
08:02On va y revenir dans un instant, on continue le zapping.
08:05Samedi soir, vous êtes journaliste,
08:07on peut le dire aussi à nos auditeurs,
08:09vous travaillez sur Elle.
08:12Oui, j'ai travaillé sur Elle.
08:14Je suis quelqu'un qui a de la mode et de la culture.
08:17Donc voilà, je vous ai sélectionné
08:20une info un peu people et culture.
08:23Vous vous souvenez évidemment,
08:25samedi soir, qu'à l'époque, vous recevez de Béatrice Dalle,
08:27et vous vous souvenez évidemment
08:29de cette séquence incroyable
08:31durant le journal,
08:33qu'on va réentendre d'ailleurs, cette fameuse scène
08:35où Béatrice Dalle,
08:37face à Patrick Poivre d'Avor,
08:39lui parle, on va lui dire,
08:41assez cash, surtout maintenant, avec le recul
08:43qu'on a sur l'affaire Patrick Poivre d'Avor,
08:45qui l'avait à l'époque
08:47titillée sur un vol bénin
08:49qu'elle avait fait dans un magasin quelques jours plus tôt.
08:51Elle est revenue sur cette anecdote
08:53et a donné une information incroyable.
08:55Vous allez voir, un président lui a téléphoné.
08:58Est-ce que vous voulez me faire dire, là,
09:00au lieu d'essayer de tourner autour du pot,
09:02est-ce que vous regrettez d'avoir volé ces bijoux ?
09:04Et vous, est-ce que vous regrettez
09:06certaines lettres que vous m'avez envoyées,
09:08que jamais je vous en aurais parlé,
09:10si vous ne m'aviez pas posé cette question,
09:13il y a même François Mitterrand
09:15qui m'avait appelé pour me féliciter ce jour-là.
09:17C'est pas vrai ?
09:19Il vous avait appelé pour vous féliciter
09:21d'avoir répondu comme ça à Patrick Poivre ?
09:23Pas, mais d'avoir eu, ouais.
09:25Mais vraiment, il y a quelque temps,
09:27parce qu'il a eu des problèmes,
09:29on m'a appelé pour en parler,
09:31j'ai dit non. Moi, c'était à ce moment-là,
09:33je sais pas, 20 ans après,
09:35j'en ai absolument rien à foutre de ce qu'il fait,
09:37je lui souhaite rien de mal, d'ailleurs.
09:39Moi, il m'a juste mal parlé à un journal,
09:42j'aurais pas eu mal.
09:44Voilà Béatrice Dalle qui revient
09:46après cette séquence.
09:48C'était incroyable, hein ?
09:50Samedi avait lieu le rendez-vous du papotin.
09:52Vous regardez le papotin ?
09:54Bien sûr, d'abord parce que j'ai...
09:56Oui, oui, je regarde le papotin, oui.
09:58Vous alliez dire quelque chose ?
10:00Non, mais c'est un truc privé,
10:02c'est mon neveu et...
10:04Je pense que dans chaque famille...
10:06Il y a quelqu'un.
10:08Il recevait les jeux.
10:11Ah, incroyable.
10:13Il jouait...
10:15Il recevait le joueur de Rugby Star
10:17et aussi le présentateur des infos
10:19sur Sud Radio, Antoine Dupont.
10:21Il a été interrogé par
10:23ces journalistes peu ordinaires,
10:25parce qu'on peut les considérer comme des journalistes,
10:27et ils l'ont interrogé sur les gays dans le rugby.
10:29C'était une drôle de question pour lui.
10:32Dans le monde du sport, y a-t-il
10:34une évolution sur l'homosexualité ?
10:36Mais c'est très lent.
10:38Il y en a eu, parce qu'il y a des gens
10:40qui ont pris la parole.
10:42Mais c'est quand même un sujet qui est encore tabou.
10:44Nous, par exemple, dans le rugby professionnel,
10:46on n'a qu'un seul joueur
10:48qui a fait son coming-out.
10:50Alors que je pense que statistiquement,
10:52il doit quand même y en avoir d'autres.
10:54Mais c'est quand même toujours dur
10:56aujourd'hui de s'assumer, même si je pense
10:58que la société a beaucoup évolué
11:00et qu'on est un milieu qui est très ouvert d'esprit.
11:02On serait prêts à accepter ça
11:04sans aucun problème.
11:06Et continuer à en parler pour rendre les gens à l'aise.
11:36J'ai peur de pire.
11:38Mais non, pas du tout. Il s'appelle Tim.
11:40C'est un collégien de 13 ans.
11:42Il chantait avec Patrick Bruel.
11:44Exactement.
11:46Et il a gagné The Voice Kids.
11:48Il était dans l'équipe de Lara Fabian.
11:50Voici le gagnant de The Voice Kids.
12:06...
12:08...
12:10...
12:12...
12:14...
12:16...
12:18...
12:20...
12:22...
12:24...
12:26...
12:28C'est joli quand même.
12:30Je suis tombée dessus par hasard.
12:32Il a un physique incroyable
12:34On se retrouve dans un instant avec notre invité Valérie Abé-Cassis, journaliste,
12:41vous publiez Place des otages aux éditions du Serre et on revient avec vous sur ce 7
12:45octobre 2023 et cette année écoulée.
12:50Merci.
12:51L'invité du jour c'est une journaliste Valérie Abé-Cassis, vous publiez Place des otages
13:06aux éditions du Serre, vous racontez ce 7 octobre par de courts chapitres qui ont jalonné
13:14votre vie depuis un an, vous avez été confronté au plus près par l'horreur, vous le disiez
13:19en début d'émission, vous avez entendu ces sirènes avec votre petite fille qui était
13:23avec vous.
13:24La première.
13:25Oui absolument.
13:26Après il y en a eu d'autres et vous racontez effectivement comment au fil des jours vous
13:32êtes obligé de vous déplacer et de vivre au quotidien ce qui s'est passé, cette attaque
13:38abominable.
13:39Quand est-ce que vous avez décidé d'écrire ce livre ? Est-ce que vous avez pris des notes
13:43au quotidien ? A quel moment c'est venu pour vous évident qu'il fallait écrire ?
13:47Alors ça n'a jamais été évident, c'est-à-dire que le 8 octobre je me suis retrouvée reporter
13:57de guerre, ce que je n'avais jamais fait de ma vie.
13:59Vous êtes journaliste culture.
14:00Journaliste culture, donc on m'a demandé, voilà j'ai dit évidemment oui, tout le monde
14:04a été à l'époque sur cette chaîne, tout le monde était mobilisé sur la guerre, on
14:07était ce qu'on appelle en breaking, et puis la petite était à l'abri, elle avait un
14:11abri pour elle donc la question de sa sécurité ne se posait plus, et donc pour faire les
14:16lives, ce que moi je n'ai jamais fait de ma vie, je prenais des notes sur mon téléphone,
14:19donc de ce que je voyais, de ce qu'il fallait que je dise, des directs, la caméra, le live
14:24view, l'oreillette, le micro, le téléphone de l'autre côté, des choses qu'on voit tous
14:28les jours sur les chaînes d'info, mais moi je n'avais jamais fait ça, et donc j'ai noté,
14:32noté, noté.
14:33Et jamais sans avoir peur ?
14:34Non.
14:35Non.
14:36Non.
14:37A partir du moment où j'ai décidé de rester en Israël, je n'ai plus eu peur.
14:41Non.
14:42Et pourquoi avez-vous décidé de rester ? Parce qu'il y avait votre fille ?
14:44C'est ma fille.
14:45Un, parce que la petite a été protégée, elle était dans un abri avec son père qui
14:51a fait le voyage exprès pour s'occuper d'elle, donc là c'était réglé, et puis parce que
14:55Paloma, ma fille, m'a dit, mais maman, parce que moi mes copines m'appelaient de France,
15:00mes petites amies un peu bourgeoises, rentre, viens, on te paye un billet, etc., et ma fille
15:05m'a dit, mais enfin tu ne te rends pas compte ? Tu vas rentrer ? Ça veut dire que tous
15:09ceux qui sont morts, déjà le 7 octobre, et qui sont morts pour l'établissement de ce
15:13pays, seront morts deux fois.
15:15Et il y a eu ça, et un autre déclic à l'aéroport, je le raconte aussi, c'est-à-dire que quand
15:21je suis au départ, c'est le chaos, c'est les exodes qu'on a lus dans la littérature,
15:25les gens qui veulent fuir, fuir le danger, partir.
15:28On voit aussi le drame des Ukrainiens, des gens en guerre, parce que nous on est là
15:31en France, on parle, mais il y a quoi ? Il y a Israël est en guerre, et vous avez l'Ukraine
15:36en guerre, donc les gens qui voulaient partir, et aux arrivées, il y avait des gamins qui
15:40revenaient pour défendre le pays.
15:42Et donc je me suis dit, mais enfin, évidemment, qu'il faut défendre le pays.
15:46Mais je voudrais juste répondre, vous avez cité Valérie Expert, votre auditeur qui
15:50dit « moi je m'en vais, c'est trop triste », mais je voudrais lui dire, reste, reste,
15:54écoute, parce que, on ne te demande pas de choisir un camp, on ne te demande pas de comparer
16:00les douleurs des uns et des autres, parce qu'évidemment, évidemment qu'il y a des
16:03drames épouvantables de l'autre côté, écoute juste, parce que ça nous est tombé sur la
16:07tête, on a été attaqué un matin, écoute, parce que ça peut aussi peut-être arriver,
16:12parce que si tu as un enfant, je parle toujours à votre auditeur, si tu as un fils ou un
16:16père qui a 80 ans ou 75 ans, qu'on a attrapé un matin en slip dans son moshab et qu'on
16:21a mis dans un tunnel dans des conditions dégueulasses, pense à ça, pense que ça peut aussi t'arriver.
16:27Oui, mais il ne veut peut-être pas écouter parce que toute l'actualité est angoissante
16:32et qu'à un moment, on a envie de détourner les yeux de ce qui se passe en Russie ou ce
16:37qui se passe en Israël, parce que ça devient très dur à vivre ce monde et que parfois
16:44on a envie d'être superficiel et léger et qu'on n'y arrive plus.
16:47Vous avez raison, vous avez raison et d'ailleurs, pourquoi j'ai écrit, c'est que je prenais
16:51des notes, je prenais des notes et en novembre, je ne savais plus quoi faire de ces notes
16:57et je dis à un copain qui est à Paris ou à une copine, je lui ai dit c'est drôle,
17:01il y a des avions, attends deux secondes, je vais regarder à la fenêtre, voir où
17:04vont les avions parce que de ma fenêtre, quand les avions montent à droite, ça veut
17:08dire qu'ils vont vers le Liban et quand ils descendent, j'ai une petite idée de ce qu'ils
17:14vont faire.
17:15Elle me dit c'est marrant, tu devrais écrire et à ce moment-là, j'ai écrit et donc j'avais
17:18mon téléphone portable, moi je ne connais pas grand monde dans l'édition, j'avais 206,
17:23le premier c'est un éditeur qui m'avait envoyé son manuscrit parce qu'il voulait que je l'aide
17:27à venir en Israël donc je l'ai appelé CA et ça t'intéresse ? Il m'a dit non, vraiment
17:33ça ne m'intéresse pas du tout, fais un article, mais si tu veux écrire sur la place
17:36des otages, fais un article, ça passera et l'autre numéro c'était CO, Colosimo, le
17:42patron des éditions, que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, je ne l'ai jamais vu et je
17:46lui ai dit est-ce que ça vous intéresse ? Il m'a dit il y a une grosse voix comme ça,
17:49envoyez-moi 2-3 chapitres, je l'ai envoyé, on était mercredi, je l'ai envoyé jeudi
17:58et vendredi il m'appelait et ils m'ont signé un contrat, je n'ai jamais vu ces gens-là
18:02et je les ai vus là en septembre quand je suis revenue.
18:05Mais le livre est très fort parce que ce sont d'abord de très courts chapitres qui
18:09évoquent différentes situations, votre situation avec votre petite-fille, avec votre fille
18:14quand vous êtes déplacée, il y a de l'humour dedans, quand vous décrivez aussi la vie
18:19à Tel Aviv avec les quartiers bobos, vous êtes assez dur aussi parfois avec tous ceux
18:26qui sont venus pour investir, pour faire de l'argent, pour faire du fric qui ont fait
18:29monter les prix et puis cet appartement magnifique dans lequel vous êtes réfugiée, c'est un
18:33moment assez drôle parce que vous vous retrouvez dans un 18e ou 26e étage, j'étais dans
18:39une tour merveilleuse chez les riches, il y a beaucoup d'humour et ce sont des scènes
18:43encore une fois qui décrivent extrêmement bien ce qui a pu se passer avec différents
18:47aspects, vous allez à des conférences de presse, vous racontez des rencontres aussi
18:52que vous avez pu faire avec des familles d'otages, donc c'est très divers et d'abord
18:57il est nommé votre livre au Renaudot pour le prix Renaudot, donc ça témoigne d'une
19:01qualité d'écriture et d'une qualité littéraire, mais c'est vrai que ça donne, on ressent
19:09assez fortement ce que vous avez pu vivre et décrire l'indescriptible de la douleur
19:17de ces familles, de cette place des otages peut-être dont il faut parler aussi.
19:20Mais c'est une sidération, quand vous suffoquez, vous ne savez plus quoi faire de toutes les
19:26informations qui vous arrivent et donc je voyais à la fois un pays fort et un pays
19:30blessé, un pays qui se défendait et un pays qui était attaqué, très rapidement le parvis
19:38du musée d'art de Tel Aviv est devenu un lieu de rassemblement pour les otages, pour
19:42les familles d'otages et très rapidement je m'y suis quasiment installée, il y a des
19:48photos vraiment où on nous voit, moi mais comme tous les journalistes, et donc il se
19:53passait toujours quelque chose sur cette place des otages, vous savez c'est comme
19:57un mouvement comme ça, il y a eu de la politique, il y a eu de la culture, il y a eu de la foi,
20:02il y a eu de la ferveur, il y a eu des larmes, il y a eu aussi des moments qui étaient complètement
20:07fous, par exemple je raconte dans cette façon de ne pas oublier ce qui s'est passé le
20:137 octobre sur cette place par les israéliens, ils ont installé sur la place une table
20:18immense qui au début était une table qui m'avait saisie, parce que moi qui viens de
20:22la culture, je me souviens des oeuvres sur la Shoah, sur la disparition, et là tout
20:27d'un coup je vois cette table avec des chaises et une table vide, c'est une grande table
20:34qui a été dressée avec des chaises vides pour marquer l'absence, et je suis estomaquée
20:42par cette table qui était pour moi la première manifestation, pas culturelle mais presque
20:47artistique si vous voulez, de notre désarroi, de notre vertige, et puis assez vite cette
20:52table a commencé à être couverte de trucs, les gens ont mis des fleurs, et puis après
20:57il y a un artiste qui a fait un tunnel, il y a un tunnel si vous avez la telle avis sur
21:01la place, il y a un tunnel, vous pouvez rentrer dans, enfin je ne suis pas rentrée moi mais
21:04vous pouvez visiter un tunnel pour expérimenter ce que vivent nos otages à Gaza, et puis
21:10il y a une autre association qui a mis en place un kiosque avec de la réalité virtuelle
21:16et vous mettez un casque et vous imaginez que vous pouvez voir ce qui est arrivé aux
21:20gens de Rayim, d'Ofakim, de Sderot, d'Ekiboutz.
21:23Justement, est-ce qu'à l'époque les médias vont diffuser les images des corps, est-ce
21:29qu'ils vont montrer les corps à la télévision israélienne, parce qu'il y a eu ces images
21:33qui ont été projetées à l'Assemblée Nationale, mais on n'a pas su ce que faisaient les médias
21:38israéliens au moment où il y a ces exactions, comment ils se sont comportés ?
21:44Alors les médias israéliens ont réagi le jour même, parce que c'est tout petit Israël,
21:50c'est 10 millions d'habitants, c'est minuscule, un timbre-poste, quand vous voyez la haine
21:54autour pour ce petit état de timbre-poste, ça aussi c'est une absence de raison.
22:00Donc le jour même, un certain nombre de gamins qui étaient bloqués à la Nova Fest ou de
22:06gens qui étaient dans le sud, je ne sais pas comment ont réussi à contacter en live,
22:10en direct, des présentateurs, c'est comme si on vous appelait vous maintenant, aide-moi,
22:14donc on a vu des images de cette terreur, on a vu des images de la souffrance.
22:18Maintenant sur les corps, alors je n'ai pas la loi en tête, mais il me semble qu'il y a
22:24une espèce de pudeur tacite, on ne montre pas les corps, on ne nomme pas tant qu'il n'y a pas
22:31l'accord des familles et qu'il n'y a pas l'accord de l'armée, vous ne pouvez pas balancer n'importe
22:38quoi n'importe quand. Assez rapidement, on a vu des images de la Nova Fest, moi j'ai vu par exemple
22:45cette image d'un soldat qui entrait à la Nova Fest et les corps sont floutés en Israël, peut-être
22:54qu'en France ça n'était pas, en tout cas tout était flouté et on le voit crier, il y a quelqu'un
22:58de vivant, il y a quelqu'un de vivant et vous voyez marcher à travers des corps, est-ce qu'il
23:02y a quelqu'un de vivant ? Donc on a vu des images, on a vu des images terribles et puis le Hamas
23:06sur Telegram a balancé aussi beaucoup d'images, on a vu les images des attaques, quand vous voyez
23:12cette déferlante de terroristes rentrer dans des kibbouts, ouvrir, il y a un type, bon il a été
23:18éliminé par Tsaïl il y a quelques jours, il y a un terroriste qui dans un kibbouts a tué un père
23:24devant ses enfants, ensuite il est rentré dans le frigo et puis il a pris un coca, bon il est mort,
23:29il y a une semaine ils l'ont, voilà. Donc oui il y a eu des images bien sûr mais les images sont
23:34floutées et soumises à l'approbation des familles d'abord. Le Hamas a fait une attaque terroriste et
23:40évidemment responsable, est-ce que de la part aussi du gouvernement israélien il n'y a pas
23:45une responsabilité de ne rien avoir vu et d'avoir laissé une vraie porosité ?
23:54Soyez gentil aujourd'hui c'est un jour de deuil, ne m'entraînez pas dans la politique, demain si
24:00vous voulez on en parle, on va parler du premier ministre, il y a des gens sur votre
24:06antenne qui vont être beaucoup plus équipés, moi aujourd'hui vraiment aujourd'hui c'est
24:11triste quoi parce que là à cette heure-ci, l'année dernière j'étais avec la petite, on allait d'un
24:15appartement à un autre, on cherchait où se mettre, il y a des gens qui ont perdu, vous voyez les
24:20images aujourd'hui, qui ont perdu leur père, donc je ne veux pas rentrer là-dedans
24:24aujourd'hui, pas aujourd'hui, mais je vous promets qu'on aura cette discussion. On va marquer une
24:29pause et on se retrouve avec vous Valérie Abécassis dans un instant pour parler de votre
24:33livre « Place des otages » paru aux éditions du CERF.
24:44Le Supplément Média, toujours avec Valérie Abécassis, journaliste, vous publiez « Place des otages » aux éditions du CERF, je précise que votre livre
24:51vient d'être sélectionné pour le prix Renaudot, vous racontez depuis le départ cette
24:58attaque, cet attentat, ce pogrom du Hamas, cet octobre 2023, un an s'était coulé, c'est important
25:05d'en parler, c'est ce qu'on disait au début, vous racontez que pour vous informer vous avez un
25:10petit transistor parce que quand vous êtes réfugié, vous n'avez pas d'autre moyen que d'écouter
25:16cette radio, c'était un lien, il fallait pour vous tenir ce lien justement avec ce qui
25:21se passait. Oui, parce que quand vous êtes par exemple à la mort, quand j'étais à la mort,
25:28c'est terrible, c'est un passage terrible. Oui, c'était dur pour les familles, rien d'y penser, c'était la mort
25:36compacte qui s'était abattue sur nous, il y avait ces familles, il faut savoir quand même que c'était
25:41le chaos, il n'y avait pas d'identification, on ne savait pas le nombre, est-ce qu'il y en a qui
25:46étaient morts, est-ce qu'il y en a qui étaient morts à la Nova, est-ce qu'il y en a qui étaient encore cachés, est-ce qu'il y en a
25:50qui étaient réfugiés, est-ce qu'il y en a qui ont été capturés, il y a eu énormément de confusion au début,
25:56donc quand je suis à la mort par exemple, qui est au milieu de nulle part, pas très loin de l'aéroport,
26:01mais enfin au milieu de nulle part, et cette morgue qui est érigée comme ça avec ses centaines et
26:06ses centaines de sacs blancs, pour avoir un peu de vie, vous êtes obligés de vous
26:12connecter à cette radio pour savoir ce qui se passe, sinon c'est un vertige profond.
26:17Et puis quand il y a eu des attaques, il y a eu des alertes à la requête, donc une alerte à la requête,
26:22vous vous mettez dans un abri, et je le raconte, c'est d'une HT 100 non de ma part, je n'ai pas voulu
26:28rentrer dans cet abri, je voulais pas, comme je viens de vous répondre, je pouvais pas être avec
26:33ces familles dont je savais qu'ils avaient perdu quelqu'un, c'était, je me suis dit la mort va me
26:37toucher, mes parents vont mourir, ma famille va mourir, il va y avoir la mort, c'était horrible,
26:41je me suis mise dehors et j'ai été protégée par un soldat qui a mis sa main sur ma tête et
26:46je me suis couchée par terre. Ce jour-là d'ailleurs, il y avait Catherine Colonna qui était en visite aussi
26:51en Israël, et qui elle aussi, paraît-il, dit la rumeur, a été sortie du véhicule et est couchée par terre.
26:58J'ai assisté d'ailleurs à ces allées-venues françaises, cette gesticulation française pendant cette période.
27:04– Poète diplomatique, vous vivez aujourd'hui entre Paris et Tel Aviv, comment vous percevez ce qui se passe
27:11en France, la montée de l'antisémitisme, évidemment, mais le sentiment que vous ressentez en étant ici,
27:18et la façon dont les médias traitent cet attentat ?
27:24– Alors ça dépend des médias, ça dépend, Sud Radio, CNews, Le Figaro, Le Parisien, Le Point,
27:34il y a des journaux et des médias qui font un travail correct, alors effectivement il y a peut-être
27:39des auditeurs qui disent, attends, on ne veut plus en entendre parler, mais bon, qui font un travail correct,
27:43qui ne sont pas déraisonnables. Qu'est-ce que je ressens ? Alors moi j'ai fait beaucoup, beaucoup de…
27:48comment dire, je me suis concentrée sur ce que j'ai vu là-bas, je ne peux pas avoir une analyse politique.
27:53– Oui, oui, non, mais c'est un ressenti, vous êtes journaliste, donc vous avez…
27:57– Je commence à comprendre le désarroi dans lequel s'est trouvée la population juive française.
28:02Mais ce que je dis dans mon livre, c'est que moi, j'ai grandi en France, j'ai été élevée en France,
28:05c'est pas en républicain, c'est la République de France, donc on est religieux ou on pratique chez soi,
28:11on est juif chez soi, la laïcité, voilà.
28:14Maintenant ces juifs, qu'est-ce que voulais-je vous dire ? J'ai été hier à deux commémorations,
28:20la première c'était l'UNESCO par l'appel du KKL, qui est une association qui plante des arbres en Israël,
28:25mais qui était bien avant la création de l'État, et une autre par judaïsme en mouvement,
28:29qui est une association libérale des juifs libéraux.
28:33Alors je n'ai pas été chercher qui était juif, qui ne l'était pas, mais il n'y avait que nous.
28:37Je me suis dit, mais pourquoi on se retrouve comme ça, entre nous, qu'est-ce qui se passe ?
28:43C'est ça ce qu'on appelle le repli communautaire ?
28:46Ça m'a plongée dans un désespoir terrible, et dimanche soir, et ce soir,
28:52il y a cette commémoration au Palais des Sports, organisée entre autres par le CRIF,
28:58il va y avoir des prises de parole, il y a le Premier ministre qui va venir,
29:01il va y avoir Sophie Aram, il va y avoir BHL,
29:05il y a le Brune Privé, qui dirige l'Assemblée.
29:09Donc qu'est-ce que ça veut dire quoi ?
29:11On nous demande, quand je dis « me », on nous demande, juifs de France, d'être entre soi ?
29:19Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi ?
29:21Mais comment vous regardez la France insoumise ?
29:24C'est-à-dire ce discours que la France insoumise a eu,
29:28aussi bien à l'Assemblée que dans les télévisions,
29:31et qui demande des choses assez fortes contre Israël.
29:38Comment vous, c'est la personne que j'interroge, ce n'est pas la journaliste,
29:43comment vous, vous le ressentez ?
29:44Moi, en tant que personne, et si on était en off,
29:46je vous dirais que c'est une sale race, vraiment, ces gens-là.
29:49Oh, vous ne pouvez pas dire ça !
29:50Ah si, je le dis parce que vraiment, ce sont des gens...
29:52Non mais là, nous sommes en direct.
29:53On est en direct, je vais vous dire un truc,
29:55ces gens-là, à un moment donné, l'histoire va les juger comme on a jugé Hitler,
29:59comme on a jugé Staline, parce que ce qu'ils ont fait,
30:02instrumentaliser la population musulmane, française,
30:08les assigner à ces statuts-là, au lieu de leur dire
30:11« Mais les gars, vous êtes des Français... »
30:13Vous comprenez, ils les ont sortis de ce projet républicain,
30:17de ce projet français, pour en faire des présupposés soutiens des Palestiniens,
30:22sans même se poser la question du khamas,
30:25sans même s'interroger sur les conséquences que ça peut avoir,
30:29mettre dans la graine de chaque gamin qui habite, on va dire, en banlieue,
30:33pour aller rapidement poser la haine du Juif, la haine de l'Israélien,
30:38c'est un scandale, c'est un abandon de la République, un abandonnage.
30:42Mais vous comprenez pas...
30:43Mais là, vous me poussez à parler politique, je ne voulais pas en parler,
30:45mais ces gens-là, je les trouve dangereux, parce qu'eux,
30:48ils mettent en danger des gens comme vous.
30:49Mais ils le font par cynisme ou par conviction ?
30:52Je ne sais pas, l'Histoire jugera, je ne sais pas.
30:53Ce matin, Bernard-Henri Lévy, qui était l'invité de nos confères d'LCI,
30:57dit qu'il y a chez lui, comme chez Villepin, une haine des Juifs.
31:00Ce sont les propos de Bernard-Henri Lévy en parlant de Jean-Luc Mélenchon.
31:05Jean-Luc Mélenchon, est-il antisémite ?
31:06C'est la question qui lui a été posée.
31:08Ou est-ce que c'est un cynisme ?
31:09Effectivement, là, on revient dans l'aspect...
31:11Plus que de l'aveuglement, c'est de la haine absolue.
31:14Comment vous expliquez qu'il y a à peine 3 ans, 4 ans,
31:19on disait « c'est le Juif » ou autre, on se retrouvait au tribunal,
31:22et c'était quelque chose qui était interdit en France.
31:26Comment, aujourd'hui, on tolère tout ce qui est dit sur les réseaux sociaux,
31:30sur les médias, sans que la justice s'en saisisse ?
31:33Alors, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous.
31:35Je trouve que la France, ou en tout cas l'État français,
31:38en tout cas les institutions, sont plutôt irréprochables.
31:40C'est-à-dire que la gamine qui a été violée à Levallois,
31:43on les a retrouvées deux jours après,
31:45le taré dans le métro qui a, je ne sais plus, insulté...
31:48– Moi, je parle des propos des réseaux sociaux.
31:50– Moi, je veux dire, j'ai une amie qui a été traitée de salle juive.
31:53Elle a porté plainte et la personne a été condamnée
31:55à trois mois de prison avec sursis et à 5 000 euros d'amende.
31:59Donc, ça a été très rapide et ça a été fait.
32:01Donc, je pense qu'après les réseaux sociaux,
32:04ça concerne non seulement l'antisémitisme,
32:07mais tout un tas de délits qui ne sont évidemment pas contrôlés.
32:11Mais si aujourd'hui, je pense que les tribunaux, au contraire,
32:14prennent très au sérieux ce type d'agressions.
32:19Vous allez repartir à Tel Aviv ?
32:21– Pas pour l'instant. – Non ?
32:22– Pas pour l'instant.
32:23Alors, je disais, il faut que je souffle un peu.
32:26En réalité, ici, c'est suffisant aussi.
32:30Vous savez, il y avait ce petit transistor.
32:33Et puis, il y avait aussi un truc complètement dingue.
32:34Je rentrais vers une heure du matin et je mettais en replay des émissions.
32:39Je voudrais remercier Franck Dubosc.
32:42Je voudrais remercier la série HPI.
32:43Je voudrais remercier, je vous assure, des choses légères.
32:49Le film Barbecue, j'ai des souvenirs comme ça,
32:51de regarder des séries complètement…
32:52– De parenthèses.
32:54– De sortir de là.
32:55Donc, je ne sais pas.
32:56Pour l'instant, je suis là.
32:57Je vous dis, mais ma famille est là.
33:01– Votre petite-fille est avec vous ?
33:02– Non, elle est là-bas.
33:04Alors, vous voyez, ce matin, j'ai eu ma fille.
33:06Et pour la première fois, ma petite-fille a eu peur avant-hier.
33:10Elle était justement chez des amis.
33:13Elle a entendu une moto, elle a eu peur.
33:15Elle a demandé à sa mère de venir la chercher.
33:17Donc, ma fille est allée la chercher à 11h30 du soir.
33:20Et ma fille commence à avoir peur aussi.
33:22C'est assez nouveau.
33:23Et je lui ai dit, ne t'inquiète pas, c'est le destin.
33:26Elle m'a dit, non, non, non, c'est pas ça le destin.
33:28Moi, je suis à la bonne place.
33:29Elle m'a dit ça ce matin, je suis à la bonne place, au bon endroit.
33:32C'est le terroriste de Beersheva ou le terroriste qui se promène à Jaffa
33:37qui est au mauvais endroit et pas au bon moment.
33:40Moi, je suis à ma place.
33:41Donc, elle a inscrit la petite à de l'art-thérapie pour essayer de…
33:48Et elle-même, elle cherche maintenant…
33:49Enfin, bon, je raconte ça du privé.
33:51– Non, non, mais c'est intéressant de voir.
33:55– De voir des choses concrètes, c'est nouveau, c'est nouveau.
33:57– Parce qu'il faut dire aussi la très forte résilience du peuple israélien.
34:02Et tout à l'heure, on aura mis Alex Zarmont qui sera avec nous,
34:05qui est allé, qui s'est rendu, qui est journaliste,
34:07qui est allé quelques semaines après dans un des kibbutz.
34:12Et une des personnes qui était là, qui lui a fait visiter,
34:15lui a dit « je te demande une chose, c'est de répéter,
34:18de dire que dans quelques mois, nous danserons à nouveau cette phrase
34:23« we shall dance again », c'est-à-dire cette volonté de vie qui est toujours là.
34:29Allez-y.
34:29– Non, non, je voulais vous dire que Noah Argamany qui a été capturé,
34:33vous vous souvenez de son image, Noah Argamany, c'est la jeune fille
34:36avec ce visage un peu asiatique, parce que sa maman était asiatique,
34:40sa maman est morte d'ailleurs, après ça, d'un cancer au cerveau,
34:44c'était terrible, mais elle a pu voir sa fille.
34:46Noah Argamany, elle a été capturée vraiment sur une moto,
34:48on voit ces images comme ça, elle tend les mains, elle dit « aidez-moi, aidez-moi ».
34:51Noah Argamany a été libérée par l'armée, elle a été à une rêve partie,
34:55on l'a vue danser avec Yves Echaud, elle était en bikini et elle a dansé.
35:01Donc voilà, il y a des gens qui ont peur, mais ils sont là,
35:04c'est pas le mot résilience, en Israël, il y a la vie,
35:10les gens se battent, les gens se défendent.
35:12Si vous voyez la tête du type qui a sauvé des gens à Jaffa
35:16quand il y a eu cette attaque il y a quelques jours,
35:18le type, vous le voyez, il a les cheveux longs, il est attaché,
35:21vous avez l'impression qu'il a fumé 40 pétards, il est en tongs, en shorts,
35:25et il a pris son flingue et il a éliminé le terroriste,
35:28il a sauvé la vie de beaucoup, beaucoup de gens.
35:30Donc il y a cette espèce d'ébonharité.
35:33J'ai trouvé un mot, vous savez l'umami, c'est le cinquième goût,
35:39le sucré, le salé, l'acide, l'amère.
35:40Et bien en Israël, il y a l'umami, c'est-à-dire qu'il y a la joie, la souffrance,
35:45et l'umami israélien c'est entre les deux,
35:47c'est quelque chose qui n'existe que là-bas,
35:49où on est à la fois dans la force, dans la défense,
35:52et dans la joie et dans la souffrance.
35:54Demain, on va démarrer la deuxième année,
35:56puisque on démarre les deux ans.
36:00Comment vous voyez l'année qui arrive ?
36:02Oh mon Dieu, j'aimerais tellement qu'il se passe quelque chose,
36:05j'aimerais tellement qu'on arrive à un accord,
36:07j'aimerais tellement que...
36:10Je me demande par moments si ce n'est pas grâce aux pays arabes
36:13qu'on va trouver une paix là-bas,
36:14c'est-à-dire avec la Jordanie, avec l'Égypte,
36:16avec des pays arabes qui, dans le fond...
36:18Des Émirats, parfois, ça fera...
36:21Voilà, il va y avoir une espèce d'accord qui est un peu de...
36:23Voilà, je voudrais que cette année-là,
36:26vous voyez, là, on est dans les fêtes juives,
36:28il y avait Rosh Hashanah, et dans quelques jours, il y a Kippour,
36:30on est dans ce qu'on appelle les jours redoutables,
36:32c'est là où Dieu décide qui va mourir, qui va...
36:34Et le jour du pardon aussi.
36:35Et le jour du pardon, c'est Kippour, c'est ça donc,
36:37et le jour du pardon.
36:39Mais nous, on ne va pas demander pardon,
36:41vous voyez, ce n'est pas possible.
36:44À qui vous voudriez qu'on demande pardon ?
36:46Là, c'est difficile, je...
36:48Ce que je veux dire, c'est que je voudrais voir une année qui arrive,
36:52je voudrais voir une année qui arrive marquée par...
36:55Voilà, par la vie, par la sécurité, en France, en Europe,
37:00au Moyen-Orient, c'est des phrases complètement idiotes,
37:02quand on veut la paix, mais vraiment,
37:05on ne peut pas avancer comme ça,
37:06sinon on va vers une troisième guerre mondiale,
37:07vous comprenez, donc il faut...
37:09Voilà, il faut qu'on arrive à quelque chose.
37:11En tout cas, je conseille vraiment la lecture de votre livre,
37:14Place des otages, pour comprendre ce qui a pu se passer.
37:17C'est un livre, encore une fois, très poignant,
37:21il y a de l'humour, il y a beaucoup de recul aussi,
37:24sur une certaine politique israélienne.
37:28Vous parlez assez peu de politique, finalement,
37:30mais ce n'est pas votre boulot non plus,
37:32mais c'est cette année que vous avez vécue,
37:34et on vous souhaite d'avoir le Renaud-Do, Valéria Bekassis.
37:37Merci à vous, et on se retrouve dans un instant avec vous sur Sud Radio.

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