• l’année dernière
Avec François Hollande, ancien Président de la République.

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-11-06##

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Transcription
00:00 Quelle est la situation au Proche-Orient ? La bande de Gaza coupée en deux, l'armée israélienne continue à bombarder, progresse dans Gaza.
00:07 Le Proche-Orient, la situation, les États-Unis s'opposent à tout cesser le feu, qui ne ferait que maintenir le Hamas en place,
00:15 c'est ce qu'explique le Secrétaire d'État Anthony Blinken, le pensez-vous ?
00:20 - Je pense qu'un cesser le feu provisoire est nécessaire.
00:24 Non pas qu'il empêcherait Israël de poursuivre son offensive, on sait qu'il a cette volonté,
00:30 mais parce que ça permettrait d'évacuer les blessés, de protéger la population civile et d'apporter de l'aide humanitaire.
00:38 Sur cette position-là, il est possible d'avoir un consensus entre les États-Unis, la France et les pays arabes.
00:47 Pour Israël, les conditions qui sont posées, c'est la libération des otages.
00:52 Et c'est vrai que la pose humanitaire, ou la pose qui serait celle qui est entourouverte aujourd'hui,
00:59 permettrait cette libération des otages.
01:01 Donc il y a là une petite porte qu'il faut ouvrir, sinon nous allons avoir la poursuite de l'offensive,
01:08 avec ces images qui nous parviennent et qui pour Israël sont extrêmement dangereuses,
01:15 car ça peut retourner l'opinion publique, et on l'a vu déjà, c'est pour ça que dans l'intérêt même d'Israël,
01:22 et de ce que Israël doit faire pour répondre à l'attaque terroriste qui lui a été portée,
01:27 je pense que la trêve humanitaire, ou le cessez-le-feu provisoire, peut être une solution.
01:31 - Trop c'est trop, ce sont les institutions internationales qui le disent, qui l'ont dit cette nuit, l'UNICEF, l'OMS, etc.
01:40 Trop c'est trop, cessez-le-feu, vous appelez au cessez-le-feu...
01:44 - Au cessez-le-feu provisoire !
01:46 - Oui mais provisoire, est-ce qu'un cessez-le-feu provisoire garantirait la libération des otages ?
01:52 - C'est toute la question, donc ça permettrait pour quelques jours d'avoir cette possibilité d'abord d'évacuer les blessés,
02:00 il y en a de nombreux, d'apporter l'aide nécessaire pour nourrir la population,
02:05 et de mettre le Hamas dans la position de libérer les otages.
02:09 De toute manière, otage libéré ou pas, il est clair qu'Israël voudra continuer son opération.
02:16 Mais continuer une opération lorsque la population est évacuée permettrait d'éviter des victimes civiles que nous connaissons aujourd'hui.
02:23 - Mais les Israéliens ont-ils d'autres choix que de poursuivre leur offensive ?
02:27 - Pour Israël, et on peut comprendre cette position, même si nous ne pouvons pas approuver les frappes telles qu'elles se font,
02:37 avec un caractère parfois disproportionné, mais pour Israël, d'avoir été attaqué dans ces conditions-là,
02:44 avec cette férocité, avec cette barbarie sur son propre sol, avec les images qui sont le reflet de la réalité,
02:52 c'est-à-dire de ces horreurs qui ont été commises, pour Israël l'éradication du Hamas est une nécessité.
02:58 Parce que comment pourrait-on imaginer Gaza demain si le Hamas est encore là et reproduit ses attaques pour la population israélienne ?
03:06 - Nous allons parler de Gaza demain, parce qu'il faut toujours envisager une solution politique,
03:11 après la solution militaire, ce que les États-Unis n'avaient pas fait, par exemple en Irak, ce qui a été une erreur considérable.
03:18 François Hollande, en ne libérant pas les otages, est-ce que le Hamas est responsable des bombardements actuels ?
03:27 Est-ce qu'on peut dire ça ?
03:28 - On peut dire que le Hamas est responsable de la situation qui a été créée.
03:34 C'est le Hamas qui fait l'attaque terroriste, qui conduit Israël à faire une réponse.
03:40 Et quand le Hamas fait son opération, son opération barbare, son opération féroce, son opération contre des civils,
03:48 le Hamas sait parfaitement qu'il va y avoir une réplique israélienne.
03:52 Il sait parfaitement que la population de Gaza va être la première victime.
03:55 Les victimes, aujourd'hui collatérales bien sûr, sont celles que Israël bombarde pour essayer d'éradiquer le Hamas,
04:03 mais c'est très clairement le Hamas qui a voulu cette situation de conflit et cette situation de guerre.
04:09 Pourquoi ? Parce que ça lui permet de redevenir l'organisation qui prétend représenter le peuple palestinien.
04:16 Deuxièmement, parce que l'Iran retrouve là un lien avec la région qu'il avait perdue avec l'accord d'Abraham entre Israël et les pays arabes.
04:27 Et il était tout à fait évident que l'Arabie Saoudite allait rejoindre.
04:31 Donc c'est le Hamas qui a provoqué cette situation.
04:33 Mais c'est pas parce que c'est effectivement la cause de ce conflit qu'il faut que le conflit prenne des proportions qui pourraient être dangereuses pour la région.
04:41 Il y a un point qui est quand même relativement moins effrayant que ce que nous connaissons, c'est que le conflit n'a pas embrasé la région.
04:49 Vous avez vu que le Hezbollah a été extrêmement, non pas modéré dans son expression, mais retenu dans son action.
04:58 Prudence de l'Iran, parce que l'Iran sait très bien qu'il y a des porte-avions américains qui pourraient éventuellement...
05:03 - Et qu'Israël a la bombe atomique ? - Oui, sans aller jusque là.
05:06 En tout cas, il y a eu un ministre israélien qui aurait mieux fait de se taire et qui a été sanctionné.
05:12 Parce qu'il y a aussi cette responsabilité du gouvernement des TNAO d'activer aussi les forces les plus extrêmes.
05:18 Mais il empêche que le conflit ne s'est pas étendu à la région.
05:22 Et donc ça peut laisser entrevoir une solution politique.
05:25 Et le rôle de la France dans cette affaire, c'est précisément de faire apparaître que la solution politique est la seule issue à ce conflit.
05:34 - Alors avant de parler du rôle de la France, simplement, la question que je vous pose, François Hollande,
05:40 est-ce que vous pensez qu'Israël est en train de commettre un génocide à Gaza ?
05:44 Le mot est employé, vous l'avez entendu, vous l'avez lu, est-ce qu'Israël est en train de commettre un génocide,
05:50 crime de guerre, violation du droit international ?
05:53 - Ce sont des formules qui sont en réalité des éléments de droit.
05:59 Pardon de mettre du droit sur des atrocités ou sur des morts.
06:05 Mais un génocide, qu'est-ce que c'est dans le droit international ?
06:08 C'est l'élimination par un État d'une population ou d'un groupe.
06:15 Il y a eu un génocide, la Shoah, c'était l'élimination des Juifs, 6 millions de morts.
06:21 Il y a eu un génocide avant même la Shoah, le génocide arménien,
06:25 la volonté d'éliminer pour les Turcs de l'époque, les Arméniens.
06:29 Il y a eu un génocide en Rwanda, c'est donc l'élimination complète.
06:32 Nous ne sommes pas dans cette situation.
06:34 Il y a des morts, mais ce n'est pas une volonté génocidaire.
06:38 Il y a 2,5 millions de personnes qui vivent à Gaza,
06:41 il y a eu hélas 7, 8, 10 000 morts, nous ne savons pas exactement le chiffre,
06:46 mais nous ne sommes pas dans cette situation.
06:47 Est-ce que c'est un crime contre l'humanité ?
06:49 Un crime contre l'humanité, c'est ce qu'a fait le Hamas en Israël,
06:52 c'est-à-dire attaquer une population civile,
06:54 alors même qu'il n'y avait rien qui pouvait justifier de tuer des civils,
06:59 même pour mener une action contre les militaires d'Israël.
07:05 Un crime de guerre, c'est encore autre chose,
07:08 c'est-à-dire, c'est finalement de frapper des civils au nom d'objectifs militaires,
07:13 sans qu'il y ait finalement d'intérêt pour la chose militaire.
07:17 C'est ce qu'ont commis les Russes en Ukraine.
07:19 Donc voilà, je crois que c'est très important, pour ceux qui nous écoutent,
07:23 et parce que les mots finissent par être dévoyés,
07:26 c'est suffisamment grave pour qu'on ne mette pas des mots qui ne correspondent pas à la réalité.
07:30 Il y a des morts, il y a des victimes civiles, il y a peut-être des crimes de guerre,
07:34 ce sera le tribunal pénal international qui aura à en juger, vraisemblablement,
07:38 mais je pense qu'il faut, de ce point de vue, maîtriser les vocabulaires.
07:42 - Est-ce que le gouvernement israélien devrait appeler à mettre fin à la colonisation ?
07:46 - Oui, oui. La responsabilité du gouvernement Netanyahou, 13 ans au pouvoir,
07:52 ça a été de provoquer par la colonisation l'impossibilité de ce qu'on appelle la solution à deux États.
08:01 Comment voulez-vous avoir deux États si dans l'État que vous voudriez reconnaître,
08:06 l'État en l'occurrence palestinien, vous avez mité le territoire par la colonisation ?
08:11 Encore récemment, le gouvernement Netanyahou a autorisé des colonisations en Cisjordanie
08:17 qui ont provoqué aussi des morts. Encore récemment, il y a eu des incidents extrêmement graves
08:22 à la suite d'interventions de colons israéliens.
08:25 Donc, il est tout à fait indispensable, si on veut aller vers la solution politique,
08:30 qu'il y ait une reprise en main et qu'il y ait un nouveau gouvernement, sans doute en Israël,
08:37 qui arrêtera ou démantèlera même les colonies.
08:41 Savez-vous qu'à Gaza, jusqu'en 2005, il y avait des colonies israéliennes ?
08:48 Elles ont été, c'était Sharon qui n'était pas un tendre, qui était le premier ministre israélien,
08:54 elles ont été démantelées pour permettre à Gaza de vivre en autonomie.
08:59 - La France, la position de la France, qui appelle à une trêve humanitaire,
09:03 qui veut faire voter un texte devant les Nations Unies, la France pourrait-elle être entendue ?
09:10 Est-ce que vous pensez qu'elle est encore entendue ?
09:13 - La France, elle a toujours eu une voix au Proche-Orient, ça remonte à loin.
09:18 Et je parle souvent de la première visite d'un président de la République en Israël,
09:23 qui était celle de François Mitterrand, qui, à l'AKNESET, c'est-à-dire au Parlement israélien,
09:27 avait évoqué la nécessité d'un État palestinien.
09:31 La France, après président, après président, avec des mots différents,
09:35 mais toujours défendue la solution à deux États, avec donc la reconnaissance d'un État palestinien.
09:41 La France, elle a aussi de bonnes relations avec les pays arabes, avec l'Égypte,
09:46 j'y ai contribué, avec les pays du Golfe, donc c'est aussi un appui pour une solution politique.
09:52 Car la solution politique, elle passe par les pays arabes, qui se sont, il faut quand même le reconnaître,
09:57 déchargés de la question palestinienne. Quand il y a eu ces fameux accords d'Abraham,
10:02 entre les Émirats, Israël, auxquels se sont ajoutés le Bahreïn et Maroc,
10:07 c'était tentant de pouvoir mettre la solution palestinienne dans la corbeille.
10:13 Ça ne l'a pas été. Et donc, les Américains, à l'époque c'était Donald Trump,
10:17 ont tout fait pour évacuer la question palestinienne, et le rôle de la France,
10:20 tout en apportant sa solidarité à l'égard du peuple israélien,
10:25 c'est de promouvoir une solution politique.
10:27 - Le monde se désintéresse de l'Ukraine pendant ce temps-là ?
10:30 - Oui, il y a une guerre qui continue, cette nuit même, il y a eu 20 soldats ukrainiens
10:36 qui ont été tués par un missile. - Est-ce que l'Ukraine est dans une impasse, là ?
10:39 - Le conflit... - C'est ce que dit le chef d'état-major de l'armée ukrainienne,
10:44 pour la première fois. - Et c'est ce qu'ont démenti à la fois Zelensky et Poutine, les deux.
10:50 - Les deux. - Parce qu'ils n'envisagent pas l'arrêt de la guerre.
10:54 Ce militaire, je ne sais pas exactement quelle est l'importance et quelle est la proximité avec Zelensky,
11:01 et puis dire qu'il y avait impasse, je pense qu'il a objectivement raison,
11:04 c'est-à-dire que la contre-offensive ukrainienne n'a pas obtenu de résultats suffisamment significatifs
11:11 pour que la Russie se retire des territoires qu'elle occupe.
11:15 Est-ce que pour autant, il a voulu dire qu'on allait sur un statu quo ?
11:21 Ce n'était pas l'objectif de ce général... - Chef d'état-major de l'armée ukrainienne.
11:26 - Ce n'était pas son objectif. Qu'est-ce qu'il a voulu dire ?
11:29 Si vous n'aidez pas l'Ukraine, vous les occidentaux, vous les américains, vous les européens,
11:34 si vous n'aidez pas l'Ukraine en lui fournissant des armements de qualité suffisante,
11:39 alors oui, nous serons dans une impasse. Et donc, il a renvoyé vers nous cette responsabilité.
11:44 Qu'est-ce que nous voulons en Ukraine ? Que ce soit un conflit gelé pour longtemps,
11:49 avec des morts qui vont continuer à être hélas constatées,
11:53 ou est-ce que nous voulons infliger à la Russie le retrait qu'elle mérite,
11:59 c'est-à-dire de pouvoir laisser l'Ukraine vivre en paix et en liberté ?
12:04 - L'antisémitisme en France, plus de 1000 actes, nous a dit hier soir le ministre de l'Intérieur,
12:10 les juifs de France se sentent isolés. Vous les comprenez ?
12:15 - Je comprends...
12:16 - Ils se sentent isolés, comme si les français ne s'intéressaient pas beaucoup à leur sort.
12:21 - Ça ce n'est pas vrai. Je pense que les français, dans leur très grande majorité,
12:25 sont blessés, sont heurtés quand ils voient des étoiles de David qui sont apposées sur les murs,
12:33 et pire, si tant est qu'on puisse mettre une hiérarchie, des croix gammées qui fuient cette posée.
12:38 Parce que ça nous atteint, ça nous atteint en tant que citoyens, en tant que républicains,
12:42 parce que nous avons une histoire, nous connaissons l'histoire en France de l'antisémitisme,
12:47 et de voir la résurgence de ces discours, de ces phénomènes, y compris par des populations
12:51 qui sont différentes du passé, c'est vrai, et bien ça doit nous obliger à une forme d'abord de soutien
12:57 aux juifs de France, parce que ce sont des citoyens à l'identique de nous,
13:03 et parce que ce sont des citoyens qui ont été, en plus, dans leur histoire, persécutés,
13:08 y compris en France, donc nous devons leur montrer une amitié, une fraternité.
13:13 La République, c'est la fraternité, on l'oublie, on l'oublie souvent au dernier terme.
13:17 - Donc, ce rassemblée contre l'antisémitisme, proposition, vous avez vu la proposition d'Olivier Faure,
13:22 Premier secrétaire du Parti Socialiste, qui lance un appel au rassemblement, ça vous fait sourire, François Hollande ?
13:27 Pourquoi est-ce que ça vous fait sourire ?
13:29 - Ça me fait sourire parce que c'est une proposition improvisée, comme quelquefois ça peut arriver.
13:33 Il y a une assemblée nationale qui existe en France, si on veut qu'elle puisse affirmer
13:39 une détermination contre l'antisémitisme, il suffit de voter une résolution.
13:44 Vous pouvez voter une résolution qui dit "Nous condamnons tous les actes antisémites,
13:49 nous sommes en solidarité avec le peuple juif", l'assemblée nationale est faite pour ça.
13:52 - J'ai une question, est-ce que Jean-Luc Mélenchon, et tous les députés LFI, pas tous,
13:58 mais certains, de nombreux élus LFI, encouragent l'antisémitisme par leurs propos et leur attitude ?
14:04 - Oui, je pense qu'il y a dans le discours, on en parlait tout à l'heure, le rôle des mots qui sont utilisés,
14:12 des encouragements à des pensées qui ne sont pas saines.
14:19 Voilà ce que je peux dire.
14:21 C'est-à-dire que quand il est assez souvent dénoncé le sionisme, voire même dénoncé la position américaine aujourd'hui,
14:33 très franchement la position américaine, celle de Joe Biden, n'a quand même que peu à voir avec celle de Donald Trump,
14:39 on encourage une forme d'extrémisation, d'hystérisation des propos.
14:44 Et c'est pour ça que je dis souvent l'antisionisme, qui a toujours existé, qui est une position politique,
14:50 qui est dérivée vers un antisémitisme.
14:52 C'est là que c'est grave.
14:54 - Ses propos flirtent avec l'antisémitisme ?
14:57 - Non, je pense, je l'ai dit souvent...
15:00 - Jean-Luc Mélenchon n'est pas antisémite.
15:02 - Je connais Jean-Luc Mélenchon depuis longtemps, je connais ses dérives quelquefois,
15:07 mais je ne vais pas justement rentrer dans ce jugement.
15:10 Il n'est pas antisémite, mais par des propos, par des développements, des argumentations qui n'en sont pas,
15:17 il peut, sans le vouloir, encourager l'antisémitisme.
15:20 - En acceptant ici même de dire que le Hamas est un mouvement de résistance.
15:24 Je ne parle pas de Jean-Luc Mélenchon, mais de Daniel Obono, qui est député LFI par exemple, ici même à votre place.
15:29 - Je me souviens de l'entretien que vous avez eu, il avait nécessité de caractériser ce qu'avait fait le Hamas,
15:35 qui est un mouvement terroriste, et qui a commis un acte barbat, un acte terroriste lui-même,
15:41 qui devait être dénoncé.
15:43 Et il n'y a pas de cause qui justifie le terrorisme quand il prend cette forme-là.
15:47 - Pour cette Française sur dise, Jean-Luc Mélenchon constitue un danger pour la République. Pour vous aussi ?
15:53 - Non, moi je me garde de ces formules-là.
15:56 - Vous comprenez les Français ? Vous comprenez que les Français ressentent cela ?
16:00 - Je pense que les Français ont, vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon,
16:06 le sentiment qu'il est toujours dans l'exagération, dans l'outrance, dans la dénonciation, dans la division.
16:14 Et ce qui me gênerait, c'est pas qu'il y ait un jugement sur Jean-Luc Mélenchon, il en prend la responsabilité,
16:20 c'est que ce soit un empêchement pour la gauche dans les années qui viennent.
16:23 La gauche, si elle veut parvenir au pouvoir, et je peux en parler en connaissance de cause,
16:28 elle doit être rassembleuse, elle doit être sur une ligne qui est à la fois audacieuse sur un certain nombre de sujets,
16:35 mais crédible, qui permet à des électeurs qui ne sont pas nécessairement de gauche,
16:40 de voter pour elle pour obtenir plus de 50%.
16:43 Tant que la gauche est dominée comme elle l'est par la ligne la plus radicale, qui est celle de LFI,
16:49 dans laquelle il n'y a pas que Jean-Luc Mélenchon, parce que soyons honnêtes,
16:53 ceux qui se distinguent de Jean-Luc Mélenchon, mais restent à LFI, portent la même responsabilité,
16:58 et connaîtront les mêmes déboires.
17:00 Il est nécessaire que le parti socialiste ou la gauche républicaine puisse retrouver la place qui était la leur,
17:07 et faire que ce soit cette gauche-là qui entraîne l'autre pour aller vers la responsabilité du pays.
17:13 - Une gauche que vous pourriez conduire, François?
17:15 - Une gauche en tout cas que j'encouragerais autant que je le veux.
17:18 - Que vous pourriez conduire?
17:19 - Moi je ne suis pas dans cette responsabilité-là, j'ai été très longtemps premier secrétaire du PS, du parti socialiste,
17:25 je veux dire que c'est parce qu'il y avait un parti socialiste qui était fort, que je suis devenu président de la République.
17:30 - Oui, vous pourriez redevenir président de la République?
17:32 - Non, je ne peux pas redevenir premier secrétaire du parti socialiste.
17:34 - Non, non, mais président de la République, pardon, pas premier secrétaire, je ne penserais pas à cela.
17:38 - J'essaye de détacher ma personne de l'analyse, parce que si je développe une analyse et que beaucoup disent
17:44 "mais c'est parce qu'il est intéressé", ça n'a plus d'objet.
17:49 Donc j'essaye d'être le plus clair possible.
17:51 - Référendum, référendum, élargissement de la possibilité d'un référendum, c'est ce que veut Emmanuel Macron,
17:57 vous êtes favorable ou pas? Et notamment, pourquoi pas un référendum sur l'immigration?
18:01 - Alors j'ai compris qu'il y avait là un geste qui était fait...
18:05 - Un geste politique.
18:06 - ...fait à l'intention de la droite, voire même de l'extrême droite, dans le débat qui va s'ouvrir sur l'immigration,
18:12 je ne suis pas sûr que ce soit la bonne méthode pour faire que ce texte puisse être regardé sereinement.
18:18 Deuxièmement, sur le principe même de l'élargissement, pourquoi pas?
18:21 Mais il doit y avoir des bornes qui doivent être posées, si je puis dire.
18:24 C'est-à-dire les limites.
18:25 Si aujourd'hui il y avait une extension du référendum à tous les sujets sans contrôle par le Conseil constitutionnel,
18:32 on pourrait avoir des demandes référendaires sur l'abolition de la peine de mort,
18:36 sur le rejet des étrangers dans n'importe quelle condition, sur la fin du droit d'asile,
18:41 sur des textes qui seraient contraires à nos engagements internationaux.
18:44 - Donc vous n'êtes pas favorable à une révision constitutionnelle?
18:46 - Je ne suis pas favorable en tout cas à une révision constitutionnelle qui serait dans l'improvisation,
18:50 telle qu'aujourd'hui elle paraît.
18:52 - Donc, vous n'y êtes pas favorable. On est bien d'accord, c'est clair.
18:56 Éric Dupond-Moretti, jugé par six sénateurs, par six députés, par trois magistrats professionnels,
19:03 pour soupçon de prise illégale d'intérêt devant la Cour de justice de la République,
19:09 est-ce qu'il aurait dû quitter provisoirement son poste?
19:13 - Moi je peux simplement rappeler quelle était la règle quand j'étais président de la République.
19:18 Elle était sévère, elle était sans doute injuste.
19:20 C'est-à-dire que tout ministre ou tout conseiller qui était mis en cause dans une procédure judiciaire
19:26 ne pouvait plus rester dans sa fonction.
19:28 - Il aurait dû se mettre entre parenthèses, si je puis dire. En réserve.
19:35 - C'était la règle quand j'étais président. Emmanuel Macron a une autre jurisprudence,
19:40 il a d'autres méthodes. - Vous le regrettez ? - En tout cas, ce n'est pas la mienne.
19:43 Moi je pense que c'était beaucoup plus clair. D'ailleurs c'est assez relativement injuste
19:48 pourquoi François Bayrou est parti quand il était ministre de la justice
19:51 parce qu'il était mis en cause dans une procédure et que M. Dupond-Moretti est resté,
19:57 allait poser la question au président de la République.
20:00 - Je reviens sur la loi immigration, début des discussions au Sénat, aujourd'hui.
20:06 Quelques articles de ce projet de loi, remplacement de la ME par une aide médicale d'urgence,
20:13 ça vous paraît nécessaire ou pas ? - Non, ça me paraît là aussi un drapeau,
20:20 un chiffon que la droite agite régulièrement, c'était le cas quand j'étais moi-même président de la République.
20:26 Je pense que c'est une mesure dangereuse. Pourquoi dangereuse ?
20:29 Parce que si les étrangers, même en situation irrégulière, ne se soignent plus,
20:34 nous pouvons avoir des épidémies, nous pouvons avoir des maladies qui se développent.
20:39 Donc dans leur propre intérêt, si je puis dire, de la communauté nationale,
20:43 la restriction de l'aide médicale d'État aurait des conséquences qui seraient fâcheuses.
20:48 - Mais dans tous les cas les Français exigent fermeté, fermeté et efficacité.
20:53 - Oui, c'est autre chose. - Vous comprenez ?
20:55 - Ça je comprends parfaitement. - Fermeté, efficacité ?
20:58 - Fermeté, efficacité et humanité. Je pense que c'est les trois principes sur lesquels les Français peuvent se retrouver.
21:03 Fermeté, s'il s'agit de réduire le nombre de procédures qui aujourd'hui...
21:10 - Oui, renforcer les possibilités d'expulsion par exemple.
21:13 - Voilà, je pense que ça me paraît aller dans le sens choisi.
21:16 Si c'est pour remettre en cause le droit d'asile, ça me paraît tout à fait contraire aux principes qui sont les nôtres.
21:23 Remettre en cause le regroupement familial, en tout cas le rendre plus compliqué,
21:27 je ne vois pas ce que ça pourrait apporter dès lors qu'il y a des contrôles qui sont déjà faits.
21:32 En revanche, faire que les demandeurs d'asile puissent dès à présent travailler,
21:39 plutôt que de recevoir une allocation, je pense que ça va dans le sens souhaité.
21:43 Renvoyer des personnes qui ont été condamnées et qui menacent l'ordre public
21:48 et qui sont en situation pourtant régulière, c'est ce qu'on appelait autrefois la double peine.
21:53 - La double peine. - C'est Nicolas Sarkozy qui l'avait supprimée.
21:56 - Tout à fait. - Si la droite veut la rétablir...
21:58 - Vous êtes favorable. Pourquoi pas ? Dites pourquoi pas.
22:00 - Ça ne me choque pas, ça existait avant que...
22:03 - Et l'article 3, le fameux article 3 sur les métiers en tension.
22:06 - Il y a déjà des circulaires qui permettent les régularisations, ce qu'on appelle la circulaire Valls.
22:11 Si, et je pense que c'était l'intention, c'est pour clarifier cette procédure de régularisation
22:17 qui porte sur finalement quelques milliers de travailleurs sans papier.
22:23 - 6 à 8 000 par an.
22:25 - Franchement, c'est important que la loi puisse garantir ce principe.
22:29 - François Hollande, merci d'être venu nous voir ce matin sur Sud Radio, il est 8h57.

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