• il y a 7 mois
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 Bonsoir à tous, bienvenue dans le Soir Info, merci beaucoup d'être avec nous en ensemble
00:00:06 jusqu'à minuit pour débriefer toute l'actualité de la journée.
00:00:10 Actualité marquée principalement par la situation en Nouvelle-Calédonie,
00:00:14 un climat de guerre civile d'Igcit, Michel Onfray.
00:00:18 On reviendra bien évidemment aussi sur l'autre actualité forte de ces derniers jours,
00:00:21 l'attaque du fourgon dans l'heure qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires.
00:00:26 On parlera de l'hommage rendu à un Carville, le mouvement en prison morte,
00:00:29 l'attaque aussi de Mohamed Hamra, tout ça bien sûr ça sera dans Soir Info.
00:00:34 Et pour en parler autour de la table ce soir avec nous, Paul Melun, écrivain,
00:00:39 président de Souverain de Main, bonsoir Paul.
00:00:41 - Bonsoir.
00:00:42 - Alexandre Devecchio, journaliste qui est avec nous également, bonsoir Alexandre.
00:00:45 - Bonsoir.
00:00:46 - Yoann Usaille, journaliste politique CNews, bonsoir Yoann.
00:00:49 Karim Abrik, journaliste de la rédaction, et puis il nous a rejoint également Jonathan Sixsou.
00:00:54 - Bonsoir.
00:00:55 - Bonsoir à vous tous.
00:00:56 C'est une situation, on vous le dit, de chaos qui règne en ce moment même en Nouvelle-Calédonie.
00:01:01 Le gouvernement tente par tous les moyens de résoudre cette situation.
00:01:05 L'état d'urgence a été décrété, l'armée sécurise les ports et les aéroports,
00:01:09 mille policiers et gendarmes supplémentaires ont été déployés.
00:01:12 Alors est-ce suffisant pour rétablir l'ordre ?
00:01:15 Avant d'en débattre avec vous, je propose de faire le point sur la situation avec Clotilde Payet et Corentin Briau.
00:01:23 C'est le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui l'a annoncé ce matin.
00:01:27 Un deuxième gendarme a été tué en Nouvelle-Calédonie à la suite d'un tir accidentel.
00:01:32 Un nouveau drame qui porte à cinq le nombre de morts,
00:01:35 dont deux gendarmes depuis le début des émeutes qui frappent l'archipel.
00:01:39 Emmanuel Macron a déclaré l'état d'urgence et tout est déployé pour endiguer la situation catastrophique.
00:01:45 Plusieurs dizaines de militaires sont partis d'Istre la nuit dernière, direction Nouméa.
00:01:51 Les premiers renforts de sécurité intérieure, civils et militaires, sont arrivés sur l'île
00:01:56 grâce à un pont aérien entre l'Hexagone et le territoire.
00:01:59 Du matériel permettant d'assurer les besoins essentiels à la population a été acheminé.
00:02:05 Plus de 2000 policiers et gendarmes sont mobilisés sur l'île.
00:02:08 Des hélicoptères sont également venus ravitailler les gendarmes en munitions.
00:02:12 Depuis le début des émeutes, plus de 200 personnes ont été interpellées, dont 70 ces dernières 24 heures.
00:02:19 Les cinq premières assignations à résidence sont des membres du CCAT,
00:02:24 la frange la plus radicale du Front de Libération cannaque socialiste.
00:02:28 Des mesures de perquisitions administratives seront également prises dans les prochaines heures.
00:02:33 Gabriel Attal a annoncé interdire TikTok pour notamment limiter le contact entre les émeutiers et contenir l'emballement.
00:02:43 Depuis, on a appris également que trois policiers de là-bas avaient été blessés par balle alors qu'ils étaient en intervention à Nouméa.
00:02:50 Leur pronostic vital, heureusement, n'est pas engagé.
00:02:53 Et puis en début d'après-midi, vous l'avez peut-être vu sur notre antenne,
00:02:56 le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé l'envoi de renforts supplémentaires en Nouvelle-Calédonie.
00:03:01 On l'écoute et puis on réagit juste après.
00:03:04 À la demande du président de la République, nous allons renforcer encore le pont aérien de rétablissement de l'ordre qui a été mis en place.
00:03:12 Pour déployer un millier d'effectifs de sécurité intérieure supplémentaire en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà sur place.
00:03:21 Très concrètement, des forces du GIGN sont arrivées hier soir venues de Polynésie.
00:03:27 Un avion vient d'atterrir sur place en Nouvelle-Calédonie avec 132 effectifs supplémentaires.
00:03:33 Un avion est parti hier soir de l'Hexagone avec un escadron de gendarmerie mobile et 40 forces du GIGN,
00:03:41 soit 116 effectifs supplémentaires.
00:03:44 Cet avion est attendu sur place en Nouvelle-Calédonie dans les prochaines heures.
00:03:48 Plus de policiers, plus de gendarmes, l'état d'urgence, l'armée, des assignations en résidence, des interpellations.
00:03:55 Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que le gouvernement met tout en œuvre pour reprendre le contrôle sur la situation ?
00:04:01 Je pense qu'on ne peut que saluer ce que fait le gouvernement dans les 48, 72 dernières heures.
00:04:06 De toute façon, là, on est dans la réponse d'urgence à une situation d'urgence.
00:04:11 Une situation qui, vous le rappeliez en introduction de votre propos, comme dit Michel Onfray, est une situation là-bas de guerre civile, un parfum de guerre civile.
00:04:19 C'est-à-dire que les témoignages qui nous parviennent aujourd'hui, j'en ai écouté quelques-uns aujourd'hui à Europe 1,
00:04:24 nous expliquent que des gens sont calfeutrés chez eux, ont peur pour leur vie.
00:04:29 Les gendarmes et les militaires en sont à protéger les personnes et ne peuvent même plus protéger les biens tant que la situation est dangereuse.
00:04:38 Il y a 70 000 et quelques armes à feu en circulation sur l'île, 20 000 et quelques autres types d'armes.
00:04:43 Nous sommes dans une situation qui, si vous voulez, va effectivement vers quelque chose qui est de l'ordre du très, très tendu.
00:04:49 Donc, que le gouvernement agisse et envoie un certain nombre de forces supplémentaires, c'est bien normal.
00:04:55 Mais maintenant, la question, c'est comment est-ce qu'on va faire pour, une fois qu'on aura abordé cette réponse sécuritaire,
00:05:00 qui est une réponse de cours moyen terme et qui est effectivement très importante,
00:05:04 qu'est-ce qu'on va pouvoir faire dans le dialogue, dans l'apaisement, dans une zone qui est effectivement très fragmentée ?
00:05:11 Les trois derniers référendums le montrent. Quasiment un habitant de Nouvelle-Calédonie sur deux est pour l'indépendance.
00:05:17 Je ne dis pas que tous les habitants qui sont pour l'indépendance soutiennent les émeutiers, c'est une évidence que non.
00:05:21 Mais il se trouve qu'il y a une partie de la jeunesse canaque qui veut en découdre et qui ne rentrera pas comme ça à la maison.
00:05:27 Donc là, on est entré dans une spirale dont on n'est malheureusement, je pense, pas près de sortir.
00:05:32 On évoquera bien évidemment aussi la question de cette jeunesse canaque dont vous venez de parler,
00:05:36 puisque beaucoup d'entre eux font partie des émeutiers.
00:05:40 Et puis, les armes aussi, effectivement, c'est quasiment un habitant sur deux qui est armé.
00:05:45 En Nouvelle-Calédonie, Alexandre Devecchio, la réponse du gouvernement ?
00:05:50 Est-ce qu'elle est aujourd'hui suffisante ? Est-ce qu'elle est à la hauteur ?
00:05:53 Je partage ce qui a été dit.
00:05:55 Effectivement, il y a une première urgence qui est celle de rétablir l'ordre des vies sous enjeu.
00:06:00 Donc oui, elle est suffisante.
00:06:02 Ils ont fait venir l'armée, ce qui montre aussi, comme ça a été dit, qu'on est dans une situation de guerre civile quasiment.
00:06:10 On parle de plus de 10 000 émeutiers, plus de 10 000 émeutiers,
00:06:14 alors qu'on le rappelle, c'est 2 600 gendarmes et policiers qui vont affronter plus de 10 000 émeutiers.
00:06:21 On a l'impression que le rapport de force…
00:06:23 Le rapport de force est déséquilibré, mais ça révèle aussi la faiblesse aujourd'hui de nos forces de l'ordre de manière générale.
00:06:30 On avait ce rapport de force, même si ce n'est pas tout à fait la même situation,
00:06:33 peut-être encore plus déséquilibré au moment des émeutes des banlieues,
00:06:37 avec des policiers, souvenez-vous, qui étaient obligés de rester calfeutrés dans leur commissariat
00:06:42 parce qu'ils ne pouvaient pas en sortir de peur d'être attaqués.
00:06:46 Ça traduit effectivement un état régalien qui est de plus en plus faible,
00:06:49 et encore plus faible quand il s'agit de se projeter à 16 000 km.
00:06:54 Je pense que le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour rétablir l'ordre.
00:06:59 Maintenant, la question est éminemment politique.
00:07:02 Le problème, c'est que c'est un problème de partition qui remonte à très très loin,
00:07:09 avec peut-être des mauvais choix qui ont été faits depuis très longtemps,
00:07:12 c'est-à-dire d'engager un processus de décolonisation,
00:07:15 parce que c'est comme ça que ça s'appelle sur le plan juridique.
00:07:18 Donc un processus de décolonisation, c'est censé mener à l'indépendance.
00:07:22 Effectivement, il n'y a pas une majorité aujourd'hui de Canacs qui sont pour l'indépendance,
00:07:28 mais est-ce qu'il fallait mener ce processus-là comme si on allait aboutir à une indépendance,
00:07:33 ou est-ce qu'il fallait en faire un département français,
00:07:36 comme c'est le cas des territoires d'Outre-mer ?
00:07:38 Je pense que ça, ça a été le péché originel, si vous voulez.
00:07:42 Et maintenant, effectivement, quand on est dans une situation à 50-50, c'est très compliqué.
00:07:46 Et de manière générale, ça nous révèle que justement, les sociétés fragmentées,
00:07:51 c'est très difficile de maintenir une forme de cohésion.
00:07:55 Et ça, c'est peut-être une leçon pour le territoire métropolitain, si vous voulez.
00:07:59 Quand il y a des peuples différents sur le même peuple, ça finit mal.
00:08:03 - Alors Alexandre Desvecques, j'ai vu que vous vouliez réagir,
00:08:06 mais juste avant, si vous me le permettez, on va retrouver Xavier,
00:08:09 qui est un habitant, qui est sur place, il est en Nouvelle-Calédonie.
00:08:12 Il y est depuis 23 ans, installé en Nouvelle-Calédonie.
00:08:16 Bonsoir Xavier, merci beaucoup d'être avec nous.
00:08:19 - Bonsoir, merci de me laisser la parole quelques instants.
00:08:24 - C'est normal, c'est normal. Xavier, on le sait, de toute façon, on le dit,
00:08:27 la parole des habitants est primordiale, puisque vous êtes sur place,
00:08:30 vous vivez cette situation de chaos.
00:08:33 Est-ce que la situation s'est quelque peu apaisée ces dernières heures,
00:08:36 ou ça reste très difficile pour les habitants de Nouvelle-Calédonie ?
00:08:39 - Alors d'un point de vue global, effectivement, ça semble s'être un peu apaisé,
00:08:44 notamment cette nuit, on a eu moins de...
00:08:47 En fait, il reste tellement peu de choses désormais à détruire, à brûler, à piller,
00:08:52 qu'effectivement, et en plus avec l'arrivée des forces de l'ordre
00:08:55 que l'on commence à peine à ressentir,
00:08:57 donc oui, effectivement, on peut dire que ça s'est un peu apaisé.
00:09:01 Maintenant, je n'ai pas de retour sur tous les autres points névralgiques
00:09:06 où il y avait des gros soucis, mais effectivement,
00:09:09 de ce que l'on peut voir en tout cas sur les réseaux sociaux,
00:09:11 puisque les réseaux sociaux nous permettent quand même de rester tous connectés,
00:09:15 ça s'est un petit peu apaisé cette nuit.
00:09:17 Qui puis-je rajouter, avec une météo qui n'était pas forcément clémente,
00:09:20 puisqu'il pleuvait, donc là, effectivement, ça a permis probablement
00:09:25 de commencer cette phase d'apaisement, enfin, j'espère, en tout cas.
00:09:29 Ça a refroidi un peu les esprits.
00:09:32 Sur place, on le disait, situation de chaos.
00:09:34 On évoquait tout à l'heure les mots de Michel Onfray qui parlait de guerre civile.
00:09:38 Est-ce que vous avez la sensation que c'est une guerre civile ?
00:09:42 Écoutez, quand vous avez un couvre-feu à 18 heures,
00:09:47 quand on vous interdit ou on vous déconseille de sortir en journée,
00:09:52 quand vous n'êtes pas ou peu ravitaillé,
00:09:56 oui, on peut parler d'une guerre civile.
00:09:59 Rajouter évidemment toutes les exactions qu'on a connues depuis trois jours
00:10:02 et qui ont détruit, je vous assure, qui ont détruit vraiment la vie économique du pays,
00:10:06 oui, on peut parler de guerre civile.
00:10:08 En plus, désormais, vous avez deux camps qui s'opposent,
00:10:11 enfin, un qui est beaucoup plus virulent que l'autre, évidemment,
00:10:14 mais oui, désormais, maintenant, on est dans une pseudo-guerre civile.
00:10:18 Alors, c'est des événements qu'on a déjà connus, malheureusement,
00:10:22 et pour lesquels la canille a su se relever,
00:10:25 je trouve qu'il y a vraiment… là, on a un genou à terre, pour tout vous dire.
00:10:29 Donc, vous savez, hier, quand j'ai pris la… j'ai fait un poste chez vous de 30 secondes
00:10:34 et je voulais déjà parler du jour d'après parce qu'en fait, moi, je suis dans l'anticipation
00:10:38 et justement, ce qui n'a pas été fait, à mon sens, par nos dirigeants,
00:10:43 mais c'était demain, demain, ça va être vraiment catastrophique.
00:10:46 On va se réveiller avec ce qu'on appelle la gueule de bois,
00:10:49 mais tous les Calédoniens, toutes les ethniques confondues, en fait,
00:10:53 et bien sûr, même ceux qui ont détruit le pays parce qu'en fait,
00:10:56 ils ont détruit peut-être le travail de leur maman, de leur papa, de leur frère
00:11:01 et c'est ça qui est vraiment inquiétant.
00:11:04 Donc, à l'instant présent, effectivement, on est encore dans cet état de guerre civile
00:11:09 avec des barrages, avec des pseudomilices qui se protègent,
00:11:14 mais voilà, l'arrivée des renforts va apaiser tout ça, mais c'est demain, quoi.
00:11:19 Moi, vraiment, je suis plus inquiet pour ça, pour la vie d'après.
00:11:22 Xavier, est-ce que c'est possible pour vous de nous montrer peut-être,
00:11:26 depuis vos fenêtres, quelle est un peu la situation ?
00:11:29 Est-ce qu'on peut peut-être apercevoir ce qui se passe en ce moment
00:11:32 dans les rues de Nouvelle-Calédonie, de Nouméa ?
00:11:35 Alors, c'est dommage. Il y a quelques instants encore, voilà,
00:11:39 ici, vous êtes face au seul, l'un des rares magasins qui a été épargné,
00:11:44 je ne vais pas trop le montrer, et dans lequel il y a encore des denrées alimentaires.
00:11:48 Il y avait encore quelques secondes de ça, il y avait une foule de gens
00:11:51 qui attendait l'ouverture, vraiment, on en est là, vous vous rendez compte,
00:11:55 on est en 2024 et on a l'impression d'être comme sur un état de guerre, quoi.
00:12:01 On attendait l'ouverture du seul magasin restant, dans lequel il doit y avoir encore des vivres,
00:12:08 et puis, bon, voilà, visiblement, il n'y a plus personne,
00:12:10 ça veut dire qu'ils ont eu l'information que ce magasin n'allait pas encore ouvrir aujourd'hui.
00:12:13 Donc, oui, on en est là aujourd'hui, on est à la chasse aux denrées,
00:12:16 on est à la chasse aux médicaments aussi, vous vous rendez compte,
00:12:20 on est un pays démocratique, vraiment, je vais insister là-dessus,
00:12:22 on est en France, quels que soient les avis des uns et des autres,
00:12:27 dans un merveilleux pays, et je suis attristé en fait que l'on parle de la Cahiellonie comme ça aujourd'hui,
00:12:32 vous savez, moi ça fait 23 ans que je suis là, à chaque fois que j'ai entendu parler de la Cahiellonie,
00:12:36 alors bien sûr c'était soit les cartes postales, soit c'était lorsqu'il y avait des mouvements
00:12:41 ou lors des référendums, et là aujourd'hui on est au cœur de l'actualité,
00:12:46 j'entends de tout en plus, heureusement que vous êtes une chaîne qui relaie avec de bons chroniqueurs,
00:12:52 avec de vraies informations, parce qu'il y a vraiment des choses qui nous attrissent depuis ici,
00:12:55 qui nous rendent encore plus… qui nous rendent vraiment plus tristes
00:12:59 par des gens qui ne connaissent rien de la vie en Nouvelle-Calédonie,
00:13:03 et ça, ça nous fait encore plus mal, on n'a pas besoin de ça aujourd'hui,
00:13:06 on a plutôt besoin d'avoir un élan, un élan national et patriotique,
00:13:13 parce que c'est la France, voilà, après on peut avoir des idéologies, ça par contre je partage.
00:13:18 Xavier, est-ce que vous croyez encore en la paix ? Est-ce que la paix est possible encore aujourd'hui ?
00:13:24 On a l'impression que c'est très compliqué, que la Nouvelle-Calédonie finalement est divisée en deux aujourd'hui.
00:13:30 En fait, elle l'a toujours été, d'accord ? Elle a toujours été, mais elle a permis,
00:13:34 néanmoins les accords qui avaient été établis en 88 puis 98,
00:13:38 ont permis quand même de vivre ensemble et d'avoir un destin commun, ça c'est indéniable,
00:13:42 et on le savait, moi j'ai énormément d'amis mélanésiens, j'ai énormément d'amis de toutes les ethnies différentes,
00:13:49 c'est vraiment très multiculturel, c'est très métissé aussi.
00:13:53 Aujourd'hui, j'entends beaucoup la presse faire deux clans, les blancs et les noirs, non, non, c'est faux.
00:13:58 Maintenant, vous pouvez être marié avec un asiatique, un walisien, un polynésien, il y a de tout, d'accord ?
00:14:05 Donc c'est faux de mettre face à face deux camps.
00:14:09 Mais effectivement, avec ce qui est arrivé, notamment, c'est l'économie qui va être la colonne vertébrale de tout ça,
00:14:17 qui va nous permettre éventuellement de se ressouder et de repartir dans une paix,
00:14:21 mais il y a eu du mal, il y a vraiment beaucoup de mal qui a été fait.
00:14:25 Donc ma crainte aujourd'hui, c'est économiquement parlant,
00:14:28 et on sait très bien que si un pays ne fonctionne pas économiquement parlant,
00:14:30 eh bien socialement, derrière, ça va être catastrophique, et je ne vous dis pas le reste.
00:14:34 Mais de vivre ensemble, c'est encore possible.
00:14:37 Vous savez, voilà, on a parlé de 8-10 000 personnes, mais c'est rien à l'échelle de la Calédonie.
00:14:44 Et puis, tous ont été instrumentalisés, bien évidemment,
00:14:48 beaucoup d'effets d'alcool, ça c'était un des maux calédoniens depuis des années,
00:14:54 qui a été aussi accentué par ces événements.
00:14:57 Mais vous savez, on est une terre de pardon.
00:15:01 Alors je sais, ça va peut-être vous prêter un sourire, mais on pardonne pour ici.
00:15:07 Le lendemain, on pardonne, malheureusement, avec les conséquences que ça peut avoir,
00:15:11 mais on pardonne toujours, et demain, les gens vont se reparler, etc.
00:15:16 Alors évidemment, il y a quand même une frange de la population qui a été ciblée,
00:15:20 ces jeunes délinquants malheureusement, qui devraient s'occuper,
00:15:23 et qui seront peut-être demain pointés du doigt,
00:15:26 parce que oui, on sait que ce sont eux les causeurs de troubles,
00:15:30 sous un prétexte, je ne vais pas rentrer dans les détails,
00:15:33 sauf si vous me le permettez, sous un prétexte politique.
00:15:36 En fait, il y a deux problèmes.
00:15:38 Il y a un problème institutionnel, effectivement,
00:15:41 lié à ce dégel du corps électoral,
00:15:43 mais il y a un problème aussi de délinquance,
00:15:45 que vous connaissez déjà en métropole, avec les exactions que vous avez eues en juillet.
00:15:49 On a la même chose en fait.
00:15:50 On a une jeunesse qui était…
00:15:51 Oui, avec les émeutes que l'on a connues.
00:15:53 Oui, complètement.
00:15:54 Exactement.
00:15:55 Xavier, reste avec nous, parce que…
00:15:56 Donc là, évidemment, le lien…
00:15:57 Alors Xavier, il y a Yoann Usaï qui est avec nous,
00:15:59 qui est journaliste politique pour l'action CNews,
00:16:02 qui a une question à vous poser.
00:16:03 Non, non, c'était simplement…
00:16:04 Ou une réaction alors, une réaction.
00:16:06 Je voulais intervenir en disant que je trouve, moi,
00:16:09 que pour le coup, là, le gouvernement fait preuve d'autorité
00:16:13 et a une réponse qui est ferme et qui me semble adaptée.
00:16:16 Il y aura d'ici quelques heures 2600 effectifs de forces de l'ordre
00:16:20 pour faire face à 10 000 émeutiers.
00:16:22 Pardonnez-moi, ils sont quand même entraînés,
00:16:24 il va y avoir le RAID, le GIGN,
00:16:26 ils pourront faire face à ces émeutiers.
00:16:28 Donc nous pouvons quand même, me semble-t-il…
00:16:31 Mais Yoann, on a l'association que c'est encore une réaction,
00:16:33 que ça arrive un peu tard, qu'il y a eu une sorte d'abandon.
00:16:36 C'est un sentiment qui est partagé par de nombreux Calédoniens
00:16:39 pendant plusieurs années.
00:16:40 Je ne suis pas certain qu'il y ait eu un abandon de la Nouvelle-Calédonie.
00:16:43 D'ailleurs, les Calédoniens ont par trois fois décidé de rester français.
00:16:47 Et l'économie de la Nouvelle-Calédonie n'est quand même pas très florissante
00:16:52 et vit sous perfusion de la métropole.
00:16:54 Donc je ne crois pas qu'on puisse dire qu'ils aient été abandonnés
00:16:57 parce que l'État français est présent, injecte de l'argent,
00:17:00 les services publics fonctionnent quand même plutôt normalement
00:17:04 lorsqu'il n'y a pas d'émeute.
00:17:05 Alors l'État a sans doute réagi trop tard,
00:17:07 n'a pas vu arriver ce qui allait se passer.
00:17:09 Mais la réaction me semble tout de même assez rapide
00:17:12 parce que pour envoyer des forces de l'ordre,
00:17:14 à partir du moment où vous le décidez, au moment où c'est mis en place,
00:17:17 il faut 48 heures.
00:17:18 Parce que je vous rappelle que le trajet est de 30 heures
00:17:21 pour aller en Nouvelle-Calédonie.
00:17:22 Donc ça ne se fait pas en quelques heures comme si on était en métropole.
00:17:26 Donc je crois que quand même pour les prochains jours,
00:17:29 nous pouvons relativement faire preuve d'une confiance,
00:17:32 d'une confiance prudente, mais tout de même.
00:17:34 Alors on va remercier bien sûr Xavier d'avoir été avec nous
00:17:37 en direct de Nouméa et de Nouvelle-Calédonie.
00:17:40 Merci à vous Xavier d'avoir été en direct sur ces news
00:17:43 avant de continuer bien sûr à décrypter tout ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:17:47 Je vais donner la parole à Karima qui voulait réagir.
00:17:51 Karima, on vous écoute.
00:17:52 Non mais quand on regarde évidemment la situation, les images,
00:17:55 il y a eu des choses absolument atroces aussi.
00:17:57 On pense à ce jeune gendarme de 22 ans qui est mort littéralement,
00:18:01 une balle comme ça.
00:18:03 Qui échangeait avec des habitants, on le rappelle.
00:18:05 Tout à fait, qui avait enlevé son casque.
00:18:07 Et qui a eu une balle directement dans la tête.
00:18:09 Excusez-moi pour les détails, mais c'est ce qui s'est passé.
00:18:12 Donc c'est extrêmement troublant.
00:18:13 Donc moi j'y vois quand même, il y a cette situation,
00:18:16 cette crise disons sécuritaire, cette situation d'urgence.
00:18:20 Maintenant le gouvernement va y faire face.
00:18:22 Il va avoir l'envoi de ses renforts.
00:18:24 Ça c'est une première chose.
00:18:25 Ensuite sur le fond, il y a tout cet enjeu bien sûr politique.
00:18:29 Je vois quand même, il faut faire quand même une distinction.
00:18:31 C'est-à-dire qu'il y a les émeutiers qui prennent aussi prétexte
00:18:35 de ce projet de réforme constitutionnelle.
00:18:37 Donc cette idée de l'élargissement du corps électoral.
00:18:41 Et pour vraiment cette minorité extrêmement violente.
00:18:45 Je rebrouille sur ce que vous dites, le prétexte.
00:18:47 Il y a souvent ce parallèle qui est fait avec les émeutes
00:18:49 que l'on a connues en métropole.
00:18:51 Le terme prétexte revient souvent.
00:18:54 Vous pensez réellement que ces émeutiers utilisent ce prétexte
00:18:58 concernant le texte dont on parlera tout à l'heure,
00:19:00 cette réforme constitutionnelle, pour saccager, pour piller,
00:19:03 pour s'attaquer aux autres, aux habitants qui eux n'ont malheureusement rien demandé ?
00:19:07 C'est-à-dire qu'il y a des tensions qui couvrent déjà je pense.
00:19:10 On l'a vu tout à l'heure.
00:19:11 On voit aussi sur la longue histoire de la Nouvelle-Calédonie,
00:19:15 le contexte historique, tout ce qu'on peut dire,
00:19:17 géographique, culturel et tout ça.
00:19:19 Mais ensuite, oui, il peut y avoir des brèches.
00:19:21 Mais ce que je voulais dire, c'est que ça reste quand même
00:19:23 une minorité qui est très violente.
00:19:25 Et on a parlé de jeunesse aussi là-dedans.
00:19:28 Ce n'est pas non plus tous les leaders indépendantistes.
00:19:31 C'est même ceux qui sont indépendantistes là-dedans qui veulent cette violence.
00:19:34 C'est pour ça que je fais quand même la distinction que c'est une minorité
00:19:37 qui profite aussi de ce contexte pour véritablement y aller et saccager.
00:19:42 On se retrouve dans cette situation.
00:19:43 Et ensuite, on pourra débattre évidemment sur le fond,
00:19:45 sur cette idée de ce projet de réforme constitutionnelle,
00:19:49 de ce contexte aussi mondial, je vous dirais même de ces discours
00:19:53 qu'on peut entendre, ces discours sur le décolonialisme
00:19:56 ou des choses comme ça.
00:19:57 Donc, tout ça aussi, ça fait partie de l'équation.
00:20:00 Mais je pense que la priorité en ce moment, c'est vraiment
00:20:02 ce contexte sécuritaire.
00:20:03 Il faut régler cette situation.
00:20:05 C'est impossible que des Français qui sont en Nouvelle-Calédonie
00:20:09 en ce moment, qui vivent là-bas, se retrouvent dans une situation
00:20:13 horrible comme on le voit en ce moment.
00:20:15 - Et on écoutera dans quelques minutes un autre témoignage
00:20:17 puisqu'un autre habitant de Nouvelle-Calédonie sera avec nous en direct.
00:20:21 Et puis, on reviendra aussi sur l'origine du conflit.
00:20:22 Parce que c'est vrai qu'on en parle très peu de l'origine de ce conflit
00:20:25 en Nouvelle-Calédonie.
00:20:26 On l'évoquera notamment avec vous, Yoann.
00:20:27 Mais juste avant, je vais donner la parole à Jonathan Cixous,
00:20:30 qui n'a pas encore parlé depuis le début de cette émission.
00:20:32 - Je l'écoute, je l'écoute.
00:20:33 - Voilà, il l'écoute religieusement.
00:20:34 Mais on va pouvoir l'écouter effectivement sur ce qui se passe
00:20:36 en Nouvelle-Calédonie.
00:20:37 Une réaction.
00:20:38 On vient d'écouter cet habitant qui parle effectivement d'une situation.
00:20:42 Il nous montrait d'ailleurs ce magasin qui n'a pas encore été saccagé.
00:20:46 Il ne le disait pas encore parce que c'est vrai que c'est peut-être
00:20:48 l'un des seuls ou très peu.
00:20:50 C'est vrai que les commerces ont été pillés.
00:20:52 On parle de plus de 200 millions de dégâts déjà.
00:20:54 - Avant de nous montrer le magasin sous sa fenêtre,
00:20:56 il nous a tout de même dit qu'il n'y avait vraisemblablement
00:20:58 plus rien à détruire.
00:20:59 Donc, c'est tout de même un constat de ravage et de chaos terrible
00:21:05 et sans appel.
00:21:06 Il y a beaucoup de choses à dire et quasiment en même temps,
00:21:09 si je puis dire.
00:21:10 C'est-à-dire qu'il y a l'histoire longue que Karima a évoquée
00:21:14 en quelques mots.
00:21:15 Et dès qu'on évoque l'histoire longue de la Calédonie,
00:21:19 il y a en miroir immédiatement soit la méconnaissance,
00:21:23 soit l'immaturité historique de l'actuel gouvernement
00:21:28 vis-à-vis de cette longue histoire.
00:21:29 Et ça, ça pose un vrai problème.
00:21:31 Je ne pense pas que des gouvernements dirigés par Jacques Chirac
00:21:34 ou François Mitterrand auraient réagi de la même façon
00:21:37 ou auraient au moins prévu de la même façon de telle réaction
00:21:42 à un élargissement du corps électoral,
00:21:44 puisque c'est le texte dont on va reparler tout à l'heure.
00:21:47 C'est-à-dire ? Ils auraient réagi comment dans ce cas-là ?
00:21:49 Ils auraient peut-être envoyé des émissaires sur le terrain
00:21:52 pour arrondir les angles.
00:21:53 Ils auraient peut-être invité à Paris des responsables communautaires locaux
00:21:58 pour leur présenter différentes choses autour d'une table ronde
00:22:01 parce que c'est tout un éventail de radicalités différentes
00:22:05 et de personnes qui ne le sont même pas radicales d'ailleurs.
00:22:08 Mais...
00:22:09 - Pardon, mais ce qui s'est passé en 1980 ne va pas dans le sens
00:22:13 de ce que vous êtes en train de décrire.
00:22:15 Et François Mitterrand me semble-t-il...
00:22:17 - Non, je ne parlais pas de 1980, je parlais de l'expérience tirée de 1980.
00:22:20 - C'est François Mitterrand qui était au pouvoir en 1980
00:22:23 et qui a quand même vécu le drame de l'Ouva et qui était au pouvoir à ce moment-là.
00:22:27 - Johan a raison, mais je parlais de l'expérience tirée de 1980.
00:22:29 - Oui, de 1988, les années 1980.
00:22:31 - Parce que depuis 1988, il n'y a pas eu de telles démonstrations,
00:22:33 d'aucune violence que ce soit à Nouméa de telle sorte.
00:22:37 Donc je parlais de l'expérience tirée, évidemment, de 1984 et de 1988,
00:22:41 après quand c'était Chirac au gouvernement.
00:22:44 Et si vous voulez, dès qu'il y a un fil à tirer concernant cette situation,
00:22:47 on se rend compte qu'il y a plein de choses qui partent en même temps.
00:22:50 Une décomposition, alors que l'économie n'est pas florissante,
00:22:55 mais elle tient la route.
00:22:56 C'est quand même un territoire extrêmement riche et diversifié en richesses.
00:23:00 On parle beaucoup du nickel, mais c'est aussi un terrain agricole incroyable, etc.
00:23:04 - Même si la vie est très chère sur place.
00:23:06 - Mais bien sûr, mais comme dans tous les territoires outre-marins,
00:23:09 la vie est très chère et même les produits de la vie quotidienne
00:23:12 sont hors de prix pour les personnes qui y habitent.
00:23:15 Ça, c'est encore un autre sujet.
00:23:17 On ne peut même pas mettre ça sur le dos du gouvernement Macron.
00:23:20 Mais si vous voulez, il y a une dernière chose et j'arrête là.
00:23:24 C'est aussi avec cette réaction,
00:23:28 on a raison de saluer la rapidité de réaction du gouvernement actuellement,
00:23:32 mais ça révèle aussi quoi ?
00:23:34 Ça révèle une non-préparation à une telle réaction.
00:23:40 On nous parle, ce sont les mêmes mots à chaque fois,
00:23:42 fermeté, autorité, etc.
00:23:44 Fermeté, autorité, ça ne vous sonne pas aux oreilles.
00:23:47 C'est ce qu'on avait entendu pour les émeutes,
00:23:48 c'est ce qu'on avait entendu pour Mayotte.
00:23:50 C'est ce qu'on entend régulièrement quand il y a de terribles agressions en France.
00:23:53 Juste avant, on va retrouver Anne,
00:23:55 qui est habitante à Nouméa,
00:23:58 habitante depuis 25 ans, installée depuis 25 ans à Nouméa,
00:24:01 qui est mère de famille aussi, qui a deux enfants.
00:24:04 Bonsoir Anne, merci d'être avec nous.
00:24:06 Alors Anne, qui…
00:24:11 On n'entend pas.
00:24:13 Ah voilà, merci.
00:24:14 Je précise juste avant, bien évidemment,
00:24:17 que vous avez décidé de ne pas montrer votre visage,
00:24:19 on imagine pour aussi des raisons de sécurité,
00:24:21 puisqu'on le sait, la situation, on en parle depuis un petit moment,
00:24:24 est assez compliquée en Nouvelle-Calédonie.
00:24:26 Alors expliquez-nous un peu ce qui se passe en ce moment,
00:24:29 près de chez vous, en bas de votre maison.
00:24:33 Tout à fait.
00:24:36 Alors écoutez, tout d'abord, voilà,
00:24:38 donc cet lundi, on a, je pense, été tous surpris,
00:24:43 lundi soir pour nous,
00:24:45 surpris et en même temps pas étonnés,
00:24:48 parce que c'est vrai que la situation a été particulièrement tendue.
00:24:52 En revanche, surpris par l'ampleur des émeutes, en fait,
00:24:58 qui ont dégénéré très très vite lundi soir,
00:25:02 avec des détonations, enfin bon, tout ce que vous savez.
00:25:07 Pour parler du quotidien,
00:25:10 dans mon quartier, on a commencé à s'organiser entre voisins
00:25:16 pour se protéger, tout simplement.
00:25:18 Ces fameuses milices dont on parle, c'est ces fameuses milices ?
00:25:22 Non, alors, non, ce ne sont pas des milices,
00:25:27 ce sont simplement des citoyens qui s'organisent
00:25:32 afin de protéger leur famille et leurs biens.
00:25:36 Oui, mais vous êtes, vous êtes, est-ce que vous êtes armé ?
00:25:41 Pas du tout.
00:25:43 D'accord.
00:25:44 Pas du tout, on n'est pas armé.
00:25:46 Ils avaient brûlé énormément de voitures dans la nuit,
00:25:50 de lundi à mardi.
00:25:52 On a essayé, nous, de bloquer un peu nos rues,
00:25:55 parce qu'il faut savoir que les quartiers sont très mélangés.
00:25:59 Donc voilà, on a essayé simplement de se protéger
00:26:04 avec ce qu'on a pu, avec des vieilles carcasses de voitures
00:26:07 brûlées, incendiées pendant la nuit,
00:26:10 qu'on a remontées dans les rues
00:26:12 de façon à tout simplement pouvoir se protéger
00:26:17 et ne pas subir ces attaques.
00:26:21 Voilà, donc l'ensemble, on n'est pas armé.
00:26:26 On essaye de discuter d'ailleurs,
00:26:29 avec, on a tout un groupe d'émetiers
00:26:33 derrière, dans le quartier juste à côté à une rue.
00:26:37 Est-ce que le dialogue est possible ?
00:26:39 Il y a à l'intérieur, pardon ?
00:26:41 Est-ce que le dialogue est possible ?
00:26:43 Vous arrivez à dialoguer ?
00:26:44 Il y a dans les quartiers des vieux papas,
00:26:46 qui sont mélanésiens, qui discutent et qui sont contre ça.
00:26:49 D'ailleurs, dans nos voisins, nous avons des mélanésiens,
00:26:52 des métis mélanésiens qui sont avec nous,
00:26:56 parce que même s'ils peuvent avoir une,
00:27:00 je dirais, obédience indépendantiste,
00:27:03 ils sont contre également ce qui se passe
00:27:05 et contre cette violence inouïe.
00:27:07 Donc voilà, on se protège, on fait des gardes,
00:27:13 on regarde ce qui se passe, on fait attention.
00:27:16 On essaye de protéger un des derniers magasins d'alimentation
00:27:23 qui est fermé, mais qui n'a pas été encore brûlé.
00:27:28 Vous êtes vous-même chef d'entreprise.
00:27:31 Si j'ai bien compris, vous êtes vous-même chef d'entreprise.
00:27:34 Pour vous, j'imagine que c'est compliqué en ce moment.
00:27:38 Au-delà de ça, je n'ai pas envie de parler forcément de ma petite personne.
00:27:44 J'ai une société dans le service.
00:27:47 Tous mes clients ont vu leurs entreprises brûler, incendier, détruire, saccager.
00:27:55 Donc effectivement, moi je suis un dommage, j'ai envie de dire, collatéral,
00:28:00 vu que forcément je n'aurais plus de travail.
00:28:03 Mais en fait, ce n'est même pas le souci premier en ce moment.
00:28:11 Le premier souci, on a des personnes âgées qui sont dans un EHPAD à côté.
00:28:18 On essaye de ravitailler comme on peut avec des médicaments
00:28:21 que l'on a à la maison ou que l'on trouve.
00:28:24 C'est très compliqué.
00:28:25 C'est vraiment un sentiment de tristesse, d'impuissance et un peu de colère, oui,
00:28:38 devant tout ce gâchis parce que je crois profondément
00:28:44 que la majorité des Mélanésiens ne sont pas d'accord avec ces exactions
00:28:50 et ces violences comme nous tous.
00:28:54 Et on s'est sentis quand même abandonnés.
00:28:59 Nous, ça a commencé lundi soir.
00:29:02 Nous sommes vendredi et on n'a pas vu d'évolution.
00:29:12 Alors après, les forces de l'ordre sont formidables et font ce qu'elles peuvent.
00:29:17 Les pompiers se font caillasser.
00:29:20 J'ai deux enfants de grands adolescents.
00:29:27 Ils sont en sécurité en ce moment ? Est-ce que vous les avez mis à la main ?
00:29:31 Ils sont là avec moi à la maison.
00:29:35 Mon mari a dû partir lui pour protéger son entreprise.
00:29:40 Mon fils vient avec moi sur les points de barrage contrôle du quartier.
00:29:55 On n'a pas d'armes, on n'est pas armés.
00:30:00 Et vraiment, nous ne sommes pas des milices.
00:30:03 Le message est reçu, Anne.
00:30:06 Merci d'avoir été avec nous en direct sur ces news.
00:30:10 Nouveau témoignage sur place depuis la Nouvelle-Calédonie.
00:30:14 La situation est toujours aussi tendue.
00:30:17 C'était un message spontané qui venait du cœur.
00:30:20 Merci, en tout cas.
00:30:22 On a entendu votre message qui venait du cœur.
00:30:25 C'est un plaisir de vous avoir avec nous en direct dans ce soir info.
00:30:29 On va continuer le débat sur la Nouvelle-Calédonie.
00:30:32 On évoquera notamment l'origine.
00:30:34 Depuis tout à l'heure, on parle de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:30:37 Mais on n'a toujours pas évoqué l'origine du conflit et cette colère en Nouvelle-Calédonie.
00:30:41 Mais juste avant, on va faire un point sur l'info avec vous, Maureen Vidal.
00:30:45 Bonsoir, Maureen.
00:30:47 De l'actualité.
00:30:50 Un tag antisémite sur le mur d'une synagogue à Marseille.
00:30:56 Il s'agit d'une étoile de David et une croix gammée à trois branches entremêlées.
00:31:00 Ainsi que le sigle du parti nazi d'Adolf Hitler inscrit en lettres capitales.
00:31:04 Le parquet de Marseille a annoncé l'ouverture d'une enquête du chef de dégradation ou détérioration du bien d'autrui
00:31:10 commise en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion.
00:31:14 Un port artificiel américain a été mis en place à Gaza.
00:31:19 500 tonnes d'aide humanitaire sont attendues, contrôlées en amont à Chypre.
00:31:23 L'aide sera distribuée rapidement dans Gaza une fois débarquée via cette nouvelle infrastructure,
00:31:28 a déclaré le commandant militaire américain pour le Moyen-Orient.
00:31:31 Enfin, Kiev accuse Moscou d'utiliser une quarantaine de civils comme boucliers humains à Vovchansk
00:31:38 pour protéger un quartier général militaire, selon le ministre de l'Intérieur ukrainien.
00:31:43 Ces otages sont avant tout des personnes âgées. La Russie n'a pas réagi à ces accusations.
00:31:48 Merci beaucoup, Maureen Vidal, d'avoir été avec nous.
00:31:51 On vous retrouve dans une demi-heure pour un nouveau point sur l'actualité.
00:31:55 Comme vous le disiez il y a quelques instants, on va évoquer avec vous, Johan, l'origine de ce conflit.
00:32:00 Que souhaitent exactement les émeutiers ?
00:32:03 D'abord, pour comprendre comment fonctionne le système en Nouvelle-Calédonie,
00:32:06 il faut remonter aux accords de Nouméa qui ont été signés en 1998.
00:32:10 Ces accords définissent le corps électoral pour l'élection provinciale.
00:32:14 C'est l'élection qui élit le gouvernement local.
00:32:18 Et ces accords de 1998, ils prévoient que ne peuvent voter à ces élections
00:32:22 que ceux qui sont arrivés sur l'île, dans l'archipel de Nouvelle-Calédonie, avant 1998.
00:32:31 Tous ceux qui sont arrivés après 1998 ne peuvent pas élire le gouvernement local.
00:32:36 Gérald Darmanin a voulu changer tout cela.
00:32:39 Il a voulu faire voter une loi qui a été adoptée au Sénat et à l'Assemblée nationale.
00:32:44 C'est une loi constitutionnelle qui doit donc être encore validée
00:32:47 par le Parlement réuni en congrès à Versailles.
00:32:49 Emmanuel Macron a dit que ça se ferait au mois de juin.
00:32:52 Et ce texte constitutionnel, il prévoit que pourront désormais voter à cette élection provinciale
00:32:58 et donc élire le gouvernement de Nouvelle-Calédonie,
00:33:01 tous ceux qui sont présents sur l'île depuis au moins 10 ans.
00:33:04 Évidemment, pour les indépendantistes, ça change tout puisqu'ils disent
00:33:07 qu'on va à nouveau se retrouver en minorité, notre voix sera de fait moins entendue.
00:33:13 Donc ça a mis le feu aux poudres.
00:33:15 Naturellement, on a déclaré l'état d'urgence.
00:33:20 Emmanuel Macron a pris cette décision puisqu'on est dans une situation en réalité
00:33:24 semblable à celle des années 80.
00:33:26 Ce qui fait dire aux Verts et à Marie Toussaint, qui est tête de liste
00:33:29 Europe Écologie, les Verts, pour les élections européennes,
00:33:31 qu'il faut de toute urgence retirer ce texte.
00:33:34 J'appelle à ce que cette loi soit retirée, Monsieur Bourdin.
00:33:38 Donc pas de vote pour ces Français-là.
00:33:40 Monsieur Bourdin, ça ne vous satisfait peut-être pas,
00:33:44 mais moi je vous dis, il faut retirer cette loi et réengager le dialogue.
00:33:48 Voilà ma réponse.
00:33:49 Mais vous êtes favorable au vote de ces Français ou pas ?
00:33:52 Monsieur Bourdin, vous êtes obstiné, vous essayez de me faire répondre.
00:33:55 Je ne suis pas obstiné, je suis têtu.
00:33:56 Oui, ça c'est vrai.
00:33:57 Mais Monsieur Bourdin.
00:33:58 Est-ce que vous êtes favorable au vote des étrangers aux élections locales en France ?
00:34:01 Oui.
00:34:02 Oui.
00:34:03 Alors pourquoi n'êtes-vous pas favorable au vote des Français
00:34:06 qui résident depuis 10 ans en Nouvelle-Calédonie ?
00:34:10 Mais ce n'est pas le même sujet, Monsieur Bourdin.
00:34:12 C'est étonnant quand même comme réponse.
00:34:14 Ça n'est pas le même sujet.
00:34:15 Évidemment, c'est le même sujet.
00:34:16 C'est-à-dire que les Verts veulent qu'en métropole,
00:34:18 tout le monde puisse voter aux élections locales, y compris les étrangers,
00:34:22 mais ne veulent pas que les Français puissent voter à ces élections en Nouvelle-Calédonie.
00:34:26 Si vous comprenez quelque chose, dites-le moi.
00:34:28 Si vous voyez où est la cohérence, dites-le moi aussi,
00:34:31 parce que moi, je ne vois pas de cohérence.
00:34:33 En réalité, tout cela n'est évidemment pas du tout sérieux.
00:34:36 Et pour Gérald Darmanin, pas question de retirer le texte.
00:34:39 Il a été voté, il doit être présenté au Congrès à Versailles
00:34:43 pour être définitivement adopté.
00:34:45 Bref, ça s'appelle la démocratie.
00:34:47 Non, parce que ce serait retirer la démocratie.
00:34:51 Qu'est-ce qui se passe ?
00:34:53 Les Calédoniens, par trois fois, ils ont voté non à l'indépendance.
00:34:56 Par trois fois.
00:34:57 Ils contestent le troisième référendum, les indépendantistes.
00:34:59 Ils peuvent contester Petit Gours, ce n'est pas vrai.
00:35:02 Les maires indépendantistes ont organisé les élections.
00:35:04 Monsieur Naouti, le président de la province nord,
00:35:06 le grand chef indépendantiste, a voté.
00:35:08 Par trois fois, les Calédoniens ont dit non à l'indépendance.
00:35:11 Trois fois.
00:35:12 Trois fois en cinq ans.
00:35:13 Par ailleurs, ce match-là est plié.
00:35:16 Non, mais il y a un droit à l'autodétermination dans la Constitution,
00:35:19 mais il ne peut pas être tous les ans.
00:35:21 Alors, si on ne retire pas ce texte, comment ramener le calme ?
00:35:25 C'est évidemment toute la question.
00:35:27 Les discussions vont se poursuivre avec l'Élysée, avec Matignon.
00:35:30 Les discussions dans ce genre de crise en Nouvelle-Calédonie,
00:35:32 elles ont toujours été extrêmement longues.
00:35:34 Elles ont pris des semaines, parfois des mois.
00:35:36 Mais en attendant, c'est vrai, c'est le chaos.
00:35:39 Et le responsable de cette chien-lit, il est tout désigné.
00:35:42 Pour Jordan Bardella, il s'agit du gouvernement.
00:35:44 Je salue le déclenchement de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie
00:35:50 parce que nous le réclamions.
00:35:52 La situation de violence sur l'île est absolument inadmissible.
00:35:57 Les incidents très graves qui se déroulent en Nouvelle-Calédonie
00:36:03 ne font plaisir à personne, évidemment.
00:36:05 Je tiens pour responsable le gouvernement d'avoir engagé
00:36:15 un calendrier et une méthode qui n'étaient pas la bonne.
00:36:17 Le calendrier et la méthode n'étaient pas bon.
00:36:20 C'est surprenant d'entendre ça.
00:36:22 Parce qu'on se dit, alors à ce moment-là,
00:36:24 le texte de Gérald Darmanin était forcément mauvais.
00:36:26 Et si ce texte était mauvais, ça veut dire que le RN,
00:36:29 évidemment, était contre.
00:36:31 Il a voté contre.
00:36:32 Eh bien, pas du tout, figurez-vous.
00:36:33 Le RN a soutenu ce texte de Gérald Darmanin.
00:36:37 Il a voté en faveur de cette réforme du corps électoral.
00:36:40 Alors, entendre dire maintenant que c'est un mauvais texte,
00:36:43 c'est quand même assez étrange.
00:36:44 Il n'a pas dit ça.
00:36:46 Il a dit ça.
00:36:47 Il a dit que c'était un mauvais texte.
00:36:48 Il a parlé de mauvaise méthode.
00:36:50 Ce n'est pas tout à fait la même chose.
00:36:51 Ah si, il dit que le gouvernement est responsable de la situation
00:36:54 parce que le texte et la méthode étaient...
00:36:56 Le calendrier et la méthode.
00:36:57 Eh oui.
00:36:58 Le calendrier et la méthode, ce n'est pas le texte.
00:37:00 C'est peut-être politicien.
00:37:01 C'est en grande partie le texte.
00:37:02 Je vous l'accorde, mais ce n'est pas le texte.
00:37:03 C'est en grande partie le texte.
00:37:04 Il parle en grande partie du texte.
00:37:06 Et ils ont voté en faveur de ce texte.
00:37:08 Donc, je crois que moi, 100 ans le vent tourné,
00:37:10 en réalité, Jordan Bardella est en train de changer de position.
00:37:13 Mais quand on fait de la politique, il faut assumer ses positions.
00:37:16 Parce que là, ça donne le sentiment qu'en réalité,
00:37:18 sur cette question-là, le RN n'a pas de boussole.
00:37:22 Il y a quand même la question de l'urgence.
00:37:24 Ce qui change le plus de position, et ça,
00:37:26 Johan l'a très bien montré avec le magnéto qui est cruel de Mme Toussaint.
00:37:30 On allait y revenir, parce que c'est vrai qu'on a du mal à la comprendre.
00:37:33 C'est lunaire, cette histoire.
00:37:34 Voilà des gens à l'extrême gauche et avec les écologistes
00:37:37 qui sont contre le nationalisme en France,
00:37:41 qui nous expliquent que tous ceux qui nous parlent en France de grands remplacements,
00:37:44 qui ont une vision ethnique de la France, etc.,
00:37:46 qui sont d'extrême droite, qui sont très dangereux, etc.,
00:37:49 qu'eux sont des humanistes, qui pourfendent tout ça.
00:37:51 Et voilà qu'en Nouvelle-Calédonie,
00:37:53 ils soutiennent des indépendantistes qui sont dans un délire ethno-nationaliste
00:37:57 qui visent à effectivement lutter contre le fait
00:38:01 que des gens qui sont là depuis plus de dix ans puissent participer aux élections.
00:38:05 Alors donc, effectivement, les mêmes écologistes
00:38:07 qui sont pour le droit de vote des étrangers aux élections locales en France
00:38:10 sont contre le droit de vote des Français de métropole là-bas.
00:38:13 Et ensuite, effectivement, se font les soutiens de gens qui ont,
00:38:16 et ça a été relevé par beaucoup de témoignages,
00:38:19 un certain nombre de témoignages qui expliquent qu'il y a du racisme anti-blanc là-bas
00:38:22 et qu'il y a vis-à-vis des canards les plus radicalisés et des émeutiers,
00:38:26 une vocation, si vous voulez, de conservation ethnique
00:38:29 et quasiment là-bas de lutte contre un grand remplacement
00:38:32 qui serait finalement les Blancs, les Métropolitains, etc.
00:38:35 Donc il y a une totale inversion, une totale incohérence.
00:38:37 Et pourquoi il y a cette incohérence ?
00:38:39 Alors, les électeurs nous disaient tout à l'heure que le dialogue n'est pas tout à fait rompu,
00:38:42 visiblement, des témoignages qu'on a pu écouter tout à l'heure.
00:38:45 Encore moins, et puis le dialogue, si vous voulez, il y a eu effectivement trois référendums,
00:38:47 il y a eu les accords de Matignon, il y a eu les accords de Noumer,
00:38:50 le dialogue, il est permanent.
00:38:51 Mais là, ce que je disais sur la position d'une partie de la gauche française,
00:38:54 c'est cette incohérence-là qui est manifeste.
00:38:56 Et cette incohérence, elle est mue par une chose qui est toute bête,
00:38:58 c'est que le Blanc, l'Occidental, le Français, est éternellement coupable.
00:39:02 Et donc ils seront prêts à soutenir...
00:39:04 Oui, ils sont tout à fait cohérents, tu as raison.
00:39:06 Ils seront prêts à soutenir toute galophobie, toute pensée anti-occidentale,
00:39:10 toute pensée décolonialiste, fut-elle la plus violente du monde,
00:39:14 partout, que ce soit le Hamas, quand certains disent que c'est un mouvement de résistance
00:39:18 comme Madame Obono, ou que ce soit les Kanaks violents.
00:39:20 Donc ils sont parfaitement incohérents.
00:39:22 En fait, dès que c'est les Français, ils sont coupables.
00:39:24 Allez, on va continuer, parce que vous le savez peut-être,
00:39:27 ce débat autour de la Nouvelle-Calédonie a presque pris, ces dernières heures,
00:39:31 une ampleur internationale.
00:39:33 Gérald Darmanin a évoqué une ingérence de l'Azerbaïdjan,
00:39:36 qui se cacherait, ou pas d'ailleurs, on va en parler avec vous,
00:39:39 derrière le vent de révolte des indépendantistes.
00:39:41 On va écouter le ministre de l'Intérieur, et puis on va en débattre juste après.
00:39:46 Sur l'Azerbaïdjan, ce n'est pas un fantasme, c'est une réalité.
00:39:51 Et je constate que c'est une dictature qui massacre,
00:39:55 on le sait tous, une partie des Arméniens.
00:39:59 Et je regrette qu'une partie des leaders indépendantistes kédeniens
00:40:02 ait fait un deal avec l'Azerbaïdjan.
00:40:04 C'est incontestable.
00:40:05 Et ça donne une idée de ce qu'est parfois la démocratie,
00:40:08 si on écoutait certains leaders.
00:40:10 Mais je veux dire qu'aujourd'hui, même s'il y a des tentatives d'ingérence,
00:40:14 aucun pays n'accède à la violence en Nouvelle-Calédonie.
00:40:19 La France est souveraine chez elle, et c'est tant mieux.
00:40:21 Surprise, ce point de vue a été partagé par Raphaël Glucksmann,
00:40:25 tête de liste aux élections européennes PS. On l'écoute.
00:40:27 J'ai présidé la commission spéciale du Parlement européen
00:40:31 sur les ingérences étrangères pendant tout mon mandat.
00:40:33 Et j'ai analysé la manière dont des régimes autoritaires,
00:40:36 la Russie, l'Azerbaïdjan, mais la Chine aussi,
00:40:38 saisissent la moindre faille dans nos sociétés
00:40:42 pour polariser le débat public et pour créer le chaos.
00:40:47 Ils sont en train de faire Nouvelle-Calédonie.
00:40:49 Là, concernant l'Azerbaïdjan, clairement, depuis des mois déjà,
00:40:54 une tentative d'ingérence, et nous devons être extrêmement fermes là-dessus.
00:40:58 Nous devons être fermes sur le fait que nous ne laissons pas des régimes étrangers
00:41:02 envenimer une situation qui est déjà particulièrement tendue.
00:41:06 Est-ce que le gouvernement est assez ferme là-dessus ?
00:41:08 Ce ne sont pas les acteurs étrangers qui créent la tension.
00:41:12 Là, en l'occurrence, c'est une réforme constitutionnelle,
00:41:14 et en l'occurrence, c'est un problème interne.
00:41:18 Alors, fantasme ou réalité, cette ingérence azérie ?
00:41:22 Non, je crois que c'est une réalité.
00:41:23 À l'élection de Dévile.
00:41:24 D'ailleurs, on pourrait l'ajouter. Il a raison, Raphael Gluckspan,
00:41:27 mais il pourrait ajouter également l'influence de la nébuleuse des frères musulmans,
00:41:32 l'Algérie également.
00:41:34 La Turquie.
00:41:35 La Turquie. Je pense que Raphael Gluckspan, bizarrement, a oublié cela.
00:41:42 C'est peut-être que ça arrive, mais…
00:41:43 C'est un trou de mémoire.
00:41:44 Peut-être qu'il s'est dit que ça allait être pris pour de l'islamophobie,
00:41:48 entre guillemets, et qu'il ne valait mieux pas citer cela.
00:41:50 Donc non, c'est une réalité géopolitique.
00:41:52 Il faut faire avec, j'ai envie de dire.
00:41:55 Et puis, c'est le travail aussi, pour le coup, de ceux qui informent,
00:42:00 de mettre à bas les fake news qui pourraient être relayées de l'étranger.
00:42:05 Mais là, il a raison, Raphael Gluckspan.
00:42:08 Réaction du ministre Azérie, des affaires étrangères.
00:42:12 La France aurait pu soutenir davantage l'Arménie.
00:42:14 Ce que je n'ai pas dit aussi.
00:42:16 Oui, c'est vrai.
00:42:18 Alors regardez la réaction du ministère des affaires étrangères de l'Azerbaïdjan.
00:42:22 Il nous dit "nous rejetons totalement les opinions infondées
00:42:25 exprimées par le ministre de l'Intérieur de France.
00:42:27 Nous condamnons les déclarations insultantes,
00:42:29 exigeons que cesse la campagne de calomnie contre l'Azerbaïdjan
00:42:33 avec des accusations inacceptables de meurtre massif d'Arméniens".
00:42:36 Voilà la réaction du ministre des affaires étrangères, Azérie.
00:42:41 Voilà qui dément bien évidemment toute ingérence en Nouvelle-Calédonie.
00:42:46 On va continuer bien évidemment cette émission,
00:42:48 puisque je vous le disais tout à l'heure, il y a une autre actualité très très forte.
00:42:52 C'est cette attaque du fourgon dans l'heure.
00:42:55 Il s'appelait Fabrice Muelo.
00:42:57 On va leur rendre hommage quand même.
00:42:58 Arnaud Garcia, ils avaient 52 ans et 35 ans respectivement.
00:43:01 L'un était père de deux jumeaux qui fêtaient leurs 21 ans demain.
00:43:05 L'autre, Arnaud Garcia, était père ou allait devenir père dans les prochains mois.
00:43:10 Cet après-midi en tout cas à Incarville, un hommage leur a été rendu
00:43:13 à ces deux agents pénitentiaires assassinés lâchement lors de cette attaque de fourgon
00:43:17 qui transportait Mohamed Amra.
00:43:19 Mohamed Amra qui est toujours bien sûr recherché, activement recherché.
00:43:23 On va revenir sur cet hommage avec Maxime Leguay.
00:43:26 Puis juste après, on va accueillir Alain Morel,
00:43:29 qui est donc secrétaire général adjoint du syndicat de police SCI CFDT.
00:43:35 C'est toujours un peu long, mais on va l'accueillir.
00:43:38 Des visages marqués et un silence poignant.
00:43:42 Pour cet hommage rendu à Incarville aux deux agents lâchement abattus,
00:43:48 Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et Eric Dupond-Moretti ont fait le déplacement
00:43:53 comme de nombreux habitants qui font part de leurs émotions.
00:43:56 C'est trop triste, trop triste ce qui est arrivé à Incarville.
00:44:00 C'est malheureux de voir deux personnes qui sont hors service commandé,
00:44:03 dont le père, sa femme a tendu un gamin, un enfant de 6 mois.
00:44:09 On vit dans un monde de plus en plus violent et où cela va-t-il s'arrêter ?
00:44:14 Une gerbe de fleurs a été déposée, une marseillaise a ensuite retenti.
00:44:19 Et le maire de la ville a pris la parole.
00:44:26 Capitaine Fabrice Moëllo, âgé de 52 ans, axé,
00:44:31 et père de deux jumeaux de tout juste 21 ans.
00:44:35 Leur anniversaire est demain.
00:44:38 Nos pensées les plus aimées vont aujourd'hui à leur famille,
00:44:43 enfants, épouses ainsi que leurs proches.
00:44:47 Un hommage à Arnaud Garcia, l'un des deux agents tués,
00:44:51 sera également rendu par sa ville de Blangy-le-Château ce samedi.
00:44:57 L'hommage à un quart-ville et un hommage national devraient être rendus aux Invalides.
00:45:01 Pour le moment, il n'a pas été confirmé, puisque nous n'avons ni l'heure ni la date.
00:45:05 En tout cas, hommage à un quart-ville pour ces deux agents pénitentiaires.
00:45:09 On a vu la réaction des habitants, qui étaient tristes et en même temps très inquiets
00:45:15 face à cette situation, cet acte barbare qui est quasi inqualifiable.
00:45:21 Alain Morel, bonsoir, merci d'être avec nous et de nous avoir rejoints sur ce plateau.
00:45:25 Vous êtes secrétaire général adjoint SCS-CFDT Police.
00:45:29 On imagine qu'au vu de cet hommage, vous avez de la peine forcément
00:45:37 et vous rejoignez forcément ce qui a été dit de la part de ces habitants.
00:45:41 Il y a de la colère, il y a aussi énormément de tristesse.
00:45:45 Énormément de tristesse. Sachez que les forces de police et les forces de sécurité
00:45:49 dans leur ensemble sont toujours proches des agents de la pénitentiaire
00:45:53 qui ont été clairement meurtris par cette exécution d'une violence abominable
00:45:57 qui a eu lieu pour libérer Mohamed Al Mraa.
00:46:01 Forcément, bel hommage rendu en tout cas.
00:46:03 Et il y a un autre hommage qui a été rendu et c'est un témoignage poignant.
00:46:09 C'est celui du père d'Arnaud Garcia, Dominique Garcia, qui s'est confié à notre journaliste Thibault Marcheteau.
00:46:15 Écoutez son témoignage, un témoignage poignant et émouvant.
00:46:19 C'est le fait que ça fait deux jours que je ne dors plus. La colère. Pourquoi ?
00:46:27 Je remets tout en cause. Donc je ne dors pas, je me vide de mes larmes.
00:46:33 Je rasculte toutes les photos de mon gamin que j'ai pu avoir.
00:46:37 Et en même temps, je fais le cours de sa vie.
00:46:46 Mon épouse est anéantie. Pour revenir, ma belle-fille est complètement dévastée.
00:46:54 Elle parle du principe, pourquoi il m'a fait ça. Non, elle ne dit pas ça.
00:46:59 Pourquoi c'est arrivé ? Pourquoi il ne verra pas son fils, enfin son enfant ?
00:47:02 Son enfant ne connaîtra pas son papa.
00:47:05 Voilà le témoignage du père de la victime. Et je reprends ses propos qui sont assez forts.
00:47:11 Ça fait deux jours que je ne dors pas. Je me vide de mes larmes.
00:47:14 Mon épouse est anéantie. Ma belle-fille est dévastée.
00:47:17 On rappelle qu'elle attendait un enfant.
00:47:19 Elle attend toujours un enfant qui ne va pas connaître son papa.
00:47:22 Comment on peut se relever après un tel drame,
00:47:25 quand on écoute le témoignage de ses proches ?
00:47:27 C'est des vies brisées.
00:47:29 - Je trouve ça toujours bouleversant d'entendre ces témoignages.
00:47:34 On pense évidemment à la famille, vous l'avez dit.
00:47:37 Sa conjointe qui attend cet enfant.
00:47:40 On peut imaginer le contexte en ce moment.
00:47:42 Évidemment, toute la profession.
00:47:44 Je pense que c'est un choc aussi pour les Français.
00:47:46 Parce que de voir un tel degré de violence, de barbarie.
00:47:49 De voir des gens, des individus qui commettent de sang-froid ce type d'acte.
00:47:55 On est vraiment devant une exécution.
00:47:57 - C'est un assassinat, un meurtre.
00:47:59 - Un assassinat pur et simple.
00:48:01 Une exécution littéralement pur et simple de sang-froid.
00:48:04 C'est ce degré de violence.
00:48:06 C'est vraiment dans quel monde on vit.
00:48:10 Dans quel État aussi est la France de savoir que sur le territoire,
00:48:13 il y a des individus comme ça en France qui sont prêts à tuer de cette façon.
00:48:19 Bien sûr, ça questionne plus largement sur la sécurité aussi,
00:48:23 pour les agents pénitentiaires, pour les forces de l'État aussi,
00:48:26 pour les policiers.
00:48:28 On a vu il y a quelque temps des policiers qui avaient été attaqués
00:48:30 dans un commissariat de police alors qu'ils faisaient leur travail.
00:48:33 On voit maintenant la difficulté aussi pour les agents pénitentiaires.
00:48:37 Est-ce qu'on parle à ce moment-là d'une faillite de l'État
00:48:40 ou à tout le moins, est-ce qu'il y a véritablement des failles comme telles?
00:48:44 Ça pose aussi cette question sur comment on peut régler justement ce type de problème.
00:48:50 - Yoann Usail, rapidement.
00:48:52 - Je suis surpris de voir que tout le monde est surpris en fait de ce qui s'est passé.
00:48:57 Parce que la violence augmente dans ce pays depuis des années
00:49:01 et la violence est proportionnelle à l'augmentation du trafic de stupéfiants.
00:49:06 - Un tel type d'acte, ça n'était pas arrivé depuis 32 ans, si je ne dis pas des années.
00:49:10 - Mais naturellement, parce que le trafic de stupéfiants n'a jamais été aussi puissant aujourd'hui.
00:49:16 Il n'a jamais rapporté autant d'argent qu'aujourd'hui.
00:49:19 Et tout cela est proportionnel.
00:49:20 Et si le trafic de stupéfiants continue à augmenter,
00:49:23 si l'argent que rapportent ces trafics continue à augmenter,
00:49:27 eh bien la violence, elle augmentera également.
00:49:29 Et ce type d'acte est amené à se répéter si jamais les narcotrafiquants ne sont pas effectivement arrêtés
00:49:36 et qu'on n'arrive pas à endiguer ce trafic de stupéfiants.
00:49:39 - Je pense que la violence et la barbarie totale de ceux qui, de sang-froid, avec un fusil à pompe,
00:49:44 tuent comme ça quelqu'un dans l'exercice de ses fonctions,
00:49:47 des fonctions extrêmement nobles, de bravoure extraordinaire,
00:49:50 ça va au-delà des questions, je suis d'accord, il y a la question du trafic de drogue,
00:49:52 mais il y a une barbarie qui est de l'ordre de, comment dirais-je,
00:49:56 de ce que le président de la République appelle, sans aller au bout du raisonnement, la décivilisation.
00:50:00 Comment même le pire des malfrats, le pire des voyous, le pire des bandits se dit
00:50:04 "il y a un homme face à moi, je pourrais éventuellement libérer peut-être mon complice ou le fugitif
00:50:10 sans tuer cet homme, mais je vais quand même le tuer".
00:50:12 Et cette violence-là...
00:50:14 - Puisqu'on imagine que s'ils avaient été braqués, on imagine que...
00:50:17 - Mais bien sûr !
00:50:18 - Et Paul, vous auriez pu en vie aujourd'hui...
00:50:20 - C'est la même violence qui avait poussé à tuer le couple de policiers à Magnanville,
00:50:23 c'est la même violence qui a poussé à la mort de ce pauvre Arnaud Beltrame,
00:50:26 c'est une violence sourde qui s'incarne dans une barbarie,
00:50:30 un sens dans lequel la morale et l'éthique sont complètement absents,
00:50:33 dans lequel le code d'honneur n'existe même pas,
00:50:36 une violence sourde qui a tout, effectivement, d'individus
00:50:39 qui sont dans une dimension psychique morbide, qui n'a aucune limite.
00:50:43 Et ça, c'est très emblématique du 21e siècle.
00:50:45 - Mais non Paul, ça se passe comme ça dans tous les pays
00:50:47 qui sont gangrénés par les trafics de stupéfiants,
00:50:49 et ça montre, me semble-t-il, que ce qui se passe généralement en Amérique du Sud,
00:50:54 dans des pays comme la Colombie, comme le Brésil, comme le Mexique,
00:50:58 est en train d'arriver très progressivement.
00:51:00 - Il faut quand même rappeler qu'il y a eu des opérations placenets...
00:51:03 - J'entends bien, je ne dis pas que la France est dans une situation comparable à l'Amérique du Sud,
00:51:07 mais néanmoins, ce qui s'est passé là, à ce péage,
00:51:11 correspond à ce qui se passe dans des pays qui sont gangrénés par le trafic de stupéfiants,
00:51:15 et ça montre bien que ces trafics prennent de plus en plus de place
00:51:19 et génèrent de plus en plus d'argent dans notre pays.
00:51:21 - Et dans certains quartiers aussi.
00:51:23 - Je ferais la synthèse entre les deux,
00:51:25 c'est-à-dire que sans doute que la France est en train de devenir un arco-État,
00:51:28 n'ayons pas peur des mots,
00:51:31 ce qui est une pathologie très grave qui rappelle effectivement les pays d'Amérique du Sud,
00:51:36 mais ça se conjugue aussi avec une violence ordinaire au quotidien,
00:51:40 avec une explosion des viols, des violences gratuites,
00:51:43 d'une forme de violence tribale qu'on ne connaissait pas,
00:51:46 avec ces fameux règlements de comptes pour des fonds de bonheur.
00:51:49 - Oui, mais là aussi, le gouvernement met tout en œuvre, Alexandre Hervé Thieault,
00:51:52 le gouvernement met tout en œuvre pour essayer de contrôler,
00:51:54 on a l'impression qu'on y arrive à des décennies.
00:51:56 - Je ne sais pas s'il met tout en œuvre,
00:51:58 en tout cas, il y a beaucoup de choses qui n'ont pas été faites depuis des décennies,
00:52:00 et non, il ne met pas tout en œuvre,
00:52:02 pour ce qui est de la question de la décivilisation en général,
00:52:05 on voit bien que c'est une question très large,
00:52:08 il met tout en œuvre peut-être d'un point de vue sécuritaire et encore,
00:52:11 mais est-ce qu'on a les réformes de la justice qu'on attend depuis des années ?
00:52:14 On ne les a pas.
00:52:15 Est-ce qu'on a la politique d'immigration qui va avec ? On ne l'a pas.
00:52:18 Est-ce qu'on a une politique d'autorité à l'école ? On ne l'a pas non plus.
00:52:22 Donc, il y a beaucoup de choses, hélas, que le gouvernement ne met pas en place,
00:52:26 alors même que la situation est déjà critique, si vous voulez,
00:52:29 et qu'il aurait déjà fallu mettre en place tout ça, il y a bien longtemps.
00:52:32 - Alors, avec Alain Morel, on évoquera la TRAC dans quelques minutes,
00:52:35 mais juste avant, on va accueillir Vincent Ledimet,
00:52:37 qui est secrétaire national du SNEPAP FSU, donc Syndicat du Personnel Pénitentien.
00:52:42 Merci encore une fois d'être avec nous, vous étiez déjà avec nous hier soir.
00:52:46 On le sait, suite au décès de vos deux collègues,
00:52:50 il y a eu ce mouvement qui a été lancé, mouvement "Prison morte", où en est-on ?
00:52:56 Alors, on se parle, est-ce que ce mouvement va se poursuivre dans les prochains jours ?
00:53:01 - L'appel, effectivement, au blocage a été conduit à partir de demain.
00:53:06 Laissez-moi d'abord saluer la dignité dont fait preuve le papa en témoignant.
00:53:13 Ça reste bouleversant de voir la dignité avec laquelle il est capable de s'exprimer,
00:53:20 d'apporter d'ailleurs son soutien dans un extrait de l'interview aux personnels pénitentiaires qui sont mobilisés.
00:53:27 - Alors, Vincent Ledimet, si vous me le permettez, on va écouter un autre extrait du témoignage du papa,
00:53:32 Dominique Garcia, père d'Arnaud Garcia, qui s'est confié aussi sur l'amour de son fils pour son métier.
00:53:39 Écoutez, on se dit qu'après cela, finalement, ça va être très difficile pour notamment les élèves
00:53:44 qui tentent en tout cas d'intégrer cette administration pénitentiaire,
00:53:47 de trouver finalement leur voix et un amour de leur métier. Écoutez.
00:53:52 - Alors, il adorait ce métier. Il s'y donnait un fond, si je puis dire,
00:53:56 puisque dès qu'il y avait des formations, il les faisait. Donc il voulait quitter...
00:54:01 Enfin, il a quitté la place, sa fonction d'agent pénitentiaire en prison
00:54:05 pour être dans les équipes d'intervention extraction judiciaire. C'est un truc qui... Il y avait de l'action.
00:54:12 Il aimait ça, donc... Et puis comme il venait... Il allait fonder une famille.
00:54:20 Et ça lui permettait d'avoir au moins tous ses week-ends, enfin, pour profiter de son enfant.
00:54:27 Il faisait un métier qu'il adorait, qui lui rendait bien. Il y avait une bonne camaraderie entre eux.
00:54:33 La preuve, puisque là, chez ma fille... Enfin, chez ma belle-fille, j'ai 3, 4 épouses de gardiens pénitentiaires qui sont chez elle.
00:54:41 Donc... Non, non, mais il était très bien. Il était... C'était la joie de vivre.
00:54:47 Et j'étais fier de lui. Fier de ce qu'il a fait et fier de lui.
00:54:53 Voilà l'émotion de ce papa, fier de son fils. Toute la famille était fière.
00:54:58 Et il disait... Voilà, il avait ses week-ends pour profiter de son enfant, qui malheureusement, il ne le verra pas.
00:55:05 Et c'est ça qui est malheureusement triste dans cette affaire.
00:55:10 Est-ce qu'aujourd'hui, les agents de l'administration pénitentiaire vont travailler avec la peur au ventre ?
00:55:16 On a entendu énormément de témoignages de surveillants qui disent aujourd'hui craindre pour leur vie.
00:55:21 C'est obligé. J'allais vous dire, ce qui est arrivé aurait pu nous arriver déjà avant.
00:55:28 Les professionnels de terrain qui effectuent les extractions judiciaires, pour ne prendre qu'eux,
00:55:33 avaient déjà dénoncé des problématiques, avaient déjà fait des propositions.
00:55:37 Et à chaque fois, c'est en expérimentation, même dès l'instant qu'on y trouve l'utilité,
00:55:43 que les agents justifient que ce processus est efficace.
00:55:47 Je peux vous donner des exemples.
00:55:49 Le type de holster, comme on dit, pour pouvoir mettre l'arme de poing à la fois à la cuisse
00:55:56 et pouvoir rapidement le mettre à la poitrine pour intervenir, c'est que des phases d'expérimentation.
00:56:01 Alors des fois, c'est rester en expérimentation un an, et c'est dans les tiroirs, en attendant d'avoir le droit de l'utiliser.
00:56:07 Enfin voilà, on marche vraiment sur la tête. Il y a des choses qu'on peut mettre en place immédiatement.
00:56:12 Des mesures qu'on peut mettre immédiatement, qui ne sont pas faites.
00:56:15 Il y a un moment où il va falloir aussi débloquer de l'argent,
00:56:17 parce qu'on ne peut pas laisser les collègues partir la boule au ventre, la peur au ventre,
00:56:21 de se retrouver encore avec le drame qu'on a pu vivre et des exécutions comme il y a deux jours.
00:56:28 – Qu'est-ce que vous réclamez exactement ?
00:56:30 On le sait, il y a eu une réunion hier avec le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti.
00:56:35 Est-ce que vous avez la sensation d'avoir été écouté, que vos revendications ont été écoutées ?
00:56:39 – Au vu de la proposition qui a été faite par le ministère,
00:56:44 et au vu des contre-propositions faites par les organisations syndicales
00:56:49 représentatives de l'administration pénitentiaire, le compte n'y est pas.
00:56:54 Il y a énormément de mesurettes, pas vraiment de mesures concrètes,
00:56:58 et ça inquiète les agents de se dire que même malgré des morts,
00:57:02 les engagements sont longs à être pris, alors qu'au contraire,
00:57:06 c'est maintenant qu'on doit entendre la tristesse, la colère des agents,
00:57:11 et les besoins pour éviter que ce genre d'incidents se reproduisent,
00:57:14 ou du moins limiter les incidents, et les collègues ne sont pas écoutés.
00:57:20 Les agents en détention aussi sont très inquiets
00:57:22 pour les extractions potentielles en service de nuit.
00:57:25 Ce n'est plus possible, en service de nuit on part comme ça.
00:57:29 – Alors, est-ce qu'il faut limiter ces sorties de détenus ?
00:57:33 Quelles sont vos propositions exactement,
00:57:36 que l'on comprenne bien les revendications des agents pénitentiaires ?
00:57:40 – Déjà pour tout ce qui est extraction médicale,
00:57:43 c'est potentiellement s'il y a une urgence vitale,
00:57:45 la venue du SAMU sur l'établissement,
00:57:48 si on n'a pas les moyens de les extraire en toute sécurité,
00:57:51 c'est potentiellement la possibilité d'avoir un médecin de garde.
00:57:55 Il y a énormément de propositions qui sont faites,
00:57:57 et des propositions de bon sens, ce n'est pas des propositions loufoques,
00:58:02 c'est vraiment la base de la base.
00:58:04 Des véhicules, comme vous avez pu les constater,
00:58:07 vous voyez les véhicules à l'image,
00:58:08 ce sont des véhicules faits de tôle et de plastique, des vitres classiques,
00:58:13 ce sont des… le berlingot, excuse-moi de vous dire,
00:58:15 je vais vous dire, le berlingot, le deuxième véhicule qui suit,
00:58:17 c'est un berlingot de la Poste, sauf qu'ils ont un gyrophare.
00:58:22 Le fourgon que vous voyez devant, c'est les fourgons flèche-course,
00:58:26 de coursiers du quotidien, d'artisans,
00:58:29 mais ce n'est pas fait et ce n'est pas adapté pour pouvoir sécuriser
00:58:33 un transport de détenus d'un point A à un point B.
00:58:36 Il faut des véhicules blindés.
00:58:39 Effectivement, vous voyez, il faut s'adapter immédiatement,
00:58:42 il ne faut pas attendre, oui, alors attendez, on va voir.
00:58:45 Les collègues demandent des choses simples, vous voyez,
00:58:47 les véhicules sont blancs, ils sont sérigraphiés,
00:58:49 les collègues veulent aussi des véhicules banalisés,
00:58:52 avec des véhicules différents, qu'il puisse y avoir une rotation de véhicules,
00:58:55 que ce ne soient jamais les mêmes en fonction du lieu où ils se rendent.
00:58:58 Ce sont des choses très simples et les véhicules qu'on a aujourd'hui,
00:59:01 au moins des sérigraphiés en urgence,
00:59:03 ce sont des simples demandes, vous vous rendez compte,
00:59:05 il y a des simples demandes qui peuvent être faites tout de suite,
00:59:07 elles ne sont même pas prises ces mesures.
00:59:09 Même les mesures qui ne coûtent rien ne sont pas prises.
00:59:12 Mais ce n'est pas possible, on attend quoi ?
00:59:15 Il y a le décœurement chez les collègues.
00:59:18 Alors Vincent Ledimet, je vous propose de réagir à ce communiqué
00:59:21 qu'on va découvrir avec vous, d'ailleurs à l'antenne,
00:59:24 communiqué de l'intersyndical des agents pénitentiaires.
00:59:29 L'intersyndical s'est donc réuni ce jour,
00:59:32 suite à la communication du relevé de décision par le ministre de la Justice.
00:59:36 Il n'en demeure pas moins que cette proposition ne satisfait pas les personnels
00:59:40 et se doit d'évoluer dans le sens des demandes que nous formulions
00:59:43 et qui émanent du terrain.
00:59:45 Finalement, ça va dans votre sens, ce n'est pas suffisant ce qu'on propose
00:59:47 aujourd'hui du côté du ministère de la Justice ?
00:59:49 Vous reprenez la phrase, si la sécurité a un coût,
00:59:51 la vie des agents n'a pas de prix.
00:59:54 Voilà, ça résume en tout et pour tout les mesures insatisfaisantes
00:59:59 qu'on fait le cabinet du garde des Sceaux.
01:00:03 Vous avez une deuxième page qui suit un peu plus détaillée,
01:00:05 je vous remercie de ne pas forcément la divulguer
01:00:08 pour des mesures de sécurité que vous pouvez comprendre.
01:00:11 Mais en tout cas, oui, effectivement, il va falloir agir très rapidement
01:00:16 parce que l'institution restera bloquée et reste bloquée
01:00:19 tant qu'on laisse partir des agents au front.
01:00:22 Il y a le moment du recueillement, du deuil effectivement.
01:00:25 Par respect, mettons déjà à disposition les choses rapides à faire,
01:00:29 des habilitations informatiques que les agents demandent
01:00:32 pour pouvoir savoir quel type de détenus ils escortent,
01:00:34 parce que c'est incroyable, mais les agents qui prennent
01:00:39 parfois les détenus en charge ne savent même pas
01:00:42 ou apprennent au moment de prendre en charge le détenu
01:00:45 le niveau d'escorte en établissement.
01:00:48 Ou le profil de la personne détenue.
01:00:50 Donc ils n'ont même pas le temps de s'adapter,
01:00:52 on leur dit de partir, ils partent.
01:00:54 Donc on a des bons soldats jusqu'à présent,
01:00:56 mais les bons soldats, ils commencent à en avoir marre, ras le bol,
01:00:59 et ils ont envie que ça ne se reproduise plus.
01:01:01 Et en hommage aussi pour les collègues qui sont tombés,
01:01:04 malheureusement, on ne peut pas laisser comme ça passer
01:01:09 et reprendre la vie comme si tout continuait.
01:01:12 Et comme l'extrait du papa qui parle à un moment donné,
01:01:16 il dit qu'il soutient à 100% le mouvement des personnels
01:01:20 devant les établissements, car il dit qu'il faut réformer
01:01:23 cette profession pour que ça n'arrive plus.
01:01:26 Quand un papa vous dit ça à l'antenne,
01:01:29 quand un papa s'adresse aux agents devant les établissements
01:01:31 qui bloquent, comment il garde des...
01:01:33 Et on salue ça, sa force.
01:01:35 Merci en tout cas, Vincent, le 10 mai d'avoir été avec nous.
01:01:38 Je rappelle, secrétaire national du SNEPAP-FSU,
01:01:41 Syndicat du Personnel Pénitentiaire.
01:01:43 Merci encore une fois d'avoir été avec nous.
01:01:45 On va revenir dans quelques instants avec vous,
01:01:47 bien évidemment, Alain Morel, sur la traque qui se poursuit,
01:01:50 puisque effectivement, ni Mohamed Amra, ni ses complices
01:01:54 n'ont pour le moment été retrouvés.
01:01:56 Mais juste avant, un point sur l'info avec Maureen Vidal.
01:01:58 Rebonsoir, Maureen.
01:02:00 La situation en Nouvelle-Calédonie reste très tendue.
01:02:08 Gabriel Attal a annoncé l'envoi de forces de sécurité supplémentaires
01:02:12 pour faire sortir l'île de cette crise sans précédent.
01:02:15 En plus des 1 700 policiers et gendarmes déjà présents sur place,
01:02:18 1000 forces de l'ordre en plus ont été envoyées.
01:02:21 Certains effectifs viennent d'arriver ce jeudi matin.
01:02:24 Un deuxième gendarme a été tué, portant à 5 le nombre de morts
01:02:27 depuis le début des émeutes.
01:02:29 Accusé de violences sexuelles par 3 femmes,
01:02:32 l'ancien ministre Damien Abad a été mis en examen
01:02:35 pour tentative de viol sur l'une d'entre elles.
01:02:38 Le député de Lens a été placé sous le statut de témoin
01:02:41 de sécurité pour les 2 autres femmes qu'il accuse
01:02:44 de les avoir violées en 2010 et 2011.
01:02:47 L'homme politique clame son innocence.
01:02:50 Enfin, on connaît 25 des 26 joueurs qui représenteront
01:02:53 l'équipe de France au prochain Euro de football
01:02:56 qui démarre le mois prochain.
01:02:58 Quelques surprises à noter.
01:03:00 La première convocation de Bratley Barcola,
01:03:02 le retour de Ferland Mendy, mais surtout celui de N'Golo Kanté.
01:03:05 Le champion du monde n'avait plus porté le maillot des Bleus
01:03:08 depuis juin 2022.
01:03:10 On évoquera peut-être cette liste de 10 déléchants.
01:03:13 Je sais qu'Alexandre Devecchio est ravi du retour d'N'Golo Kanté.
01:03:16 Si on a le temps, puisque le temps presse.
01:03:19 Et le temps presse aussi, d'ailleurs, sans mauvais jeu de mots,
01:03:22 sur la traque, puisque la traque se poursuit de Mohamed Amra
01:03:25 et de ses complices.
01:03:27 Des moyens hors normes ont été déployés.
01:03:30 350 enquêteurs sont actuellement mobilisés pour retrouver
01:03:33 celui qui est désormais l'ennemi public numéro 1.
01:03:36 Alain Morel, vous êtes donc, je le rappelle,
01:03:39 adjoint du syndicat CFDT Police.
01:03:42 Le temps passe. Quel est le travail des enquêteurs à l'heure actuelle ?
01:03:45 On imagine que le temps ne joue pas en leur faveur.
01:03:48 Le temps ne joue pas forcément en leur faveur,
01:03:51 mais le temps est nécessaire pour faire un certain nombre d'investigations.
01:03:54 Je voudrais rebondir simplement sur des propos qui ont été tenus
01:03:57 juste avant. Ce type de violence, ce type d'exécution
01:04:02 qui sont commises pour l'attaque d'un fourgon pénitentiaire,
01:04:06 on l'a connu à une certaine époque. C'était du grand banditisme
01:04:10 qui cherchait à se faire de l'argent, à attaquer pour récupérer
01:04:14 des billets de banque. Aujourd'hui, la vie n'a plus aucune valeur
01:04:18 pour ces personnes-là.
01:04:20 Est-ce qu'il y a encore des codes ? Parce qu'on parle souvent de codes d'honneur
01:04:23 pour les anciens. Il n'y a plus de codes d'honneur.
01:04:26 Il y a très longtemps que ce grand banditisme-là a fait feu.
01:04:30 Aujourd'hui, on se retrouve avec des gens qui sont sans foi ni loi,
01:04:34 qui veulent faire de l'argent le plus vite possible, dont la vie n'a aucun prix.
01:04:38 On parlait également, ce collègue de la pénitentiaire, des moyens.
01:04:42 Les moyens, eux, ils n'en manquent pas. Ils ont des moyens financiers,
01:04:47 ils ont des moyens matériels, ils ont tous les moyens nécessaires.
01:04:51 Ils n'ont pas les obstacles de la procédure pénale.
01:04:54 Et il y a une espèce de dichotomie entre les moyens qu'ils peuvent employer
01:04:59 et ceux que nous, nous pouvons employer à un instant T.
01:05:02 Là, en l'occurrence, tous les moyens vont être utilisés sur une affaire pareille.
01:05:06 Alors quels sont ces moyens ?
01:05:07 C'est une affaire hors normes, et quel que soit leur coût,
01:05:11 mais ce coût va être très important, que ce soit sur les recherches ADN,
01:05:15 sur la balistique, que ce soit sur les enquêtes classiques.
01:05:18 Vous savez, à une époque, quand je suis rentré dans la police,
01:05:21 on parlait du rouleau de compresseur du 36K Désorfev.
01:05:24 Le rouleau de compresseur du 36K Désorfev, c'était une très belle machine,
01:05:28 un peu diesel. Aujourd'hui, c'est une machine très performante.
01:05:32 Donc, tout va être utilisé, que ce soit les moyens humains,
01:05:35 la discussion avec d'autres voyous, d'autres bandits.
01:05:39 Ils sont cinq à avoir attaqué.
01:05:41 Plus ils sont nombreux, plus ils ont des failles, plus ils ont des vulnérabilités.
01:05:45 Est-ce qu'il y a une possibilité qu'ils soient déjà à l'étranger ?
01:05:47 Tout est possible.
01:05:48 Tout est possible.
01:05:49 Maintenant, ils sauraient aller quand même très vite.
01:05:51 Et les moyens qui sont mis en œuvre permettent d'aller checker
01:05:54 ce qui se passe à l'étranger.
01:05:56 Il y a aussi des communications avec les services et la coopération internationale.
01:06:00 Avec cette fiche Interpol qu'on compte.
01:06:02 Que ce soit de la coopération en termes de renseignements,
01:06:04 que ce soit de la coopération en termes de poligies judiciaires, Interpol,
01:06:08 les mandats qui ont été mis par les juges d'instruction.
01:06:12 Tous les moyens d'enquête actuellement sont utilisés
01:06:16 et ça va être suffisamment important, minutieux,
01:06:20 pour qu'il y ait des indices qui permettent à un moment ou à un autre
01:06:25 de les interpeller, de les identifier et de les faire comparaître.
01:06:29 Ça peut durer des jours, des semaines, des mois ?
01:06:31 Ça durera le temps qu'il faudra.
01:06:32 Ce n'est pas une affaire dont on peut se contenter de clôturer par un cold case.
01:06:36 Ça durera le temps qu'il faudra.
01:06:38 Et si ça met des jours, des mois, c'est que c'est nécessaire.
01:06:42 Il y aura aussi une préoccupation sur la manière de les interpeller tous,
01:06:46 de les interpeller en sécurité avec les moyens qu'il faut.
01:06:50 On peut très bien penser qu'aujourd'hui,
01:06:52 il y en a peut-être un ou deux qui sont identifiés.
01:06:54 Allez savoir.
01:06:56 Moi, je ne connais pas du tout le résultat de l'enquête.
01:06:58 Ce qui nous importe, c'est que toute cette équipe soit identifiée,
01:07:01 c'est que Mohamed Amra retourne sous les verrous et il reste.
01:07:05 Il a été souvent condamné.
01:07:08 On a parlé du pédigré de Mohamed Amra.
01:07:12 C'est un élément très dangereux.
01:07:14 J'imagine que ses complices également.
01:07:17 Et bien sûr, on n'aimerait pas qu'il se passe d'autres drames,
01:07:21 puisqu'on imagine qu'ils sont peut-être incontrôlables,
01:07:24 qu'ils peuvent réagir à n'importe quelle situation.
01:07:26 Il peut y avoir, et on l'espère que non, bien sûr,
01:07:28 mais il peut y avoir d'autres victimes.
01:07:30 La première motivation de cette action, c'est l'argent.
01:07:33 On ne peut pas croire autrement que la première motivation, c'est l'argent.
01:07:37 On a eu ce rapport sénatorial.
01:07:40 J'allais y venir.
01:07:41 D'ailleurs, c'est Magistrat qui évoquait cette manne financière
01:07:45 qui a été contrôlée par ces dealers.
01:07:47 À l'époque, on se souvient, Eric Dupond-Moriti d'ailleurs avait dit,
01:07:50 "Oh non, calmez-vous, ce n'est pas tout à fait vrai ce que vous dites."
01:07:53 Il s'en était pris au lanceur d'alerte plutôt qu'au mal lui-même.
01:07:55 C'est tragique.
01:07:56 Non, mais ce qui est vrai, c'est que franchement,
01:07:58 on a le sentiment que dans la sixième ou septième puissance du monde,
01:08:00 il y a des choses qui ne fonctionnent pas bien.
01:08:02 Le témoignage du monsieur de la pénitentiaire était assez éloquent
01:08:05 et il nous a tous fait réagir sur le plateau.
01:08:07 Quand on nous explique que ce sont Citroën Berlingo,
01:08:10 la voiture de derrière, que ce sont des voitures en carton pâte,
01:08:13 alors que par exemple, quand vous regardez pour les distributeurs de banques...
01:08:16 Pour être précis, c'est des Renault Master.
01:08:18 C'est des camionnettes, des fourgonnettes.
01:08:20 Renault Master et Citroën Berlingo, je vais en faire deux.
01:08:22 Mais c'est un peu la même chose, je connais un peu le sujet,
01:08:24 ce n'est pas très différent.
01:08:25 Effectivement, quand vous voyez par exemple les camions de la Brinks
01:08:27 qui viennent livrer des billets de banque,
01:08:29 on a l'impression que les camions sont tout de même un peu plus solides.
01:08:31 Quand vous voyez les voitures blindées avec des vitres énormes, etc.,
01:08:35 on se dit qu'il y a peut-être des choses à faire.
01:08:37 Ce qu'il demande, ce n'est pas la lune.
01:08:38 Quand il dit qu'on veut seulement qu'il n'y ait plus les logos sur la voiture,
01:08:41 on veut seulement pouvoir passer un peu plus inaperçu.
01:08:43 Enfin, sur les moyens également, sur le fait qu'il puisse y avoir
01:08:46 également des gendarmes ou des policiers qui accompagnent,
01:08:48 qui escortent ce type de véhicule.
01:08:50 Est-ce que tout ça ne pourrait pas procéder là aussi
01:08:53 d'un dialogue avec les représentants syndicaux,
01:08:55 d'un travail de fond pour réformer tout ça avec le garde des Sceaux ?
01:08:58 Il y a un travail immense là-dessus.
01:09:00 Et je pense que nos compatriotes, ils sont un peu comme nous,
01:09:02 ils sont un peu incrédules.
01:09:03 Quand on voit ça aujourd'hui, on se dit,
01:09:04 mais comment en est-on arrivé là ?
01:09:06 Pourquoi n'y a-t-il pas eu avant des coups d'alerte ?
01:09:08 A-t-il fallu qu'il y ait deux morts pour qu'on réagisse ?
01:09:10 Enfin, je veux dire, c'est quand même quelque chose
01:09:12 qui devrait tous nous interpeller, je pense.
01:09:14 Oui, on rappelle hier, il y avait une réunion au ministère de la Justice.
01:09:16 Alors, les syndicats d'administration pénitentiaire
01:09:18 semblaient plutôt satisfaits.
01:09:20 Vu le communiqué qu'on a pu lire tout à l'heure de l'intersyndical,
01:09:22 visiblement, les négociations vont se poursuivre
01:09:24 et la satisfaction est loin d'être là, finalement.
01:09:27 Yoann Usail.
01:09:28 Le problème d'Eric Dupond-Moretti, c'est qu'il a une obsession,
01:09:30 c'est de ne pas faire monter le Rassemblement national.
01:09:32 C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait minimisé
01:09:34 le trafic de drogue en France.
01:09:37 C'est pour cela que sa sortie à Marseille,
01:09:40 qui avait été rendue publique, il avait justifié
01:09:43 le fait de vouloir "cacher" la réalité,
01:09:46 en disant que si jamais on révèle aux Français ce qui se passe,
01:09:50 je résume en gros, ça va faire monter le Rassemblement national.
01:09:53 Donc, s'il vous plaît, taisez-vous, et puis on va essayer de régler ça entre nous.
01:09:56 Mais celui qui a le discours le plus juste,
01:09:58 me semble-t-il, au sein du gouvernement,
01:10:00 c'est Bruno Le Maire, qui a été auditionné par l'Assemblée nationale
01:10:03 et qui lui a dit que nous sommes effectivement
01:10:06 à un point de basculement.
01:10:08 Il l'a dit, il l'a formulé en ces termes-là.
01:10:10 Il a dit que si nous ne faisons rien,
01:10:12 si nous n'intervenons pas très vite dans les prochains mois,
01:10:15 c'est la démocratie qui va être en jeu.
01:10:19 C'est la France qui risque de vraiment très mal tourner.
01:10:22 Il ne s'était pas trompé, puisque quelques semaines
01:10:25 après la déclaration du ministre de l'Économie,
01:10:27 on voit ce qui s'est passé.
01:10:29 Le narco-banditisme est arrivé à un tel point dans ce pays,
01:10:33 génère tellement d'argent, comme l'avait dit le ministre,
01:10:35 que maintenant les trafiquants sont capables
01:10:38 de tirer à bout portant, simplement pour délivrer l'un d'entre eux.
01:10:42 Ils sont capables aussi, il faut le rappeler,
01:10:45 de contrôler le business depuis les prisons,
01:10:48 de contrôler ce business de la drogue depuis l'étranger aussi.
01:10:51 On évoquait ces fameux magistrats qui nous disaient très clairement
01:10:54 que certains étaient à Dubaï, d'autres en Thaïlande.
01:10:57 On se souvient que la guerre à Marseille, finalement,
01:10:59 avait débuté par une simple querelle dans une boîte de nuit
01:11:03 entre les deux chefs des deux clans.
01:11:06 C'est quand même assez incroyable.
01:11:08 - Oui, et on a l'impression que le diagnostic est posé,
01:11:11 mais les actions tardent, et pourtant,
01:11:13 on ne pourra pas plaider dans quelques années qu'on ne savait pas.
01:11:16 Déjà, c'était en 2022, je crois, c'était la procureure de Paris
01:11:20 qui disait « attention, l'infiltration de ces réseaux
01:11:23 est tellement forte qu'il y a un risque pour nos démocraties.
01:11:27 En fait, littéralement, il y a un véritable risque pour la France.
01:11:30 Il y a ce rapport, évidemment, sénatorial aussi,
01:11:33 qui explique à quel point c'est infiltré,
01:11:36 et aussi la quantité, c'est-à-dire...
01:11:38 - Et infiltré, d'ailleurs, dans l'administration pénitentiaire,
01:11:41 puisque certains d'entre eux arrivent à corrompre,
01:11:43 il faut le dire aussi, certains agents de la pénitentiaire,
01:11:45 à corrompre certains élus également.
01:11:47 C'était aussi l'un des points de ce rapport sénatorial.
01:11:49 - Mais il y a aussi, il faut penser, parfois,
01:11:51 la menace, ça peut être ça aussi.
01:11:53 - Aussi, bien sûr.
01:11:54 - Donc, il ne faut pas penser que c'est généralisé,
01:11:56 mais c'est-à-dire qu'il y a une menace aussi qui est très présente,
01:11:58 et il y a aussi des forces aussi du marché,
01:12:00 c'est-à-dire qu'en ce moment, on évalue à peu près
01:12:02 à entre 3,5 et 6 milliards de dollars
01:12:05 les revenus de ce marché de la drogue.
01:12:08 Donc, vous imaginez, à un moment donné,
01:12:10 si ces réseaux prennent un certain contrôle,
01:12:12 ils ont les moyens de faire beaucoup, beaucoup de choses,
01:12:15 et en plus, non seulement ils ont les moyens financiers,
01:12:18 ils ont des armes.
01:12:19 Aujourd'hui, on voit que la circulation des armes,
01:12:21 je veux dire, c'est un fléau,
01:12:23 c'est quelque chose qu'on ne voyait pas autant avant,
01:12:26 des armes aussi de guerre, c'est ce qu'on voit,
01:12:28 c'est pas juste des revolvers ou des couteaux,
01:12:30 des choses comme ça.
01:12:31 On parle d'armes semi-automatiques, par exemple,
01:12:33 automatiques, donc des armes quand même
01:12:35 qui ont des conséquences extrêmement graves.
01:12:38 Il y a cet aspect-là.
01:12:39 Donc, oui, il y a l'aspect de l'argent aussi,
01:12:42 mais c'est toujours la réponse des autorités.
01:12:45 Qu'est-ce qu'on fait avec tout ça?
01:12:46 On ne pourra pas plaider qu'on ne savait pas.
01:12:48 - Jonathan Cixous.
01:12:49 - Pourquoi les choses sont, entre guillemets,
01:12:52 si simples pour des caïds de pouvoir continuer
01:12:54 à faire leur trafic, etc.,
01:12:56 alors qu'ils sont derrière les barreaux?
01:12:58 Regardez à quoi ressemblent les prisons françaises
01:13:00 depuis trop d'années.
01:13:01 Et c'est l'un des scandales.
01:13:03 Une lumière crue, une lumière tragique
01:13:05 est jetée sur la situation matérielle,
01:13:08 dirais-je, de ces agents de la pénitentiaire
01:13:11 dont on parlait des véhicules.
01:13:13 Mais pourtant, il existe déjà des véhicules,
01:13:15 mais peut-être pas en si grand nombre.
01:13:17 Quiconque a vu les convois de terroristes
01:13:20 partant sur le palais de justice de l'île de la Cité
01:13:23 peut se rendre compte d'eux-mêmes
01:13:25 qu'il y a des véhicules blindés très, très solides
01:13:29 et des escortes possibles qui en imposent.
01:13:32 Lorsque la pénitentiaire veut mettre les moyens,
01:13:36 peut-être qu'il n'y en a pas assez,
01:13:37 mais il y en a un petit peu.
01:13:39 Ensuite, pourquoi je vais commencer
01:13:40 par vous parler de la prison?
01:13:41 Parce que la prison, aujourd'hui,
01:13:42 vous n'avez plus de filet sur les cours.
01:13:44 Vous pouvez, en plus, c'est la même chancellerie
01:13:46 de M. Dupont-Moretti,
01:13:48 qui, à travers une directive il y a quelques semaines,
01:13:50 a demandé à ce qu'on amoindrisse
01:13:54 les poursuites pour trafic de drogue
01:13:57 à l'intérieur même des prisons.
01:13:59 Tout ça pour acheter...
01:14:00 Des prisons qui sont des passoires, il faut le dire.
01:14:02 Il y a eu un témoignage très, très fort, d'ailleurs,
01:14:04 de nos confrères d'Europe 1
01:14:06 qui nous disaient que les smartphones,
01:14:07 tout le monde en avait, aujourd'hui...
01:14:09 Comment vous voulez rentrer les smartphones?
01:14:10 Parce que depuis Mme Taubira et Mme Belloubet,
01:14:12 il est interdit de mettre des filets
01:14:13 au-dessus des cours de prison
01:14:14 parce qu'il ne faut pas qu'il y ait de séparation
01:14:16 visuelle entre le ciel et le détenu.
01:14:18 Ce qui permet le vol de drone...
01:14:20 Et c'est pour cela que les drones arrivent
01:14:23 ou les lancers de sacs, etc.
01:14:25 C'est un vrai business parallèle à l'emprisonnement par ailleurs.
01:14:28 Voilà la réalité de l'emprisonnement aujourd'hui
01:14:31 et voilà pourquoi, parfois, dans certains cas,
01:14:33 ça ne pose pas trop de problèmes
01:14:35 pour certains gros bras
01:14:36 d'être d'un côté des barreaux plutôt que de l'autre.
01:14:38 Il est vrai que les prisons sont des passoires.
01:14:41 Alors il y a la question de la drogue, évidemment.
01:14:43 Pourquoi est-ce qu'on laisse rentrer la drogue?
01:14:44 Parce que, vraiment, si on voulait lutter,
01:14:46 si on voulait vraiment qu'il n'y ait pas de drogue en prison,
01:14:48 on pourrait le faire.
01:14:49 La paix sociale, peut-être.
01:14:50 Oui, c'est-à-dire que ça rend les détenus moins violents.
01:14:53 Donc, quelque part, ça arrange tout le monde,
01:14:54 y compris l'administration pénitentiaire.
01:14:56 Pourquoi est-ce qu'on est aussi tolérant
01:14:58 avec les téléphones portables en prison?
01:15:00 Parce que là aussi, ça arrange, quelque part,
01:15:02 les services de renseignement.
01:15:03 Ça permet aussi de remonter certaines filières
01:15:06 parce qu'on écoute ces téléphones-là.
01:15:08 Parce que les services de renseignement
01:15:09 ont une attention particulière sur ces téléphones
01:15:12 qui sont en prison et qui permettent, oui,
01:15:14 de remonter des filières, de démanteler des réseaux
01:15:17 et de contrôler véritablement les conversations.
01:15:19 Donc, on laisse passer ces téléphones portables
01:15:21 pour pouvoir, derrière, arrêter les dealers
01:15:23 qu'on n'arrive pas à arrêter, finalement.
01:15:24 Oui, effectivement, ça sert aussi aux services de renseignement
01:15:27 qui utilisent ces téléphones-là
01:15:28 pour pouvoir, effectivement, faire leur travail.
01:15:31 Paul Melun, et puis après...
01:15:32 J'ai l'impression que...
01:15:33 On va essayer de faire réagir tout le monde le temps fil, vous savez.
01:15:35 Très bref, parce que tout a été dit
01:15:37 par mes excellents camarades,
01:15:38 mais il y a une chose que je pourrais peut-être rajouter,
01:15:40 c'est qu'il y a aussi une part d'idéologie derrière tout ça,
01:15:42 et notamment chez Eric Dupont-Moretti.
01:15:44 C'est un lointain disciple de Michel Foucault,
01:15:46 c'est l'idée selon laquelle la prison, finalement,
01:15:49 ce n'est pas non plus la panacée.
01:15:50 Ils n'ont pas complètement tort, d'ailleurs.
01:15:52 Mais c'est vrai, c'est l'idée de dire
01:15:53 "tout plutôt que la prison".
01:15:54 Et une fois qu'on est en prison,
01:15:55 on pense déjà à la réinsertion
01:15:56 avant même d'avoir pensé à la peine.
01:15:58 Et on pense tout de suite à la condition de vie du détenu
01:16:00 avant de penser à la survie de l'agent de la pénitentiaire.
01:16:03 Là aussi, les temps ont changé,
01:16:04 il faudrait peut-être qu'il y ait un changement d'idéologie.
01:16:06 - Paul Mollin, j'aimerais quand même écouter Alain Morel.
01:16:08 - Vous avez été très concis.
01:16:09 - Avec nous, vous avez été très concis.
01:16:10 Vous avez été parfait, comme d'habitude.
01:16:12 Alain Morel, dans quel état d'esprit se trouvent
01:16:15 aujourd'hui les fonctionnaires de police
01:16:17 face à ces dealers sans foi ni loi,
01:16:20 on l'a vu avec cette attaque de Fourgon.
01:16:22 - En tout cas, nous, on considère que les prisons,
01:16:23 aujourd'hui, sont des passoires.
01:16:25 Ce sont des standards téléphoniques,
01:16:26 ce sont des têtes de réseau
01:16:28 qui mènent leur business de la prison.
01:16:31 Et si on a pu et on peut utiliser
01:16:35 certains moyens techniques pour essayer
01:16:37 d'obtenir un certain nombre de renseignements,
01:16:39 là, en l'occurrence, le bénéfice, il n'est pas là.
01:16:41 Il faut couper au maximum,
01:16:44 que ce soit à l'international,
01:16:45 que ce soit dans les prisons,
01:16:46 qui sont ces passoires,
01:16:47 qui sont des standards téléphoniques.
01:16:49 Il faut couper au maximum l'information,
01:16:52 le commanditaire, qui sont les commanditaires
01:16:55 à la fois du trafic, mais aussi des meurtres.
01:16:58 315 exécutions ou quelque chose comme ça,
01:17:02 l'année dernière, dont l'immense majorité,
01:17:06 si ce n'est la totalité,
01:17:07 est liée au trafic de stupes.
01:17:08 Donc, les moyens, aujourd'hui,
01:17:10 c'est plus de stopper ces communications
01:17:13 qui sortent des prisons
01:17:15 que de les écouter.
01:17:17 Et le travail qu'il y a à faire à l'international,
01:17:19 la coopération internationale,
01:17:20 est très important.
01:17:21 Vous parlez de Dubaï, vous parlez de Philippines,
01:17:24 on peut parler de beaucoup de pays.
01:17:26 Cette coopération, elle est déterminante
01:17:28 parce que les vraies têtes de réseau,
01:17:30 aujourd'hui, elles ne se mouillent pas tellement.
01:17:32 Oui, bien sûr.
01:17:33 Alors, Yoann, on n'a plus le temps, malheureusement.
01:17:36 Le temps file.
01:17:37 Je voulais surtout donner une dernière info
01:17:38 concernant la Nouvelle-Calédonie.
01:17:39 On va essayer de terminer sur une note positive
01:17:41 puisque le Haut-Commissariat a réagi
01:17:44 concernant la situation à Nouméa, notamment.
01:17:46 La situation est plus calme et apaisée.
01:17:49 Voilà ce qu'a dit, effectivement,
01:17:51 le Haut-Commissaire concernant la situation
01:17:53 en Nouvelle-Calédonie.
01:17:54 Donc, on ne peut que se réjouir,
01:17:56 bien évidemment, de cette information.
01:17:58 En tout cas, merci à tous de m'avoir accompagné
01:18:00 pour cette première.
01:18:02 Merci à vous.
01:18:03 J'espère que ça ne sera pas la dernière.
01:18:04 Merci en tout cas à vous tous d'avoir...
01:18:05 C'est gentil, excellent.
01:18:06 C'est gentil, Paul.
01:18:07 Je vous renvoie le compliment à tous, bien sûr.
01:18:09 Merci en tout cas de m'avoir accompagné
01:18:11 pour cette première dans le Soir Info.
01:18:13 Merci à vous aussi de nous avoir suivis.
01:18:14 Je me permets aussi de remercier Martin Mazur,
01:18:17 qui est un ami et qui a été parfait
01:18:20 pour m'accompagner et préparer cette émission,
01:18:22 le service programmation,
01:18:24 les équipes techniques aussi, la régie,
01:18:26 les sons aussi qui ont été toujours parfaits.
01:18:29 Je ne vous apprends rien.
01:18:30 En tout cas, demain, vous ne retrouverez toujours pas
01:18:32 Julien Basquet, qui est toujours en week-end.
01:18:34 On le salue d'ailleurs.
01:18:35 On retrouvera Olivier de Clair & Flech.
01:18:37 Et en attendant, l'actualité continue sur CNews.
01:18:39 Tout de suite, c'est l'édition de la nuit
01:18:41 avec l'excellentissime aussi Simon Guillain.
01:18:44 Bonne soirée à tous.
01:18:45 [Musique]