La note de Jérôme Fourquet qui annonce la fin du modèle français

Europe 1

il y a 7 mois

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'intéresse à la note du politologue et sondeur Jérôme Fourquet sur la fin du "modèle étato-consumériste".

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00:00 7h52 sur Europe 1.

00:02 L'édito politique avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.

00:06 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:08 Vincent, Le Figaro publie ce matin une note de Jérôme Fourquet qui dresse un constat terrible sur le modèle économique français fondé sur la consommation.

00:16 Pourquoi selon vous, Vincent, cette note est importante ?

00:20 Parce qu'elle décrit une réalité que la plupart de nos politiques refusent de regarder en face.

00:25 En 2003, souvenez-vous, Nicolas Baverez publiait "La France qui tombe", constat accablant sur notre dette, nos déficits, notre bureaucratie.

00:32 Aujourd'hui, Jérôme Fourquet dans Le Figaro décrit la France qui a dégringolé.

00:38 En 2003, le poids de la dette publique ramenée au PIB atteignait 63%, aujourd'hui nous en sommes à près de 110%, ce qui représente plus de 56 000 euros par habitant contre 16 000 en 2003.

00:48 La vérité que décrit le politologue est implacable. Ceux qui se sont succédés au pouvoir ont choisi de ne pas remettre en cause un modèle politique qui a sacrifié la production à la consommation, pour le meilleur, croyait-il au départ, et finalement pour le pire.

01:03 Alors comment s'illustre ce choix économique ?

01:05 Eh bien par les usines qui ferment et les entrepôts de logistique qui ouvrent, les champions français qui sont passés depuis 40 ans sous pavillons étrangers, Péchinay, Arcelor, Alcatel-Lucen, Lafarge, Norbert d'Entresangles, Club Med, La Tecoère.

01:19 Par le triomphe de la grande distribution qui redessine nos paysages, modifie nos comportements et tente de recouvrir tous les aspects de nos existences, l'hypermarché devient le pôle central de la vie.

01:31 Fourquet cite un passage très savoureux de Sérotonine, le roman de Michel Houellebecq.

01:35 C'est le narrateur qui parle, je voulais guillemer.

01:38 "Diverses affiches m'avaient informé de l'existence à coût tense d'un centre Leclerc, accompagné d'un Leclerc Drive, d'une station-service Leclerc, d'un espace culturel Leclerc et d'une agence de voyage Leclerc également.

01:49 Il n'y avait pas d'espace funéraire Leclerc, mais ça semblait être le seul service manquant.

01:54 Houellebecq n'est pas qu'un grand romancier, c'est aussi un immense sociologue."

01:58 Et donc Vincent, ce que nous dit cette note, c'est que l'État s'est concentré sur un seul objectif, les consommateurs.

02:03 Oui, il l'a fait par un système de subvention d'aide de l'État qui pénètre jusque dans les plus petits détails de nos vies, l'achat d'un vélo ou la réparation d'une machine à laver.

02:13 Pour les jeunes, c'est le pass culture pour acheter des mangas, tandis que le préservatif est donné gratuitement avant 26 ans.

02:19 Vous voyez Dimitri, dans ce modèle, l'État s'occupe vraiment de tout.

02:23 Il peut compter sur une fonction publique qui, malgré les promesses, continue d'augmenter.

02:27 Il s'appuie aussi sur une population immigrée qui vient compenser le déclin démographique.

02:32 "L'immigration est une pièce essentielle du puzzle pour fournir des consommateurs nouveaux", nous dit à juste titre les séisme Pierre Wermeren.

02:39 Tout cela se fait sous l'emprise d'une administration droguée aux normes et aux réglementations.

02:43 Et jusqu'ici, ça tenait.

02:44 Mais quand les caisses sont vides, que le travail passe après les loisirs, que les règles sociales et environnementales découragent les énergies créatrices,

02:52 que l'industrie et l'agriculture sont devenues marginales, ça ne tient plus.

02:56 Emmanuel Macron est conscient de tout cela.

02:58 Il se console en rappelant que notre pays continue à être attractif économiquement,

03:02 attraction dont le sommet de Chousse-France qui commence ce matin est le symbole.

03:06 Mais là aussi, il faudrait pouvoir quantifier la part consacrée à la création d'activités nouvelles sur notre territoire,

03:12 et celle dévolue à l'achat d'actifs français.

03:15 Cette note pose finalement des questions existentielles pour un pays pris en tenaille

03:19 par les déficits et les subventions sur fond de bureaucratie toute puissante.

03:23 Et pourtant tout cela est relégué derrière les polémiques jetables et les diversions sociétales,

03:27 ces questions peinent à trouver leur place dans un débat public réduit à une caricature stérile et répétitive,

03:32 le match Macron-Le Pen et sa nouvelle variante, le match Attal-Bardella.

03:36 C'est pour cela que le travail de Jérôme Fourquet est précieux,