Soir Info (Émission du 07/05/2024)

  • il y a 4 mois
Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 Bonsoir à tous, très heureux de vous retrouver comme chaque soir pour le coup d'Envoi de soir info de 22h30 à minuit sans aucune interruption pour décrypter tout ce qui a fait l'actualité de ce mardi.
00:00:11 Elisabeth Lévy est parmi nous ce soir. Bonsoir Elisabeth. La une de causeur, tiens on va la montrer. Il est sorti quand ?
00:00:16 Il est sorti il y a une semaine.
00:00:18 Il est sorti il y a une semaine, dernière chance avant la charia. Vous en voyez un comme on dit.
00:00:23 Et vous me direz un jour vous aviez tellement raison.
00:00:26 On verra, l'avenir le dira. Arthur de Vatrigan, bonjour à vous. C'est L'Incorrect que je me permets de présenter également.
00:00:33 Le voici, qui es-tu Jordan Bardella ? Interview du président du RN, candidat tête de liste pour les européennes.
00:00:39 Merci Arthur d'être parmi nous ce soir. Amaury Bucaud pour les questions de police et de justice.
00:00:44 On parlera antisémitisme et un nouvel influenceur jugé, enfin qui a comparu aujourd'hui devant le tribunal.
00:00:50 On verra que le jugement n'a pas été rendu et vous nous expliquerez pourquoi tout à l'heure encore.
00:00:54 Non, et l'affaire surtout en tant que telle.
00:00:56 Oui, l'affaire qui est énorme et qui est insupportable dans le contexte que l'on connaît.
00:01:00 Maître Laure Alice Bouvier, bonsoir et merci d'être présente ce soir.
00:01:03 Je vais me permettre de tourner la tête parce que je vois Nathan Devers qui arrive également, qui va nous rejoindre en plateau.
00:01:07 Merci d'être présente donc. Merci à Philippe Guibert d'être là, ancien directeur du service d'information du gouvernement.
00:01:12 Entrez, faites votre entrée. C'est le moment de profiter de la lumière. Nathan Devers, bonsoir à vous.
00:01:18 Je ne savais pas que vous étiez en avance.
00:01:20 Je ne suis pas en avance, on prend l'heure comme tous les soirs.
00:01:24 On synchronisera nos montres la semaine prochaine si vous le voulez bien.
00:01:26 Merci en tout cas Nathan d'être présent. Merci à tous les six.
00:01:29 Beaucoup d'actualités ce soir. On parlera bien sûr de ces nouveaux blocages à Sciences Po,
00:01:34 de cet antisémitisme grandissant dans notre pays et pas seulement.
00:01:38 Des images très émouvantes aussi des obsèques du jeune Matisse, cet hommage poignant qui avait lieu aujourd'hui à Châteauroux.
00:01:44 Je voulais qu'on parle un petit peu international, actus international d'abord.
00:01:48 A midi, heure de Moscou, aujourd'hui, les cloches du Kremlin ont sonné le début de la cérémonie.
00:01:54 Vladimir Poutine a officiellement prêté serment pour un cinquième mandat.
00:01:58 Six nouvelles années à la tête de la Russie.
00:02:00 Le président russe a monté les fameuses 66 marches qui mènent au salon Saint-Georges.
00:02:04 Il a prêté serment dans un décor fastueux. En même temps, il en a l'habitude.
00:02:09 C'est la cinquième fois de suite. Le maître du... Pas de suite, mais c'est la cinquième fois.
00:02:12 Le maître du Kremlin qui a ensuite prononcé un discours dans lequel il s'est adressé aux Occidentaux, à la France.
00:02:17 Et également dénonçant une politique d'agression contre la Russie.
00:02:20 Retour sur ce qui s'est passé aujourd'hui. Donc Camille Guédon.
00:02:23 La tension monte entre Vladimir Poutine et l'Occident.
00:02:27 Lors de son discours d'investiture qui marque le début de son cinquième mandat,
00:02:31 le président russe en a profité pour faire passer un message aux pays occidentaux.
00:02:35 Et plus précisément à Emmanuel Macron, qui a évoqué l'envoi de troupes au sol en Ukraine en février dernier.
00:02:42 Nous ne renonçons pas au dialogue avec les pays occidentaux.
00:02:46 C'est à eux de choisir s'ils préfèrent contenir le développement de la Russie
00:02:53 et mener une politique d'agression et de pression sur notre pays,
00:02:57 comme ils l'ont fait pendant des années, ou bien chercher la coopération et la paix.
00:03:02 Lundi déjà, Moscou a menacé d'effectuer des exercices nucléaires près de l'Ukraine,
00:03:07 ainsi que des frappes sur des cibles britanniques situées en Ukraine.
00:03:10 Le ministère de la Défense russe a assuré que cela répondait à des menaces
00:03:14 proférées par des dirigeants occidentaux contre la Russie.
00:03:17 La semaine dernière, dans une interview accordée à un journal britannique,
00:03:21 Emmanuel Macron avait réitéré ses propos concernant l'envoi de troupes au sol en Ukraine.
00:03:26 Comme je l'ai dit, je n'exclus rien, parce que nous avons face à nous quelqu'un qui n'exclut rien.
00:03:31 Nous avons sans doute été trop hésitants en formulant les limites de notre action
00:03:35 à quelqu'un qui n'en a plus et qui est l'agresseur.
00:03:38 De son côté, le porte-parole du Kremlin a pointé du doigt le président de la République,
00:03:43 qui selon lui, a une rhétorique très dangereuse.
00:03:46 Elisabeth Lévy, un premier commentaire, je vois que ça vous réjouit.
00:03:50 Vladimir Poutine, six ans de plus au pouvoir.
00:03:55 Moi ce que je vois, c'est qu'il montre de nouveau les muscles face à l'Occident,
00:03:59 beaucoup d'intox peut-être, mais c'est vrai qu'Emmanuel Macron de son côté
00:04:03 sursurfe aussi un peu sur ce danger en répétant que cet envoi de troupes au sol n'est pas exécutable.
00:04:08 Il y a un jeu, forcément, je ne sais pas si vous vous rappelez l'histoire de la crise de Cuba,
00:04:14 il y a un jeu de poker menteur, évidemment.
00:04:19 On ne joue pas avec n'importe quoi, on joue avec la guerre.
00:04:22 Oui, mais si vous voulez, en fait, moi je suis plutôt de nature optimiste,
00:04:26 je pense qu'effectivement la dissuasion nucléaire est faite pour ne pas servir.
00:04:31 Elle est faite pour servir effectivement de menace.
00:04:34 Par ailleurs, Poutine, si vous voulez, on connaît le fonctionnement des dictateurs,
00:04:39 c'est tout à fait conforme à leur façon d'agir, de monter aux extrêmes.
00:04:44 Son intronisation, en revanche, c'est un peu un non-événement, ça montre simplement que…
00:04:50 C'est évidemment le discours qu'on analyse ce soir, cette intronisation qui était attendue…
00:04:54 Oui, et surtout, parce que je me rappelle qu'au début de la guerre,
00:04:57 les gens se disaient "son régime est très fragile, il va s'effondrer", etc.
00:05:00 La seule chose, je crois qu'on peut dire avec certitude, c'est qu'il ne faut pas compter là-dessus.
00:05:05 La Russie devait être mise à genoux, vous rappelez-moi.
00:05:07 Mais par ailleurs, je ne dis pas non plus que je finis,
00:05:10 je suis toujours un peu gênée par tous ceux qui s'énervent
00:05:13 dès qu'Emmanuel Macron prononce un mot à ce sujet,
00:05:16 parce que c'est inspiré par la peur de la Russie, c'est-à-dire "attention, il ne faut pas fâcher les Russes".
00:05:21 L'adage "si tu veux la paix, prépare la guerre" me semble quand même toujours d'actualité.
00:05:26 Donc je ne suis pas du côté de ceux qui condamnent tout le temps Emmanuel Macron.
00:05:30 J'obtiens ainsi l'approbation de Philippe Guybert et Nathan Devers.
00:05:35 Alors là, je suis…
00:05:37 Ecoutez, vous savez ce qu'il vous reste à faire, Elisabeth.
00:05:39 Moi, je trouve ça assez révoltant, cette légèreté de dirigeants
00:05:42 qui menacent à coup d'armes nucléaires, qui mettent sur la table des jeunes hommes,
00:05:46 des jeunes femmes françaises ou français, qui restent à faire massacrer au combat pour l'Ukraine.
00:05:51 Alors, Maître Bouvier, Philippe Guybert, tout le monde va dire un mot, de toute façon.
00:05:55 Oui, alors moi, ce que je trouve très, très étonnant, c'est que le haut représentant de l'Union européenne aux affaires étrangères
00:06:01 avait quand même annoncé qu'il ne fallait pas y aller.
00:06:05 La Pologne, l'Allemagne, je crois qu'il y avait aussi la République tchèque, ont annoncé qu'ils n'iraient pas.
00:06:10 Et la France a envoyé quand même un ambassadeur.
00:06:13 Alors, c'est quand même très étonnant parce qu'on dit que Poutine est un dictateur.
00:06:16 Alors là, vous parlez de l'investiture, où aucun pays occidentaux quasiment n'était représenté, sauf la France.
00:06:20 Sauf la France qui y est allée.
00:06:22 C'est quand même assez ubuesque parce que ça veut dire qu'ils vont à l'intronisation d'une personne qu'ils considèrent comme un dictateur,
00:06:27 qui en est un par ailleurs, qu'ils menacent de...
00:06:32 Je me rappelle que Xi Jinping est allé l'éliser depuis deux jours.
00:06:34 Oui, moi aussi. Mais quand même, aller à l'investiture, ça veut donc dire qu'ils valident ce fait-là.
00:06:42 Par ailleurs, sur la question de la menace nucléaire, alors je rejoins tout à fait Elisabeth sur le fait que la menace,
00:06:48 c'est un drapeau qui s'agite aussi pour faire peur.
00:06:51 Après, on ne sait pas vraiment. J'avoue que là, cette fois-ci, je me pose un peu la question parce que lorsqu'ils ont attaqué l'Ukraine,
00:06:58 ils ont fait la même chose juste avant. C'est-à-dire qu'ils ont placé des armes nucléaires tactiques juste avant aux frontières de l'Ukraine.
00:07:05 Alors est-ce que c'est pour la dissuasion ? Certainement, comme vous l'avez très bien dit, mais bon, à voir également.
00:07:10 Arthur De Vatrigan, dans cette escalade verbale entre l'Occident et la Russie, est-ce qu'Emmanuel Macron joue avec le feu ?
00:07:17 Est-ce qu'il essaie pas de se trouver un rôle à travers une forme d'intro... Comment ?
00:07:22 Je fais des aller-retours entre les disques de côté de la table. Est-ce qu'il veut consolider une Europe qui serait fédérale, qui serait guerrière ?
00:07:31 Qui veut consolider une Europe fédérale, oui, mais je ne suis pas forcément en lien avec la Russie de Poutine.
00:07:38 Sur la diplomatie, moi, ça ne me choque pas qu'on envoie un ambassadeur et l'intronisation d'un dictateur,
00:07:44 parce que sinon, nos ambassadeurs parlent avec pas la moitié de la planète, et le principe d'un ambassadeur, c'est surtout de parler avec ses ennemis plutôt qu'avec ses amis.
00:07:50 Ses amis, on passe un coup de fil, c'est réglé. Les ennemis, c'est ce qu'il y a de plus compliqué, c'est ce à quoi sert la diplomatie, c'est justement empêcher la guerre.
00:07:56 Et on empêche la guerre en discutant avec nos ennemis qui sont a priori des dictateurs. Donc ça ne me choque pas.
00:08:02 Macron empêche pas vraiment la guerre en menaçant en même temps, il menace tous les deux jours, donc c'est quand même un peu bizarre.
00:08:07 Encore une fois, il y a la communication, on parle, on menace, et puis il y a la diplomatie, là ça se passe...
00:08:12 - Il serait dans la coulisse... - Bien sûr, il y a des choses qu'on ne sait pas.
00:08:15 - J'espère qu'il y a beaucoup de choses qu'on ne sait pas, parce que sinon, ça serait un peu inquiétant.
00:08:19 - Mais bon, la France, est-ce que je suis ? S'interroge.
00:08:21 - Après, sur les menaces, Vladimir Poutine parle de menaces nucléaires au jour de son internisation, et trois jours avant la célébration de la victoire de 1945,
00:08:30 ce n'est pas étonnant, il va nous faire le couplet de l'Ukraine néo-nazie, parce que l'Allemagne nazie, tout le monde joue avec ça, Emmanuel Macron joue aussi avec ça,
00:08:38 et plus il menace, plus ça me rassure. - Mais ça ne vous révolte pas de jouer avec ça ? Justement, vous utilisez ce mot...
00:08:43 - Malheureusement, on parle de grands jeux, depuis Kipling, on parle de jeux politiques, c'est dedans, et plus Poutine parle, plus ça me rassure,
00:08:52 le jour où il ne parlera plus, je serai plus inquiet, je vous avoue.
00:08:55 Après, pour les menaces de Macron, le problème, c'est que pour faire des menaces, il faut être pris au sérieux,
00:09:00 et malheureusement, on n'a pas les moyens d'envoyer, en tout cas si on envoie des soldats français en Russie, au camp d'Ukraine,
00:09:08 le problème c'est que nous, on ne sacrifie pas des hommes comme la Russie s'est sacrifiée des hommes depuis des décennies et même des siècles.
00:09:15 - Et puis on a en tout 90 000 hommes ! - Quand on menace, il faut le faire sérieusement, et malheureusement, on n'est pas pris au sérieux,
00:09:20 surtout qu'à chaque fois qu'Emmanuel Macron parle de ça, il se fait retoquer aussi par une partie de ses alliés, donc il faudrait un peu se coordonner.
00:09:26 - Philippe Guibert, est-ce qu'on pousse à la guerre pour ne pas perdre la face, ce qui serait complètement fou ?
00:09:30 - D'abord, c'est le mécanisme de pouvoir de Vladimir Poutine, d'être toujours dans cette vraie-fausse paranoïa, où je suis menacé par l'Europe, les Américains...
00:09:41 - Moi, je veux dire, c'est surtout la surenchère du président Macron, moi, qui me trouve...
00:09:45 - Alors j'y viens, mais je trouve qu'on renverse un peu trop les rôles, parce qu'Emmanuel Macron, qu'est-ce qu'il a dit, au fond, si on réfléchit bien ?
00:09:51 - Qu'il n'exclue pas l'envoi de troupes... - On n'exclue pas...
00:09:54 - Alors, il a dit, si Vladimir Poutine prend un avantage décisif sur l'Ukraine, c'est-à-dire qu'il risque de prendre le contrôle de l'Ukraine...
00:10:04 - C'est loin d'être possible... - Et si les Ukrainiens font appel à nous, nous ne pourrons pas nous dérober, c'est ça qu'il dit.
00:10:10 Et la vérité est que cette question ne se posera pas qu'à la France, elle se posera tout autant aux autres pays européens.
00:10:17 Donc c'est une question qui n'est pas une question de fiction et juste un jeu, c'est une question qui est possible, en particulier si le soutien américain venait à diminuer, par exemple, après l'élection de Donald Trump.
00:10:30 Donc c'est une question à un an, un an, un an et demi, peut-être même avant.
00:10:34 Et Poutine, lui, vit dans cette paranoïa guerrière, c'est-à-dire qu'il prend toujours appui sur des moitiés de déclarations ou des déclarations qu'il retourne de dirigeants occidentaux pour dire
00:10:46 "Voyez comme ils nous menacent". Si vous lisez le match du Kremlin...
00:10:49 - Il ne fait pas son jeu alors ? - Non, lui il récupérera... De toute façon, même si on ne disait rien, il en trouverait quand même des déclarations.
00:10:56 La paranoïa est un mode de fonctionnement du régime poutinien. Il joue sur un ressort historique de la Russie, qui a cette paranoïa...
00:11:03 Le peuple russe a cette paranoïa historique d'être encerclé...
00:11:06 - Le sentiment de pigonnage, c'est ça le sentiment... - Voilà, le sentiment d'être encerclé par l'Occident.
00:11:11 Et Poutine en joue. Et donc, Empoli explique ça très bien dans le match du Kremlin. Le nerf du pouvoir de Poutine, c'est la guerre.
00:11:22 Ça a commencé par la Tchétchénie, et aujourd'hui c'est l'Ukraine.
00:11:25 - Nathan Devers. - Demain, on sait pas.
00:11:27 - Oui, alors j'aurais un micro désaccord avec vous, mais vraiment un micro. - Comment ça ?
00:11:30 - C'est que je pense qu'il y a dans le... Enfin, qu'il ne faut pas essentialiser le peuple russe, évidemment, mais qu'il y a aussi une grandeur presque anhistorique du peuple russe
00:11:38 qui ne se réduit pas à cette paranoïa, et qui a d'ailleurs, dans son histoire, et c'est pour ça que je pense qu'en tant que Français, on peut avoir une peine folle dans la situation qui est la nôtre,
00:11:48 c'est que c'est vrai que historiquement, le peuple français a très longtemps, et j'espère qu'il le sera demain, été un très grand ami sur tous les plans,
00:11:55 mais notamment sur le plan culturel du peuple russe, qui est un grand peuple, et qui souffre énormément depuis 20 ans.
00:12:00 - Il ne s'agit pas d'opposé de peuple, là ce sont deux dirigeants. - Bien sûr.
00:12:02 - Surtout. - Maintenant, à l'exception de ce micro désaccord, je suis totalement d'accord avec ce que vous avez dit le restant de vos analyses,
00:12:09 sur le fait qu'on peut reconnaître une qualité à Vladimir Poutine, c'est que c'est un homme extrêmement intelligent, et qui a parfaitement identifié toutes les failles de l'Occident,
00:12:18 Europe plus Amérique, notamment sur le plan géopolitique, et que si on revient sur ce qui s'est passé depuis 20 ans, ce qui a permis à la Russie, systématiquement,
00:12:26 d'avancer dans sa politique fasciste de la guerre, fasciste c'est-à-dire extension d'un empire, extension illimitée d'un empire, c'est systématiquement la faiblesse de l'Occident.
00:12:35 On l'a vu de manière criante en Syrie, quand Barack Obama fixant des lignes rouges face à Vladimir Poutine, quand Vladimir Poutine dépassait ces mêmes lignes rouges,
00:12:44 Barack Obama recule pour des raisons de politique aérie. - Justement.
00:12:48 - Face à cela, je pense que la seule solution, et je ne dis pas ça pour défendre Emmanuel Macron, mais parce qu'il me semble que vraiment, ça repose sur un diagnostic lucide,
00:12:57 c'est de montrer à Vladimir Poutine que ce qui a été valable pendant 20 ans en Géorgie, en Syrie, en Afrique, l'influence française a disparu en Afrique à cause de Vladimir Poutine,
00:13:05 ça ne le sera pas en Ukraine, parce que précisément il s'agira de montrer les muscles de la part de l'Europe.
00:13:10 - Je voudrais que vous entendiez cet extrait du général Bruno Klaermans, justement, en matière de lignes rouges.
00:13:15 Quelles seraient ces lignes rouges qui pourraient mettre le feu aux poudres ? Écoutez son analyse.
00:13:20 - Le risque d'escalade en Ukraine, il est permanent et il est lié à deux lignes rouges.
00:13:24 Les deux lignes rouges, j'en ai évoqué la première, c'est le fait que ça serait l'entrée directe de soldats de l'OTAN dans les combats aux côtés des Ukrainiens.
00:13:33 C'est la première ligne rouge, c'est la raison de la réaction à l'agitation du chiffon rouge nucléaire.
00:13:39 Et la deuxième ligne rouge, c'est le fait qu'il y a une espèce d'accord non écrit entre Russes et Américains sur le fait que tous les armements occidentaux qui sont livrés à l'Ukraine
00:13:47 ne doivent pas être utilisés pour prafer le sol de la Russie. Ils doivent être utilisés à l'intérieur des frontières de l'Ukraine pour permettre à l'Ukraine de se défendre et repousser les forces russes en Ukraine.
00:13:57 Et ça, cette ligne rouge, David Cameron, le ministre des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, vient de la violer puisqu'il a déclaré il y a trois jours que c'était aux Ukrainiens de décider l'usage des armements qui leur étaient livrés.
00:14:09 Je rappelle que la doctrine nucléaire russe prévoit un recours strictement défensif à l'arme atomique en cas d'attaque de la Russie avec des armes de destruction massive
00:14:18 ou en cas d'agression avec des armes conventionnelles menaçant l'existence même de l'État.
00:14:23 Donc l'envoi de toupes françaises en Ukraine entrerait dans ce cadre ?
00:14:27 Le principe de la dissuasion, c'est que vous dites "attention, si tu me détruis, je te détruis" et que personne n'a envie de jouer sa propre destruction.
00:14:36 C'est ça l'idée. On continue quand même. Il faut parier, malgré la paranoïa que Philippe a décrite, il faut quand même parier sur la rationalité de Poutine.
00:14:45 Je ne crois pas que ce soit un fou, pas plus que les mollets iraniens ou les autres. Ce sont des acteurs rationnels.
00:14:51 Si, si, ce sont des acteurs rationnels, ils ont des objectifs. La question, moi, je voudrais juste poser deux questions.
00:14:56 La première, c'est puisque l'Ukraine n'est pas dans l'OTAN, dire qu'un certain type, qu'un risque de défaite de l'Ukraine pourrait entraîner notre participation,
00:15:05 ça signifie que nos intérêts vitaux sont menacés. Et ça, ça doit être explicité.
00:15:10 Parce que ça repose sur l'idée d'un scénario, ce que tu as dit tout à l'heure, après l'Ukraine, ce sera qui ? C'est ça l'idée.
00:15:17 Mais en tous les cas, je trouve qu'on ne peut pas dire aux Français...
00:15:20 Est-ce qu'il y aura forcément quelqu'un après l'Ukraine ?
00:15:22 On agit de ça depuis deux ans.
00:15:25 Je vous dis juste, c'est ça le pari. Je ne dis pas que c'est vrai, je dis que ça demande à être explicité.
00:15:32 On ne peut pas dire aux Français qu'on risque d'aller se battre en Ukraine sans leur dire en quoi les intérêts vitaux de la France sont menacés,
00:15:38 sachant que l'article 5 de l'OTAN...
00:15:42 Permet à tous les membres de l'OTAN de réagir en cas d'attaque d'un de ses membres.
00:15:47 L'autre question qui se pose en réalité, je trouve que c'est Arthur qui l'a dit,
00:15:51 Emmanuel Macron a sévèrement augmenté le budget de la défense. Il ne faut pas le minimiser, réellement.
00:15:58 On a commencé à fabriquer, je crois, des obus d'artillerie en France. Il a dû aller une égurée.
00:16:04 Si une guerre de longue haleine commence demain, on n'est pas prêts.
00:16:06 Maintenant, la question qui se pose, en plus il y a la Chine, il y a nos possessions dans le Pacifique,
00:16:11 l'armée française est-elle en état, outre la défense du territoire, de s'exporter en Ukraine ?
00:16:16 Mais elle ne le fera jamais seule.
00:16:18 Bon, écoutez, on verra en tout cas.
00:16:20 Elle est seule.
00:16:21 L'escalade verbale, elle, se poursuit et la suite, j'ai envie de dire, au prochain épisode de cette guerre à distance.
00:16:29 Vous aurez le grand discours du 9 mai.
00:16:31 La grande victoire. La grande victoire.
00:16:36 Retour ici, justement, en France.
00:16:38 Qu'est-ce qui est tombé par terre là ?
00:16:40 C'est votre stylo.
00:16:41 C'est votre stylo ? Bon, je vais envoyer quelques extraits sonores et vous pourrez aller le récupérer.
00:16:45 Je voudrais juste d'abord rappeler qu'il y a eu de nouveaux jours de blocage.
00:16:48 Aujourd'hui, un nouveau jour de blocage et de manifestation pro-palestinienne devant l'école de Sciences Po.
00:16:53 Des poubelles du mobilier urbain, des vélos obstruaient ce matin l'entrée de l'éloquo de l'IEP
00:16:58 alors que les étudiants passaient en partie leurs examens.
00:17:01 Les forces de l'ordre qui ont dû évacuer l'entrée ce matin en procédant à deux interpellations.
00:17:05 Cet après-midi, rebelote. Un mouvement un peu plus important avec un peu plus d'une centaine d'individus.
00:17:10 De militants s'est reformé. Journée très mouvementée jusqu'à la fin d'après-midi.
00:17:14 Écoutez d'abord quelques étudiants, bloqueurs, manifestants.
00:17:18 Nous, les étudiants, on va bien. À Paris, on va bien. Les étudiants en Amérique, ils vont bien.
00:17:23 Nous, par contre, les palestiniens, on ne va pas bien.
00:17:25 Eux, ils ne peuvent pas passer d'examen. Ils passent des examens dans des tentes et là, actuellement, ils se font bombarder.
00:17:29 Il y a une invasion imminente à Rafa.
00:17:31 On est arrivé pour passer un partiel et on a vu la police, des étudiants qui ont une cause juste
00:17:36 et la police qui les déloge violemment. L'institution qui aide la police, qui n'entend pas ses étudiants,
00:17:43 qui n'entend pas la cause pour laquelle on milite. Et voilà l'état dans lequel on passe les partiels.
00:17:49 C'est une répression main dans la main entre Sciences Po et la police.
00:17:52 Ça montre que Macron s'entend très bien avec l'administration de Sciences Po
00:17:56 pour réprimer un mouvement qui pourtant est pacifiste, qui pourtant est non-violent.
00:18:01 Arthur de Matrigan, droit de manifester ? Oui, bien sûr.
00:18:04 Droit de bord d'Elysée ? Non.
00:18:06 Non. Après, ce n'est pas nouveau. Ils le font à chaque fois.
00:18:09 Là, on découvre, on ne va pas découvrir que les étudiants font des blocages, que les lycéens…
00:18:13 Je dis droit de manifester, c'est une manifestation non autorisée puisque non déclarée.
00:18:17 Le problème, c'est que depuis l'accord espèce de règles tacites depuis 68
00:18:20 que la police n'a pas le droit d'entraîner dans l'université, ça joue aussi là-dessus.
00:18:24 Mais là, on ne va pas découvrir que des étudiants et ensuite généralement les lycéens,
00:18:29 surtout quand les beaux jours arrivent et que le printemps débarque,
00:18:32 commencent à bloquer, font des manifestations. Ils le font à chaque fois, pour n'importe quelle réforme.
00:18:36 Là, on a quelque chose qui est différent, c'est qu'ils le font pour une raison
00:18:39 qui ne concerne pas la France directement.
00:18:42 Et à laquelle ils ne comprennent rien.
00:18:43 On ne va pas leur laisser comprendre, évidemment.
00:18:45 On les caricature un peu, mais…
00:18:47 Non, parce qu'on a entendu que…
00:18:49 Ce qui est le problème, c'est que c'est difficile de mettre tout le monde dans le même sac.
00:18:52 Parce que certains, on va défendre un peuple qui est exsangue… Comment ?
00:18:56 Quand on a les témoignages de Mathilde Panot, qui ne sait pas de quels fleuves.
00:19:01 Je rappelle que "river", ça ne veut pas dire "rivière" comme on l'entend, mais "fleuve".
00:19:05 Non, mais ils ont des opinions.
00:19:07 Non, mais attendez, juste, pardon, je finis pour en expliquer.
00:19:09 Ils ne connaissent pas la situation du conflit.
00:19:11 Vous leur demandez ce que c'est 48, ils ne savent pas ce que c'est 67.
00:19:14 Ils ne savent pas du fleuve à la mer.
00:19:16 Ils ne savent pas ce que ça veut dire.
00:19:18 Ils ne savent pas que tout a commencé par le refus par les Arabes du plan de partage de l'ONU en 47.
00:19:25 Ça commence comme ça.
00:19:26 Ils parlent des résolutions de l'ONU, celle-là, ils l'oublient.
00:19:28 Donc ils ne savent rien sur ce conflit compliqué, qui dérange beaucoup de choses.
00:19:32 Et ils ne connaissent rien à l'histoire.
00:19:34 Mais on aurait pu discuter en rire à Elizabeth.
00:19:36 Je pense que l'argument…
00:19:37 Encore une fois, les amis, s'il vous plaît. Oui, Nathan.
00:19:38 Je pense que l'argument n'est pas là.
00:19:40 Parce que si on prend par exemple les gens en France qui défendent l'Ukraine contre la Russie,
00:19:44 je pense objectivement que si on leur faisait passer un test sur l'histoire de l'Ukraine,
00:19:48 ils ne mettraient pas une bonne réponse, même si c'était un QCM.
00:19:51 Ils ne mettraient pas forcément une bonne réponse dans le questionnaire.
00:19:54 Le fait qu'il y ait des étudiants qui ne connaissent pas les enjeux du conflit,
00:19:58 je suis parfaitement d'accord avec vous.
00:19:59 Mais à mon avis, ce n'est pas ça ce qui les disqualifie.
00:20:01 Ils ont raison, il faut d'abord le dire.
00:20:04 Ils ont raison de venir exprimer une indignation qui est légitime.
00:20:08 Être pro-palestinien, c'est une chose, être anti-israël, c'est une autre.
00:20:10 Être pro-palestinien, c'est salutaire.
00:20:12 Être indigné de la mort des civils à Gaza, c'est salutaire.
00:20:17 On ne vous a pas entendu, c'est indigné du tout au courant.
00:20:19 J'y viens, c'est la fin de ma phrase.
00:20:21 Ne pas tolérer un étudiant juif dans ce moment, ne pas tolérer un drapeau israélien.
00:20:24 J'y viens, c'est vraiment la fin de ma phrase.
00:20:25 Être viscéralement inquiet pour le sort des civils de Gaza,
00:20:27 je pense que c'est notre sort à toutes et à tous autour du plateau.
00:20:30 Ceux qui posent problème, ce sont leurs revendications.
00:20:32 A mon avis, ce n'est pas leur degré de connaissance.
00:20:34 Et leurs revendications, il y a deux choses qui sont très importantes.
00:20:38 C'est premièrement remarquer que quand par exemple,
00:20:40 ils demandent l'arrêt des partenariats avec les universités israéliennes,
00:20:43 en fait, si vraiment ils soutenaient la Palestine, ils ne demanderaient pas ça.
00:20:46 Et que là, évidemment, ils rentrent parce que les universités sont un lieu majeur du contre-pouvoir en Israël.
00:20:51 Et que là, ils rentrent dans une forme de haine ontologique vis-à-vis d'Israël
00:20:54 et donc de ce que représente Israël, à savoir l'État des Juifs.
00:20:57 Et deuxièmement, que évidemment, et ça à mon avis, c'est ça le principal,
00:21:00 c'est qu'on ne les voit pas tellement se mobiliser pour les Ouïghours,
00:21:04 pour les Syriens il y a quelques années.
00:21:07 - C'est quand même des choses que vous balayez.
00:21:09 - Mais ça, vous savez, on a déjà parlé ensemble, Nathan.
00:21:11 On a eu cette même discussion la semaine dernière.
00:21:12 Et vous savez comme moi pourquoi ils ne se mobilisent pas
00:21:14 autour de ces conflits que vous venez de dénumérer.
00:21:16 - Parce que ce n'est pas des Juifs qu'ils ont tués.
00:21:18 - Parce qu'il n'y a pas de Juifs au centre.
00:21:20 - Pardon, je trouve que vous balayez l'argument de la connaissance.
00:21:22 C'est-à-dire que si on admet, pardon, dans les années 70,
00:21:25 vous aviez des gauchistes qui lisaient des livres, qui connaissaient des choses.
00:21:28 Au Parti Communiste, vous aviez des gens qui lisaient.
00:21:30 Dans le groupement La Ligue Communiste Révolutionnaire,
00:21:33 moi j'ai eu plein de copains qui étaient passés par La Ligue,
00:21:36 c'était des militants, si vous voulez, qui s'intéressaient aux choses.
00:21:39 Que l'on en soit dans un monde où des gens vivent sur des slogans
00:21:43 avec quelques images, ils ont décidé qu'il y avait méchants Juifs,
00:21:46 je suis désolée, mais ça...
00:21:48 - Il y en a qui lisent quand même.
00:21:49 - Oui, il y en a.
00:21:50 - C'est un peu réducteur.
00:21:51 - Il y en a, mais pardon, le taux de...
00:21:53 - Il n'y a pas que les ignorants, il y a aussi des confrontations.
00:21:56 - Non, il y a aussi beaucoup d'ignorants.
00:21:58 - Ce qui mime les Américains, si vous regardez,
00:22:00 tout ce qu'ils disent, ils pompent sur les Américains.
00:22:03 - Un peu dans l'esprit de Black Lives Matter,
00:22:05 qu'on a importé de manière assez caricaturale dans notre société.
00:22:09 - Quand ils font un "tone hall", en France ça s'appelle une "assemblée générale".
00:22:12 Ils disent "on va faire un tone hall", ça veut dire quoi ?
00:22:14 Ils reprennent les expressions,
00:22:16 mais après on a vu dans la séquence, François, vous avez bel ami...
00:22:19 - Alors, justement, je vais y venir.
00:22:21 Je me permets de lancer la séquence et puis on poursuit le tour de table.
00:22:24 - Pas de "ne divulguez pas".
00:22:26 - Non, ne divulguez pas.
00:22:28 Pas un rassemblement autour de Sciences Po dans une université
00:22:31 sans qu'il y ait un député LFI qui vienne soutenir le mouvement
00:22:34 et attirer forcément les caméras.
00:22:37 Une nouveauté aujourd'hui, c'est que le député européen LR,
00:22:41 François-Xavier Bellamy, a eu le courage, il faut le saluer d'une certaine manière,
00:22:45 de venir se mêler à cette mêlée
00:22:48 et créer un face-à-face avec le député LFI,
00:22:51 donc Louis Boyard.
00:22:53 Ça a été assez tendu et vous me direz ce que vous en pensez.
00:22:56 Ecoutez, regardez.
00:22:58 - Est-ce qu'il y a un génocide à Gaza ?
00:23:00 - Aujourd'hui, à Gaza, il y a un drame humain absolu
00:23:03 qui est causé d'abord et avant tout par le Hamas.
00:23:06 Et ceux qui ne sont pas capables de dire ça...
00:23:09 - C'est pas le Hamas qui balance des bombes.
00:23:11 Et en fait, on n'en est même pas là.
00:23:13 - Qui a déclenché ?
00:23:15 - La question, ça fait 75 ans que le conflit...
00:23:17 - Qui retient des otages aujourd'hui ?
00:23:19 - Les étudiants, ils demandent le cessez-le-feu.
00:23:21 Et vous venez les insulter, vous venez raconter n'importe quoi.
00:23:23 - Il ne sera pas de paix avec le Hamas, il ne sera pas de paix dans la violence.
00:23:25 Et vous le savez très bien.
00:23:27 - Mais le cessez-le-feu, il y a eu une proposition de cessez-le-feu qui a été faite.
00:23:29 - Ce qui fait la transe insoumise ici, c'est pas de l'opportunisme politique peut-être.
00:23:32 Diffuser les discours de Jean-Luc Mélenchon dans la rue Saint-Guillaume,
00:23:35 c'est pas de l'opportunisme politique.
00:23:37 - Il y a un étudiant qui a été arrêté ce matin.
00:23:39 Donc forcément, on vient ici pour essayer de faire en sorte que ça se passe correctement.
00:23:41 - Ça fait des semaines que vous êtes là.
00:23:43 - Des gens qui sont incapables depuis le 7 octobre de dire que le Hamas est une organisation terroriste,
00:23:48 n'ont aucun honneur.
00:23:50 - Je le dis, c'est bon, je le dis.
00:23:52 Maintenant, je vous pose la question.
00:23:54 Est-ce que vous condamnez le fait que 15 000 enfants...
00:23:56 - On n'est pas venus pour rien, vous voyez.
00:23:58 Un député de la France insoumise a reconnu que le Hamas est une organisation terroriste.
00:24:00 - Est-ce que vous condamnez le fait que 15 000 enfants aient été tués par Israël ?
00:24:03 - Ces chiffres, ils viennent d'où, monsieur Boyard ?
00:24:05 - C'est Israël qui les bombarde.
00:24:07 Vous voyez, vous êtes incapables de répondre à la question.
00:24:09 - C'est très intéressant de voir François-Xavier Bellamy...
00:24:12 Franchement...
00:24:14 - Une révélation ! Une étoile est née !
00:24:16 - C'est une naissance politique.
00:24:18 - Oui, ça va être ça, la naissance politique.
00:24:20 - Parce que pour moi, c'était un techno très pointu.
00:24:22 - Non, c'est pas un techno, c'est un bouffé.
00:24:24 - Non, mais je l'ai découvert aujourd'hui.
00:24:26 - C'est aussi un bouffé d'oxygène, franchement, vis-à-vis de toute cette extrême gauche
00:24:30 qui, effectivement, parasite toutes ces universités,
00:24:33 de voir qu'enfin, quelqu'un à droite se bouge, arrive à parler avec eux.
00:24:36 - Il a été hué, conspué, évidemment. Il a été assez courageux.
00:24:38 Il a réussi à se faire entendre et à imposer ses arguments,
00:24:40 mais ça fait vraiment du bien.
00:24:42 On a l'impression qu'il y a toute une France silencieuse
00:24:44 qui a été enfin entendue aujourd'hui et représentée médiatiquement au milieu de ce bordel.
00:24:48 - Il a raison, François-Xavier Bellamy, Laure-Alice Bouvier,
00:24:50 de venir comme ça se confronter à ses mieilletants, au député Lou Boyard.
00:24:54 On ne peut pas impunément prendre possession de la rue,
00:24:57 et c'est assez courageux, je le répète, d'être allé sur place.
00:24:59 - Tout à fait, c'est très courageux.
00:25:01 Alors, c'était peut-être pas le lieu pour le faire...
00:25:03 Enfin, c'est encore une fois, on voit qu'il n'y a pas de débat possible.
00:25:06 Or, l'invective permanente.
00:25:09 Simplement, moi, ce que je constate, c'est que 100 personnes, c'est quand même pas beaucoup.
00:25:15 Et ce n'est pas un mouvement étudiant.
00:25:17 Un mouvement étudiant, c'est un mouvement de masse.
00:25:19 Là, on a l'impression que ça s'essouffle.
00:25:21 Louis Boyard, il vient là de Viancienspo...
00:25:23 - C'est une minorité qui fait beaucoup de bruit et qui empêche la majorité...
00:25:26 - Parce que Louis Boyard vient parler de Viancienspo et vient dire...
00:25:30 Il vient faire du barouf pour aller dire "Regardez comme on est nombreux",
00:25:34 alors qu'en réalité, on n'a pas de...
00:25:37 - Mais il y a une telle démonstration de haine que forcément, ça doit nous alerter de voir ça.
00:25:40 - Oui, mais ce qu'il faut comprendre aussi, moi, je rejoins tout à fait ce qu'a dit Elisabeth,
00:25:43 qui est très très juste, c'est que le problème...
00:25:45 - Et je ne le jure pas non plus.
00:25:46 - Merci Laura.
00:25:47 - Ce qu'elle a dit est très juste, parce qu'il faut comprendre comment fonctionne Sciences Po.
00:25:50 C'est-à-dire qu'au départ, Sciences Po, c'était une école qui formait à l'ENA.
00:25:54 Après, quand on a eu Richard Découin qui est arrivé,
00:25:57 Richard Découin a voulu en faire une université américaine.
00:26:00 Ce qui fait qu'on leur a donné des cours de relations internationales, de marketing,
00:26:05 des choses qui ne leur permettent pas de comprendre...
00:26:08 - Mais la direction de Sciences Po n'est pas...
00:26:10 - Il y en avait à mon époque.
00:26:11 - ... n'est pas exempte de tout reproche dans ce qui est en train de se passer.
00:26:13 Personne ne décontera, ça c'est sûr.
00:26:15 - Bien sûr, et du coup, ce qui se passe, c'est que...
00:26:17 Elisabeth a tout à fait raison, en réalité, ces étudiants se trouvent instrumentalisés par LFI,
00:26:23 parce qu'ils pensent bien faire.
00:26:24 Ils pensent bien faire.
00:26:25 - Tu parles avec Philippe.
00:26:26 - Ils n'ont pas l'idée que c'est...
00:26:28 Ils pensent bien faire, mais en réalité...
00:26:30 - Ce ne sont pas des victimes, quand même.
00:26:31 - Philippe, je voudrais juste qu'on fasse cette deuxième séquence.
00:26:34 - Parce qu'ils n'ont pas suffi.
00:26:35 - François-Xavier Bellami a été assez courageux face à Louis Boya.
00:26:38 On est dans la même veine.
00:26:39 Je voudrais juste qu'on avance dans les éléments que je montre aux téléspectateurs.
00:26:42 Cette fois, c'est face à une prof de Sciences Po.
00:26:44 Et là, ça doit nous poser des questions également,
00:26:46 parce que la frontière entre le militantisme et le professora,
00:26:49 normalement, doit être établie.
00:26:52 Eh bien, a priori, ce n'est pas le cas.
00:26:53 Regardez cet échange entre le député européen et cette prof.
00:26:57 - Je suis descendante de colonisés.
00:26:59 Mes parents ont été colonisés.
00:27:00 Ils ont fait l'honneur de la France en venant la reconstruire
00:27:03 après la Seconde Guerre mondiale et après la guerre d'Algérie.
00:27:06 Et vous, aujourd'hui, des gens comme mes parents,
00:27:08 vous voudriez les exclure de la société française.
00:27:10 Vous avez pavé la voie pour l'extrême droite, monsieur.
00:27:15 - La voie pour l'extrême droite, elle est pavée par des gens comme vous
00:27:18 qui ferment les yeux sur la réalité.
00:27:20 - Vous ne me connaissez pas, monsieur.
00:27:21 - Je ne recevrai pas de leçons de morale de vous, madame.
00:27:23 Vous êtes professeur, moi aussi.
00:27:25 Je ne suis pas venue là pour recevoir des leçons de morale.
00:27:27 - Je ne vous autorise pas à m'attaquer sur mon intérêt.
00:27:29 - Mais pardon, vous venez de m'attaquer.
00:27:30 Donc, je vous demande simplement, madame, de baisser d'un ton.
00:27:33 Je suis professeur, comme vous.
00:27:35 Je ne suis pas là pour recevoir des leçons.
00:27:37 - Ça s'appelle le mainstream.
00:27:38 - Et je dis simplement...
00:27:39 Mais alors là, c'est extraordinaire.
00:27:41 Quand c'est vous qui parlez, c'est normal.
00:27:44 Quand c'est moi qui parle, c'est illégal.
00:27:46 - Philippe Guilbert, ces étudiants,
00:27:48 ils se sentent autorisés de faire ce genre de choses
00:27:50 pour les raisons qu'on a expliquées il y a un instant
00:27:52 et aussi parce que leurs profs sont des militants
00:27:53 et font la même chose qu'eux.
00:27:54 Certains de leurs profs.
00:27:55 - Oui, généralisé.
00:27:57 - C'est pour ça que j'ai précisé.
00:27:58 - Parce qu'il y a d'autres profs, y compris d'autres profs.
00:28:00 - Vous avez raison.
00:28:01 - Elle, elle est au milieu des étudiants.
00:28:03 Moi, ce qui me frappe beaucoup,
00:28:04 je voulais poursuivre et prolonger ce que disait l'oraliste
00:28:07 très justement.
00:28:08 C'est un bide.
00:28:09 Vous connaissez la rue Saint-Guillaume, Julien Pasquel ?
00:28:11 - Oui.
00:28:12 - La photo...
00:28:13 - Tu ne fasses pas ma journée, mais je l'institue.
00:28:15 - Oui.
00:28:16 - L'image que nous avons, j'imagine, en fond d'écran
00:28:20 en ce moment, quand vous connaissez la rue Saint-Guillaume,
00:28:24 vous constatez qu'il y a quoi ?
00:28:25 Il y a 200, 300 personnes maximum.
00:28:27 - C'est rien.
00:28:28 - De manière...
00:28:29 C'est rien du tout par rapport à une école
00:28:30 qui a des milliers d'étudiants.
00:28:31 - De milliers.
00:28:32 - Et si je puis me permettre, Michel, il y a aussi...
00:28:34 - Philippe.
00:28:35 - Pardon, Philippe.
00:28:36 Il y a aussi des étudiants de la Sorbonne qui sont inquiétés.
00:28:40 - Oui, ils ne sont pas tous de Sciences Po en plus.
00:28:42 - Je suis un peu fatiguée.
00:28:43 - Et des lycéens.
00:28:44 - Bon, Philippe, je voulais te poursuivre.
00:28:45 - Et alors, je poursuis.
00:28:46 - Est-ce que vous trouvez que dans les lycées,
00:28:48 dans d'autres universités, cette contagion,
00:28:50 cette "contestation" "pro-palestinienne",
00:28:54 est-ce que vous avez constaté qu'elle gagne,
00:28:56 qu'elle se répand, qu'elle devient irrésistible ?
00:29:00 Je ne crois pas.
00:29:01 - Alors, ça veut dire que ce que tombe de faire LFI à Sciences Po
00:29:03 est un échec dans cette volonté d'apporter la contagion
00:29:08 dans les quartiers, dans les lycées ?
00:29:10 - Je pense que cette opération Sciences Po est de A à Z
00:29:12 une opération LFI.
00:29:14 - Une opération ? Pardon ?
00:29:15 - LFI.
00:29:16 - Et qu'elle a écouté ?
00:29:17 - C'est une opération de com' des LFI.
00:29:20 - Vous avez raison.
00:29:21 - D'ailleurs, tous les jours, il y a un député LFI
00:29:23 qui est rue Saint-Guillaume.
00:29:25 Et je pense que cette opération est une pure opération politique.
00:29:28 - Non, mais il n'y a pas que...
00:29:29 - Il n'y a pas, en France, comparé à Berlin, à Londres,
00:29:33 il n'y a pas eu de manif pro-palestinienne,
00:29:35 on va les appeler comme ça pour ne pas être polémique,
00:29:38 qui soit absolument comparable à ce qu'il s'est...
00:29:40 À Paris, c'est absolument pas comparable.
00:29:42 La réalité, c'est que ce mouvement est ultra minoritaire,
00:29:45 qu'il est piloté par LFI de A à Z,
00:29:48 que ça leur permet d'occuper les médias
00:29:51 et d'avoir une campagne électorale,
00:29:52 alors que sur le fond, ils n'ont rien à dire.
00:29:54 - Mais c'est un rang tout soir.
00:29:55 - Et le pire, je veux dire, ma phrase,
00:29:57 c'est que ça marche un peu parce que LFI est en train de remonter un peu dans les sons.
00:30:01 - C'est surtout Raphaël Glucksmann qui en profite
00:30:03 et qui talonne la candidature de...
00:30:05 - Est-ce qu'on peut contester ce que dit Philippe ?
00:30:07 - Oui, vous pouvez contester, mais écoutez Clémence Guettet,
00:30:08 la députée LFI aujourd'hui à la Salle nationale,
00:30:09 qui a enlevé le couche depuis une semaine,
00:30:11 je viens juste d'un mot,
00:30:12 depuis une semaine, depuis le début de la semaine,
00:30:14 LFI est à 8,5, ils étaient à 6,5.
00:30:17 - Ah mince !
00:30:18 - C'est intéressant comme analyse.
00:30:19 - Clémence Guettet, et on continue la discussion, écoutez.
00:30:22 - C'était déprimant.
00:30:24 - Sur le climat en France,
00:30:26 nous saluons quand même les mobilisations des étudiants
00:30:28 avec de nombreuses universités,
00:30:30 avec des écoles de journalisme
00:30:32 où des étudiants sont mobilisés
00:30:34 et avec les lycées qui lundi sont aussi entrés dans la mobilisation.
00:30:38 Nous saluons cet engagement de la jeunesse
00:30:41 et nous réaffirmons notre sidération parfois
00:30:44 face à des évacuations qui sont violentes
00:30:46 et à une répression extrêmement forte de ces mobilisations.
00:30:50 - Oui, très vite, moi je ne suis pas tout à fait d'accord,
00:30:53 une partie me semble tout à fait juste.
00:30:55 Il y a une opération LFI,
00:30:57 qu'il n'y ait que ça dans les facs,
00:30:59 et je ne parle pas simplement des manifs bruyants.
00:31:01 Moi j'ai fait, pardon, j'ai fait,
00:31:03 récemment j'ai été à Nanterre
00:31:05 pour voir des étudiants juifs de l'UEJF, etc.,
00:31:08 pour voir comment ça se passait,
00:31:10 enfin il y a deux, trois mois c'était,
00:31:12 et franchement, si vous voulez,
00:31:14 il n'y a pas besoin qu'il y ait des grands mouvements
00:31:16 bruyants, médiatiques et LFI partout
00:31:18 pour que dans certains campus,
00:31:20 des étudiants juifs se sentent en danger.
00:31:22 - C'est ça qui est important.
00:31:24 - Donc ça veut bien dire, il y a une idéologie.
00:31:26 Malgré tout, si vous voulez, dans nos facs,
00:31:28 le wokisme n'est pas né le 6 octobre ou le 7 octobre,
00:31:30 dans les facs. Pardon, mais je sais que Nathan vous l'est...
00:31:32 - Non, non, je ne voulais pas vous dire que ce soir,
00:31:34 il y a eu un blocage à Panthéon-Sorbonne,
00:31:36 vous avez l'envie principale qui a été bloquée
00:31:38 par des étudiants ce soir et qui ont été délogés.
00:31:40 - Juste une phrase, quand on dit blocage,
00:31:42 c'est combien de personnes ? Je voudrais le savoir.
00:31:44 - Peu importe, c'est de la nuisance,
00:31:46 ce sont d'autres étudiants
00:31:48 qui sont empêchés d'aller en cours
00:31:50 ou d'aller passer leurs examens,
00:31:52 ce sont des étudiants juifs qui se tapent deux fois
00:31:54 avant d'aller en cours, de peur d'être attrapés
00:31:56 par trois, quatre militants qui vont leur sauter dessus.
00:31:58 Voilà ce que je veux dire,
00:32:00 c'est les autres étudiants qui sont majoritaires,
00:32:02 mais c'est pas un succès.
00:32:04 - Vous avez raison aussi.
00:32:06 Un dernier mot avant qu'on fasse un point actuel,
00:32:08 on terminera la discussion après.
00:32:10 - Je suis d'accord avec Philippe sur l'analyse
00:32:12 concernant la stratégie de la France insoumise,
00:32:14 en revanche, là où je suis en désaccord avec vous,
00:32:16 c'est que je pense qu'il y a,
00:32:18 notamment dans la jeunesse,
00:32:20 une très très forte partie de la population
00:32:22 qui ressent une immense indignation
00:32:24 vis-à-vis de ce qui se passe à Gaza
00:32:26 et surtout un immense sentiment de fraternité de destin.
00:32:28 Le conflit israélo-palestinien
00:32:30 dans l'histoire de l'Occident, dans l'histoire de France
00:32:32 n'a jamais laissé indifférent,
00:32:34 a toujours exacerbé les sensibilités
00:32:36 et ce depuis 50 ou 60 ans.
00:32:38 À l'heure des réseaux sociaux où on suit
00:32:40 les images en direct
00:32:42 depuis le 7 octobre,
00:32:44 des deux côtés d'ailleurs, je pense qu'il y a
00:32:46 cette indignation et que le problème
00:32:48 est la forme, la direction
00:32:50 que lui impose la France insoumise
00:32:52 et pas que la France insoumise. Mais à mon avis,
00:32:54 même si les bloqueurs sont minoritaires,
00:32:56 c'est quand même quelque chose de très profond.
00:32:58 - Ils sont pas dans la rue.
00:33:00 - On va poursuivre la discussion dans une minute.
00:33:02 Les amis, il est 23h, on va marquer la minute actuelle
00:33:04 avec Sandra Cilombo. On va entendre Sofia Aram également
00:33:06 lors de la cérémonie des Molières.
00:33:08 Sofia Aram, qui elle aussi a été très courageuse
00:33:10 hier et qui a su
00:33:12 apporter un discours sensé
00:33:14 dans cette séquence
00:33:16 qui parfois nous
00:33:18 demande si on fait société
00:33:20 tous ensemble et on peut se poser de plus en plus
00:33:22 la question évidemment. Le Paris Saint-Germain a perdu
00:33:24 ce soir, on n'ira pas en finale de Ligue des Champions.
00:33:26 Sandra, qui nous montre les images.
00:33:28 - Quelle surprise.
00:33:30 - Moi qui croyais que Pascal Prouet
00:33:32 était un professeur.
00:33:34 - Les négociations en Égypte pourraient être
00:33:38 la dernière chance pour Israël
00:33:40 de récupérer les captifs vivants.
00:33:42 C'est ce qu'un dirigeant du Hamas affirme.
00:33:44 Au centre des discussions, le projet de cesser
00:33:46 le feu dans la bande de Gaza, les pourparlers
00:33:48 se tiennent ce mardi soir en présence
00:33:50 des délégations palestiniennes et israéliennes.
00:33:52 Environ 2000 personnes ont rendu
00:33:54 un dernier hommage à Matisse. La cérémonie s'est
00:33:56 déroulée ce mardi au stade Gaston Petit
00:33:58 de Châteauroux. L'adolescent
00:34:00 de 15 ans était passionné de football.
00:34:02 Pour rappel, il a été tué par un autre jeune homme
00:34:04 du même âge le 27 avril dernier.
00:34:06 Sur place, l'émotion reste intense.
00:34:08 Et puis le Paris Saint-Germain a été éliminé
00:34:10 en demi-finale de la Ligue des Champions.
00:34:12 Les Parisiens ont été battus 1-0 par Dortmund
00:34:14 au Parc des Princes ce soir. Ils avaient
00:34:16 été défaits sur le même score. Au match allé,
00:34:18 les Allemands affronteront le Real Madrid
00:34:20 ou le Bayern Munich en finale le 1er juin
00:34:22 à Wembley.
00:34:24 Et on va aller au bout des images
00:34:26 Ah ! Heureusement que j'ai demandé d'aller au bout des images
00:34:28 Ah merci les amis ! Voilà pour voir ces
00:34:30 occasions parisiennes en
00:34:32 fin de match, notamment le cadre
00:34:34 et la réussite qui a fui
00:34:36 Kylian Mbappé et cette équipe du Paris Saint-Germain
00:34:38 Ouh ! Je ne l'avais pas vue celle-là ! L'énorme barre de
00:34:40 Vitigna également. - Je peux avoir un pronostic
00:34:42 pour autre chose ? Est-ce que c'est une défaite ?
00:34:44 - Laissez-moi me remettre 10 secondes quand même de cette
00:34:46 élimination parce qu'on était quand même au point de la finale
00:34:48 - Moi je vous demande un pronostic pour ce qui va se passer
00:34:50 cette nuit. Est-ce que le fait que ce soit une
00:34:52 défaite veut dire que ça va... Ah depuis 14h à
00:34:54 Saint-Michel, il y a des
00:34:56 policiers en masse
00:34:58 et... Non mais depuis 14h je leur ai demandé
00:35:00 pour le match. - Oui, oui, oui, il y a eu des petits échecs
00:35:02 fleurés devant le Parc des Princes également ce soir. - Et donc
00:35:04 est-ce que ça annonce une nuit calme ? - Non, non, vous
00:35:06 inquiétez pas, ça va bien se passer. - J'ai une question, on peut poser ? Je peux ou pas ?
00:35:08 - Mais non mais arrêtez là ! On peut mener... Qu'est-ce qu'il y a ?
00:35:10 - Non, je ne comprends pas quelque chose. Comment
00:35:12 peut-on se mettre de mauvaise humeur pour le sport
00:35:14 sachant que vous n'y êtes pour rien dans cette défaite ?
00:35:16 - Vous vous mettez de mauvaise humeur pour un échec qui n'est pas le vôtre.
00:35:18 - Alors je vais rendre hommage à Paul Auster qui
00:35:20 nous a quittés il y a pas longtemps et qui a décrit le
00:35:22 football de la meilleure façon possible. Le football
00:35:24 est un miracle. Le football est un miracle
00:35:26 mon ami parce qu'il a permis
00:35:28 aux Européens de se détester sans se
00:35:30 détruire. C'est une allégorie de la guerre.
00:35:32 Donc forcément il y a un sentiment d'appartenance qui est immense
00:35:34 et on se sent tous concernés quand on aime
00:35:36 le football et qu'on a baigné
00:35:38 dedans depuis petit par les matchs
00:35:40 les plus importants. - Quand vous regardez un match de foot vous vous dites "c'est génial,
00:35:42 c'est le mieux, c'est dans la guerre". - Bon, je suis pas sûr que les gens qui nous regardent
00:35:44 aient envie de nous entendre deviser sur le Paris-Saint-Germain.
00:35:46 - Votre entraîneur qui est mort, l'entraîneur
00:35:48 Argentin Menotti, qui a expliqué que le foot
00:35:50 c'était l'opéra des pauvres. Peut-être qu'il est bête qu'on prend mieux ça.
00:35:52 - Ah ça oui, ça me parle mieux ça.
00:35:54 - Bon, on avance ?
00:35:56 Moi je peux bien faire une demi-heure sur le foot,
00:35:58 ça ne se dérange pas, j'adore ça. - On peut faire une demi-heure sur la séquence.
00:36:00 - Je ne suis pas certain qu'on attire énormément de téléspectateurs.
00:36:02 Poursuivons. - Bien sûr. - On parle de
00:36:04 cette... Vous m'avez troublé.
00:36:06 Du coup, oui, dans les mobilisations
00:36:08 autour de Sciences Po et des facs françaises.
00:36:10 Dans ces mobilisations,
00:36:12 oui, évidemment, on entend énormément
00:36:14 parler de l'extrémisme de Benjamin Netanyahou.
00:36:16 On entend assez peu parler de la barbarie
00:36:18 des terroristes du Hamas.
00:36:20 Ce silence continue de nous diviser,
00:36:22 comme on le disait tout à l'heure.
00:36:24 Et comme l'a dit très courageusement, donc,
00:36:26 j'ai trouvé hier soir, Sofia Aram, lors de la cérémonie
00:36:28 des Molières. Écoutez-la.
00:36:30 - Nous qui partageons
00:36:32 la liberté de pousser un cri sur toutes les scènes
00:36:34 de France, ou de hurler
00:36:36 nos indignations sur tout et n'importe quoi
00:36:38 dans des tribunes, dont la
00:36:40 plupart sont co-signées par Agnès Ernaud,
00:36:42 je pense
00:36:44 que nous devrions aussi
00:36:46 faire attention
00:36:48 à nos silences.
00:36:50 Car voyez-vous, dans le brouhaha
00:36:52 de nos indignations faciles,
00:36:54 le silence, même relatif,
00:36:56 après ce 7 octobre,
00:36:58 dans lequel 1 200 Israéliens ont été
00:37:00 massacrés, est assourdissant.
00:37:02 Et s'il est évident
00:37:04 que nous partageons tous ici
00:37:06 les appels au cessez-le-feu,
00:37:08 comment être solidaire des milliers
00:37:10 de civils morts à Gaza sans être
00:37:12 aussi solidaire des victimes
00:37:14 d'israéliennes ?
00:37:16 [Applaudissements]
00:37:28 Comment...
00:37:30 [Applaudissements]
00:37:32 Comment exiger d'Israël de cesser le feu
00:37:34 sans exiger la libération
00:37:36 des otages israéliens ?
00:37:38 Comment réclamer le départ de Netanyahou
00:37:40 sans réclamer celui
00:37:42 du Hamas ?
00:37:44 [Applaudissements]
00:37:50 Ce silence qui accompagne les victimes
00:37:52 du 7 octobre et les otages
00:37:54 continue de nous diviser et de
00:37:56 laisser tous ceux, juifs ou non,
00:37:58 qui sont attachés aux droits humains.
00:38:00 Philippe, que fait une femme aussi
00:38:02 brillante sur l'antenne de France Inter ?
00:38:04 Je trouve qu'elle aurait toute sa place
00:38:06 sur notre chaîne.
00:38:08 J'ai choqué Nathan Devers, c'était un peu
00:38:10 l'ordre de la boutade. Pardon Philippe.
00:38:12 Ce qui m'a le plus
00:38:14 frappé dans cette affaire,
00:38:16 elle le dit très bien, elle le fait très bien,
00:38:18 mais ce qu'elle dit, somme toute,
00:38:20 n'a rien d'extraordinaire.
00:38:22 Et ça fait événement.
00:38:24 Elle dit qu'on peut
00:38:26 et on doit se préoccuper
00:38:28 des Palestiniens.
00:38:30 Mais comment ne pas se préoccuper
00:38:32 aussi des Israéliens,
00:38:34 des familles des victimes, des familles
00:38:36 qui ont encore des otages.
00:38:38 Et donc c'est relativement,
00:38:40 enfin ce qu'elle dit, c'est très bien de le dire,
00:38:42 mais ce qui est incroyable c'est que ça soit surprenant
00:38:44 que quelqu'un le dise
00:38:46 dans ce milieu-là.
00:38:48 Parce que somme toute...
00:38:50 Mais ça lèche.
00:38:52 Il l'a parfaitement décrit.
00:38:54 On va avancer parce qu'on a une grosse affaire
00:38:56 à vous montrer avec Amauré Buco autour de l'antisémitisme.
00:38:58 Deux commentaires rapides sur ce qu'a dit
00:39:00 Sophia Aram hier soir.
00:39:02 Pourquoi on n'arrive pas à tous regarder dans le même sens
00:39:04 comme l'explique cette femme ?
00:39:06 C'est une évidence et on devrait
00:39:08 dialoguer. D'ailleurs les étudiants
00:39:10 juifs de France, on avait proposé un dialogue
00:39:12 avec
00:39:14 les étudiants pro-palestiniens.
00:39:16 Ils l'ont refusé ce dialogue.
00:39:18 On est dans un monde dans lequel
00:39:20 on a encore une fois une bipolarité.
00:39:22 Dans lequel
00:39:24 il y a une scission
00:39:26 et on passe à s'invectiver
00:39:28 et on ne discute pas.
00:39:30 C'est-à-dire qu'on n'arrive pas à voir
00:39:32 que des deux côtés, les partis souffrent
00:39:34 des deux côtés. C'est-à-dire qu'on a des civils qui souffrent
00:39:36 autant du côté palestinien
00:39:38 que du côté
00:39:40 israélien. Et le problème
00:39:42 c'est pas eux, c'est le problème, c'est les dirigeants
00:39:44 en réalité. - Non, excusez-moi.
00:39:46 Pardon, le problème c'est...
00:39:48 Je vais faire l'oraliste, le problème c'est pas
00:39:50 les dirigeants. Si les palestiniens souffrent,
00:39:52 ce dont je suis absolument, comme vous,
00:39:54 ce qui est bouleversant,
00:39:56 c'est à cause du Hamas.
00:39:58 - Oui, à cause du Hamas. - Les palestiniens sont victimes.
00:40:00 - Des théoristes du Hamas, tout à fait.
00:40:02 - Oui, mais je suis désolée, si vous voulez. Soit vous dites
00:40:04 qu'Israël n'a pas le droit de se défendre et doit laisser le Hamas
00:40:06 l'attaquer, ce qui n'est pas le cas,
00:40:08 personne ne pense cela. Soit
00:40:10 vous comprenez bien, après vous pouvez discuter
00:40:12 de est-ce qu'il doit valer à Rapha, pas à Rapha.
00:40:14 Ça oui, mais la réalité
00:40:16 c'est que si des palestiniens meurent aujourd'hui,
00:40:18 si des enfants palestiniens meurent,
00:40:20 c'est à cause de leur dirigeant.
00:40:22 - La réalité, c'est aussi...
00:40:24 - Il ne peut pas dire que ça. - Il n'y a pas que ça.
00:40:26 La réalité, c'est aussi qu'il faudrait un dialogue.
00:40:28 Il faudrait un cessez-le-feu,
00:40:30 il faudrait qu'on renvoie
00:40:32 les otages,
00:40:34 il faudrait... Moi je pensais vraiment
00:40:36 que ça allait aboutir, cette semaine.
00:40:38 - Vous avez la contre-proposition du Hamas,
00:40:40 apparemment, on n'est pas... - Et ça n'a pas fonctionné.
00:40:42 - On n'est pas celles qu'attendait Israël.
00:40:44 - Il ne faut pas importer le conflit dans notre pays.
00:40:46 - Le Hamas se moque un petit peu de l'État hébreu, je pense aussi,
00:40:48 dans ses négociations. Tout dernier mot,
00:40:50 parce que je voudrais qu'on avance avec Amaury.
00:40:52 - En effet, ça devrait être une évidence absolue de se dire
00:40:54 qu'un bébé qui meurt, quel que soit le côté, ça suffit de sa même pitié.
00:40:56 Pourquoi n'est-ce pas le cas ?
00:40:58 Parce que dans le récit de ce conflit,
00:41:00 depuis le 7 octobre particulièrement,
00:41:02 il est analysé en France à travers
00:41:04 trois paradigmes, qui sont trois paradigmes faux,
00:41:06 et qui sont trois paradigmes qui sont
00:41:08 destinés à casser la pitié.
00:41:10 Le premier, c'est celui de la guerre de civilisation.
00:41:12 Le deuxième, c'est celui de la guerre de religion.
00:41:14 Et le troisième, c'est celui de la guerre coloniale.
00:41:16 Coloniale versus décoloniale.
00:41:18 Et dans les trois cas,
00:41:20 si vous adoptez cette version des choses,
00:41:22 si vous vous sentez engagé
00:41:24 dans une guerre de religion,
00:41:26 dans une guerre de civilisation,
00:41:28 ou dans une guerre coloniale, anticoloniale,
00:41:30 en effet, vous avez un paradigme
00:41:32 qui peut pousser
00:41:34 à la suspension d'une forme d'empêche.
00:41:36 - Non, moi je pense qu'il y a une guerre de civilisation,
00:41:38 qu'elle existe,
00:41:40 et je ne pense pas pourtant
00:41:42 que les bébés palestiniens peuvent être passés
00:41:44 par pertes éprouvées.
00:41:46 - Vous voyez bien quand même que ce conflit
00:41:48 ne reflète pas un paradigme de guerre de civilisation.
00:41:50 - Non mais je suis d'accord.
00:41:52 - Comme on a vu la Jordanie, l'Arabie Saoudite...
00:41:54 - Mais par ailleurs, il y a une chose qu'on peut dire en tous les cas,
00:41:56 qui est formidable sur les Molières,
00:41:58 c'est les applaudissements de la salle.
00:42:00 Ça, ça m'a étonné plus encore que...
00:42:02 - Certains ont suivi, plus qu'ont initié ces applaudissements.
00:42:04 Il y en avait qui étaient un petit peu mal à l'aise
00:42:06 de voir le voisin applaudir, qui se sont dit
00:42:08 "C'est terrible, c'est sans doute juste".
00:42:10 - C'est une meute.
00:42:12 Regardez les Hauts-Césars, le théâtre s'est mieux tenu que les Césars.
00:42:14 - Il faut que tu lui en aies quand même.
00:42:16 - Vous êtes dans une salle, c'est une meute.
00:42:18 Vous savez qu'il y a des caméras qui vous regardent,
00:42:20 et que vous suivez toujours... Regardez le nombre de bêtises aux Césars.
00:42:22 Vous avez des starlettes en robe chanel
00:42:24 qui parlent de lutte des classes, et tout le monde applaudit,
00:42:26 mais stupidement. Ils ne sont pas tous crétins.
00:42:28 - Les salles applaudissent.
00:42:30 - Les amis, s'il vous plaît, il faut qu'on avance.
00:42:32 Le temps file.
00:42:34 Le gouvernement a lancé hier, on en a parlé,
00:42:36 les assises de l'antisémitisme pour tenter
00:42:38 de lutter contre ce fléau qui a augmenté
00:42:40 de plus de 300% au premier trimestre 2024.
00:42:42 Ça fait des mois que la tendance est observée.
00:42:44 La recrudescence des actes antisémites
00:42:46 est étourdissante.
00:42:48 Avant de me tourner vers Amaury, je voudrais que vous revoyiez
00:42:50 ce chiffre qu'on vous montrait aussi hier,
00:42:52 parce qu'il va nous conduire vers ce qu'Amaury va nous décrire.
00:42:54 366 actes recensés,
00:42:56 tendance exacerbée chez les jeunes,
00:42:58 qui justifie
00:43:00 ce rajeunissement de l'antisémitisme.
00:43:02 35%
00:43:04 des moins de 25 ans, plus d'un tiers,
00:43:06 estiment justifié
00:43:08 de s'en prendre aux Juifs en raison
00:43:10 de leur soutien supposé à Israël,
00:43:12 contre 21% - et c'est déjà énorme -
00:43:14 de la population générale.
00:43:16 On va attendre avant de diffuser ce carton.
00:43:18 À ce sujet, Amaury,
00:43:20 vous avez suivi une affaire
00:43:22 très symptomatique de ce qu'on est
00:43:24 en train de décrire, de cette haine ambiante,
00:43:26 notamment à travers les réseaux sociaux,
00:43:28 parce que c'est vrai que depuis le 7 octobre,
00:43:30 il y a eu beaucoup de vidéos d'influenceurs
00:43:32 qui crachent sur Israël et qui déversent
00:43:34 leur haine des Juifs.
00:43:36 Aujourd'hui, comparé au tribunal de Nanterre,
00:43:38 un homme accusé d'antisémitisme,
00:43:40 encore un, je serais tenté de dire,
00:43:42 il lui est reproché d'avoir diffusé
00:43:44 plusieurs vidéos, dont celle-ci.
00:43:46 Regardez, il est déguisé en rabbin,
00:43:48 et...
00:43:50 Je ne sais pas quel mot utiliser, écoutez-le.
00:43:52 Regardez.
00:43:54 - On va mettre gris.
00:43:56 230.
00:43:58 Voilà, il s'allume.
00:44:00 Attends, moi, je vais rentrer ma tête.
00:44:02 On reste.
00:44:06 Voilà.
00:44:10 - Voilà, on a diffusé, évidemment,
00:44:16 flouté cette séquence. Il est déguisé en rabbin,
00:44:18 il met sa tête dans un four. Il y a d'autres vidéos
00:44:20 de lui qui avaient été postées, où il se met du...
00:44:22 - Je vais en parler. - Vous allez en parler,
00:44:24 donc vous allez nous expliquer.
00:44:26 - Il va être déguisé comme vulgaire.
00:44:28 - Amaury, on comprend bien la référence
00:44:30 entre la tenue de rabbin, ce four.
00:44:32 C'est une allusion claire à l'extermination
00:44:34 des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
00:44:36 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de cette affaire ?
00:44:38 - Ces vidéos ont été publiées en octobre 2023,
00:44:40 donc juste après le 7 octobre.
00:44:42 Et c'est donc un... - C'est affreux.
00:44:44 - Un jeune homme
00:44:46 qui, sur TikTok, a publié ces vidéos
00:44:48 sous un pseudonyme assez évocateur.
00:44:50 C'était "rationniste du 95 live".
00:44:52 Ça vous montre déjà.
00:44:54 - Rat comme l'animal. Rationniste.
00:44:56 - Le projet derrière.
00:44:58 Et donc, il y a plusieurs vidéos
00:45:00 qui sont dans le viseur de la justice.
00:45:02 Cette vidéo, effectivement, où il est déguisé
00:45:04 en rabbin et se met la tête dans le four.
00:45:06 Une autre où il se gaze avec
00:45:08 des odorisants pour faire
00:45:10 allusion, là encore, aux juifs qui sont gazés.
00:45:12 Mais aussi une photo,
00:45:14 un montage, où il avait mis
00:45:16 les têtes de Cyril Hallouna
00:45:18 et d'Elise Emoun dans le même four
00:45:20 que vous avez vu tout à l'heure.
00:45:22 - Il y a eu une plainte qui a été déposée
00:45:24 par l'organisation juive européenne, l'OGE,
00:45:26 le 26 octobre 2023.
00:45:28 Les investigations ont été
00:45:30 lancées quelques mois plus tard, en janvier.
00:45:32 Et ce jeune homme a été interpellé
00:45:34 en avril. Et donc, il y avait cette audience
00:45:36 aujourd'hui au tribunal de Nanterre.
00:45:38 Et donc, cet homme devait être jugé
00:45:40 pour provocation à l'haine en raison de la religion
00:45:42 et apologie de crime
00:45:44 contre l'humanité.
00:45:46 - Qu'est-ce qu'on sait de lui et des réponses
00:45:48 surtout qu'il a données à la police ?
00:45:50 Vous avez pu avoir accès
00:45:52 à certaines sources, justement.
00:45:54 - Oui. Il s'appelle Ilyeska. Il a 23 ans.
00:45:56 Il n'avait pas d'entente judiciaire.
00:45:58 Et il se dit musulman,
00:46:00 mais peu pratiquant
00:46:02 et d'ailleurs apolitique.
00:46:04 Il dit qu'il n'a pas d'idéologie particulière.
00:46:06 Alors, ses explications,
00:46:08 les explications qu'il a données
00:46:10 à la police pendant ses auditions,
00:46:12 d'abord, il a reconnu les faits,
00:46:14 il s'en est excusé et il explique
00:46:16 avoir voulu faire de l'humour,
00:46:18 j'allais dire un peu comme Guillaume Meurice,
00:46:20 à la fois pour, si vous voulez, augmenter
00:46:22 ses audiences et du même coup
00:46:24 pour gagner de l'argent sur TikTok.
00:46:26 Il indique avoir gagné jusqu'à
00:46:28 1400 euros par mois
00:46:30 grâce à ce compte TikTok.
00:46:32 Et alors, je vais vous citer quelques-unes de ses phrases
00:46:34 qu'il a dites à la police.
00:46:36 "J'ai compris que pour faire des vues sur TikTok,
00:46:38 il fallait être choquant
00:46:40 et j'ai choisi ce pseudo
00:46:42 pour être choquant."
00:46:44 Et puis alors après, il raconte un peu plus en détail
00:46:46 comment il a fait pour gagner de l'argent
00:46:48 et en fait, comment est-ce que les internautes
00:46:50 qui le regardaient l'encouragaient
00:46:52 à aller encore plus loin dans cette forme
00:46:54 d'antisémitisme. Il raconte que par exemple,
00:46:56 on peut lui offrir une rose
00:46:58 de manière numérique sur TikTok,
00:47:00 que ça lui rapporte un centime, après il y a des cadeaux
00:47:02 moyens, c'est 20 centimes et que les plus grosses,
00:47:04 ça peut aller jusqu'à plusieurs euros
00:47:06 et que par exemple, pour mettre sa tête
00:47:08 dans le four, quelqu'un lui avait promis
00:47:10 un cadeau pour qu'il le fasse.
00:47:12 Alors, je vous propose
00:47:14 maintenant d'écouter l'avocate
00:47:16 maître Cindy Samama, qui est
00:47:18 avocate bénévole au sein de l'organisation
00:47:20 Juve Européenne et qui nous a expliqué
00:47:22 cet après-midi que malheureusement,
00:47:24 ce genre de profil et de comportement sont
00:47:26 de plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux. Écoutez-la.
00:47:28 "Avant, on déposait
00:47:30 plainte surtout contre
00:47:32 des personnes, contre
00:47:34 des sourds algédonnés ou tout le reste
00:47:36 et aujourd'hui, depuis le 7 octobre, on a beaucoup de personnes
00:47:38 qui mélangent
00:47:40 tout et qui
00:47:42 développent une haine
00:47:44 antisémite contre
00:47:48 la communauté juive."
00:47:50 - Donc il y avait cette audience à Maurébuco qui se tenait
00:47:52 aujourd'hui. Qu'est-ce que ça a donné ? Est-ce qu'il a été jugé ?
00:47:54 - Eh bien non. Alors le prévenu était bien présent.
00:47:56 - Il n'a pas été jugé ? - Non, il n'a pas été jugé
00:47:58 mais il était là. Le prévenu était donc devant
00:48:00 le tribunal à Nanterre. J'étais moi aussi.
00:48:02 Ça s'est passé vers 13h30
00:48:04 et c'est assez intéressant ce qui s'est
00:48:06 passé dans le tribunal parce que ça montre, si vous voulez,
00:48:08 à la fois, presque l'extrême
00:48:10 souplesse de la justice et en même temps
00:48:12 le fait qu'elle soit débordée et des délais
00:48:14 assez longs. Au début de l'audience, vous avez
00:48:16 le président du tribunal qui demande au prévenu
00:48:18 "Est-ce que vous avez un avocat ?"
00:48:20 Sachant qu'il avait une convocation
00:48:22 et qu'on lui parlait déjà du fait qu'il pouvait avoir
00:48:24 un avocat. Il a répondu qu'il n'avait pas
00:48:26 d'avocat. À ce moment-là, le président lui a dit
00:48:28 "Est-ce que vous voulez un avocat ?" Il lui a dit
00:48:30 que oui, il voulait bien un avocat et donc
00:48:32 à ce moment-là, le président a dit "Bon bah écoutez,
00:48:34 puisque vous n'avez pas d'avocat et que vous en voulez un,
00:48:36 on va reporter l'audience."
00:48:38 Et à ce moment-là, le président du tribunal a dit
00:48:40 "Est-ce qu'on peut trouver une audience rapidement
00:48:42 pour ne pas avoir à reporter trop
00:48:44 long à cette date ?" Et la première
00:48:46 audience qui a été trouvée, c'est le
00:48:48 1er octobre, donc près d'un an après
00:48:50 les faits, donc c'est quand même assez tard.
00:48:52 Et si, sachez bien que
00:48:54 si le président du tribunal n'avait pas
00:48:56 demandé une audience rapprochée,
00:48:58 probablement que ce procès aurait eu
00:49:00 lieu en 2025,
00:49:02 en 2026, pendant l'été ou en novembre.
00:49:04 Alors il y a deux choses. Il y a la justice
00:49:06 et il y a cet abruti.
00:49:08 Je voudrais d'abord parler
00:49:10 de ce que tu viens... de ce que viens juste
00:49:12 de rappeler. Non mais moi, vraiment, aucune
00:49:14 sanction immédiate dans ce pays,
00:49:16 et ça explique la raison pour laquelle ce gamin,
00:49:18 il a 23 ans, ce jeune
00:49:20 homme fait ça en toute impunité. Comment voulez-vous
00:49:22 qu'il comprenne la gravité de ce qu'il a fait ?
00:49:24 - Alors ça c'est votre réponse. Moi je ne crois pas,
00:49:26 je l'ai déjà dit, je ne crois pas que le droit
00:49:28 soit la solution à tout. Bien sûr, il faut
00:49:30 sanctionner, oui, mais si vous voulez, le problème
00:49:32 c'est que nous avons, je l'ai déjà dit, un droit,
00:49:34 le droit c'est fait pour une société
00:49:36 qui est relativement homogène,
00:49:38 culturellement, si vous voulez, qui partage
00:49:40 quand même, au moins,
00:49:42 un certain consensus
00:49:44 sur le fait qu'on peut être en désaccord à l'intérieur
00:49:46 de ce consensus. A l'évidence,
00:49:48 si vous voulez, on a affaire à des gens
00:49:50 qui sont sortis de ce consensus.
00:49:52 Vous voyez bien que ce type là, il est
00:49:54 complètement... donc je ne dis pas qu'il ne faut pas le
00:49:56 sanctionner, je dis que ça ne peut pas
00:49:58 tout résoudre. Et la deuxième, moi j'ai juste
00:50:00 une question, est-ce que...
00:50:02 on voit bien, vous dites, la justice est débordée,
00:50:04 est-ce que dans ces cas-là, d'abord, ce n'est pas au parquet
00:50:06 qui aurait dû se saisir de cette
00:50:08 vidéo tout de suite, ou de vidéos similaires
00:50:10 avant d'attendre l'OGO, ou je ne sais pas quoi,
00:50:12 et est-ce qu'il ne faudrait pas... - Il faut les voir,
00:50:14 il y a un tel flot. - Est-ce qu'il ne faut pas
00:50:16 un parquet spécialisé pour le numérique,
00:50:18 parce que j'en ai assez d'entendre tous les quatre matins
00:50:20 qu'on veut faire la police sur les réseaux sociaux
00:50:22 et qu'il n'y ait jamais... - Alors, il y a
00:50:24 la plateforme Pharros,
00:50:26 la plateforme, effectivement, vous pouvez vous-même...
00:50:28 - Oui, il y a d'abord, et après,
00:50:30 pour le parquet, mais, par exemple, ce TikToker,
00:50:32 il était suivi par à peu près 3 000 personnes,
00:50:34 ce n'est pas beaucoup. - Ce n'est rien.
00:50:36 - Il y en a des millions, comme lui, ou même des milliers,
00:50:38 alors en France, je ne sais pas combien il y en a, mais c'est énorme,
00:50:40 si vous voulez, pour aller voir, et puis parfois, c'est des vidéos live,
00:50:42 donc qui ne restent pas sur la plateforme.
00:50:44 - Là, on n'est même pas dans le cadre d'un islamiste
00:50:46 ou de quelqu'un qui a des convictions, une idéologie,
00:50:48 on est avec un...
00:50:50 - Il ne le sort pas de nulle part, quand même.
00:50:52 - On est avec un individu qui a vu qu'il pouvait gagner quelques centimes,
00:50:57 cumuler, ça fait quelques euros,
00:50:59 en faisant tout et n'importe quoi sur les socios...
00:51:01 - Vous croyez qu'il n'a rien entendu dans sa vie qui justifie la NDJ ?
00:51:03 - Je pense surtout qu'il n'a rien dans le cerveau.
00:51:05 - Non, non, pardon, et ce type-là, il n'a pas fait ça sans avoir
00:51:07 jamais rien entendu autour de lui,
00:51:09 qui justifie la NDJ, il faut enfin écouter,
00:51:11 on ne se réveille pas à 20 ans pour faire des trucs comme ça,
00:51:14 si on n'a pas été...
00:51:16 - Là, ce qu'on assiste quand même à quelque chose de nouveau,
00:51:18 c'est qu'on a un nouvel antisémitisme par le haut,
00:51:20 qui arrive par les intellectuels, via le wokisme,
00:51:22 qui en fait fait la critique de l'Occident,
00:51:24 qui est sur un autre continent, qui est Israël,
00:51:26 et vous avez l'antisémitisme par le bas,
00:51:28 ce qui est le cas ici, et je pense en effet que ce n'est pas
00:51:30 l'antisémitisme qui vient de nulle part,
00:51:32 par le bas de la société, et qui vient,
00:51:34 qui a un vieil antisémitisme, qui vient de l'islam,
00:51:36 et qui a été importé en France,
00:51:38 et qui ressurgit aujourd'hui.
00:51:40 Alors, moi, je ne pense pas que ce type-là
00:51:42 commence à faire ses blagues foireuses,
00:51:44 et d'ailleurs, sur 3000 personnes qui le suivent,
00:51:46 on peut dire que ce n'est pas grand-chose,
00:51:48 mais il y a quand même 3000 personnes qui le like,
00:51:50 qui le suivent, donc c'est 2000 clients,
00:51:52 qui investissent pour qu'il aille encore plus loin,
00:51:54 et malheureusement, et c'est ça qui me dérange,
00:51:56 c'est que le tabou, ce n'est pas
00:51:58 qu'il y a de l'antisémitisme en France,
00:52:00 c'est quel est le visage de l'antisémitisme en France ?
00:52:02 C'est ça le tabou.
00:52:04 Vous avez entendu le Président le dire, vous ?
00:52:06 Alors, pas le Président, mais je crois que le Premier ministre,
00:52:08 lui, est plus clair, me semble-t-il,
00:52:10 et surtout, plus personne.
00:52:12 Enfin, ça est devenu un secret de police générelle,
00:52:14 je dirais.
00:52:16 - On a des réseaux sociaux qui sont un accélérateur
00:52:18 des particules sur cette question,
00:52:20 et ce qu'on y trouve, ça fait froid dans le dos.
00:52:22 Maître Bouvier, on fait un tour de table,
00:52:24 chacun va dire un mot. Pas trop long, les amis,
00:52:26 s'il vous plaît, parce que j'ai encore 2-3 thèmes
00:52:28 à évoquer avec vous.
00:52:30 - Il y a 3 problèmes, quand même, ici.
00:52:32 Le premier problème, c'est évidemment la justice,
00:52:34 parce que c'est un problème, dans la situation dans laquelle on est,
00:52:36 cette montée de l'antisémitisme,
00:52:38 c'est particulièrement grave, c'est particulièrement problématique,
00:52:40 et ces images sont absolument abominables.
00:52:42 Je pense qu'on a tous été particulièrement choqués
00:52:44 sur ce plateau. Ça, c'est la première chose.
00:52:46 Donc là, ça devrait être traité différemment,
00:52:48 et ça devrait être traité beaucoup plus rapidement.
00:52:50 Ça, c'est le premier point.
00:52:52 Le second point, c'est effectivement les réseaux sociaux,
00:52:54 c'est-à-dire que, comme vous l'avez très bien dit, Julien,
00:52:56 ils sont un catalyseur de la violence,
00:52:58 et on a des jeunes qui, effectivement,
00:53:00 n'ont rien dans la tête, comme l'a dit Elisabeth,
00:53:02 et qui pensent
00:53:04 qu'ils peuvent raconter n'importe quoi.
00:53:06 Le problème, c'est que,
00:53:08 même si on interdit un réseau social,
00:53:10 ou même si on interdit un site Internet,
00:53:12 il y a toujours des possibilités
00:53:14 de pouvoir contourner, de toute façon.
00:53:16 Alors, on a le Digital Service Act,
00:53:18 qui est passé par l'Union Européenne,
00:53:20 tout récemment, en février, qui peut-être va mettre
00:53:22 en place des sanctions, mais bon, il faut quand même rappeler
00:53:24 que, si jamais on veut poster
00:53:26 des vidéos antisémites ou des vidéos violentes,
00:53:28 pour influer,
00:53:30 pour influencer, c'est toujours possible,
00:53:32 avec un VPN, en passant par
00:53:34 le système de TOR,
00:53:36 The Onion Router, sur le Dark Web.
00:53:38 Voilà, donc il y a d'autres possibilités.
00:53:40 Et je rajouterais un dernier point, parce que
00:53:42 vous parliez également des assises de l'antisémitisme,
00:53:44 qui ont été mises en place
00:53:46 par O.R.P.R.G. Ces assises de l'antisémitisme,
00:53:48 elle les a annoncées
00:53:50 le 6 mars. Moi, j'en ai pas du tout
00:53:52 entendu parler. C'est-à-dire que
00:53:54 c'est un gros problème de société.
00:53:56 Elle a déclaré que,
00:53:58 pour éviter toute amalgame
00:54:00 avec les politiques,
00:54:04 il n'y aurait pas de politique, mais c'est même pas
00:54:06 que la question des politiques. Il faudrait
00:54:08 que ces débats sur ces assises
00:54:10 de l'antisémitisme soient retransmis
00:54:12 à la télévision. Il faut de la transparence
00:54:14 dans une démocratie. Ça va à l'encontre.
00:54:16 Là, on a l'impression qu'ils ont une position
00:54:18 particulièrement frileuse. On fait des assises
00:54:20 sur l'antisémitisme, ok, très bien,
00:54:22 mais il en reste encore quoi ? Est-ce qu'on fait
00:54:24 participer les citoyens pour comprendre la situation ?
00:54:26 - Que c'est mal. - Voilà, que c'est mal.
00:54:28 Mais comme vous l'avez dit,
00:54:30 ils n'ont rien dans la tête. Et justement,
00:54:32 si jamais on... - Il n'y a pas d'assises à avoir.
00:54:34 - Il n'y a pas de débats, il n'y a pas d'assises, il n'y a pas de discussion.
00:54:36 - Sur la lutte, sur les manières de lutter.
00:54:38 - Il faut agir et lutter en profondeur.
00:54:40 - Hier, on a montré ce témoignage
00:54:42 qui a d'ailleurs été diffusé sur le Twitter d'Aurore Berger.
00:54:44 C'était une gamine de 8 ans,
00:54:46 qui témoignait, donc c'est une vidéo qu'a diffusée
00:54:48 Aurore Berger sur ses réseaux sociaux, une fille de 8 ans,
00:54:50 elle racontait qu'en classe de nature, certaines filles
00:54:52 ne voulaient pas dormir avec elle, ne voulaient pas
00:54:54 partager la même chambrée qu'elle
00:54:56 parce qu'elle est juive. Et je me dis
00:54:58 que ces gamines-là,
00:55:00 elles qui ne veulent pas partager la chambrée,
00:55:02 elles ont 8 ans, donc elles ne sont pas antisémites.
00:55:04 Personne n'est antisémite à 8 ans.
00:55:06 - Mais dans ta famille, t'entends quoi ?
00:55:08 - On enseigne la haine du juif.
00:55:10 Nathan, Philippe ?
00:55:12 - Deux petites remarques, une sur les réseaux sociaux, une sur l'antisémitisme.
00:55:14 En effet, les réseaux sociaux, c'est devenu
00:55:16 très souvent un catalyseur de ce qu'il y a
00:55:18 de pire. Si
00:55:20 on fait ce pari de créer un compte et de vouloir
00:55:22 avoir 100 000 abonnements en 6 mois,
00:55:24 on a deux doigts de penser qu'il faut interdire
00:55:26 TikTok, par exemple, dans ce pays.
00:55:28 - Mais TikTok ou Twitter, si... - On pourra pas l'interdire.
00:55:30 - Si je vous faisais le pari, je ne suis qu'à deux doigts
00:55:32 de le penser. - Julien, de vous dire
00:55:34 "Vous me laissez 6 mois pour avoir 100 000 followers",
00:55:36 je ne vais pas faire des tweets à la Bernard Pivot.
00:55:38 Je vais écrire des...
00:55:40 - Vous allez être outranciers. - Des insanités
00:55:42 racistes, haineuses, quelle que soit
00:55:44 la communauté visée, et elle aurait plus de chance
00:55:46 de monter. - Parce qu'elle n'a pas du gain.
00:55:48 - Et deuxièmement, sur l'antisémitisme,
00:55:50 c'est absolument terrible à dire, mais je vais le dire,
00:55:52 tout ça est "normal"
00:55:54 au sens de "explicable"
00:55:56 dès lors que depuis le 7 octobre, vous avez eu des
00:55:58 personnalités publiques de premier plan,
00:56:00 des gens très "respectables",
00:56:02 des députés, des chefs de parti,
00:56:04 des intellectuels,
00:56:06 qui ont eu des positions scandaleuses,
00:56:08 en faisant cette stratégie, vous savez,
00:56:10 du "sifflement de chien", comme on dit en anglais,
00:56:12 ça veut dire "sans dire les mots, sans dépasser
00:56:14 eux-mêmes la ligne rouge", mais en faisant des petits
00:56:16 clins d'œil qui sont très clairs, évidemment que
00:56:18 l'antisémitisme monte dans une société. - À quels intellectuels ?
00:56:20 - Le contraire, UTT, t'es étonnant.
00:56:22 - À quels intellectuels tu pensais, pardon ?
00:56:24 - Alors, sur les politiques,
00:56:26 je visais les politiques. - Les politiques,
00:56:28 on a compris. - Sur les intellectuels,
00:56:30 j'ai pas spécialement un nom à donner.
00:56:32 Enfin, ceux qui...
00:56:34 ou des militants politiques,
00:56:36 je n'ai pas donné de nom. - Des militants, d'accord.
00:56:38 - Juste, entre le... Pardon, je fais juste un détour
00:56:40 par Amaury, entre le moment, donc entre aujourd'hui
00:56:42 et le 1er octobre prochain,
00:56:44 il est libre, sans aucune contrainte,
00:56:46 sans aucun problème. Il peut continuer
00:56:48 de diffuser des vidéos sur les réseaux sociaux,
00:56:50 s'il en a envie ? - Oui, alors bon, il a reconnu
00:56:52 les faits, il s'est excusé, a priori, il ne va pas recommencer.
00:56:54 - Il a montré quand même des excuses, il a...
00:56:56 - Quand il a été entendu par la police,
00:56:58 il a immédiatement reconnu les faits,
00:57:00 il a dit "je suis désolé, j'ai fait ça
00:57:02 par humour, je voulais me faire de l'argent et de la notoriété".
00:57:04 - Je me permets une question à Amaury.
00:57:06 - Ah ouais, mais non. - Il est un projet d'héritière ?
00:57:08 - Pas à ma connaissance. - Philippe ?
00:57:10 - Moi, je crois pas une seconde
00:57:12 à l'explication par la part du gars.
00:57:14 Faire ça, avoir
00:57:16 l'esprit suffisamment malade pour faire ça,
00:57:18 il faut s'être... - Ah, c'est sûr qu'il y a un problème.
00:57:20 - Je vais mettre plein de guillemets,
00:57:22 nourri quelque part.
00:57:24 Alors,
00:57:26 sur les origines de l'antisémitisme
00:57:28 en France, de l'antisémitisme
00:57:30 contemporain, il y a plusieurs
00:57:32 sources.
00:57:34 Il y a une source arabo-musulmane
00:57:36 qui existe,
00:57:38 ce serait totalement stupide
00:57:40 de le nier.
00:57:42 Il y a aussi des données orales qui ont précédé.
00:57:44 - C'est ce que dit l'avocat, d'ailleurs.
00:57:46 - On fait tout commencer
00:57:48 au 7 octobre, d'abord, l'antisémitisme
00:57:50 a commencé à augmenter.
00:57:52 En France, les faits antisémites
00:57:54 ont commencé à augmenter depuis une vingtaine d'années.
00:57:56 - En 2000, précisément.
00:57:58 - Depuis une vingtaine d'années,
00:58:00 et c'est exactement 2000,
00:58:02 et puis on a eu des gens,
00:58:04 Soral, Diodonné, d'autres,
00:58:06 qui ont beaucoup joué avec l'antisémitisme
00:58:08 et qui ont eu
00:58:10 des discours parfaitement antisémites.
00:58:12 - Auprès de qui, justement ?
00:58:14 - Auprès d'une jeunesse populaire qui a pu être
00:58:16 dans les banlieues. - Pas qu'une jeunesse immigrée.
00:58:18 Il y a aussi...
00:58:20 - Il y a aussi les années petites,
00:58:22 les sous-antélo-bobos...
00:58:24 - Philippe, s'il vous plaît, laissez finir.
00:58:26 - Je pense qu'il y a une culture antisémite
00:58:28 qui existe, qui peut avoir plusieurs origines.
00:58:30 C'est vrai que l'antisémitisme,
00:58:32 l'antijudaïsme chrétien
00:58:34 est en complète perte de vitesse
00:58:36 depuis une vingtaine, une trentaine d'années,
00:58:38 mais si on veut faire
00:58:40 des assises de l'antisémitisme,
00:58:42 il serait temps quand même qu'on s'intéresse
00:58:44 à ce sujet de près
00:58:46 et qu'on n'en soit pas simplement
00:58:48 à faire confiance à la justice,
00:58:50 dont on voit qu'il y a une cession.
00:58:52 - On est tous d'accord,
00:58:54 mais on est quand même un peu désespérés, démunis,
00:58:56 parce que les combats idéologiques, c'est quand même
00:58:58 beaucoup plus long, beaucoup plus difficile.
00:59:00 - C'est vrai, il faut les mener.
00:59:02 - On se sent...
00:59:04 Comment dire ? On se sent quand même
00:59:06 tout de même un peu vraiment
00:59:08 démuni et impuissant.
00:59:10 Pardon.
00:59:12 Je voulais vous dire autre chose.
00:59:14 C'est difficile de finir. Je vous assure,
00:59:16 on en fait du ping-pong à chaque fois.
00:59:18 Je voulais... C'est pas grave. J'ai oublié ce que je voulais dire.
00:59:20 - Vous venez de donner une contre-idéologie.
00:59:22 - Comment ? - Vous essayez de donner une contre-idéologie.
00:59:24 - Oui, non, ce que je voulais dire, c'est qu'en fait, voilà,
00:59:26 c'est que ce qu'on voit là,
00:59:28 et on l'a vu avec Dieu donné, on a fait
00:59:30 40 ans, 50 ans, 60 ans,
00:59:32 ou disons 40 ans plutôt, depuis 80,
00:59:34 de devoirs de mémoire, de cours
00:59:36 sur ceci, de voyages
00:59:38 à Auschwitz, et
00:59:40 on en est là.
00:59:42 - C'est terrible. - C'est terrible, ça veut dire aussi
00:59:44 qu'on en est là parce que le 7 octobre a réveillé...
00:59:46 - Quand on a dit en 2000
00:59:48 qu'on ne pouvait plus enseigner l'histoire
00:59:50 de l'extermination des juifs dans les écoles,
00:59:52 tout le monde, toute la gauche
00:59:54 a fait... Excuse-moi là, Philippe.
00:59:56 Je me dépêche. Toute la gauche a fait des mines.
00:59:58 - Le rapport Rwanda, c'est pas sous la gauche.
01:00:00 - Non, mais...
01:00:02 - En 2000, au moment des territoires perdus,
01:00:04 on a découvert l'antisémitisme arabo-musulman.
01:00:06 Toute la gauche, ou presque,
01:00:08 a dit "ça n'existe pas".
01:00:10 - Retour sur le... Je voudrais
01:00:12 qu'on revienne. On avance, les amis.
01:00:14 - J'avais promis d'être courte.
01:00:16 - Vous avez tenu votre promesse, Elisabeth.
01:00:18 - Je me roule partout.
01:00:20 - Il n'y a pas de... Pas nécessaire.
01:00:22 Retour sur le sort de cette dame qu'on a découvert
01:00:24 il y a quelques jours, qui s'appelle Colombe, cette bénévole
01:00:26 des Restos du Coeur que l'association avait
01:00:28 dans un premier temps exclue de ses rangs
01:00:30 car elle avait assisté à un meeting du Rassemblement national
01:00:32 avant de la réintégrer
01:00:34 au vu de la polémique qui a été provoquée,
01:00:36 polémique qui dit beaucoup, semble-t-il,
01:00:38 sur l'atmosphère qui règle dans cette société.
01:00:40 Regardez ce sujet et on va en parler
01:00:42 quelques instants ensemble.
01:00:44 - Colombe sera finalement
01:00:46 de retour aux Restos du Coeur.
01:00:48 Une décision accueillie avec soulagement
01:00:50 par cette bénévole de l'association
01:00:52 depuis 34 ans.
01:00:54 A l'origine de la polémique,
01:00:56 une interview tournée par nos confrères de TF1
01:00:58 où Colombe, 60 ans,
01:01:00 évoque les raisons de sa venue
01:01:02 au meeting du Rassemblement national
01:01:04 le 1er mai à Perpignan.
01:01:06 - Je suis au RSA et on a du mal à vivre.
01:01:08 Je suis conseillère en insertion professionnelle
01:01:10 et aujourd'hui, je ne trouve pas de travail
01:01:12 mais je suis bénévole au Restos du Coeur
01:01:14 et j'aide les gens de la rue.
01:01:16 - En affichant son appartenance
01:01:18 au Restos du Coeur lors de ce meeting,
01:01:20 Colombe a reçu un rappel à l'ordre
01:01:22 d'un responsable de l'association,
01:01:24 la Charte du Collectif,
01:01:26 obligeant les bénévoles à respecter
01:01:28 le principe de neutralité politique.
01:01:30 - En fait, ce ne sont pas
01:01:32 les états-majors des Restos du Coeur
01:01:34 qui lui ont demandé de partir.
01:01:36 C'est un responsable local
01:01:38 qui a pris l'initiative de lui demander
01:01:40 de démissionner.
01:01:42 - Son message a en tout cas été reçu.
01:01:44 Au chômage depuis 3 mois,
01:01:46 Colombe retrouvera un emploi prochainement,
01:01:48 offert par la mairie de Perpignan.
01:01:50 - Elle va rencontrer cette après-midi
01:01:52 la directrice du CCRS
01:01:54 et peut-être, pour trouver un emploi.
01:01:56 Je sais que c'est une dame au très grand cœur
01:01:58 qui ne fait pas de politique
01:02:00 mais qui a chevillé au corps l'entraide
01:02:02 et la solidarité avec les autres.
01:02:04 - Un nouveau poste donc pour Colombe
01:02:06 et un autre bénévole
01:02:08 maintenu au sein des Restos du Coeur.
01:02:10 - Alors on va évoquer ce cas de Colombe
01:02:12 et ce qu'il symbolise
01:02:14 mais à quasiment 23h30,
01:02:16 on salue de nouveau Audrey Chionbo
01:02:18 pour Sandra.
01:02:20 C'est fou Sandra, je ne sais pas ce que j'ai.
01:02:22 Ça fait quoi, 2 ans que vous êtes avec nous ?
01:02:24 - Oui, et je vous m'appelle Audrey.
01:02:26 - Je vous prie vraiment de m'excuser.
01:02:28 C'est un très mauvais réflexe.
01:02:30 C'est Sandra, bien sûr, Chionbo.
01:02:32 - Je ne vais pas vous parler Audrey dans la nuit.
01:02:34 - Pas du tout, Sandra Chionbo
01:02:36 et les images du Paris Saint-Germain ce soir.
01:02:38 L'essentiel de l'actu.
01:02:40 - Il y avait la place, il a manqué l'efficacité.
01:02:46 Ce sont les mots de Marc Inos,
01:02:48 le capitaine du Paris Saint-Germain.
01:02:50 Les Parisiens ont été éliminés en demi-finale
01:02:52 de la Ligue des Champions.
01:02:54 Ils ont été battus 1-0 par Dortmund ce soir
01:02:56 au Parc des Princes.
01:02:58 Ils avaient été défaits sur le même score au match allé.
01:03:00 Le Bayern Munich en finale le 1er juin à Wembley.
01:03:02 L'entrée des locaux de Sciences Po Paris
01:03:04 était à nouveau bloquée ce matin.
01:03:06 Des dizaines d'étudiants pro-palestiniens
01:03:08 se sont rassemblés.
01:03:10 Les forces de l'ordre sont rapidement intervenues
01:03:12 pour disperser le groupe.
01:03:14 À cette occasion, François-Xavier Bellamy
01:03:16 et Louis Boyard ont pu confronter leurs idées.
01:03:18 Et puis à l'international, Vladimir Poutine
01:03:20 a prêté serment pour un cinquième mandat.
01:03:22 Dans un discours solennel, le président de la Russie
01:03:24 a évoqué les défis qui attendent les Russes.
01:03:26 Il promet à ses compatriotes la victoire
01:03:28 et les craines. Il a également fait passer un message
01:03:30 aux Occidentaux. Soutien de Kiev
01:03:32 contre l'offensive russe.
01:03:34 Voilà, donc pour l'essentiel de l'actu,
01:03:40 merci beaucoup chère Sandra.
01:03:42 C'est la dernière fois que je me trompe,
01:03:44 je vous le promets.
01:03:46 On parle de Colombes, donc,
01:03:48 qui, cette bénévole, a été réintégrée par les Restaurants du Coeur.
01:03:50 Je voudrais qu'on entend Jordan Bardella
01:03:52 qui a évoqué également
01:03:54 le cas de cette femme
01:03:56 qui incarne une France qui n'y arrive plus.
01:03:58 Elle a travaillé, elle a 60 ans,
01:04:00 elle a peu de chances d'être réembauchée.
01:04:02 Il se trouve que Louis Alliot lui a proposé
01:04:04 un emploi aujourd'hui. Elle est le symbole
01:04:06 de beaucoup de choses dans ce pays. Écoutez Jordan Bardella.
01:04:08 Je trouve que la décision
01:04:12 un peu à la va-vite des Restaurants du Coeur
01:04:14 d'écarter
01:04:16 l'une de ces bénévoles
01:04:18 qui est dans une situation sociale
01:04:20 elle-même difficile et qui pourtant
01:04:22 accorde son temps
01:04:24 à nos compatriotes les plus démunis
01:04:26 au motif qu'elle
01:04:28 était présente à un meeting du Rassemblement National
01:04:30 est assez indigne, je trouve.
01:04:32 Cette affaire, elle est désastreuse
01:04:34 pour les Restaurants du Coeur,
01:04:36 Maître Bouvier.
01:04:38 Oui, tout à fait. Moi, je suis scandalisée,
01:04:40 je suis écœurée, et puis c'est tout à fait
01:04:42 paradoxal pour une association comme celle-ci
01:04:44 de stigmatiser
01:04:46 une personne en raison de ses opinions politiques.
01:04:48 Elle a parfaitement le droit d'aller...
01:04:50 Si vous ne connaissez même pas ses opinions,
01:04:52 ça ne veut même pas dire qu'elle vote Rennes.
01:04:54 Et de toute façon...
01:04:56 Disons qu'il peut y avoir une petite raison pour...
01:04:58 Peu importe, peu importe.
01:05:00 Mais peu importe, ça veut dire quoi ?
01:05:02 Ça veut dire qu'il y a un mépris,
01:05:04 profond de cette femme, d'une population
01:05:06 qui est en difficulté,
01:05:08 qui vote peut-être Rennes, et c'est son choix,
01:05:10 et qui aurait certainement voté le Parti Communiste
01:05:12 quand on avait un Parti Communiste fort
01:05:14 avant, parce qu'elle ne me semble pas écouter
01:05:16 aujourd'hui.
01:05:18 Et donc, ce qui ferait mieux de faire,
01:05:20 c'est de s'interroger pourquoi elle était au meeting
01:05:22 de Jordane Bardella, parce que peut-être qu'elle ne trouve pas
01:05:24 les réponses qu'elle aimerait trouver, et l'aide
01:05:26 qu'elle aimerait trouver. Et je trouve ça vraiment...
01:05:28 Le seul mot qui me vient à l'esprit,
01:05:30 c'est vraiment dégueulasse,
01:05:32 de condamner des gens
01:05:34 parce qu'ils vont assister
01:05:36 à un meeting, et...
01:05:38 - Après, il y a eu ce rétro-pédalage...
01:05:40 - Il y a eu ce rétro-pédalage parce que ça a été médiatisé.
01:05:42 - Après, je rappelle...
01:05:44 On peut imaginer les raisons du rétro-pédalage.
01:05:46 La séquence qui met le feu aux poudres
01:05:48 d'un de nos confrères de TF1.
01:05:50 TF1 qui a les droits des enfoirés,
01:05:52 des Restos du Coeur, qui font des audiences
01:05:54 qui cartonnent chaque année.
01:05:56 Donc on peut imaginer qu'il y a un petit conflit d'intérêt
01:05:58 quand même, et que les Restos du Coeur aient été...
01:06:00 - Il y a eu des fautes. - ...rappelées à l'ordre.
01:06:02 Cette affaire, Philippe Guibert,
01:06:04 est-ce qu'elle doit être un révélateur
01:06:06 pour que les autres politiques...
01:06:08 Pour que les autres politiques prennent conscience
01:06:12 que ces gens-là, aujourd'hui, n'ont plus que l'ERN
01:06:14 vers qui se tourner ? - Oui, bien sûr.
01:06:16 Ceci dit, si on veut être honnête,
01:06:18 parce que moi j'ai beaucoup travaillé sur ces questions-là
01:06:20 quand j'étais encore mêlé à la politique,
01:06:22 ça fait 20 ans ou 30 ans
01:06:24 qu'on peut faire ce constat.
01:06:26 La gauche, dont je viens,
01:06:28 a une responsabilité particulière.
01:06:30 On ne peut pas dire qu'on attend mai 2024
01:06:32 pour découvrir cette réalité.
01:06:34 Le 21 avril 2002,
01:06:36 où Jospin est éliminé
01:06:38 et Jean-Marie Le Pen qualifiée,
01:06:40 c'était il y a un peu plus de 20 ans.
01:06:42 Et les prémices de tout ça
01:06:44 vont beaucoup plus loin.
01:06:46 Ça remonte aux années 90, en réalité.
01:06:48 Donc là-dessus, sur le fait que la gauche,
01:06:50 que le parti communiste, que le parti socialiste
01:06:52 en particulier,
01:06:54 n'ait pu apporter
01:06:56 de réponse, une offre politique,
01:06:58 une culture commune
01:07:00 à tous ces milieux populaires, c'est un constat d'échec
01:07:02 depuis 20 à 30 ans.
01:07:04 Juste une petite remarque,
01:07:06 si vous me permettez, Julien, sur la... - Je vous fermais tout.
01:07:08 - Resto du coeur.
01:07:10 Il semble bien que ça soit un responsable local.
01:07:12 - Oui, oui, ça a été précisé.
01:07:14 - Qui a très mal réagi. - Vous avez raison.
01:07:16 - De façon, effectivement... - De Perpignan.
01:07:18 - J'allais dire idiote.
01:07:20 En tout cas, hyper constructive. - Sectaire.
01:07:22 - Et que c'est la direction des restos du coeur
01:07:24 à Paris qui a dit "attendez, arrêtez la catastrophe,
01:07:26 on ne vire pas quelqu'un parce que..."
01:07:28 - Ah bah oui. Pensez à notre image.
01:07:30 - Et donc c'est...
01:07:32 Voilà, il faut... C'est pas
01:07:34 les restos du coeur Paris qui ont commis
01:07:36 cette bévue. - Non, non, non.
01:07:38 - Enfin, ça reste les restos du coeur,
01:07:40 qu'ils soient à Paris, à Perpignan ou à Montélimar.
01:07:42 - Oui, d'accord. Enfin, la direction des restos du coeur...
01:07:44 - Si c'était Orange, vous n'y riez pas.
01:07:46 - Vous avez raison. Nathan, un dernier mot.
01:07:48 - Si c'était la SNCF ou Orange, je ne dirais pas ça.
01:07:50 - Cette vidéo de Colomb...
01:07:52 - On défendrait la direction de la SNCF
01:07:54 qui a pris la bonne décision
01:07:56 après une mauvaise décision locale.
01:07:58 - Nathan Devers. - Oui, cette vidéo de Colomb, je pense que
01:08:00 c'était un moment vraiment d'irruption
01:08:02 du réel.
01:08:04 Bouleversante en cela. D'abord, de voir
01:08:06 la souffrance d'une femme qui racontait
01:08:08 qu'elle était au RSA, qu'autour d'elle,
01:08:10 dans son milieu, il y avait un chômage qui était
01:08:12 explosif, qu'elle n'en perdait pas
01:08:14 sa solidarité. Il y a des gens qui sont
01:08:16 dans des situations très délicates,
01:08:18 très précaires et qui continuent d'être bénévoles
01:08:20 aux restos du coeur. On ne peut qu'avoir
01:08:22 une forme d'admiration. C'était un moment
01:08:24 triste aussi pour la gauche que de se dire
01:08:26 comment se fait-il qu'une électrice
01:08:28 comme ça, dont le lexique
01:08:30 reprenait que des thématiques de gauche,
01:08:32 puisse voter pour un parti qui,
01:08:34 dans sa politique, dans ses votes effectifs au Parlement,
01:08:36 n'approuve que des mesures antisociales.
01:08:38 Le Rassemblement National au pouvoir, ça ne change pas
01:08:40 la vie de Colombes, ça ne change pas
01:08:42 la vie des gens qui sont au RSA, je veux dire,
01:08:44 c'est le vote contre l'augmentation des salaires,
01:08:46 c'est le vote contre l'augmentation des minimas sociaux,
01:08:48 c'est le vote contre l'indexation...
01:08:49 En tout cas, il y en a un qui rassemble toutes les colères
01:08:51 en ce moment, il s'appelle Jordan Bardet, là,
01:08:53 au niveau des sondages pour les prochaines élections.
01:08:55 Le programme social du Rassemblement National
01:08:59 est un programme antisocial. Alors pourquoi est-ce que
01:09:01 les Français les plus précaires se tournent vers le Rassemblement National
01:09:03 désormais ?
01:09:04 D'abord, pour une première chose,
01:09:06 qui est une forme de médiocrité du débat public,
01:09:08 comment se fait-il qu'un parti littéralement antisocial
01:09:11 puisse comme ça devenir le représentant des classes populaires ?
01:09:13 Et deuxièmement, il faut aussi le dire,
01:09:15 une grande condescendance qui vient d'une partie de la gauche.
01:09:17 Alors, il y a eu, sous le vidéo de Colombes,
01:09:19 par exemple, un tweet de Gérard Filoche
01:09:21 qui avait écrit "une dinde qui vote pour Noël".
01:09:23 - C'est pas vrai.
01:09:24 - Si, si, si.
01:09:25 - Et bien, quand vous voyez ça,
01:09:26 et ça c'était la version la plus dégueulasse,
01:09:28 la plus macho, la plus abjecte,
01:09:30 mais des tweets de gauche comme ça, très condescendants,
01:09:32 voilà.
01:09:33 Donc, il y a deux personnes qui ont émergé,
01:09:35 Léon Desfontaines et François Ruffin,
01:09:37 qui ont eu une position respectueuse, humaine,
01:09:41 pas condescendante,
01:09:42 dans l'écoute des problèmes, non seulement de Colombes,
01:09:44 mais de toutes les Colombes de France,
01:09:46 et qui veulent essayer de reconstruire une gauche
01:09:49 sur fond de cette réalité,
01:09:50 ce qui me semble très important aujourd'hui.
01:09:51 - Bon, écoutez, on souhaite en tout cas
01:09:53 que cette situation s'apaise.
01:09:55 - Une des raisons pour lesquelles les classes populaires
01:09:57 se sont tournées vers le Front National,
01:09:59 puis le Rassemblement National,
01:10:00 c'est parce qu'il était national,
01:10:02 parce qu'il leur disait "la France",
01:10:04 et que les autres leur disaient "la France, c'est rien du tout,
01:10:06 elle doit disparaître dans l'Europe",
01:10:08 et ça c'est vraiment la trahison de la gauche,
01:10:10 pour moi, c'est d'avoir abandonné la nation et la laïcité.
01:10:13 - Nous sommes dix jours, passons à un tout autre sujet.
01:10:16 Dix jours après le décès tragique de Matisse,
01:10:19 poignardé quartier Saint-Denis à Châteauroux,
01:10:22 une cérémonie s'est déroulée ce midi
01:10:24 au stade Gaston Petit de Châteauroux,
01:10:26 donc à l'initiative de la famille et des proches,
01:10:28 une tribune avait été ouverte pour l'occasion,
01:10:30 des écrans géants installés,
01:10:31 les parents de Matisse ont pris la parole,
01:10:33 ainsi que des proches,
01:10:35 et une de ses professeurs au collège Thibault Marcheteau
01:10:37 a assisté à cet hommage pour CNews.
01:10:39 - Cet ultime hommage a duré une heure
01:10:42 à l'intérieur du stade Gaston Petit,
01:10:44 ici à Châteauroux,
01:10:45 et les clins d'oeil à la passion du jeune Matisse
01:10:47 ont été très nombreux durant cette cérémonie.
01:10:49 Le cercueil blanc est arrivé frappé
01:10:51 du blason du Paris Saint-Germain,
01:10:53 c'est d'ailleurs sur la musique de l'entrée des joueurs parisiens
01:10:55 que le cercueil est rentré sur la pelouse de ce stade.
01:10:58 Le capitaine de la Berry-Shun de Châteauroux,
01:11:00 le club dont était fan le jeune Matisse,
01:11:02 est venu lui-même déposer un maillot dédicacé sur le cercueil.
01:11:05 Enfin, la famille a pris la parole,
01:11:08 le père a juré devant le cercueil de son fils
01:11:11 qu'il continuerait à faire de la prévention
01:11:13 auprès des médias, auprès des jeunes,
01:11:14 pour que ce drame n'arrive plus jamais.
01:11:16 Je vous propose d'écouter les Castelroussins
01:11:18 à la sortie de cette cérémonie.
01:11:19 - Ils ont fait un très très bel hommage,
01:11:21 je remercie beaucoup les parents
01:11:23 d'avoir joué jusqu'au bout de la passion de leur fils
01:11:25 et de ne pas être resté dans le classique
01:11:28 et d'être toujours ici, rester très fort dans leurs mots.
01:11:31 C'est des beaux parents, c'est des belles personnes,
01:11:34 c'est très bien.
01:11:35 - Pour moi, oui, c'est très important,
01:11:37 j'ai un petit fils qui a cet âge-là,
01:11:39 je connaissais un petit peu les parents,
01:11:42 ça ne devrait jamais arriver.
01:11:44 - Le cercueil a quitté le stade sur une Ola
01:11:46 à la demande de la famille pour un ultime clin d'œil
01:11:49 à la passion de cet adolescent mort à 15 ans.
01:11:52 La famille s'est ensuite réunie dans la plus stricte intimité
01:11:55 pour rendre un dernier hommage à Matisse.
01:11:57 - Arthur-André Vatrigan, on est en échec
01:11:59 face à cette violence des jeunes,
01:12:01 on ne sait plus par quel bout prendre cette problématique.
01:12:03 - On commence à en avoir un peu marre des marches blanches,
01:12:06 il n'y a que ça finalement,
01:12:08 et on attend...
01:12:09 La marche blanche, c'est le seul moyen
01:12:12 aux victimes et aux familles, aux proches de victimes
01:12:16 et l'entourage géographique de s'exprimer,
01:12:18 mais on aimerait bien que la politique s'exprime plus,
01:12:21 que la justice soit plus ferme,
01:12:23 et malheureusement on ne voit pas.
01:12:25 Alors on commence à aborder le...
01:12:28 Malheureusement il a fallu deux ou trois morts,
01:12:30 mais on commence à aborder le sujet de l'ultra-violence.
01:12:33 C'est-à-dire déjà avec une violence qui est supérieure
01:12:35 à celle d'avant chez les plus jeunes,
01:12:37 c'est bien, on en parle,
01:12:39 mais il serait bien de passer à l'étape d'après
01:12:41 et surtout de ne pas oublier un impensé, je trouve,
01:12:44 qui est vraiment l'ongle mort de nos politiques
01:12:47 et même de responsables médiatiques, c'est les parents.
01:12:49 C'est qu'il ne faut pas oublier que les parents d'aujourd'hui
01:12:52 étaient les parents de barbares d'aujourd'hui,
01:12:54 étaient des barbares eux-mêmes d'hier,
01:12:56 des barbares qui ont été très peu punis.
01:12:58 Et donc comment voulez-vous qu'ils jouent un rôle d'éducateurs
01:13:00 alors que, par exemple, si on prend dans les émeutiers,
01:13:03 ceux de 2005, ils ont l'âge d'être parents,
01:13:05 dans les trafiquants de drogue également,
01:13:08 donc s'ils n'ont pas été punis,
01:13:09 s'ils n'ont pas pris la République en pleine tronche,
01:13:12 ils voulaient qu'ils transmettent quoi ?
01:13:14 Et on a un impensé là-dessus qui est effrayant
01:13:16 parce que non seulement les parents,
01:13:17 c'est pas qu'ils sont dépassés, c'est pas qu'ils s'en foutent,
01:13:20 c'est qu'aujourd'hui, ils participent à la violence de leur enfant.
01:13:23 C'est ça qui est effrayant, mais pas que dans cette mère.
01:13:25 L'enquête doit vraiment nous dire pourquoi elle a porté des coups.
01:13:29 Pas dans cette mère-là, mais dans d'autres affaires encore plus récentes.
01:13:33 C'est la confirmation que les parents participaient à la violence.
01:13:36 Et donc là, on commence à dire
01:13:39 "oui, on va interdire les allocations et puis on va peut-être sanctionner".
01:13:42 Il y a un article de loi qui existe déjà, l'article 217-17,
01:13:45 qui peut sanctionner très fermement un parent
01:13:47 qui se soustrait à ses responsabilités.
01:13:49 Il n'a jamais été appliqué cet article-là.
01:13:51 Donc ce n'est pas la répression la question ?
01:13:53 Non, on veut que la loi soit appliquée déjà.
01:13:55 Maître Bouvier, revoir le code de justice des pénales des mineurs,
01:14:01 déployer des budgets pour des centres d'éducation fermés
01:14:04 ou à défaut peut-être expulser les 25% de prisonniers étrangers
01:14:08 qui n'ont rien à faire dans nos prisons.
01:14:10 Peut-être que ça permettrait, sur le volet répressif déjà,
01:14:13 d'y voir un petit peu plus clair ?
01:14:14 Effectivement, il y a un problème avec les textes, ça c'est une évidence,
01:14:18 mais il y a aussi un problème avec les institutions.
01:14:21 C'est-à-dire que là, on ne peut que se réjouir qu'il y ait autant de personnes
01:14:25 qui soient présentes pour cette marche blanche pour Matisse.
01:14:28 C'est terrible, le mal est fait.
01:14:30 C'est une cérémonie d'hommage.
01:14:32 C'est une cérémonie d'hommage, mais il y a beaucoup de personnes
01:14:34 qui se sont mobilisées, donc beaucoup de personnes qui ont été touchées.
01:14:37 Et j'aimerais justement que ces personnes-là sachent,
01:14:40 parce qu'il y a un outil qui est méconnu,
01:14:43 qui est prévu dans le Code de l'action sociale et des familles,
01:14:46 qui s'appelle l'information préoccupante.
01:14:48 L'information préoccupante, elle permet à n'importe qui,
01:14:52 un particulier, l'école, un médecin, les policiers,
01:14:55 peu importe, de prévenir si un enfant ou un adolescent
01:14:59 semble en danger physique ou psychologique,
01:15:02 ou peut causer des dommages physiques ou psychologiques
01:15:04 contre quelqu'un d'autre.
01:15:05 Or, ici, dans l'hypothèse de Matisse, tout le monde savait.
01:15:09 Cet enfant-là, on savait très bien qu'il était en difficulté scolaire.
01:15:14 La police intervenait régulièrement chez lui.
01:15:16 - L'agresseur, vous parlez ? - L'agresseur, oui.
01:15:18 La police intervenait régulièrement chez lui.
01:15:20 Il était en difficulté scolaire.
01:15:21 - Il a été interpellé deux fois, les mois qui ont précédé
01:15:23 le meurtre de Matisse.
01:15:24 - Il avait été interpellé. Il faisait peur.
01:15:26 Il y a plusieurs témoignages de personnes qui ont expliqué
01:15:31 qu'ils le côtoyaient dans le quartier et qu'ils avaient peur de lui.
01:15:33 Et il faut que, justement, ces personnes-là,
01:15:36 ces personnes qui sont à cette cérémonie d'hommage,
01:15:38 savent qu'ils peuvent éviter d'autres drames en appelant...
01:15:42 - Vous savez, la mère de Samara, à Montpellier,
01:15:46 pensait pouvoir éviter un drame en prévenant le lycée
01:15:48 qu'il ne fallait pas laisser sortir sa fille.
01:15:50 - Là, ce n'est pas le lycée, c'est le département.
01:15:51 C'est ce qu'on appelle la CRIP.
01:15:52 C'est le Service d'Information Préoccupante.
01:15:54 Et il faut appeler le 119.
01:15:56 Et le 119 permet ensuite de pouvoir...
01:15:59 - Comment ça se fait que je n'ai jamais entendu parler de ce numéro ?
01:16:01 - Parce qu'on n'en parle pas, justement.
01:16:02 - Mais oui, mais c'est...
01:16:03 - Ça permet de mener une enquête sociale.
01:16:05 Le procureur peut ensuite en saisir.
01:16:06 Saisir le juge des enfants.
01:16:08 Et le juge des enfants peut placer un enfant...
01:16:10 - À partir du moment où vous saisissez, vous passez le 119.
01:16:12 - Mais il a fallu vite.
01:16:13 Non, au contraire...
01:16:14 - Et le moment où le juge l'a saisi,
01:16:15 je pense que le gamin a le temps de planter quelques coups de couteau.
01:16:17 - Vous êtes une bonne avocate.
01:16:18 Et donc, vous pensez que...
01:16:20 Evidemment, le droit va pouvoir résoudre tous les problèmes.
01:16:22 Et vous avez raison, il faudrait fonctionner.
01:16:24 Mais simplement, on a de plus en plus souvent à faire.
01:16:27 - Non, là, ce n'est pas le droit.
01:16:28 - À une violence, pardon.
01:16:29 - Écoutez-vous, écoutez-vous.
01:16:30 - Qui relève d'un conflit quasiment anthropologique,
01:16:33 d'un conflit de valeurs.
01:16:35 C'est-à-dire, dans le cas, par exemple,
01:16:38 les deux agresseurs de Shem Sedin.
01:16:41 Tu as parlé à ma sœur.
01:16:43 - Aviré Châtillon.
01:16:44 - Qu'est-ce que le droit peut faire ?
01:16:46 En réalité, par exemple, dans le cas de l'agresseur de Matisse,
01:16:51 je pense qu'il y a un moment, il ne faut pas laisser entrer.
01:16:55 On a déjà une violence ici, sur notre territoire.
01:16:58 Ça ne me paraît pas utile de laisser entrer des gens,
01:17:00 si vous voulez, dont les systèmes de valeurs
01:17:02 et les systèmes anthropologiques sont si éloignés des nôtres.
01:17:05 Et votre 119, c'est certainement super.
01:17:07 - Mais vous rejoignez ce que je dis.
01:17:09 - Rejoins, je rajoute.
01:17:11 - Pour ne pas, justement, pour éviter ce genre de choses,
01:17:14 pour éviter ce genre de drame,
01:17:16 pour alerter les autorités sur ce type de personnages
01:17:20 comme les agresseurs de Shem Sedin,
01:17:21 comme les agresseurs de Matisse, etc.
01:17:23 Il faut que nous nous responsabilisions tous.
01:17:26 - On arrête de les faire entrer.
01:17:27 - On arrête de les faire entrer.
01:17:28 - Il y a des choses à revoir, peut-être.
01:17:29 - Je veux juste faire un point,
01:17:30 c'est que les informations préoccupantes,
01:17:31 elles sont anonymes.
01:17:32 C'est-à-dire qu'on peut faire une information préoccupante
01:17:34 et votre nom ne sera pas nécessairement...
01:17:36 - On peut parler du tout répressif,
01:17:38 d'une justice qui doit peut-être
01:17:40 sanctionner plus fermement, plus rapidement.
01:17:43 - On peut parler d'immigration.
01:17:44 - Mais qu'est-ce qu'on propose politiquement
01:17:46 pour éviter que la jeunesse nous échappe durablement ?
01:17:49 Philippe ?
01:17:50 - La question de l'intégration.
01:17:51 - Oui.
01:17:52 - Parce que les personnes dont on parle,
01:17:56 et dont tu parles, Elisabeth,
01:17:58 elles sont arrivées pas hier matin, en France,
01:18:00 elles sont arrivées il y a 15 ans,
01:18:02 il y a 20 ans, il y a 30 ans.
01:18:04 - La famille du Chechen, là, oui ?
01:18:06 - Et qu'on a raté...
01:18:07 - Le Chechen, de l'Afghanistan.
01:18:09 - Ils sont arrivés en 2004.
01:18:11 - J'ai bien essayé de finir ma réponse.
01:18:12 - 2014.
01:18:13 - Et qu'on a raté la prise en charge,
01:18:17 la politique d'intégration et d'assimilation.
01:18:20 En général, ça se fait en deux temps,
01:18:21 l'intégration puis l'assimilation.
01:18:23 Et tout ça, on l'a raté.
01:18:25 Donc, je suis d'accord qu'on est dans un pays
01:18:29 où nos capacités d'intégration étant à ce point infaiblies,
01:18:33 la quantité de personnes qu'on accueille,
01:18:36 et bien une vraie question que je n'évacue absolument pas.
01:18:40 Je pense même qu'il faut la réduire.
01:18:42 Je pense que zéro immigration, ça n'a pas de sens,
01:18:44 mais qu'il faudrait la réduire.
01:18:46 Il n'empêche qu'au-delà de cette question tout à fait légitime,
01:18:49 la question de l'intégration et puis de l'assimilation
01:18:53 de ces familles qui, comme tu le dis,
01:18:55 viennent de pays, de cultures, de religions...
01:18:59 - Et d'anthropologie.
01:19:01 - Et d'anthropologie, qui leur fait avoir une vision du monde,
01:19:04 une vision des rapports entre les hommes et les femmes,
01:19:06 entre autres, en particulier, tout à fait différente,
01:19:10 devrait nous mobiliser, parce que de toute façon,
01:19:12 il y en a qui sont là et qui sont français.
01:19:14 Il va bien falloir qu'on trouve une solution
01:19:16 pour les intégrer et les assimiler.
01:19:18 - On a tous les deux raison.
01:19:19 - En tout cas, ces images sont particulières à la mouvemente
01:19:22 et je repense à ce père qu'on a entendu dans les médias
01:19:25 ces derniers jours et qui s'est montré particulièrement digne,
01:19:28 qui a eu des mots extrêmement émouvants également,
01:19:32 et cette famille qui pleure ce soir encore, bien sûr,
01:19:35 Mathis, à qui ce bel hommage a été rendu aujourd'hui.
01:19:39 Il nous reste 4-5 minutes.
01:19:41 Je ne voulais pas qu'on se quitte sur quelque chose
01:19:43 d'aussi dramatique et qu'on finisse avec un sujet
01:19:46 que j'allais qualifier d'un peu plus léger.
01:19:48 - Le PSG ?
01:19:49 - Non, non, non, je voulais parler d'Elisabeth Badinter,
01:19:51 qui signe ce bouquin-là, qui est sur le point de sortir
01:19:54 et qui est sorti il y a quelques jours.
01:19:56 - Encore un effort.
01:19:57 - Messieurs, encore un effort.
01:19:58 Les mots ne sont pas signés Sandrine Rousseau,
01:20:01 ils sont bien signés d'Elisabeth Badinter.
01:20:03 Être mère n'a jamais été aussi difficile,
01:20:05 estime-t-elle dans ce livre.
01:20:06 Elle appelle à une meilleure répartition des tâches
01:20:08 entre les hommes et les femmes.
01:20:09 Elle s'inquiète aussi des conséquences
01:20:11 de la chute de la démographie.
01:20:12 Je vous donne un extrait.
01:20:14 Faire un bébé aujourd'hui.
01:20:16 Non, plutôt un extrait de son interview
01:20:17 qu'elle a donné à Radio France ces dernières heures.
01:20:19 Faire un bébé aujourd'hui, c'est accepter
01:20:22 une moindre rémunération, tout en assumant
01:20:24 les contraintes de la double journée.
01:20:26 C'est supporter bien davantage que le père
01:20:29 le poids psychologique de la parentalité.
01:20:32 Tant que cet effort ne sera pas achevé,
01:20:34 je crois que les femmes seront de plus en plus réticentes
01:20:36 à faire plus d'enfants qu'elles n'en faut aujourd'hui,
01:20:39 estime donc madame Badinter,
01:20:40 qui aborde longuement dans son livre
01:20:42 la chute de la démographie,
01:20:43 notamment dans notre pays.
01:20:46 Qu'est-ce qui vous fait autant froncer les sourcils ?
01:20:48 On dirait que les femmes font des enfants toutes seules.
01:20:50 On dirait que les décisions de faire des enfants
01:20:52 ou de ne pas en faire,
01:20:53 est uniquement une décision des femmes
01:20:55 et qu'elle n'aurait donc pas raison.
01:20:57 Ce qu'elle dit, c'est que les femmes ne sont pas assez aidées
01:21:01 et que donc faire un enfant,
01:21:03 c'est finalement une forme de double charge de travail
01:21:06 et de charge mentale.
01:21:07 J'aime beaucoup Elisabeth Badinter.
01:21:09 Moi aussi, mais là je la reconnais assez peu.
01:21:11 Avant de critiquer ses propos,
01:21:13 je vais lire son livre.
01:21:15 En gros, ce qu'elle nous dit,
01:21:17 si je résume en une phrase,
01:21:18 être mère n'a jamais été aussi difficile.
01:21:21 On aime beaucoup Elisabeth Badinter,
01:21:23 mais je trouve qu'elle exagère un petit peu.
01:21:24 Elle a raison de dire que c'est difficile d'être mère.
01:21:27 Elle a raison, mais ce n'est pas pour ces raisons.
01:21:29 Parce que le problème, c'est qu'aujourd'hui,
01:21:31 quand vous avez 30-40 ans et que vous voulez être mère,
01:21:33 vous êtes coincé entre deux...
01:21:36 On vous impose deux choses.
01:21:38 On vous dit qu'il faut être une femme libre
01:21:39 et donc il faut travailler.
01:21:40 En même temps, il faut être une mère.
01:21:41 Sauf que c'est compliqué de faire les deux.
01:21:42 Et si vous êtes une mère, on vous dit
01:21:43 que vous n'êtes pas libre,
01:21:44 que vous êtes soumis au patriarcat.
01:21:45 Et inversement.
01:21:46 - C'est possible de le faire les deux, non ?
01:21:48 - Évidemment que c'est possible,
01:21:49 mais la société ne le pense pas comme ça.
01:21:50 - C'est possible, mais c'est difficile.
01:21:51 - On vous dit que c'est difficile.
01:21:53 - Ma mère a travaillé toute sa vie,
01:21:55 toutes nos mères ont fait la peinture.
01:21:57 - Je ne dis pas que ce n'est pas possible,
01:21:58 je dis que c'est compliqué d'être mère aujourd'hui,
01:21:59 pas d'un point de vue financier,
01:22:00 mais d'un point de vue aussi social.
01:22:01 Vous êtes dans un dîner,
01:22:02 la mère au foyer,
01:22:03 personne ne lui pose des questions.
01:22:04 Elle n'existe pas.
01:22:05 Donc l'injonction c'est,
01:22:06 il faut que tu travailles,
01:22:07 il faut être libre.
01:22:08 C'est ce que nous a sorti
01:22:09 les néo-féministes pendant 30 ans.
01:22:10 Et aujourd'hui c'est très compliqué.
01:22:11 Non, parce que 31/3 des femmes
01:22:13 souhaiteraient être mère au foyer.
01:22:14 Elles ne peuvent pas pour des raisons économiques,
01:22:16 elles ne peuvent pas pour des raisons sociales.
01:22:18 Et aujourd'hui de dire que le père
01:22:20 ne participe plus,
01:22:22 il faudra peut-être arrêter de fréquenter
01:22:24 les gens de sa génération,
01:22:26 et aller voir ce que font les gens
01:22:27 de l'âge de son petit-fils par exemple.
01:22:29 Parce qu'aujourd'hui,
01:22:30 je vous promets que les pères,
01:22:31 ils changent les couches,
01:22:32 ils font la même chose.
01:22:33 Et la répartition des tâches,
01:22:34 non, c'est bien sûr, évidemment.
01:22:36 Et la répartition des tâches,
01:22:37 elle existe.
01:22:38 Alors c'est surtout Maître Bouvier
01:22:39 qui a demandé la parole dans un premier temps.
01:22:41 Ah, Maître Bouvier a changé.
01:22:43 Allez-y, alors Alice et Philippe,
01:22:45 je vous promets que vous êtes le suivant.
01:22:46 Merci Julien, tout à fait.
01:22:47 J'aime aussi beaucoup Elisabeth Badinter,
01:22:49 mais c'est vrai que là,
01:22:50 elle force le trait.
01:22:51 La question n'est pas simplement
01:22:53 la question des hommes
01:22:54 qui n'aideraient pas assez leurs femmes
01:22:55 dans les tâches ménagères.
01:22:56 Je vais vous donner l'exemple des avocates,
01:22:59 que j'en connais beaucoup.
01:23:01 Le problème avec les avocates,
01:23:03 c'est qu'on n'a pas de contrat de travail
01:23:05 quand on est dans un cabinet.
01:23:08 On a un statut de collaborateur,
01:23:09 donc un statut indépendant.
01:23:10 Il y a énormément...
01:23:11 Mais la question n'est pas le travail de ces dames,
01:23:13 mais est-ce que les hommes font assez d'efforts
01:23:15 pour que ces dames puissent...
01:23:16 C'est pas la question.
01:23:17 C'est qu'il faudrait qu'on ait une problématique ici
01:23:19 qui est sociale, qui est économique,
01:23:20 et qui est culturelle.
01:23:21 On a quand même 50 ans,
01:23:22 les choses vont changer.
01:23:23 Et donc, par conséquent,
01:23:24 ce qu'il faudrait aussi,
01:23:25 c'est permettre à ces femmes
01:23:26 de pouvoir travailler aussi
01:23:28 sans se faire entendre dire
01:23:30 "J'espère que vous ne ferez pas d'enfants
01:23:32 dans les trois prochaines années,
01:23:33 parce que sinon, vous virez du cabinet."
01:23:34 - Ça existe encore, ça ?
01:23:35 - Oui, je vous assure que ça existe encore.
01:23:37 - D'accord.
01:23:38 Je ne peux que m'incliner.
01:23:39 Par définition, je n'ai jamais vécu ça.
01:23:42 - Je voulais souligner en réponse à Arthur
01:23:44 que le fait que les femmes travaillent
01:23:46 et aient leur indépendance économique
01:23:48 est un énorme progrès.
01:23:49 - Oui.
01:23:50 - Merci.
01:23:51 - Mais c'est pas le sujet !
01:23:52 - Vous avez mille fois raison,
01:23:53 mais c'est pas le sujet.
01:23:54 - Enfin !
01:23:55 - J'ai pas dit le contraire.
01:23:56 - Excusez-moi, c'était un peu le sujet
01:23:57 dans ce que disait Arthur.
01:23:58 - Non, j'ai pas dit le contraire.
01:24:00 - Et que l'idéal de la femme au foyer,
01:24:02 moi j'ai connu ça dans ma prime enfance,
01:24:04 donc il y a quelques années maintenant,
01:24:05 je ne suis vraiment pas sûr que ça soit le bon modèle.
01:24:07 - C'est pas que la femme veut rester au foyer.
01:24:09 - Je pense que c'est pas le bon modèle.
01:24:12 - J'ai pas dit le bon modèle,
01:24:13 j'ai dit qu'il y a une demande.
01:24:14 - Je pense que c'est un mauvais modèle.
01:24:15 - Le mode là fait un attendu vert.
01:24:17 - Et donc, à partir de là,
01:24:19 effectivement, dans ces conditions,
01:24:21 c'est pas la grossesse,
01:24:22 tout ça est plus facile aujourd'hui
01:24:24 qu'il y a 50, 60, 70 ans.
01:24:26 - La question c'est,
01:24:27 est-ce que les hommes en font assez aujourd'hui en 2024 ?
01:24:29 - Mais en revanche,
01:24:30 ça suppose de revoir les conditions
01:24:32 à partir du moment où les femmes
01:24:33 ont cette indépendance économique et ce travail.
01:24:35 - Allez, vous avez 50 secondes Nathan.
01:24:37 - En 50 secondes,
01:24:39 je suis complètement d'accord avec Elisabeth Badinter
01:24:41 sur le constat de l'inégalité de la répartition
01:24:44 dans les couples, sur les enfants.
01:24:45 - Ah bon ?
01:24:46 - Je suis pas d'accord en revanche,
01:24:47 enfin je suis pas sûr d'être d'accord
01:24:48 - Vous avez 30 secondes.
01:24:49 - sur quand elle dit que c'est la raison
01:24:50 pour laquelle il y a moins d'enfants.
01:24:52 Je pense que globalement,
01:24:54 il y a une tendance aujourd'hui dans nos sociétés
01:24:56 à avoir de moins en moins,
01:24:58 enfin pas tout le monde,
01:24:59 mais le désir ou de plus en plus l'interrogation,
01:25:01 le vrai questionnement,
01:25:03 de se dire "est-ce que j'ai envie d'avoir une vie
01:25:05 où je veux des enfants ?"
01:25:06 Et je pense que là-dedans,
01:25:07 il y a plein de causes,
01:25:08 il y a des causes très concrètes, matérielles,
01:25:10 je veux dire aujourd'hui,
01:25:11 la première chose qu'on se dit quand on veut un enfant,
01:25:12 c'est le logement.
01:25:13 Ça va être un cauchemar du point de vue de l'appart,
01:25:15 surtout quand on est urbain,
01:25:16 mais il y a peut-être aussi des causes
01:25:17 dans le rapport à l'avenir,
01:25:18 dans le rapport à la transmission,
01:25:20 dans le rapport à l'éternité,
01:25:21 dans la baisse du religieux.
01:25:22 Bref, je pense que c'est pas que ça
01:25:23 qui explique le recul de la démographie.
01:25:26 - Il est 22h52, passé de 36 secondes,
01:25:29 chère Élisabeth Lévy,
01:25:30 il est l'heure de vous remercier,
01:25:32 de vous proposer d'aller lire
01:25:33 le livre d'Élisabeth Vannenter,
01:25:34 pourquoi pas ?
01:25:35 - Non, non, je vais regarder le match !
01:25:36 - Il est fini le match !
01:25:37 - En replay, même moi je sais que ça existe !
01:25:39 - C'est le score, quel intérêt !
01:25:41 Vous allez vous en servir du replay ?
01:25:42 - Oui, oui !
01:25:43 - C'est bon !
01:25:44 - Ça c'est le mauvais coup du sans soirée !
01:25:47 - Je vais vous demander pardon
01:25:48 parce que ça peut finir au tribunal cette affaire !
01:25:50 - Il a vraiment envie !
01:25:51 - Merci beaucoup à Jeanne Roger
01:25:52 qui a préparé cette émission,
01:25:53 Maxime Ferre, Coralie de Leplace,
01:25:55 merci aux téléspectateurs de nous avoir suivis
01:25:57 pour Paris, ce sera l'année prochaine,
01:25:59 on va dire ça comme ça.
01:26:00 Merci et à demain pour Soir Info,
01:26:01 l'édition de la nuit est à suivre.
01:26:03 *Rire*
01:26:05 *Bruit de pet*