• il y a 7 mois
Le directeur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, Nicolas Pouvreau-Monti, était l’invité de La Matinale, ce jeudi 2 mai, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur l’augmentation du nombre de camps de migrants à Paris : «Il y a des associations pour qui le fait d’avoir des campements en centre-ville, c’est la garantie d’une attention politique, d’une visibilité médiatique et la garantie de porter un combat qui est favorable à l’abolition des frontières. Le nombre de première demande d’asile en France est aujourd’hui supérieur de 245% à ce qu’il était à la fin des années 2000».

Category

🗞
News
Transcription
00:00Parfois, ces camps de migrants sont aussi une aubaine parce que c'est un enjeu de visibilité politique forte pour eux.
00:04Ils ont une démarche militante.
00:06On sait qu'il y a des associations qui distribuent des tentes.
00:08Typiquement, je ne sais pas ce qu'il en est sur le cas du Pont-Marie,
00:10mais les campements qui sont restés longtemps près de la place de la République, par exemple,
00:14étaient, si je puis dire, subventionnés logistiquement par ces associations.
00:19Ça, c'est très important.
00:20Ces quartiers des grandes villes, certains en tout cas, ont des allures de bidonville.
00:25Mais c'est organisé par les associations pro-migrants ?
00:28Alors, tout n'est pas organisé.
00:30Il y a des aspects spontanés.
00:32C'est-à-dire qu'il y a des regroupements de migrants parce qu'il y a déjà des gens sur place.
00:35Donc, phénomène de diaspora, on attire, on va rejoindre les gens avec qui on est arrivé en France.
00:39Mais ensuite, oui, il y a des associations qui distribuent des tentes
00:41et des associations pour qui le fait d'avoir des campements en centre-ville,
00:44c'est la garantie d'une attention politique, c'est la garantie d'une visibilité médiatique
00:48et c'est la garantie pour elles de porter un combat qui est globalement favorable à l'abolition des frontières,
00:53puisque c'est porté comme tel par un certain nombre de ces associations,
00:55y compris parmi les moins idéologiques en apparence.
00:59Je pense à l'ACIMAD, qui est une association qui a reçu
01:01près de 8 millions de subventions et concours publics en 2021
01:04et qui dit dans sa communication publique que les frontières tuent.
01:07Donc, au-delà de la démarche humanitaire ou caritative,
01:10il y a une dimension éminemment politique dans l'action d'une part de ces associations.
01:13Oui. Cette politique de répartition des migrants dans toute la France,
01:17enfin, sauf en Corse et dans les Hauts-de-France donc,
01:19elle va s'arrêter après les Jeux olympiques ?
01:23Alors, en tout cas, pour ce qui a trait aux dispositifs des SASS d'accueil temporaire régionaux,
01:26à ce stade, il est censé se terminer à la fin 2024, donc après les JO.
01:31Il est possible qu'il soit prolongé,
01:33mais la situation et le problème perdura parce qu'en réalité,
01:36l'État court en mettant toujours plus de moyens
01:39pour faire face aux questions posées par une accélération migratoire qui est toujours plus rapide.
01:44Les solutions après ces SASS, j'évoquais les dispositifs d'accueil des demandeurs d'asile,
01:47mais on est structurellement saturé, y compris pour cette solution majoritaire
01:51que prennent les migrants après les SASS.
01:53Et pourquoi on est saturé ?
01:54Parce que le nombre de premières demandes d'asile en France
01:57est aujourd'hui supérieur de 245% à ce qu'il était à la fin des années 2000,
02:00parce que la France a accueilli plus d'un million de premières demandes d'asile depuis 2013.
02:04Donc, en réalité, on se contente de gérer en aval ce qu'il faudrait gérer en amont
02:08en faisant en sorte de tarir ces flux-là.
02:10Et pour ça, il y a différents moyens d'action.
02:12Il y a des actions à très court terme, jouées sur l'attractivité sociale
02:15et des actions de plus long terme structurelles où là,
02:17il faudra sans doute réviser un certain nombre de traités sur l'asile,
02:20sur la libre circulation en Europe.
02:22Mais il s'agit d'agir en amont plutôt que de gérer comme on peut des conséquences délétères.
02:24Oui.
02:25Qu'est-ce que se disent les autorités en envoyant des migrants à travers tout le pays ?
02:33Ce sont des individus qui, au final, vont s'intégrer, s'installer, commencer à travailler.
02:39Qu'est-ce qu'ils ont en tête comme projet ?
02:41Il y a cette idée, d'abord, que les capacités d'accueil de la région parisienne sont saturées
02:45parce que la flux migratoire a tendance à se concentrer sur Paris et l'Île-de-France.
02:49Et oui, il y a aussi cette idée que l'intégration pourra se faire plus facilement
02:51dans des régions moins concernées.
02:54Ça reste à prouver.
02:55La trajectoire d'intégration des réfugiés hors Île-de-France,
02:57elle n'est pas fondamentalement meilleure.
03:00Les difficultés ensuite de placement en rétention administrative
03:03et de renvoi de ceux de ces étrangers qui sont en situation irrégulière,
03:05qui font l'objet d'une OQTF,
03:07ne sont pas forcément meilleures hors d'Île-de-France qu'en Île-de-France.
03:10Donc, en réalité, on cherche à crever un abcès qui, là aussi,
03:12est un abcès politique, médiatique.
03:14Ça se voit dès qu'on rentre en Paris.
03:15On se dit qu'en ouvrant ces sas parfois dans des toutes petites villes de province,
03:19ça se verra moins.
03:20Mais diluer le problème, ça ne revient hélas pas à le résoudre.

Recommandations