Ça vous regarde - Folle semaine de campagne : les jeux sont-ils faits ?

  • il y a 3 mois
Grand témoin : Najat Vallaud-Belkacem, directrice générale de « One » et Présidente de « France Terre d'asile »

GRAND DÉBAT / Folle semaine de campagne : les jeux sont-ils faits ?

« Le récap » par Bruno Donnet

La participation sera un enjeu clé des prochaines élections législatives : 64% des Français comptent en effet se rendre aux urnes, soit 16,5 points de plus qu'en 2022 (sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro paru le 21 juin 2024). La campagne brève et de grande intensité mobilise les électeurs, confrontés à trois offres bien distinctes. Elles sont incarnées par deux figures qui personnifient la campagne : Jordan Bardella pour le Rassemblement national et Gabriel Attal pour la majorité présidentielle, tandis que la gauche tarde à désigner sa tête d'affiche. Alors que la Macronie espère toujours un sursaut des Français « par crainte des extrêmes », le Nouveau Front populaire pourrait bénéficier d'un regain de mobilisation de la jeunesse. Le RN aussi pourrait en profiter, le parti lepéniste ayant connu une diversification sociologique importante de son électorat. Assez pour obtenir une majorité absolue à l'Assemblée le 7 juillet prochain, et ainsi propulser Jordan Bardella à Matignon ?

Invités :
- Jean-Sébastien Ferjou, fondateur du site d'information « Atlantico »,
- Stewart Chau, directeur d'études chez Verian,
- Catherine Tricot, directrice des éditions de la revue « Regards »,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- « Campagne express » : Stéphanie Dépierre, journaliste LCP.

GRAND ENTRETIEN / Najat Vallaud-Belkacem : l'inquiétude humanitaire concernant le programme du RN

En interview sur « France Inter », Najat Vallaud-Belkacem s'est exprimée au sujet des législatives et de la montée de l'extrême droite, expliquant que la société française se trouvait « à un moment où l'essence des choses se joue ». L'ancienne ministre de l'Éducation nationale a critiqué la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale à la suite des résultats des élections européennes. Elle estime qu'il ne serait plus en mesure de faire barrage à l'extrême droite. Comment Najat Vallaud-Belkacem évalue-t-elle la possibilité d'une victoire de la gauche face à un « Rassemblement national » en tête des sondages ?

Grand témoin : Najat Vallaud-Belkacem, directrice générale de « One » et Présidente de « France Terre d'asile »

LES AFFRANCHIES

- Léa Falco, co-fondatrice de « Construire l'écologie »,
- Mariette Darrigrand, sémiologue.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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00:00:00...
00:00:06Bonsoir et bienvenue.
00:00:07Très heureuse de vous retrouver dans Savourgarde.
00:00:10Le cri d'alarme des acteurs de la solidarité.
00:00:13Bonsoir, Najat Vallaud-Belkacem.
00:00:15Merci d'être notre grand témoin ce soir.
00:00:17Femme de gauche, socialiste, ancienne ministre,
00:00:20vous dirigez l'association France Terre d'asile
00:00:23qui appelle à faire barrage à l'extrême droite.
00:00:25On va parler des conséquences d'une victoire de Jordan Bardella
00:00:29pour les réfugiés et les migrants que vous accompagnez
00:00:32et de ce nouveau front populaire que vous soutenez.
00:00:35Alliance contre nature ou pas ?
00:00:36Vous nous le direz dans notre entretien.
00:00:39Mais d'abord, on va faire le bilan ce soir
00:00:41de cette première folle semaine de campagne.
00:00:44Le RN confirme sa domination.
00:00:47Le nouveau front populaire poursuit sa progression.
00:00:50Le camp présidentiel refait un peu son retard.
00:00:53Les candidats sont entrés dans le dur.
00:00:55Projet contre projet, à 8 jours du premier tour.
00:00:57Les dés sont-ils jetés ?
00:00:59Grand décryptage avec mes invités dans un instant.
00:01:02Enfin, nos affranchis ce soir.
00:01:05Où est passée l'écologie dans cette campagne ?
00:01:07C'est la question de Léa Falco, le mot de la semaine de Mariette Darré-Grand
00:01:11et votre nouveau rendez-vous, campagne express Stéphanie Despierre.
00:01:15Voilà pour le sommaire.
00:01:16Allez, ça vous regarde, top générique.
00:01:28Pouf.
00:01:30Les lignes commencent donc à bouger dans cette campagne éclair,
00:01:34une campagne ultra intense, ultra polarisée,
00:01:37ultra personnalisée, aussi, Bardella, Attal, Mélenchon,
00:01:40même si ce dernier n'est pas l'incarnation du front populaire.
00:01:45Une bataille qui peut ramener dans l'isoloir
00:01:48des Français qui sont loin de la politique.
00:01:50Alors, à qui ce retour aux urnes va-t-il profiter ?
00:01:53La stratégie du président de la République peut-elle encore fonctionner ?
00:01:57Assistez, tout simplement, à la fin du macronisme.
00:02:01On va faire un bilan d'étapes avec mes invités.
00:02:04Bonsoir, Stuart Shaw. Merci d'être avec nous.
00:02:06Vous dirigez les études de l'Institut Vérian.
00:02:09Bonsoir, Catherine Tricot.
00:02:11Bienvenue à vous, directrice des éditions de la revue Regards.
00:02:14Bonsoir, Jean-Sébastien Ferjou.
00:02:16Ravie de vous retrouver, fondateur du site d'information Atlotico.
00:02:20Et bonsoir, Elsa Mondingava, ma consoeur d'LCP,
00:02:23en charge du suivi du camp présidentiel dans cette campagne.
00:02:27Najat Vallaud-Belkacem intervient quand vous le souhaitez.
00:02:30On rembobine pour commencer les temps forts de cette campagne
00:02:33sur tous les fronts avec Bruno Renet.
00:02:35Donnet, dans son récap, tout de suite.
00:02:37Musique rythmée
00:02:40...
00:02:46Bonsoir, Bruno Donnet.
00:02:47Bonsoir, Myriam.
00:02:48Retour sur une folle semaine de campagne
00:02:51qui vous a mis la tête à l'envers.
00:02:53En l'espace d'une semaine, tous mes repères ont explosé en vol.
00:02:57Des mots de tête, j'en ai observé sur absolument tous les fronts.
00:03:00Dans la majorité, d'abord, on croyait qu'Edouard Philippe
00:03:03se préparait tranquillement pour 2027.
00:03:06Et qu'en attendant, il ne s'en prendrait jamais
00:03:08à Emmanuel Macron, tout ça, c'est du passé.
00:03:11C'est le président qui a tué la majorité présidentielle.
00:03:14Il l'a dissous. C'est pas moi qui suis parti,
00:03:17c'est pas les frondeurs ou défrondeurs qui l'ont énervé.
00:03:20Il aurait pu ne pas la tuer.
00:03:22Il a décidé de la dissous. On passe à autre chose.
00:03:24Edouard Philippe en a par-dessus la tête,
00:03:27mais il n'est pas le seul.
00:03:28Les supporters de la majorité aussi.
00:03:31Vous, vous êtes bien,
00:03:32mais il faudra dire au président qu'il ferme sa gueule.
00:03:35C'est tout. Le président, c'est lui qui nous fout dans la merde.
00:03:39Allons bon.
00:03:40Quant à Emmanuel Macron lui-même,
00:03:42on pensait jusqu'ici que son principal adversaire,
00:03:45c'était l'extrême droite. Pas du tout.
00:03:47Ceux qui lui prennent le plus la tête, c'est le Front populaire.
00:03:51Et de l'autre côté, à l'extrême gauche,
00:03:53c'est 4 fois pire en termes de coûts.
00:03:55Il n'y a plus de laïcité.
00:03:57Ils reviennent sur les lois d'immigration
00:03:59qu'on a faites et qu'on doit mettre en oeuvre.
00:04:02Il y a des choses ubuesques,
00:04:04comme l'échange de sexe en mairie.
00:04:06Bon.
00:04:08Alors, quel est le panorama de la semaine à gauche, maintenant ?
00:04:12A gauche, ils avaient la tête un peu près du bonnet.
00:04:15Jean-Luc Mélenchon a profité de la dissolution
00:04:18pour dissoudre tous les députés qui avaient osé lui tenir tête.
00:04:22Une attitude qui n'a pas du tout plu à François Ruffin,
00:04:25qui a décidé de rompre publiquement avec lui.
00:04:27Je veux dire mon plein soutien
00:04:30à mon camarade et ami Alexis Corbière.
00:04:33Mais le plus saisissant, c'est qu'en termes d'incarnation,
00:04:36le nouveau Front populaire refuse catégoriquement
00:04:39de se choisir une tête de gondole.
00:04:41Voilà pourquoi, dans les médias,
00:04:43la gauche a désormais la forme d'une hydre à plusieurs têtes.
00:04:47Manuel Bompard sera sur TF1.
00:04:49Olivier Faure sera sur France 2.
00:04:52Je m'occuperai du débat BFM TV, qui a lieu entre les deux tours.
00:04:56Le Parti communiste sera notre représentant au débat CNews.
00:04:59C'est comme ça que nous avons décidé de faire.
00:05:02Après la gauche et la majorité, vous nous parlez de la droite.
00:05:05La droite, Myriam, c'est un canard sans tête.
00:05:10Alerte, enlèvement, cette semaine.
00:05:12Elle a été totalement éclipsée par l'extrême droite.
00:05:15Jordan Bardella caracole toujours en tête des sondages,
00:05:18mais il a rétro-pédalé sur bon nombre de ses propositions.
00:05:21La plupart ne seront finalement pas appliquées avant 2026.
00:05:25Quand on hérite de la situation budgétaire
00:05:28de notre pays aujourd'hui,
00:05:30je suis contraint de dire aux Français
00:05:32que je vais devoir faire des choix.
00:05:34Enfin, Myriam, puisque vous me demandez des nouvelles de la droite,
00:05:38il faut que je vous dise un petit mot de la semaine médiatique.
00:05:41Au moment même où le journal Le Monde nous expliquait
00:05:45comment les médias du groupe Bolloré
00:05:47oeuvrent au rapprochement entre la droite et l'extrême droite,
00:05:50l'Europe 1 a choisi de transformer Cyril Hanouna
00:05:53en journaliste politique.
00:05:55François Hollande, pour moi,
00:05:56c'est quand même l'exemple même de la déchéance à gauche.
00:06:00Depuis lundi, il tient à la radio des propos
00:06:03presque aussi équilibrés que son collègue Pascal Praud.
00:06:06Les Français ont le sentiment, qui est sans doute vrai,
00:06:10que le LFI est un parti infréquentable et extrémiste
00:06:15et que le RN, c'est autre chose.
00:06:18Le problème, c'est qu'en quatre jours,
00:06:20Cyril Hanouna n'a reçu quasiment que des invités d'extrême droite.
00:06:24Éric Zemmour, Nicolas Dupont-Aignan, Marion Maréchal et j'en passe.
00:06:28L'Arc-com a donc déjà rappelé Europe 1
00:06:32à ses devoirs d'honnêteté et de pluralisme.
00:06:35L'émission s'intitule
00:06:36On marche sur la tête.
00:06:38La promesse y est donc scrupuleusement respectée.
00:06:41Merci beaucoup, Bruno, pour ce tour d'horizon
00:06:44de cet enfoir de la semaine.
00:06:46Je voudrais commencer par le sondeur que vous êtes,
00:06:49Chouard-Chaud. Je vais prendre un institut concurrent,
00:06:52si vous me le permettez, aujourd'hui,
00:06:54FOB pour le Figaro. Le RN perd un point,
00:06:56mais à 34 %. Il faut qu'on mesure
00:06:59quand même l'ampleur de ce vote-là,
00:07:01largement en tête des trois blocs.
00:07:03Le Nouveau Front Populaire, plus 3,
00:07:0629 %, et ensemble, donc, la majorité présidentielle sortante,
00:07:10plus 3 aussi, à 22 %.
00:07:12Le plus 3 de 22 % m'intéresse.
00:07:14Comment vous l'expliquez, cette petite remontée ?
00:07:17Déjà, il y a plusieurs choses.
00:07:19Les intentions de vote qui ont été faites
00:07:21avant ce jour-ci sont les intentions de vote
00:07:24qui ont été faites sur étiquette.
00:07:26On n'avait pas les listes réelles.
00:07:28Maintenant qu'on a les candidatures,
00:07:30je rentre un peu dans la technicité,
00:07:32mais ça a son importance aussi pour pouvoir lire correctement
00:07:35ces chiffres. Aujourd'hui, on a des intentions de vote
00:07:38qu'il faut faire très attention aux rapports de force
00:07:41qui sont évoqués, mais peut-être un peu plus fort
00:07:44et plus précis.
00:07:45On voit les mouvements d'électeurs dans ces plus 3 ?
00:07:48Ca peut participer à cette consolidation
00:07:50du socle électoral et de la majorité présidentielle,
00:07:53aussi parce qu'il y a un certain nombre d'électeurs
00:07:56qui ne s'étaient pas rendus aux urnes européennes
00:07:59qu'avait votées Emmanuel Macron,
00:08:01et qui semblent, là, peut-être mobiliser davantage
00:08:03sur les législatives au regard de l'enjeu.
00:08:06Encore une fois, ces progressions de quelques points,
00:08:09il faudra les voir sur quelques semaines,
00:08:11pas malheureusement quelques semaines,
00:08:13mais au moins quelques jours pour voir si ça se consolide.
00:08:17Mais plus on approche de l'échéance,
00:08:19plus les enjeux s'anclent et plus les électorats
00:08:21parviennent à se mobiliser.
00:08:23C'est peut-être la raison pour laquelle on voit
00:08:26ce frémissement de dynamique.
00:08:27Comment vous l'analysez, Jean-Sébastien Ferjou ?
00:08:30On utilise beaucoup l'argument de la peur
00:08:33dans cette campagne, dans tous les camps.
00:08:35C'est la peur de l'islamo-gauchisme,
00:08:37dit Marine Le Pen, qui doit mobiliser pour le RN.
00:08:40Le RN, c'est la peur des deux extrêmes,
00:08:43dit Emmanuel Macron,
00:08:44pour favoriser le Bloc central,
00:08:47et c'est la peur de l'extrême droite
00:08:49au pouvoir pour la gauche.
00:08:51La peur, ça marche ?
00:08:52Ca structure certainement une partie du champ politique,
00:08:55même si, après, les électeurs se déterminent
00:08:58quand même principalement aussi par rapport à ce qu'ils perçoivent
00:09:02des enjeux de leur vie à eux.
00:09:03Ceux qui se déterminent par rapport à la peur
00:09:06sont les moins engagés en politique, certainement.
00:09:09Pour la remontée du camp présidentiel,
00:09:11je pense que ça traduit le fait que le nouveau Front populaire,
00:09:14ça marche et ça ne marche pas sur le coeur de l'électorat de gauche
00:09:18et ça ne marche pas sur un électorat un peu plus de centre-gauche.
00:09:21C'est une espèce de triple suicide.
00:09:23Ils ont renoncé à leur arme fatale, l'intimidation,
00:09:26de pouvoir dire à la droite,
00:09:28respectez le champ républicain, ne votez jamais
00:09:31pour le RN, vu qu'eux se sont alliés
00:09:33à des gens parfaitement infréquentables,
00:09:35ils n'ont plus de légitimité à tenir cet argument-là.
00:09:38Ils ont jeté aux oubliettes leur culture économique,
00:09:41leur culture de gouvernement.
00:09:43Quand on regarde le programme du nouveau Front populaire,
00:09:46quand on a été François Hollande ou des socialistes
00:09:49et qu'on a essayé, avec Léonard Jospin,
00:09:51pendant le quinquennat de François Hollande,
00:09:54d'aller vers une sociale démocratie, voire du social-libéralisme,
00:09:57vous voyez que là, on est complètement ailleurs.
00:10:00Le troisième suicide, c'est le déni absolu
00:10:03sur la question de l'immigration.
00:10:04En décembre dernier, on le voyait,
00:10:07un triple suicide à 29 %, c'est pas la mort absolue pour l'instant.
00:10:10Oui, mais je vais vous dire ce qui a changé.
00:10:13Avant, dans un entre-deux-tours,
00:10:15vous aviez le RN qui pouvait être à 29, à 30,
00:10:17et il avait toutes les peines du monde
00:10:19à monter dans l'entre-deux-tours.
00:10:21Pour le deuxième tour, il avait de la peine.
00:10:23Là, c'est le nouveau Front populaire
00:10:25qui est dans cette situation.
00:10:27Il arrive à faire à peu près le plein au premier tour,
00:10:30mais il aura beaucoup de peine, justement,
00:10:32à aller jusqu'au deuxième, précisément parce qu'il lui manque
00:10:36une partie de cette électorat de centre-gauche.
00:10:38C'est important ce que dit Jean-Sébastien Perjoux,
00:10:41parce que c'est vrai que ce qui est inédit aussi,
00:10:44au-delà du niveau d'électeurs pour le Rassemblement national,
00:10:47c'est que c'est vrai qu'au deuxième tour,
00:10:50il y a un petit parti qui s'appelle Reconquête.
00:10:52C'est nouveau, ça fait pour la première fois
00:10:55des alliés sans compter peut-être les abstentionnistes
00:10:58et peut-être des électeurs de droite qui, dans un duel
00:11:01entre la gauche et le RN, pourraient préférer le RN.
00:11:04Écoutez, d'abord, ce sera 577 élections,
00:11:09donc le total ne veut tout dire et rien dire.
00:11:12C'est-à-dire qu'en fait, il y a combien de circonscriptions
00:11:15gagnables par la gauche, combien gagnables par l'extrême droite.
00:11:19C'est la première chose. La deuxième chose,
00:11:21c'est qu'en effet, pour les électeurs de gauche,
00:11:24mais pas seulement de gauche,
00:11:25il y a beaucoup de Français qui se rendent compte
00:11:28et qui en veulent beaucoup à Emmanuel Macron
00:11:30de nous avoir jetés dans cette incertitude immense
00:11:33de l'extrême droite au pouvoir en France.
00:11:35Ca n'a jamais eu lieu sur la base d'une élection.
00:11:38La seule fois où ça a eu lieu, ça a été en 39,
00:11:41après une défaite militaire.
00:11:43Il y a eu les pleins pouvoirs à Pétain,
00:11:45sachant que les Allemands étaient à Paris.
00:11:48C'est ça qui va se reproduire ? C'est ça qu'on veut ?
00:11:51Je crois qu'il peut y avoir...
00:11:53Non, non, non. C'est l'extrême droite,
00:11:56le RN, et directement un héritier du Front national
00:12:00qui a été créé par des gens qui ont soutenu
00:12:03le pétainisme.
00:12:04C'est la première chose.
00:12:06La deuxième chose, c'est qu'il n'y a pas eu de rupture
00:12:10dans cette continuité-là,
00:12:11parce que pour qu'il y ait une rupture,
00:12:14il faut encore travailler,
00:12:15il faut encore écrire des livres, faire des colloques,
00:12:18expliquer en quoi on a renoncé,
00:12:20ce que l'on a revu dans son socle théorique.
00:12:23Ce n'est pas le cas.
00:12:24Le RN n'a rien remis en cause de ce qui faisait le socle...
00:12:27Le Parti communiste non plus, du reste.
00:12:30Justement, Sébastien Fargehouz,
00:12:31c'est que là, en l'occurrence, vous vous trompez.
00:12:34Les communistes ont fait un travail de renoncement
00:12:37à tout un tas d'éléments de l'histoire et du socle
00:12:40de ce qui fut l'histoire de l'Union soviétique, en particulier.
00:12:44Cet équivalent n'existe pas au RN.
00:12:46Il n'y a pas eu ce travail de rupture
00:12:48avec l'idéologie raciste, xénophobe,
00:12:51qui est au fondement du RN.
00:12:53Quand elle explique que, je parle de Marine Le Pen,
00:12:56que la Shoah, c'est la pire des barbaries,
00:12:59que les mots du père sur le détail,
00:13:02ce sont des condamnations fermes,
00:13:04quand on voit qu'il y a encore des candidats,
00:13:06il faut le souligner, des investitures,
00:13:09avec des propos antisémites, qui sont présents,
00:13:12mais qui sont immédiatement exclus.
00:13:14Pour vous, ce travail-là...
00:13:15Ce n'est pas du travail, c'est du ripollinage.
00:13:18On cache les choses, on ne veut pas que ça se voie.
00:13:21Tout ce monde-là fait partie de l'écosystème.
00:13:23J'entendais l'autre jour, monsieur Tinturier,
00:13:26de quel institut ?
00:13:27Ipsos, voilà, je l'avais oublié,
00:13:29qui disait qu'il y a une chose qui est tout à fait claire,
00:13:32c'est que les préjugés antisémites, par exemple,
00:13:35sont installés profondément dans l'électorat d'extrême droite.
00:13:39Pour l'instant, pour pouvoir défaire
00:13:41les préjugés racistes, les préjugés antisémites,
00:13:43je suis désolée, mais il faut travailler,
00:13:46il faut le contester.
00:13:47Jean-Sébastien Fergeau, là-dessus, on avance.
00:13:50Je ne suis pas en désaccord avec une partie de ce que vous dites.
00:13:53Il y a encore une continuité qui pourrait rejaillir
00:13:56du passé.
00:13:58C'est ne pas comprendre l'électorat Rassemblement national
00:14:01que de penser que ces questions-là...
00:14:03C'est pour ça que je vous disais, je peux comprendre
00:14:06ce que vous dites sur une partie du coeur de l'appareil.
00:14:09Même si Marine Le Pen a rompu,
00:14:11le Rassemblement national a joué le jeu du Parlement.
00:14:14Si un parti s'est comporté de manière antiparlementariste,
00:14:17c'était plutôt les Insoumis que le Rassemblement national
00:14:20depuis 2022.
00:14:22Penser que les électeurs du RN se détermineraient
00:14:24par rapport à ça, c'est faux,
00:14:26et surtout, c'est ce que je vous disais tout à l'heure.
00:14:29Avant, l'arme fatale existait en disant
00:14:31que le racisme, l'antisémitisme, c'est inacceptable,
00:14:34ou alors, les rapports troubles à la démocratie ou à la République,
00:14:38sauf que la gauche a cassé cette arme-là.
00:14:40Vous imaginez que du point de vue d'un électeur de droite
00:14:44ou de centre-droite, il se dit, pourquoi devrais-je m'imposer
00:14:47une exigence que je me suis imposée pendant 40 ans,
00:14:50ce qui n'a pas empêché la gauche de me traiter de fasciste,
00:14:53et pourtant, la droite n'a pas cédé.
00:14:55L'argument moral ne marche pas, pour vous.
00:14:58En tout cas, pas pour les électeurs,
00:15:00mais la question était sur le travail du parti.
00:15:02Elle reste haute. On va y venir dans un instant.
00:15:05Juste pour vous dire d'un mot, c'est 140 circonscriptions
00:15:08où il n'y a pas d'élu RN en État.
00:15:10C'est 27 députés ultramarins où en État,
00:15:12il n'y a pas de RN.
00:15:13C'est 11 circonscriptions des Français de l'étranger
00:15:16où en État, il n'y a pas de RN.
00:15:18Peut-être en auront-ils, sur ce bloc-là.
00:15:21Aujourd'hui, c'est 88 députés.
00:15:23Il en faudrait...
00:15:24Il en faudrait 201 sur ce grand bloc-là.
00:15:27Mais dans toutes les autres circonscriptions françaises,
00:15:30ça les met en situation d'avoir gagné 80 %
00:15:32des autres circonscriptions françaises.
00:15:35La marche est haute.
00:15:36Donc, la marche est haute, voire inaccessible pour vous.
00:15:39Je n'ai pas dit inaccessible.
00:15:41Elle est haute, mais pas forcément atteignable.
00:15:43Vous vous suivez sur le terrain,
00:15:45les candidats de la majorité présidentielle sortante.
00:15:48Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
00:15:50On a l'impression que Macron est complètement lâché par son camp.
00:15:55Déjà, il est effacé des affiches.
00:15:57Et ça, voilà, la parole se libère.
00:15:59Ils nous disent que c'est très dur,
00:16:01mais parfois, ils sont surpris de ne pas être trop mal accueillis,
00:16:05eux, en circonscription.
00:16:06Quand on leur dit qu'on fait des remarques sur Macron,
00:16:09ils disent que c'est tout le temps.
00:16:11Ils n'essayent même plus de le cacher.
00:16:13Ils disent que c'est fini, de toute façon,
00:16:16Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027.
00:16:18On a l'impression que cette page-là est quasiment tournée.
00:16:22Maintenant, ils se disent que ce ne sera plus avec lui.
00:16:25Ils en veulent au président de la République
00:16:27d'avoir choisi la dissolution, de ne pas les avoir avertis.
00:16:30Ils se lancent dans des campagnes où ils ne sont pas préparés,
00:16:33où beaucoup risquent de perdre leur circonscription.
00:16:36Il y a une aigreur par rapport à ça.
00:16:38Parfois, certains sont surpris d'un accueil.
00:16:41Elle n'est pas chaleureuse, mais pas trop difficile.
00:16:44Il y en a qui me disent...
00:16:45Je croise des électeurs qui ont voté RN aux européennes,
00:16:48je ne le ferai plus pour les législatives,
00:16:51ou des gens qui ne s'étaient pas mobilisés aux européennes
00:16:54qui vont se mobiliser aux législatives.
00:16:56C'est ce qu'on voit dans les sondages.
00:16:58Certains, peut-être même limite surpris,
00:17:01me disent qu'il y a des choses qui vont dans le bon sens.
00:17:04Tout ne va pas dans le mauvais sens.
00:17:06Et sur les macronistes, l'entourage,
00:17:08on parle d'Edouard Philippe, on l'a entendu,
00:17:10mais il y a également Gérald Darmanin
00:17:12ou même Bruno Le Maire.
00:17:14Là, on a l'impression que la solidarité présidentielle
00:17:17bolle en éclats.
00:17:18Je pense que peu de gens dans l'eau au sein du gouvernement
00:17:21étaient favorables à cette dissolution.
00:17:24Il y a soit ceux qui n'y étaient pas favorables
00:17:26et qui ont le sentiment qu'Emmanuel Macron les a un peu trahis,
00:17:30soit ceux qui voient qu'Emmanuel Macron est effacé
00:17:32et que la course pour 2027 est ouverte.
00:17:35Certains veulent se positionner dès maintenant
00:17:37avant les résultats des scrutins.
00:17:39Il y a même, à vrai dire, beaucoup de...
00:17:42Ce qui me frappe, c'est que les propos les plus violents
00:17:45de la République, ça n'est plus ni dans les rangs
00:17:47du Rassemblement national ou du Parti socialiste.
00:17:50C'est comme si Emmanuel Macron était déjà dans le passé
00:17:53pour tous ses opposants, c'est dans son propre camp.
00:17:56On entend dans l'entourage du Premier ministre,
00:17:58vous parliez d'Edouard Philippe, des propos qui sont très durs
00:18:02et qui mettent parfois quasiment en cause,
00:18:04qui se posent des questions sur les mécanismes psychiques
00:18:07qui ont bien pu amener, pour le dire de manière pudique,
00:18:10qui ont bien pu amener Emmanuel Macron
00:18:12à prendre cette décision de dissolution.
00:18:15Cet élément-là est majeur parce qu'il est très difficile
00:18:18de gagner une bataille, de ne pas s'effondrer
00:18:20quand vous avez un coeur de l'appareil
00:18:22qui n'y croit plus.
00:18:23La conclusion qu'on peut en tirer, c'est que le macronisme, c'est mort.
00:18:27Chacun se projette dans l'après.
00:18:29Qu'est-ce qu'il y aura, cet après ?
00:18:31Est-ce qu'il y aura un bloc central ?
00:18:33Est-ce qu'il y aura une droite républicaine ?
00:18:36Les paris sont ouverts et chacun joue sa carte.
00:18:38Najat Vallaud-Belkacem, le macronisme, c'est mort ?
00:18:41Oui, je crois que c'est une conclusion assez partagée.
00:18:46Je voudrais rebondir sur une chose,
00:18:48parce que Jean-Sébastien Farjou
00:18:51évoquait le rapport au parlementarisme.
00:18:54Il disait que les filles se sont montrées antiparlementaristes.
00:18:57Moi, je voudrais vous dire,
00:18:59j'ai essayé de prendre un peu de champ ces dernières années
00:19:02et j'observe le paysage politique.
00:19:04J'ai envie de vous dire que, dans plusieurs camps,
00:19:07on a remis en cause la solidité des institutions.
00:19:10Moi, c'est d'abord Emmanuel Macron,
00:19:12pour moi, qui a le plus affaibli les institutions.
00:19:15Ne serait-ce que parce que, finalement,
00:19:17il a affaibli les corps intermédiaires
00:19:19en ne les respectant jamais,
00:19:21confère la réforme des retraites, mobilisation immense,
00:19:24aucune écoute, les syndicats.
00:19:26Il a affaibli le fait majoritaire au parlement.
00:19:28Après l'élection de 2022, il aurait dû rentrer
00:19:31dans une forme d'écoute et de conciliation.
00:19:33Il a quand même essayé, ici,
00:19:35il y a beaucoup de députés qui l'ont raconté,
00:19:38les mains tendues à la droite, on l'a vu sur les retraites.
00:19:41Il a surtout fait des 49.3 répétitions,
00:19:43il n'a jamais écouté aucune proposition
00:19:46conciliante venant du Parlement.
00:19:48Il dit qu'il ne faut jamais craindre le peuple
00:19:50et c'est la clarification, au fond.
00:19:52Le retour au peuple, dans quelles conditions ?
00:19:55Pardonnez-moi, mais c'est une immense blague,
00:19:58revenir au peuple en laissant aux partis politiques,
00:20:01qui sont censés être juste,
00:20:02les garants de ce qu'une élection se tienne
00:20:05dans de bonnes conditions, trois jours pour faire
00:20:07leur désignation, pour rédiger leur programme
00:20:10et pour aller se présenter, c'est pas sérieux.
00:20:13Même ce retour au peuple, il aurait pu le faire.
00:20:15Dissoudre, j'aurais pas trouvé ça absurde
00:20:18s'il l'avait annoncé pour septembre ou octobre.
00:20:20Le temps que le pays se prépare.
00:20:22Là, j'ai le sentiment...
00:20:24Il n'y a aucune forme de rationalité
00:20:26dans cette dissolution.
00:20:27Il n'y a aucune rationalité et on est dans un moment
00:20:30de très grande faiblesse.
00:20:31Je vous donne un dernier exemple qui me tient à coeur.
00:20:34Lorsque, au moment du vote de la loi immigration,
00:20:37le président de la République accepte
00:20:39que des mesures de préférence nationale,
00:20:41qui sont contraires à notre Constitution,
00:20:44soient dans le texte, en disant
00:20:45qu'au pire, le Conseil constitutionnel cassera ça,
00:20:48c'est une façon d'affaiblir y compris
00:20:50le Conseil constitutionnel.
00:20:52Et ça a tendu la perche à l'extrême droite
00:20:55pour dire que quand nous arriverons au pouvoir,
00:20:57nous en finirons avec le Conseil constitutionnel.
00:21:00C'est une brèche pour vous.
00:21:02Je voudrais qu'on s'arrête sur la participation,
00:21:05parce que là, c'est un enjeu clé.
00:21:07Je ne sais pas si ça renversera le rapport de force
00:21:09avec ce trio de têtes, mais quand même,
00:21:12certains instituts parlent de 60, je cherche le chiffre,
00:21:1664 %, absolument, vous le voyez à l'écran,
00:21:20qui s'affiche, c'est un sondage IFOP pour Le Figaro,
00:21:23c'est presque 16 points de plus,
00:21:27plus de 16 points, 16,5,
00:21:28qu'en 2022, aux dernières législatives.
00:21:31Alors, qui vient voter en plus et à qui ça peut profiter ?
00:21:34Pour revenir sur ce qui vient d'être dit,
00:21:37je trouve étonnant la stratégie du président de la République,
00:21:40qui montre peut-être le manque d'indicateurs
00:21:43qu'il a sur l'opinion au réel.
00:21:45C'est-à-dire que dans une campagne électorale,
00:21:48dans une stratégie d'opinion,
00:21:50il faut un adversaire, une solution
00:21:53et un camp qui représente la solution.
00:21:55Le pari d'Emmanuel Macron,
00:21:56c'est de diaboliser les deux extrêmes
00:21:59pour que ces extrêmes apparaissent comme l'adversaire,
00:22:02que le parti de la majorité présidentielle
00:22:04apparaisse par conséquent comme la solution,
00:22:07il parle d'éthique, de responsabilité,
00:22:09donc il faudrait voter pour la majorité présidentielle.
00:22:12Or, il ne se rend pas compte que l'adversaire,
00:22:15pour une grande partie de l'opinion, c'est Macron.
00:22:18Ce qui est très singulièrement exprimé dans cette élection,
00:22:21depuis, je pense, 2017, et qui participera sans doute
00:22:24à la mobilisation des différents électorats,
00:22:26c'est qu'il y a l'espoir d'une alternative
00:22:29possible et éventuelle, là, dans quelques semaines.
00:22:32Je pense que c'est un moteur extrêmement important
00:22:35pour les électeurs de gauche comme de droite,
00:22:37qui peuvent s'interroger encore pour savoir
00:22:40s'ils vont voter ou pas,
00:22:41Front Populaire ou à droite ou à l'extrême-droite.
00:22:44Il y a-t-il encore des réserves chez les abstentionnistes
00:22:47pour le RN, par exemple ?
00:22:49Pour qui, en particulier, ces nouveaux votants peuvent voter ?
00:22:52C'est une élection législative à deux tours.
00:22:54Plus vous avez une progression de la participation,
00:22:57on le voit, à 64 %, plus vous avez possiblement
00:23:00de candidats qui se qualifieront pour le second tour.
00:23:02Vous avez possiblement aussi plus de trianglaires,
00:23:05vous avez des éparpillements de voix qui sont possibles.
00:23:08Il va falloir aussi voir,
00:23:10le Front Populaire a été très clair dessus,
00:23:12s'il y avait, pour le coup, un risque du RN,
00:23:14c'est l'un des premiers partis qui l'a dit,
00:23:17il faudra se retirer au profit de la liste
00:23:19qui doit battre le RN,
00:23:20ce qui n'a pas forcément été le cas
00:23:22pour la majorité présidentielle,
00:23:24donc, ni chez les LR,
00:23:25donc il faudra voir la stratégie des uns et des autres.
00:23:28Mais juste pour en terminer,
00:23:30pour observer un peu ce rapport de force
00:23:32et ces réserves de voix,
00:23:33si vous regardez, pour la majorité présidentielle,
00:23:36sur les intentions de vote qui sont sorties,
00:23:39seulement 6 Français sur 10 qui ont voté Emmanuel Macron
00:23:42au premier tour de l'élection présidentielle 2022
00:23:45souhaitent voter et re-voter la liste
00:23:47de la majorité présidentielle.
00:23:49Ca montre bien que là,
00:23:50il y a un effet déceptif très fort de son électorat
00:23:53et donc j'ai un peu le sentiment qu'Emmanuel Macron,
00:23:56au lieu de revenir sur ses fondamentaux,
00:23:58a retraduit un argument qui ne semble pas avoir marché,
00:24:01c'est-à-dire moi ou le chaos.
00:24:03Dans l'opinion entre moi et le chaos,
00:24:05en ce moment, on préfère largement le chaos.
00:24:07-"Catherine Tricot", il y a aussi un autre fait politique
00:24:11dans cette campagne, c'est Matignon ou rien,
00:24:13majorité absolue ou rien, ça, c'est Jordan Bardella.
00:24:17Comment vous le comprenez ?
00:24:18Est-ce que ça peut permettre à tous ces abstentionnistes
00:24:22de voter pour lui ?
00:24:23C'est un appel à la mobilisation, à l'évidence,
00:24:25et en même temps, est-ce que c'est peut-être
00:24:28aussi un refus d'obstacle, comme le dit Gabriel Attal ?
00:24:31-"C'est un refus d'obstacle",
00:24:33pour l'instant, il fait campagne, donc il se bat.
00:24:35C'est habile pour vous d'avoir dit ça ?
00:24:38Pour moi, je pense que c'est l'objectif, en effet,
00:24:40de polariser, de donner une...
00:24:42de continuer d'avancer dans les sondages
00:24:45et de dire qu'il veut avoir la majorité
00:24:47pour avoir le plus de poids politique
00:24:49pour pouvoir faire ses...
00:24:51Vous imaginez un Parlement avec 250, 270 députés RN
00:24:55sans que le premier d'entre eux aille à Matignon,
00:25:00refuse le poste ? Les électeurs pourraient comprendre ça ?
00:25:03S'il fait 250, il risque de ne pas pouvoir gouverner.
00:25:06Ca, ça me paraît...
00:25:08C'est aussi le risque qu'a pris Emmanuel Macron.
00:25:10Il a pris le risque de rendre le pays complètement ingouvernable.
00:25:14Non seulement il dissout au moment où le RN est en force,
00:25:17mais il lui donne...
00:25:18Il crée les conditions d'avoir une France
00:25:22dans une situation compliquée pour la France,
00:25:24pour la situation internationale.
00:25:26Je ne rajoute pas les JO.
00:25:28Ca, ça va se terminer assez vite en septembre.
00:25:30On peut avoir un pays ingouvernable
00:25:32et Jordane Bardella est en train d'essayer
00:25:35de pousser son fer là-dessus.
00:25:37Ceci étant, ce que je note aussi,
00:25:39c'est que Jordane Bardella fait des réajustements
00:25:42pour rassurer les électeurs de droite,
00:25:44pour leur dire que je ne remettrai pas en cause
00:25:48la réforme des retraites,
00:25:49que je ne bloquerai pas les sans-produits
00:25:52de première nécessité,
00:25:53telle que je l'avais annoncée.
00:25:55Tous ces reports ou ces abandons, ces urfards...
00:25:58Qui pouvaient faire sens dans le monde populaire.
00:26:00Par contre, si je peux me permettre,
00:26:02je crois que le Front populaire ne devrait pas se rassurer de cela.
00:26:06Parce que les électeurs de Jordane Bardella
00:26:10ne se sont pas trompés en votant Jordane Bardella.
00:26:12Ils n'ont pas cru, en votant Jordane Bardella,
00:26:15qu'ils allaient voter pour la gauche.
00:26:17Si vous voulez l'abandon de la réforme des retraites,
00:26:20il faut voter à gauche.
00:26:21C'est pas la peine d'aller voter pour l'URN.
00:26:24On le sait depuis longtemps.
00:26:25L'URN n'est pas un parti du côté du progrès social.
00:26:28Ce n'est pas son ADN, ce que je disais tout à l'heure,
00:26:31le fonds du Rassemblement national,
00:26:34ce n'est pas sa proposition.
00:26:35Donc, Jordane Bardella peut l'abandonner,
00:26:38mais ça ne déstabilisera pas complètement...
00:26:40Il reste des propositions sociales dans le programme,
00:26:43vous en convenez. Après, la TVA, pour...
00:26:46La TVA, pour faire son plein un peu moins cher,
00:26:49ça concerne beaucoup de gens.
00:26:50Je suis d'accord avec ce point. La gauche le propose aussi,
00:26:54parce que la TVA est un impôt totalement injuste.
00:26:56Remettre en cause la TVA...
00:26:58Baisser la TVA sur les carburants.
00:27:00Ceci étant, ça coûte beaucoup.
00:27:02Jordane Bardella refuse de dire comment il va le financer.
00:27:05Notamment, il refuse de dire qu'on va prendre des impôts
00:27:08parmi ceux qui ont le plus de revenus,
00:27:10notamment les grandes entreprises.
00:27:12Ce que je veux dire par là, c'est que...
00:27:14Moi, je crois que les électeurs qui votent
00:27:17pour Jordane Bardella ne se trompent pas.
00:27:19Donc, il faut que la gauche ne se rassure pas,
00:27:22il faut que la gauche développe jusqu'au bout
00:27:24sa puissance de mobilisation
00:27:26et qu'elle alerte le pays sur la gravité exceptionnelle.
00:27:29S'il y a une telle émotion, c'est parce que c'est très grave.
00:27:33Ce qui se passe, c'est une remise en cause très profonde
00:27:36de nos institutions, de notre liberté à tous, à chacun,
00:27:39de liberté publique et des libertés individuelles.
00:27:42Ca ne peut pas être banalisé.
00:27:43Quand j'entends Emmanuel Macron dire que la gauche est quatre fois pire
00:27:47que le Rassemblement national et reprendre du vocabulaire
00:27:50de l'extrême droite en taxant la gauche d'immigrationniste,
00:27:54franchement, c'est...
00:27:57C'est irresponsable de votre part.
00:27:59C'est irresponsable, mais c'est une raison
00:28:01pour lesquelles on avance.
00:28:03On a compris les enjeux, il y a maintenant les programmes.
00:28:06On va voir si ces programmes vont permettre,
00:28:08projet contre projet, aux électeurs de se forger une conviction.
00:28:12Même s'ils sont faits peut-être un peu dans l'âte,
00:28:14ils existent. Je voudrais qu'on revienne sur un autre fait
00:28:18dramatique. Certains parlent même de fait de campagne.
00:28:21En tout cas, on se rend bien qu'il pourrait avoir des effets
00:28:24sur les résultats, sur les élections.
00:28:26Il y avait ce matin un rassemblement d'élus et d'associations
00:28:29de la famille de la fillette et de la fillette de 12 ans
00:28:32violée à courbe-voix parce que juive.
00:28:34Le président du CRIF.
00:28:36Les antisémites qui alimentent ce climat délétère,
00:28:39aujourd'hui, on l'a vu, ils sont soutenus
00:28:41par la France insoumise, qui a choisi de mettre la question
00:28:44de Gaza au coeur de sa stratégie électorale
00:28:47pendant les européennes et maintenant pendant les législatives,
00:28:50en sachant que, mécaniquement, cela produirait,
00:28:53pour beaucoup de Français juifs, un climat très lourd,
00:28:56pour, dans certains cas,
00:28:58certains d'entre eux, le fait d'être pris pour cible
00:29:01au nom de ce qu'il se passe à 4 000 km d'ici.
00:29:03Naja El Balou, comment vous réagissez ?
00:29:05Il n'est pas le seul, le président du CRIF,
00:29:08à considérer que Jean-Luc Mélenchon a une part de responsabilité
00:29:11dans le climat qui mène au pire.
00:29:13D'abord, il faut remarquer que tous les partis,
00:29:16globalement, se sont exprimés sur ce fait d'hiver
00:29:18et ça pose toujours la question de la place des faits d'hiver
00:29:22dans les campagnes électorales, mais j'ai trouvé ça bien
00:29:25évidemment...
00:29:26C'est plus qu'un fait d'hiver, quand on viole une personne
00:29:30en raison de sa religion, ça devient aussi politique.
00:29:32Evidemment, ça dit le niveau de tension atteint par notre pays,
00:29:36donc il faut condamner ces atrocités, naturellement.
00:29:40Et les propos, la brutalisation du débat,
00:29:43l'antisémitisme est résiduel en France,
00:29:45la frappe de Jean-Luc Mélenchon...
00:29:47Dans le travail collaboratif qui a été réalisé
00:29:50au sein du nouveau Front populaire,
00:29:52en quelques jours, je le disais,
00:29:53il y a une phrase très claire sur la fin de la brutalisation
00:29:57du débat public. En effet, je pense qu'on est allé très loin,
00:30:00je pense que ça vient quand même de beaucoup de familles politiques
00:30:04et que les citoyens n'en peuvent plus.
00:30:06C'est clair que s'il y a au moins une chose
00:30:09qui doit être tirée comme enseignement
00:30:11de ces dernières années, ces derniers mois...
00:30:13Il faut revenir à l'apaisement, mais ça marche, Catherine Tricot ?
00:30:17Quand Jean-Luc Mélenchon purge ses anciens amis,
00:30:20comptons longtemps sur François Ruffin,
00:30:22est-ce qu'il respecte vraiment le programme
00:30:25du nouveau Front populaire ?
00:30:26Il ne peut pas dire qu'il se soit totalement calmé,
00:30:29mais peut-être qu'il va falloir le calmer.
00:30:31Comment allez-vous faire ?
00:30:33Je pense qu'on est relativement nombreux à gauche
00:30:36et on est plus nombreux à gauche à dire que ça n'est pas possible.
00:30:39Quand je dirais plus nombreux en tant que citoyen,
00:30:42les citoyens ne valident pas.
00:30:44Il ne représente plus du tout le nouveau Front populaire ?
00:30:47Non, je ne dis pas... Je pense qu'il représente
00:30:50une partie du nouveau Front populaire,
00:30:52mais cette partie a été remise à sa place,
00:30:54c'est-à-dire qu'elle n'est pas hégémonique
00:30:57à l'intérieur de la gauche.
00:30:58Il est minoritaire, pour vous ?
00:31:00Dans la gauche, il compte.
00:31:02On ne va pas raconter qu'il ne compte pas,
00:31:04que la France insoumise ne compte pas,
00:31:06mais elle n'est pas majoritaire.
00:31:08L'élection européenne a montré cela.
00:31:10Par ailleurs, ce que j'espère,
00:31:12c'est qu'à l'intérieur de la France insoumise,
00:31:15il va y avoir un sursaut pour comprendre.
00:31:17Il faut réfléchir à une chose.
00:31:19En 2022, la gauche, c'est 145 députés.
00:31:22La France insoumise, c'est 75 députés.
00:31:24C'est-à-dire que la gauche,
00:31:26normalement, est en situation d'être l'alternative
00:31:29à Emmanuel Macron.
00:31:30Or, ce que l'on voit au bout de deux ans,
00:31:32c'est que c'est le Rassemblement national
00:31:35qui se trouve être en situation.
00:31:37J'espère qu'on les battra dimanche prochain,
00:31:39mais là, on ne peut pas dire que le bilan
00:31:41de cette gestion conduite par la France insoumise
00:31:44ait permis à la gauche de s'installer
00:31:46comme la première force d'alternative.
00:31:48Il y a un examen à faire du côté de la France insoumise
00:31:51sur son bilan politique.
00:31:53Je voudrais vous montrer ce reportage
00:31:55de Dario Borgogno et Yvan Hanavion.
00:31:57On a parlé de l'antisémitisme,
00:31:59mais il y a aussi la crainte du racisme anti-musulman
00:32:02de l'autre face à cette montée du RN.
00:32:04Nous sommes allés à la rencontre
00:32:06de Français d'origine maghrébine ou africaine,
00:32:09reportage à Saint-Denis, dans la cité
00:32:11où a grandi, justement, Jordan Bardella.
00:32:13Reportage.
00:32:16...
00:32:22Voilà, ici, c'est la cité Gabriel-Péry.
00:32:24C'est là où a grandi M. Bardella,
00:32:26où il a vécu pas mal d'années, quand même.
00:32:29Cette cité,
00:32:30Mostapha Jihadi y a aussi grandi.
00:32:32Depuis 10 ans, ce Français d'origine marocaine
00:32:34s'occupe d'une association pour les enfants de Saint-Denis.
00:32:38Il a même rencontré Emmanuel Macron,
00:32:40qui l'accuse maintenant de la montée du RN.
00:32:43Il nous a mentis, on lui a fait confiance,
00:32:45on a voté deux fois pour lui.
00:32:47Il a joué sur l'accord sensible entre le FN et lui.
00:32:51Et si le FN passe,
00:32:53bah, moi, je serai lui,
00:32:54et j'aurai pas bonne conscience, quoi,
00:32:56parce que c'est un danger.
00:32:58La France a toujours été une terre d'accueil,
00:33:00et tout se passait bien, avant ces histoires-là,
00:33:03qui nous ont montés les uns contre les autres.
00:33:05On a été chercher mes parents pour travailler ici.
00:33:08Mon père est venu travailler dans les années 60,
00:33:11à construire la France, etc.
00:33:12Je suis né ici, j'ai rien demandé à personne.
00:33:15Je suis complètement intégré.
00:33:17Je vote, je paye mes impôts, je travaille.
00:33:19Donc, je vois pas quel problème je peux causer, quoi.
00:33:23Plus de 42 % de la population en Seine-Saint-Denis
00:33:26est immigrée ou issue de l'immigration.
00:33:28Les descendants de 2e ou 3e génération
00:33:31constatent une augmentation de propos racistes à leur rencontre,
00:33:34comme Lamine, né en France, mais d'origine camerounaise.
00:33:37Dans la soirée des résultats,
00:33:39il y a des amis qui se sont fait insulter,
00:33:41rentrer chez vous.
00:33:42A chaque fois, aujourd'hui, moins de gens rentrent chez toi.
00:33:45On ne sait pas où est le chenou.
00:33:47On est en France, on est français, on vit en France,
00:33:50on rêve français, on mange français, on baisse français.
00:33:53Tu ne peux pas nous demander de rentrer chez nous, quoi.
00:33:56Chez nous, c'est ici.
00:33:58Ici, c'est chez nous.
00:33:59Comme ils disent, ici, c'est chez nous, ici, c'est chez nous.
00:34:03Une atmosphère raciste inquiétante à Saint-Denis,
00:34:06où se côtoient plus de 130 nationalités.
00:34:08Avec la montée du RN,
00:34:10Touré, ivoirienne arrivée en France il y a 23 ans
00:34:13et régularisée depuis, vit dans la crainte.
00:34:15Ca fait vraiment peur.
00:34:17Je pense que c'est le moment où on doit vraiment beaucoup se unir,
00:34:20voir ce qu'il faut faire, parce que là, avec ceux-là,
00:34:24c'est catastrophe.
00:34:26Ca fait peur.
00:34:27Même mes enfants ont commencé à me dire
00:34:29comment ça fait, tes affaires ?
00:34:31Tu vas rentrer au bled.
00:34:32En 2023, les services de police
00:34:35ont enregistré 15 000 infractions à caractère raciste.
00:34:38L'un des départements les plus touchés,
00:34:40la Seine-Saint-Denis.
00:34:43Stuart Shaw, on est dans les quartiers populaires,
00:34:46dans le 93.
00:34:47C'est important de voir ce qui peut s'y jouer
00:34:50par rapport au 7 juillet prochain.
00:34:54Ces quartiers-là, en général, ne votent pas.
00:34:56Est-ce que ça peut changer ?
00:34:58Est-ce que vous pensez que l'enjeu est tel
00:35:00que dans le fameux furceau de mobilisation,
00:35:03ils sont là ?
00:35:05Oui, c'est vrai que ça peut jouer.
00:35:07C'est la mobilisation de ces quartiers
00:35:09qui, traditionnellement, votent moins.
00:35:11J'entendais Jordan Bardella,
00:35:13sur une chaîne d'un de vos confrères,
00:35:15dire que les Français d'origine étrangère
00:35:17qui travaillent bien n'ont rien à craindre.
00:35:20Je l'ai pris pour moi.
00:35:21J'ai été rassuré en me disant que je n'avais plus rien à craindre.
00:35:25Mais je crois que ça dit tout
00:35:26de ce que le personnel politique doit être aussi
00:35:30dans les années qui viennent.
00:35:31Je pense qu'il manque au débat public.
00:35:34C'est dans ce que nous, nous voyons,
00:35:36dans les études qualitatives,
00:35:37quelque chose qui est attendu,
00:35:39c'est-à-dire un débat autour de l'idéologie,
00:35:42de valeurs, de restructuration morale,
00:35:44de ce qui fait, aujourd'hui,
00:35:46que l'on doit faire société, dans les années qui viennent.
00:35:49Je n'ai pas l'impression et le sentiment
00:35:51que, sur ces dix dernières années,
00:35:53ce dépassement du clivage gauche-droite
00:35:55ait permis, finalement, ce débat idéologique.
00:35:59On est restés dans des postures qui polarisent
00:36:02et qui rendent, finalement, la parole très violente.
00:36:05J'en terminerai sur une chose,
00:36:06c'est qu'il faut aussi, et les Français le savent,
00:36:09que les institutions et le personnel politique
00:36:12qui l'incarnent sont aussi là, d'une certaine manière,
00:36:15pour les protéger aussi, eux-mêmes,
00:36:17c'est-à-dire de protéger d'une sorte de violence
00:36:20qui, sans elle, pourrait s'exacerber,
00:36:22comme ça, dans la rue, sous forme d'actes odieux.
00:36:25Je pense que si la politique n'arrive plus
00:36:27à incarner de manière apaisée cette violence
00:36:30qui est ce conflit qui est nécessaire à la vie politique
00:36:33lorsqu'il est sérieusement mis en place,
00:36:35si elle n'arrive plus à faire ça par des outrances,
00:36:38si elle permet une nouvelle sphère d'acceptabilité
00:36:41que, même si l'institution n'incarne plus la violence,
00:36:44on pourrait maintenant, de manière apaisée,
00:36:46on pourrait maintenant être dans la rue
00:36:49et puis agresser et parler n'importe comment,
00:36:51ce n'est plus possible.
00:36:53Je crois que les Français attendent
00:36:55ce personnel politique qui soit aussi à la hauteur
00:36:58de ce qu'il représente.
00:36:59On va s'arrêter là. Un petit mot,
00:37:01vous avez un peu moins parlé dans ce débat,
00:37:03ça reste une campagne très personnifiée,
00:37:06on le disait.
00:37:07Gabrielle Attal dit
00:37:08« Élisez-moi », on a l'impression
00:37:10d'une forme de présidentielle pour le Premier ministre.
00:37:13Ca peut jouer, à votre avis ?
00:37:15Oui, évidemment, et même dans chacune des circonscriptions,
00:37:18des 577 circonscriptions,
00:37:20chaque député sortant fait campagne sur son nom,
00:37:22on voit sur les affiches,
00:37:24il n'y a pas le président de la République,
00:37:26évidemment, Gabrielle Attal, son équation est plus importante,
00:37:30lui, il essaie de conserver, peut-être,
00:37:32Matignon en cas de groupes du camp présidentiel
00:37:37qui ne seraient pas trop étroits à l'Assemblée,
00:37:40mais...
00:37:41Le fait de ne pas avoir encore réglé cette question d'incarnation...
00:37:45On en parle avant.
00:37:46Ils savent que si c'est Jean-Luc Mélenchon,
00:37:48il faut s'entendre sur un nom après,
00:37:50se mettre d'accord sur un nom en politique,
00:37:53c'est la chose la plus compliquée.
00:37:55On s'arrête là.
00:37:56Merci à vous d'être venus débattre.
00:37:58On continue jour après jour, d'ici le 30 juin,
00:38:00à vous expliquer les enjeux de cette élection.
00:38:03Vous restez avec moi, Najat Vallaud-Belkacem,
00:38:06on va parler plus précisément avec vous
00:38:08du bloc de gauche que vous soutenez,
00:38:10mais aussi de votre casquette de directrice de présidente
00:38:13de France Terre d'asile, puisqu'on vient de le comprendre
00:38:16avec ce sujet, les enjeux sont très importants.
00:38:19L'invitation de Baptiste Gargui-Chartier,
00:38:21interview juste après.
00:38:23Si on vous invite, Najat Vallaud-Belkacem,
00:38:26c'est parce que face à la montée du RN,
00:38:28les ONG humanitaires s'inquiètent du sort des réfugiés.
00:38:32Le plus important, c'est de faire en sorte
00:38:35que notre pays puisse continuer
00:38:37de faire cohabiter des gens très différents entre eux,
00:38:40sans que ça tourne à la guerre civile.
00:38:43Et pour cause, vous présidez depuis deux ans
00:38:45l'association France Terre d'asile,
00:38:47ONG qui n'a pas attendu pour sensibiliser.
00:38:51Il est crucial de défendre nos droits fondamentaux
00:38:54et d'empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir.
00:38:57Un message qui fait suite à la douche froide du 9 juin dernier.
00:39:00Je dissous donc, ce soir, l'Assemblée nationale.
00:39:04Et vous n'êtes pas les seuls.
00:39:06D'autres ONG humanitaires redoutent aussi
00:39:08les conséquences d'une éventuelle victoire du RN
00:39:11et rivalisent de message d'alerte.
00:39:13Il y a un problème dans ce pays,
00:39:15de pauvreté, d'inégalité,
00:39:16qui touche aussi jusqu'aux classes moyennes inférieures,
00:39:20à finir les fins de mois convenablement.
00:39:22On voit dans quel état est le pays.
00:39:24Mais nous sommes convaincus que l'extrême droite n'est pas la solution.
00:39:28Et nous sommes convaincus que l'extrême droite n'a pas changé.
00:39:31Najat Vallaud-Belkacem,
00:39:32vous êtes une femme politique engagée à gauche,
00:39:35pièce maîtresse du gouvernement Hollande.
00:39:37Vous avez brigué le porte-parolat, puis deux ministères,
00:39:40dont l'éducation nationale, pendant deux ans.
00:39:43Rassurer davantage le mixité social,
00:39:44mais une mixité sociale qui soit comprise des familles.
00:39:47Plusieurs ouvrages au compteur,
00:39:48dont le dernier évoque la question des ghettos scolaires.
00:39:51Et à l'heure d'un scrutin inédit,
00:39:54votre parole ne s'est pas faite attendre
00:39:56concernant la coalition de gauche.
00:39:58Le président de la République nous a mis dans une situation
00:40:01dont aurait pu ressortir le pire,
00:40:04c'est-à-dire la victoire annoncée, évidente, du RN,
00:40:07et finalement avec une bascule qui est en train de se produire
00:40:10et potentiellement le retour d'une gauche au pouvoir.
00:40:13Depuis une dizaine de jours,
00:40:14une question traverse systématiquement les rangs du Front populaire,
00:40:17qui, pour Matignon...
00:40:19Je commence par vous dire, je m'en sens capable.
00:40:21Si c'est à Matignon comme Premier ministre, pourquoi pas ?
00:40:24Il faut une personne qui fasse consensus.
00:40:26Certains s'en sentent capables, disent-ils,
00:40:28mais au fait, Najat Vallaud-Belkacem,
00:40:30pourquoi pas vous ?
00:40:33C'est vrai, après tout ?
00:40:35C'est inimaginable.
00:40:37En fait, je ne suis pas à la hauteur du moment
00:40:40que de s'amuser à ce petit jeu-là, honnêtement.
00:40:42Je pense vraiment que là, il y a une urgence absolue,
00:40:45c'est que chacun se mobilise
00:40:47pour faire voter le maximum possible autour de soi.
00:40:50Ce qui se joue est dramatique,
00:40:52parce qu'on a tendance à banaliser les choses,
00:40:55mais Christophe Robert le disait tout à l'heure,
00:40:57c'est toujours les plus vulnérables qui vont payer nos petits jeux.
00:41:00Alors, justement, venons-en à vos inquiétudes.
00:41:03On en tentait, Christophe Robert, pour la fondation Abbé Pierre.
00:41:06Vous travaillez avec les réfugiés, les demandeurs d'asile,
00:41:10les migrants que vous accompagnez juridiquement,
00:41:12humainement, matériellement.
00:41:15Qu'est-ce que vous redoutez ?
00:41:16Qu'est-ce qui va changer si le RN gouverne demain ?
00:41:19D'abord, je pense que les premières victimes d'un RN au pouvoir,
00:41:23ce sont ces personnes-là, c'est-à-dire les demandeurs d'asile,
00:41:27c'est-à-dire les personnes étrangères,
00:41:29les personnes qui ont une couleur de peau différente,
00:41:32parce que, vous savez, c'est très extensible, la différence.
00:41:35Ce qui caractérise le Rassemblement national,
00:41:38on a beaucoup parlé de son programme,
00:41:40est-ce qu'il est plus social, plus libéral ?
00:41:42Ce qui caractérise le RN, c'est le rejet de l'autre,
00:41:45c'est la xénophobie,
00:41:47c'est le fait de vouloir épurer la société française
00:41:50d'un apport qu'on considère comme malvenu.
00:41:53On sait que, même avec la majorité absolue,
00:41:56il peut s'attaquer aux droits d'asile dans son principe.
00:41:59La France est signataire de la Convention de Genève
00:42:02et le Conseil constitutionnel la protège.
00:42:05Mais il suffit de voir quelles ont été les propositions de loi,
00:42:10les amendements rédigés par les 89 députés
00:42:14au RN ces deux dernières années.
00:42:17C'est-à-dire qu'à chaque fois, on est dans la préférence nationale,
00:42:21le principe de refoulement des étrangers,
00:42:25remettez-les dans les bateaux.
00:42:27Je ne vous parle pas des propos qui circulent sur les réseaux sociaux,
00:42:31qui sont une horreur absolue,
00:42:32qui sont une négation de l'humanité tout entière.
00:42:35Mais oui, la fin du regroupement familial,
00:42:39le fait d'en finir avec l'aide médicale d'urgence pour les étrangers,
00:42:44exclusivement des solutions qui n'en sont pas,
00:42:47puisque, à chaque fois, vous créez davantage d'insécurité.
00:42:50Typiquement, par exemple, si vous empêchez
00:42:52les personnes en situation irrégulière
00:42:55ou en attente d'instruction de leur dossier
00:42:57d'accéder à des hébergements d'urgence,
00:43:00où allez-vous les mettre ? Dans la rue.
00:43:02Vous allez créer des poches de délinquance,
00:43:04des poches de pauvreté, des indésirables.
00:43:06Donc, en fait, le Rassemblement national
00:43:09s'alimente de la création de problèmes.
00:43:11Et c'est toujours ça, avec cette question de la migration.
00:43:15Est-ce que vous prenez quand même une part de responsabilité,
00:43:18à gauche, dans cette montée du RN ?
00:43:21Elle ne date pas d'Emmanuel Macron,
00:43:23même s'il avait dit qu'il allait baisser Marine Le Pen.
00:43:26Ca fait 30 ans qu'on voit, élection après élection,
00:43:30cette vague monter inexorablement.
00:43:33Est-ce que, par exemple, la gauche,
00:43:35en n'ayant pas du tout de propositions de régulation
00:43:38sur la question migratoire, je ne parle pas du droit d'asile,
00:43:41et de la question de l'asile,
00:43:43qui est totalement différente et légale et protégée,
00:43:46mais sur l'immigration irrégulière,
00:43:48la gauche ne propose rien ?
00:43:51Je veux bien en venir dans un second temps à la gauche,
00:43:54mais je commencerais par vous dire
00:43:56que les principales responsabilités
00:43:58de cette montée de la xénophobie et du rejet des autres
00:44:01se situent d'abord à l'extrême droite,
00:44:03puisque ce sont ceux qui en font leur miel particulier,
00:44:06on va dire, qui n'existent que sur cette obsession-là.
00:44:10Ensuite, quand même, à droite et au centre,
00:44:13chez la Macronie, qui, ces dernières années,
00:44:16a beaucoup normalisé, banalisé la rhétorique d'extrême droite.
00:44:19On évoquait, y compris le terme utilisé par le président récemment,
00:44:23l'immigrationnisme, qui est vraiment...
00:44:25C'est comme le grand remplacement.
00:44:27C'est la rhétorique de Jean-Marie Le Pen.
00:44:30Mais quand vous écoutez les Français,
00:44:32vous les entendez sur leur préoccupation,
00:44:34ça n'est pas que le pouvoir d'achat,
00:44:36l'immigration est très haute dans les attentes des Français.
00:44:40Quand on regarde le programme du nouveau Front populaire,
00:44:43des voies légales d'immigration de travail,
00:44:45un statut de réfugié climatique, la régularisation des travailleurs,
00:44:49la régulation elle-même n'est jamais mise en valeur.
00:44:53Quand vous prenez ce programme du nouveau Front populaire,
00:44:57vous vous rendez compte qu'il n'y a que des mesures
00:44:59qui font consensus chez tous les spécialistes du sujet.
00:45:02Quand les gens travaillent, il vaut mieux les régulariser
00:45:06plutôt que les laisser dans une situation de quasi-esclavage
00:45:09qui fait peser les salaires à la baisse,
00:45:11qui crée des problématiques pour les Français qui cherchent du travail.
00:45:15C'est un problème d'intégration que d'immigration ?
00:45:18C'est un sujet d'inclusion et d'intégration.
00:45:21Or, jusqu'à présent, trop longtemps,
00:45:23on a utilisé ce terme intégration
00:45:25qu'en l'opposant aux personnes étrangères,
00:45:27en leur disant d'intégrer.
00:45:29La question, c'est comment la société crée
00:45:31les conditions d'intégration.
00:45:33Quand vous avez des étrangers présents sur notre territoire,
00:45:36par exemple en demande d'asile,
00:45:38et qu'il faut attendre parfois deux ans
00:45:41le temps que leurs dossiers soient instruits
00:45:43et qu'ils aient la qualité de réfugiés
00:45:45pour que commencent leurs cours de français...
00:45:48Des procédures qui durent extrêmement longtemps.
00:45:50Même si sur le papier, elles ont été réduites,
00:45:53on n'a pas suffisamment de services dans les préfectures
00:45:56et donc un manque de moyens terribles.
00:45:58Du coup, ces personnes-là, il va falloir attendre des années
00:46:02avant qu'elles aient accès à des cours de français.
00:46:04Vous allez dire que maintenant que vous avez le statut de réfugié,
00:46:08vous avez le droit de travailler, mais vous ne parlez pas français.
00:46:12On crée des situations absurdes, de la même façon
00:46:14que quand on limite l'accès aux soins ou à la santé,
00:46:17on laisse se dégrader la santé physique, la santé mentale,
00:46:20on crée de l'insécurité, y compris pour nos concitoyens.
00:46:23Donc, moi, je pense que le reproche principal
00:46:27qu'on peut faire au gouvernement, disons, de bonne volonté,
00:46:31moins tenté par la rhétorique lepéniste
00:46:33de ces dernières années, c'est de n'avoir pas suffisamment fait
00:46:37pour créer les conditions de cette intégration fluide
00:46:40des personnes qui sont sur notre territoire.
00:46:42Après, le fait migratoire, pour en revenir à votre question,
00:46:45en fait, si vous voulez, là où l'extrême droite
00:46:48nous emmène dans le mur, c'est qu'elle voudrait annuler,
00:46:51canceller, comme on dit, le fait migratoire.
00:46:54Mais en fait, la migration, c'est pas une opinion,
00:46:56on n'est pas pour ou contre, c'est un fait, c'est comme ça.
00:47:00Dans le monde, les gens bougent et ils seront amenés
00:47:02à bouger de plus en plus, donc il vaut bien mieux
00:47:05se confronter à ce fait et, en effet,
00:47:08adopter des mesures de régulation, mais qui tiennent compte
00:47:11de la dignité de l'être humain et qui ne soient pas
00:47:14dans le refoulement ou l'externalisation
00:47:16des frontières, les violences, et qui, au contraire,
00:47:19sont des conditions de bonne intégration,
00:47:21de bonne circulation des individus.
00:47:23Je pense qu'en plus, nous sommes dans des économies
00:47:26qui ont besoin de nous enrichir d'apports extérieurs.
00:47:29On ne le dit plus trop en ce moment,
00:47:31j'ai l'impression que c'est plus à la mode,
00:47:33mais nous avons besoin de ça, de main-d'oeuvre,
00:47:36de créativité, de jeunesse, donc voilà, c'est aussi ça.
00:47:39Les patrons l'ont même rappelé à tous les candidats,
00:47:42y compris à Jordane Bardella, cette semaine,
00:47:45qu'il y a dans les restaurants, dans le bâtiment,
00:47:47une pénurie de travailleurs français,
00:47:49donc ils sont plus que jamais nécessaires à notre économie.
00:47:53Merci de rester avec nous,
00:47:54je voudrais vous montrer un petit reportage,
00:47:57une circonscription mise en valeur,
00:47:59celle de Yael Broun-Pivet,
00:48:00qui, dans les Yvelines, repart au combat.
00:48:03L'ex-présidente de l'Assemblée nationale
00:48:06doit faire face à un candidat de droite
00:48:08qui a fait alliance avec le Rassemblement national.
00:48:11Reportage Elham Edamond-Denghava, Soraya Lawissa.
00:48:18Je dépose ma lettre de candidature
00:48:20pour les élections législatives, on repart au combat.
00:48:23C'est reparti, ouais. Plus vite que prévu.
00:48:26Si Yael Broun-Pivet n'avait pas prévu
00:48:28de repartir en campagne si vite,
00:48:30les Français qu'elle croise, eux non plus,
00:48:33ne s'attendaient pas à la dissolution.
00:48:35Je pense que notre député
00:48:37ou président de l'Assemblée avant a fait son job.
00:48:39Malheureusement, il y a eu la dissolution,
00:48:42je veux le dire, mais voilà, c'est tout.
00:48:44J'ai pas rien à te dire.
00:48:45Pourquoi le président de la République avait choisi...
00:48:48Pas tout à fait.
00:48:49Voilà.
00:48:50J'ai tout dit.
00:48:51Merci.
00:48:53L'ancienne présidente de l'Assemblée nationale
00:48:55ne l'a pas cachée.
00:48:57Elle était en désaccord avec la décision
00:48:59du président de la République.
00:49:01Après un temps de réflexion...
00:49:02Bonjour. Ca va, et vous-même ?
00:49:05Elle s'est portée candidate à sa succession
00:49:07dans les Yvelines, une campagne sur son nom,
00:49:10plus que sur une étiquette politique.
00:49:12Mais en 2022, j'étais aussi seule sur l'affiche
00:49:16parce que j'habite ici,
00:49:18j'ai une équation personnelle ici qui est importante,
00:49:21je suis conseillère municipale dans cette ville du Vézinay,
00:49:24et maintenant, avec la présidence de l'Assemblée nationale,
00:49:27je suis rentrée dans les foyers des Français.
00:49:30Face à elle, Yael Broun-Pivet
00:49:32retrouve celui qu'elle a battu en 2017,
00:49:35Jacques Millard, député pendant 24 ans,
00:49:38LR tendance ligne Ciotti.
00:49:41Il part avec le soutien du RN.
00:49:44On a vu, je dirais, la Macronie à l'oeuvre,
00:49:46c'est une gabegie totale,
00:49:48nos frontières sont dépassoires,
00:49:50les agressions se multiplient,
00:49:53nous n'avons plus véritablement
00:49:56aucune crédibilité en Europe.
00:49:58A un moment, on va accueillir les Jeux olympiques,
00:50:01donc M. Macron a joué les apprentis sorciers,
00:50:04joue les apprentis sorciers,
00:50:05et toutes celles et tous les clones qui le soutiennent
00:50:09sont dans la même position.
00:50:11A gauche, Yassine Benietou est le candidat
00:50:14du nouveau Front populaire.
00:50:16Tous les partis de gauche ont fait une alliance.
00:50:18C'est la première fois que ça se fait aussi vite.
00:50:22Sur ce marché de Sartrouville,
00:50:24il essaie de mobiliser contre le RN.
00:50:28Vous allez voter aux élections législatives le 30 juin ?
00:50:31Après, ça va nous pénaliser, nous,
00:50:34qui sommes des travailleurs, mais issus de l'immigration.
00:50:37Les gens sont dégoûtés de la majorité présidentielle.
00:50:39Face à ça, il y a deux projets qui s'affrontent.
00:50:41Le Front identitaire nationaliste contre le Front populaire.
00:50:45Et ça va être ça, la véritable confrontation, à la fin.
00:50:49-"Cinq autres candidats se présentent également
00:50:52dans cette cinquième circonscription des Yvelines."
00:50:57Voilà, reportage Elsa Mondin-Gava.
00:50:59Chaque soir, une circonscription jusqu'au 30 juin
00:51:02et même, dans sa bourgarde, jusqu'au deuxième tour, le 7 juillet.
00:51:06Campagne Express, à présent, Stéphanie Despierre.
00:51:08On accueille tout de suite.
00:51:10Générique
00:51:11...
00:51:16Bonsoir, Stéphanie.
00:51:18Bonsoir.
00:51:19Un chiffre à la une, ce soir.
00:51:21Un chiffre colossal, 150 milliards d'euros
00:51:24à l'horizon 2027.
00:51:26C'est le coût du programme du nouveau Front populaire.
00:51:29En présence de trois économistes qui ont contribué à l'écrire,
00:51:32l'Union de la gauche a livré son chiffrage,
00:51:34très attendu lors d'une conférence de presse ce matin.
00:51:37Les jours socialistes et insoumis ne donnaient pas le même chiffre.
00:51:40Le camp présidentiel estimait ce programme, lui,
00:51:43à 287 milliards d'euros.
00:51:45Face à l'inquiétude des milieux économiques,
00:51:47la gauche veut rassurer.
00:51:49En 1981, le slogan de François Mitterrand,
00:51:51c'était la force tranquille.
00:51:52En 2024, c'est la rupture tranquille.
00:51:54L'ère Macron est terminée.
00:51:56Dans quelques jours, il n'en restera plus rien.
00:52:00Et nous, ce que nous proposons, c'est une rupture.
00:52:03Une rupture tranquille, parce que c'est une rupture
00:52:06qui va mettre le pays dans un bon ordre social,
00:52:08qui va le remettre en état de fonctionner.
00:52:12J'ai une petite relance, alors je la cherche.
00:52:14Stéphanie, qu'y a-t-il dans ce programme ?
00:52:17L'abrogation de la très contestée réforme des retraites,
00:52:21abrogation de l'assurance chômage,
00:52:23priorité au pouvoir d'achat avec un SMIC à 1 500 euros net,
00:52:27une augmentation du point d'indice des fonctionnaires,
00:52:30le nouveau Front populaire veut relancer l'économie
00:52:33par l'investissement, et pour financer tout cela,
00:52:35ils veulent le retour de l'impôt sur la fortune.
00:52:38Ca devrait rapporter, selon leurs calculs,
00:52:4015 milliards d'euros par an.
00:52:42Ils vont créer également une taxe sur les superprofits,
00:52:4515 milliards de recettes en plus, espèrent-ils.
00:52:49Ils disent qu'ils ne veulent pas créer le déficit écouté.
00:52:52Pour être très clair avec vous,
00:52:54à la fois par les rentrées fiscales
00:52:56et l'effet multiplicateur sur lequel nous comptons
00:52:59et que nous n'avons pas, par volonté de crédibilité,
00:53:03mis en place dans notre programme et dont nous savons
00:53:06qu'il va le nourrir, nous ne finançons pas
00:53:08de manière, j'allais dire, prioritaire,
00:53:11la question de notre programme par l'augmentation du déficit.
00:53:15Je vous tiens à une chose,
00:53:16nous ferons mieux que ce gouvernement actuel.
00:53:18Les représentants du nouveau Front populaire
00:53:21étaient agacés par les questions des journalistes.
00:53:24Ce matin, ils ont défendu leur démarche et leur programme.
00:53:27Nous sommes effectivement les seuls à avoir présenté
00:53:31un programme et un chiffrage de ce programme.
00:53:33Les seuls. Et qui avons-nous face à nous ?
00:53:35Nous avons des macronistes qui, à défaut d'avoir un projet,
00:53:39ont un bilan. Je veux bien qu'on accorde
00:53:41une crédibilité considérable à des gens qui ont littéralement menti
00:53:45sur les prévisions budgétaires,
00:53:46mais tout cela me paraît quand même curieux.
00:53:49Nous avons face à nous, par ailleurs,
00:53:51l'extrême droite, le RN,
00:53:53dont le programme change tous les jours.
00:53:55C'est vrai qu'hier, Gabriel Attal n'a pas donné de chiffre
00:53:58sur le programme. Il a expliqué que les mesures proposées
00:54:01seront financées. Il promet d'inscrire
00:54:04une règle d'or budgétaire dans la loi.
00:54:06Le RN, lui non plus, n'a pas fait de chiffrage.
00:54:08L'addition s'élèverait à 100 milliards d'euros.
00:54:11On en saura peut-être un peu plus lundi.
00:54:13Bardella présente les priorités de son programme.
00:54:16Merci beaucoup, Stéphanie Despierre, Campagne Express.
00:54:19On croit sous les milliards, on a l'impression à vous écouter.
00:54:22On va terminer avec notre dernière rubrique.
00:54:25Les affranchis au féminin pluriel, ce soir,
00:54:27leur parti pris tout de suite.
00:54:39Et bonsoir, Marie-Ette Barry-Grand.
00:54:41Ravie de vous retrouver pour votre mot de la semaine,
00:54:44sémiologue préféré dans cette émission.
00:54:46Et bonsoir, Léa.
00:54:47Léa Falco, la chronique écolo du vendredi.
00:54:50On commence avec vous, Marie-Ette.
00:54:52Vous avez choisi réel comme mot de la semaine.
00:54:54C'est vrai que la question du réalisme
00:54:57est au coeur du débat, avec cette avalanche de programmes.
00:55:00On a un peu eu l'impression, cette semaine,
00:55:02qu'on assistait au retour du réel,
00:55:04comme on dit, retour du refoulé.
00:55:06Non seulement les politiques, mais les médias aussi
00:55:09nous ont abreuvés de chiffres, de mesures concrètes,
00:55:12tout d'un coup, ce qui n'était pas fait depuis des années.
00:55:15Tout d'un coup, on avait ce réel qui arrivait.
00:55:19On a eu une profusion d'enquêtes,
00:55:21non pas sur des paroles, mais sur des actes.
00:55:24Oui, retour du réel,
00:55:25retour des dépenses, surtout, et des déficits.
00:55:28Oui, alors ça n'est pas étonnant,
00:55:30parce que le mot réel est forgé sur le mot res, en latin,
00:55:34et ça veut dire la chose.
00:55:35L'objet, nos tables, nos chaises, etc.,
00:55:38mais aussi la chose sonnante et trébuchante.
00:55:40Combien ça coûte ?
00:55:41Le réel a toujours un prix.
00:55:43Combien ça coûtera, éventuellement,
00:55:45la retraite à 60 ans, le SMIC à 1 600.
00:55:48Dans ce contexte, ce qui était très frappant,
00:55:50c'est qu'à côté du réel, on a eu une espèce d'explosion
00:55:53particulière de la psychiatrie.
00:55:55Les gens se sont traités de fous, de délirants...
00:55:58-"D'irrationnels".
00:55:59-...d'irrationnels, de paranoïaques, de narcissiques, etc.
00:56:03Donc, on a l'impression qu'on traverse
00:56:05une crise plutôt psychotique que politique,
00:56:08et si c'est ça, on vit chez les fous, on dit certains,
00:56:11allons chez le psychiatre, Myriam.
00:56:13Carrément.
00:56:14Nous avons la chance, dans notre tradition intellectuelle,
00:56:17d'avoir un très grand psychiatre,
00:56:19d'ailleurs, qui a été, c'est à noter,
00:56:21invoqué, le docteur Lacan,
00:56:23qui définissait le réel de plusieurs manières.
00:56:25Mon aphorisme préféré, car il est paradoxal,
00:56:28c'est quand Lacan disait que le réel, c'est l'impossible.
00:56:31-"Impossible, toutes les mesures des programmes sur la TVA,
00:56:34la double frontière, et j'en passe."
00:56:37C'est ça qui était intéressant.
00:56:38D'habitude, le réel, on le définit, soyons réalistes,
00:56:41il y a de temps, ce qu'on ne peut pas faire.
00:56:44Lui, il faisait autre chose,
00:56:46car pour la psychanalyse, le réel n'arrive jamais seul,
00:56:49c'est une triade.
00:56:50Le réel, l'imaginaire et le symbolique.
00:56:52Réel et imaginaire, c'est ce que nous vivons en ce moment,
00:56:55le match entre le désir, comme dans les rêves,
00:56:58où il n'y a pas de contradictions,
00:57:00il n'y a pas de temps dans notre psyché,
00:57:02on peut faire ce qu'on veut quand on rêve,
00:57:04c'est ce qui s'est passé depuis des années.
00:57:07Ce qui s'est passé cette semaine, c'est que le réel a dit
00:57:10que c'était impossible, donc il y a ce match.
00:57:12C'est là où la triade lacanienne est très intéressante
00:57:15pour comprendre ce qui nous arrive.
00:57:17Ce qui gagne, c'est une troisième voie,
00:57:21qui est celle du symbolique, de la dimension symbolique.
00:57:24C'est quoi, la dimension symbolique ?
00:57:26C'est quand la personne, chacun de nous,
00:57:28pondère en lui-même le réel et le symbolique,
00:57:31le réel et l'imaginaire, et se dit,
00:57:33je m'arrange un peu comme ça,
00:57:35principe de plaisir, principe de réalité,
00:57:37mais ma voie, c'est celle-ci.
00:57:39C'est ça qui va se passer pour le sujet votant,
00:57:42pas simplement le sujet émotionnel ou pensant,
00:57:44mais le sujet votant.
00:57:45Je ne sais pas le résultat, Myriam.
00:57:47Je ne sais pas ce que ça va donner le 7 juillet,
00:57:50mais ce dont je suis absolument persuadée,
00:57:52c'est que c'est cette pondération-là
00:57:54qui sera la vraie variable d'analyse.
00:57:57Les couleurs politiques sont brouillées,
00:57:59mais les gens vont voter, exercer leur fonction symbolique,
00:58:02d'ailleurs, plus que d'habitude, semble-t-il,
00:58:05en pondérant entre eux, soit vers le réel,
00:58:07soit vers l'imaginaire.
00:58:09Merci. Je vais méditer cette chronique.
00:58:12Merci beaucoup.
00:58:13Léa, on va aller vite,
00:58:14parce qu'il nous reste un peu moins de temps que d'habitude.
00:58:18Vous vouliez nous parler d'une grande absente
00:58:20dans cette campagne, l'écologie.
00:58:22Elle passe à la trappe ?
00:58:24Où est-elle ? Où est l'écologie ?
00:58:26La disparition de ce sujet,
00:58:27qu'on entend de plus en plus ces dernières années,
00:58:30ne prend pas la même interprétation
00:58:32selon les groupes politiques ou les composantes.
00:58:35A gauche, ça fait quelques années qu'elle s'est intégrée,
00:58:38quasi structurellement, à l'ADN des partis.
00:58:40On la retrouve, de fait, dans ce que certains députés
00:58:43avaient élevé, appelé le Front populaire écologique et social,
00:58:47en transverse, selon certaines mesures,
00:58:49dans le programme du parti.
00:58:51A noter, quand même, que par rapport
00:58:53aux précédentes campagnes de chacun des partis,
00:58:55il est un peu plus timoré.
00:58:57Résultat oblige d'une réunion et d'une composition du programme
00:59:00en temps un peu limité.
00:59:02La majorité, elle, elle est bien silencieuse
00:59:04sur les sujets environnementaux.
00:59:06Le sujet sur lequel on l'entend un peu, c'est l'énergie,
00:59:09notamment la relance du nucléaire.
00:59:11Je pense que ce soit le seul débat environnemental
00:59:14qu'on retrouve dans le débat public.
00:59:16Et l'extrême-droite est un programme franchement hostile
00:59:19à la transition écologique.
00:59:21A quoi peut-on s'attendre si Bardella devient Premier ministre
00:59:24en matière d'écologie ?
00:59:25On a certains exemples dans des pays où l'extrême-droite
00:59:29a été ou est au pouvoir aujourd'hui,
00:59:31l'Italie, le Brésil, la Pologne, la Hongrie, les Etats-Unis.
00:59:34Il y a une cohérence, c'est clair.
00:59:36C'est de ne rien faire ou même de revenir en arrière,
00:59:39notamment sur les règlements environnementaux.
00:59:41En France, le Rassemblement national
00:59:44veut un moratoire sur l'éolien et le solaire.
00:59:47Ca représente 15 % de la production électrique française.
00:59:50La conséquence directe de ce moratoire,
00:59:52ce serait une dépendance de plus en plus grande
00:59:55aux pays producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz,
00:59:58qui ne sont pas tout à fait des démocraties
01:00:01et qui sont satisfaits de garder mainmise sur nos pays.
01:00:04Et de l'autre côté, un creusement du déficit commercial français.
01:00:07Je le rappelle, un chiffre impressionnant.
01:00:10la facture énergétique française, les importations de fossiles,
01:00:14ça avait été 116 milliards d'euros
01:00:16sur un déficit total de 162,70 milliards du déficit.
01:00:20En deux mots, parce que c'est terminé,
01:00:22une telle campagne, c'est quoi, l'avenir de l'écologie ?
01:00:26La transition écologique n'est pas une affaire de climat,
01:00:29c'est une affaire sociale et il faut absolument
01:00:32que les partis la traitent de manière ambitieuse.
01:00:34Voilà un message clair et concis. Merci.
01:00:37Les Affranchis, c'est le week-end, profitez bien.
01:00:39On en a besoin. Reprenons des forces
01:00:41pour revenir la semaine prochaine et vous décrypter
01:00:44tous les enjeux de cette campagne express.
01:00:46Très belle soirée sur LCB.
01:00:48SOUS-TITRAGE ST' 501

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