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Quand les pompiers trouvent un corps lardé de coups de couteau dans l'incendie d'une maison, la police remonte jusqu'à un couple meurtrier.

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00:00 [Bruit de moteur]
00:02 [Bruit de moteur]
00:04 [Bruit de moteur]
00:06 C'était inhabituel pour un incendie domestique.
00:10 C'était un homicide maquillé.
00:13 La violence de l'attaque était palpable.
00:17 S'agissait-il d'une vengeance ?
00:21 On commençait à y voir un peu plus clair.
00:24 Il est venu me voir pour me dire à moi
00:27 qu'il avait assassiné mon meilleur ami.
00:30 Pourquoi dénoncer l'homme qu'elle venait d'épouser ?
00:33 Je ne vois pas pourquoi je devrais être le seul à payer pour ce crime.
00:38 Une partie de la vérité nous échappait.
00:41 Il a compris qu'elle s'était servie de lui.
00:43 On m'a manipulé, forcé à commettre et à endosser le crime.
00:47 Il voulait qu'elle paye elle aussi.
00:50 [Bruit de moteur]
00:52 [Bruit de moteur]
00:54 [Bruit de moteur]
00:56 [Bruit de moteur]
00:58 [Bruit de moteur]
01:00 [Bruit de moteur]
01:01 Alpina est située juste en bordure du lac Huron.
01:05 C'est idyllique. La ville a les pieds dans l'eau.
01:09 Ici, la plupart des gens ne ferment pas à clé la nuit, ni leur maison, ni leur voiture.
01:14 C'est assez tranquille dans l'ensemble.
01:18 C'est le genre d'endroit où tout le monde pense connaître ses voisins.
01:22 Mais le fait est que chacun a ses secrets.
01:25 Et il n'y a rien de tel qu'un drame pour les faire voler en éclats.
01:29 Le 15 octobre 2001, dans la soirée,
01:34 les autorités locales ont commencé à recevoir des dizaines d'appels
01:38 au sujet d'un incendie en cours au nord de la ville.
01:41 Il y avait apparemment une épaisse fumée.
01:45 La police s'est immédiatement rendue sur place
01:48 et a découvert une maison en feu dans Alfred Street.
01:51 Les flammes atteignaient jusqu'à 10 mètres de haut.
01:55 C'était inhabituel pour un incendie domestique.
01:58 Les voisins étaient convaincus que le propriétaire des lieux
02:03 se trouvait à l'intérieur, sa voiture étant dans le garage.
02:07 Les policiers présents sur place ont donc crié son nom à plusieurs reprises,
02:12 mais en vain.
02:14 Malheureusement, ils ne pouvaient pas pénétrer à l'intérieur de la maison.
02:19 Pour cela, ils devaient attendre l'arrivée des pompiers.
02:23 Une fois sur place, les pompiers ont tenté de maîtriser le feu depuis la rue.
02:28 Les flammes rendant l'accès à la maison impossible.
02:31 Finalement, leurs efforts ont payé et ils ont pu se glisser à l'intérieur.
02:37 Les pompiers sont entrés en premier.
02:41 À l'intérieur, la chaleur et la fumée étaient insoutenables.
02:45 Et c'est là qu'ils ont découvert les restes d'un corps,
02:49 dans la cuisine.
02:51 À partir du moment où il y avait un corps, ça devenait une scène de crime.
02:59 On a donc prévenu la division incendie du bureau du shérif de l'état du Michigan,
03:05 car en cas d'incendie mortel, c'est eux qui prennent la direction de l'enquête.
03:13 À mon arrivée, la police et les pompiers étaient déjà sur place
03:16 et l'incendie avait été maîtrisé.
03:19 En entrant dans le séjour, j'ai relevé une légère odeur d'essence.
03:25 C'est une odeur reconnaissable entre mille.
03:27 C'était suspect.
03:29 Les meubles avaient manifestement souffert de la chaleur
03:32 et ils étaient recouverts d'une fine couche de suie.
03:35 Mais les dégâts n'étaient pas immenses.
03:37 C'est typique des incendies provoqués par de l'essence,
03:41 car l'essence a beau s'enflammer en quelques secondes,
03:44 dans un espace clos, les flammes sont rapidement étouffées
03:47 à cause du manque d'oxygène.
03:50 Le séjour, en tout cas, le feu n'avait eu qu'un faible impact.
03:54 Je me suis alors dirigé vers la cuisine
03:56 où j'ai découvert la victime étendue par terre devant la porte.
04:00 Et là, curieusement, le feu avait fait beaucoup plus de dégâts.
04:04 Des victimes d'incendies, j'en ai vu beaucoup dans ma carrière.
04:09 Là, ce qui m'a frappé, c'est que le corps était très abîmé.
04:13 Il ne restait quasiment plus rien du torse de la victime,
04:17 comme si le feu était parti de ses entrailles.
04:21 Il n'y avait aucun débris sur son corps
04:24 et son bras et sa jambe gauche s'étaient détachés sous l'effet de la chaleur.
04:28 Ce qui ne m'aurait pas surpris si la maison s'était effondrée sur lui
04:32 et qu'il était resté prisonnier pendant plusieurs heures.
04:35 J'ai déjà vu des victimes réduites à l'état de squelette
04:38 lorsque leur maison avait entièrement brûlée,
04:41 mais là, elle était relativement intacte
04:44 et la victime n'avait pas été écrasée,
04:46 ce qui soulevait un certain nombre de questions.
04:49 La police était quasiment sûre qu'il s'agissait de James Orban,
04:54 le propriétaire des lieux.
04:56 Mais le corps avait tellement souffert
04:59 qu'un test ADN était indispensable à ce stade.
05:04 Même ses empreintes digitales étaient trop abîmées pour pouvoir être exploitées.
05:09 Le corps gisait au milieu d'une multitude de débris de verre
05:14 provenant manifestement de la porte arrière de la maison
05:17 dont la vitre était manquante.
05:20 Quand on a déplacé le corps,
05:23 on a également découvert des fragments en dessous.
05:26 Les fragments en question ne présentaient aucune trace de suie,
05:31 ce qui signifiait que la victime était tombée sur les débris de verre
05:34 avant l'incendie.
05:36 Un autre détail a aussitôt frappé la police scientifique.
05:41 Sur le lave-vaisselle et le fourneau électrique,
05:44 il y avait des traces de sang que les enquêteurs n'avaient pas relevées.
05:48 Comme si la victime avait pris appui avec sa main sur l'un des appareils
05:54 et qu'elle avait appuyé sa tête sur l'autre.
06:00 La violence de l'attaque était palpable.
06:03 D'après la police, il avait été poignardé à de multiples reprises.
06:09 Et il avait notamment reçu un coup particulièrement violent au niveau du front.
06:15 La présence de traces de sang un peu partout dans la cuisine
06:19 confirmait cette théorie.
06:21 Il s'agissait à l'évidence d'un homicide maquillé en incendie domestique.
06:28 Le résultat du test ADN a alors confirmé
06:32 que la victime était bien le propriétaire des lieux, James Orban.
06:37 Qui pouvait bien l'avoir assassiné ?
06:40 Et pour quelle raison ?
06:42 Et pourquoi l'assassin s'était-il acharné sur lui ?
06:46 Au moment des faits, je travaillais à plein temps
06:52 comme journaliste pour un quotidien local.
06:55 Ça ne faisait que quelques mois.
06:57 À ma grande surprise, je connaissais bien le défunt.
07:02 Il avait vendu à mes grands-parents le terrain sur lequel ils avaient fait construire.
07:06 Je le connaissais donc depuis toute petite.
07:09 James Orban était une sorte de marginal depuis l'enfance.
07:15 Il était le troisième enfant d'une fratrie de neuf.
07:18 Il n'avait pas eu une enfance facile.
07:21 Son père était un alcoolique très fort.
07:24 Son père était un alcoolique notoire qui ne travaillait pas.
07:27 C'était sa mère qui travaillait dans une usine du coin,
07:30 qui faisait bouillir la marmite.
07:33 Il souffrait depuis la naissance de troubles auditifs sévères,
07:37 qui affectaient par ailleurs sa diction.
07:41 Il faisait l'objet de moqueries constantes de la part des autres enfants,
07:46 qu'ils soient de son âge ou plus âgés,
07:49 parce qu'ils avaient des difficultés à s'exprimer.
07:52 Ils s'entendaient mieux avec les plus petits que lui,
07:55 et donc ses seuls amis étaient des enfants beaucoup plus jeunes.
07:59 Avec eux, ils n'avaient pas ce rapport de force qu'ils pouvaient avoir avec les plus grands.
08:05 Ils jouaient ensemble, et ça s'arrêtait là.
08:08 James Orban avait trouvé un moyen d'échapper à ses détracteurs,
08:12 mais ce genre d'abus laisse des cicatrices.
08:16 Il avait travaillé à l'usine pratiquement toute sa vie.
08:21 Ses voisins décrivaient un homme solitaire dans l'ensemble.
08:26 Le lendemain de l'incendie, c'est moi qui ai conduit les recherches à son domicile.
08:33 Je me suis longtemps attardé sur la chambre attenante à la cuisine,
08:38 dont tout portait à croire qu'elle était celle de James Orban.
08:44 Entre autres meubles,
08:47 il y avait là une commode dont les tiroirs étaient ouverts,
08:52 et dont le contenu avait été vidé par terre et sur le lit, à l'âde, semble-t-il.
08:58 Et parmi ces effets, je me rappelle avoir été aussitôt frappé
09:03 par la présence de polaroïds amateurs montrant des jeunes filles adolescentes.
09:10 Ces clichés n'étaient pas à proprement parler inappropriés,
09:15 mais leur présence dans la chambre d'un homme d'âge mûr témoignait d'une obsession malsaine.
09:20 Il semblait presque avoir été mis là exprès pour que la police les trouve.
09:27 Quoi qu'il en soit, les enquêteurs ont commencé à se demander s'il s'agissait d'une vengeance.
09:33 N'importe quel policier vous dira qu'il n'y a jamais de coïncidence.
09:39 [Musique]
09:43 James Orban semblait avoir gardé de son enfance une obsession pour les jeunes enfants,
10:00 et très vite, l'enquête a révélé qu'il avait commis des choses horribles.
10:06 Je me rappelle quand j'étais enfant.
10:08 La rumeur courait qu'il avait maltraité des jeunes filles.
10:12 Moi, il ne m'a jamais rien fait personnellement,
10:14 mais je me suis toujours méfiée de lui, parce qu'on sentait bien qu'il n'était pas net.
10:19 Une enquête de police avait été ouverte contre lui de nombreuses années auparavant,
10:26 après qu'une adolescente l'a accusée d'attentat à la pudeur,
10:31 et il avait été jugé et condamné pour cela à une peine de prison ferme.
10:37 Compte tenu du profit de la victime, la thèse de la vengeance tenait parfaitement la route.
10:44 Deux semaines avant l'incendie, un voisin avait signalé à la police
10:54 la présence d'un tag sur la porte de garage de James Orban.
10:58 Quelqu'un avait peint le mot "pédocriminel".
11:01 Le fait que ça s'était passé 15 jours plus tôt,
11:05 et que la police avait ensuite retrouvé des photos compromettantes dans la chambre de James Orban,
11:11 ça ne pouvait pas être une coïncidence.
11:15 L'auteur du tag était peut-être revenu pour assassiner James Orban et lui faire payer ses crimes.
11:22 Tout le monde se posait la même question.
11:27 S'agissait-il d'une vengeance ?
11:29 L'assassin était-il une ancienne victime ?
11:32 Ou s'agissait-il d'un cambriolage qui avait mal tourné ?
11:35 C'était le grand point d'interrogation.
11:37 On commençait toutefois à y voir un peu plus clair.
11:41 Entre les indices recueillis par la police scientifique et ceux recueillis par mes soins,
11:46 on tenait un début.
11:47 Maintenant, il fallait interroger les témoins.
11:50 À commencer par Robert Taylor, le voisin qui avait appelé le 911.
11:56 Il était en train de promener son chien quand il a aperçu de la fumée à la lueur des réverbères.
12:03 Un homme l'a alors abordé, de type caucasien, assez grand, avec une barbe et une casquette de baseball sur la tête.
12:12 Alors qu'il observait le va-et-vient des pompiers et des policiers,
12:16 un homme l'avait accosté pour lui demander "Est-ce qu'ils ont déjà retrouvé le corps ?"
12:23 Soit il était au courant de quelque chose, soit il était impliqué dans l'incendie.
12:28 Il était en âge et sentait le feu de bois, ce qui était pour le moins étrange à 2h du matin, en plein mois d'octobre.
12:36 Pourquoi transpirait-il ? Qu'avait-il fait avant ?
12:40 Nouveau point d'interrogation. Il fallait absolument retrouver cet individu.
12:46 Aucun des voisins interrogés ne connaissait James Orban plus que ça.
12:51 Mais plusieurs d'entre eux connaissaient quelqu'un qui semblait bien le connaître.
12:56 Une jeune femme de 21 ans, Melissa Bredow, dite "Missy".
13:01 Tout le monde, ou presque, dans le quartier, savait que James Orban fréquentait, quoique cela signifie, Missy Bredow,
13:11 qui vivait alors à quelques minutes à pied de chez lui.
13:16 C'était une jeune femme turbulente et autoritaire qui aimait bien se faire remarquer.
13:21 Et d'après les voisins, elle rendait visite à James Orban tous les jours.
13:26 C'était surprenant, dans la mesure où il avait 69 ans et elle 21.
13:31 Que pouvait-il bien avoir en commun ?
13:34 Mais surtout, pourquoi allait-elle chez lui aussi souvent ?
13:40 Missy a eu une enfance difficile. Ses parents n'avaient pas beaucoup d'argent. C'était compliqué.
13:46 Son père travaillait sur les bateaux et était souvent absent. Et elle ne s'entendait pas très bien avec sa mère.
13:53 Elle a commencé à avoir des ennuis avec la justice dès sa prime adolescence.
13:58 Consommation d'alcool, troubles à l'ordre public... Disons qu'elle avait une personnalité rebelle.
14:04 Dans sa grande naïveté, elle était convaincue d'avoir toujours raison.
14:10 Et elle s'estimait libre de faire ce qu'elle voulait. Et personne n'avait le droit de lui dire le contraire.
14:15 Elle aussi a donc eu une enfance malheureuse.
14:19 Cela explique sans doute son besoin de tout contrôler, y compris les autres.
14:25 A 14 ans, elle a commencé à fréquenter un de ses camarades de classe, Jason Belanger,
14:33 qui était bon élève et qui venait d'une bonne famille.
14:38 Au début, ses parents ont cru qu'il aurait une influence positive sur elle.
14:43 Mais contre toute attente, c'est l'inverse qui s'est produit.
14:48 Missy a rapidement pris le dessus, si je puis dire, et Jason est tombé sous son emprise.
14:54 Belanger n'était pas un ange. Il avait eu des ennuis, lui aussi,
14:59 mais disons que Missy a jeté de l'huile sur le feu, et ils sont bientôt devenus inséparables.
15:05 Ses notes ont commencé à chuter.
15:09 Il a commencé à boire, à se droguer, il la suivait partout.
15:13 Dès le départ, ils ont noué une relation basée sur l'excès et les excès.
15:20 Missy était très possessive, très jalouse. Je sais que les parents de Jason ont tout fait pour essayer de l'éloigner de leur fils.
15:28 Mais Jason filait un très mauvais coton, alors ses parents ont décidé de déménager.
15:35 J'imagine leur désarroi. Ils avaient de bonnes situations, une belle maison,
15:41 et ils ont fait le choix de tout sacrifier pour tenter de sauver leur fils,
15:46 parce qu'ils avaient peur qu'il s'enlise s'il ne s'éloignait pas physiquement de Missy.
15:53 Je comprends la réaction des parents de Jason, et j'imagine aussi que ça a dû être dur pour Missy.
16:00 Quand Jason est parti et a disparu de sa vie, Missy a dû se rabattre sur de nouvelles têtes.
16:08 C'est à peu près à cette époque-là qu'elle s'est rapprochée de James Orban.
16:13 Il avait pris l'habitude d'offrir aux jeunes des cigarettes et de l'alcool,
16:18 tout ce qu'ils voulaient en somme, parce qu'il avait compris qu'il pouvait ainsi gagner leur affection.
16:24 Il achetait littéralement leur amitié, qui est assez triste quand on y pense.
16:30 Missy l'aidait avec les tâches ménagères, et en échange il lui donnait un peu d'argent.
16:36 Je pense qu'elle faisait plus que lui rendre service. Elle faisait plus que les courses et le ménage.
16:43 Notre enquête n'a pas permis d'établir s'ils avaient des rapports plus intimes.
16:48 Mais on s'est forcément posé la question, quelle était la nature exacte de leurs relations, financières, sexuelles ou autres.
16:58 Missy et James Orban passaient beaucoup de temps ensemble.
17:08 Et sans doute pensait-il être amoureux d'elle. Et peut-être l'était-il.
17:12 Après tout, elle était douée à ce jeu-là, pour manipuler les hommes qui gravitaient autour d'elle.
17:19 Missy dépensait tout ce que James Orban lui donnait, parce qu'elle était accro aux bingos.
17:25 À 20 ans. Avouez que c'est une drôle d'activité.
17:28 Mais j'imagine qu'elle espérait gagner gros. Comme ça, pas besoin de travailler.
17:33 Par ailleurs, elle empruntait très souvent le véhicule de James Orban.
17:39 Il possédait un vieux pick-up qui n'était pas du goût de Missy.
17:43 Alors un jour, il l'avait emmenée chez le concessionnaire pour qu'elle choisisse une nouvelle voiture,
17:48 en lui disant "c'est pour toi, tu peux la prendre quand tu veux, mais elle s'appelle Reviens".
17:53 En gros, elle devait toujours la ramener chez lui.
17:56 Elle se faisait entretenir. Elle s'était déjà accaparée la moitié de ses affaires.
18:02 Alors pourquoi pas la voiture ?
18:05 Il était grand temps pour la police d'interroger Missy Bredow.
18:09 Les dessous de son amitié avec James Orban étant tout de même troublant.
18:14 Quand on l'a reçue, j'ai été frappé par sa bonne humeur.
18:20 Elle ne tenait pas en place. Elle parlait beaucoup,
18:23 ce qui était surprenant de la part de quelqu'un qui venait de perdre un ami proche.
18:28 À sa part, elle était très timide.
18:31 Elle semblait néanmoins disposée à faire de son mieux pour aider les enquêteurs.
18:36 Missy avait un alibi embêtant, car elle avait joué au bingo le soir du crime.
18:42 Plusieurs témoins l'avaient vue et pouvaient confirmer qu'elle n'avait pas quitté la salle.
18:49 On a longuement échangé avec elle pour essayer de lui faire un bon coup.
18:54 Elle avait été très timide.
18:57 On a longuement échangé avec elle pour essayer de lui soutirer des informations.
19:02 Puis on a fini par lui demander quelle était la nature exacte de sa relation avec James Orban.
19:08 Elle leur a répondu qu'elle ne l'avait pas revue depuis le 3 octobre, soit deux semaines avant le drame.
19:14 Ils s'étaient disputés au sujet de la voiture,
19:18 Missy ne comprenant pas pourquoi James refusait qu'elle l'emprunte alors qu'ils avaient un accord.
19:24 D'un coup, ils lui avaient coupé les vivres.
19:28 Typiquement, quand on interroge un suspect,
19:32 on lui demande toujours si il ou elle serait prêt à passer au détecteur de mensonges.
19:37 Et généralement, la réponse est oui.
19:40 Missy, elle, nous a répondu qu'elle n'avait pas le temps.
19:44 C'est forcément louche quand un suspect qui semblait prêt à coopérer avec la police
19:50 refuse soudain de se soumettre au détecteur de mensonges.
19:56 Elle leur a répondu
19:59 « Non, je ne peux pas, je dois organiser ma soirée de mariage.
20:03 Je suis débordée et je n'ai pas le temps. »
20:05 Parce qu'elle venait de se marier.
20:07 C'était bien la première fois qu'on ne sortait une excuse aussi saugrenue
20:11 pour échapper au détecteur de mensonges.
20:13 Missy leur a expliqué qu'elle s'était mariée le 16 octobre.
20:19 Ce qui n'a pas manqué de nous faire sourciller, le 16 étant le lendemain de l'incendie.
20:25 C'était relativement surprenant, 24 heures seulement,
20:29 après que son meilleur ami, soi-disant, ait été retrouvé assassiné.
20:35 Une autre question nous taraudait.
20:38 Qui était l'heureuse élue ?
20:40 Ce n'était nul autre que son amoureux du lycée, Jason Belanger.
20:47 Jason Belanger était parti depuis longtemps,
20:49 et peu de gens étaient au courant de son retour.
20:52 Pourtant, Missy et lui avaient aussitôt renoué.
20:55 Ils avaient emménagé ensemble, et voilà qu'à présent, ils s'étaient mariés.
20:59 C'était curieux.
21:01 Il avait fait son retour à Alpina 15 jours plus tôt.
21:05 Il avait croisé Missy en soirée,
21:07 et leur histoire avait repris là où elle s'était arrêtée quelques années plus tôt.
21:14 Au cours de nos enquêtes de voisinage,
21:17 en parlant au propriétaire d'un magasin situé à une centaine de mètres
21:20 de l'ancienne maison des Belangers,
21:23 j'avais découvert qu'à l'adolescence,
21:25 Jason avait mis le feu à un bâtiment qui avait failli être réduit en cendres.
21:30 On sait qu'un enfant avec des tendances pyromanes
21:34 a plus de chance, à l'âge adulte,
21:37 de recourir au feu de manière criminelle.
21:42 Les enquêteurs avaient hâte à présent d'interroger le mari de Missy, Jason.
21:47 Concernant ses retrouvailles avec Missy, son récit était plutôt cohérent.
21:53 Quand ils lui ont demandé s'ils connaissaient James Orban,
21:56 il a répondu "oui".
21:59 "Et que pensiez-vous de lui ?"
22:01 "Je ne l'aimais pas."
22:03 Il a alors expliqué aux enquêteurs
22:06 qu'il le soupçonnait de rétribuer Missy en échange de faveurs sexuelles.
22:12 Il était donc au courant, et ça ne lui plaisait pas.
22:15 Ce qui peut se comprendre.
22:17 Il a également avoué aux enquêteurs que dans sa jeunesse,
22:21 avant qu'il ne déménage,
22:23 il avait tagué la porte de garage de James Orban avec de la peinture rose.
22:28 Et quand ils lui ont demandé pourquoi,
22:31 il a répondu "parce que c'est un pédocriminel".
22:34 C'était troublant dans la mesure où deux semaines avant l'assassinat d'Orban,
22:38 quelqu'un avait tagué ce mot sur la porte de son garage.
22:42 Pendant qu'on l'interrogeait, j'ai réalisé qu'il correspondait également
22:47 à la description de l'inconnu qui avait accosté le voisin de James Orban
22:51 le jour du drame.
22:53 Jason Belanger n'est pas idiot,
22:57 mais ce n'est pas non plus une lumière.
23:00 Et les enquêteurs n'ont pas mis longtemps à faire le rapprochement
23:04 entre lui et ce mystérieux individu qui avait abordé le voisin de James Orban
23:09 le jour du crime.
23:11 Il était grand, blanc, barbu,
23:14 et il portait une casquette similaire à celle de l'inconnu.
23:18 Mais le plus troublant, c'était que cette casquette
23:23 était constellée de taches.
23:26 Sur la visière notamment, il me semblait distinguer une tache de sang.
23:31 Autant dire qu'il fallait la faire analyser au plus vite
23:34 pour vérifier si c'était bien du sang
23:36 et si l'ADN correspondait à celui de la victime.
23:39 Nous lui avons donc demandé s'il serait d'accord pour nous prêter sa casquette
23:44 et il nous a répondu oui.
23:46 Qu'est-ce qui lui a pris de se rendre à un interrogatoire
23:50 avec du sang sur sa casquette ?
23:53 C'est inimaginable.
23:55 Quand ils lui ont demandé si c'était du sang sur sa casquette,
24:00 Jason a fait une réponse très étrange, à savoir
24:03 « En tout cas, ça ne peut pas être du sang d'Orban ».
24:06 Il leur a dit « Ça ne peut pas venir d'Orban. Ce n'est pas son sang ».
24:12 De but en blanc, sans qu'il lui ait rien demandé.
24:16 Par ailleurs, Jason présentait des coupures aux mains
24:20 et quand on lui a demandé comment il s'était fait ça,
24:23 il nous a répondu qu'il avait bricolé sa moto
24:26 et qu'il s'était coupé avec une clé.
24:29 Bon, je ne suis pas mécanicienne,
24:32 mais je ne crois pas qu'on puisse se couper avec une clé.
24:35 Par contre, on peut se couper avec du verre
24:38 ou dans le cadre d'une bagarre.
24:40 On s'est excusés et on est sortis de la pièce.
24:45 On l'a laissée mariner un peu, on en a profité pour reprendre nos esprits
24:49 et quand on est retournés dans la salle d'interrogatoire,
24:52 Jason nous a dit « Ok, je vais tout vous avouer ».
24:57 Je vous laisse imaginer notre surprise.
25:00 Il leur a alors expliqué qu'à la base,
25:03 il voulait seulement cambrioler James Orban
25:06 parce qu'il avait besoin d'argent pour s'acheter de la drogue.
25:09 Ses réserves étaient à sec.
25:11 Il s'était donc rendu chez James Orban.
25:16 Il faisait nuit, il était tard
25:18 et alors qu'il gravissait les marches situées à l'arrière de la maison,
25:22 James Orban avait ouvert la porte pour faire sortir son chat.
25:26 Une dispute avait aussitôt éclaté entre eux
25:29 et ils en étaient très vite venus aux mains.
25:32 Apparemment, le fait de voir Orban l'avait rempli de rage
25:38 et la raison pour laquelle il avait eu une réaction aussi épidermique,
25:42 c'était qu'Orban l'avait agressé sexuellement lorsqu'il était enfant.
25:47 Aucune plainte n'avait jamais été déposée en ce sens
25:54 et d'ailleurs, c'était la première fois que quelqu'un accusait James Orban
25:58 d'avoir un penchant pour les jeunes garçons.
26:01 Ses victimes, jusqu'alors, avaient toujours été des jeunes filles.
26:06 L'argument avancé par Jason Belanger était donc pour le moins surprenant.
26:12 La plupart des individus de sexe masculin
26:17 choisissent le silence en cas d'agression.
26:20 Il était donc tout à fait possible qu'ils disent la vérité.
26:23 Et si Missy, lui, avait effectivement été agressé par James Orban dans leur enfance,
26:29 on pouvait comprendre qu'il écraquait sous le poids de la colère.
26:34 Après avoir poignardé James Orban à plusieurs reprises,
26:39 il avait fouillé la maison, avait pris tout ce qu'il pouvait,
26:42 puis il s'était enfui sans se soucier de savoir s'il était encore en vie.
26:47 Les enquêteurs ont pris ces aveux au sérieux
26:52 car dans l'ensemble, ça collait.
26:54 Il avait volé des choses, il en voulait à James Orban,
26:57 et il y avait de fortes chances pour que ce soit lui
27:00 qui épeint le mot "pédocriminel" sur son garage.
27:03 À ce stade, on avait suffisamment d'éléments pour le placer en détention provisoire.
27:09 La police avait obtenu des aveux.
27:12 Restait maintenant à déterminer quel rôle Missy avait joué dans tout cela.
27:18 [Musique]
27:21 On l'a convoquée au poste.
27:26 Elle était très agitée,
27:28 et elle essayait de nous soutirer des informations mais sans se mouiller.
27:31 Pour faire monter la pression,
27:34 ils ont commencé à lui dire
27:36 "Écoutez, on sait qu'il s'est passé ceci et cela."
27:40 Missy s'est énervée et a menacé de partir.
27:44 Elle était visiblement secouée.
27:47 Puis, on lui a dit que Jason avait avoué le meurtre d'Orban.
27:51 Et elle a changé du tout au tout.
27:54 Elle s'est mise à parler.
27:56 Elle a commencé à raconter des choses que seule une complice pouvait savoir.
28:02 Sa version des faits était un peu différente.
28:04 D'après elle, Jason avait tiré une balle dans la porte,
28:07 puis il avait perdu son arme dans la bagarre.
28:10 Son pistolet était tombé par terre,
28:13 donc il s'était saisi de son couteau de poche,
28:16 avec lequel il avait poignardé Orban à plusieurs reprises.
28:19 Le rapport d'autopsie confirmait que la victime avait effectivement été poignardée.
28:24 Mais le plus surprenant, c'était que Missy avait mimé la scène au policier.
28:30 Jason Belanger, lui avait-il rapporté tous ces détails après coup ?
28:35 Ou avait-elle été à ses côtés le soir du crime ?
28:41 Elle nous a expliqué ensuite comment Jason s'était enfui
28:44 en empruntant le pont le plus proche.
28:47 Et comment il avait retiré sa casquette
28:50 pour y glisser son pistolet, son couteau,
28:54 et, lui semblait-il, le portefeuille de James Orban,
28:59 avant de s'en débarrasser dans la rivière.
29:03 Fort de cette information,
29:06 on a contacté les équipes de plongée de la police fédérale,
29:09 qui ont effectivement retrouvé la casquette, le pistolet et le couteau,
29:14 mais pas le portefeuille.
29:16 L'ADN du couteau était inutilisable.
29:20 Mais un détail que Missy nous avait confié nous a sauvé la mise,
29:23 à savoir que Jason était tellement enragé
29:26 qu'à un moment donné, il avait utilisé ses deux mains
29:29 pour enfoncer le couteau plus profond.
29:31 Et, ce faisant, il avait cassé la pointe de son couteau.
29:35 Et la pointe du couteau retrouvée était cassée.
29:38 Elle était bavarde,
29:40 mais les enquêteurs savaient qu'elle n'avait pas tout dit.
29:43 Alors, ils ont continué à l'interroger,
29:45 et elle a fini par leur dire,
29:47 "Je sais où sont ces vêtements, mais il va falloir m'en aller."
29:50 On est donc partis en voiture jusqu'à une benne à ordures
29:54 située à l'extérieur de la ville.
29:56 Quand ils lui ont demandé, "Il y a quoi dans cette benne ?",
30:00 elle a répondu, "Un jean et un tee-shirt ensanglanté
30:04 et un blouson jaune colombien."
30:07 Quand on a ouvert la benne,
30:09 elle nous a aussitôt montré deux sacs noirs, en disant, "Voilà."
30:13 On les a donc sortis, on les a ouverts,
30:16 et dedans...
30:18 Bingo !
30:19 On a tout envoyé au labo de la police scientifique,
30:28 et les résultats ont confirmé que l'ADN présent sur les vêtements
30:32 était bien celui de James Orban.
30:36 Missy nous avait donc indiqué où se trouvait l'arme du crime,
30:41 qu'on avait facilement retrouvée,
30:44 ainsi que les vêtements de l'assassin.
30:48 Pourquoi dénoncer ainsi l'homme qu'elle venait d'épouser ?
30:53 Pourquoi le livrer à la police sans ménagement ?
30:57 Ça ne faisait pas 15 minutes qu'il était en prison
31:00 qu'elle balançait tout ce qu'elle savait aux enquêteurs.
31:05 Bellanger a été mis en examen pour homicide.
31:09 Et faute d'avoir pu rassembler suffisamment de preuves solides contre Missy,
31:14 ils ont été obligés de la relâcher.
31:17 Que ce soit les enquêteurs ou le bureau du procureur,
31:21 on était tous convaincus, compte tenu de tout ce que Missy nous avait révélé,
31:25 que Bellanger s'apprêtait à payer à la place de sa conjointe.
31:30 Il était déterminé à la protéger, contre vents et marées, à tout prix.
31:35 Il maintenait qu'il était le seul et unique responsable.
31:39 Il est donc parti en prison, en attendant son procès,
31:48 et tout le monde pensait que l'affaire était pliée.
31:51 Quand soudain, en 2003, le procureur du comté d'Alpina
31:55 a reçu un appel de Jason Bellanger,
31:58 qui souhaitait lui parler,
32:00 et notamment lui faire part d'un certain nombre de précisions concernant Missy.
32:06 J'aimerais qu'on reprenne tout depuis le début, si vous le voulez bien,
32:11 et surtout, j'aimerais que cette fois, vous nous disiez toute la vérité.
32:17 La vérité, c'est qu'on m'a manipulé, forcé à commettre et endossé le crime.
32:25 Ok. J'ai tué un homme, mais j'ai fait ça pour quelqu'un d'autre.
32:34 Et aujourd'hui, je vois pas pourquoi je devrais être le seul à payer pour ce crime.
32:43 Au début, quand Jason Bellanger a été placé en détention provisoire,
32:48 Missy l'appelait régulièrement et lui rendait souvent visite.
32:53 Et puis, elle a commencé à espacer ses visites, qui se sont faites de plus en plus rares.
32:59 Il a compris qu'elle s'était servi de lui, comme elle s'était servi de James Orban.
33:04 Et il s'est dit qu'il n'y avait pas de raison pour qu'il soit le seul à payer.
33:09 Tout a commencé quand Missy, qui n'était pas encore ma femme à ce moment-là,
33:14 a demandé de l'argent à James Orban pour que je puisse me réapprovisionner en drogue.
33:20 Je suis parti faire le plein un week-end, et en rentrant, il ne me restait déjà presque plus rien.
33:27 Je veux pas dire que j'ai flippé, mais disons que j'étais en manque.
33:32 Alors je lui ai demandé si elle pouvait me procurer davantage d'argent,
33:36 et c'est là qu'elle m'a dit "On pourrait se faire un max de blé si je trouvais quelqu'un pour tuer James".
33:44 Et puis elle a suggéré que je le tue moi-même,
33:48 après m'avoir expliqué qu'il avait rédigé un testament en sa faveur,
33:52 et qu'il y avait deux millions de dollars à la clé, plus une voiture, et un cabanon.
33:58 Et je l'ai cru.
34:00 Il nous a ensuite expliqué que Missy avait tout prévu dans le moindre détail,
34:05 qu'elle lui avait carrément fourni un plan détaillé de la maison d'Orban.
34:09 Elle m'a donné plein d'infos, avec un plan précis de la chambre dans laquelle se trouvaient deux commodes,
34:15 dont une qui était censée renfermer 9000 dollars.
34:19 Elle avait tout planifié méticuleusement,
34:23 comme l'aurait fait un braqueur de banque,
34:25 avec un plan détaillé des lieux bourrés d'annotations.
34:30 J'ai accepté de faire ça un samedi, pour qu'elle puisse utiliser le bingo comme alibi.
34:35 Elle s'est assurée d'avoir un alibi,
34:38 sans se soucier une seule seconde de son mari, qui avait pourtant accepté de commettre le crime à sa place.
34:46 Elle est partie au bingo, et moi je suis resté à la maison à picoler et à fumer en attendant qu'il fasse nuit.
34:52 Et puis je suis allé chez Orban.
34:56 Et je l'ai tué.
34:59 Et puis après, j'ai...
35:02 j'ai rejoint Missy au bingo et je lui ai dit "c'est bon".
35:05 Et sur son conseil, je suis rentré me doucher.
35:08 On sent bien que c'est elle qui dirige, et que lui, il ne fait que s'exécuter.
35:13 Qu'il vient de tuer un homme, et au lieu de rentrer se doucher,
35:17 il va la voir au bingo pour lui demander ce qu'il doit faire.
35:21 Et puis on est allé à la station essence, et...
35:26 j'ai mis pour 2 dollars d'essence dans une bouteille, que Missy a payée.
35:32 Elle a donc payé pour l'essence.
35:35 Il a rempli une bouteille de 2 litres, qu'il a glissé dans son sac à dos,
35:39 et il est retourné chez Orban pour mettre le feu.
35:42 J'ai répandu un peu d'essence dans la cuisine, dans le séjour,
35:46 puis sur les marches, et puis j'ai mis le feu.
35:50 Après, je suis rentré chez moi, ou plutôt chez Missy,
35:54 et je l'ai réveillé pour lui dire que c'était fait.
35:57 J'ai ressenti une forme de soulagement à l'issue de cet entretien.
36:01 Parce que cela faisait 2 ans qu'il était derrière les barreaux,
36:04 et qu'on était nombreux à penser, au sein de l'équipe des enquêteurs,
36:08 qu'une partie de la vérité nous échappait.
36:11 Concernant les sommes d'argent que James Orban lui remettait régulièrement,
36:16 savez-vous si c'était en échange de faveurs sexuelles ?
36:19 Elle, elle a toujours dit que non, mais bon, je suis pas idiot.
36:23 OK, donc elle a toujours nié, mais...
36:26 elle vous a jamais dit qu'ils avaient des rapports sexuels ?
36:28 Non, elle a toujours nié.
36:30 Et vous, il vous a jamais agressé ?
36:32 Non.
36:33 Ça ne m'étonne pas que Jason Belanger ait prétendu avoir été sexuellement agressé
36:38 par Orban dans son enfance pour se dédouaner.
36:43 Je suis néanmoins choquée qu'il ait exploité la souffrance des véritables victimes
36:48 pour tenter de sauver sa peau.
36:51 Vous confirmez donc que votre seul objectif en le tuant,
36:54 c'était de faire main basse sur l'argent et le cabanon
36:57 qu'il avait promis à Missy en héritage ?
37:00 Oui, l'idée, c'était de s'en mettre plein les poches, et voilà.
37:04 À ce stade, pour pouvoir mettre Missy en examen,
37:08 les enquêteurs avaient besoin de plus.
37:11 Ils ont réinterrogé plusieurs personnes qui étaient au bingo ce soir-là
37:15 et qui se rappelaient toutes que Missy était d'excellente humeur.
37:19 Elle s'était vantée comme à son habitude
37:22 et était même allée jusqu'à dire à certaines personnes
37:25 que s'il arrivait quoi que ce soit à James Orban,
37:29 il était prévu qu'elle hérite de tout son argent, et elle en était fière.
37:34 Quelques jours après le drame,
37:36 elle s'était même rendue à la mairie en disant
37:39 "Je sais qu'il m'a tout légué, j'ai donc besoin d'une copie de son testament."
37:43 Sans verser une seule larme pour cette amie qui avait fait d'elle sa légataire universelle.
37:49 Tandis qu'on continuait à enquêter,
37:52 deux personnes différentes sont alors venues nous voir de leur plein gré
37:56 pour nous dire qu'ils connaissaient Missy de longue date
38:00 et qu'elle leur avait proposé un drôle de marché,
38:03 à savoir, éliminer James Orban.
38:07 En échange, Missy leur avait proposé de garder tous les objets de valeur
38:11 qu'ils trouveraient sur place, car elle, ça ne l'intéressait pas.
38:16 La seule chose qui l'intéressait, c'était l'argent de l'héritage, et rien d'autre.
38:22 On a été un peu surpris d'apprendre que Missy avait demandé à d'autres personnes
38:27 d'assassiner James Orban.
38:29 Et en même temps, ça n'était pas si surprenant que ça de sa part.
38:34 Tant qu'elle n'avait pas à se salir les mains, c'était tout ce qui lui importait.
38:39 Et d'ailleurs, on en avait eu la preuve.
38:42 C'était sa façon à elle de garder le contrôle,
38:45 et elle se réjouissait du pouvoir que ça lui donnait.
38:49 Jason Belanger n'était donc pas le premier, ni même le deuxième,
38:54 mais au moins le troisième à qui elle demandait de tuer James Orban.
38:58 Elle mijotait son coup depuis longtemps,
39:01 ça datait même d'avant qu'elle renoue avec Jason.
39:04 Il a juste été le premier à dire oui, en gros.
39:08 À ce stade de l'enquête, Missy ne vivait plus à Alpina, mais dans un autre état,
39:13 et il fallait absolument qu'on l'interroge.
39:17 Le jour de l'interrogatoire, elle a commencé par pleurer,
39:20 et ça a duré un bon moment.
39:23 Elle niait être impliquée de près ou de loin.
39:26 Elle maintenait que Jason avait tout planifié et qu'elle n'avait rien fait.
39:30 Non, mais je vous jure, je vous le répète,
39:33 moi j'y suis absolument pour rien.
39:35 Et je l'entends, je l'entends parfaitement,
39:38 et je ne crois pas que ce soit vrai.
39:40 Oui, mais comment est-ce que je peux le prouver ?
39:42 Le meilleur moyen, c'est de nous dire toute la vérité.
39:45 Soyez honnête avec nous.
39:47 Il est venu me voir pour me dire à moi
39:51 qu'il avait assassiné mon meilleur ami.
39:54 Les enquêteurs chargés de l'interroger ont finalement réussi à interrompre ces sanglots.
39:59 Et elle a fini par avouer certaines choses.
40:02 Je lui ai dit, s'il était mort, je serais tranquille financièrement.
40:07 Il m'a répondu, "Comment ça ?"
40:09 J'ai dit, "Parce que James m'a mis sur son testament."
40:12 Tout ce que j'ai dit à Jason, c'est,
40:15 il est prévu qu'à la mort de James, j'ai risque de son argent et de sa maison.
40:20 En ajoutant, "Pu****, si tu pouvais le tuer."
40:23 Non, j'ai dit, "Pu****, si quelqu'un pouvait le tuer, pas tu."
40:27 Si quelqu'un pouvait le pu****, je serais riche.
40:31 C'est-à-dire qu'elle ne lui a pas demandé explicitement de le faire,
40:37 mais elle a laissé entendre que s'il le faisait, ça l'arrangerait bien.
40:41 Toujours d'après elle, le but ce soir-là n'était pas forcément de tuer James Orban,
40:46 mais juste de le cambrioler.
40:49 J'aimerais qu'on revienne sur votre plan initial,
40:52 que vous avez également soumis à d'autres personnes.
40:57 J'aimerais revenir là-dessus, car...
40:59 Il n'y a jamais eu de plan à part celui de la chambre que j'ai dessinée.
41:03 Ce n'est pas...
41:04 Vous venez de dire que vous vouliez revenir sur mon pu**** de plan,
41:07 mais je ne peux pas vous répondre, car je n'ai jamais planifié ce pu**** de crime.
41:11 Je ne vous crois pas.
41:12 Moi, je pense que ce qui s'est passé, c'est que vous...
41:15 Vous pensez trop, c'est le problème.
41:17 Moi, vous m'avez demandé la vérité, et je vous dis la vérité.
41:20 Mais vous mentez.
41:21 Vous voulez me faire dire que j'ai demandé à Jason de tuer James,
41:24 mais c'est de la m****, c'est faux.
41:27 Dans l'état du Michigan,
41:29 si vous conspirez avec une autre personne pour commettre un forfait,
41:33 et que celui-ci résulte dans la mort d'une tierce personne,
41:37 qu'il s'agisse d'un homicide volontaire ou involontaire,
41:40 avec ou sans préméditation,
41:42 la loi stipule que vous êtes, de fait,
41:45 passible de la réclusion criminelle à perpétuité pour assassinat.
41:49 Tout ça pour dire qu'en avouant avoir eu l'intention de cambrioler James Orban avec l'aide de Jason,
41:55 Missy a scellé son sort,
41:56 cet aveu étant suffisant pour la mettre en examen pour homicide,
41:59 qu'elle ait été au courant de quelque chose ou non.
42:03 Et c'est ce qui s'est passé.
42:05 On l'a arrêtée pour l'assassinat de James Orban,
42:08 et elle a été placée en détention provisoire en attendant son procès.
42:13 L'une des raisons pour lesquelles il s'était marié,
42:17 je ne pense pas que ce soit la seule, car je suis sûre que Jason l'aimait réellement,
42:21 c'est que Missy pensait que, légalement,
42:24 on ne pouvait pas obliger des époux à témoigner l'un contre l'autre.
42:27 D'après elle, il y avait une loi qui disait qu'on ne pouvait pas obliger deux personnes mariées
42:32 à témoigner l'une contre l'autre.
42:34 Et bon, ça, j'en savais rien, mais j'ai dit OK.
42:38 Il n'était pas très à la page, car cette loi n'existe plus depuis longtemps.
42:43 Jason Melanger a longuement témoigné à la base.
42:48 Il a apporté un tas de preuves qu'on n'aurait jamais obtenues sans lui,
42:52 ce qui lui a permis d'obtenir une réduction de peine,
42:55 mais surtout de régler ses comptes avec Missy.
42:59 L'assassin ne mérite pas toujours la condamnation la plus lourde.
43:03 En l'occurrence, Missy avait tout planifié,
43:06 et ce crime était censé lui profiter à elle,
43:08 c'est pour ça qu'au bout du compte, elle a été reconnue coupable.
43:13 L'autre mauvaise nouvelle pour Missy,
43:16 c'est qu'il n'y avait pas du tout 2 millions de dollars à la clé.
43:19 Non seulement James Orban ne possédait pas 2 millions de dollars,
43:24 mais il avait un crédit en cours sur sa maison et sa voiture
43:28 de 6 000 dollars, ce qui lui permettait de payer
43:31 une autre peine de 6 000 dollars.
43:33 Et c'est ce qui a fait que James Orban a été arrêté.
43:36 Il a été arrêté, et il a été arrêté.
43:39 Il a été arrêté, et il a été arrêté.
43:42 Il n'y avait donc pas d'argent, pas d'héritage.
43:45 Ils l'ont tué pour rien.
43:47 Missy fait partie de ces criminels qui ont tendance à se surestimer.
43:52 Elle ignorait tout de la loi, et elle était suffisamment arrogante
43:56 pour croire qu'elle pouvait s'en tirer sans égratignure.
43:59 Le monde est rempli de gens comme elle,
44:03 qui croient pouvoir tout contrôler.
44:06 Mais ce n'est qu'en l'occurrence, Missy s'est laissée déborder,
44:09 et ça s'est retourné contre elle.
44:12 Sous-titrage Société Radio-Canada
44:15 [SILENCE]

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