Au Nouveau-Mexique, le corps de Roxanne Houston est découvert par des randonneurs. La police conclut à un homicide mais peine à trouver un suspect.
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00:19 Le tourisme est la principale activité de Traverse City.
00:23 Le tourisme a explosé.
00:25 C'est un des plus beaux endroits des États-Unis.
00:28 Cette région vit du tourisme.
00:33 Et un événement aussi atroce qu'un meurtre,
00:36 ça n'a rien de rassurant.
00:38 C'était plus qu'un meurtre. Dans les affaires de meurtre, le tueur tire et disparaît.
00:43 Tout change. Votre vie, votre ville, tout.
00:48 Un monstre rôdait parmi nous, et on ne savait pas qui c'était.
00:53 Quand il se passe quelque chose comme ça, on attend de la police qu'elle trouve cette bête
00:58 et qu'elle l'arrête.
01:01 Je ne peux pas changer les choses.
01:06 La vie doit continuer.
01:10 Sauf pour elle.
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01:50 C'était un lundi soir,
01:54 aux alentours de 19h30.
01:57 Je ramenais mes amis du sport.
02:00 Je suis passée devant la résidence hôtelière où je travaille
02:04 et j'ai vu mon amie Kelly qui travaillait à la réception.
02:10 Je savais qu'elle allait bientôt fermer,
02:13 mais je me suis dit que j'avais le temps de déposer tout le monde et de revenir pour lui faire un coucou.
02:21 40 minutes plus tard, quand je suis passée devant la réception pour la deuxième fois,
02:26 les lumières étaient éteintes.
02:30 Je me suis dit qu'elle était partie, donc je ne me suis pas arrêtée.
02:34 J'ai fait demi-tour et je suis rentrée.
02:42 Jamais je n'aurais imaginé que je ne la reverrais plus.
02:48 À 7h du matin, l'homme de la maintenance de la résidence est arrivé pour prendre son service.
03:09 Quand il est entré dans la réception, il a vu que la lumière était allumée dans la réserve.
03:18 Quand il a ouvert la porte, il a vu du sang et un corps couché par terre.
03:26 Il est ressorti, il a fermé la porte à clé, il a traversé la route et il a appelé la police.
03:35 C'était le responsable de la maintenance de la résidence depuis quelques années.
03:39 Il s'appelait Zach Madden.
03:42 Ma femme et sa femme travaillaient toutes les deux aux urgences.
03:47 Je l'avais rencontré plusieurs fois.
03:50 Je le connaissais avant cette affaire.
04:00 Toute la patrouille a été envoyée à la résidence de la plage, sur la 31ème Nord.
04:06 En tant qu'agent de la police scientifique, j'ai été chargé de l'enquête.
04:14 En arrivant, j'ai rencontré le sergent.
04:18 Il m'a expliqué que l'homme de la maintenance avait trouvé une employée dans la réserve.
04:24 La première chose qui sautait aux yeux, c'était la quantité de débris.
04:29 De petits morceaux qui jonchaient le sol et le sang qu'il y avait partout.
04:37 Il devait y avoir une centaine de débris, entre la porte et le corps.
04:44 J'ai commencé à traiter tous ces éléments vers 9h.
04:49 Et ça m'a pris jusqu'à 15h30, avant de pouvoir commencer à m'occuper du corps qui se trouvait à 1m, 1m20.
04:59 Celui qui avait fait ça, avait utilisé trois fers à repasser pour frapper la victime.
05:05 Il avait frappé jusqu'à les détruire les uns après les autres.
05:09 Il a cassé trois fers à repasser en frappant la victime avec.
05:13 Celui qui avait commis cet acte était un animal. Ce n'était pas un homme.
05:20 L'homme de la maintenance savait qui elle était.
05:23 C'était un employé, une jeune femme appelée Kaylee Bruce.
05:28 En 1998, j'ai été envoyée à Traverse City par mon entreprise.
05:36 On nous avait logé temporairement dans cette résidence.
05:40 On m'avait donné le contact de Kaylee, qui travaillait à l'accueil.
05:44 Elle était adorable.
05:46 Ce qui me plaisait chez elle, c'est qu'elle souriait tout le temps.
05:50 Elle était très petite.
05:53 Quand je rentrais le soir et qu'elle était encore là, on papotait un peu ensemble.
06:00 On riait bien.
06:02 Elle me conseillait des endroits où sortir.
06:05 Ça me faisait quelqu'un à qui parler.
06:10 Ça me faisait du bien.
06:12 Je l'aimais beaucoup.
06:15 Un jour, un homme est venu me voir.
06:18 Il m'a dit que Kaylee avait été tuée.
06:22 J'étais sous le choc.
06:25 Personne ne s'imagine que ça puisse arriver un jour à quelqu'un qu'on connaît.
06:32 Ce soir-là, quand je suis rentrée, il faisait déjà nuit.
06:38 J'ai mis ma clé dans la serrure.
06:41 Sans que j'aie besoin de la tourner, la porte s'est ouverte.
06:46 J'ai demandé à la police si le passe-partout avait été volé.
06:55 Et c'est là qu'ils ont compris qu'il avait disparu.
07:01 Je pense que l'assassin est entré dans mon appartement ce soir-là, avant mon retour.
07:10 J'ai été la responsable du ménage de la résidence.
07:15 On nous a dit que quelqu'un avait assassiné Kaylee sur son lieu de travail.
07:21 Ça me paraissait irréel.
07:24 Qu'est-ce que vous dites ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
07:28 Comment quelqu'un a-t-il pu faire du mal à Kaylee ?
07:33 C'est tellement inacceptable.
07:36 C'est tellement triste, tellement triste.
07:43 Elle était tellement bienveillante.
07:47 Elle avait le cœur sur la main.
07:50 Elle m'avait même prêté des vêtements, quand elle a su que j'avais besoin d'une tenue pour sortir.
07:56 Elle était allée choisir un chemisier spécialement pour moi.
08:04 On a récupéré 120 pièces à conviction sur les dieux du crime ce matin-là.
08:09 Ça, c'était dans le bureau.
08:12 C'était derrière le comptoir où elle travaillait.
08:15 Il y avait des traces de sang.
08:18 Sur cette photo, toutes les lignes qu'on voit, ce sont les empreintes d'une grosse semelle.
08:25 La trace est entière.
08:30 Elle n'est pas étalée.
08:33 On dirait qu'il a fait un pas ou pris un appui.
08:38 Dans les traces de sang, on voit où le suspect a marché.
08:43 C'était des empreintes de chaussures de sécurité.
08:48 Zach Madden, l'homme de la maintenance de la résidence,
08:53 devait porter le genre de chaussures qu'on recherchait.
08:58 Il n'est pas rare que le coupable reste sur place pour être interrogé.
09:03 Parce que pourquoi serait-il coupable s'il a déclaré le meurtre ?
09:09 Quand on a voulu lui parler, il était bouleversé.
09:14 Il était sur le point de pleurer.
09:16 On avait envie de le consoler, mais on se disait aussi que cette personne pouvait être coupable.
09:22 Il faut rester professionnel.
09:25 À ce stade, on est là pour rencontrer les témoins et leur parler.
09:29 Ce n'est pas un interrogatoire.
09:31 On laisse les témoins nous livrer leur version des faits.
09:35 On en a parlé.
09:38 Toutes les filles se demandaient qui avait fait ça.
09:42 Est-ce que ça pouvait être un client mécontent ?
09:46 Un employé de la résidence ?
09:49 On avait des clients qui venaient régulièrement des commerciaux qui passaient, des livreurs, des fournisseurs.
09:56 Il y avait un ascenseur dans le bâtiment principal.
10:00 L'homme qui venait en cas de panne me mettait mal à l'aise parce que, quand il venait, il tenait des propos déplacés.
10:09 Il y avait pas mal de jeunes étudiantes qui travaillaient ici.
10:13 J'étais dans une pièce à l'arrière, là où se trouve la machinerie de l'ascenseur.
10:20 Je passais devant quand il m'a dit « Vous pouvez approcher ? J'ai quelque chose à vous montrer ».
10:27 Je me suis méfiée parce qu'il ne me mettait pas très à l'aise.
10:32 Donc, je lui ai dit « Non, venez plutôt me dire ce qu'il y a ».
10:40 J'avais une drôle d'impression.
10:43 Et je suis même allée me plaindre à son sujet parce que j'avais une sensation étrange.
10:49 On avait deux suspects potentiels.
10:56 Le réparateur de l'ascenseur et l'homme de la maintenance.
11:01 Ils devaient porter tous les deux le type de chaussure qu'on recherchait.
11:06 On se demandait si notre suspect était encore en ville, qui cela pouvait être et s'il allait recommencer.
11:12 Rick et moi on se connaît depuis plus de 30 ans.
11:25 Je l'ai rencontré dans mon métier de journaliste.
11:28 Je couvrais un accident dont Rick s'occupait et il n'aimait pas que je m'approche de trop près pendant qu'il travaillait.
11:34 Donc, il m'a attrapé par le bras et il m'a fait traverser la route pour m'éloigner de la scène.
11:41 C'est comme ça que notre amitié a commencé.
11:45 Je ne sais pas d'où ça lui venait, mais c'était un inspecteur très méticuleux, efficace et acharné.
11:53 Il faisait les choses dans les règles.
11:56 Le téléphone a sonné. C'était lui et il m'a dit "Il s'est passé quelque chose près de la plage".
12:11 J'étais le premier journaliste sur place et j'ai très vite compris que...
12:17 C'était affreux.
12:25 On n'avait pas juste tiré sur quelqu'un.
12:28 Tous les meurtres sont affreux par définition, mais cette fois, c'était un massacre.
12:34 Ça vous prend aux tripes.
12:42 Les enquêteurs passaient la zone au peigne fin.
12:51 Ils cherchaient des indices, interrogeaient ceux qui entraient et sortaient de la résidence.
12:57 Il y avait eu d'autres agressions, dont une quelques semaines plus tôt, au petit matin.
13:05 Après la fermeture des bars, une femme qui marchait dans la rue avait été abordée par un homme et il l'avait tabassée.
13:14 Des coups au visage.
13:17 C'était au point que ses proches avaient eu du mal à la reconnaître.
13:21 Elle était très amochée.
13:23 On n'avait aucun suspect pour cette affaire.
13:26 Donc on avait peur que cet homme, après avoir sauvagement frappé cette femme, ait fini par commettre un meurtre.
13:34 Quand ces agressions ont commencé à se produire, les filles sont devenues plus méfiantes.
13:40 Mais quand Kelly a été tuée, la pression est très vite montée encore d'un cran.
13:46 On avait des bombes lacrymo. On ne sortait jamais seul.
13:50 On avait peur.
13:52 À cette époque, j'étais animateur radio.
14:07 Sur la radio WTCM, de 18h à minuit.
14:12 Je passais tous les grands tubes de country.
14:16 La résidence hôtelière de la plage était un endroit respectable où on pouvait se loger.
14:25 Il n'y avait jamais eu de problème dans ce genre d'établissement pendant des années.
14:30 Cette région vit du tourisme.
14:34 Et un événement aussi atroce qu'un meurtre, ça n'a rien de rassurant.
14:41 Ni pour les locaux, ni pour les touristes qui viennent chez nous pour passer un bon moment.
14:47 Les gens se sont mis à parler à voix basse.
14:51 L'ambiance est devenue très sombre, sinistre.
14:57 Les gens se méfiaient de leurs proches et des autres.
15:04 On ne savait pas si c'était l'un d'entre nous ou quelqu'un venu de l'extérieur.
15:11 Je suis allé à l'internat où Kaylee habitait.
15:20 Elle était étudiante.
15:22 J'ai rencontré d'autres internes, j'ai inspecté les lieux.
15:26 On est entré en contact avec celle qui partageait sa chambre.
15:31 Elle nous a dit que Kaylee était partie la veille pour travailler.
15:35 Elle devait être à la résidence de 17h à 20h.
15:39 Elle nous a dit que Kaylee venait de quitter Dylan, son petit ami dans sa ville d'origine.
15:46 On a appris en parlant avec ses amis et ses collègues de travail que Dylan avait envoyé à Kaylee une carte de Saint-Valentin.
15:54 Il voulait recoller les morceaux avec elle.
16:00 Elle a rencontré Dylan au lycée.
16:03 C'était un jeune Américain sportif.
16:06 Il aimait sortir, faire la fête, boire des verres.
16:11 Elle, c'était pas trop son truc.
16:14 Quand ils se séparaient, c'était toujours lui qui insistait pour qu'ils se remettent ensemble.
16:19 Mais elle en avait marre de cette histoire.
16:23 Kaylee et Dylan s'étaient séparés vers Noël, au mois de décembre.
16:27 Ils étaient allés voir Titanic parce que le film venait de sortir.
16:31 Et peu après, ils l'avaient appelé pour lui dire que c'était la petite amie la plus insupportable qu'il avait jamais eue.
16:38 J'ai ici le rapport d'autopsie.
16:52 Le légiste a écrit que Kaylee avait 19 fractures ouvertes,
16:56 plusieurs fractures du crâne, des blessures à la nuque qui évoquaient un étranglement,
17:02 des contusions sévères au niveau du buste, de la poitrine, de l'abdomen, du bassin et une hémorragie interne abondante.
17:11 De plus, le sang sur sa poitrine était étalé comme si on lui avait caressé la poitrine.
17:20 D'après ses blessures, je pense qu'il a voulu l'embrasser, mais qu'elle ne s'est pas laissée faire, et ça l'a rendu fou.
17:28 Il a voulu lui donner une bonne leçon.
17:33 On a retrouvé son ancien petit ami, Dylan, dans la boutique de son père.
17:45 Il terminait sa journée et on lui a parlé.
17:49 Il était calme, il était au courant de la mort de Kaylee.
17:54 Il n'a pas eu l'air surpris de nous voir.
17:57 Dylan a mentionné le fait qu'il voulait renouer avec elle.
18:01 Une semaine avant sa mort, il s'était parlé au téléphone.
18:06 Les homicides impliquent souvent des proches, et comme c'était son ancien petit ami,
18:12 à ce stade de l'enquête, il faisait partie des principaux suspects.
18:18 Il nous a dit que le soir de la mort de Kaylee, il était avec ses parents.
18:22 Avoir ses parents comme à Libye, ce n'est pas ce qu'il y a de plus crédible.
18:26 On lui a dit qu'on le recontacterait quand on en saurait un peu plus.
18:30 Les méchants qui ont marqué l'histoire, c'est aller en prison.
18:36 C'est un message ?
18:37 Oui.
18:39 Ce week-end de février, c'était la Saint-Valentin.
18:43 Au début, quand j'ai entendu parler de l'événement du 16 février,
18:48 j'ai voulu partir sur le champ.
18:51 Mais quand j'ai appelé mon mari et que je lui ai dit ce qu'il s'était passé,
18:56 il m'a tout de suite dit "non, tu es à l'endroit le plus sûr,
19:00 parce qu'il y aura plus de policiers là où tu es que nulle part ailleurs dans Traverse City."
19:05 Donc je suis restée.
19:07 J'avais peur.
19:09 Je ne savais rien.
19:11 Est-ce que c'était un acte isolé ?
19:14 Était-ce quelqu'un qui la connaissait ?
19:17 Quelqu'un du coin ou quelqu'un de passage qui connaissait la résidence ?
19:21 On se met à cogiter dans tous les sens.
19:25 Quand j'ai entendu parler du meurtre de Kelly Bruce, j'étais sous le choc.
19:35 Je me demandais si le tueur s'en était pris à elle en particulier.
19:39 Pour moi, elle était simplement au mauvais endroit au mauvais moment.
19:43 C'était une fille comme les autres.
19:46 Ça risquait de continuer, si personne ne l'arrêtait.
19:51 On ne sait jamais avec ce genre de personnes.
19:54 Ils pourraient continuer sur sa lancée juste pour tuer des gens.
19:58 Pourquoi pas ?
20:01 C'est affreux.
20:03 C'est horrible.
20:06 C'est inhumain.
20:12 Ils recueillaient des éléments de preuve et des indices.
20:16 Ils n'arrêtaient pas d'enquêter dans toutes les directions.
20:20 Ils s'intéressaient aux éventuels suspects.
20:23 Ils les écartaient quand leur alibi se vérifiait.
20:26 Et ils essayaient surtout de retrouver la chaussure qui correspondait aux empreintes laissées sur place.
20:32 On nous a parlé d'un réparateur d'ascenseur du nom de Sid Black.
20:38 On l'a retrouvé dans les locaux de son entreprise.
20:43 Il avait un alibi.
20:46 Il était parti le 13, trois jours avant le meurtre de Kelly.
20:51 Il était parti avec sa famille dans le sud de l'État.
20:55 Et il n'était rentré que la nuit du meurtre de Kelly, vers 23h30.
21:00 Il portait des chaussures de sécurité.
21:04 Mais on a constaté que les motifs de la semelle ne correspondaient pas à ceux qu'on avait retrouvés sur la scène du crime.
21:10 On l'a gardé comme suspect à cause de son comportement déplacé dans la résidence.
21:15 Mais on s'est intéressé à d'autres personnes.
21:20 Tout le monde ici attendait de la police qu'elle réponde à leur question.
21:25 Qui a fait ça et pourquoi ?
21:28 Il fallait qu'ils retrouvent ce monstre.
21:31 Qu'ils éliminent ce taré.
21:34 Il y avait un homme en liberté qui avait sauvagement assassiné quelqu'un.
21:39 Le crime de Kelly
21:43 L'université où Kelly faisait ses études a mis son gymnase à disposition pour qu'on y organise les funérailles.
22:05 Ils attendaient beaucoup de monde.
22:09 Quand on est arrivé, c'était plein à craquer.
22:14 Tous les gradins étaient remplis.
22:18 Les parents et les frères de Kelly étaient là.
22:21 Qu'est-ce qu'on pouvait leur dire ?
22:24 Je ne peux rien faire pour changer les choses.
22:28 On ne peut pas...
22:31 revenir en arrière.
22:35 J'aimerais tellement.
22:38 J'aurais tellement voulu effacer ce moment.
22:52 L'enterrement de mon ami.
22:58 Dans la foule, parmi tous ces gens,
23:02 les enquêteurs étaient là.
23:06 On ne savait pas pourquoi ils étaient là.
23:10 On se demandait s'ils suspectaient le coupable d'être parmi nous.
23:15 Le coupable
23:20 Dans cette affaire, l'enquête n'était pas terminée.
23:44 On a placé un micro sur le cercueil pour voir si quelqu'un s'approchait
23:49 et disait quelque chose comme "pardon", "désolé de t'avoir fait ça".
23:54 Et on a filmé la cérémonie pour voir qui était présent.
23:59 Comme ça, si quelqu'un nous paraissait étrange, on pouvait extraire sa photo et l'identifier.
24:05 On n'a rien constaté d'anormal.
24:09 Ça n'a rien donné.
24:11 Le coupable était peut-être dans la foule.
24:15 On ne savait pas.
24:17 Pendant les funérailles, c'était très douloureux.
24:21 Il y avait de la tristesse, mais aussi de la colère.
24:25 On était en colère que ce soit arrivé à Traverse City,
24:28 que ce soit arrivé à cette jeune fille,
24:30 qu'on nous ait volé notre insouciance.
24:35 On ne devrait pas avoir peur, dans sa ville ou à son travail.
24:40 La justice devait faire son travail.
24:43 Quand on a repris le travail, je me souviens qu'un des enquêteurs m'a dit
25:02 "si vous remarquez quelque chose d'anormal, dites-le nous".
25:07 On allait dans toutes les chambres, on regardait sous les lits,
25:11 on ouvrait les tiroirs, on regardait dans les placards.
25:15 C'était terrifiant, parce qu'on ne savait pas ce qu'il se passait,
25:19 qui avait fait ça, ou s'il était encore là.
25:22 On avait plusieurs suspects sur notre liste.
25:33 L'ex-petite amie, qu'elle avait quitté depuis peu,
25:38 le réparateur de l'ascenseur qui intervenait dans la résidence,
25:43 et Zack Madden.
25:45 Son premier entretien ne nous avait pas convaincus.
25:49 Zack Madden, l'homme de la maintenance de la résidence, avait trouvé le corps.
25:55 La première fois qu'on lui avait parlé,
25:58 on n'était pas très satisfaits de cet entretien.
26:01 Il était bouleversé.
26:03 Donc on s'est rendu chez lui,
26:07 et on l'a fait venir au poste pour l'interroger officiellement.
26:11 On voulait savoir ce qu'il avait fait entre la nuit du 16 février et le lendemain matin,
26:18 quand il a appelé la police à cette heure.
26:21 Les photos du corps ont fait remonter des émotions,
26:24 et ça a été encore difficile de le faire parler.
26:29 Zack a dit qu'il était rentré vers 14 heures.
26:32 Il avait parlé à sa femme, qui travaillait à l'hôpital de la ville.
26:36 Après ça, il était resté chez lui, et il était allé se coucher.
26:40 Il s'était réveillé le lendemain, le 17, pour aller travailler.
26:44 On a interrogé la femme de Zack.
26:47 Elle nous a donné la même version que son mari.
26:50 Elle avait travaillé à l'hôpital, et quand elle était rentrée,
26:53 il était couché, il dormait.
26:57 C'était pratique que sa femme soit son alibi.
27:00 Il a accepté qu'on inspecte son véhicule.
27:04 On a remarqué qu'il y avait une trace rouge sur le bouton des phares.
27:09 On ne savait pas ce que c'était. On a pensé à du sang.
27:12 On a envoyé le bouton au laboratoire pour qu'ils l'analysent.
27:16 À l'époque, le laboratoire était au sous-sol de la prison.
27:25 On a fait un gros plan de l'empreinte de pas
27:28 trouvé sur les lieux du crime.
27:31 On a posé un film transparent sur la photo, en taille réelle,
27:35 et on a tracé les détails de toute la semelle.
27:41 Mon collègue a ensuite pris la photo,
27:46 et sa mission était d'aller voir toutes les boutiques de la ville
27:50 pour retrouver la chaussure dont la semelle correspondait
27:53 à l'empreinte qu'on avait trouvée.
27:56 Les chaussures qu'il a trouvées étaient des caterpillars.
28:00 C'était la même semelle.
28:03 Le fabricant nous a appris que les tailles 44, 46 et 48
28:08 étaient fabriquées dans le même moule.
28:11 Les motifs de la semelle, ou les détails de ce motif,
28:17 faisaient tous la même taille.
28:21 Le suspect pouvait porter une de ces trois pointures.
28:24 Notre chef, à l'époque, a fait appel aux médias
28:27 pour publier nos photos et les diffuser largement.
28:31 On savait quelles chaussures le tueur portait.
28:35 C'était un indice énorme,
28:39 et c'était la première fois qu'ils avaient besoin d'aide dans leurs recherches.
28:42 Le plus simple, c'était de dire,
28:45 tous ceux qui connaissent des gens qui portent ces chaussures
28:48 et qui ont agi de façon étrange,
28:51 ou s'en sont récemment débarrassés,
28:54 appelez-nous.
28:57 On avait une chance de remonter jusqu'au coupable.
29:00 Je m'étais levé tôt.
29:10 C'était un jeudi matin.
29:13 Je devais aller chez le garagiste pour faire changer mes pneus.
29:17 Dans la salle d'attente du garage, il y avait deux autres personnes.
29:20 J'ai surpris la conversation téléphonique du responsable.
29:24 Ils parlaient d'un de leurs collègues.
29:29 Il disait que cet homme n'était pas venu travailler
29:33 et qu'il portait des caterpillars.
29:38 Il les avait tachés récemment et il avait changé de chaussures.
29:45 Ils ont également dit que c'était quelqu'un qui pouvait s'emporter.
29:48 Le temps s'est arrêté.
29:55 Je savais que je venais d'entendre quelque chose de très important.
29:58 Ces informations étaient cruciales.
30:01 Donc je suis parti,
30:04 le plus calmement possible,
30:07 et je suis allé au bureau du shérif.
30:12 Quand M. Chandler nous a communiqué ces informations,
30:15 les enquêteurs sont allés au garage
30:18 pour interroger le responsable au sujet de la conversation téléphonique
30:21 que M. Chandler avait surprise.
30:24 Le responsable nous a bien confirmé
30:31 qu'un de ses employés portait des caterpillars.
30:34 Il s'agissait du fils du propriétaire du garage.
30:41 On est retourné au bureau.
30:44 On a examiné d'autres rapports
30:47 et on a remarqué que le matin du meurtre,
30:50 l'adjoint avait interrogé un homme appelé Kevin Holzer
30:53 qui disait occuper la chambre 106.
30:56 Il travaillait au garage et devait partir travailler.
31:02 C'est ici que Kevin vivait,
31:09 dans un bâtiment du milieu.
31:12 Il avait une coupe des années 90.
31:15 Il était plutôt agréable à regarder, bien musclé.
31:18 Il avait l'habitude d'oublier ses clés.
31:21 Il demandait ses clés à Kelly pour rentrer dans sa chambre.
31:24 Il n'avait rien d'étrange.
31:29 Mais depuis le drame, tout le monde se méfiait de tout le monde.
31:32 J'avais passé l'aspirateur dans sa chambre
31:35 et quand je suis sortie,
31:38 j'ai pris l'aspirateur.
31:41 Je ne sais pas pourquoi.
31:44 Il voulait peut-être analyser le sac.
31:47 Je me suis dit que la personne qui occupait la 106
31:50 devait les intéresser
31:53 ou avait un lien avec le meurtre de Kelly.
31:56 Même si Kevin faisait partie des suspects,
31:59 je le voyais mal tuer quelqu'un.
32:02 C'était un beau jeune homme.
32:05 Il avait tout pour lui.
32:08 Dylan, l'ancien petit ami de Kelly,
32:11 continuait de figurer parmi les suspects.
32:14 On nous avait dit qu'il était violent
32:17 et qu'il voulait renouer avec elle.
32:20 En plus, il avait été en contact avec elle une semaine avant sa mort.
32:23 On est retourné le voir.
32:26 On l'a retrouvé dans la boutique de plomberie de son père.
32:29 Pendant cet entretien,
32:32 on a remarqué que Dylan portait les chaussures qu'on recherchait.
32:35 On a aussi remarqué qu'il y en avait une paire identique plus ancienne
32:38 qui traînait par terre dans la boutique.
32:41 Ça faisait deux paires de chaussures
32:44 semblables à celles que portait le tueur
32:47 le jour du meurtre.
32:50 On a pris ces chaussures comme pièces à conviction
32:53 et on les a fait analyser par le labo
32:56 pour savoir s'il y avait des traces de sang ou des fiches.
32:59 qui permettaient de le relier à la scène de crime.
33:02 J'espérais vraiment que l'enquête irait vite.
33:05 On l'arrêterait et ce serait réglé.
33:08 Mais ça ne s'est pas passé comme ça.
33:11 On trouvait ce type de chaussures partout.
33:14 Le réparateur d'ascenseur portait des chaussures de sécurité.
33:17 Pareil pour Zach,
33:20 parce qu'il travaillait dehors avec des outils.
33:23 Peut-être que c'était son ex.
33:26 Il y avait beaucoup de suppositions.
33:29 Mais rien qui permette à la police de dire "c'est lui".
33:32 C'est lui le coupable.
33:35 On ne pouvait pas laisser ce genre de criminel en liberté
33:38 après ce qu'il avait fait.
33:41 Il fallait le trouver et s'occuper de lui.
33:44 Je ne sais pas si c'était pour qu'il paye pour son crime
33:47 ou pour éviter qu'il ne recommence,
33:50 mais on devait savoir qui avait fait ça et l'arrêter
33:53 pour que justice soit faite pour Kelly.
33:56 On avait prélevé 120 éléments sur les lieux du crime
34:16 et l'un d'entre eux valait son pesant d'or.
34:19 Il ne semblait pas provenir des fers à repasser
34:22 ni de nulle part dans la pièce.
34:25 C'était une valve de pneus.
34:28 Je me souviens que je me suis demandé ce que ça faisait ici.
34:31 Je savais ce que c'était
34:34 et je me demandais ce que ça faisait là.
34:37 Les inspecteurs ont découvert que Kevin Holger
34:43 vivait dans la résidence de la police.
34:46 Les inspecteurs ont découvert que Kevin Holger
34:49 vivait dans la résidence et qu'il travaillait dans un garage.
34:52 Les gens du garage
34:55 ont dit aux inspecteurs
34:58 qu'il n'était pas rare qu'ils rentrent chez eux
35:01 avec des valves dans les poches.
35:04 Ils les dévissaient pour changer les pneus
35:07 et il y en avait un peu partout, apparemment.
35:10 Ils en retrouvaient dans leurs poches,
35:13 dans la poche de leurs chaussures
35:16 ou coincées sous leurs semelles.
35:19 A la loupe, on a vu qu'un poil y était accroché.
35:22 On l'a séparé de la valve
35:25 et on a tout envoyé au labo.
35:28 Quand on a fait le lien entre Kevin Holger,
35:35 le garage et la résidence,
35:38 on s'est dit qu'on tenait notre suspect
35:41 et qu'il fallait creuser la piste.
35:44 Le procureur nous a délivré un mandat de perquisition
35:47 pour aller fouiller la résidence hôtelière
35:50 et on s'est intéressé à la chambre du garagiste.
35:53 Il n'était pas là quand on est entré dans sa chambre.
35:59 On ne savait pas où il était.
36:02 Il avait quitté la région.
36:05 Il était là.
36:08 C'était un vendredi soir comme les autres.
36:16 On était au bar avec des amis, on prenait quelques verres.
36:19 Et mon beeper a commencé à devenir fou.
36:22 C'était mes amis, mon colocataire.
36:25 Et je me suis dit, qu'est-ce qu'il se passe ?
36:28 Ils m'envoyaient tous des signaux d'alerte
36:31 pour me faire comprendre qu'il se passait quelque chose.
36:34 J'ai sorti mon vieux portable à clapet.
36:37 J'ai appelé mon coloc. "Salut, tout va bien ?"
36:40 Il était là. "Mec, où est passé Kevin ?"
36:43 Écoute, il est juste en face de moi.
36:46 Ils ont passé sa photo aux infos.
36:49 Il est recherché pour meurtre. "Tire-toi de là tout de suite !"
36:52 J'étais là. "Ah bon ?"
36:55 Donc j'ai raccroché.
36:58 Et Kevin m'a regardé.
37:01 Qu'est-ce qu'ils ont dit aux infos ?
37:04 J'ai senti un poids énorme me tomber sur les épaules.
37:07 Je me disais...
37:10 "Ce type a déjà tué quelqu'un.
37:13 Qu'est-ce qu'il empêcherait de me tuer ?"
37:16 Il était juste à côté de moi, juste là.
37:22 Mon coeur s'est mis à accélérer.
37:25 Et je sentais le stress monter.
37:28 J'ai donné le change comme j'ai pu.
37:31 Et je lui ai dit qu'il fallait que j'y aille.
37:34 Parce que ma copine n'arrêtait pas de m'envoyer des messages.
37:37 Il a fait "Oui, moi aussi je vais y aller."
37:40 Donc je l'ai reconduit à sa voiture.
37:43 Et une fois qu'il était parti, je me suis dit...
37:46 "C'est bon, je suis vivant. Tout va bien."
37:56 Je suis allé au poste de police.
37:59 Je leur ai dit que je venais de quitter Kevin Holzer.
38:02 Je leur ai dit qu'il conduisait une Pontiac Transam dorée.
38:05 Et qu'il roulait vers le sud.
38:08 Du moins, quand je l'avais vu partir.
38:11 Quand on a eu sa description,
38:17 on a lancé un avis de recherche dans tout l'État.
38:20 La police de Toledo a localisé son véhicule,
38:23 abandonné sur un parking.
38:26 Ils ont retrouvé un agent de sécurité qui avait croisé le suspect.
38:29 Il lui avait dit qu'il allait prendre un train pour Chicago.
38:35 Quand on a su ça,
38:48 une équipe a été envoyée pour guetter son arrivée en gare de Chicago.
38:52 Ils avaient la description de Kevin Holzer.
38:55 Et quand il est descendu du train,
38:58 il a été arrêté par deux agents du FBI,
39:01 habillés en contrôleurs.
39:04 Notre suspect a été arrêté.
39:10 L'opération s'est très bien passée, sans faire de blessés.
39:13 Et Kevin Holzer a été ramené à Traverse City.
39:16 Il fallait qu'on poursuive l'enquête
39:19 pour trouver de quoi le mettre définitivement hors d'état de nuire.
39:22 Le poil trouvé sur la valve est revenu du labo.
39:31 C'était une pièce maîtresse dans l'affaire.
39:34 Le labo a indiqué que le sang retrouvé sur la valve
39:37 était celui de Kelly Bruce,
39:40 et que le poil était un poil pubien de Kevin Holzer.
39:47 Cette valve a scellé son destin.
39:50 Il n'a pas dit un mot.
39:55 Entre son arrestation et l'arrivée de son avocat.
39:58 Je pense qu'il avait des vues sur elle.
40:02 Il avait fait connaissance avec Kelly parce qu'il l'avait emménagée à l'automne
40:06 et qu'elle avait commencé à travailler là à la même époque.
40:09 Ils avaient été en lien depuis l'automne 1997
40:12 jusqu'au 17 février 1998.
40:16 J'ai vu les photos.
40:19 J'ai lu ce qu'il était arrivé à cette jeune femme dans les moindres détails
40:22 et c'était à vomir.
40:25 Elle avait reçu des coups de la tête au pied de différentes façons.
40:28 Il l'a piétinée.
40:31 Il lui a cassé un fer à repasser sur la poitrine, son visage.
40:34 Le pire, c'est que pendant qu'il s'acharnait,
40:41 elle était en vie.
40:45 C'était un massacre. Ce n'était pas un meurtre.
40:48 C'était un vrai massacre.
40:51 Quand on m'a demandé de témoigner,
41:01 je l'ai fait très volontiers.
41:04 Quand j'étais à la barre,
41:08 en prêtant serment,
41:12 j'ai regardé le mâle incarné droit dans les yeux
41:15 dans ce tribunal.
41:18 Un regard noir et froid.
41:21 S'il n'avait pas été arrêté,
41:24 combien d'autres femmes auraient été tuées chez nous ?
41:27 Combien d'autres femmes seraient mortes dans cet état ?
41:30 Kevin Holzer a été condamné en octobre 1999
41:34 à la prison à vie sans possibilité de conditionnel.
41:40 Quand j'ai pu obtenir ses effets personnels,
41:43 on a trouvé une paire de tennis.
41:46 Il y avait une trace rouge dessus.
41:49 C'était du sang.
41:53 L'analyse a conclu que c'était celui de la femme tabassée de nuit en pleine rue.
41:59 On a pu faire le lien avec cette affaire.
42:03 Après ça, les agressions ont cessé dans la région.
42:08 Si on vous place dans une cellule où vous êtes nourri,
42:11 où vous regardez la télé,
42:14 alors que vous avez brutalement assassiné une jeune femme,
42:17 ce n'est pas la justice.
42:19 C'est n'importe quoi.
42:21 Pour lui, la justice, ce serait qu'il souffre autant qu'elle a souffert.
42:25 Cet animal a massacré une jeune femme
42:29 et j'ai une petite idée de ce qui serait plus juste
42:32 et de ce qui permettrait de rendre à ce monstre
42:35 ce qu'il a fait à Kaylee Bruce.
42:38 J'ai travaillé pour le shérif jusqu'au 11 janvier 1999.
42:49 Sur l'affaire de Kaylee, je n'ai pas compté mes heures
42:56 pour enregistrer chaque pièce à conviction.
42:59 Ça a duré toute l'année.
43:02 J'étais épuisé.
43:05 J'ai fini par m'arrêter.
43:08 Ça vient d'une carte qu'elle avait envoyée à des membres de sa famille.
43:16 C'est son écriture.
43:18 C'est écrit "Je t'aime, tu mens, Kaylee Bruce" avec des sourires,
43:22 parce que ça la représente bien.
43:25 Je pense que même si elle est partie
43:30 de façon très violente et brutale,
43:33 le ciel l'a accueilli comme il se doit,
43:40 dans la grâce et la dignité.
43:44 Un jour, elle m'a raconté une histoire.
43:51 Elle avait eu une conversation avec sa mère.
43:55 Elles s'étaient promis que s'il l'une partait avant l'autre,
43:59 celle qui partirait deviendrait un ange,
44:03 éveillerait sur l'autre.
44:05 Et je suis sûre qu'elle est devenue un ange.
44:09 Sous-titrage Société Radio-Canada
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