• il y a 8 mois
Avec François Geerolf, économiste à l’OFCE (l’Observatoire français des conjonctures économiques)

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##C_EST_DANS_L_ACTU_5-2024-04-27##

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Transcription
00:00 Est-ce que le gouvernement peut encore éviter une cure d'austérité pour réduire la dette et le déficit public ?
00:07 On en parle tout de suite avec notre invité.
00:09 [Générique]
00:14 Puisqu'on le disait cette nuit, les agences de notation Fitch et Moody's n'ont finalement pas dégradé la note de la dette française.
00:21 Bonjour François Gérolfe.
00:22 Bonjour.
00:23 Économiste et observateur français des conjonctures économiques,
00:27 est-ce que cette non-dégradation est une surprise ?
00:31 Alors oui, il y a un certain nombre d'observateurs qui s'attendaient à une forte probabilité de dégradation.
00:39 Après, moi je pense que c'est plutôt une bonne nouvelle et que les agences ont eu raison de ne pas dégrader la note de la France.
00:46 Il faut lire leur avis complet et j'imagine qu'ils vont en parler,
00:51 c'est-à-dire qu'ils prennent en compte le fait que la France, effectivement, certes a des finances publiques qui sont dégradées,
00:58 mais a aussi un certain nombre de points forts.
01:00 Un certain nombre de points forts lesquels ?
01:02 Alors les points forts c'est que la croissance en France par rapport au reste de la zone euro,
01:08 et notamment par rapport à l'Allemagne, reste quand même relativement forte.
01:14 La France a un niveau d'épargne privée qui est assez important,
01:21 ce qui fait que si jamais il y avait un problème de finances publiques,
01:25 le gouvernement pourrait trouver de l'argent en France pour rembourser cette dette de manière accélérée.
01:31 Ensuite, il y a les points forts historiques de la France.
01:34 Ça fait deux siècles que la France n'a pas fait défaut sur sa dette,
01:38 que la France est connue pour avoir une administration fiscale notamment très efficace.
01:43 Donc ça c'est pas forcément une bonne nouvelle pour les contribuables,
01:45 mais c'est une très bonne nouvelle pour les gens qui nous prêtent de l'argent.
01:49 C'est effectivement ça. Malgré tout, Bruno Le Maire, le ministre de l'économie,
01:53 a dit que cette bonne nouvelle ne devait pas nous dissuader de redoubler des déterminations
02:00 pour rétablir les finances publiques.
02:02 Qu'est-ce qu'il aurait dit si on avait été dégradé en quelque sorte ?
02:04 Ça signifie quoi ? Ça signifie que le gouvernement est obligé de réduire les dépenses ?
02:10 Alors il est obligé à cause des règles européennes qu'il choisit de suivre en fait.
02:16 Mais ce que montre la décision des agences de notation à mon avis,
02:20 c'est qu'il n'y a pas de pression externe ni de la part des investisseurs,
02:25 ni de la part des agences de notation.
02:27 En fait, quand le gouvernement emprunte,
02:30 il y a énormément d'investisseurs qui se précipitent pour prêter au gouvernement
02:34 parce qu'on reste dans un environnement avec un excès d'épargne
02:37 et les investisseurs ne savent pas quoi faire de leur argent.
02:40 Et on a d'autres pays dans le monde, comme les États-Unis,
02:44 qui empruntent énormément actuellement, beaucoup plus en fait que l'Europe.
02:49 Alors la France, c'est vrai, en Europe, elle fait figure de mauvaise élève
02:52 parce que les autres pays européens empruntent moins que nous.
02:56 Mais quand on se compare aux États-Unis,
02:59 en fait notre niveau de déficit est très inférieur à celui des États-Unis.
03:03 Donc revenir à 3%, c'est un choix politique en 2027,
03:07 mais on pourrait très bien faire un autre choix.
03:09 Un autre choix, oui, qui consisterait, ceci dit,
03:11 à aller au bras de fer avec nos partenaires européens au premier moment.
03:14 Ça c'est sûr.
03:15 L'Allemagne, ce qui est un autre débat.
03:18 D'autant qu'on vient de renégocier les règles budgétaires
03:22 et que normalement ces règles budgétaires vont être remises en place
03:26 dans les semaines qui viennent.
03:28 Et par conséquent, on va avoir à nouveau des procédures de déficit excessif
03:33 envers les pays qui ne respectent pas ces règles.
03:36 Évidemment, la France en fait partie.
03:38 Après, pour être honnête, je pense qu'il va être très difficile
03:43 pour le gouvernement de vraiment revenir à 3%.
03:46 C'est un objectif qu'on se fixe,
03:48 mais je pense qu'étant donné les efforts de finances publiques
03:51 qu'il faut faire pour y arriver, ça me paraît extrêmement ambitieux.
03:56 Concrètement, si le gouvernement a décidé malgré tout de le faire,
03:59 qu'est-ce qu'il devrait faire comme économie ?
04:02 Où est-ce qu'il est crédible de trouver de l'argent à court terme ?
04:06 Alors moi, je pense qu'il y a tout un tas de dispositifs
04:09 peut-être un peu inefficaces.
04:11 Il y a notamment l'apprentissage.
04:14 On a vu un reportage récemment qui a fait beaucoup parler.
04:18 C'est quand même de l'ordre de 20 milliards d'euros,
04:21 donc c'est franchement pas négligeable.
04:23 Ce genre de dispositif public qu'on a mis en place
04:26 peut-être un petit peu à la va-vite au moment du Covid,
04:29 à mon avis, pourrait être débranché.
04:32 Après, il y a des questions de choix politiques, évidemment.
04:35 Si on décide d'augmenter les impôts, la question va être de savoir sur qui.
04:38 Et donc la gauche pousse plutôt pour une augmentation des impôts
04:41 sur les plus riches, et puis la droite pousse plutôt
04:44 pour augmenter les impôts de manière générale.
04:46 Par exemple, on pourrait penser à une hausse de la TVA,
04:49 comme l'a suggéré le ministre des Finances Bruno Le Maire.
04:54 Mais c'est vrai que là, on rentrerait pour le coup
04:58 vraiment dans une forme d'austérité.
05:01 Oui, dans une forme de politique d'austérité.
05:04 En tout cas, quoi qu'il en soit, le président de la République
05:06 ne veut pas y aller. Il s'est encore engagé à ne pas augmenter les impôts,
05:09 tout comme le gouvernement. On sera donc amené à suivre la situation,
05:12 sachant que la plus puissante des trois agences de notation,
05:15 Standard & Poor's, doit donner à nouveau son avis,
05:18 son propre avis sur la dette de la France,
05:20 et ce sera à quelques semaines des élections européennes.
05:22 D'où l'enjeu politique.
05:24 Merci beaucoup pour cet éclairage.
05:27 Sur Sud Radio, François Gérolphe, vous êtes, je le rappelle,
05:30 économiste et observateur français des conjonctures économiques.

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