Inciter les jeunes à agir dans l'écologie, et soigner leur angoisse environnementale... Apolline Humblot n’a pas attendu d’avoir son bac pour imaginer sa première application. Elle est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell.
Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00 Dès 8h ce matin, les élèves se réunissent. Ils vont passer le grand oral du bac, une épreuve de 40 minutes.
00:06 Je prépare depuis la fin des écrits. J'ai commencé juste après et j'ai encore un peu révisé ce matin, mais pas beaucoup.
00:13 Pas beaucoup. Elle passe son bac cette année, elle a révisé j'espère.
00:16 Filière générale, spécialité anglais contemporain et économie.
00:20 Lycéenne engagée, elle a déjà intégré deux associations.
00:23 L'une pour promouvoir les femmes dans la tech, l'autre pour encourager les femmes dans les postes à haute responsabilité.
00:30 Ce portrait de Rosa Bonheur à 26 ans est celui d'une jeune femme déjà célèbre.
00:36 Elle a obtenu la médaille d'or du salon de 1848.
00:40 Certains de ses contemporains ont considéré le peintre comme un disciple de Jean-Jacques Rousseau, un écologiste avant la lettre.
00:47 Mais les jeunes artistes qui le redécouvriront aujourd'hui le trouveront aussi très moderne,
00:52 car sa technique l'apparente aux expériences des hyper réalistes américains.
00:57 Et oui, à l'époque, on disait le peintre.
01:00 Depuis qu'elle est petite, elle se passionne pour l'art en général et les femmes artistes en particulier, comme Rosa Bonheur.
01:06 Sa mère l'emmène au musée et dans des ateliers.
01:09 Elle se dit qu'un jour, elle pourrait devenir une Léonard de Vinci et se donne de la force en écoutant Amy Winehouse.
01:15 * Extrait de Amy Winehouse *
01:40 Dans l'album "Back to Black", Amy navigue en clair-obscur.
01:44 Mais elle lui apporte cet élan de résilience qui fera son mantra dépasser la négativité du constat.
01:50 * Extrait de Amy Winehouse *
02:10 Son projet d'application est né de ce désir de présenter l'écologie sous un angle positif.
02:15 En soignant les troubles de l'éco-anxiété d'une part et en encourageant les moyens d'agir d'autre part.
02:21 Tout juste lauréate du prix Margaret Junior pour l'Europe, elle a désormais les moyens de la développer.
02:26 Cette application, Apolline Humblot. Bonjour !
02:29 Bonjour !
02:30 Et bravo ! Alors le bac d'abord ?
02:32 C'est ça !
02:33 Ça se présente bien ?
02:34 Oui, je pense !
02:36 Il reste encore un peu de temps. Vous avez déjà reçu un prix. C'était la 12ème cérémonie des prix Margaret le 11 mars dernier.
02:46 Le nom vient de Margaret Hamilton, la femme qui a permis à l'homme de marcher sur la lune. Vous la connaissiez ?
02:52 Oui, avant de participer au concours. Mais là c'est vraiment le nom.
02:57 Ça nous rappelle à quel point elle a été importante.
03:01 Et surtout, ce qu'elle représente en tant que femme dans la tech, c'est une des pionnières de son domaine.
03:06 Elle faisait des calculs pour la NASA et des modélisations de langage informatique qui permettent à des missions comme Apollo de décoller pour la lune.
03:19 Le prix récompense chaque année les innovations environnementales et sociétales portées par des jeunes ambitieuses de 7 à 18 ans et des femmes dans le digital.
03:28 Votre projet, c'est ECHO. Pourquoi ?
03:34 C'est un petit jeu de mots. Mon projet, c'est une application pour lutter contre l'éco-anxiété.
03:40 Je trouvais ça sympa de le rappeler dans le titre. ECHO, écologie. Mais aussi ECHO comme le fait de raisonner.
03:48 Le but de mon application, c'est qu'on soigne d'abord la santé mentale pour que ça résonne sur la santé de la planète.
03:56 C'est l'effet de résonance entre les deux. L'objectif, c'est d'atténuer l'éco-anxiété, en particulier chez les jeunes, face à la crise climatique.
04:05 Et de proposer des solutions. Comment ça va marcher concrètement au sein de l'application ?
04:09 Le but, c'est de proposer des ressources aux personnes qui utilisent l'application pour se détendre.
04:16 C'est-à-dire gérer son stress, son anxiété. D'abord de manière presque physique, avec des exercices de respiration, méditation peut-être.
04:26 Puis d'inciter à agir, de s'engager concrètement pour l'écologie. C'est pour ça que les deux sont un peu liés.
04:34 Il y a deux façons de soigner le mal. Déjà parce qu'on peut apporter une solution au monde réel qui nous angoisse.
04:40 Et en même temps, on a de quoi gérer ces angoisses.
04:43 Le fait de s'engager, ça a aussi réduit l'angoisse, puisqu'on a l'impression d'avoir un vrai impact.
04:47 Donc un cercle vertueux entre santé mentale et écologie. Vous êtes persuadée que c'était le truc à faire.
04:54 Comment est-ce qu'on se décide à proposer une application ou à penser à une application quand on a son bac à passer et qu'on a 17 ans ?
05:01 J'ai été dans un contexte très favorable à l'innovation. Je fais partie d'associations qui s'appellent Become Tech, en France assez présente.
05:11 Elles luttent pour l'intégration des femmes dans le digital.
05:14 Cette association m'a permis de partir à un programme à l'international à Berlin qui s'appelle Girls Gearing Up.
05:23 Lors de ce programme, on a été incité à réfléchir à des choses qui nous tenaient vraiment à cœur, des luttes en particulier.
05:30 On nous présentait le fait de réfléchir à un projet. C'est là que ça a émergé ECHO.
05:38 Quand j'ai entendu parler du concours Les Margarettes par Become Tech, ça m'a donné envie de m'inscrire et de postuler.
05:48 On le dit comme si c'était entendu, mais la place des femmes dans la tech, cette question de la parité, c'est une question de monde dans lequel on va évoluer demain,
05:57 notamment par rapport à l'intelligence artificielle. On peut savoir que les femmes ne sont que 22% du secteur digital sur le continent européen.
06:05 La marge de progression est grande. Ce n'est pas l'idée d'amener du féminin, mais c'est que la parité évite les biais.
06:12 Oui, c'est ça. Je pense qu'il faut aussi redonner confiance aux femmes pour qu'elles osent se lancer dans ce domaine-là.
06:18 On nous dit qu'on a un phénomène un peu d'imposteur, on n'ose pas se lancer, etc.
06:24 Mais c'est vrai que si on ne nous donne pas les codes, les clés pour s'affirmer dans un monde d'hommes, on ne peut pas le faire.
06:31 Et je pense que des concours comme les Mariarets, ça permet de donner de la confiance aux jeunes femmes pour qu'ensuite elles décident de se lancer plus tard dans leur carrière, dans le numérique.
06:38 De toute façon, le numérique, ça englobe tout aujourd'hui. C'est présent partout.
06:42 Et donc, intégrer les femmes dans le numérique, c'est intégrer les femmes sur le marché du travail.
06:46 Et c'est intégrer aussi des algorithmes différents. Vous travaillez votre dernier post Internet.
06:54 C'est des résultats d'un concours d'étudiants en art qui ont utilisé l'intelligence artificielle.
06:59 Ça, c'est des choses qui vous motiveraient ? Je crois que le jeu vidéo aussi vous attire pour la suite ?
07:04 Oui, l'intelligence artificielle, c'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup.
07:08 Je pense que c'est le futur, comme tout le monde le dit.
07:10 Et en fait, on a besoin de femmes aussi qui travaillent dans ce domaine-là, parce que c'est elles qui vont écrire la suite.
07:18 Et si la suite ne s'écrit qu'aux masculins, ça va reproduire les mêmes schémas qu'on a reproduits pendant des années.
07:23 Et pour ce qui est du jeu vidéo, c'est pareil, c'est un milieu très masculin.
07:27 Alors qu'il y a des joueuses, on connaît les chiffres, on est complètement paritaires sur le joueur, voire parfois plus de joueuses.
07:34 Et en fait, c'est encore considéré comme un milieu trop masculin tout le temps.
07:37 Donc vous, votre idée, ce serait de travailler à la fois, vous montez votre start-up avec votre appli, vous voulez travailler dans les jeux vidéo.
07:44 Quelle est la prochaine étape concrètement pour vous, à Pauline Amblot, après le bac ?
07:48 Je pense que du coup, il va y avoir le développement de l'application en priorité.
07:52 Vous allez la t'aider ?
07:54 En fait, les sponsors de JFD, Journée de la femme digitale, qui organise le concours que j'ai gagné.
08:00 Et donc, il y a des sponsors comme Mythique, par exemple, qui vont mettre en place du mentorat et vont m'aider à développer.
08:08 Donc ça, je pense que c'est vraiment la prochaine étape directe.
08:10 Et sinon, après, je vais postuler dans des écoles d'art.
08:13 J'aimerais bien devenir artiste dans le jeu vidéo, ça serait le projet.
08:18 Donc prépa en art.
08:19 Oui, c'est ça.
08:20 Next step après le bac.
08:21 Bonne route à vous, à Pauline Amblot.
08:23 Echo, on pourra le voir donc, on espère, bientôt sur nos écrans.
08:27 Très vite.