Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes
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00:00 9h05 en place aux Nouvelles Têtes avec vous Mathilde, ce matin, un Lillois qui vient de
00:05 remporter le concours international des jeunes chefs d'orchestre, Swan Van Rechem est dans
00:11 notre studio Portrait Sonore.
00:14 Avant d'être le seul Français depuis 18 ans à remporter largement ce prestigieux
00:20 concours international, il a été ce petit garçon qui glisse un CD dans la platine,
00:27 se met devant le miroir, appuie sur play et commence à diriger son orchestre imaginaire.
00:34 Coup de baguette invisible à gauche, coup de baguette invisible à droite.
00:39 Il joue de la musique au conservatoire depuis l'âge de 6 ans quand Debussy et son prélude
00:47 à l'après-midi d'un faune que l'on entend lui donne son premier choc esthétique.
00:51 Il a maintenant 11 ans et le piano, comme les percussions héritées de ses parents
00:55 musiciens ne lui suffisent plus.
00:57 Il a des envies de conquête spatiale, n'a jamais oublié Star Wars et le thème composé
01:13 par John Williams qu'on entend ici ni Objectif Lune de Tintin.
01:17 Sa navette à lui, ce sera la direction d'orchestre et son mentor en pilotage, un certain Lino
01:23 Ventura.
01:24 A 25 ans, il fait décoller sa carrière à l'international.
01:32 Le laureal du coup de cœur public est Swan Van Rechem.
01:57 Et vous avez une passion Jacques Brel aussi ?
02:24 C'est le Nord, c'est le côté villois ?
02:26 Peut-être, oui, c'est ça.
02:28 Mais beaucoup de choses.
02:29 Mon meilleur ami est un grand fan de Jacques Brel.
02:31 Et surtout, ce que j'aime chez Jacques Brel, c'est qu'il a une voix extraordinaire,
02:34 c'est un poète extraordinaire.
02:36 Et surtout, les arrangements, c'est toujours de l'orchestre chez Jacques Brel, sont absolument
02:40 incroyables.
02:41 Parce qu'au début, il a commencé à la guitare, puis son arrangeur lui a dit "non
02:43 mais laisse la guitare, on va faire de l'orchestre là-dessus".
02:46 Ce qui rend des choses merveilleuses.
02:48 C'est le Schubert du XXe siècle, c'est sûr.
02:51 Ça, ce sera dit.
02:52 Et votre chanson préférée de Jacques Brel, c'est "La Fanette", ce sera dit aussi.
02:54 Swan, vendredi de Chèmes, vous étiez le plus jeune des candidats à ce concours international
02:58 de jeunes chefs d'orchestre.
02:59 Plus jeune parmi les jeunes.
03:01 Ça s'est passé à Besançon.
03:02 Le seul français aussi en finale, face aux Coréens, Hailey et aux Chinois, Chao Dong.
03:07 C'était votre Coupe du Monde à vous ?
03:08 Oui, on va dire ça, à peu près.
03:11 C'est vrai qu'il y a le rugby en ce moment, mais oui, c'était un moment très important.
03:16 Comment on se prépare à ces épreuves, le concours ? Et qu'est-ce qui s'y passe d'ailleurs ?
03:19 Vous avez un coach ?
03:20 On a des profs qui nous aident, mais le plus important, c'est d'être seul face à la
03:25 partition pendant des mois.
03:27 Rentrer tout dans le cerveau, puis dans le corps, pour qu'après, il n'y ait plus aucun
03:31 problème pour la communication avec l'orchestre.
03:33 Rentrer la partition dans le corps ? Précisez, s'il vous plaît.
03:37 Qu'est-ce qu'on fait ?
03:38 Si vous voulez, il faut qu'on connaisse ça presque par cœur.
03:40 Et puis, quand on connaît ça, quand on sait exactement ce qu'on veut faire, exactement
03:45 ce qu'on veut partager avec l'orchestre, tout d'un coup, les mouvements viennent tout
03:49 seuls et ça c'est très important.
03:51 L'inverse ne marche pas.
03:52 Vous avez stressé aussi beaucoup pendant ce concours.
03:54 Vous avez confié à la presse régionale que vous aviez fait le plein de comté, de
03:58 morbier et de saucisses de mortaux parce que ça se passait à Besançon.
04:01 Pour reprendre un peu de poids, ça va mieux ?
04:03 Oui, là, ça va mieux.
04:04 On a fait la mortaux, on a fait une raclette avec le morbier, il y a deux jours, donc c'est
04:09 super.
04:10 C'est bien la canicule et la raclette ?
04:11 En Allemagne, il fait un petit peu plus froid qu'ici, donc ça va.
04:15 C'était raisonnable.
04:16 Vous avez comparé cette victoire à un essai au rugby, mais aussi à une fusée qui vous
04:20 propulse dans le monde de la musique.
04:22 Je l'ai dit, l'imaginaire spatial est important pour vous.
04:24 Comment vous le reliez à la direction d'orchestre ?
04:26 Diriger un orchestre, c'est toujours un peu une aventure parce qu'il y a beaucoup d'éléments
04:32 qu'on ne maîtrise pas.
04:33 C'est beaucoup d'éléments humains, beaucoup de communication extrême à avoir avec l'orchestre.
04:38 C'est très important.
04:39 Donc aussi bien préparé qu'on l'est, il peut toujours avoir des mauvaises surprises,
04:44 comme dans Apollo 13 par exemple, et il faut réussir à revenir sur Terre.
04:48 C'est un petit peu peut-être pour ça que je dis ça.
04:51 J'ai surtout comparé à la fusée par rapport au concours parce qu'on n'a qu'une seule
04:56 chance.
04:57 Et puis si ça ne se passe pas bien, on s'écrase dans l'atmosphère.
04:59 C'était surtout ça.
05:00 Vous êtes lancé à l'international et il faut que vous enchaîniez.
05:02 Exactement.
05:03 Maintenant, il faut être intelligent et fin pour utiliser cette opportunité le mieux
05:09 possible.
05:10 Est-ce qu'il y a une différence dans la manière d'être chef d'orchestre aujourd'hui ?
05:13 Par exemple, comparé à l'époque de Léonard Bernstein, qui était le chef d'orchestre
05:17 de West Side Story et qui avait une baguette.
05:18 Oui, j'ai aussi une baguette.
05:21 Pas toujours.
05:22 Pas toujours.
05:23 Sur les images, on voit un peu sans baguette.
05:24 On change.
05:25 C'est une petite transition.
05:26 Le chef d'orchestre au XXIe siècle.
05:28 Il y a plusieurs choses.
05:29 Bernstein, c'était quand même un chef plutôt gentil, mais il y avait surtout des chefs
05:33 très méchants.
05:34 Pas que ça, mais il y en avait beaucoup à cette époque-là.
05:36 Et une des choses qui a changé le plus, c'est la communication avec l'orchestre.
05:39 On n'est plus un chef face à un bataille, on fait de la musique ensemble.
05:44 Et ça, c'est très important.
05:45 Et puis aussi, et ça c'est quelque chose qui change, on a un monde où prendre l'avion
05:50 toutes les semaines pour aller diriger à l'autre bout de la planète, c'est peut-être
05:52 des choses qui vont changer.
05:53 Bernstein faisait ça sans aucun problème, puisqu'à son époque, ce n'était pas vraiment
05:58 un sujet.
05:59 Là, maintenant, il faut y penser.
06:01 Alors, ça, ce sont les pistes du chef d'orchestre du XXIe siècle.
06:05 Mais pour qu'on comprenne bien votre métier, Sohan Vendredechem, vous allez nous emmener
06:09 dans votre tête de jeune chef d'orchestre.
06:10 C'est le moment VIMAVI.
06:12 C'est le cadeau de 9h56.
06:14 * Extrait de VIMAVI *
06:19 On ferme les yeux.
06:20 Fermez les yeux.
06:22 Qu'y a-t-il dans la tête d'un chef ? Ce n'est pas seulement montrer l'entrée des instruments
06:27 à cordes que vous entendez ici.
06:29 C'est aussi raconter une histoire.
06:31 Pour que la musique vive et pour que le public voyage.
06:35 La mienne ici se passe dans le néant.
06:39 Nous sommes perdus.
06:40 Comme les violons que vous entendez ici, avec leurs pas lourds, nous marchons sans savoir
06:46 où aller.
06:47 Le basson, c'est notre plainte.
06:48 Ici, pour le chef, il est important de garder la nuance piano et le tempo lent pour maintenir
06:55 cette atmosphère mystique de cette 4e symphonie de Beethoven.
06:59 L'histoire continue.
07:01 Nous apercevons quelque chose au loin.
07:03 Nous avançons avec les violoncelles et contrebasses.
07:05 Les clarinettes que vous venez d'entendre nous promettent la lumière et nous donnent
07:09 de l'espoir.
07:10 Allons-nous sortir de notre prison ? Tout à coup ?
07:13 Nous voyons la lumière.
07:16 C'est un portail.
07:17 Bien sûr, nous allons revenir dans notre monde.
07:19 La chaleur et le bonheur reviennent avec l'expression des violons.
07:23 Mais les choses se calment.
07:25 Etait-ce juste une illusion ? A vous de le découvrir en continuant l'écoute et en venant
07:30 au concert pour créer votre propre histoire.
07:32 * Extrait de « La Chaleur de la Lune » de Beethoven *
07:34 * Extrait de « La Chaleur de la Lune » de Beethoven * Merci, on rouvre les yeux.
07:36 Merci beaucoup Swan Van Ryscham.
07:38 Vous voilà donc parti avec votre fusée première date en France.
07:41 Ce sera en mai avec l'Orchestre National de Lille. * Extrait de « La Chaleur de la Lune » de Beethoven *
07:43 (J) Merci Mathilde.