C’est une jeune entrepreneuse qui veut remettre l’écologie au centre du village global ! Elle lance aujourd’hui avec d’autres bénévoles « Le mouvement des fourmis » dont le premier meeting a lieu ce soir ! FIora Ghebali est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-mercredi-24-janvier-2024-6205992
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00:00 Nouvelle tête Mathilde Serrel ce matin, une activiste de la post-croissance Flora Ghebaly
00:07 est dans notre studio Portrait sonore.
00:09 Bonjour, vous êtes en communication avec le standard de la présidence de la République
00:15 française.
00:16 Un opérateur va vous répondre.
00:17 A 21 ans, elle a commencé aux relations presse de l'Élysée, sous François Hollande
00:22 d'abord, puis Emmanuel Macron, mais sa culture militante familiale et personnelle la pousse
00:26 à s'engager autrement dans ce qu'elle appelle la France des solutions.
00:30 Les français sont un peuple très conscient et quand les choses vont mal, ils le savent
00:36 en général.
00:37 Si la situation n'est pas facile, les français ne sont pas les derniers à le comprendre.
00:41 Mais ils n'acceptent pas qu'on fasse payer à certains d'entre eux des sacrifices sans
00:44 savoir pourquoi, sans savoir pour combien de temps et surtout sans savoir qui les paie.
00:47 Grande fan de feu Michel Rocard, petite fille d'une 68 arde, fille d'un militant antiraciste,
00:55 elle découvre plus tard que l'engagement n'est pas réservé aux sphères politiques
00:59 ou associatives.
01:00 A 26 ans, elle lance donc l'entrepreneuriat garanti sans greenwashing.
01:04 Alors nous y voilà, au crépuscule de la consommation de masse.
01:11 On parle de croissance verte, de croissance égalitaire, de croissance résiliente.
01:16 N'importe laquelle, tant qu'il y a de la croissance.
01:19 Moi je pense qu'il est temps pour une plus noble ambition, celle de subvenir aux besoins
01:24 de tous, dans la limite des ressources de cette merveilleuse planète qui est la nôtre.
01:30 L'économiste visionnaire Kate Raworth lui donne sa ligne.
01:35 Sortir de l'addiction à la croissance infinie et basculer dans une économie qui place l'écologie
01:40 et l'inclusivité au centre.
01:42 Son gabinet de conseil, coalition et son essai "Ma génération va changer le monde" lui
01:46 donne une première plateforme médiatique, mais le temps presse.
01:49 Pour que l'odeur de l'essence d'Orelsan ne résume plus le programme des années à
02:11 venir, elle lance avec d'autres bénévoles un mouvement des fourmis.
02:15 Premier meeting ce soir, explications tout de suite.
02:18 Flora Ghebaly bonjour.
02:19 Bonjour.
02:20 Et avant toute chose, il faut qu'on parle de cette passion pour Michel Rocart évidemment.
02:24 Ancien Premier ministre socialiste mort en 2016, votre génération c'est plutôt Greta
02:28 Sonnberg.
02:29 Qu'est-ce que vous lui trouvez ? Qu'est-ce qu'il vous inspire Michel Rocart ?
02:32 J'aime juste sa culture du consensus.
02:35 Mon entreprise vous l'avez dit, elle s'appelle Coalition et je crois que si on veut rendre
02:38 l'écologie universelle et inclusive, ce qui est le projet des fourmis, on va avoir
02:42 besoin de cette culture du consensus qui est aujourd'hui aux abonnés absents de la vie
02:46 politique française.
02:47 Vous regardez des petits archives de Michel de temps en temps pour vous donner de la force ?
02:50 Oui, on a aux fourmis une série documentaire politique pour se partager les meilleurs documentaires
02:58 politiques.
02:59 Il y en a un pas mal qui est sorti sur Rocart récemment.
03:00 Alors, le syndrome de la fourmi, c'est l'essai que vous avez publié au printemps en 2023.
03:05 Les fourmis c'est nous, quand on trace un cercle autour d'une fourmi, elle ne peut
03:08 plus en sortir, elle croit que c'est un mur.
03:10 C'est ça ? Et comment on passe donc au dehors ?
03:12 L'idée c'est de dire que l'incapacité, le blocage dans lequel on est sur la transition
03:17 écologique aujourd'hui est surtout une croyance et un récit qui est dominant.
03:22 Et aujourd'hui, pour gagner la bataille politique, j'ai bien l'impression qu'il
03:25 faille d'abord gagner la bataille du récit.
03:27 On le voit bien, aujourd'hui, on a des politiques de droite, voire d'extrême droite, parce
03:32 que l'extrême droite a déjà gagné la bataille du récit, ce qui est d'ailleurs
03:35 un mauvais présage pour l'avenir.
03:36 Donc les fourmis, c'est des bénévoles qui se rassemblent pour peser sur la vie politique
03:41 parce qu'on est convaincus que si on n'est pas capable de rendre l'écologie universelle
03:45 et inclusive et d'imposer notre récit de l'écologie, qui n'est pas du tout celui
03:48 qui est raconté aujourd'hui, on n'arrivera nulle part.
03:50 Quels mots vous mettez derrière justement ? Parce que universelle, inclusive, festive,
03:54 positive, les futurs désirables et tout ça, c'est un peu le bingo du vocable de
03:59 l'écologie quand on a envie de la rendre attractive.
04:02 Donc qu'est-ce qu'on met derrière précisément ?
04:04 L'écologie universelle, je crois que c'est très concret.
04:07 Pour vous donner un exemple d'actualité, les agriculteurs en ce moment devraient être
04:11 les premiers écologistes de notre société.
04:12 C'est qu'on parle de sécheresse, qu'on parle de biodiversité, qu'on parle de changement
04:16 climatique, c'est ceux qui ont le plus à perdre par la crise écologique.
04:21 C'est aussi ceux qui ont le plus à gagner.
04:23 Parce que la transition écologique, c'est une opportunité de remettre les agriculteurs
04:27 au cœur de notre modèle économique français.
04:29 Les agriculteurs aujourd'hui, ils nous nourrissent, ce qui est déjà énorme, mais ils pourraient
04:34 aussi produire des énergies vertes, ils pourraient aussi produire des matériaux,
04:38 des fibres par exemple pour le textile, quand on aura enfin fermé la porte à SHEIN ou
04:42 au fast fashion international.
04:44 Ils pourraient aussi fertiliser les sols et aider à régénérer les sols.
04:48 Donc en fait, les agriculteurs par exemple, ils sont au cœur de cette question de la
04:51 transition écologique.
04:52 Et aujourd'hui, quand on entend la FNSEA, ce n'est pas du tout ce qu'on entend.
04:55 Donc comment on explique cette guerre entre militants écologistes dans le cliché qu'on
05:00 peut avoir et militants de la FNSEA dans le cliché qu'on peut avoir ?
05:03 L'objectif, c'est que les gens qui sont dans le même « do not » pour citer la penseuse
05:07 que vous adorez, Kate Raworth, qu'on a entendue tout à l'heure.
05:09 La théorie du « do not », c'est qu'au centre, il y a des gens qui n'ont accès
05:12 à rien.
05:13 Autour, il y a ceux qui peuvent accéder à une meilleure vie sur Terre et aussi une
05:18 économie qui respecte les limites planétaires, qui est la fin du « do not ».
05:22 Tout à fait.
05:23 En fait, quand je cite Kate Raworth, c'est une économiste qui a théorisé la post-croissance.
05:27 Ça peut être elle ou d'autres, c'est juste la preuve qu'il y a des dizaines
05:31 et des dizaines de solutions pour réellement démarrer une transition écologique.
05:37 Et j'ai l'impression que ce qui bloque aujourd'hui, c'est vraiment cette question
05:41 du récit, c'est la question de la peur du changement et c'est sur ça qu'on
05:45 veut travailler.
05:46 Vous citez le penseur Bruno Latour.
05:47 « Pour le moment, l'écologie politique réussit l'exploit de paniquer les esprits
05:50 et de les faire bailler d'ennuis.
05:52 » Une gageure.
05:53 Donc c'est la question des narratifs.
05:55 On va retrouver l'essayiste David Jays également dans ce meeting.
05:57 « Changer de narratif », c'est le mot qui revient tout le temps.
06:01 C'est le mot de votre génération ?
06:03 En tout cas, c'est le mot sur lequel les fourmis et moi, on souhaite s'engager.
06:08 Parce que quand on entend parler de réarmement démographique, quand on voit passer une loi
06:11 immigration xénophobe presque d'extrême droite, on est inquiet.
06:15 On se demande que sera l'écologie en 2027.
06:18 Et les fourmis, on aura gagné si en 2027, l'écologie est au cœur du débat, au
06:23 cœur de la campagne présidentielle.
06:25 Pour vous, l'écologie, c'est ne pas s'en prendre à quelqu'un qui ne trie pas ses
06:28 déchets, qui mange de la viande ou qui a pris un avion.
06:30 C'est plutôt faire un basculement par les entreprises.
06:33 Mais un basculement qui ne serait pas celui de la RSE, la fameuse responsabilité sociale
06:37 et environnementale des entreprises, qui en fait consiste à mettre trois ruches sur un
06:41 truc super polluant.
06:42 Je rejoins les agriculteurs sur ce sujet aussi.
06:45 C'est-à-dire que moi, mon travail, c'est d'accompagner les entreprises sur leur chemin
06:47 de transition écologique.
06:48 Et ce qu'on observe aujourd'hui, c'est que vous avez deux types d'entreprises.
06:51 Les géants qui arrivent à s'extirper des normes sans problème parce qu'ils ont des
06:55 armées de juristes et donc ils ne sont même pas embêtés.
06:57 Et les TPE, les PME, les ETI françaises qui, elles, croulent sous les normes.
07:02 Et quand on entend les agriculteurs dire qu'on leur demande de planter des haies pour la
07:06 biodiversité, c'est louable.
07:08 Mais que Bruxelles leur impose 14 décrets pour leur expliquer comment.
07:11 C'est infernal.
07:12 Et le truc qui vous met en rogne en ce moment, c'est le réarmement démographique.
07:15 D'un mot, le problème c'est les pesticides.
07:19 C'est ça le problème sur la fertilité.
07:21 Ah bah bébé ou pesticides, il va falloir choisir puisque les pesticides est une des
07:25 trois grandes causes, trois grandes explications de la baisse drastique de la fertilité, notamment
07:31 des hommes.
07:32 Donc le meilleur moyen de réarmer démographiquement le pays, c'est de enfin démarrer la transition
07:36 écologique.
07:37 Et c'est pour ça qu'on a créé les fourmis.
07:38 Les fourmis, Flora Ghebaly, le premier meeting c'est ce soir à Paris, à la Caserne dans
07:42 le 10e arrondissement.
07:44 Bonne route à vous.